ICARE

Page 1

La Maison du geste et de l’image et le Lycée Albert de Mun présentent

ICARE Un projet artistique des élèves de 1ère STD Arts Appliqués



Projet encadré par Servane Aubineau, Céline Cauchois, Julie Roullin, Anne le Tallec Enseignantes en Arts appliqués au Lycée Albert de Mun

Bruno Dieudonné

Intervenant photographe


Amnésie Perdue, c’est une histoire qui se raconte à rebours. Plus de chronologie. Il s’agit sans doute d’une chute comme une seconde chance, celle non pas de re-commencer – disons plutôt de commencer. Icare s’émancipe avant tout de luimême… de tout ce qui a fait et pré-déterminé son « Moi ». Icare plonge dans la découverte, dans cette nouvelle matrice : l’eau, pour s’y noyer. Puis naître, encore et encore. Apprendre. Comme si apprendre c’était commencer, par se libérer de tout ce qu’on sait. Accepter d’être nu, et perdu. Puis accepter de naître. Qu’auront-ils appris au juste ? Et nous ? C. Cauchois Enseignante en Arts Appliqués

L’émancipation Chaque projet artistique est une façon pour moi de guider les élèves dans une démarche émancipatrice pondérée par mon regard. Du collectif à l’individuel, du singulier au pluriel, chacun devient acteur de son discours pour multiplier et confronter les entités singulières. Expérimenter le médium photographique pour arriver à créer une photographie «expérience», tel est le chemin dans lequel j’ai essayé de les amener. B.Dieudonné Photographe intervenant


L’atelier Elèves d’arts appliqués, il nous a été demandé de produire des clichés sur le thème du mythe d’Icare par groupe de quatre. Le photographe Bruno Dieudonné nous a suivis, mais surtout guidés dans cette démarche. Durant plusieurs semaines nous avons éprouvé l’acte photographique à travers notre interprétation du mythe. Nous nous sommes rendus sur la passerelle Simone de Beauvoir et au Parc Montsouris. Tout au long de notre démarche, nous avons abordé plusieurs techniques – la fragmentation ou la surexposition, par exemple – afin de les mettre au service du sujet de notre travail. Nous avons exploré trois pistes propres au mythe d’Icare : l’envol, l’émancipation et la chute. En explorant les deux lieux différents et grâce à nos recherches documentaires et visuelles, nous nous sommes approprié Icare. Puis nous avons écrit son histoire, en la mêlant à la nôtre. Tout au long du travail, nous nous sommes projetés dans la tête d’Icare. C’est pourquoi nous voulons que la finalisation du projet ressemble à un témoignage du vécu personnel de cette histoire. Auxane, Jeanne, Marina, Margaux


ĂŠmancipation








I– L’homme est banal. Il est comme les autres. Au début, un manque de gravité, puis la chute vers la dernière des galaxies. Alors, il perd la mémoire et marche, à reculons. Il s’interroge : je suis où ? Je suis qui ? Où donc est passée ma mémoire ? Ah, une silhouette, là-bas ! C’est une femme avec des ailes, magnifiques. Il l’interpelle et lui demande, à elle aussi, qui elle est. Elle lui répond : « Je connais le lieu, celui que tu cherches. » Ils vont ensemble. C’est une source, qui l’aspire comme le vide. Il se penche et tente de saisir l’eau. Aucun effet… ? Il se redresse, déploie une jambe, puis l’autre. Il marche. Il marche, à l’endroit. Et il se dit : « Tout ce qui a été séparé se retrouve toujours réuni ». Marie-Elisabeth et Justine


divulguer mĂŠlancolie incandescence






II – Dans cet espace glacé, je suis une silhouette sombre dans une étendue blanche. Des fragments resurgissent, légers, pesants, libres, enfermés, sombres, rayonnants. Je voudrais dire, mais que dire ? Je voudrais faire, mais quoi faire ? L’espoir s’est envolé. Suis-je mort ou vivant ? Cela n’a plus d’importance. Sébastien et Pierre-Etienne


