Perceptions du développement durable et comportements sociaux

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Claire PÉCOT Mémoire de Master 1 Professions du diagnostic et de l’expertise sociologique 2010 - 2011

Perception du développement durable et comportements sociaux : étude sur les représentations et pratiques, actuelles et futures, d'individus de 18 à 30 ans

Directeur de mémoire : Frédéric Mollé Tuteur de stage : Gabriel Vitré

Contribution à

Conseil de développement - Tour Bretagne - 44047 Nantes Cedex 1 / 02 40 99 49 36 / conseildedeveloppement@nantes-citoyennete.com / www.nantes-citoyennete.com



Introduction Contexte d'intervention Le stage d'une durée de trois mois s'est déroulé au sein du Conseil de Développement de Nantes Métropole. La Communauté urbaine de Nantes Métropole comprend 24 communes dont celle de Nantes. Le Conseil de Développement, institué depuis la loi Voynet de 1999, est la structure de démocratie participative de Nantes Métropole. Organe consultatif, ce Conseil est chargé d'assurer l'expression de la société civile auprès de la Communauté urbaine. Composé de 250 personnes (associations, personnes qualifiées, citoyens volontaires…), il organise la participation citoyenne dans une logique de prospective territoriale. Philippe Audic est le président du Conseil de Développement. L'étude réalisée intervient dans le cadre du projet de territoire à l'horizon 2030 initié par la Communauté Urbaine de Nantes et piloté par l'AURAN (Agence d'urbanisme de la région nantaise). Le Conseil de Développement a été saisi pour réfléchir sur ce sujet et élaborer des propositions. L'objet de l'étude repose sur les représentations et pratiques actuelles et futures d'individus âgées de 18 à 30 ans en matière de développement durable. Or, selon Pierre Bourdieu, "la jeunesse n'est qu'un mot". S'intéresser à cette catégorie de population ne signifie pas constater des caractéristiques uniquement propres aux moins de 30 ans. Le développement durable est une notion apparue pour la première fois dans le rapport Bruntland en 1987. À l'époque, la définition précisait : « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs." Progressivement, le développement durable est devenu une préoccupation internationale, nationale et locale. Cette notion s'entend sous trois piliers : environnemental, social et économique. À l'échelle de la Communauté Urbaine Nantaise, le Plan Climat et l'Agenda 21 sont des documents mentionnant les objectifs visés. Nantes Métropole a reçu le label Cit'Ergie cette année. Ce label européen « récompense les collectivités pour leurs politiques de maîtrise d'énergie et de lutte contre le réchauffement climatique »1 . Elle est aussi désignée capitale verte à l'échelle européenne pour 2013. L'enjeu du développement durable pour une collectivité territoriale réside dans plusieurs domaines : l'organisation de l'espace et des bâtiments, la réduction de la consommation énergétique et des pollutions (atmosphériques, sonores), la gestion des ressources naturelles et la qualité du cadre de vie des habitants. Cette qualité repose sur l'accès à l'emploi, de bonnes conditions de vie pour tous, en lien avec le respect de l'environnement. Ce travail s'élabore en collaboration avec multiples acteurs (entreprises, associations, Agence d'urbanisme...).

1 "Nantes est récompensée pour sa politique énergitique", in Nantes Passion, n° 215, juin 2011.

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Méthodologie Au cours de l'enquête, la méthode utilisée était triple. Tout d'abord, un questionnaire 2 fut rédigé à l'aide de plusieurs thématiques. Des sujets de la vie actuelle de l'individu apparaissaient d'abord : loisirs, mobilité, achats divers (alimentaires en partie), consommations énergétiques, tri des déchets, projections individuelles et pour le territoire nantais. Également, des questions traitaient des pratiques parentales : loisirs, mobilité et consommations énergétiques. Les talons sociologiques de l'individu et de ses parents étaient aussi abordés. Ce questionnaire fut transmis auprès de différentes populations. En premier lieu, le travail de collaboration du Conseil avec des étudiants ingénieurs de l'École Centrale permit de recueillir quinze questionnaires. Ensuite, un projet de travail fut élaboré avec des volontaires du service civique, investis dans l'association Unis-Cité. Plusieurs séances de travail étaient organisées. Avant chaque séance de travail, le questionnaire était complété et remis directement en main (soit trente-deux en tout). Également, un contact fut établit avec des stagiaires de l'École de la Deuxième Chance, structure créée depuis octobre 2010 sur Nantes. Au cours d'une matinée, les stagiaires complétèrent le questionnaire devant moi et me posèrent des questions si besoin. Au final, vingt-huit questionnaires furent transmis. Enfin, un animateur de la maison de quartier de Dervallières a répondu eu questionnaire. Au préalable de la passation du questionnaire mais aussi par contrainte de temps, j'ai réalisé quatre entretiens. Cela a permis de rectifier voire supprimer certaines questions. A la suite de la transmission de mes questionnaires, j'ai poursuivit d'autres entretiens : j'ai sélectionné quelques personnes de différents milieux sociaux dont le profil me semblait pertinent (soit la personne semblait très intéressée par la notion de développement durable ou pas du tout). Enfin, le Conseil de développement travaillant en partenariat avec UnisCité, j'ai également entrepris quatre observations des travaux de groupe. Au total, soixante-seize questionnaires ont pu être récoltés et treize entretiens ont été réalisées.

Sociographie des enquêtés 3 Voici plusieurs caractéristiques de la population enquêtée. Tout d'abord, l'échantillon se compose de 51 % de garçons et de 48 % de filles. Ensuite, une majorité des individus est âgée de 18 à 20 ans, ou de 22 à 24 ans. Ces enquêtés vivent seuls ou chez leurs parents (30 %). Les personnes sont aussi réparties de façon différente géographiquement. Beaucoup ne vivent pas à Nantes même : Saint Herblain, Rezé, Saint Sébastien, Saint Mars du Désert, Le Pellerin... Le centre-ville concerne 24 % des individus et les pourcentages suivant se répartissent entre multiples quartiers. De plus, le niveau de diplôme est source de divergences :

2 Cf annexe 3 Cf figures 1 et 2 en annexe.

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Les diplômes des enquêtés (en %) :

Près de 50 % sont très peu diplômés. De même, la répartition selon l'activité professionnelle engendre des distinctions : 42 % sont volontaires au service civique, 37 %, stagiaires au sein de l'École de la Deuxième Chance, 20 % sont étudiants à École Centrale et il y a aussi un animateur de la maison de quartier de Dervallières. La position professionnelle des parents des personnes de l'échantillon est aussi à relever. 14,5 % des individus n'ont plus de lien avec leurs parents (ou n'en ont jamais eu...). Ce ne sont que des stagiaires de l'École de la Deuxième Chance. En résumé, il y a un regroupement de pourcentages dans plusieurs Positions Socio-professionnelles (PCS) : les Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures, Professions Intermédiaires, Employés, Ouvriers et l'absence d'activité professionnelle. C'est une répartition plutôt hétérogène : Position socio-professionnelle des parents des enquêtés (en %) :

Position Socio-Professionnelle / Sexe Non concerné(e) Sans activité professionnelle Ne sait pas ou non mentionné Agriculteurs Artisans, Commerçants, Chefs d'entreprise Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures Professions Intermédiaires Employés Ouvriers Total

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M è r e 14,47 15,79 7,89 1,32 0 11,84 21,05 26,32 1,32 1 0 0

Père 14,47 3,95 6,58 3,95 7,89 25,00 10,53 6,58 21,05 1 0 0


De plus, les treize talons sociologiques des enquêtés par entretiens serviront de point de départ à notre analyse. Des informations seront précisément mentionnées sur l'âge, le sexe, le mode et le lieu de vie de l'individu. Également, la position professionnelle de ses parents et frères et/ou sœurs sera renseignée. Tout d'abord, quatre entretiens se sont déroulés avec des étudiants ingénieurs en troisième année à École Centrale (deux filles et deux garçons). Tous sont titulaires d'un Baccalauréat Scientifique. Vicky, est une étudiante Erasmus âgée de 26 ans. D'origine espagnole, elle vit en studio, au sein de la résidence universitaire Fresche-Blanc, à Nantes. Ses parents sont mariés. Son père a 56 ans. Il est professeur de Latin et de Grec dans un lycée. Sa mère a 53 ans. Elle est professeur de français en lycée. Sa sœur a 24 ans. Elle a obtenu un Baccalauréat Scientifique. Elle a étudié la Génie Industrielle à Séville, dans la même école d'ingénieurs que sa sœur. En 2009-2010, elle était étudiante Erasmus à Milan, en Italie. Elle vit actuellement en Angleterre pour étudier en Master. Son frère a 20 ans, il a lui aussi un Baccalauréat Scientifique. Actuellement, il étudie la Génie Chimique à Séville, dans la même école d'ingénieurs que ses sœurs. Également, Natacha a 23 ans. Elle vit en colocation avec deux autres étudiantes de sa promotion, au sein d'un appartement situé dans le quartier de Saint Mihiel, à Nantes. Ses parents sont divorcés depuis qu'elle a 3 ans. Sa mère est professeur des écoles. Elle a 51 ans. Son père a 64 ans. Il est retraité, ancien professeur de mathématiques. Sa sœur, de 24 ans, est étudiante à Grenoble en Master 2 Recherche en Biologie. Ensuite, Jean-Philippe a 22 ans. Il a vécu avec ses parents, pendant 17 ans, dans une maison, à la périphérie de Montluçon, en région parisienne. Il est fils unique. Il vit en collocation depuis 2009 avec trois autres étudiants de sa promotion, en appartement dans le centre-ville de Nantes. Ses parents sont mariés. Son père est chef d'une entreprise axée sur l'informatique depuis environ quinze ans. Sa mère est actuellement sans emploi (et ce, depuis sa naissance). Enfin, Axel a aussi 22 ans. Il a vécu avec ses parents, en région parisienne puis sur Nantes (en studio et en colocation). Il vit actuellement dans un studio, au sein d'une résidence universitaire, située dans le quartier de Saint Mihiel de Nantes. Ses parents sont mariés. Son père a 53 ans. Il est actuellement chercheur-physicien au Centre National de la Recherche Scientifique, à Paris. Sa mère a 52 ans. Elle est diplômée d'un Baccalauréat Scientifique, du diplôme d'éducatrice spécialisée et d'un autre diplôme dans le même domaine. Actuellement, elle travaille dans le domaine de l'handicap, en hôpital. Sa sœur a 21 ans. Elle est diplômé d'un Baccalauréat Scientifique. Elle est actuellement étudiante en deuxième année à l'Institut Supérieur d'Ostéopathie d'Aix en Provence. Également, six volontaires du service civique (trois filles et trois garçons) ont accepté de réaliser des entretiens. Tout d'abord, Chantal a 22 ans. Elle est mariée à un homme d'origine tunisienne âgé de 23 ans. Il travaille dans le bâtiment (en Contrat à Durée Déterminé). Ils vivent dans le quartier Clos Thoreau, dans un immeuble HLM, à Nantes. Le père de Chantal est décédé quand elle avait 13 ans. Sa mère a 47 ans. Elle est cuisinière dans une maison de retraite. Elle vit avec un autre homme. Sa sœur a 27 ou 28 ans. Chantal ne semble plus maintenir de relations avec cette personne. Elle tient son propre magasin de vente de fleurs, de bijoux... Elle donne aussi des cours d'art floral. Son frère a 26 ans et il est diplômé d'un Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP) ou d'un Brevet d'Études Professionnelles (BEP) dans la chaudronnerie. Il est mécanicien.

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Ensuite, Laure a 21 ans. Elle vit avec ses parents et son frère dans une maison à Nantes, dans le quartier Waldeck-Rousseau. Elle est diplômée d'une Licence en Sciences de La Vie et de la Terre et du Brevet d'Aptitude aux Fonctions d'Animateur (BAFA). Ses parents sont mariés. Son père, âgé de 49 ans, est cadre en informatique dans une entreprise. Sa mère travaille dans une librairie SILOE. Son frère aîné a 24 ans, il vit actuellement sur Nanterre. Il est paysagiste. Il a obtenu un BTS dans ce domaine. Son autre frère a 16 ans et il est en Première Littéraire. De plus, Sophie est âgée de 20 ans. Elle est diplômée d'un Baccalauréat Économique et Social (ES), option anglais renforcé. Elle a aussi étudié pendant un an la sociologie (à l'Université de Nantes). Elle est diplômée du BAFA. Actuellement, elle vit en appartement à Rezé, près du Château, avec sa mère, son frère et l'amie de son frère. C'est le cas depuis 2009. Ses parents sont divorcés depuis qu'elle a 2 ans. Sa mère est agent d'entretien en hôpital. Son père est chauffeur-livreur pour une usine de produits pharmaceutiques. Son père vivait et il vit à Vertou depuis environ quinze ans dans une maison située en campagne. Il y vit avec sa nouvelle épouse et leurs deux enfants (le demi-frère et la demi-soeur de Sophie). Sa belle-mère travaille dans la même usine que son mari. Elle est chef d'équipe. Son frère a 25 ans. Il travaille dans la même usine que son père depuis plusieurs années, en attendant de trouver un autre emploi. Il souhaiterait devenir infographiste. Il est diplômé d'un Baccalauréat Professionnel "Arts Graphiques". L'amie de son frère suit une formation au sein d'un BTS cosmétique. Sa demi-sœur a 18 ans. Elle est en BEP Carrières Sanitaires et Sociales. Elle souhaite devenir aide-soignante. Son demi-frère a 13 ans. Il est collégien. Également, Nicolas a 19 ans. Il est fils unique. Il est diplômé d'un Baccalauréat Littéraire et du BAFA. Il a toujours vécu à Rezé, dans le quartier du Bois Moulin avec ses parents. Ils sont mariés. Son père a 50 ans. Il est chef cuisinier en maison de retraite. Sa mère a 48 ans. Elle a exercé la profession d'infirmière pendant environ quinze ans. Elle a ensuite cessé de travailler. Elle a repris le travail en tant qu'agent d'entretien dans une crèche, travail qu'elle exerce depuis deux ans. David a 25 ans. Il est diplômé d'un BEP et d'un bac Professionnel Commerce obtenu à Nantes en alternance en 2006 au sein de La Maison Familiale Rurale. Il a aussi le BAFA. Depuis octobre 2010, il vit seul à Treillières, dans un appartement dont son père est le propriétaire. Ses parents sont divorcés depuis 1990. Son père a 63 ans. Il est diplômé d'un BTS Agricole et il a réalisé une formation pour devenir directeur de centre de formation (en 1995) de La Maison Familiale Rurale. Il vit actuellement en région parisienne, dans le centre de formation. Sa mère a aussi 63 ans. Elle est désormais retraitée mais auparavant, elle était institutrice en école maternelle. David a deux sœurs. L'une a 31 ans. Elle est directrice d'un centre culturel de Hanoï au Viêt Nam. L'autre a 36 ans. Elle a un CAP Menuiserie. Elle est à son compte dans la création et la vente d'objets, de vêtements, de meubles. Enfin, Mathieu a 21 ans. Il a auparavant vécu à Saint Herblain avec ses parents et son frère jumeau. Il est diplômé d'un baccalauréat STG Communication et Gestion Ressources Humaines. Il a aussi son BAFA, dont l'approfondissement était axé sur l'accueil et l'intégration des personnes en situation de handicap. Il vit actuellement en colocation avec un autre garçon dans un appartement au centre-ville de Nantes. Ses parents sont mariés. Son père a obtenu un Certificat d'Aptitude aux Fonctions d'Encadrement et de Responsabilité d'Unité d'Intervention Sociale (CAREFUIS). Il est directeur d'un service social. Sa mère est diplômée d'un Diplôme d'Assistant de Service Social (DEASS). Elle est actuellement agent de développement local. Son frère est actuellement en formation professionnelle d'aide médico-psychologique. L'année dernière, il a aussi réalisé son service civique au sein d'Unis-Cité.

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Enfin, j'ai pu interviewé deux stagiaires (filles) de l'École de la Deuxième Chance et une animatrice de la maison de quartier de Dervallières. Tout d'abord, Melody a 21 ans. Elle n'a aucun diplôme mais a réalisé plusieurs stages de part ses formations antérieures. Elle a d'abord vécu dans la région de Seine Et Marne, dans une maison, en milieu rural, avec sa famille. Elle a aussi beaucoup voyagé en caravane. De ses 6 à ses 19 ans, Melody a eu un mode de vie alternant la vie en maison (entre trois et six mois de l'année) et le voyage en caravane avec ses parents et son frère (décédé quand Melody avait 9 ans). Elle aidait ses parents à vendre des objets sur des marchés (bijoux, rideaux...). Elle vit actuellement dans une chambre, seule, au sein du Foyer de Jeunes Travailleurs (FJT) dans le quartier Souillarderie, à Nantes. Ses parents sont mariés. Sa mère a 53 ans. Elle a été infirmière mais en 1988, elle a eu un accident du travail ce qui lui a donné le statut d'invalide. Elle perçoit des indemnités depuis mais il lui était impossible de poursuivre son travail. C'est ainsi qu'avec son mari, ils ont décidé de voyager en France. Son père a 61 ans, c'est un ancien paysagiste. Son frère de 34 ans, il vit à Besançon. Il enchaîne les "petits boulots" : à Point S, à l'usine Nestlé, en tant que barman... D'après Melody, il aurait des "tendances alcooliques". Sa sœur de 31 ans, vit en concubinage à Orléans depuis quatre ans, elle a trois enfants. Elle est téléconseillère en caisse de retraite. Elle est diplômée d'un Baccalauréat Professionnel en parapharmacie. Ensuite, Anne a 18 ans. De son enfance à ses 15 ans, elle a vécu avec sa mère mais je n'ai pas souhaité en savoir plus sur cette période : elle a été maltraitée pendant toute son enfance. Au collège, elle a vécu en famille d'accueil pendant trois jours. Puis de ses 15 à ses 17 ans, elle a vécu en foyer. Elle n'a aucun diplôme. Elle a suivit une formation au sein d'un Institut Médico-Educatif pendant trois mois, mais elle n'y retient que de très mauvais souvenirs. Elle vit actuellement à Nantes, en appartement HLM dans le quartier Viarme-Talensac avec sa grand-mère (retraitée) et sa tante en situation de handicap mental. Sa grand-mère a 62 ans. Aline sait seulement que sa grandmère a travaillé dans L'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF). Sa tante a 32 ans. Elle ne travaille pas mais reste à domicile. Enfin, Fatima a 23 ans. Elle est diplômée d'un baccalauréat STG. Elle a aussi le BAFA. Elle a étudié un an en faculté de droit mais n'a pas validé son année. Depuis 2008, elle travaille au sein de la société AlloRadioTaxi à Saint Herblain, comme standardiste : elle prend des commandes de taxi et elle répond aux mails. Elle est en Contrat à Durée Déterminée pour trente heures par semaine. Également, pendant les vacances scolaires, depuis 2007, elle est animatrice pour l'ACCOORD au sein du centre socioculturel de Dervallières. Elle a toujours vécu à Nantes, avec ses parents, ses deux frères et sa sœur, au sein d'un appartement situé en résidence privée, dans le quartier de Bellevue. Ses parents sont mariés. Son père a 53 ans. Depuis cinq ou six ans, il est directeur d'une entreprise dans le bâtiment avec l'oncle de Fatima. Il y a environ dix ou quinze salariés. Sa mère a 53 ans. Elle n'a aucun diplôme. Elle est agent de service. Son frère a 25 ans. Il est diplômé d'un Baccalauréat Professionnel de Comptabilité. Il travaille en tant qu'artisan dans le bâtiment depuis ses 18 ou 19 ans. Son frère cadet l'accompagne. Il a 21 ans. Il a le même diplôme. Les deux garçons reprendront la société de leur père à sa retraite. Enfin, sa sœur a 16 ans. Elle est en Première STG.

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Réflexion proposée Le raisonnement s'établira sous deux aspects.

D'une part, les représentations et pratiques des individus en matière de développement durable s'expliquent en partie par des éléments actuels de leur vie. Ces pratiques portent sur les thèmes cités précédemment (mobilité, achats, consommations énergétiques, tris des déchets, projections). Des contradictions apparaissent entre la manière dont les individus se perçoivent et leurs pratiques concrètes en matière de développement durable. Des variables tels que l'âge, le sexe, le niveau de diplôme et les multiples interactions jouent un rôle déterminant dans les distinctions de modes de vie. De plus, tout individu est raisonnable et n'agit par en premier lieu vis à vis de l'environnement.

D'autre part, une socialisation primaire et secondaire au développement durable intervient. Le sociologue américain Howard Becker (Outsiders. Études de sociologie de la déviance, 1985) emploie cette notion en traitant d'une carrière de déviant dans les ghettos américains. Il y aurait une carrière d'écologiste liée aux parcours individuels : nous partirons de l'enfance pour remonter progressivement dans le temps. Plusieurs variables seront prises en compte. Tout d'abord, des caractéristiques propres à sa famille : les études et la profession de ses parents et de ses frères et sœurs. Les pratiques parentales seront étudiées avec soin : alimentation, tri des déchets, bénévolat... Or, l'effet générationnel intervient aussi : un individu de 18 ans n'a pas forcément les mêmes perceptions du développement durable que ses parents. Ensuite, les multiples équipements audiovisuels et numériques sources de transmission d'information (journaux, radio, télévision, internet) enrichissent la façon de pensée et d'agir de l'individu sur le développement durable. Enfin, la scolarité, les expériences professionnelles et les voyages réalisés influent également sur les représentations de la personne en matière de développement durable. Au-delà de ces parcours individuels, il convient de s'intéresser au contexte territorial nantais et plus précisément, à l'action de Nantes Métropole en faveur du développement durable. Cette action joue sur la façon dont les habitants perçoivent le développement durable. Nantes Métropole propose plusieurs offres de communication écrites (Agenda 21, journaux locaux...) et participatives. En l'occurrence, le Conseil de Développement est sollicité dans la démarche de concertation citoyenne. Une interrogation sera approfondie sur cette notion de démocratie participative. Qu'est-ce que la démocratie participative ? Comment fonctionne-t-elle ? En quoi la démocratie participative reproduirait-elle les inégalités sociales présentes dans notre société ? Cette question sera en parti résolue via les quatre observations réalisées pendant les séances de travail avec Unis-Cité.

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I- Portrait des données Plusieurs thèmes seront abordés à l'appui de différentes variables : l'âge, le sexe, le niveau de diplôme, l'occupation actuelle (étudiant ou non) et les diverses interactions. Selon le sociologue américain Erwin Goffman (La mise en scène de la vie quotidienne, 1973), les interactions individuelles influent sur les pratiques et représentations sociales. Une personne établit multiples interactions au sein de son logement : ses parents, ses frères et sœurs (ou non), ses amis peuvent influencer son mode de vie. De même, les interactions interviennent dans le processus de construction identitaire de la personne. Selon la société dans laquelle il évolue, l'individu adopte des choix de modes de vie et de consommation pour s'affirmer et non se marginaliser. Toute personne adopte également des choix raisonnables d'attitudes et n'agit pas toujours en songeant à la protection de l'environnement. Tout d'abord, la mobilité, les consommations alimentaires, corporelles et les repas diffèrent selon les individus. Il est de même pour l'usage des équipements sources de consommation d'énergie : le type de chauffage, la consommation d'eau, les équipements électroménagers, audiovisuels et numériques. Toutes les personnes n'accordent pas non plus la même importance au tri sélectif. Enfin, un éclairage portera sur les projections : projections personnelles et pour la ville de Nantes.

Mobilité Chaque individu adopte un mode de déplacement selon ses propres désirs : un gain de temps voire financier, une autonomie plus grande, la volonté d'entretenir sa santé (pour le vélo et la marche à pieds) ou au contraire la fainéantise.

A- Transports en commun Ils sont utilisés par une majorité des personnes tous les jours (68 %). De même, 42 % les utilisent pour réaliser leurs courses. Dans une agglomération, un réseau de transports en commun étendu et fréquent engendre un gain de temps pour éviter les embouteillages. Il engendre aussi des économies financières vis à vis de l'automobile (stationnement, essence, entretien du véhicule, assurance). Les autres raisons évoquées tiennent au temps gagné et au stress évité sans les embouteillages : "Je veux pas aller à l'école en voiture parce que c'est trop long, la circulation à Nantes est horrible ! Il y a le tram, ça me va !" (Natacha, 23 ans, étudiante à École Centrale) "C'est bon de marcher : aller à pieds, pas prendre la voiture, toujours. Dans une grande ville, des fois, tu te stresses à cause de ça !" (Vicky, 26 ans, étudiante à École Centrale) Certes, le réseau de transports en commun de Nantes couvre l'ensemble de l'agglomération mais il est aussi vivement remis en cause. Les critiques négatives sur ce réseau seront dressées dans la thématique traitant des souhaits individuels s'agissant de la ville de Nantes.

