Portrait Rémi Mathis

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Rémi Mathis, un chartiste saisi par le numérique À la tête du trimestriel les Nouvelles de l’estampe, Rémi Mathis doit faire beaucoup avec peu : 450 pages par an réparties sur 4 numéros avec l’équivalent de 1,3 temps plein… « Nous faisons de l’éditorial, de la mise en page, de la gestion des abonnements. Un travail passionnant, mais prenant ! »

Rémi Mathis

30 ans, un parcours de Vesoul à Wikimédia France, en passant par l’Ecole nationale des chartes.

450 pages par an Après un passage par l’Enssib (Villeurbanne), Rémi Mathis obtient en 2008 son premier poste à la bibliothèque universitaire de Paris Descartes. Il se frotte aux aspects organisationnels du métier de bibliothécaire : management, gestion d’équipe, administration. Deux ans plus tard, il intègre le département des Estampes de la Bibliothèque nationale de France. Les collections de la rue Richelieu comptent 9 millions de pièces du XVe au XXIe siècle et abritent des trésors qui font saliver les connaisseurs : les « premiers états » de Rembrandt, des carnets de croquis de Degas, des dessins de Dürer…

De Twitter à Wikimédia France, il n’y a qu’un pas. En 2005, il n’était alors qu’un contributeur de Wikipédia parmi des dizaines de milliers d’autres ; quelques années plus tard, il devenait président de Wikimédia France. « Tout s’est passé très vite, constate-t-il ; je me souviens qu’à l’époque Wikipédia était critiqué de toutes parts. En quelques années, les institutions ont abandonné leurs réticences et aujourd’hui Wikimédia France noue des partenariats avec des établissements culturels aussi prestigieux que la BNF ou le Château de Versailles ».

libre diffusion des connaissances Hubert Nicanor - CC-BY-SA

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encontrer Rémi Mathis, c’est avoir rendez-vous avec - au choix - : le président de Wikimédia France ou bien un conservateur au département des Estampes à la Bibliothèque nationale de France ou bien encore le rédacteur en chef de la très sérieuse revue des Nouvelles de l’estampe. À 30 ans, sa carte de visite est déjà bien remplie. Elle est à l’image d’un parcours scolaire impeccable. Lycéen brillant à Vesoul, étudiant en classe préparatoire littéraire à Dijon, puis la montée à Paris en 2003 et l’intégration de la prestigieuse École nationale des chartes. Le tout alimenté par la passion de l’histoire : « Enfant, je demandais déjà des livres anciens pour Noël ! Plus tard, j’ai voulu faire de l’histoire mon métier… mais sans avoir à devenir professeur ! » De son passage à l’École des chartes, Rémi Mathis garde un souvenir très positif, loin des clichés qui affublent parfois l’institution. Il vante en particulier la liberté intellectuelle qui y règne et loue la con¿ance que les professeurs accordent aux étudiants. Grâce au solide réseau chartiste, il effectuera un stage à la bibliothèque du musée Correr de Venise, une aubaine pour cet amoureux de la cité vénitienne.

Un coup d’œil dans son bureau donne un aperçu assez fidèle de ses activités. La pièce regorge de revues, d’affiches, de notes, de cartons d’archives. On y trouve aussi deux ordinateurs. Quant au smartphone, il reste à portée de la main. C’est que sa vie se passe aussi sur les réseaux numériques. Le jour de notre visite, son compte Twitter (1) venait de passer le cap des 4 100 abonnés. « J’ai fait de Twitter un lieu personnel et professionnel qui me permet de faire de la veille. C’est aussi un formidable endroit de rencontre où les barrières sociales sont abolies pour la plupart ».

Il arrive à Rémi Mathis de revenir à l’École nationale des chartes, mais en tant que conférencier désormais. Devant les étudiants, il promeut la libre diffusion des connaissances et la médiation numérique. Devant d’autres assemblées, bibliothécaires ou responsables de musées, le message est plus dif¿cile à faire passer… Lorsque son emploi du temps lui en laisse la possibilité, le président de Wikimédia France continue de produire des contenus comme n’importe quel contributeur anonyme. Il a récemment publié ses photographies de Venise sur la médiathèque Wikimédia Commons. Il continue également d’écrire pour Wikipédia. Sa dernière intervention porte sur le graveur français du XVIIe siècle Jacques Lepautre. On y apprend que « son catalogue comprend 58 pièces comprenant des costumes grotesques, armoiries, fêtes et catafalques, œuvres religieuses, etc. ». Des gravures réalisées à l’eau-forte il y a quatre siècles, à Wikipédia, la boucle est bouclée. Q Bruno Texier

(1) Æ twitter.com/RemiMathis

archimag n° 263 avril 2013

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