élévation chute










III – Quelle est cette sensation ? Serais-je le vide, cause de mon ignorance ? Ce manque persiste, bercé par cette chimère qui me rend simple enfant du hasard. Glacé de solitude, le silence me répond : en silence. Je m’arrête. Une lumière familière, mon cœur palpite, je m’envole, je m’évade de la mort, seule prison impossible. Adrien et Théo


atteindre contorsionner songer








IV Ne sais-je où je suis, ne sais-je qui je suis, ne saisje où je vais… Quoi faire ? Alors je vagabonde. Ces abysses sont méconnaissables, inconnues, sans doute oubliées. Les sons me paraissent distants, comme distincts ; aveugle je vogue, loufoque je vois. Soudain, mon attention se perturbe et mon regard se détourne ; au loin un scintillement. Quelque chose m’impose, je dois y aller. Plus je m’approche, mieux je discerne. Un œuf. D’un cristal si éblouissant, il m’illumine. Malgré cette luminosité aveuglante, j’aperçois une fente au milieu de l’objet, comme s’il y avait quelque chose à l’intérieur. Je l’ouvre. Je rêve, j’hallucine, un lézard. A cet instant, une seule question me tourmente : qu’est ce qu’il fiche là ? Qu’est ce que je fiche là ? Qu’est ce que nous fichons là ? Le fait de voir un être vivant, ici, à 6000 pieds sous terre, c’est l’espoir. Magnifique espoir. Désormais tout se précipite : l’air me manque, même si à ce moment précis, il n’est plus qu’un besoin superflu. Ici, dans cet univers sombre et obscur où nulle vie n’est envisageable… le soleil est absent, trop absent sans doute mort… Salope ! Comment oses-tu me laisser là ? Nous laisser là ? La mort de deux hommes ne t’émeut donc point ? Maintenant seuls, nous sommes condamnés. Rester là m’est égal à vrai dire. L’idée de savoir comment j’en suis arrivé là ne m’importe plus. Ici, j’ai pu vivre l’instant le plus bref, mais le plus intense de ma naïve existence. Je meurs, c’est une chose sûre. Mais l’espoir me fait vivre. Felix et Antoine


dissonant ego insolent








VSes éclats étaient doux et fébriles, lentement je portais mes mains vers la source de lumière. Elle m’hypnotisait tellement, que je me souciais peu du danger : le désir était trop fort, et ma conscience me guida. Je n’avais plus rien à perdre. Au bout de mes doigts, une surface ; je m’y agrippe. Et je tiens, de mes deux mains, cette chose précieuse. Mais la lumière s’estompe et me laisse voir une sorte de pierre. Ronde, brillante, scintillante comme mille feux, comme mille couleurs. Légère comme un œuf, semblable au plus beau des joyaux. La rondeur et la splendeur de l’énigme m’envahit ; dans le reflet maintenant doux de l’objet, on ne peut voir que l’espace qui m’entoure. L’éclat stellaire vient se fondre dans la fragilité de ce diamant. L’ivresse m’emporte et les courbures de l’œuf s’inscrivent bientôt en moi. Je le scruterai pendant des heures, il sera ma nouvelle raison d’être. J’ai soif, soif d’apprendre. Ma solitude est enfin suspendue, je retrouve l’espoir. D’abord, il faut que je lui montre où je vis. Mais dans ma foulée, l’œuf glisse de mes mains ! Et s’envole. Ma tristesse est immense. Pourtant mon cœur se rassure. Et parfois je le contemple, haut et étincelant. Alors, je me berce à sa douce lumière. Et dans ses bras, comme un enfant, je m’endors. Auxanne, Jeanne, Marina, Margaux


sortir








VI – Maintenant je suis mort, tout peut recommencer. Perdu dans ce brouillard, je suis seul avec ma pierre. La peur de me retrouver seul face à ce mystère détenant mon passé. Le passé, isolé dans ce néant infini dont j’ai souvent rêvé. Que faire devant cette lueur familière ? Mon souffle devient glacial, ma gorge se resserre, le peu d’air qu’il me reste fait perdre toute notion de mon corps. Je ne sens plus mes membres, j’entends mes os se briser. Je suis à terre, vide de mon esprit. Une fièvre me prend, la chaleur qui coule dans mes veines fait palpiter mon cœur. Je me sens en sécurité, dans un endroit qui semble proche, commun. Des bruits, des sons, des couleurs et des formes qui me prennent par les tripes. J’ai mal à la tête, un sifflement bourdonne dans mes oreilles, je vois des ombres de figures abstraites qui, sous mes yeux, deviennent silhouettes. Attrapé par quoi ? Qui ? Peu importe, je me sens vivre, libre de moi. Pour ne pas vous mentir, je viens de m’envoler, je semblais si blessé, terrorisé, presque mort, mais finalement je me suis envolé. Alice, Lorena, Laura, Marylou