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B- La voiture Pour autant, la voiture n'est pas entièrement absente. Les transports en commun, bien entendu, ne parcourent pas tout le département de Loire Atlantique. Si le véhicule est peu utilisé tous les jours, 17 % des individus l'utilisent plusieurs fois par semaine, notamment pour réaliser leurs courses. L'utilisation quotidienne de l'automobile coïncide avec le phénomène de périurbanisation qui a débuté dans les années 1990 : la tendance des classes moyennes était de fuir le centre-ville de l'agglomération en raison de loyers trop élevés. Cette fuite obligeait, c'est toujours le cas actuellement, à utiliser quotidiennement le véhicule pour réaliser les trajets domiciles-travail (ou vers le lieu de formation) et donc à consommer davantage de CO2. Même s'ils vivent en périphérie, les individus n'utilisent pas ou peu le covoiturage quotidien. Cette utilisation régulière et individuelle de la voiture est une pratique féminine (pour 22 % d'entre elles, soit 10 points de plus que les garçons). Nicolas Herpin et Daniel Verger mettent en évidence la féminisation de l'usage de la voiture. En 1982, 47 % de femmes avaient le permis de conduire face à 64 % en 1994. De plus, cette utilisation du véhicule est propre aux étudiants d'École Centrale et aux volontaires du service civique (cf graphique ci-dessous). Autrement dit, l'absence d'utilisation de la voiture concerne davantage des personnes issues de milieux situés en bas de l'échelle sociale, ne disposant pas de suffisamment de ressources pour s'acheter et entretenir une voiture. L'usage de la voiture en fonction de l'activité professionnelle (en %) :

T o u s l e s j o u r s

0

3,6 12,5 10,7 21,9 2 0

P l u s i e u r s f o i s p a r semaine

3,6

Rarement

E c o l e D e u x i è m e C h a n c e U n i s-­‐ C i t é

21,9 13,3

Jamais

E c o l e C e n t r a l e

43,8

0

2 0

4 0

6 0

82,1 66,7 8 0

100

L'utilisation individuelle du véhicule touche également les personnes qui vivent en couple (40 %) et chez leurs parents (28 %). 4 Aucune personne qui vit en colocation n'utilise sa voiture de façon individuelle. A titre d'exemple, Natacha, étudiante à École Centrale, n'utilise pas sa propre voiture, elle explique l'utilité de connaître des amis qui en possèdent une : "J'ai de la chance d'avoir des amis qui en ont. Ce qui fait que, par exemple, le soir, si tu sors tard et que tu vas plus loin, tu peux leur emprunter. Ou même quand on va au bord de la mer, quand il fait beau, on y va forcément en voiture." 4 Cf figure 3 en annexe.

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Pourquoi la voiture n'est-elle pas mise de côté ? Deux personnes utilisent leur voiture tous les jours car elles sont soumises à des contraintes de temps et de lieu. Fatima, animatrice, a acheté sa voiture, en 2010, en raison des horaires de son emploi. Elle commence parfois tôt le matin (5h30) ou finit très tard le soir (21h30) et les tramways ne circulent pas ou peu à ce moment là. David, volontaire du service civique, vit à Treillières et les transports en commun ne circulent pas suffisamment pour qu'il les utilise. La voiture est vue comme un plaisir solitaire : il en profite pour écouter son poste radio, au volume qu'il souhaite sans que personne ne vienne lui reprocher quoi que ce soit. Il envisagerait d'opter pour le covoiturage dans le but de réaliser des économies d'essence. Nicolas Herpin et Daniel Verger soulignent ainsi l'aspect "casanier" de la voiture : l'individu aime l'utiliser seul. Dès les années 1950, la voiture était utilisée dans les deux tiers des kilomètres parcourus pour les déplacements des particuliers. Se déplacer en utilisant sa voiture permet aussi d'éviter les transports en commun remplis de monde aux heures de pointe. Dans la voiture, il y aurait presque un sentiment de liberté et d'indépendance. Vincent Kauffman explique aussi que le véhicule permet à chaque individu de se déplacer dans un espace précis et "privé" dans la ville, ce qui n'est pas le cas des transports en commun. Cela coïncide avec le souhait d'un gain de temps précédemment évoqué. Si la personne dispose d'une voiture et que le trajet lui permet de gagner du temps car elle sait précisément où se rendre, la voiture sera privilégiée vis à vis des transports en commun. Laure et Sophie, volontaires du service civique, sont dans cette situation : elles utilisent toutes les deux la voiture de leurs parents, le soir en semaine ou le week-end. Quelles sont les raisons évoquées ? Une trop faible fréquence des transports en commun, le souhait de se déplacer librement sans contrainte d'horaires et une part de fainéantise : "J'utilise la voiture, soit quand c'est pas accessible en transports en commun, soit c'est le dimanche et c'est difficile." (Laure, 21 ans, volontaire à Unis-Cité) « La voiture, je la prends vraiment pour me déplacer quand c'est loin : pour faire les courses, ou sur un coup de tête, j'ai pas envie de marcher, je prends la voiture, j'essaie de la prendre le moins possible. » (Sophie, 20 ans, volontaire à Unis-Cité) La voiture est aussi utilisée de façon individuelle pour réaliser ses courses (70 % de l'ensemble de l'échantillon). Cette pratique lie des personnes d'origine sociale diversifiée. Les centres commerciaux, souvent situés en périphérie, facilitent l'accès du véhicule. Axel, étudiant ingénieur, et David, volontaires du service civique, utilisent individuellement leur véhicule pour réaliser leurs courses mais ils n'évoquent pas les mêmes raisons : pour l'un, l'obligation, pour l'autre, la fainéantise. David réside dans un milieu rural, la voiture lui est nécessaire pour se déplacer. Axel, tout comme Sophie, évoque la fainéantise : "J'y vais en tram quand je suis motivé et en voiture quand j'ai la flemme." En aucun cas, il n'a évoqué la possibilité de réaliser ses courses par covoiturage. Aucune personne qui réside en collocation adopte ce type de pratique. Au contraire, le covoiturage est très utilisé pour faire ses courses (38 % des individus de l'échantillon). JeanPhilippe, camarade de la même promotion qu'Axel, utilise le covoiturage pour réaliser ses courses. Ils se rendent pourtant au même centre commercial. Ce sont des individus qui vivent en colocation ou en couple (avec ou sans enfants) qui utilisent la voiture comme moyen de covoiturage pour effectuer leurs achats alimentaires. Cette pratique concerne nettement moins ceux qui vivent seuls ou chez leurs parents :

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L a v o i t u r e c o m m e m o y e n d e c o v o i t u r a g e p o u r r é a l i s e r s e s c o u r s e s 1 0 9 8 7 6 5 4 3 2 1

0

0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Non Oui N o n c o n c e r n é ( e )

Sans être systématiquement avancé, l'argument économique prévaut dans ce choix : le covoiturage permet de réaliser des économies financières. De plus, lorsqu'il s'agit de transporter des sacs, la voiture est aussi la bienvenue. Le covoiturage est aussi une pratique écologique : plusieurs personnes se déplacent ensemble au même endroit dans une même voiture, ce qui limite la consommation de CO2.

C- Perceptions du type de conduite du véhicule J'ai cherché à connaître les perceptions individuelles sur la façon de conduire. D'une part, six personnes estiment adopter une "bonne" conduite. Or, la qualification d'une conduite correcte est subjective. Tout d'abord, Chantal a modifié sa façon de conduire suite à un accident de voiture : elle est vigilante vis à vis de la vitesse mais non dans une optique de réaliser des économies financières. Ensuite, trois filles ont souligné l'importance de la "prudence" à adopter vis à vis d'autrui. Sophie insiste sur l'importance de ne pas conduire en étant sous l'emprise de l'alcool. En revanche, JeanPhilippe a seulement insisté sur la notion de vitesse. Enfin, David est le seul à souhaiter réaliser des économies financières, sans penser en premier lieu à protéger l'environnement : « Ça m'arrive souvent d'être tamponné par les gens qui sont derrière car je roule lentement. J'aime bien profiter aussi de me dire : "A quoi ça sert d'appuyer sur le champignon ? Car tu vas devoir retourner à la pompe d'ici là, autant que t'appuies pas, tu roules tranquille et que le carburant te fasse plus longtemps." » . D'autre part, Axel est le seul à avoir avoué dépasser les limitations de vitesse. Il adopte une conduite plus rapide quand il est seul. Il ne se soucie pas d'une économie d'essence : « Quand je suis pas pressé, je conduis calmement, je m'énerve pas. Quand je suis pressé, je deviens un peu infernal : je vais doubler un peu trop n'importe comment. Mais à partir du moment où il y a du monde dans ma voiture, je reste toujours calme parce que j''aime pas qu'on me critique, du coup je fais attention. Quand je suis tout seul, des fois, je suis pas très prudent... ».

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Donc, les filles sont conscientes de la présence d'autrui sur la route et d'une conduite particulière à adopter. L'économie de carburant et/ou financière n'a été mise en avant que par un garçon, issu d'un milieu défavorisé. Cela l'incite d'autant plus à être vigilant. Ce n'est pas l'environnement qui arrive en première préoccupation.

D- Le vélo Enfin, l'utilisation du vélo est minoritaire sauf pour réaliser les courses (12 %). Cette pratique est surtout propre aux volontaires d'Unis-Cité et les stagiaires de l'École de la Deuxième Chance (11 %). Le vélo est aussi utilisé dans une optique de liberté, d'indépendance, de gain financier et de temps. Mathieu, volontaire du service civique, se déplace presque exclusivement en vélo sur Nantes. Il explique que cela lui permet de perdre du poids et il veut éviter les transports en commun. Mathieu n'aime pas les utiliser en raison du prix, de l'inconfort (aux heures de pointe). Le vélo serait au contraire synonyme de liberté individuelle : "En vélo, on voit des trucs qu'on ne voit pas forcément en tram, on est plus libres, c'est ça qui m'intéressait, t'as pas trop de contraintes. Même le soir, tu te dis pas : "il n'y a plus de bus !" Non, quand t'as ton vélo... ça m'arrive souvent de rentrer à 4h du matin à vélo." Les transports en commun sont donc omniprésents. La voiture utilisée régulièrement touche des filles étudiantes à École Centrale et volontaires du service civique. La pratique du vélo concerne surtout les volontaires du service civique et les stagiaires de l'École de la Deuxième. Les raisons évoquées par chaque individu justifient l'utilisation d'un mode de déplacement plutôt qu'un autre. En aucun cas, la préoccupation environnementale ne semble être la première inquiétude mentionnée.

La consommation A- Des lieux d'achats socialement et sexuellement divergents Le centre commercial, les supermarchés et supérettes sont les lieux privilégiés pour réaliser les courses par plus de 50 % des individus. Les commerces de proximité sont fréquentés par 26 % des personnes. Les magasins Discount sont moins utilisés que les commerces de proximité (18 %). Enfin, le marché (13 %) et le commerce en ligne (7 %) sont peu évoqués. Tout d'abord, le centre commercial est majoritairement fréquenté par les filles (presque 80 % d'entre elles soit trente points de plus que les garçons). Cette pratique touche également tous les milieux sociaux. Nicolas Herpin et Daniel Verger soulignent que le phénomène de périurbanisation s'articule avec l'implantation de nouveaux centres commerciaux à la périphérie de la ville. Dans l'agglomération nantaise, plusieurs centres commerciaux sont apparus : à Basse Goulaine, Saint Sébastien, Orvault... Les centres commerciaux offrent une gamme variée de produits permettant de tout acheter sur place, à un coût moins élevé, sans se rendre ailleurs. Cela coïncide avec la volonté individuelle de gagner du temps. 12/148


Ensuite, les supermarchés et les supérettes sont aussi fréquentés par des filles (écart de dix points ici). Ces commerces se sont développés depuis les années 2000 dans les centre-villes. Plus une personne est diplômée, plus elle a de probabilités de se rendre dans ce type de magasins : si 43 % des individus titulaires du Brevet des Collèges (ou non) s'y rendent, c'est le cas 70 % de ceux ayant réalisé des études supérieures. Les prix proposés dans ce type de magasins sont plus élevés, ce qui justifie la présence d'une clientèle plus spécifique. En revanche, les commerces de proximité sont moins utilisés. La répartition est homogène selon le niveau de diplôme mais presque 40 % des volontaires d'Unis-cité se rendent dans ces commerces. Cela suppose une pratique quasi routinière : l'achat du pain le midi ou le soir à la boulangerie du quartier pour le ramener au foyer. Puis, l'activité professionnelle de la personne intervient sur la fréquentation des magasins Discount (cf graphique ci-dessous). En effet, 30 % des stagiaires de l'École de la Deuxième Chance s'y rendent face à moins de 10 % des étudiants ingénieurs. Ce sont surtout les personnes aux faibles ressources qui fréquentent ces magasins. Les prix proposés, nettement moins élevés que dans les grandes surfaces, induisent les individus ayant des difficultés financières à s'y rendre. En revanche, la qualité des produits proposés (composition des produits, produits diététiques, biologiques...) est moindre. La fréquentation des magasins Discount en fonction de l'activité professionnelle (en %) : 100 9 0 8 0 7 0 6 0 5 0

N e s ' y r e n d p a s

4 0

S ' y r e n d

3 0 2 0 1 0 0 E c o l e C e n t r a l e

U n i s-­‐ C i t é

E c o l e D e u x i è m e Chance

De plus, le marché est un lieu où se rencontrent des individus de diplômes et d'activités professionnelles divergents. Les entretiens révèlent une distinction sociale selon la localisation géographique du marché. En effet, les parents de Laure, volontaire du service civique, se rendent parfois au marché de Talensac le samedi matin. Son père est cadre en informatique et sa mère, libraire. Le marché de Talensac, situé à proximité des bords de l'Erdre et non loin du quartier Saint Félix, est susceptible de regrouper des personnes d'une origine sociale élevée. En revanche, Chantal, volontaire à Unis-Cité (issue d'un milieu rural) et les parents de Fatima (animatrice) se rendent au marché de la petite Hollande (sur le parking Gloriette). Le père de Fatima travaille dans le bâtiment 13/148


et sa mère est agent d'entretien. Le marché de la petite Hollande serait "populaire". Le marché entre aussi en concurrence avec les Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne (AMAP). Mathieu et Chantal, de part leur projet à Unis-Cité, reçoivent leur panier biologique par une AMAP. De plus, Mathieu ne réalise pas ses courses mais ses parents possèdent leur propre potager et ils reçoivent des légumes d'un maraîcher local. Mathieu en obtient par cet intermédiaire. Ses parents travaillent dans la fonction publique (dans le domaine social et local). Enfin, l'achat en ligne est presque absent (7 %). Il touche des volontaires d'Unis-cité et des stagiaires de l'École de la Deuxième Chance mais en aucun cas les étudiants ingénieurs. En Mars 2011, Bruno Durand, enseignant de logistique à l'Université de Nantes, a apporté des éclairages au Conseil de Développement sur ces achats. Cet usage d'internet a de fortes probabilités de gagner la vie quotidienne d'un nombre accru d'individus. André-Yves Portnoff approfondit cette réflexion en soulignant que les individus désirent en effet gagner du temps et ne pas le dépenser dans des tâches p e u "gratifiantes", à titre d'exemple, les courses. Le commerce en ligne est un enjeu dans l'aménagement du territoire nantais.

B- Quels types d'achats sont effectués ? a)

Achats alimentaires : des distinctions sociales et sexuées. L'achat de produits en fonction de l'occupation actuelle (en %) : 7 0 6 0 5 0 4 0 3 0 2 0 1 0 0

E c o l e C e n t r a l e U n i s-­‐ C i t é E c o l e D e u x i è m e C h a n c e A c @ v i t é P r o f e s s i o n n e l l e

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Tout d'abord, les féculents, les fruits, les légumes frais, les produits surgelés et les boîte de conserve sont achetés par une plus grande proportion d'étudiants d'École Centrale (de 30 à 60 % d'entre eux). Les féculents sont des produits nourrissants, rapides à préparer et proposés à un prix abordable. Le riz, les pâtes ou la purée ont été cités. Les produits surgelés et les boites de conserve engendrent un gain de temps de préparation considérable vis à vis des légumes frais : il suffit de les réchauffer, cela ne nécessite pas de compétences particulières en cuisine. Cela peut aller du steak haché surgelé, en passant par le poisson pané, et les légumes en conserve (haricots verts, petits pois carottes...). Melody, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, explique cela. Elle achète de nombreuses boites de conserve et des plats individuels à un prix moins élevé mais aussi dans un souci de gain de temps : " Généralement, le premier prix, ça me coûte bien moins cher ! (...) Ce que je prends, c'est conserves, c'est vite à chauffer. Au Foyer de Jeunes Travailleurs (FJT), les plaques mettent très longtemps à chauffer l'eau (...) Je prends des conserves : tout ce qui est gratins dauphinois, haricots verts, petits pois carottes, ça va plus vite ! (...)" Ces produits sont aussi consommés par davantage d'individus qui vivent en couple, avec leurs enfants et en colocation. Ce type d'aliments permet également un gain de temps en cas de vie à plusieurs. En revanche, 23 % des personnes résidant seules en achètent. 5 Plus précisément, la vie en colocation suppose deux attitudes : un partage des achats alimentaires ou une individualisation de cette pratique pour limiter les tensions liées à des désaccords. Natacha et Jean-Philippe réalisent leurs courses avec leurs colocataires. Le partage des achats alimentaires suppose une décision consensuelle de la part des membres de la colocation : ils s'accordent sur la décision d'achat. Cela permet aussi des économies financières. Ce n'est pas le cas de Mathieu. Son attitude renvoie aux décisions d'accommodation : les membres du groupe n'ont pas les mêmes préférences et priorités et ne parviennent pas à se mettre d'accord. Ainsi, Mathieu et son colocataire n'adoptent pas les mêmes pratiques alimentaires et ne souhaitent pas les harmoniser : "La semaine dernière, il ramène un kg de tomates ! Je lui ai dit : "Tu te fous de ma gueule ? Tu vas pas acheter des tomates en hiver ! J'ai tellement intériorisé le projet Média-Terre sur les légumes de saison." Le conflit réside dans la différence d'intérêts. Mathieu, très socialisé au développement durable par ses parents et par UnisCité applique certaines pratiques au quotidien. A l'inverse, son colocataire n'y est pas sensibilisé et ne souhaite pas y être. Mathieu tente d'exercer un pouvoir d'influence sur son colocataire. Il met en avant sa qualité "d'expert" car il dispose de meilleures connaissances sur le développement durable et sur l'alimentation. A l'inverse, les produits tels que le pain, les biscuits et gâteaux sont davantage consommés par les stagiaires de l'École de la Deuxième Chance (entre 30 et 40 % d'entre eux). Cela conduit à des grignotages en dehors des repas. Enfin, 12,5 % des volontaires du service civique consomment systématiquement des produits biologiques et/ou issus du commerce équitable. Ces personnes se méfient du contenu du produit et une sélection précise s'opère. Nicolas s'explique : "(...) Le « Bienvue », ces marques là, je les achète plus, c'est terminé. Puis, même au goût ! Je préfère acheter un truc qui est quasiment sain... Enfin, on peut pas parler de quelque chose qui est sain quand on achète en centre commercial, c'est rare. Autant acheter quelque chose qui est moins sale que les autres. Mais « Bienvue », les marques comme ça, je peux plus ! (…) Je regarde pas les marques, je regarde surtout ce qu'il y a dedans : ce qui m'intéresse, c'est de savoir les E 105, E 210, des fois il y a une liste pas possible sur les aliments alors qu'il y a pas nécessité ! (...) Pareil, sur le fromage, c'est un peu plus cher les produits comme ça mais les coagulants, on prend plus ! On prend des fromages sans coagulant." 5 Cf figures 4 et 5 en annexe.

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Nicolas insiste sur la notion de "saleté" des produits : un produit composé de multiples éléments serait dit "sale" car malsain pour la santé. Selon la sociologue Magali Pallanca, l'achat de produits biologiques se lie à une préoccupation pour la santé personnelle et environnementale : se préserver et préserver son environnement futur. Une personne adepte des produits biologiques s'intéresse au contenu de chaque produit qu'elle achète : "Ce qui importe, c'est de savoir ce que l'on mange car manger relève d'un acte intime du fait que l'on incorpore dans notre corps un élément extérieur. On se méfie de tout ce qui est étrange et un paquet peut être reposé si un élément de la composition est contre ses convictions ou "douteux" afin d'éviter toute contamination". En revanche, comment s'explique le refus d'achat de produits biologiques ? Le prix, surtout pour les personnes de milieux sociaux modestes. A titre d'exemple, la grand-mère d'Anne, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance, consomme des yaourts dits "bio" par moments. Cela n'est pas régulier en raison du coût plus élevé de ce type de produits. De même, une vigilance apparaît vis à vis de ce type de produits dans deux entretiens. Les raisons évoquées reposent sur leur médiatisation trop importante et la prise de recul en raison d'une connaissance sur le sujet : " Pourquoi ? Moi, perso, j'y crois pas tant que ça (aux produits biologiques). Oui, il y a moins de pesticides mais la pluie, c'est toujours la même ! C'est un peu un lobbying... (...) Sur ce genre de trucs, j'ai du mal à y croire. L'idée est géniale. Mais est-ce que c'est vraiment équitable ? Il peut y avoir un label mais j'arrive pas à avoir confiance." (Natacha, 23 ans, étudiante). Les produits biologiques ne sont pas achetés, par des personnes d'origine sociale modeste ou défavorisée, par manque de confiance envers ces produits, par manque de moyens et par choix financiers. Cela n'empêche pas ces personnes de consommer des produits corporels et cosmétiques de marque. En revanche, la pratique du don de fruits, de légumes et de plats concerne deux volontaires d'UnisCité, soulignant une entraide familiale. A titre d'exemple, la grand-mère de Sophie dispose d'un potager et elle fournit des légumes, voire des plats préparés à d'autres membres de la famille : " – Ta grand-mère fait... – Elle nous fait des plats des fois. Vu qu'elle est toute seule, elle a du temps pour nous donner à manger. Elle nous prépare de la viande avec des carottes. Elle nous fait des petits plats qu'elle nous donne car elle a trop pour elle. – Tu disais, des légumes en conserve, pas beaucoup de légumes frais alors ? – Ça dépend des fois. Ma grand-mère a un potager donc on en prend chez elle. On achète une salade, des carottes ou des pommes de terre. On a pas forcément le temps de faire la cuisine donc se débrouille comme on peut..." Également, un produit est sexué : les filles sont plus consommatrices de fruits et de légumes frais que les garçons (écart de plus de 10 points). Les filles seraient plus sensibles à manger sainement que les garçons. Vicky en particulier, étudiante ingénieur, n'achète que des produits frais : fromage, brocolis, aubergines, salade, mandarines, kiwis... Axel, du même statut, n'achète jamais de légumes en conserve. L'explication de cette alimentation sexuée sera aussi à chercher dans le processus de socialisation vis à vis de l'alimentation auquel a été accoutumée la personne.

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Certains aliments sont donc consommés car ils engendrent un gain de temps pour l'individu : produits surgelés, boites de conserve, plats déjà préparés à réchauffer deux minutes au micro-onde... L'individu ne pense pas en premier lieu aux déchets alimentaires lié à son achat. De même, le prix peut induire à privilégier certains achats à défaut d'autres, tels que les produits biologiques. Ils sont souvent proposés à un prix plus élevé de un à deux euros vis à vis d'un produit classique. Seules les personnes disposant de suffisamment de revenus peuvent être tentées d'en consommer. Enfin, nous l'évoquions précédemment, certains produits sont aussi sexués.

b)

Produits corporels et cosmétiques : des choix d'achats raisonnables ou liés à l'identité.

