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V.I.P
from Buz Buz #45
by BuzBuz
“ ” MAYA KAMATY PRÉPAREZ-VOUS POUR LA BAGARRE*
2022 marque le retour de Maya Kamaty avec un nouvel EP baptisé “SOVAZ”. L’artiste indépendante se veut encore plus femme ; donc plus forte, plus puissante et toujours aussi indomptable. Elle raconte ses textes.
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TEXTE > LAURIE FERRÈRE PHOTOS > COLONIE
*Du nom du compte Instagram, créé par Rose Lamy qui met à jour un discours sexiste et antiféministe à l’œuvre au quotidien dans les médias. Novembre 2021 : Maya Kamaty dévoile “Alibi”. Un morceau percutant dans lequel on retrouve les sonorités créoles qu’on lui connait mais avec un contour plus incisif, c’est agité tout en restant très mélodieux. Le style électro/maloya devient plus rythmé, à la limite de la “pop”. À l’écoute, on devine que quelque chose se trame du côté de Saint-Joseph, un truc nouveau, encore jamais vu.
Remise en question
Quelques mois plus tard, “la Meute” se dévoile. L’auteure-compositrice et interprète, rejointe par Soledaj, chante la femme, dans une sorte d’objet musical non identifié. Les chœurs, le pad percussion, le piano et le violon créent un néo-univers qui mêle ceux de Jeanne Aded et Aurora. Pourtant c’est bien de Maya Kamaty qu’il s’agit, elle “qui a trouvé sa place, n’a plus à se justifier et ose enfin dire les choses telles qu’elles sont”. Pendant, “l’arrêt du monde”, comme elle nomme la période du confinement, l’auteure qui a sorti son premier album en 2014, a connu une profonde remise en question, personnelle et professionnelle. “Mettre les choses en relief a toujours été un fil conducteur de mes
productions” confie Maya Kamaty, “à la différence que cette fois-ci, le doute était prégnant, jusqu’à se demander s’il ne fallait pas arrêter”. Mais il y avait trop de choses à dire, enfouies, tues pour ne pas l’écrire et le mettre en musique.
Un fanm’ “sovaz”
Maya Kamaty revient donc en musique en 2022, avec un nouvel EP, de cinq morceaux qui ouvre la voie à une nouvelle exploration artistique. “SOVAZ” c’est le titre évocateur de cet extented play, plus énervé, plus créatif, avec de nouveaux gimmicks ainsi qu’une nouvelle équipe. Pour ce projet, elle s’entoure de Sskyron (à la production), autre artiste prolifique et talentueux, 100% local. Avec lui, l’auteure apprend à se redécouvrir, à lâcher prise aussi et à explorer des territoires que jusqu’ici elle s’interdisait. Il change sa façon de composer, de poser sa voix, de jouer avec la mélodie et le rythme. À l’image du titre “La Meute”, la Maya Kamaty qui devient “Sovaz”, dans le sens où elle s’affirme désormais, où elle s’affranchie des codes et de la bienséance, chante d’un ton juste sa réalité : de femme, artiste indépendante, métisse, qui se bat pour trouver sa place dans cette société.
Se réinventer et s’affirmer
Les autres titres à venir de cet EP sont tout aussi empreints du poids des paroles choisies ainsi que des thèmes abordés comme l’écologie. Et si Maya Kamaty a toujours fait preuve d’engagement, dans ses textes et ses prises de position, les valeurs qu’elle porte désormais permettent à son public et aux néophytes de trouver en l’artiste une alliée, un écho de leurs doutes et de leurs quête de sens. Nourrie par l’envie d’en découdre avec l’époque en répondant à sa violence par une insolence turbulente et tapageuse, Maya Kamaty trouve un exutoire idéal dans ce rapprochement passionnant avec les grooves saccadés de la nouvelle street-créolité. Elle, comme le tout-à-chacun, a dû se réinventer, s’adapter dans un monde tout aussi changeant. Sa musique, nouvelle, se veut le reflet d’une époque, d’une génération, elle immortalise des combats afin qu’ils ne soient jamais vains. Et Maya Kamaty n’est plus une artiste de “musique du monde”, mais bien une artiste de notre monde.