attraction vitesse






VII – Telle une fièvre qui m’envahit. Je suffoque, des perles salées glissent le long de mon corps comme une pluie de souvenirs. Un spasme m’atteint : tiraillements, déchirements, arrachements, écartèlements me prennent aux tripes. SILENCE, silence, silence. Rien, le vide. Et dans ces bras, une chaleur, une familiarité, une impression de vécu grouillant dans mon crâne. La fourmilière s’agite, s’organise. L’ombre devient lumière. Mon passé s’éclaire. Je comprends, je comprends. Axelle et Violette


vitesse souffle temps










VIII – La mort t’a pris. Tes cendres sont parsemées et se déposent dans la mer. Cette eau de vie rassemblera tes cendres et t’offrira une nouvelle chance. Avant, tu étais obsédé par la volonté farouche de rayonner. Désormais, le sablier du temps s’inverse. L’existence reste toujours unique, alors agis, comme si c’était le dernier jour ! Tout autant, le soleil t’inspire et naturellement ta figure s’est abstraite. Et tu as pu passer de l’évidence… à la liberté. Joy, Lisa, Florence, Raphaelle


galaxie abysses eblouissement





Nous tenons à remercier particulièrement la Maison du geste et de l’image pour son accueil et tout le matériel mis à notre disposition. Francis Jolly pour sa bonne humeur et ses encouragements constants, Bruno Dieudonné pour son aide et son regard et François Bouffard pour son écoute et sa grande disponibilité. Nous remercions également le Lycée Albert de Mun, madame Chapelle responsable du secteur Arts Appliqués et surtout nos professeurs, mesdames Aubineau, Cauchois, Le Tallec et Roullin. Et une pensée chaleureuse à tous ceux qui nous ont soutenus dans ce projet.


ont participé à ce projet Marina ASHRAFI Antoine BRETON SCHREINER Laura CAPELLIER Auxane DEMONCY Axelle DUMONT Jeanne HENRY Théo JACOB Justine JENNER Marie-élisabeth LOIACONO Marylou MACHECOURT Raphaëlle MAILLARD Lorena MINAULT Adrien MISSERA Marie PECH DE LACLAUSE Violette PEZIER Joy PROST Félix RABEAU Lisa ROUET Pierre-Etienne SCHULZE Sebastien SEJOURNé Margaux SOUCHON Laura TORTORA Alice TURBOT Florence VIDAL



La Maison du geste et de l’image est une association loi 1901, soutenue par la Mairie de Paris (Direction des Affaires Culturelles), le Rectorat de Paris (Délégation académique aux arts et à la culture) et la Région Île-de-France.


Icare chute, et tombe dans la mer Arctique. Il s’écrase dans l’eau et perd connaissance. Ici, le paysage est magnifique. De drôles de masses blanches descendent du ciel, et les gros nuages opaques laissent peu de rayons les traverser. Bref, il fait sombre. « Comment suis-je arrivé ici ? Qui suis-je ? ». Traversant l’obscurité, il poursuit mais voit une ombre se déplacer près de lui. Il accélère le pas, troublé par cette ombre insistante et en mouvement. La terreur l’envahit. « Comment semer ce corps noir ? » Il court, la pression de l’eau le ralentit. Ses yeux voient flou. La course interminable l’amène à un trou où il se laisse tomber. L’obscurité est intense. Et l’ombre a disparu. Alors il s’apaise. Même s’il n’y a plus rien autour de lui. Même si le froid s’intensifie. Même si plus aucune clarté n’apparaît. Il sait qu’il doit se battre pour rejoindre la surface, la lumière… enfin ! Il remonte, comme un papillon. Ça le rend fou de joie, il est ivre et en regardant toujours vers le ciel, il veut aller plus haut, toujours ! Marie et Laura


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.