Trois distinctions apparaissent et elles ne sont pas spécifiques au positionnement social des individus. Tout d'abord, il y a la reproduction de pratiques parentales. A titre d'exemple, Laure, volontaire du service civique, achète le même savon biologique et le même shampoing que ses parents (Le Petit Marseillais). Ensuite, un produit est choisit en fonction de son prix. Ce terme est à relativiser car la notion de prix "chers" ou "peu chers" est subjective : un individu qui dispose de ressources élevées ne percevra pas l'adjectof "cher" de la même façon qu'une personne vivant dans une situation précaire. Enfin, quelques personnes insistent avant tout sur la qualité du produit (corporel ou cosmétique). Ce terme de "qualité" est aussi entendu différemment selon les individus. C'est un moyen d'affirmation identitaire. L'identité d'un individu n'est pas établie. C'est un triple processus. Tout d'abord, il est différentiel : tout individu cherche à se distinguer d'autrui. Ensuite, il est dialogique : la négociation de facettes identitaires s'établit avec d'autres acteurs sociaux (du groupe de pairs en particulier). Enfin, c'est un processus temporel qui est susceptible d'évoluer. La consommation s'analyse comme un processus de construction identitaire qui renvoie à une présentation de soi dans les interactions. Sartre, dans L'Être et le néant (1943) souligne que le lien de possession d'un objet est un lien interne d'être. Le possédant se rencontre dans et par l'objet qu'il possède. Autrement dit, toute possession matérielle peut servir à exprimer ou extérioriser certains traits de caractère ou de personnalité de son propriétaire, comme c'est le cas des produits corporels et cosmétiques. S'agissant des produits corporels, la qualité du produit acheté est primordial. Cette notion est interprétée différemment selon les personnes. Pendant des années, Melody, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, ne se souciait que de consommer de la marque (Bourjois ou Tahiti) pour ses produits corporels. Désormais, elle achète son shampoing chez Leaderprice : " 79 centimes la bouteille ! Le gel douche a la même odeur que le Dove. Quand j'ai remarqué ça, je me suis dit : "Je vais prendre celui-ci". En plus, il est pas cher et il sent bon ! Par compte, pour les cheveux, c'est que de la marque." Le désir de réaliser des économies financières est très présent. Or, elle souhaite aussi retrouver une senteur d'un autre produit qu'elle consommait auparavant. Natacha , étudiante, partage ses produits corporels avec ses colocataires mais elle a insisté sur l'odeur du produit acheté : "Je fais moins gaffe au prix que sur l'alimentaire, c'est plus si j'aime bien, si ça sent bon, que ce soit agréable." Pour Melody et Natacha, il semble que la qualité d'un produit corporel repose sur sa senteur. L'odeur est une façon d'afficher sa personnalité. De même, lorsqu'elles achètent leur maquillage, les filles sont sensibles à la qualité du produit. Ce terme de "qualité" est là aussi entendu interprété différemment selon deux personnes. Vicky achète son maquillage sur des sites internet. Elle me donne l'exemple de le marque Clinique qui fournirait des produits lui permettant d'être vigilante vis à vis de ses problèmes de peau (allergies), quitte à économiser progressivement. Melody souhaite que le maquillage corresponde à sa peau ("ça, ça me va !") . Une notion d'accoutumance ressort de ses propos : 17/148


" – Là, par compte, je prends pas de premier prix, je prends que des "Gemey Maybelline". C'est une marque à laquelle je suis habituée depuis des années, depuis que j'ai commencé à me maquiller. De temps en temps, je fais des exceptions avec "Bourgeois". – Pourquoi est-ce t'as commencé à choisir cette marque là ? – C'est un truc très con : j'ai commencé à regarder leur fard à paupière et ils avaient des couleurs sympas : ou des couleurs bien trashs, ou des couleurs plus « light », comparé à d'autres marques qui avaient des couleurs assez foncées. Certains produits, leur ergonomie... C'est en essayant que je me suis dit : "ça, ça me va !" Ces personnes sont prêtes à investir davantage d'argent dans les produits cosmétiques et moins dans l'alimentation. La sélection de produits corporels et cosmétiques n'est pas forcément une question sociale mais aussi identitaire. Selon les filles, une produit de qualité sent "bon", a une bonne texture qui évite notamment les allergies. Également, Mathieu et Nicolas s'intéressent aux composantes du produit. Ce sont les deux seuls garçons à être vigilants vis à vis de leurs produits corporels. Nicolas lit attentivement l'étiquette située au dos du produit avant de l'acheter. Mathieu achète très rarement ses produits d'hygiène en supermarché mais il se rend au magasin Chlorophylle à Nantes (magasin biologique). Tout comme Nicolas qui lit les étiquettes de produits, Mathieu se méfie de la composition des shampoings : " J'essaie de trouver des trucs un peu naturels (...) Dans les shampoings, il y a des composantes dedans qui sont quasiment du pétrole. J'ai pas trop envie de me mettre du pétrole dans les cheveux ! (...)." Dans tous les cas, le choix de produits corporels et cosmétiques repose sur la qualité ou le prix du produit. Soit la personne cherche à prendre le produit le moins cher possible (vis à vis de sa situation), ou est au contraire sensible à une meilleure qualité, quitte à dépenser plus d'argent.

Le repas, source de distinction... A- ... selon le positionnement social de l'individu Nicolas Herpin et Daniel Verger estiment que les personnes issues de milieux défavorisés auraient tendance à moins diversifier leur menu. Citons trois exemples. David, volontaire à Unis-Cité, ne cherche pas à se préparer de véritables repas : " Le soir, ça dépend des soirs. Quand je suis feignant, j'achète une baguette et ça va être pain beurre, pain beurre fromage, pain taramac, boire de l'eau, manger un fruit et puis c'est tout. Hier soir, j'ai mangé des chips, une boite de macros et puis du mais." De même, Fatima et Chantal vivent toutes deux imprégnées de la culture tunisienne. Les plats dont elles m'ont parlé sont similaires. Fatima serait accoutumée à manger des gâteaux et plats turques (à base de veau, de dinde...) préparés par sa mère. De plus, elles mangent de la viande midi et soir. Chantal a aussi insisté sur cette cuisine : "plein de choses à base de sauces".

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B- ... selon le nombre de personnes dans le foyer L'ethnologue Arnold Van Gennep estime qu'un repas préparé et cuisiné est un repas qui se partage (en vie commune : ici, colocation, ou vie en couple avec des enfants ou chez ses parents) mais en cas de vie seule, cette pratique serait moins motivante. Ici, les lieux du repas et les personnes avec qui le repas est partagé diffèrent entre le midi et le soir.

C- Repas du midi Chacun des trois groupes interrogés adopte son propre rituel le midi. Tout d'abord, tous les volontaires du service civique mangent entre eux, ou avec d'autres personnes dans le cadre de leurs projets. A titre d'exemple, le jour où j'avais réalisé deux entretiens avec Sophie et Nicolas, le repas du midi se déroulait avec quelques personnes âgées de la maison de retraite. Cette nourriture est particulièrement variée. Ensuite, les étudiants ingénieurs alternent entre repas à domicile et repas au Restaurant Universitaire (tous m'ont cité Le Tertre dans lequel ils préfèrent la variété des menus proposés). Lorsqu'il a lieu à domicile, ce repas est similaire à celui du soir. Enfin, les stagiaires de l'École de la Deuxième Chance sont soumis à une contrainte horaire : une heure pour manger le midi. Melody et Anne et d'autres camarades se rendent au Carrefour de l'île de Nantes pour acheter un sandwich ou un plat déjà préparé qu'ils mangeront tous ensemble dans la salle de pause. La cohésion du groupe est omniprésente.

D- Repas du soir Le mode de la vie de la personne intervient également sur la façon dont les repas sont cuisinés. Une personne qui vit seule cuisine la plupart du temps de façon individuelle. Cette personne ne cherchera pas forcément à élaborer des menus diversifiés et variés. Elle pourra également cuisiner ce qu'elle souhaite sans devoir s'adapter aux goûts de l'autre. Une exception concerne Melody qui réside en FJT. Cela lui arrive de manger, au cours de la semaine, au sein du service restauration du FJT. Elle a clairement souligné l'importance de l'esprit de groupe : "Mais vu qu'on est tous jeunes et tous dans la même galère, on est encore plus solidaires !". Selon elle, toutes les personnes qui vivent dans un FJT éprouvent des difficultés financières. Cela renforcerait les liens entre chacun d'eux et la volonté de se serrer les coudes. En revanche, une personne qui vit à plusieurs : en colocation, en couple ou chez ses parents adoptera une pratique différente. En effet, l'affirmation de ses goûts personnels s'oppose aux goûts d'autrui. Plus précisément, l'installation en colocation ou en couple intervient dans un changement de pratiques alimentaires. Après avoir développé un rapport personnel à l'alimentation, l'individu doit désormais partager ses propres pratiques alimentaires avec celles de son conjoint ou de ses colocataires. Ainsi, Natacha, étudiante ingénieure, vit en colocation avec deux filles et l'une d'elle aime beaucoup cuisiner : Natacha n'a donc pas à le faire : " (...) Souvent, ici, c'est ma coloc qui fait à manger, elle cuisine pas mal (...) Et puis vu que je suis en coloc, c'est aussi en fonction des goûts de chacune.". Cela signifie qu'elles mangent toutes ensemble et doivent faire des concessions selon leurs propres goûts. En revanche, Mathieu, qui vit aussi en colocation, ne partage pas ce moment de préparation et le repas avec son colocataire. Ils n'apprécient pas les mêmes aliments mais j'ai aussi senti qu'une tension régnait au sein de la colocation. 19/148


A l'inverse, trois personnes vivent avec l'idée d'un partage de la préparation des repas. Une entraide au sein de la famille est présente. A titre d'exemple, au sein du foyer où réside Laure, volontaire du service civique, ce n'est jamais la même personne qui cuisine : sa mère, son père, son frère ou ellemême. Elle m'explique que cela dépend des horaires de chacun : « Celui qui a le temps » ou « Celui qui est disponible ». En revanche, certains individus vivent avec d'autres personnes mais ne se chargent pas de préparer les repas. Si Fatima, animatrice, réside chez ses parents, elle ne cuisine pas, c'est seulement le cas de sa mère. Elle avoue même ne pas savoir cuisiner :"Si je savais, je pense que je pourrais essayer mais.... Je sais pas cuisiner !" Chantal est mariée avec un homme d'origine tunisienne qui s'occupe de cuisiner. Elle n'avait jamais été accoutumée à manger des repas tunisiens avec sa mère. Elle a du s'y adapter et cela ne semble pas l'importuner. Si la distinction des tâches s'éloigne du modèle patriarcal (l'épouse à la cuisine), on constate pourtant l'importance de l'homme dans le choix de l'alimentation. De plus, il est d'origine tunisienne et ne peut consommer des viandes à base de porc. Donc, les lieux d'achats, les achats et les repas s'établissent différemment selon le positionnement social des personnes et le nombre d'individus vivant dans leur foyer. Tout d'abord, certains magasins, dont les prix s'opposent (supermarchés et magasins Discount) ne sont pas fréquentés par les personnes disposant des mêmes ressources financières. Également, tout individu consomme des aliments rapides à préparer (boites de conserve...) et permettant d'économiser de l'argent. Les produits biologiques et issus du commerce équitable, en particulier, sont davantage achetés par les personnes disposant d'un certain confort de vie. Les fruits et légumes frais sont des aliments féminins. De même, les produits corporels et cosmétiques sont choisit en fonction de leur prix ou de leur qualité. Autrement dit, un individu achète le produit au prix le moins élevé ou au contraire proposant la meilleure qualité possible (en fonction de ses critères personnels), quitte à dépenser plus. L'individu ne pense pas en premier lieu à l'environnement lors de ses achats. Enfin, il y aurait une moindre diversification et variété des menus pour les personnes vivant seules. En cas de vie collective, l'entraide, le partage des achats et/ou du temps du repas sont des moments structurants de la vie sociale.

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Les équipements consommateurs d'énergie Tout d'abord, un intérêt sera porté sur ce qui attrait à l'éclairage, au chauffage et à la consommation d'eau. Ensuite, l'utilisation et la fréquence des équipements électroménagers seront abordées. Enfin, l'usage des équipements audiovisuels puis numériques sera pris en compte.

A- L'éclairage, le chauffage et la consommation d'eau a)

Les lampes basse consommation privilégiées.

Les lampes basse consommation sont utilisées par la majorité des individus (presque 60 %). Au fur et à mesure que l'on croît dans l'échelle sociale, la probabilité d'utiliser ce type de lampes augmente : 40 % des titulaires du Brevet des Collèges (ou moins) sont concernés face à 80 % des individus ayant réalisé des études supérieures de deux années, voire plus après le baccalauréat. Cela s'articule avec un niveau de formation plus élevé : il n'est pas toujours aisé de connaître le type de lampes à utiliser dans le logement pour tous. Ce sont aussi en majorité les filles qui ne s'en équipent pas (plus de 54 % face à 33 % de garçons) : « Par exemple, on parlait tout à l'heure des lampes. Tout ce qui est ampoules à basse consommation, je sais même pas, je saurai même pas les reconnaître, je saurai pas le prix, je saurai pas la condition d'utilisation. J'ai un manque d'informations par rapport à ça. » (Sophie, 21 ans, volontaire à Unis-Cité). Les garçons sembleraient s'intéresser aux aspects techniques et mécaniques du logement.

b)

Le chauffage, source de difficultés en hiver

Le chauffage électrique est utilisé par 57 % des individus et le chauffage au gaz, par quasiment 30 % d'entre eux. Or, des difficultés au quotidien apparaissent. En effet, des personnes vivent en immeuble (HLM ou non) où le chauffage peut être trop ou pas assez élevé. La température ne peut être modulable : "Certains soirs, c'est totalement l'inverse ! Tu vas te dire : "Putain il fait chaud ! C'est parce que je viens de rentrer ou... Non, non, c'est juste, il fait chaud !" Donc t'ouvres la fenêtre, ça part un peu et puis voilà !" (Melody, 21 ans, École de la Deuxième Chance) "Même l'hiver, on a toujours les fenêtres ouvertes ! Quand les gens arrivent chez nous, ils hallucinent, il fait hyper chaud, les fenêtres sont tout le temps ouvertes !" (Fatima, 23 ans, animatrice) Pour autant, aucune n'a mentionné le désir d'indiquer ce problème au syndic de l'immeuble. Natacha, étudiante ingénieure, est dans une situation particulière. Ses colocataires et elle-même ont possibilité de régler la température mais elles ne le font pas. Selon Natacha, leur logement n'est pas correctement isolé.

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Le fait d'être locataire induit aussi un comportement différent : des aspects financiers ne sont pas pris en compte. Le chauffage est parfois inclus dans le prix du loyer. A l'inverse, des individus pour lesquels le chauffage est électrique, sont vigilants vis à vis de la température utilisée. De façon presque surprenante, ce sont les personnes disposant de plus de ressources qui adoptent ce type de pratiques. A titre d'exemple, les parents de Laure, volontaire du service civique, règlent les radiateurs, qui cessent automatiquement de chauffer lorsque la température idéale est atteinte. C'est la formule la plus économique et la plus respectueuse de l'environnement. La nuit, le chauffage est coupé. Laure mentionne l'idée de "faire des économies d'énergie". Pour autant, elle n'était pas capable de quantifier précisément le degré de température. Donc, le chauffage électrique est majoritairement utilisé. L'impossibilité de régler la température dans le logement oblige certaines personnes à s'adapter. Pour autant, aucune n'a mis en avant le souhait que ce problème soit résolu. A l'inverse, les individus qui ont ce choix, sont issus de milieux sociaux plus élevés et sont vigilants sur leur façon de chauffer leur lie de vie. Ces deux éléments sont contradictoires.

B- Une consommation d'eau pas toujours limitée a)

La machine à laver et le lave-vaisselle

La machine à laver est utilisée par plus de 76 % des individus une à trois fois par semaine. En revanche, pour la même fréquence, le lave-vaisselle n'est utilisé que par 20 % des personnes. Autrement dit, 62 % ne l'utilisent jamais (n'en sont pas équipés) : Utilisation de la machine et du lave-vaisselle (en %) :

Fréquence / Equipements Jamais Une à trois fois par semaine Quatre fois, voir plus Ne sait pas Total

b)

Machine à laver 5,26 76,32 5,26 13,16 1 0 0

Lave-vaisselle 61,84 19,74 6,58 11,84 1 0 0

Douche ou bain ?

Tout d'abord, la vie dans un logement sans baignoire limite les consommations d'eau. Les parents de Nicolas, volontaire du service civique, ont rénové la salle de bain en 2010 pour installer une douche à la place de baignoire. Il souligne la nécessité d'économiser de l'argent. En revanche, en cas de baignoire, les bains sont limités avant tout par manque de temps (vie à plusieurs, vie professionnelle) ou d'espace (baignoire trop petite) et non pas par volonté stricte de réaliser des économies financières ou de respecter l'environnement : "Il faut avoir du temps pour prendre un bain, si t'as pas le temps, ça sert à rien !". (Mathieu 21 ans, Unis-Cité). A l'inverse, quand il n'y a pas les contraintes précédemment évoquées, les bains sont pris une à deux fois par semaine, même pour les personnes issues d'un milieu situé au bas de l'échelle sociale (Fatima et Chantal). 22/148


Donc, la machine à laver est l'équipement électroménager omniprésent au sein du foyer. Là encore, personne n'a mentionné un intérêt pour l'environnement. S'agissant de la douche ou du bain, réaliser des économies au niveau de la consommation d'eau ne semble pas toujours être la préoccupation majeure des individus. C'est un sujet de paradoxe : diminuer la consommation d'eau permettrait d'économiser de l'argent. La limitation de l'usage des équipements audiovisuels et numériques serait aussi une façon de diminuer le coût des factures d'électricité. Ces nouvelles technologies, dont la consommation d'énergie n'est pas toujours visible à l'œil nu, n'induisent pas une consommation plus faible.

C- L'omniprésence des équipements audiovisuels et numériques 6 Le logement est synonyme d'espace domestique familial et de loisirs via ces équipements. La fin des années 1990 est marquée par l'arrivée d'internet. Depuis, les technologies de l'information et la communication (TIC) occupent une place évidente dans les foyers français. Selon Jean-Emmanuel Ray, sociologue, ces TIC permettent à chacun de gagner du temps et indirectement d'éviter certains déplacements. L'explosion des réseaux sociaux intervient à ce sujet : cet usage remplace progressivement le face à face individuel. Également, l'utilisation des TIC se confronte avec le temps physiologique (se nourrir, se laver, dormir) : regarder un film, une série ou le Journal Télévisé en mangeant n'est pas une pratique atypique. L'analyse suivante l'illustre : ces TIC sont omniprésentes dans le quotidien des individus, en particulier des filles. Il y a aussi des divergences selon l'occupation actuelle ou le niveau de diplôme et le nombre de personnes dans le foyer. En aucun cas, les consommations énergétiques qu'elles engendrent ne semblent préoccuper les individus. J'ai effectué un recodage de variables sur des fréquences d'utilisation de la télévision, de la radio et de l'ordinateur. La modalité "rarement" signifie une fois toutes les deux/trois semaines et une fois par mois. Ensuite, "régulièrement" renvoie à une à trois fois par semaine et "souvent", trois à six fois par semaine.

D- L'importance de la télévision dans les foyers populaires. 54 % des individus la regardent souvent, davantage entre une et trois heures par jour (pour 46 % d'entre eux). Une progression dans la hiérarchie sociale se traduit par une probabilité plus faible d'utilisation régulière de la télévision. En effet, un pourcentage nettement plus fort de stagiaires de l'École de la Deuxième Chance a souvent les yeux rivés vers le petit écran : presque 86 % d'entre eux sont concernés. L'animateur la regarde aussi souvent. En revanche, environ 60 % des étudiants ingénieurs ne la regardent jamais. Cet équipement occupe une place importante dans la vie d'individus de milieux défavorisés (cf graphiques ci-dessous). Brigitte Le Grignou, sociologue spécialiste des médias, s'est intéressée aux travaux de Michel Souchon (1969). Il a étudié les usages de la télévision fait par des adolescents scolarisés à Saint-Étienne. Ses résultats mettent en lumière une forte consommation de la télévision en même temps qu'une faiblesse ou une absence de diplômes, ce qui est clairement le cas ici aussi. On supposerait qu'il est difficile pour les adolescents issus de milieux modestes ou défavorisés de s'ouvrir à d'autres pratiques culturelles (concerts, 6 Cf figures 6 et 7 en annexe.

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musées...) en raison d'un manque d'intérêts mais aussi d'un manque de moyens financiers. La télévision demeure au domicile et ne nécessite pas de dépenses supplémentaires strictes, si ce n'est celle liées à l'électricité. Fréquence d'utilisation de la télévision en fonction du diplôme (en %) : 9 0 8 0 7 0 6 0 5 0 4 0

Jamais

3 0

Souvent

2 0 1 0 0 E c o l e C e n t r a l e

U n i s-­‐ C i t é

E c o l e D e u x i è m e Chance

Durée d'utilisation de la télévision en fonction de l'activité professionnelle (en %) : A c t i v i t é P r o f e s s i o n n e l l e / F r é q u e n c e J a m a i s U n e h e u r e o u m o i n s Une à trois heures Trois heures et plus Ecole Centrale 6 0 6,7 33,3 0 Unis-Cité 28,1 21,9 37,5 12,5 Ecole Deuxième Chance 0 0 60,7 39,3 Activité Professionnelle 0 0 1 0 0 0 Total 23,68 10,53 46,05 19,74

Total 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0

C'est aussi une pratique davantage féminine : 62 % d'entre elles face à 46 % de garçons la regardent souvent. Enfin, si la fréquence d'utilisation de la télévision est sensiblement importante quelque soit le mode de vie, la durée varie. L'usage régulier de la télévision concerne en majorité les individus qui vivent avec d'autres personnes à savoir en colocation, en couple et avec des enfants, chez un autre membre de leur famille et chez leurs parents (cf graphique ci-dessous). Cela suppose une pratique collective : l'individu regarde la télévision avec ses parents ou frères et sœurs, son ami(e) et ses enfants. Au contraire, un individu qui vit seul est plus à même d'être avec des amis (soit chez lui ou ailleurs) et donc de moins regarder le petit écran. James Lull, sociologue américain, distingue plusieurs usages de la télévision. L'usage structurel s'entend sous différentes formes. Il y a la notion de "ressource environnementale" à savoir la télévision accompagne les routines et corvées domestiques. Cette pratique, particulièrement consommatrice d'énergie, touche le foyer de Fatima. Les trois télévisions sont allumées en permanence même si personne ne les regarde. Lull emploie aussi la notion de "régulateur de comportement" : la télévision structure le temps au cours d'une journée. A titre d'exemple, la télévision est allumée au moment du journal télévisé. Le repas est pris en même temps. Cette 24/148


pratique concerne les familles de Sophie et de Nicolas. De cette façon, le temps individuel et social est clairement structuré en fonction des programmes proposés. De même, Anne regarde la télévision pour combler l'ennui : "(...) Les jours où je m'ennuie carrément, je sais ce que je fais : je regarde la télé. (...)". Durée d'utilisation de la télévision en fonction du mode de vie (en %) : 8 7 6 5 4 3 2 1

0

0 0 0 0 0 0 0 0

Jamais U n e h e u r e o u m o i n s U n e à t r o i s h e u r e s T r o i s h e u r e s e t p l u s

E- La présence timide du poste radio. A l'inverse, le poste radio est nettement moins utilisé que la télévision. En effet, si 34 % l'écoutent souvent, 26 % ne l'écoutent jamais. 12 % écoutent la radio sur leur ordinateur. La durée d'écoute s'accroît moins un individu est diplômé : environ 11 % des titulaires du Brevet des Collèges (ou moins) l'écoutent quatre heures ou plus face à 4 % des personnes ayant réalisé des études supérieures. Or, la radio s'efface de plus en plus pour être écoutée soit dans la voiture, soit via le MP3, le téléphone portable ou l'ordinateur. L'écoute de la musique et/ou la radio sur leur ordinateur semble être l'utilisation la plus économique : un appareil est utilisé à la place de deux. Vicky, étudiante ingénieure, adopte ce raisonnement : " (...) La musique, je préfère mon ordinateur parce que je peux faire des choses... ça regroupe beaucoup de choses. Sur l'ordinateur, je peux avoir un CD, je peux avoir la radio, je peux avoir internet. Je préfère les choses qui regroupent plusieurs appareils, que beaucoup d'appareil, partout". Donc, la radio est davantage écoutée par les personnes à faibles ressources, qui consomment donc là aussi plus d'énergie. Or, elle est aussi présente dans la voiture, et dans la maison par l'ordinateur, le MP3 ou le MP4. Ces usages, surtout propres aux individus disposant de ressources plus élevées, sont consommateurs d'énergie. Deux autres appareils sont aussi très utilisés par les personnes : le téléphone portable et l'ordinateur.

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F- Le téléphone portable, objet de "compagnie", surtout pour les filles de milieux défavorisés. Quasiment 70 % des individus possèdent un téléphone portable, 22 % en ont deux et 27 % disposent d'un smartphone. Une difficulté est apparue pour la passation du questionnaire concernant les stagiaires de l'École de la Deuxième Chance : la formulation de ma question sur les usages du téléphone portable suivait celle sur la possession ou non d'un smartphone. Ceci a entraîné une confusion et certains ont du penser que la question ne concernait que ceux qui possédait cet objet (le smartphone). Les non-réponses représentent 30 % de ces stagiaires. Les propos seront donc à nuancer davantage. Là encore, les filles passent davantage de temps avec leur téléphone portable (27 % d'entre elles face à 10 % de garçons) et elles sont plus nombreuses à en posséder deux. La possession de deux téléphones portable en fonction du sexe et de l'activité professionnelle (en %) :

Sexe / Activité Professionnelle Ecole H o m m e F e m m e Total 2

Centrale Unis -Cité Ecole Deuxième Chance 0 13,3 15,4 8 0 5,9 53,3 6,67 9,38 35,71

Également, plus on descend dans la hiérarchie sociale, plus la durée d'utilisation d'un téléphone et la possession de deux téléphones et du smartphone croît. A titre d'exemple, 30 % des individus titulaires du Brevet des Collèges (ou moins) passe plus de deux heures quotidiennes les yeux rivés derrière leur portable face à 7 % des individus diplômés. Tout comme cela touche les consommations alimentaires et corporels, la possession d'un téléphone portable mufti-fonctionnel est un outil d'affirmation identitaire. Il est toujours présent sur soit, dans la poche. L'individu dialogue presque avec cet objet dans les transports en commun ou à la gare en le consultant dès qu'il s'ennuie. La possession du smartphone en fonction du sexe et de l'activité professionnelle (en %) :

Sexe / Activité Professionnelle Ecole H o m m e F e m m e Total 3

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Centrale Unis 3 0 4 4 0 11 3,33 2

-Cité Ecole Deuxième Chance 0 30,8 ,8 26,7 5 28,57


G- Usages multifonctionnels du téléphone portable Le téléphone portable remplace plusieurs objets. Les SMS, MMS, appels et usages divers du téléphone portable (agenda, montre) sont des pratiques propres aux trois groupes et aux deux sexes. Les multiples forfaits avec "SMS illimités" incitent les consommateurs à envoyer autant de SMS qu'ils le souhaitent au cours d'une journée. Si les messages sont utilisés dans un cadre privé (amis et familles), une personne au cours d'un entretien a aussi relevé une utilisation professionnelle des SMS. Laure, volontaire du service civique, estime qu'un message rédigé correctement peut être envoyé à son employeur. De façon plus précise, les filles utilisent davantage leur téléphone portable (pour tous les usages). De plus, moins une personne est diplômée, plus elle utilise son téléphone pour prendre des photos et des vidéos et se connecter à internet. 7 L'utilisation du téléphone pour la prise de photos et de vidéos selon le diplôme :

0 0

N o n p r é c i s é

22,9 B a c c a l a u r é a t + 2 a n s , v o i r e p l u s

25,9 Oui

42,9 51,4

C A P , B E P , B a c c a l a u r é a t o u B r e v e t P r o f e s s i o n n e l 74,1

Non

57,1

B r e v e t d e s C o l l è g e s o u moins

25,7 0

2 0

4 0

6 0

8 0

L'usage d'internet via le téléphone est aussi facilité par l'offre des opérateurs : cette utilisation est comprise dans le forfait et n'engendre pas de coûts supplémentaires. Deux propos de garçons soulignent une divergence d'interprétation des objets multifonctionnels. D'une part, Nicolas critique les smartphones car il préfère le côté "authentique" du téléphone, tel qu'il était à ses débuts (appeler et envoyer des SMS). Voici ses propos :« Tout le monde a des tactiles, trucs comme ça. Après, c'est plus un portable, c'est un truc multi-fonction : photo, vidéo. Je préfère un vieux portable qui sert qu'à envoyer des messages et puis passer des appels. ». D'autre part, David souligne l'intérêt d'un téléphone multifonctionnel par comparaison avec la console PlayStation 3, qui rassemble plusieurs utilités en un seul objet. Voici ses termes : "C'est quand même vachement intéressant ce genre d'appareil, c'est comme le téléphone, ça fait tout en un ! Tu peux écouter de la musique, regarder des DVD, jouer et aller sur internet (...)."

7 Cf figure 8 en annexe.

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H- La possession du téléphone portable, marquage culturel et identitaire Les individus âgés de moins de 30 ans sont particulièrement friands de nouvelles technologies et de produits de marques. Selon Jean Baudrillard, sociologue français (La Société de consommation, 1970), les individus sont soumis au rythme de la circulation de plus en plus rapide de codes, de signes et de nouveaux objets (nouvelles technologies). Les choix de consommation, en terme de nouvelles technologies par exemple, sont constitués par la logique du paraître. L'individu est sensible à l'image qu'il dégage de lui-même. D'une part, l'achat et la possession de ces objets s'explique par une volonté de marquage culturel (appartenance à un groupe). D'autre part, l'individu met aussi en avant son identité grâce ces objets (comme pour les produits corporels et cosmétiques). D'une part, Thorstein Veblen, économiste et sociologue américain, dans la Théorie de la classe de loisir (1899) estime que plus un individu possède de la richesse, plus il est estimé (en terme d'honneur). Les individus se comparent les uns vis à vis des autres : ils se classent. La richesse se quantifie avec les objets possédés. Cela servirait à impressionner autrui. Cette théorie, bien qu'ancienne, n'est pas négligeable en particulier pour les nouvelles technologies. Les sociologues américains Mary Douglas et Baron Isherwood (Pour une anthropologie de la consommation, 2008) poursuivent cette idée. La consommation ne se limite pas à l'échange de biens. Elle s'intègre dans une dimension culturelle et économique. Autrement dit, toute possession matérielle induit une fonction sociale de marquage. C'est le cas des nouvelles technologies : leur possession est aussi une façon d'affirmer son positionnement social et sa supériorité vis à vis des autres. De plus, Veblen met en avant l'effet "tricke down" c'est-à-dire le fait que les individus reproduisent les modes de consommation de personnes issues d'un positionnement social plus élevé. Là aussi, on retrouve ce type d'attitude s'agissant des nouvelles technologies. Ces équipements, en particulier, l'ordinateur et le smartphone nécessite un investissement financier. Les individus issus de milieux modestes en sont pourtant équipés. D'autre part, les choix de possession de certains produits interviennent également dans un processus interactionnel. Selon Erving Goffman, les pratiques de consommation mettent en jeu un ensemble d'interactions. Comme dans un théâtre, l'individu se met en scène. L'identité correspond à une présentation de soi dans les interactions. Ces interactions s'inscrivent dans des rôles sociaux. Lorsqu'il achète des produits, l'individu peut faire référence à l'image réelle ou idéale qu'il a de luimême. Par la possession de nouvelles technologies, l'individu cherche à améliorer l'image de soi, transmise aux autres. De même, Benoît Heilbrunn, professeur de marketing à l'École Supérieure de commerce de Paris, apporte des précisions ce à sujet. Il souligne que le groupe de pairs joue un rôle dans l'achat de ces nouvelles technologies. En effet, la valeur d'un bien se définit aussi par rapport à l'approbation de ses pairs, notamment du leader. Certes, cet effet diminue avec l'âge mais la possession du dernier téléphone portable est un moyen de s'affirmer vis à vis des autres. La possession du dernier smartphone est donc une façon d'affirmer son appartenance culturelle et son identité, sans songer à l'environnement.

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De façon globale, les personnes à moindres ressources et en particulier les filles sont plus utilisatrices du téléphone portable. Le téléphone multifonctionnel prend de plus en plus la place d'autres objets : montre, agenda, appareil photo numérique voire ordinateur. L'avantage d'un objet qui ne sert qu'à téléphoner est la facilité d'utilisation et l'impact moins élevé en cas de perte du produit. A l'inverse, la perte d'un téléphone multifonctionnel engendre indirectement la perte de plusieurs appareils : appareil photo numérique, ordinateur... En revanche, comme l'indiquait David, un smartphone présente l'intérêt de réunir plusieurs équipements en un seul, ce qui évite d'être équipé d'une multitude d'appareils. Cela ne sous-entend pas pour autant des économies d'énergie. A titre d'exemple, un smartphone utilisé tous les jours en tant que MP3 ou appareil photo numérique consommera certes de l'énergie mais elle ne concernera qu'un appareil. Pour autant, dans les entretiens, les personnes m'ont expliqué qu'elles préféraient utiliser un lecteur MP3 en plus du téléphone portable (ou du smartphone) pour que la batterie dure plus longtemps. Dans tous les cas, ces individus sont de gros consommateurs d'énergie via leur téléphone portable. Au-delà de cet aspect de consommation énergétique, la sociologue Céline Metton-Gayon souligne que la possession d'un téléphone portable et l'usage d'internet, pour les individus qui résident encore chez leurs parents, sont des moyens d'acquérir une "autonomie relationnelle" notamment vis à vis de leur famille. L'ordinateur occupe aussi une place dans la vie de ces jeunes générations. Quelle place et comment se traduit son usage ?

I- L'ordinateur se substitue à la télévision Tout d'abord, 84 % des personnes se rendent sur leur ordinateur tous les jours ou presque. 42 % passent une à trois heures devant leur écran. Garçons et filles de tout âge passent autant de temps devant leur ordinateur. Le mode de vie n'induit pas nécessairement une moindre utilisation de l'ordinateur. En revanche, le graphique ci-dessous l'illustre : un peu plus de 70 % des étudiants d'École Centrale et des volontaires d'Unis-Cité utilisent l'ordinateur entre une heure et trois heures, voire plus sans pour autant le laisser allumé toute la journée. Si la moitié des stagiaires de l'École de la Deuxième Chance sont dans la même situation, presque 20 % d'entre eux n'éteignent pas leur ordinateur pendant la journée. Donc, les personnes issues d'un milieu défavorisé consomment davantage d'énergie via leur ordinateur. Il est disponible dans le domicile. Son utilisation engendre des dépenses présentes sur la facture d'électricité. La durée d'utilisation de l'ordinateur en fonction de l'activité professionnelle (en %) : 120 100 80 E c o l e C e n t r a l e

60

U n i s-­‐ C i t é E c o l e D e u x i è m e C h a n c e

40

Animateur

20 0 Jamais

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U n e h e u r e o u moins

Une à trois heures Trois heures et plus A l l u m é t o u t e l a journée


J- Les réseaux sociaux, utilisation majoritaire d'internet Ils sont très fortement utilisés par tous les individus (80 %). J'avais précisé entre parenthèses, sur le questionnaire, que ces réseaux sociaux se référaient à facebook et MSN. Il y a à nouveau une prédominance de filles (86 % face à 72 % de garçons). Les individus ayant réalisé deux années ou plus d'études après le baccalauréat sont aussi davantage concernés : La fréquentation des réseaux sociaux en fonction du diplôme (en %) :

D i p l ô m e ( s ) / Vi s i t e d e s r é s e a u x s o c i a u x Brevet des Collèges ou moins C A P, B E P, B a c c a l a u r é a t o u B r e v e t P r o f e s s i o n n e l Baccalauréat + 2 ans, voire plus To t a l

N o n O u i Non concerné(e) 2 0 74,3 5,7 28,6 71,4 0 11,1 88,9 0 18,42 78,95 2,63

Total 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0

Facebook est utilisé pour la même raison officielle : le désir de garder contact avec des personnes qui vivent loin du domicile. Cette idée, appartenant au registre de la vulgate, est née en même temps que la création du site. Concrètement, des distinctions s'établissent mais pas toujours selon un positionnement social en particulier. Tout d'abord, apparaît une crainte vis à vis de la protection de l'identité et de la confidentialité des informations sur ce site. Le terme de "danger" a été répété plusieurs fois. Pour autant, toutes ces personnes sont très assidues sur ces sites. Ceci est contradictoire. Également, facebook présente un intérêt pour communiquer de façon privée avec ses ami(e)s. Cet aspect n'est pas mentionné par les garçons. L'utilisation de facebook faite par Vicky, étudiante, et Melody, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, illustre cet usage : la conversation virtuelle se substitue à la conversation en face à face. Elles expliquent échanger sur facebook avec des personnes qu'elles côtoient la journée. Les sociologues Dominique Cardon, Zbigniew Smoreda et Valérie Beaudouin mettent en évidence la notion de "connexion continue" par laquelle les personnes échangent à la fois en face à face mais l'ordinateur deviendrait aussi un lieu de rencontre pour établir des discussions intimes. C'est le cas ici. Cet échange permet en outre de gagner du temps et d'éviter de se déplacer, au sein d'un même immeuble. Vicky l'évoque : " (...) Et avec mes copines espagnoles, on habite pas dans le même étage. J'habite au premier étage et le reste des filles habite au deuxième étage. Des fois, c'est un peu chiant de monter les escaliers pour leur dire quelque chose, donc sur facebook, on parle : "on va manger". Les réseaux de discussion, ici facebook, seraient un espace de discussion "authentique" au sein duquel il n'y a pas de pression du groupe de pairs : on peut se dévoiler en toute intimité sans qu'une autre personne du groupe n'interfère. Ainsi, Melody utilise facebook de cette façon pour communiquer avec ses camarades de l'École de la Deuxième Chance :" (...) Quand on est ici (à l’École), on rigole, on discute, on échange des trucs ou on a pas le temps, ou on est pas dans les mêmes cours donc... ou des trucs qu'on veut pas dire ici tout simplement ! On revient chez nous, on a facebook : "Tiens, t'as remarqué ça ! T'as vu machin, machin, ceci !" On parle après les cours d'une façon plus personnelle." 30/148


L'Institut Kervégan effectue une analogie entre l'attitude des personnes sur facebook et en société en se référant à Goffman. Il estime que chaque individu adopte un masque pour se conformer à l'usage qu'il doit donner de lui-même à autrui. Il en serait de même sur facebook : chacun met en avant des informations sur sa vie (réelles ou fausses) pour que les autres personnes acquièrent une certaine image de lui. Les discussions instantanées permettent également d'adopter tel ou tel masque selon les personnes avec qui l'échange a lieu. De plus, deux étudiants ingénieurs (Natacha et Jean-Philippe) établissent une critique portant sur l'enjeu économique de facebook, détail non mentionné par d'autres individus, à savoir la crainte du licenciement abusif. A l'inverse, Laure, volontaire à Unis-Cité, est consciente que les employeurs utilisent facebook mais elle imagine ce site utile pour s'établir un réseau professionnel. Cette idée contre-balance la crainte avancée par les autres personnes : " – Pour mon projet Unis-cité, j'ai quitté mon association où j'étais avant (inaudible) je travaillais avec les SDF avant. J'ai deux collègues qui m'ont rentrée en amie sur facebook et avec qui je peux garder contact. Si je veux un stage plus tard, il suffit d'aller sur facebook et de leur demander... – Du coup, en même temps, tu dois faire vachement gaffe à ce que tu publies... – Oui, voilà. (…) Si tu choisis de faire ça, soit tu bloques tes données, soit tu publies pas de la merde !" Ce sont aussi des individus d'un milieu aisé (Natacha et Mathieu, volontaire à Unis-Cité) qui perçoivent facebook comme un outil pour obtenir des informations de sorties sur la ville de Nantes ou pour organiser des soirées. Ce site permettrait ainsi de gagner du temps : à défaut d'appeler, d'envoyer un SMS ou un mail, la création d'un événement sur facebook est plus directe et rapide. En revanche, cela marginalise les personnes qui ne sont pas inscrites sur le site. Enfin, environ un quart des individus titulaires d'un CAP, d'un BEP voire d'aucun diplôme n'utilisent pas ces sites. Ce choix traduit la volonté d'affirmer son identité : soit pour se protéger ou se distinguer d'autrui. Sophie, sans y être désinscrite, s'y rend de moins en moins. Elle envisage de quitter facebook très prochainement car elle souhaite conserver une confidentialité de ses informations personnelles. David n'y est pas inscrit pour se distinguer des comportements des autres individus de son âge qu'il côtoie : "Je veux pas adhérer à un truc international : tout le monde a la même page, la même couleur, c'est trop mouton pour moi ! C'est dommage car je passe à côté de certaines choses. J'y pense régulièrement à ça. Mais si je me créée un compte, comme pour la TAN, je vais donner un faux nom ou... C'est pas qu'une histoire de vie privée, c'est surtout ne pas se faire attraper par le groupe... J'ai toujours été un petit peu à dépasser la ligne. (...) » Donc, les réseaux sociaux s'intègrent dans la vie quotidienne juvénile. Ils s'envisagent sous deux éléments totalement opposés : leur efficacité réside dans la désagrégation de la cohésion sociale dans la société, ou au contraire, ils dégradent ce lien en incitant à communiquer virtuellement. Ces deux configurations opposées se complètent en réalité. La notion de confiance joue un rôle : la communication virtuelle permet de "se cacher" derrière son écran et facilite le désir de communiquer ce que l'on n'oserait dire en face à face. Le problème ne viendrait donc pas d'une désagrégation sociale mais d'une difficulté d'établir facilement le contact dans la vie réelle. 31/148


D'après les propos des individus, ce réseau social présente une contradiction : il est vivement critiqué mais est en même temps nécessaire dans leur vie quotidienne. Tous mettent en avant l'idée officielle : reprendre contact avec des personnes qui vivent loin de chez eux. Or, une discussion instantanée établie avec un ami d'enfance n'aura pas la même ampleur qu'avec un ami de sa promotion. Voici les raisons d'une présence aussi accrue sur facebook. En premier lieu, il apparaît presque comme marginalisant de ne pas être inscrit sur facebook lorsqu'on a moins de 25 ans. Ce site permet de lire les plaisanteries des uns des autres et d'échanger en toute intimité avec sa famille mais aussi des membres du groupe de pairs vus quotidiennement. Le temps est optimisé : il n'y a pas toujours besoin de se déplacer pour échanger avec la personne. De plus, un individu a aussi mis en avant l'utilité de facebook pour son réseau professionnel à venir. Serait-ce un enjeu pour les Agences d'Emploi : la publication d'offres de travail sur facebook ? 78 % des personnes utilisent leur ordinateur pour réaliser des recherches pour leur avenir professionnel. De même, facebook serait un outil agréable à utiliser dans la recherche d'informations pour sortir dans sa ville. De façon globale, les nouvelles technologies occupent une place grandissante dans le quotidien des individus : téléphone portable et ordinateur en particulier. Leurs usages mufti-fonctionnels permettent de les substituer à d'autres objets. Ces équipements sont d'autant plus présents pour les personnes issus de milieux populaires. Ils permettent aussi d'illustrer sa supériorité vis à vis d'autrui. En revanche, là encore, la protection de l'environnement ou les économies d'énergie et financières ne sont pas évoquées. C'est une autre contradiction.

Le tri des déchets, une préoccupation d'individus disposant d'un certain confort de vie Tout d'abord, le tri du verre est celui auquel les enquêtés semblent davantage concernés (70 % d'entre eux). Les Tri-sacs sont utilisés par 50 % des individus de l'échantillon. Enfin, environ 40 % soit ne réalisent aucun tri, soit déposent leurs déchets électroménagers à la déchetterie et les piles dans les bornes prévues à cet effet. Le tri du verre intervient en premier lieu. Or, 50 % des individus peu voir non diplômés ne réalisent pas ce tri. La même fréquence touche les stagiaires de l'École de la Deuxième Chance. Ensuite, 50 % des enquêtés utilisent les sacs bleus et jaunes de façon régulière. Le niveau de diplôme est à nouveau à relever : environ 40 % des individus non titulaires d'un diplôme ou peu diplômés le font, soit une différence de vingt points avec les personnes ayant réalisé des études supérieures ! Pour autant, ce tri des déchets se traduit-il en achats plus réducteurs d'emballages ? Parmi les individus qui font souvent ce tri, 20 % consomment systématiquement des produits surgelés et des boites de conserve et seulement 8 %, des produits biologiques. Une volonté de trier ne se traduit donc pas forcément en changement d'achats alimentaires. 8 De plus, le tri au quotidien exige de connaître les déchets à déposer dans chaque sac. Or, les personnes issues de milieux modestes ou défavorisés ne savent pas précisément comment trier les déchets. A titre d'exemple, Fatima, animatrice, inverse l'utilisation des sacs :

8 Cf figures 9 en annexe.

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" – Des fois, je t'avoue que quand je suis pressée, je mets dans n'importe quelle poubelle. – Tu sais pas spécifiquement ce que tu peux mettre dans chaque poubelle ? – Si ! Je sais que le bleu, c'est recyclable et le jaune c'est non-recyclable. Tout ce qui est carton, c 'est recyclable. Je vois à peu prêt." A l'inverse, Natacha, étudiante ingénieure, est désormais sensibilisée à ce tri via sa formation à École Centrale. Elle sait comment sont transformés les déchets et l'utilité précise du tri. Elle est plus à même de réaliser correctement son tri des déchets. Enfin, 37 % des individus utilisent un même sac poubelle pour tous les les déchets. La moitié des personnes peu ou non diplômées ne trient pas les déchets. Ce même pourcentage concerne là encore les stagiaires de l'École de la Deuxième Chance : L'absence de tri des déchets en fonction de l'activité professionnelle (en %) :

A c S v i t é P r o f e s s i o n n e l l e

100

0 0

E c o l e D e u x i è m e C h a n c e

17,9 2 5

U n i s-­‐ C i t é

9,4

0

Souvent D e t e m p s e n t e m p s

28,1

R a r e m e n t v o i r e J a m a i s

62,5

2 0 2 0

E c o l e C e n t r a l e

53,6

6 0 5 0

100

150

Sur quoi réside cette absence de tri ? Melody, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance, évoque deux raisons principales : le manque d'espace dans son logement et surtout le manque d'intérêt. Elle vit dans une situation précaire, avec des difficultés financières quotidiennes à gérer, le tri des déchets ne fait pas partie de sa priorité : " (...) Puis l'écologie, je vais passer pour la mauvaise fille mais je suis pas dans le "trip" écologique. Par exemple, mes poubelles, je les trie pas ! Beaucoup le font et puis ça devient obligatoire ! Au FJT, on nous oblige pas encore à les trier, pourvu que ça reste comme ça jusqu'en Novembre ! J'aurais une grande maison, j'aurais la place, je le ferais ! Là, dans la chambre, avoir deux poubelles, c'est juste pas possible !" Chantal ne trie pas car elle ne sait pas où trouver les sacs bleus et jaunes. La communication faite par Nantes Métropole à ce sujet sera détaillée ultérieurement.

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Donc, les personnes disposant de faibles ressources sont moins sensibles au tri des déchets car elles ont d'autres préoccupations quotidiennes. Le tri des déchets est une problématique touchant les individus disposant d'un certain confort de vie. Or, ce tri est privilégié également en cas de facilité d'accessibilité aux Tri-sacs et de gestion au quotidien. Il ne faut que cet effort d'accessibilité soit trop coûteux en terme de temps, au point de dissuader la personne.

Les définitions du développement durable, sources de distinctions sociales A- L'absence de définition propre aux filles peu, voire non diplômées Tout d'abord, 30 % des individus n'ont pas fourni de définition du développement durable ou ont souligné l'importance de protéger la nature et/ou l'environnement. Les personnes n'ayant pas expliqué cette notion sont en majorité des filles (cf diagrammes circulaires ci-dessous) peu ou non diplômées et issues de l'École de la Deuxième Chance. En effet, si 54 % des stagiaires de l'École de la Deuxième n'ont pas précisé le concept de développement durable, ce n'est le cas que de 20 % des étudiants ingénieurs. Dans les entretiens, le vocabulaire utilisé souligne l'imprécision et la conscience de l'enjeu collectif de cette notion : "un ou des trucs", "quelque chose" "tout ce qui", "tout ça" ou "plein de choses". Anne, à titre d'exemple, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, est la seule à avoir indiqué ne pas connaître le concept de développement durable. J'ai cherché à tester sa connaissance dans le domaine de l'environnement. Mon erreur a été ici de trop induire sa réponse. Elle évoque le terme de "pollution", qui, pour elle, renvoie aux ordures. La distinction entre le "je" et "ils" sousentend que Anne ne s'inclut pas dans les personnes susceptibles de modifier l'avenir de la planète. Elle estimerait presque que le changement environnemental se traduit par les prises de décision de chefs d'entreprise ("ceux qui sont dans les entreprises".) Elle ne semble donc pas consciente que son attitude est aussi importante : " – – – –

(...) Alors le tri des déchets, ça renvoie à quoi pour toi ? C'est pour moins de pollution dans la Terre... Qu'est-ce qui se cache derrière ce mot "pollution" pour toi : c'est que les déchets ? Pour moi, la pollution, c'est les gens qui jettent des boissons, du verre, du plastique, du carton, de tout ! Je trouve pas ça super pour la Terre. Même s'ils essaient de changer tout ça, la Terre, en ce moment, est en train de se détruire. – Quand tu dis "ils", c'est-à-dire ? – Ceux qui sont dans les entreprises, qui font du tri..."

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B- L'environnement, la nature et la société, des préoccupations masculines La conception environnementale dans la définition du développement durable est principalement celle mise en avant dans les médias. Cette définition touche les garçons (41 % d'entre eux avec ici aussi un écart de 25 points avec les filles) diplômés d'un CAP, d'un BEP ou d'un Baccalauréat (57 %). Voici quelques extraits de définition : " prendre soin des richesses sur Terre", "protéger la nature" ," le respect de l'environnement, de la planète" ," sauvegarder notre planète", " faire attention à l'environnement"... De plus, 17 % des enquêtés définissent le développement durable en soulignant l'aspect social et environnemental. Ici encore, les garçons sont légèrement plus nombreux à avoir abordé ces notions (20,5 % face à 13,5 % de filles). L'importance accordée à l'aspect social et environnemental n'est propre qu'aux individus titulaires d'un diplôme de niveau moyen ou supérieur. Ici aussi, des exemples de définition sont pertinents : "mettre en place des facteurs qui maintiennent la planète et la société actuelle en bonne santé (écologie et population)", "Développement qui ne nuit pas à l'environnement et à mes concitoyens"...

C- Les "générations futures" à préserver 17 % des personnes perçoivent dans le développement durable l'importance de l'avenir et des "générations futures". Ici, les expressions telles que "développement qui dure" ou "les générations futures" ont été abordées par des individus de différents milieux sociaux. La conception environnementale était citée par une majorité de diplômés d'un CAP, d'un BEP ou d'un Baccalauréat, c'est le cas ici aussi (43 %). C'est la première définition où garçons et filles sont répartis de façon équitable. Des définitions plus précises peuvent être citées : "développement pour la société et qui est respectueux de l'environnement tout en pensant aux générations futures", "préserver la planète sur le long terme en pensant aux futures générations"... Axel, étudiant ingénieur, à titre d'exemple, propose cette définition : "En gros, c'est : agir en faisant attention aux générations futures pour pas compromettre leur avenir. Je sais plus les mots exacts...". Cette expression : "Je sais plus les mots exacts" illustre la référence aux discours médiatiques mais aussi aux définitions entendues dans le cadre de sa formation d'étudiant ingénieur. Or, en lui faisant précisément sa définition, des termes plus concrets apparaissent.

D- Le développement durable sous ses trois piliers, une définition d'individus diplômés 10,5 % des enquêtés définissent le développement durable sous les trois piliers : l'économie, la société et l'environnement. Cela concernerait davantage les filles (13,5 % soit un écart de 6 points avec les garçons). Ces personnes sont aussi titulaires d'un diplôme de niveau moyen et élevé, comme l'illustre le graphique ci-dessous :

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La référence aux trois piliers du développement durable en fonction du diplôme (en %) : 120 100 8 0 6 0

N o n m e n S o n n é s

4 0 L e s t r o i s p i l l i e r s menSonnés

2 0 0 B r e v e t d e s C o l l è g e s o u moins

C A P , B E P , B a c c a l a u r é a t + 2 B a c c a l a u r é a t o u a n s , v o i r e p l u s B r e v e t Professionnel

L'environnement doit être protégé et tout individu doit pouvoir vivre et se nourrir dans une société égalitaire. D'une part, Vicky, étudiante ingénieure et Mathieu, volontaire du service civique ont insisté sur l'accès universel à l'emploi. D'autre part, Natacha, étudiante et Sophie, investie au sein d'Unis-Cité, ont souligné le bien-vivre collectif. Une hésitation apparaît sur les termes à utiliser dans la définition de Sophie :" (...) Comme je disais dans le questionnaire, ça touche à plein de choses je sais que c'est lié à l'environnement, lié à une politique commune, à des gestes. Je pense que c'est un bien-vivre collectif. C'est lié à la planète et au bien-être de chacun. C'est un peu flou à définir. (...)". En précisant sa définition, elle aborde les trois piliers du développement durable en insistant sur une gouvernance à appliquer. Dans tous les cas, ce ne sont que des personnes issues d'un milieu social modeste et aisé qui ont songé à aborder ces trois notions.

E- Le développement durable : le recyclage, la consommation locale ou le tri des déchets, selon les individus diplômés Enfin, 9 % des individus ont cité des termes concrets tels que le tri des déchets, le recyclage ou la consommation locale. Si le tri des déchets est davantage abordé par les garçons (13 % avec un écart de 8 points vis à vis des filles), le fait de consommer localement est souligné par les deux sexes. De même, le tri des déchets est une notion évoquée par les personnes titulaires d'un diplôme de niveau moyen et supérieur (plus de 11 %, soit moitié plus des individus peu ou non diplômés). Consommer localement est une pratique sociale divergente : 15 % des volontaires d'Unis-Cité se disent concernés face à moins de 7 % des individus des autres groupes. A titre d'exemple, David, volontaire à Unis-Cité, aborde cette notion dans une optique de conservation et de ré-utilisation des déchets et du CO2. Autrement dit, il n'imagine pas un monde sans voiture mais dans lequel la consommation de CO2 serait diminuée : "Ce serait consommer de manière durable. C'est-à-dire 36/148


aujourd'hui je consomme un truc mais demain, il faut pas que ça aille à la poubelle, il faut que ça resserve. Par exemple, je vais à la pompe chercher mon essence, je prends ma voiture, je pollue donc je dégage du CO2 dans l'atmosphère. Il faudrait qu'il y ait une espèce de bonbonne derrière ma voiture qui récupère le CO2 pour qu'il serve à autre chose. Ou par exemple, je fume ma clope, je jette mon mégot, au lieu de le jeter dans une poubelle, il sert à... Les mégots pourraient servir à faire des cloisons, je sais pas !" Donc, une ascension dans l'échelle sociale se traduit par une meilleure connaissance du développement durable sous ses trois piliers. L'aspect environnemental est aussi très prégnant, surtout pour les garçons d'une origine sociale moyenne, voir défavorisée. De même, l'absence de définition s'accentue au fur et à mesure que l'on descend de cette échelle. Les filles sont moins spécialistes que les garçons.

Projections A- Des projections personnelles propres à chacun des groupes La question posée était la suivante : " De façon plus générale, comment te vois-tu personnellement d'ici vingt ans ? Où ? Pourquoi ?". Malgré une diversité de formulations selon les individus, des thèmes similaires sont redondants. J'ai aussi clairement remarqué la difficulté pour les personnes de répondre à cette question : entre 20 et 25 ans, il semble complexe de savoir où, comment, avec qui la vie sera d'ici trente ans. Au cours des entretiens, je n'ai pas souhaité guider la personne dans sa réponse, je l'ai laissée aborder ses propres thèmes pour les lui faire approfondir ensuite. Une typologie a été établit à partir des similarités de réponses. Il aurait été intéressant de mesurer l'impact de l'activité professionnelle des parents sur l'ambition professionnelle de la personne. En revanche, les pourcentages sont trop restreints et les effectifs trop faibles pour avancer quelque conclusion que ce soit. Les trois groupes auxquels nous nous sommes intéressées au cours de l'enquête présentent des projections divergentes. Les trois principales projections propres à chaque occupation actuelle (en %) : 7 0

60,7

6 0 5 0

43,8

4 0

4 0

28,6

3 0 2 0 1 0 0

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E c o l e C e n t r a l e

2 0 6,7 0

0

S e p r o j e 2 e a v e c S o u h a i t e u n e f a m i l l e t r a v a i l l e r d a n s l e s e c t e u r scien@fique

U n i s-­‐ C i t é 3,1

A u c u n e p r o j e c @ o n personnelle

E c o l e D e u x i è m e C h a n c e


a)

Unis-Cité

Tout d'abord, les volontaires du service civique sont les plus nombreux à se projeter en couple avec des enfants (44 % d'entre eux). Ce souhait s'accroît avec l'âge : 23 % des 16-20 ans y ont répondu favorablement face à 37,5 % des plus de 24 ans. Les individus plus âgés sont plus enclins de se rapprocher de la vie active et de la vie privée qui l'accompagne. Cette préoccupation est clairement sexuée. En effet, cela touche 50 % des filles face à 14 % de garçons. De plus, la situation matrimoniale des parents de la personne intervient sur la projection familiale. A titre d'exemple, aucune personne dont les parents sont séparés ne s'imagine mariée et avec des enfants. De plus, une majorité de volontaires du service civique désire vivre à la campagne (34 %) ou en ville (12 %). Curieusement, les personnes accoutumées à vivre au sein d'une maison en campagne ne sont pas les plus à même de désirer cela ultérieurement. En revanche, les individus ayant vécu en immeuble ou en maison dans un milieu urbain souhaitent découvrir d'autres milieux. Les graphiques ci-dessous l'illustrent. Parmi les personnes ayant mentionné un type d'habitat à proprement parlé, aucune n'a évoqué le désir de vivre dans un appartement : 12 % s'imaginent vivre dans une maison. La projection en milieu urbain en fonction des lieux de vie passés (en %) :

Lieux de vie / Périodes Maison située en ville Maison / studio situé(e) en milieu rural Appartement au sein d'un immeuble

Enfance Adolescence Actuellement 0 4,3 0 6,9 7,7 0 16,7 8,7 10,6

La projection en milieu rural en fonction des lieux de vie passés (en %) :

3 5 3 0 2 5

M a i s o n s i t u é e e n v i l l e

2 0 1 5

Maison / studio s i t u é ( e ) e n m i l i e u r u r a l

1 0

A p p a r t e m e n t a u s e i n d ' u n i m m e u b l e

5 0 enfance

38/148

adolescence

actuellement


Le milieu rural ferait-il partie d'une utopie rêvé par ces individus ? Ils s'imaginent vivre à la campagne d'ici plusieurs années, avec une famille et un travail stable. En revanche, un attachement à Nantes touche les personnes dont la famille réside dans le territoire, en particulier pour les filles. La remarque de Sophie, volontaire à Unis-Cité, illustre l'attachement avant tout affectif à la ville de Nantes : "Nantes, ça me tient à cœur car j'ai toute ma famille qui est là et toute mon histoire aussi. Mais d'un côté... Si l'autre ville me plaît, pourquoi pas ! Mais je sais que Nantes, je reviendrai, quoi qu'il arrive. Que j'y habite ou pas, je serai amenée à revenir ici".

b)

École Centrale

Ensuite, 40 % des étudiants ingénieurs souhaitent travailler dans le domaine scientifique. Seul Axel se détache par son envie dans s'investir dans le domaine humanitaire. Il a certes réalisé des études scientifiques mais prend conscience de son erreur. Cet individu souhaite réaliser un voyage humanitaire en Amérique Latine une fois ses études d'ingénieur terminées. Également, parmi les personnes qui ne souhaitent pas rester en France (12 % face à 7 % qui sont attachés à notre pays), 20 % sont des étudiants ingénieurs. L'enfance et l'adolescence vécues sur Nantes éveillent chez la personne l'envie de quitter cette ville et de découvrir de nouveaux horizons. L'exception concerne Anne, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance plus jeune (18 ans), très attachée à sa famille.

c)

École de la Deuxième Chance

Également, beaucoup de stagiaires de l'École Deuxième Chance ne parviennent pas à se projeter (60 %). Ce sont donc surtout les plus jeunes (moins de 20 ans) et des garçons qui éprouvent des difficultés à ce sujet (31 % d'entre eux face à 24 % de filles). 9 Là encore, ces individus peu ou non diplômés tentent au quotidien de vivre de la meilleure façon possible, ce qui justifie la difficulté de connaître le métier précis vers lequel ils se dirigeront. Donc, un garçon vivant dans une situation précaire éprouve davantage de difficultés à réfléchir sur son avenir. Il y a clairement des projections personnelles divergentes selon les groupes professionnels de chacun et selon le sexe. Il en est de même pour la façon de percevoir le développement durable au quotidien d'ici plusieurs années.

9 Cf figures 10 en annexe.

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B- Des projections en matière de développement durable liées au niveau de diplôme a)

Une absence de projections pour les personnes peu diplômées

Tout d'abord, une part conséquente de l'échantillon ne se sent pas concernée à l'avenir sur le domaine du développement durable (40 %). Cette difficulté semble prégnante pour les moins de 20 ans (presque 60 % d'entre eux), peu ou non diplômés. Plus jeune, ils sont moins à même d'avoir été informés sur ce sujet. De même, 71 % des stagiaires de l'École de la Deuxième Chance n'ont pas répondu à cette question. Cela illustre le manque d'intérêt pour le développement durable s'agissant des personnes disposant de faibles ressources. Ce sont des éléments que nous avons déjà évoqués. Il en est de même pour les filles (50 % d'entre elles). Cette absence de réponse signifie un manque d'intérêt ou un refus de changer son comportement à l'avenir en matière de développement durable. A titre d'exemple, voici les propos de Laure, volontaire à Unis-Cité et d'Axel, étudiant ingénieur : "Parce que j'ai pas envie que ça devienne prise de tête ! J'ai pas envie de calculer combien de temps je passe sous ma douche car si je passe plus de sept minutes trente, ça ne va pas du tout !". (Laure) "Je fais attention dans chacun de mes gestes, mais je vais pas réfléchir à « qu'est-ce que je pourrai faire en plus pour que ce soit encore mieux ? »... Je vais pas... Comment expliquer ? J'arrive pas à trouver mes mots... Disons que... Je vais pas gâcher l'énergie, je vais pas gaspiller, je vais pas polluer sans faire attention, ça, je pense que ce sera toujours vrai dans le futur. Mais je vais pas non plus rechercher à tout prix : « Qu'est-ce qu'il faudrait que je fasse pour être idéal ? ». Je sais pas comment expliquer..." (Axel) Une personne non contrainte ne changera pas sa façon de vivre au quotidien. L'un des enjeux du développement durable intervient à ce titre. Cette notion est trop axée sur la responsabilité individuelle en termes moraux (il est bien ou mal d'agir ainsi). Concrètement, peu de personnes sont prêtes à investir un changement radical de mode de vie sans contraintes.

b)

Réaliser des "efforts", un désir d'individus diplômés

Ensuite, 30 % des individus supposent une réalisation éventuelle "d'efforts" sans pour autant préciser lesquels. Cette réponse ne traduit en réalité aucun aspect concret. Au contraire, cela rejoindrait le registre du discours convenu et se formulerait ainsi : "Je suis conscient que j'ai des efforts à faire mais je repousse cette action à plus tard par manque de volonté et d'intérêt". Le diplôme de l'individu joue un rôle : plus une personne est diplômée, plus elle affirme être consciente de devoir modifier son comportement (cf tableau ci-dessous). Cela ne signifie en aucun cas qu'elle envisage un changement certain. Voici quelques exemples d'expressions relevées dans les questionnaires : "des efforts à faire", "tout le monde doit faire des efforts", "un comportement plus correct à l’avenir", "faire attention tous les jours, faire des efforts", "trop laxiste : des efforts à faire plus tard", "faire des efforts mais il me reste encore beaucoup à apprendre"...

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Le souhait de réaliser des efforts en fonction du diplôme (en %) :

Diplôme / Efforts à réaliser N o n m e n t i o n n é Des efforts à faire Brevet des Collèges ou moins 82,9 1 7 C A P, B E P, B a c c a l a u r é a t o u B r e v e t P r o f e s s i o n n e l 5 0 5 0 Baccalauréat + 2 ans, voire plus 6 3 3 7 Total 69,74 30,26

c)

Tot 1 0 1 0 1 0 1 0

al 0 0 0 0

Des projections, en terme de pratiques concrètes, citées par des personnes diplômées 10

Entre 10 et 17 % des personnes citent des pratiques concrètes au quotidien. 17 % insistent sur la nécessite de trier les déchets, la consommation d'eau et d'électricité. De même, 14,5 % souhaitent poursuivre l'utilisation des transports en commun. Également, 10,5 % s'affirment sensibles à leurs achats alimentaires. Le diplôme, davantage que l'activité professionnelle illustre aussi cette divergence d'opinion : plus une personne a réalisé des études longtemps, plus elle cite des modes d'application concrets d'une attitude à favoriser. Si, en moyenne, 5 % des personnes peu ou non diplômées en citent, c'est le cas de 22 % des individus ayant réalisé des études supérieures. Cette personne a été "conscientisée" (terme de Wallenborn et Dozzi) au développement durable. En revanche, une contradiction concerne le tri sélectif : personne n'a mentionné la moindre modification des achats alimentaires. Autrement dit, l'inquiétude se centre sur la ré-utilisation des emballages et pas forcément dans la réduction de l'emballage au moment des achats. Également, Natacha, étudiante ingénieur, remet en cause l'usage répété des appareils électroniques (elle-même en est pourtant très forte consommatrice). Elle estime que la ré-utilisation de ce type d'appareils est intéressante. Elle critique négativement le fait de trop consommer alors que les fabricants industriels proposeraient des produits d'une durée de plus en plus courte : " (...) Des fois, c'est abusé ! Nous et même les constructeurs, ils font n'importe quoi ! Dans une imprimante, c'est ce qu'il nous avait expliqué, ils comptent le nombre de feuilles que t'as imprimé et au bout d'un moment, ton imprimante va être foutue ! Ah ! Ça a fait trop de cycles, l'imprimante est foutue, c'est le constructeur qui l'a fait pour que tu en rachètes une autre !". Il est curieux de constater ce type de critiques alors que Natacha elle-même est "victime" de cette société de consommation (possession d'un smartphone par lequel elle se connecte à internet). Un questionnement émerge ici. A-t-elle mentionné cela pour me satisfaire, en tant que sociologue, afin de mettre en avant sa capacité à adopter une prise de position critique sur notre société ? Ou bien cette idée est-elle son opinion réelle ? Ce type de propos a aussi été tenu par des volontaires du service civique au cours d'observations. Ce sont surtout les individus davantage diplômés qui établissent ce type de critiques. Ils ont été plus facilement été socialisés à la présence de ces équipements par leur positionnement social et ils sont les premiers à les remettre en cause.

10 Cf figure 11 en annexe.

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d)

Aspects sociaux, économiques, éducatifs ou politiques

Enfin, 7 % des enquêtés insistent sur l'aspect social et éducatif, associatif ou politique en terme de projections sur le développement durable. Voici des exemples sur l'aspect social et éducatif : "sensibiliser mes proches", "passer par l'humain pour faire changer les mentalités", "une aide auprès des personnes dans le besoin aussi bien financièrement que moralement.", "aider les autres"... Une socialisation au développement s'établit dès la petite enfance. De même, des exemples sur l'aspect politique et associatif peuvent être mis en avant :"engagement politique à l'échelle locale dans le domaine du développement durable.", "Engagement seulement auprès d'acteurs (économiques, politiques, médiatiques) respectueux de l'homme et de la planète", "estime y être sensibilisée (encore plus via Unis-cité), envisage de s'investir dans une association."... De façon globale, plus un individu est diplômé, plus la probabilité d'être "conscientisé" (terme de Wallenborn et Dozzi) sur le développement durable croît. Cet individu sera aussi plus à même de fournir des exemples concrets d'efforts à réaliser (trier les déchets, sa consommation...). En revanche, de nombreuses contradictions apparaissent. Tout d'abord, le souhait de vivre à la campagne rend complexe l'utilisation des transports en commun. Dans le cas de Nantes, les villes telles que Saint Mars du Désert ou Le Pellerin ne sont pas accessibles en tramway. La voiture sera nécessaire au moins pour se rendre jusqu'aux parkings relais situés à plusieurs entrées de Nantes. Ensuite, nous l'avions déjà mentionné sur le tri des déchets : une focalisation porte sur la volonté de trier et non pas sur celle de réduire l'achat d'emballages alimentaires. Les constats avancés sur les consommations alimentaires illustrent une préoccupation très minoritaire accordée aux produits biologiques. Au contraire, les produits surgelés et boites de conserve occupent globalement le quotidien des individus. De plus, les individus de l'échantillon sont très consommateurs d'équipements audiovisuels et numériques et notamment de l'ordinateur. Pour certains d'entre eux, le désir de réduire l'utilisation de ces équipements serait difficilement envisageable au vue de l'évolution de la société.

C- Projections personnelles et pour le territoire parfois en contradiction Seulement les pourcentages supérieurs à 10 % seront étudiés à l'aide de plusieurs variables.

a)

Aucune projection pour le territoire pour les filles, peu diplômées

Tout d'abord, une part accrue d'individus ne s'intéresse pas à l'avenir de Nantes Métropole ou n'est pas capable de proposer des idées (36 %). Un effet d'âge intervient car presque 50 % sont âgés de moins de 20 ans : ils ont d'autres préoccupations que l'avenir de leur ville. De plus, l'avenir d'autrui dépend avant tout de sa situation personnelle : moins une personne est diplômée, moins elle est à même de s'informer sur sa ville et donc de proposer des idées pour en améliorer le fonctionnement (cf graphique ci-dessous). Les filles sont légèrement plus nombreuses (40 %) que les garçons (30 %) à ne pas s'intéresser non plus à ce domaine.

42/148


La proposition d'améliorations pour la ville de Nantes en fonction du diplôme ( en %) : 9 0 8 0 7 0 6 0 5 0 4 0

A m e n S o n n é u n e exigence

3 0 2 0

A u c u n e e x i g e n c e menSonnée

1 0 0 B r e v e t d e s C o l l è g e s o u moins

b)

C A P , B E P , B a c c a l a u r é a t + 2 B a c c a l a u r é a t o u a n s , v o i r e p l u s B r e v e t Professionnel

La mobilité, source de contradictions

Ensuite, la mobilité occupe une place dans les préoccupations individuelles. Tout d'abord, un intérêt repose sur les transports en commun (34 %). Jean Marc Ayrault, maire de Nantes, le vendredi 7 avril dans le cadre de la journée bilan sur l'Agenda 21, avait proclamé un discours illustrant la fierté de Nantes d'être promue capitale verte à l'échelle européenne pour 2013. Il soulignait l'obtention d'un "maximum de points pour le réseau de transports". Or, si les pouvoirs publics sont satisfaits de leur offre, au quotidien, cet élément n'est pas partagé par les usagers. La gratuité des transports en commun est souhaitée de façon universelle. Actuellement, le billet mensuel pour les personnes de moins de 26 ans est de 30,8O euros. L'abonnement annuel est de 230 euros. L'élargissement du réseau de transport est aussi un thème abordé. De même, des individus souhaitent une fréquence plus élevée notamment la nuit pour rentrer chez soit en toute sécurité ou profiter plus longtemps de sa soirée : "Tout ce qui est transports en commun, c'est bien de le garder. Le tram, ça m'aide beaucoup pour me déplacer. Par compte, niveau horaires, c'est un peu compliqué. Le soir, des fois, je vais en ville avec mes amis, quand le dernier tram est à 0h30, ça m'embête parce que je suis limitée niveau temps, je peux pas profiter un peu plus de la ville. Ou alors 2h30 le samedi. Niveau horaires, il faudrait élargir un peu." (Sophie, 21 ans, Unis-Cité). Rentrer chez soit, seul(e), à pieds accroît aussi le risque d'agressions nocturnes. Également, les individus désirent que soit résolu le problème des transports remplis de personnes le matin entre 8h et 9h et le soir entre 17h et 18h, par exemple en proposant des tramways plus grands. Un garçon a proposé la ré-intégration des tickets diversifiés tels que les tickets duo ou les tickets sept jours. Enfin, certaines personnes souhaiteraient voir la naissance du métro à Nantes.

43/148


L'ensemble de ces exigences est davantage mis en avant par les volontaires du service civique (60 %). Or, parmi les personnes souhaitant vivre dans un milieu rural, 75 % d'entre elles désirent aussi une amélioration des transports en commun. Cela traduirait la volonté de vivre dans une commune, en milieu rural, desservie par les transports en commun : Exigences particulières pour les transports en commun en fonction du lieu de vie souhaité (en %) : Lieu de vie souhaité / Exigences Non Vi e e n Vi e e n

pour le réseau de transports en commun N o n m e n t i o n n é e s mentionné 74,6 milieu rural 2 5 milieu urbain 6 0 Total 65,79

Mentionnées 25,4 7 5 4 0 34,21

Total 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0

80 % des personnes qui utilisent la voiture tous les jours souhaitent aussi que les transports en commun soient améliorés. Cela touche 32 % des utilisateurs quotidiens du réseau. Cela sous-entend deux idées. Est-ce là aussi une façon de mettre en évidence un discours convenu selon lequel le véhicule doit être de moins en moins utilisé ? Ou bien, cela traduit-il une réelle volonté de privilégier les transports en commun pour abandonner la voiture ? Même si les pouvoirs publics investissent dans les transports en commun, les individus restent acteurs dans le souhait d'utiliser ou non leur véhicule. 13 % des individus ont mentionné des exigences particulières s'agissant de la voiture : "gratuité des parkings", "modifier le périphérique", "mieux gérer les flux de voitures"... Vincent Kauffman, professeur de sociologie urbaine et d'analyse de la mobilité, souligne que l'investissement des pouvoirs publics dans les infrastructures de transports en commun ne va pas forcément de pair avec une volonté citoyenne de réduction de l'usage de l'automobile. Le désir d'une amélioration de la circulation à Nantes est surtout mis en évidence par les personnes titulaires d'un diplôme de niveau moyen ou élevé (13 % en moyenne). Ces personnes seront bientôt en recherche d'emploi, ce qui justifie la nécessité de se déplacer librement pour aller travailler. La voiture est pratique pour se déplacer. Pour autant, deux idées contradictoires s'entrelacent : un rejet de la voiture pour l'intérêt collectif mais une nécessité individuelle afin de répondre à ses propres désirs. Les individus seront enclins à ne plus utiliser l'automobile si des enjeux légaux et/ou de gains de temps entrent en ligne de compte. Plus précisément, dans les entretiens, les raisons évoquées sont professionnelles et personnelles. On souhaite se déplacer rapidement sur son lieu de stage par exemple mais il y a aussi la crainte d'un accident pour les personnes âgées et handicapées qui utilisent les transports en commun. Anne, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance, est la seule à envisager l'achat d'une voiture pour aider sa grand-mère et sa tante (handicapée) à se déplacer. Elle estime même que les personnes différentes sont marginalisées dans les transports en commun :

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" – Je trouve que c'est nul. Beaucoup de personnes sont aveugles ou handicapées. Quand je vois les personnes âgées ou handicapées rentrer dans le tram, et que les gens par l'arrière les poussent pour rentrer, désolé mais je trouve pas ça super sympa de leur part ! C'est un manque de respect envers la personne ! Ça m'est déjà arrivé de crier sur une personne car elle poussait une handicapée, moi ça m'a énervée ! Je supporte pas ! – Tu m'as souvent dit ce mot "respect des autres". C'est quoi pour toi le respect ? – Le respect, c'est ne pas insulter les autres, ne pas les blesser en disant quelque chose. " Cela illustre clairement les efforts de Nantes à réaliser dans ce domaine. De plus, David, volontaire du service civique, est le seul à avoir proposé une utilisation du covoiturage au sein de Nantes Métropole grâce aux nouvelles technologies. Il s'agirait d'investir dans les bornes électroniques qui communiquent les sorties culturelles sur Nantes (concerts, cinémas...) pour les remplacer par des bornes dites de covoiturage. Autrement dit, il faudrait numériser cet usage via une pré-inscription par internet selon le lieu de départ et d'arrivée. Nantes ne sensibilise pas assez ses citoyens à utiliser ce type de moyens de déplacement, qui pourtant faciliterait la vie de personnes vivant à la périphérie de Nantes. Cela réduirait aussi la consommation de CO2. Enfin, l'amélioration de la prise en compte du vélo et du Bicloo à Nantes a aussi été évoquée (par 10,5 % des enquêtes). Cette idée est uniquement propre aux volontaires du service civique (un quart d'entre eux). Cette amélioration se traduit sous deux aspects : une extension du réseau Bicloo et une sécurisation des locaux aménagés pour les vélos, en particulier au centre-ville. Le réseau Bicloo occupe un large éventail : 790 vélos en libre service sur 89 stations. Une amélioration du réseau est déjà envisagée par Nantes Métropole. Or, aucun projet n'aborde suffisamment la sécurisation des abris-vélos (dans le centre-ville). Nicolas, volontaire à Unis-Cité, critique négativement les équipements proposés pour utiliser son propre vélo : il n'y aurait pas suffisamment de locaux sécurisés. Il donne l'exemple de Pont Rousseau : "J'en connais qu'un, il est à Pont Rousseau. Moi je mets mon vélo là, après je prends le tram. J'aimerais bien faire un peu plus de vélo. Partir et puis être sûr que quand tu mets ton vélo, il y a pas un mec qui passe, qui te le démonte, comme ça se passe régulièrement ! Ce serait mieux. Je sais pas si ça coûterait très cher... »

c)

La propreté, un souhait d'individus diplômés

De plus, la propreté de la ville est un autre élément souligné par les individus (12 %), uniquement par ceux diplômés. Cette propreté se décline sous trois aspects. Tout d'abord, il n'y aurait pas suffisamment de poubelles dans le centre-ville nantais : elles sont trop rapidement remplies. Soit cela viendrait d'un problème de taille (les agrandir) ou d'un manque de personnel pour les vider. Ensuite, nous l'avons déjà mentionné : le tri des déchets est une préoccupation de personnes aisés, il en est de même pour son amélioration. Pour autant, ce souhait ne coïncide pas avec des pratiques alimentaires réductrices d'emballages. Ce tri est problématique, en particulier s'agissant de l'accessibilité aux sacs bleus et jaunes. Les points de distribution se répartissent dans plusieurs quartiers de Nantes sauf dans le centre-ville. Leur utilisation est possible malgré tout. De plus, des problèmes se posent même en cas d'accès aux sacs. En effet, Natacha, étudiante ingénieure, réside dans le quartier Saint Mihiel mais elle met en évidence la difficulté de connaître la date précise de distribution des sacs :

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"Mais je trouve que c'est pas assez clair : où est-ce qu'on peut les récupérer en dehors des distributions qu'il y a ? Même les distributions ne sont pas assez régulières, c'est dommage ! Alors que le principe, il est génial ! (...) Nous ici, on a la chance qu'il y ait la distribution, elle se fait au bout de la rue ! Quand elle a eu lieu, on l'a vue et il y en a une qui est allée en chercher. On a peutêtre reçu un papier... Mais tu le reçois deux semaines à l'avance, moi j'avais zappé !". Dans notre partie propre à la sensibilisation de Nantes Métropole en matière de développement durable, nous traiterons de la façon dont elle informe ses citoyens sur le lieu où prendre ses Tri-sacs et sur la façon de trier. Deux volontaires du service civique, David et Mathieu, proposent la mise en place d'une taxe sur les ménages qui refusent de trier les déchets. Mathieu donne l'exemple de la Chine où une taxe concerne les mégots de cigarettes non mis à la poubelle. En revanche, David et il est le seul à ce sujet, s'intéresse aussi à la production des déchets en elle-même. Il évoque l'idée d'une taxe à l'achat et au tri. Il se réfère au Danemark : "(...) Au Danemark, il y a 65 % de déchets en moins de plastique car il est taxé ! (...) Certaines choses en plastique qui ne sont pas recyclables, au lieu de mettre une TVA à 19,6 %, tu rajoutes à 20,30, des gros pourcentages ! Comme ça, les gens n'achètent pas ça, ils achètent autre chose ! (...)" . Enfin, certains individus souhaitent voir davantage de verdure dans la ville, au cour Saint André à titre exemple.

d)

L'urbanisme

L'urbanisme appartient également aux problématiques du développement durable. Cette idée est très peu présente dans l'esprit des individus de notre échantillon (5 %). Ils ont surtout évoqué le désir d'un développement de commerces dans le centre-ville : magasins biologiques, hammans... Un développement durable de l'environnement s'articule avec un développement économique et une création appropriée d'emplois. De plus, Sophie, volontaire à Unis-Cité, est la seule à avoir mis en évidence l'importance d'une intégration des personnes handicapés dans la ville : que ce soit sur la voie publique ou l'urbanisme. Elle souhaite aussi l'apparition d'immeubles colorés : "(...) Pourquoi pas faire des immeubles en lien avec l'environnement : créer une sorte d'immeuble avec une forme en arbre, pourquoi pas jouer là-dessus, ça peut être marrant aussi ! (...) Non mais j'imagine une ville très agréable, très colorée, très attractive." Ces immeubles doivent aussi comporter des balcons. Autrement dit, c'est l'idée d'une "ville-village" avec des habitats innovants : une ville avec de la verdure, des bâtiments conçus aux normes environnementales, dont les couleurs attirent le regard et un refus de marginalisation des personnes aux faibles ressources. Or, une contradiction apparaît. Si les projections personnelles portent sur la maison rurale, les propositions pour la ville de Nantes ne touchent qu'à l'habitat collectif.

e)

Aspects sociaux, éducatifs, culturels et politiques

Enfin, les aspects sociaux, éducatifs, culturels et politiques sont des thèmes-far du développement durable. La notion d'entraide auprès des personnes les plus démunies a notamment été mise en avant : une aide sociale et une aide pour s'intégrer sur le marché du travail. 13 % des individus ont souligné ces aspects : "plus d'aides pour les personnes en difficulté","plus d'accessibilité pour les personnes en difficulté", "des aides pour les personnes à la retraite et aux faibles ressources", "faire plus de choses pour les jeunes"... Ces exigences sont mises en avant par 22 % des volontaires du service civique. Une répartition est homogène s'agissant du niveau de diplôme. 46/148


Le développement durable s'intègre aussi par une sensibilisation dès l'enfance. Sophie propose la mise en place de journées particulières, comme cela s'applique déjà dans certaines villes françaises. De plus, l'école joue un facteur déterminant dans la construction des façons de pensée et d'agir de la personne : "A l'école, apprendre aux enfants. C'est tout bête mais quand on est enfant, on aime bien apprendre ! Ce serait bien d'expliquer ça aux enfants. Ça peut être un an, un peu plus tard, sur plusieurs périodes. Passer par l'école, ça peut être bien. Les enfants, quand ils rentrent chez eux, ils expliquent aux parents ce qu'ils ont fait à l'école, donc les enfants pourraient eux-mêmes apprendre à leurs parents (...)" (Sophie, 21 ans, Unis-Cité) De plus, la culture est un sujet qui tient aussi à cœur (14,5 %). Cette préoccupation touche un quart des volontaires du service civique. Cela se justifie par leurs centres d'intérêts actuels : appartenance (ou souhait) associative, passion pour la musique... Ce souhait comprends trois aspects principaux : un accès gratuit à la culture pour tout individu, la promotion d’événements culturels pour les groupes amateurs et une remise en question du Hangar à Bananes. Son accès est difficile en transports en commun et le lieu n'est pas suffisamment sécurisé (chute d'individus dans la Loire)... La démarche de concertation avec les citoyens, également thématique importante du développement durable a été soulevée pas très peu de personnes de notre échantillon (5 %). Ici aussi, le souhait serait de rassembler des individus d'origine sociale différente pour débattre sur des thèmes publics. En revanche, il paraît très complexe d'inciter des personnes issues de milieux défavorisés à se joindre, de façon bénévole, au sein d'un Conseil de Développement. Les personnes se sentiront davantage concernées si leur propre intérêt personnel est remis en cause : que ce soit au niveau du cadre de vie ou d'une perte monétaire.

f)

Ouverture internationale de Nantes

Deux personnes, au cours des entretiens, ont abordé l'ouverture de Nantes à l'échelle internationale pour favoriser les partenariats avec des villes d'autres pays. Cela faciliterait la création de projets, notamment en mobilisant des personnes qui vivent dans des quartiers aux faibles ressources : "Qu'il se mette partenaire avec... Il y a plein de pays qui font plein de trucs, je sais que la Turquie, c'est plein d'organisations... Non, qu'ils se mettent partenaires dès qu'il y a une chose qui change de la France. Un truc que Nantes ne fait pas, ça peut être n'importe quoi, et que par exemple en Espagne, ils font : ils se mettent partenaires pour que les jeunes de l'Espagne, les jeunes de la France puissent partir et revenir facilement. L'Union Européenne, le fait qu'on ait le droit d'y accéder juste avec la carte d'identité, je trouve que c'est une opportunité énorme ! Il faut que l'Union Européenne devienne un seul pays et qu'on y accède comme si on allait dans une ville à côté, qu'ils deviennent partenaires pour tout ! Je suis sûre qu'il y a plein d'enseignes qu'il y a pas sur Nantes ou en France et qu'il y a dans les autres pays, qu'on puisse y accéder." (Fatima, 23 ans, animatrice)

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g)

Aspects non mentionnés

Enfin, il est intéressant de mentionner les éléments non-cités par les individus de l'échantillon. Les problématiques trop éloignées du quotidien de la personne ne l'intéressent pas forcément. Tout d'abord, la gouvernance n'a pas été abordée, autrement dit, la place des femmes dans la politique. Ce type de préoccupation est un enjeu national. Puis, si l'handicap est une préoccupation s'agissant de l'aménagement de l'espace, il ne l'a pas été pour l'accès à l'emploi. Ensuite, le recours aux énergies renouvelables n'a pas été évoqué, à savoir l'utilisation de l'énergie hydrolienne, éolienne et solaire. La pollution atmosphérique est mise en avant, mais non celle sonore. Cela vient peut-être de l'âge des enquêtés : le soir, ils sont producteurs de ce type de pollution lors de fêtes avec leurs amis. Également, aucune personne n'a parlé de la qualité de l'eau à Nantes, de la notion de biodiversité et de l'utilisation des ressources naturelles. Peut-être voient-ils l'eau comme un bien auquel ils auront toujours accès et ne se posent pas la question de possibles pénuries. La France est un pays industrialisé dans lequel les pénuries d'eau, qui apparaissent en cas de catastrophes naturelles ou de sécheresse, sont rares. Enfin, si l'ouverture à l'échelle européenne et internationale de Nantes est évoquée, personne n'a abordé les aides au développement dans les pays pauvres, en Afrique notamment. Ces aides traduisent la volonté de réduire la pauvreté et les inégalités de richesse entre les pays. Le commerce équitable intervient dans ce sens.

Conclusion de la première partie Tout d'abord, s'agissant de la mobilité, certains groupes consomment davantage de CO2 en utilisant leur voiture (École Centrale et Unis-Cité). Pour autant, chaque individu adopte un mode de déplacement plutôt qu'un autre selon son propre raisonnement (gain financier, fainéantise...). L'environnement comme justification d'un mode de déplacement plutôt qu'un autre n'est pas prioritaire. Ensuite, les lieux d'achats et les consommations alimentaires varient selon le positionnement social des individus, ou le nombre de personnes dans le foyer : à titre d'exemple, les personnes vivant seules, disposant de moindres ressources se rendent davantage aux magasins Discount et diversifient moins leur alimentation. Leurs achats alimentaires ne s'établissent pas vis à vis du respect de l'environnement. Un processus identitaire et culturel intervient également dans le choix de possession de certains objets (produits cosmétiques et nouvelles technologies). Ces nouvelles technologies occupent une place importante dans le quotidien des individus, d'autant plus lorsqu'ils sont peu diplômés, ce qui consomme plus d'énergie. En revanche, le prix des factures de consommations d'eau et du chauffage ne semblent pas encore préoccuper tous les individus. Enfin, les personnes, surtout diplômées, se soucient de trier leurs déchets (sans pour autant veiller à leurs achats alimentaires). Ces mêmes personnes sont aussi plus à même de connaître avec précision la notion de développement durable et de parvenir à s'y projeter. Donc, un individu davantage diplômé adoptera certaines pratiques illustrant une sensibilité au développement durable (consommations, tri des déchets...). Il est "conscientisé" (terme de Wallenborn et Dozzi). D'autres pratiques sont aussi contradictoires : l'utilisation de la voiture par exemple. En revanche, les personnes issues de milieux défavorisés sont moins sensibles au développement durable : elles ont d'autres préoccupations. Les nouvelles technologies, imprégnées dans le quotidien de chacun des individus, ne semblent pas perçues comme consommatrices d'énergie (personne n'a mentionné le désir de moins les utiliser).

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II- Socialisation au développement durable Cette socialisation s'étudie sous deux aspects : la socialisation propre à chaque individu et celle liée à Nantes. Cette socialisation de l'enfance jusqu'à maintenant s'étudie sous différents aspects. Tout d'abord, le milieu familial de l'individu joue un rôle considérable sur plusieurs éléments (tri des déchets, alimentation, investissement associatif...). Le positionnement social de la famille intervient également à ce titre. Ensuite, le traitement médiatique du développement durable et sa réception induisent une perception particulière de ce concept. De même, toutes les instances éducatives que sont l'école, les centres de loisirs et de vacances ainsi que les multiples expériences professionnelles induisent une vision du développement durable. Enfin, les voyages que l'individu a pu réaliser au cours de sa vie lui ont permis de connaître des pratiques d'autres pays, en particulier en matière de développement durable.

Socialisation individuelle A- Le milieu familial "Le développement durable, c'est une mentalité que mes parents m'ont montré avant de partir de Séville. (...)" (Vicky, 26 ans, étudiante à École Centrale). Si les pratiques parentales n'influent pas toujours sur les lieux d'achats alimentaires actuels, ce n'est pas le cas pour les menus. En revanche, le souhait des parents d'effectuer (ou non) le tri des déchets induit l'individu à reproduire cette pratique. L'investissement associatif ou militant des parents joue aussi un rôle. De même, les pratiques familiales vis à vis des médias sensibilisent la personne au développement durable. Or, un effet générationnel intervient également : l'individu adopte des pratiques divergentes vis à vis de ses parents. L'ensemble de ces comportements s'étudie à l'aide de la position socio-professionnelle (PCS) familiale.

a)

Lieu de réalisation des courses 11

Tout d'abord, le marché, touchait 34 % de l'ensemble des PCS. En revanche, presque 50 % des pères appartenant aux Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures se rendaient dans ce type de lieu. Cette pratique serait donc davantage propre aux milieux aisés. A titre d'exemple, Vicky, étudiante ingénieure, a vécu cette situation. Elle vient de Séville. Pendant son enfance et son adolescence, sa mère s'occupait des courses, le samedi. Or, elle oubliait souvent des produits. Son père devait retourner en semaine effectuer d'autres achats dans une supérette située à proximité ou au marché.

11 Cf figures 12 à 15 en annexe.

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Ensuite, le centre commercial et les commerces de proximité étaient fréquentés par des parents d'horizons sociaux divers. Le centre commercial était privilégié par 82 % d'entre eux. De même, les commerces de proximité (43 %) liaient des personnes issues de différentes PCS. En effet, cette pratique touchait des parents appartenant aux Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures (plus de 55 %), aux Employés (50 %) et ceux n'exerçant aucune activité professionnelle (environ 40 %). Enfin, deux autres types de commerces sont surtout propres aux parents issus de milieux modestes ou défavorisés. D'une part, les supermarchés et supérettes étaient fréquentés par des parents Employés (65 %) ou sans activité professionnelle (75 %). Le choix de ce type de magasin peut s'expliquer par leur localisation et leur accessibilité plus aisée qu'une galerie commerciale. Leur apparition est aussi plus récente. Les parents d'une origine sociale plus élevée étaient moins à même de se rendre dans ce type de commerces. C'est l'inverse du constat actuel. D'autre part, les parents de classes moyennes fréquentaient les magasins Discount : La fréquentation des magasins Discount en fonction de la PCS de la mère (en %) :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s … S ' y r e n d a i e n t

Agriculteurs

N e s ' y r e n d a i e n t p a s

N e s a i t p a s o u n o n … S a n s a c 4 v i t é … N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0

La fréquentation des magasins Discount en fonction de la PCS du père (en %) :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s … A r 4 s a n s , C o m m e r ç a n t s , …

S ' y r e n d a i e n t

Agriculteurs

N e s ' y r e n d a i e n t p a s

N o n m e n 4 o n n é S a n s a c 4 v i t é … N o n c o n c e r n é ( e ) 0

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2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0


Ce sont des parents soit sans activité professionnelle (plus de 50 %), appartenant aux Professions Intermédiaires et aux Employés (30 %). A titre d'exemple, les parents de Melody, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, qui ont alterné entre une vie au sein d'une maison et en caravane, se rendaient plusieurs fois par semaine dans ce type de magasins. De même, la mère de Chantal, volontaire du service civique, souhaitait réaliser des économies financières. Cuisinière en maison de retraite, elle amenait souvent les restes du midi pour ses enfants : "Les trop grandes quantités, elle les ramenait à la maison ! Les fins de mois étaient plus faciles". Il est délicat d'aborder la notion de reproduction quant à la fréquentation d'un type de commerce en particulier. En effet, les personnes de l'échantillon vivent une situation temporaire, en recherche de leur avenir professionnel. Elles résident aussi dans différents endroits sur Nantes et doivent s'adapter aux contraintes d'accessibilité et de coûts. Pour autant, plus de 60 % reproduisent les pratiques parentales s'agissant du centre commercial et des supermarchés. Plus que le type de commerce fréquenté, les pratiques alimentaires et les repas participent à la socialisation de l'individu au développement durable.

b)

La consommation alimentaire et les repas

Deux principaux aspects entrent en ligne de compte. D'une part, des consommations étaient socialement différenciées. D'autre part, l'alimentation est un processus de construction identitaire des acteurs sociaux de l'enfance à l'entrée dans l'âge adulte.

Les produits biologiques consommés par les ménages aisés Les consommations étaient très peu socialement différenciées. Un focus portera uniquement sur les consommations dominantes. Tout d'abord, le pain (66 %) était l'aliment systématiquement acheté pour tous les milieux sociaux. Il en est de même pour les fruits et légumes (47 %), la viande fraîche (41 %), les biscuits et les gâteaux (26 %) et les produits surgelés (22 %). En revanche, un quart des Artisans, Commerçants, Chefs d'Entreprise et les Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures consommaient des produits biologiques et/ou issus du commerce équitable (cf tableaux ci-dessous). Un individu issu d'un milieu aisé est donc plus accoutumé à manger des produits biologiques. L'achat passé de produits biologiques selon la PCS de la mère (en %) : PCS de la mère / Fréquence Non concerné(e) Sans activité professionnelle Ne sait pas ou non mentionné Agriculteurs Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures Professions Intermédiaires Employés Ouvriers Total

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Jamais Rarement De temps en temps Souvent 18,2 9,1 27,3 27,3 2 5 16,7 8,3 16,7 33,3 0 16,7 16,7 0 0 1 0 0 0 11,1 22,2 33,3 11,1 18,8 18,8 37,5 12,5 3 5 2 5 2 5 5 1 0 0 0 0 0 2 5 17,11 26,32 13,16

Systématiquement 9,1 16,7 0 0 22,2 12,5 5 0 10,53

Ne sait pas To t a l 9,1 1 0 0 16,7 1 0 0 33,3 1 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 5 1 0 0 0 1 0 0 7,89 1 0 0


L'achat passé de produits biologiques selon la PCS du père (en %) : PCS du père / Fréquence Non concerné(e) Sans activité professionnelle Non mentionné Agriculteurs Artisans, Commerçants, Chefs d'entreprise Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures Professions Intermédiaires Employés Ouvriers Total

Jamais Rarement De temps en temps Souvent 36,4 9,1 18,2 18,2 33,3 33,3 0 0 2 0 0 2 0 2 0 0 0 1 0 0 0 5 0 0 0 16,7 10,5 31,6 15,8 15,8 12,5 2 5 5 0 12,5 0 2 0 2 0 4 0 43,8 12,5 37,5 0 2 5 17,11 26,32 13,16

Systématiquement 9,1 0 0 0 33,3 21,1 0 0 6,3 10,53

Ne sait pas To t a l 9,1 1 0 0 33,3 1 0 0 4 0 1 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 5,3 1 0 0 0 1 0 0 2 0 1 0 0 0 1 0 0 7,89 1 0 0

Des achats et repas divergents selon la grandeur de la famille La grandeur de la famille influait aussi sur le type de consommation : une famille nombreuse était plus encline d'acheter des produits surgelés et des boites de conserve pour faciliter la préparation du repas. De même, les interactions au sein de la famille dans laquelle l'individu a évolué joue un rôle. Tout d'abord, deux garçons (Nicolas et Jean-Philippe) sont enfant unique. Tous deux ont été accoutumés à manger leurs repas uniquement avec leurs parents. Ensuite, sauf Anne, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième de la Chance, toutes les personnes ont au moins un frère ou une sœur. Sophie a notamment le souvenir que son père achetait des quantités importantes de boites de conserve pour nourrir toute la famille. De même, le repas pris avec d'autres personnes pouvait être source de conflits : l'adoption de stratégies d'évitement pour ne pas aider dans les tâches liées au repas, ou des disputes à table... Ces éléments n'ont pas été abordés. Enfin, la situation de Anne est particulière : je dispose seulement d'informations sur son adolescence : elle a vécu en FJT.

L'alimentation, processus de construction identitaire L'alimentation se présente tel une processus de construction identitaire. Tout d'abord, l'enfance est une étape fondamentale. L’adolescence et la vie de jeune adulte sont aussi des marqueurs importants dans ce processus. L'ethnologue Arnold Van Gennep distingue trois phases dans ce processus. Nous en retiendrons deux et en ajouterons une troisième. Selon Van Gennep, la phase de séparation marque le passage de l'enfance à l'adolescence. Ensuite, il souligne que la phase d'intégration concerne les personnes qui ne vivent plus avec leurs parents mais qui, sans forcément en prendre conscience, reproduisent leurs pratiques alimentaires. Pour autant, quitter le logement familial se traduit aussi par l'adoption de ses propres pratiques individuelles.

L'enfance, première phase de socialisation L'enfance de l'individu intervient en premier lieu dans cette socialisation. C’est en observant et en participant que l’enfant construit son goût vis à vis de l’alimentation. Il apprend aussi à distinguer socialement les aliments : les produits sains, au contraire les produits gourmands.

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D’une part, les personnes accoutumées à manger de la nourriture saine, à base de produits non surgelés, sont toutes issues d’un milieu aisé : "J'ai jamais habituée aux surgelés." (Laure, 23 ans, Unis-Cité). De plus, Axel, étudiant ingénieur, a expliqué que sa mère prenait le temps le week-end de préparer des repas pour quinze jours et elle les congelait pour les réchauffer le restant de la semaine. La viande aussi était achetée fraîche. Le gain de temps était omniprésent. L'attitude de la mère de Vicky, étudiante également, se rapproche d'une coutume espagnole selon laquelle les mères et les grand-mères sont derrière les fourneaux. Vicky a vécu dans une famille où la nourriture occupait une place particulièrement importante. Les repas étaient planifiés selon les jours de la semaine. Des aliments étaient régulièrement préparés, d’autres moins : "(…) Au niveau des menus, on dit des "potaje" : des lentilles avec des petits pois, c'est trois fois par semaine. Par semaine, une fois de la viande, des fois du poisson...(…) On mangeait du fromage, avec un peu de jambon, des fruits, des yaourts, de la salade, des choses un peu plus légères. Le mardi, on avait du poisson, avec des légumes. Mercredi, on avait de la viande cuisinée, par exemple un filet de porc, le jeudi, des pâtes Ma mère choisissait beaucoup... Presque tous les dîners se ressemblaient." D’autre part, des individus ont été socialisés à une nourriture alternant plat surgelés ou en conserve et repas plus élaborés, en particulier le week-end. La semaine est contrainte par les horaires de travail qui rendent difficile un temps long consacré à une préparation de repas. En revanche, le week-end reste un moment où la cuisine est possible. Cette pratique touche des personnes de différents milieux sociaux. Trois situations plus spécifiques sont pertinentes. Tout d'abord, à partir de ses 13 ans, Chantal, volontaire à Unis-Cité, a été élevée par sa mère (son père est décédé). Elle est la seule à mentionner l'absence d'obligation de terminer son assiette à table : " Et puis si t'as pas faim, tu manges pas ! T'es pas obligé(e) de finir ton assiette, c'est pas grave !". Ceci joue sur une ouverture culinaire : le choix de ne pas devoir tout manger restreint la variété des aliments connus et l’envie d’en découvrir d’autres. Ensuite, Nicolas, volontaire à Unis-Cité, a été confronté à une alimentation différente selon la personne qui préparait les repas. Sa mère n’était pas été accoutumée à manger des légumes, au cours de son enfance et de son adolescence, elle reproduit désormais cette pratique. En revanche, le père de Nicolas, cuisinier de métier, était davantage ouvert sur d’autres plats. Enfin, Melody, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, a connu une socialisation à l’alimentation axée sur l’économie financière. La viande était présentée comme un produit de luxe qui n’était pas systématiquement consommé. Une vigilance apparaissait sur les aliments achetés afin de ne pas dépenser trop d’argent : "(…) On achetait de la nourriture là où on la trouvait la moins cher : si elle se dit : "Les tomates sont à tant, est-ce que je les prends là ou est-ce que je vais à Carrefour, il faut que je prenne la voiture, machin, autant les prendre là !". Si tu comptes le temps de trajet, le gazole, autant les prendre directement au marché." De même, la socialisation intervient dans la préparation du repas. L’enfant apprend des manières de faire et une organisation particulières des tâches. Sauf dans le cas de Laure, volontaire du service civique et Anne, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance, la mère et/ou la belle-mère reste la figure emblématique dans la cuisine. Chantal et Sophie, toutes deux volontaires à Unis-Cité, perçoivent aussi leur grand-mère comme une personne importante. Elles ont des souvenirs très précis de repas vécus chez leur grand-mère : le hachis parmentier semblait particulièrement apprécié. Les repas mangés au sein du foyer familial ou chez la grand-mère étaient différents. Les deux filles insistent sur le choix de leur grand-mère de préparer des plats appréciés des enfants : "les bons plats de la campagne (...) Le hachis parmentier, des tomates farcies, des trucs simples que les enfants mangent." (Chantal, 21 ans, Unis-Cité)

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"Je me souviens d'un plat qu'on aimait bien : de la purée avec de la viande hachée mélangée. Sinon, pareil, des légumes du jardin. Des frites aussi, ça dépendait.“ (Sophie, 21 ans, Unis-Cité) Une socialisation différente à la nourriture s'établit aussi entre les enfants issus de parents mariés et de parents divorcés. Les enfants issus de parents divorcés à garde partagée n'adoptaient pas le même rapport à l'alimentation selon la personne avec laquelle ils vivaient. Sophie était accoutumée à manger des aliments en conserve chez sa mère. En revanche, sa belle-mère, la nouvelle épouse de son père, préparait des plats différents et passait du temps derrière les fourneaux. Également, la mère de Natacha sensibilisait ses enfants à une nourriture variée : légumes et féculents. En revanche, les repas chez son père étaient synonymes de liberté car les aliments refusés par sa mère étaient achetés : " - (…) On mangeait n'importe quoi : des pâtes, des cordons bleus, on mangeait des trucs assez rapides à faire. - Tu faisais les courses avec ton père ? - Oui. - Et il achetait quoi ? - Il achetait ce qu'on voulait ! (rires) Les trucs qu'on mangeait pas chez ma mère : des nuggets, des cordons bleus, des pâtes, du riz. Même les yaourts ! Chez ma mère, on mangeait pas mal de yaourts aux fruits mais tu sais les yaourts... - Les liégeois, non ? - Oui, il y avait des liégeois ! Mais les yaourts où tu mets des petites graines dedans... - Les Danettes, non ? - Voilà, c'est ça ! On en achetait que des trucs comme ça ! Les fruits et les légumes, on en achetait pas, c'est clair et net." Sa mère ne souhaitait pas que ses enfants soient accoutumés à manger des aliments gras. David souligne aussi cette idée sur les choix alimentaires de sa mère : elle n'achetait jamais de "cochonneries" : de Snickers et de bonbons. En revanche, à ses 20 ans, David a vécu seulement avec son père et notamment le week-end, il a élaboré son propre rapport à l’alimentation.

L'adolescence, phase de séparation

Ensuite, l’adolescence participe au processus de construction alimentaire. La phase de séparation touche l’adolescent qui souhaite affirmer ses pratiques culinaires pour découvrir de nouveaux goûts. Cela intervient aussi dans l’optique de libérer sa mère de tâches contraignantes et de s'autonomiser de sa famille. Tous les individus cités sont des volontaires du service civique et davantage issus d'un milieu aisé. Tout d'abord, Nicolas a commencé à préparer à manger pour aider sa mère dans cette tâche. Il poursuit cela actuellement car il apprécie cuisiner et il est conscient qu'il quittera bientôt le logement familial : "C'est un plaisir de pouvoir cuisiner. Puis, je me prépare à partir donc il faut commencer à savoir cuisiner, pas forcément des trucs tout simples comme les pâtes. Moi, je recherche l'originalité." Le point de vue de Nicolas s'oppose radicalement à celui de Fatima, animatrice : elle quittera aussi le logement familial mais ne songe pas encore à savoir cuisiner. Ensuite, Mathieu a lui aussi commencé à cuisiner pendant son adolescence pour les mêmes raisons que Nicolas. Il préparait des gratins, de la soupe, des galettes... David n'a pas eu le choix à ses 20 ans : il a rejoint son père en région parisienne. Le midi et le soir, il mangeait avec lui au sein de la cantine du centre de formation (La Maison Familiale Rurale). Le week-end, David a du apprendre à se débrouille 54/148


"Maman a tout le temps eu l'habitude de préparer à manger. Mais plus ça va, plus on essaie de participer un peu plus à la vie de famille : soit mon frère, soit moi, soit Maria (amie de son frère, prénom modifié). Moi je fais des tartes au thon, aux légumes. Mon frère aime bien les pâtes, les crêpes." (Sophie, 21 ans, Unis-Cité).

La vie de jeune adulte, phase d'intégration... Cette phrase caractérise une partie des individus qui ne vivent plus chez leurs parents mais dans leur propre appartement, soit seul ou en colocation mais ils mangent de façon individuel. Ce sont des personnes d'une origine sociale aisée. Cette phase renvoie à une imitation des attitudes alimentaires de ses parents. Toutes citent des achats, des menus et des façons de cuisiner qu'elles ont connues pendant leur enfance et leur adolescence. A titre d'exemple, Vicky, étudiante ingénieure, reproduit cette planification alimentaire en adaptant ces menus au cours de la semaine : « Je mange au RU, je mange presque tous les jours de la viande là-bas. Je mange beaucoup de viande dans la semaine. Le week-end, j'essaie de manger plus des légumes, ou par exemple des pâtes, quelque chose que je ne mange pas facilement la semaine."

... ou de changement d'habitudes alimentaires La vie sans les parents modifie aussi les habitudes alimentaires. Les aliments rapides à préparer sont privilégiés tels que les boites de conserve, les pâtes et le riz. Les individus qui ne dépendent plus financièrement de leurs parents sont confrontés à la limitation du budget dans les courses. David, volontaire du service civique et Melody, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance, ont tous deux mis en avant cet aspect. En revanche, il y aurait désormais une liberté alimentaire : on choisit où faire ses courses, quand, sa façon de préparer le repas et de manger. Melody, Anne et David mangent parfois, en dehors des repas, chips et gâteaux. David insiste sur l'absence de désir de se créer ses repas, il adapte selon ses envies :"C'est là que j'ai commencé à faire des mélanges, j'achetais des salades, salades composées... Des chips, je mange beaucoup ce genre de trucs, je trouve ça pratique quand t'as pas envie de te faire à manger, tu manges un paquet de chips, deuxtrois conneries à côté et voilà t'as fait ton repas quoi. A la débrouille quoi ! Boîtes de conserve... J'ai jamais vraiment cuisiné." Cela peut conduire jusqu'à l'absence de repas, c'est le cas d'Axel, étudiant ingénieur : " - (…) Il y a des fois où je mange pas le midi... - Tu manges pas le midi ? - Ça arrive, oui. Quand je suis un peu décalé... Je sais pas, des fois, j'ai pas faim donc je tiens du matin au soir, j'ai toujours pas faim." De même, les produits biologiques et/ou issus du commerce équitable sont systématiquement consommés par des individus qui vivent seuls ou en colocation. Autrement dit, en quittant le logement familial, l'individu découvre de lui-même d'autres habitudes alimentaires. Le tableau cidessous l'illustre : Achat de produits biologiques et/ou issus du commerce équitable en fonction du mode de vie (en %) : 55/148


Mode de vie / Fréquence Rarement, voir Jamais Par moments Systématiquement Non concerné(e) Seul(e) 5 0 36,4 13,6 0 En colocation 5 0 33,3 16,7 0 Chez ses parents 2 4 4 0 0 3 6 Chez un autre membre de sa famille 66,7 33,3 0 0 En couple 7 0 2 0 0 1 0 Av e c d e s e n f a n t s 5 0 5 0 0 0 Total 44,74 35,53 6,58 13,16

Tot 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0

al 0 0 0 0 0 0 0

Donc, l'alimentation de chaque individu se construit de son enfance, son adolescence jusqu'à sa vie de jeune adulte. Cette pratique est susceptible d'évoluer au cours de sa vie : vie seul(e), vie en couple, puis avec des enfants. La façon dont l'individu a été socialisé à certains aliments influe sur la façon de cuisiner actuellement. Le milieu familial joue aussi un rôle s'agissant de l'apprentissage au tri des déchets.

c)

La socialisation au tri des déchets

Tout individu accoutumé à trier les déchets depuis son enfance et son adolescence sera plus à même de reproduire cette pratique dans sa vie adulte. Nous l'avons déjà évoqué : le niveau de diplôme d'une personne joue un rôle déterminant dans le fait d'être "conscientisé" au développement durable. Les ressources économiques sont aussi à prendre en compte. Plus un ménage dispose de ressources élevés, plus il est enclin à trier les déchets. Nous nous intéresserons au tri du verre, à l'utilisation de compartiments pour trier le carton et le papier et à l'absence totale de tri. Ces pratiques sont-elles reconduites par les enfants ? Anne présente là encore un cas particulier : quand elle a vécu en foyer, aucun tri ne leur était permis. En revanche, depuis qu'elle vit avec sa grand-mère, elle utilise les sacs bleus et jaunes. Tout d'abord, le tri du verre concernait 60,5 % des parents de l'échantillon. Elle est reconduite par 70 % des enfants. Ensuite, le tri du carton et du papier touchait 39,5 % des parents. Seulement 43 % des individus dont les parents triaient le carton et le papier utilisent désormais les sacs bleus et jaunes. Les familles de Fatima, animatrice, et de Chantal, volontaire du service civique (issue d'un milieu rural) présentent deux situations particulières. D'une part, la famille de Fatima a été contrainte de réaliser ce tri. Ses parents ne l'effectuaient pas auparavant. Or, en 2009, leur sac noir est resté dans le compartiment à poubelles sans être ramassé. Une voisine a du faire la remarque à sa mère. D'autre part, Chantal a vécu une partie de son enfance sans son père. Sa mère n'était en aucun cas sensible au tri des déchets. A partir du moment où un nouvel homme est arrivé dans sa vie, il a clairement obligé Chantal et ses sœurs à réaliser le tri : "On savait qu'on se faisait engueuler si on mettait pas les déchets là où il fallait donc on triait !" . Ces deux exemples soulignent qu'une contrainte exercée par la ville et par le milieu familial oblige les individus à réaliser leur tri correctement.

En revanche, l'absence systématique de tri concernait 20 % des parents, en particulier ceux sans 56/148


activité professionnelle, Employés et Ouvriers (30 %). 12 Ce sont clairement les PCS qui disposent de revenus plus faibles. Plus de 50 % des personnes reproduisent la pratique de leurs parents. Stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, Melody a vécu une partie de son enfance et de son adolescence en caravane et elle n'a jamais été accoutumée à effectuer ce tri : "A l'époque, le tri des déchets, c'était très rare qu'on en parle, c'était dans les années 1997-98, c'était pas encore médiatisé comme maintenant. C'était aussi par manque de temps, mes parents bossaient toute la journée (...)." Elle met en évidence le manque de temps dont ses parents disposaient. Or, un manque d'intérêt était aussi présent. Ses parents étaient tournés vers d'autres priorités. Ainsi, Melody ne réalise pas ce tri actuellement. Mais l'effet inverse intervient. En effet, des enfants trient les déchets même s'ils n'ont pas été accoutumés à cette pratique : L'utilisation actuelle des Tri-sacs en fonction de l'absence de tri fait par les parents : Absence de tri des parents / Utilisation actuelle des tri sacs Jamais Rarement De temps en temps Souvent Systématiquement Ne sait pas To t a l

Jamais R a r e m e n t De temps en temps S o u v e n t Systématiquement Non concerné(e) To t a l 10,5 21,1 5,3 10,5 52,6 0 1 0 0 42,9 21,4 0 0 35,7 0 1 0 0 14,3 14,3 0 28,6 42,9 0 1 0 0 26,7 0 13,3 2 0 4 0 0 1 0 0 6 0 0 6,7 6,7 26,7 0 1 0 0 66,7 0 0 0 16,7 16,7 1 0 0 34,21 10,53 5,26 10,53 38,16 1,32 1 0 0

Un exemple dans les entretiens illustre cette situation : Nicolas, volontaire du service civique, réside chez ses parents. Il a importé le tri des déchets dans sa maison : " – J'ai jamais été repris par mes parents. Mes parents n'ont pas trop l'habitude de faire le tri sélectif. Ils m'ont jamais repris si je jette du papier ou du carton dans la poubelle bleue... Avant, je jetais tout dans la poubelle jaune, jusqu'à 14-15 ans ! On m'a jamais sensibilisé là-dessus, je savais pas ce que c'était poubelle bleue, poubelle jaune, je connaissais pas la différence, je m'y suis jamais intéressé ! – C'est toi qui a amené ça chez tes parents ? – Oui... – C'est toi qui leur a expliqué... – Oui, c'était plus dans ce sens là. " Le milieu familial joue donc un rôle sur la socialisation au tri des déchets mais il y a aussi un effet générationnel. Plus que le milieu familial, le positionnement social des parents a un effet particulier. Plus un parent est diplômé, plus il appartient à une PCS située en haut de l'échelle sociale, plus il sera informé sur le tri des déchets et incitera les membres de sa famille à effectuer ce tri. Le raisonnement inverse s'établit pour les personnes issues de milieux moins aisés. Elles ont d'autres préoccupations que le tri des déchets (financières notamment). Il en est de même pour l'investissement associatif.

12 Cf figures 16 en annexe.

57/148


d)

Bénévolat et militantisme familial

Le bénévolat, une pratique d'individus aisés Le mouvement associatif touchait et/ou touche toujours actuellement 9 % des mères et 7,5 % des pères de l'échantillon. Nous retiendrons plus particulièrement deux types d'investissement : humanitaire et au sein d'une structure de démocratie participative. D'une part, 10 % des parents appartenaient ou appartiennent à une association humanitaire, caritative ou sociale, en particulier les mères, issues des Professions Intermédiaires (40 %) et des Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures (20 %). S'investir dans l'humanitaire est une pratique spécifique aux personnes ayant déjà une vie sans difficultés, ce qui les incite à s'intéresser à autrui. A titre d'exemple, les parents de Laure, volontaire du service civique, et son frère de 16 ans sont investis dans une association de scoutisme. Quand elle était plus jeune, ses parents étaient trésoriers de ce groupe. Désormais, leur rôle diffère. Dans le cadre de scoutisme, certains jeunes montent des projets à l'étranger. Un couple d'adultes accompagne les équipes. C'est l'activité actuelle de ses parents. De plus, environ 50 % des individus dont les parents appartiennent à une association humanitaire et sociale reproduisent cette pratique. Il est même fréquent que les enfants décident d'appartenir à la même association que leurs parents. D'autre part, 6,5 % des parents se sont investis au sein d'un Conseil de Développement ou d'un Conseil de quartier. Ils sont issus de Professions Intermédiaires (15 %) et de Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures (26 %). 13 Ce sont là aussi des individus issus de milieux aisés pour les mêmes raisons que nous évoquions précédemment. Les parents de Mathieu et de Laure appartiennent ou ont appartenu au Conseil de leur quartier. Plus précisément, le père de Mathieu a fait partie du Conseil de quartier de Saint Herblain. Or, il a cessé d'y participer car il estimait que ce Conseil regroupait les personnes de mêmes milieux sociaux. Il ne voyait pas l'intérêt de s'investir dans une démarche participative excluant des individus vivant dans des conditions difficiles. Les parents de Laure s'investissent depuis octobre 2010 au sein du Conseil de quartier de WaldeckRousseau dans l'optique de donner leurs points de vue sur leur quartier. Actuellement, aucun individu n'appartient à un Conseil de quartier ou au Conseil de Développement de Nantes Métropole. En revanche, le mouvement associatif touche 14 % des personnes. Un quart appartient à une association sportive, 20 % s'investissent dans une association sociale, humanitaire ou caritative et 12 %, dans une association culturelle (musique, danse...). Les volontaires du service civique représentent une proportion importante d'investissement associatif. Cela s'explique aussi par leur démarche : leur activité professionnelle repose sur la mise en place de projet sociaux divers et nombreux sont ceux qui souhaitent travailler dans une association. Comme nous l'expliquions précédemment, l'investissement associatif est plus prégnant en cas de confort de vie déjà présent. Seulement 4 % des stagiaires de l'École de la Deuxième Chance se soucient de la situation d'autrui :

13 Cf figures 17 en annexe.

58/148


Appartenance associative selon l'activité professionnelle : 120 100 8 0 E c o l e C e n t r a l e

6 0 4 0 2 0

U n i s-­‐ C i t é 33,3 31,3 14,3

31,3 2 0 3,6

0 SporSve

H u m a n i t a i r e , sociale

E c o l e D e u x i è m e C h a n c e

2 5 6,7

Animateur 0

Culturelle

Reprenons l'exemple de Laure. Elle appartient aussi à une association de scoutisme. Elle s'y investit pleinement depuis ses 16 ans. Titulaire du BAFA, elle a déjà travaillé avec plusieurs publics (handicapés ou non). De plus, elle est animatrice avec des enfants âgés de 8 à 11 ans et des handicapés mentaux le week-end. Il était intéressant de savoir les valeurs qu'elle essaie de leur transmettre : "On a des priorités : le vivre-ensemble. Apprendre aux enfants à rendre service, pas taper, la collectivité quoi ! Vivre à trente pendant une semaine 24 heures sur 24, c'est pas forcément facile et c'est ça qu'on essaie de transmettre. (...)." Sans axer ses valeurs sur le développement durable, la cohésion de groupe est privilégiée. Cela sous-entend le respect d'autrui et l'apprentissage de la vie à plusieurs. Au-delà de cet investissement associatif, il y a un enfermement dans le groupe de pairs. Les volontaires du service civique organisent souvent des sorties culturelles dans Nantes (bars, concerts...) pour s'y rendre tous ensemble. J'ai clairement ressenti l'effet de cohésion du groupe. Au sein de l'École de la Deuxième Chance, des groupes d'affinités se sont créés et des invitations chez les uns ou les autres "pour boire l'apéro" sont fréquentes. De même, École Centrale dispose de ses propres associations. Axel et Natacha font partie d'associations de l'École. Les étudiants sont enfermés dans ce milieu et ne cherchent pas nécessairement à connaître d'autres personnes : " - Pourquoi tu dis "une petite bulle" ? A l'école, tu veux dire ? - Oui, on a notre petit trajet, on est toujours avec notre petit groupe (...)" (Natacha, 23 ans, étudiante à École Centrale) Les politiques publiques mettent en avant la mixité sociale dans l'aménagement urbain. Or, il n'est pas certain que cette mixité s'établisse au vue des intérêts individuels divergents. De plus, si le bénévolat induit une préoccupation pour autrui, il ne touche que les personnes disposant d'un certain confort de vie. En revanche, le militantisme est fédérateur de plusieurs horizons sociaux. 59/148


Le militantisme est presque absent Cette pratique touche très peu de parents dans l'échantillon. 4 % des mères et 5 % des pères appartiennent à un syndicat situé à gauche politiquement : Confédération Générale du Travail (CGT), Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT)... Ils sont tous issus de PCS différentes. Tout d'abord, le père de David s'est investit dans un syndicat agricole (méconnaissance du nom.). Ensuite, la mère de Mathieu, agent de développement local, est syndiquée au sein de la CFDT depuis environ quinze ans. Mathieu ne s'intéresse pas à l'activité syndicale de sa mère car il n'adhère pas aux idées de ce syndicat. Il n'y a pas été socialisé. Enfin, le père de Sophie, chauffeurlivreur pour une usine de produits pharmaceutiques, est syndiqué à la Force Ouvrière (FO). Il fait partie du bureau au sein de l'entreprise. Pour autant, Sophie ne voit pas souvent son père, il est donc complexe de savoir ce qu'il y fait précisément. Elle n'a pas non plus été socialisée aux idées politiques de son père. De plus, 4 % des pères appartiennent à un parti politique de gauche (Parti Socialiste notamment). Un père ouvrier appartient au Front National. Le père de Mathieu, actuellement directeur au sein d'un service social, a fait partie du Parti Socialiste Unifié dans les années 1970. De plus, le frère aîné de Laure est engagé politiquement mais elle n'a pas souhaité que je divulgue son engagement. Également, si les parents de Vicky ne font pas partie d'un syndicat, ni d'un parti politique, elle sait que ses parents se rapprochent des idées politiques du parti populaire espagnol. En Espagne, ce parti est situé à droite politiquement. Vicky ne s'intéresse pas à la politique et il ne semble pas que les idées politiques de ses parents influent sur sa vision de la politique. Actuellement, seulement trois personnes sont investies dans un parti politique : l'un dans le Front National (comme son père), une autre au sein d'Europe Écologie (ses parents n'étaient pas militants) et la dernière personne n'a pas précisé le nom du parti. Le militantisme traduit un investissement fédérateur d'horizons sociaux différents mais il ne semble pas socialiser véritablement la façon de penser et de voir la politique de la personne ici. Le bénévolat, davantage que le militantisme, joue un rôle sur la socialisation de l'individu et une possible reproduction des pratiques familiales. L'investissement associatif privilégie la cohésion de groupe. Pour autant, les associations fédèrent souvent des personnes issues d'un milieu social suffisamment confortable pour songer à penser à autrui.

e)

La socialisation familiale aux médias et nouvelles technologies

Tout individu est socialisé par les médias et les nouvelles technologies depuis son enfance jusqu'à maintenant. Cette socialisation s'entend sous trois aspects : la presse écrite, la presse uniquement auditive (la radio) et la presse audiovisuelle (télévision et ordinateur). Ces trois types de médias ne proposent pas le même traitement de l'actualité et ne sont pas réceptionnés de la même façon. Ils engendrent une connaissance sur la politique et le développement durable variable. Ce sont aussi des pratiques liant une double perspective : la reproduction ou au contraire l'émancipation des individus vis à vis des parents. 60/148


La presse écrite et numérique Cinq types de presse se distinguent : presse gratuite, locale, nationale, hebdomadaire et axée sur le développement durable. La presse locale comprend les journaux tels que Ouest-France, PresseOcéans... La presse nationale inclut Le Monde, Le Figaro, Libération... La presse hebdomadaire comporte Le Nouvel Observateur, Le Courrier International... Enfin, la presse axée sur le développement durable correspond aux revues de Terraéco, Développement Durable et Territoires... Des distinctions sociales selon les journaux lus apparaissent. Des journaux sont davantage lus actuellement mais ce n'était pas forcément le cas des parents. L'enfant, l'adolescent puis le jeune adulte a vu ses parents lire différents journaux, élément qui participe à sa socialisation. Ceci explique des connaissances divergentes sur le développement durable. Plusieurs journaux étaient fréquemment lus. Tout d'abord, 50 % des parents achetaient les journaux locaux. Le journal a une place dans les souvenirs individuels et en particulier le journal OuestFrance. Cela pouvait même devenir une pratique transmise de générations en générations : "Mes grands-parents prenaient le Ouest-France. Ma grand-mère le prend toujours. C'est le Ouest-France qui prime sur le reste." (Sophie, 21 ans, Unis-Cité). Les parents de Melody, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, vivaient en caravane. Pendant leurs voyages, ils achetaient les journaux locaux des endroits où ils se rendaient : La République Du Centre, La République De Seine et Marne... Melody a le souvenir d'avoir vu différents journaux. L'achat du journal était un rituel quotidien : " (...) Le matin, sur le marché, t'arrives, le premier truc que tu vas faire, c'est t'acheter des cigarettes, prendre ton café et acheter le journal... et les croissants. C'est vraiment pour l'information. Les journaux, j'en ai toujours vus toute ma vie. " Actuellement, 50 % des individus lisent aussi les journaux locaux (comme leurs parents). 80 % des lecteurs sont titulaires d'un CAP, d'un BEP, d'un Baccalauréat ou d'un Brevet Professionnel. Ensuite, 20 % des parents lisaient la presse nationale. C'était le cas de plus de 30 % des Artisans, Commerçants, Chefs d'Entreprise, des Professions Intermédiaires et des Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures. C'était donc une pratique de personnes issues de milieux sociaux aisés : Lecture de la presse nationale en fonction de la PCS (en %) - de la mère : Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s … P r e s s e n a 4 o n a l e L u e

Agriculteurs

N o n l u e

N e s a i t p a s o u n o n … S a n s a c 4 v i t é … N o n c o n c e r n é ( e ) 0

61/148

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0


- du père :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s … A r 4 s a n s , C o m m e r ç a n t s , …

P r e s s e n a 4 o n a l e l u e

Agriculteurs

N o n l u e

N o n m e n 4 o n n é S a n s a c 4 v i t é … N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0

Désormais, 34 % des individus achètent la presse nationale. 60 % sont des étudiants d'École Centrale. Là aussi, la presse nationale intéresse davantage les personnes ayant acquis un certain niveau d'études. Puis, le quart des parents des personnes de l'échantillon ne lisait aucune presse écrite. Ces parents étaient Ouvriers ou Employés donc de milieux sociaux modestes ou défavorisés. 14 Actuellement, 13 % des individus ne lisent aucune presse écrite, en particulier ceux peu ou non diplômés (20 %). Ce refus de s'intéresser à l'actualité se lie à des difficultés quotidiennes déjà omniprésentes, qui limitent le désir de se tourner vers l'extérieur. Également, 12 % des parents achetaient la presse hebdomadaire. La faiblesse des effectifs complexifie toute analyse selon la PCS. Le père de Mathieu lisait et lit toujours Le Canard Enchaîné et les parents de Laure, Le Courrier International. Aujourd'hui, 17 % des individus s'intéressent à la presse hebdomadaire. Volontaires du service civique, Mathieu et David lisent la presse d'extrême gauche telle que Le Canard Enchaîné o u Charlie Hebdomadaire mais Laure s'intéresse au Courrier International, comme ses parents. De même, seulement 7 % des parents lisaient la presse gratuite, apparue en 2005. En revanche, désormais, c'est le 66 % des personnes. Ces personnes sont en majorité peu, voire non diplômées : 70 % des titulaires du Brevet des Collèges (cf graphique ci-dessous). On suppose une lecture rapide dans le tramway ou dans le bus, pour ne pas s'ennuyer le temps du trajet. La gratuité évite aussi toute dépense financière.

14 Cf figures 18 en annexe.

62/148


Lecture de la presse gratuite en fonction du diplôme (en %) : 8 0 7 0 6 0 5 0 4 0 3 0

P r e s s e g r a t u i t e n o n l u e

2 0

P r e s s e g r a t u i t e l u e

1 0 0 B r e v e t d e s C o l l è g e s o u moins

C A P , B E P , B a c c a l a u r é a t + B a c c a l a u r é a t 2 a n s , v o i r e o u B r e v e t plus Professionnel

Enfin, la presse axée sur le développement durable, peu développée dans les années 1990-2000, intéressaient 4 % des parents. Aujourd'hui, elle est lue par 8 % des individus, uniquement des volontaires du service civique. Plus une personne est diplômée, plus elle a des probabilités de lire ce type de presse : 6 % des titulaires du Brevet des collèges (ou moins) la lisent face à 12 % d'individus ayant réalisé des études supérieures. Natacha, étudiante ingénieur, a expliqué que son père lisait une revue scientifique : Sciences Et Vie. Elle a ainsi pu se documenter sur ce sujet : " (...) des fois je relisais, ça m'arrivait de lire quelques articles." 60 % des individus dont les parents lisaient la presse nationale, hebdomadaire et locale reproduisent la même pratique. Pour autant, 40 % s'intéressent à un autre type de presse désormais. Un effet générationnel intervient à ce titre : 82 % des personnes dont les parents ne lisaient pas la presse le font désormais. Cela traduirait une envie plus forte de s'informer. L'individu est plus enclin de lire la presse pour enrichir sa pensée, sa compréhension de l'actualité et donc sa perception du développement durable. D'autres presses non citées dans les questionnaires sont ainsi lues. Melody, stagiaire au sein de l'École de la Deuxième Chance, lit la presse russe (Le Courrier de La Russie) pour enrichir son vocabulaire (elle apprend cette langue). De plus, Nicolas et Mathieu, volontaires du service civique, s'intéressent au journal numérique Rue89. Mathieu lit aussi La Lettre à Lulu, journal satirique nantais. Il apprécie l'esprit participatif et le degré d'information apportés par ces journaux. Enfin, pour se documenter sur l'actualité, Jean-Philippe, étudiant ingénieur, se renseigne directement sur « Google actualité », et en fonction des sujets, il sera conduit sur certains sites de journaux : « L'Express par exemple ». Cet étudiant est amené à lire des journaux différents. De plus, internet réduit l'achat de journaux et facilite l'accès à l'information pour toute personne ayant un ordinateur et un forfait internet. Les diplômes obtenus et l'activité professionnelle actuelle jouent un rôle important : plus une personne est diplômée, plus la probabilité d'utiliser internet de cette façon croît. Cette envie de s'informer participe aussi à une socialisation particulière au développement durable. Le graphique ci-dessous est particulièrement significatif :

63/148


L'utilisation de l'ordinateur pour s'informer sur l'actualité en fonction du diplôme (en %) :

0 0

N o n c o n c e r n é ( e )

5,7 85,2 U s a g e p o u r l ' a c t u a l i t é

5 0 4 0

C A P , B E P , B a c c a l a u r é a t o u B r e v e t P r o f e s s i o n n e l

14,8

N o n u s a g e p o u r l'actualité

5 0 54,3 0

2 0

4 0

6 0

B a c c a l a u r é a t + 2 a n s , v o i r e p l u s

B r e v e t d e s C o l l è g e s o u moins

8 0 100

Au-delà de la lecture sur internet, trois personnes ont mis en avant un véritable apprentissage scolaire via l'outil informatique. Si Melody et Natacha ont joué au jeu éducatif "Adi et Adibou", Vicky a été formée, dès l'école primaire à l'utilisation de cet outil. Donc, une personne ayant réalisé des études longues a davantage de probabilités de lire des journaux apportant un traitement riche de l'actualité (journaux nationaux, hebdomadaires...). Claude Chabrol, sociologue français, définit les compétences psycho-socio-pragmatiques comme la capacité à définir et sélectionner des éléments dans un journal. Ces compétences nécessitent un apprentissage et une aisance avec la langue française. Les individus ayant réalisé des études plus longues seront plus enclins de lire des journaux diversifiés. De plus, selon Emmanuel Pierru, sociologue, il y aurait une corrélation entre une sensibilité à l'actualité locale ou nationale et le degré de politisation : "Plus un individu s'intéresse à la politique, plus il est attentif à un type d'information déconnectée de ses préoccupations immédiates, c'est-à-dire plus proches des formes de traitement les plus légitimes de la politique." (Pierri, 2003). Autrement dit, les personnes intéressées par la politique, le développement durable sont plus à même de s'intéresser à la presse écrite. Là aussi, ce sont les personnes ayant étudié plus longtemps qui sont davantage concernées. Dans notre étude, Mathieu et David, adeptes d'une presse écrite diversifiée, sont aussi les deux seuls à avoir adopté un discours très concret sur la politique de développement durable nantaise.

Les radios écoutées Tout d'abord, les radios dites "culturelles" regroupent Nova, TSF Jazz, Nostalgie, RTL, RTL 2, Chérie FM, MFM et Radio classique. Ce sont des radios où la musique est diffusée, plus que l'actualité. Ensuite, les radios "jeunes" regroupent Skyrock, NRJ, Fun Radio, HitWest, Alouette, Virgin et Prun'. Ce sont des radios pour lesquelles le traitement de l'actualité n'est pas prioritaire : le but étant de diffuser de la musique commerciale et notamment appréciée en discothèques. Enfin, les radios d'information regroupent tout ce qui attrait à France Inter : France Info, France Culture et France Musique. Ici, le traitement de l'actualité et la diffusion d'informations est prédominant. 64/148


Y-a-t-il une reproduction de l'écoute de la radio des parents ? Seulement deux cas touchent nos entretiens. D'une part, Jean-Philippe, lorsqu'il a quitté le "cocon familial", lors de son année de Classe Préparatoire à Clermont-Ferrand, a lui aussi écoute la radio RTL tous les matins, comme ses parents le faisaient depuis des années. Il était accoutumé à cela. Cela pouvait aussi lui permettre d'avoir un repère car il venait de quitter ses parents. D'autre part, Laure, vivant toujours chez ses parents, écoute tous les matins avec eux France Inter. Or, l'écoute de la radio ne se traduit pas véritablement par une reproduction familiale : des individus se distinguent de l'attitude de leurs parents. Si David n'a jamais évoqué l'écoute de la radio par ses parents, il l'écoute dans sa voiture. Pour autant, la radio ne semble pas être un moyen, pour lui, de s'informer sur l'actualité : "J'ai un poste qui est un peu galère à utiliser, qui a plein d'options mais je sais même pas comment m'en servir... Donc je zappe, je zappe, je zappe. C'est en fonction de la musique, en fonction de l'humeur. Je vais écouter Nostalgie car je veux de la musique un peu funk. Ça peut être France Inter, RMC, du sport... (...)". Actuellement, les radios sont écoutées différemment. Les radios "jeunes" arrivent en première position avec 60 % d'auditeurs. Les radios "culturelles" sont aussi très fortement écoutées (45 %). La fréquence d'écoute des radios d'information comme de l'absence totale d'écoute de radios est similaire : environ 21 %. Les radios "jeunes" et les radios d'information ne sont pas écoutées par les mêmes personnes. Les filles sont plus nombreuses à écouter les radios "jeunes" (65 % face à 51 % de garçons). A l'inverse, les garçons sont des auditeurs des radios d'information (26 % face à 19 % de filles). Plus une personne est diplômée, plus elle a de probabilités d'écouter les radios d'information et d'être un garçon. Inversement, moins elle est diplômée, plus elle aurait tendance à écouter des radios "jeunes" et à être une fille.

L'écoute des radios "jeunes" en fonction du diplôme (en %) : 1 2 0 1 0 0 8 0 6 0

40,7 68,6

64,3 R a d i o s " j e u n e s "

4 0 2 0

59,3 31,4

35,7

0 B r e v e t d e s C A P , B E P , C o l l è g e s o u m o i n s B a c c a l a u r é a t o u B r e v e t Professionnel

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B a c c a l a u r é a t + 2 a n s , v o i r e p l u s

N o n é c o u t é e s


L'écoute des radios d'information en fonction du diplôme (en %) : 1 2 0 1 0 0

8,6

8 0

28,6

3 7

71,4

6 3

6 0 4 0

91,4

R a d i o s d ' i n f o r m a K o n

2 0

N o n é c o u t é e s

0 B r e v e t d e s C o l l è g e s o u moins

C A P , B E P , B a c c a l a u r é a t + 2 B a c c a l a u r é a t o u a n s , v o i r p l u s B r e v e t Professionnel

La télévision Les films et les séries sont regardés en majorité (83 %) ainsi que le Journal Télévisé (51 %). Des programmes plus spécifiquement propres à la thématique du développement durable sont moins fréquents : les programmes de découverte du monde (31 %), de la nature (25 %), scientifiques et biologiques (21 %) et politiques (18 %). Ces quatre programmes diffèrent socialement. Nous l'avions déjà évoqué : les filles passent davantage de temps devant le petit écran vis à vis des garçons. Aucune personne n'a évoqué les chaînes locales (Nantes 7 Télévision). John Dewey, philosophe américain, met en évidence que l'accroissement des divertissements proposés à la télévision constitue un obstacle pour le choix des programmes politiques. Les programmes de divertissement ne favorisent pas une socialisation particulière de l'individu aux problématiques du développement durable. D'une part, apparaît une reproduction de pratiques familiales pour trois personnes. Laure et Sophie vivant toujours chez leurs parents et regardent le même journal télévisé qu'eux (TF1). De même, le père de Fatima s'intéresse aux programmes politiques à la télévision. Sans que son père ne lui en parle véritablement, elle l'a déjà vu regarder ce type de programme : " Toute la journée, il regarde la politique. Des fois, je me lève la nuit, vers 3-4h du mat', il regarde de la politique, il fait que ça ! (...) Il en parle, j'entends mais... Il regarde beaucoup la politique de la télé turque. Il s'intéresse aussi à la politique de la France mais.... Mon père est super cultivé dans tout ce qui est géographie, l'histoire, la politique." Désormais, elle apprécie notamment la chaîne 13 de la TNT (Public Sénat) sur laquelle des débats politiques sont diffusés. Chaque débat présente deux personnalités opposées sur la même idée pour aider l'individu à se forger sa propre idée sur le sujet. De plus, l'information est diffusée quasiment en continu. Fatima s'intéresse aussi aux programmes proposant des débats tels que C'est Ma Vie ou Confessions Intimes.

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D'autre part, les documentaires de découverte sur le monde et la nature sont moins regardés par les personnes ayant réalisé des études supérieures (18 % face à 34 % des titulaires du Brevet des Collèges). Les programmes politiques sont également choisit par des individus moins diplômés. 15 Le Journal Télévisé est synonyme de rituel : souvent le soir, il accompagne le repas. La télévision apparaît alors comme un objet qui structure le temps domestique et le temps social. Martin Segalen, dans Rites et rituels contemporains (1998) définit le rite comme "un ensemble de conduites individuelles ou collectives relativement codifiées, ayant un support corporel (verbal, gestuel, de posture), à caractère répétitif et doté d'une forte charge symbolique pour les acteurs et les témoins". A l'inverse, les programmes scientifiques et biologiques sont regardés par 33 % des étudiants ingénieurs. Ces programmes nécessitent certaines compétences sur ces sujets. Mathieu,volontaire du service civique, regarde des documentaires, notamment ceux de Pierre Carles et d'autres militants sur le développement durable. Le choix des programmes scientifiques et biologiques en fonction de l'occupation actuelle (en %) :

Diplôme / Programmes scientifiques et biologiques regardés Ecole Centrale Unis-Cité Ecole Deuxième Chance Activité Professionnelle To t a l

N o n O u i 66,7 33,3 81,3 18,8 82,1 17,9 1 0 0 0 7 9 21,05

Tot 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0

al 0 0 0 0 0

L'effet générationnel joue aussi un rôle prépondérant dans l'utilisation de la télévision. Trois portraits différents s'établissent. Anne, la plus jeune des enquêtés, met clairement en avant le désir de ne pas s'informer ni sur l'actualité, ni via des documentaires particuliers, à l'inverse de sa grandmère. Cela souligne l'écart d'intérêt selon l'âge : " – J'ai pas vraiment le choix vu que je mange avec ma grand-mère et ma tante, tous les soirs, c'est le Journal Télé ! (exaspération) – (rires) Tu t'en passerais bien ? – Oui, ça, c'est sûr ! (rires) – (...) De la documentation, qu'est-ce t'appelles de la documentation ? – Alors là, faut pas le demander, j'en sais rien du tout ! – En gros, quand elle regarde ça, tu te bars dans ta chambre ? (rires) – (rires) Voilà ! Exactement !" En revanche, Melody et Nicolas étaient tous les deux d'accord pour critiquer la chaîne de TF1, qu'ils ont regardés pendant leur enfance et leur adolescence. En grandissant, chacun a adopté un esprit critique. Ils essaient de sensibiliser leurs parents à leurs points de vue. Nous y reviendrons. Enfin, David, Natacha et Mathieu ont fait le choix de ne pas avoir de télévision même s'ils avaient été accoutumés à en avoir une. 15 Cf figures 19 et 20 en annexe.

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L'ordinateur La majorité des individus a mis en évidence une connaissance de l'informatique acquise par leurs parents, notamment via leur profession. Pour autant, une distinction sur le degré de connaissance de cette technologie entre la génération des parents et des enfants s'établit. D'une part, une socialisation de l'enfant vers l'adulte sur cette nouvelle technologie a été évoquée à deux reprises. Autrement dit, les parents ne savent pas s'en servir : leurs enfants leur apprennent. Sophie et Melody ont toutes les deux aidé leurs parents à comprendre comment utiliser l'ordinateur et internet. Le père de Melody, au moment de l'entretien, suivait une formation pour séniors sur l'informatique. Les propos de Sophie illustre un écart générationnel sur la connaissance d'utilisation de l'ordinateur : " – Elle (sa mère) ne sait pas l'utiliser. Il faut qu'on lui montre avec la souris de temps en temps comment on clique, les programmes qu'il y a. Mais faudrait qu'on lui fasse une session "formation". Déjà, elle sait allumer l'imprimante !" (...) Quand on l'a eu (l'ordinateur), il (son père) n'y connaissait rien, on lui a appris au fur et à mesure... – C'est vous qui lui avez appris ? – Mon petit frère et ma petite sœur, car ils sont plus présents que nous chez mon père. Au début, ils n'y connaissaient rien ! C'était plus nous que pour eux." D'autre part, cela se traduit par un refus des parents d'utiliser cet équipement. La grand-mère d'Anne, les parents de Fatima et la mère de Vicky n'utilisent pas internet, mais ne souhaitent pas pour autant savoir comment faire. Les parents de Vicky travaillent avec leur ordinateur mais sa mère ne sait pas se servir d'internet : " – Ils (ses parents) s'en servent uniquement pour le travail ou pour d'autres choses aussi ? – Ma mère, seulement pour le travail, elle est un peu nulle avec internet (rires)" Tout individu a grandit dans un contexte familial où les médias et les nouvelles technologies étaient plus ou moins présents. Un individu diplômé et issu d'un positionnement social aisé est plus enclin de connaître une offre diversifiée de médias et d'accroître sa connaissance sur le développement durable. Tous les individus ne reproduisent pas les attitudes parentales. Les enfants apprennent aussi à leurs parents comment utiliser les nouvelles technologies. Personne n'a mentionné le fait que les parents étaient vigilants vis à vis des consommations importantes d'énergie liées à ces médias et nouvelles technologies. Nicolas est le seul à inciter ses parents à restreindre leur consommation d'énergie car eux n'y sont pas accoutumés : " Ce qui se passe, c'est que mon père regarde la télé, il part chercher ma mère en voiture, elle s'arrête à un arrêt de tram et il revient. Pendant ce laps de temps qui dure un quart d'heure, il laisse la télé allumée, ce qui sert à rien ! Même des fois, la lumière allumée alors que ça sert à rien ! Moi, à chaque fois que je passe derrière, j'éteins tout. Hop, il fait noir ! Ils aiment pas ça, ils aiment pas revenir et que tout soit éteint, que tout soit noir. Ça coûte rien d'éteindre la lumière et d'éteindre la télé ! Moi je le fais tout le temps. Ils adoptent pas ça, c'est pas clair." La question suivante apparaît désormais : comment ces médias traitent-ils de la thématique du développement durable et comment ce traitement est-il reçu par les individus ?

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B- Le traitement médiatique du développement durable et sa réception L'ensemble des médias insiste sur cette thématique du développement durable. Lorsqu’un événement apparaît à l'échelle nationale ou internationale, il est diffusé médiatiquement (exemple récent de Fukushima). Ces événements maintiennent la nature comme une puissance qui domine l'homme ou ils présentent l'activité humaine comme responsable de la dégradation de la nature. Cette dramatisation est volontaire pour attirer le regard de l'individu, l'apeurer et le faire réagir. Tous les individus interviewés par entretien ont souligné cette crainte vis à vis de l'avenir. Au-delà des informations politiques transmises par les médias, la publicité joue aussi son rôle dans la socialisation au développement durable. Tout produit alimentaire est accompagné du slogan : "Mangez cinq fruits et légumes par jour" pour inciter à une hygiène de vie saine. Pour autant, nombreuses sont les publicités sur les nouvelles technologies (dernier écran plat, dernier téléphone portable...) toujours plus consommatrices d'énergie. Les médias sont donc contradictoires. Il ne s'agira pas d'étudier leur réception par des individus "naïfs" dépourvus de tout esprit critique, au contraire.

a)

Presse écrite

Journaux écrits et numériques construisent la façon de penser de la personne sur le développement durable. Il convient d'aller au-delà des distinctions sociales de lecture de la presse présentée précédemment. Le travail journalistique est considérable. De même, sa réception est vécue différemment selon les individus. La lecture du journal est individuelle mais elle conduit à des échanges collectifs. Nous nous appuierons en grande partie sur les travaux des sociologues Eliséo Veron et Claude Chabrol. Nous l'avons évoqué : l'ensemble des médias présente l'environnement de façon dramatique (réchauffement climatique, catastrophe naturelle...). Les médias écrits se différencient via le travail journalistique en amont. Ce travail ne s'établit pas sans stratégie. Un titre de presse est le fruit d'un triple processus. Tout d'abord, des caractéristiques définissent le travail journalistique. Le journaliste adapte son vocabulaire en fonction du quotidien pour lequel il travaille. Il emprunte aussi d'autres discours (scientifiques...) pour souligner la légitimité de l'information transmise au lecteur. Un même journal adopte ainsi des registres de langue variés : informatif, didactique (discours d'expert) ou de récit (témoignage). L'utilisation de ces registres diffère aussi selon les journaux. De même, le placement et le traitement des informations s'agissant de l'environnement ou du développement durable ne sont pas les mêmes. Pour prendre deux exemples radicaux : selon des journaux tels que le Ouest-France ou Le Monde, le titre mis en avant, le vocabulaire utilisé, la longueur de l'article et son contenu sur un même thème sont divergents.

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Ensuite, Eliséo Veron met en avant la notion de "contrat de lecture" établit entre le lecteur et le journal. Le journaliste construit un lien avec son lecteur. Autrement dit, s'il veut conserver la fidélité de son lectorat, le journaliste doit être vigilant vis à vis du contenu de l'article rédigé. Le lectorat d'un journal articule des personnes d'horizons sociaux et d'âges différents. Pour reprendre nos deux exemples opposés, un lecteur du Ouest-France s'attend à lire davantage d'informations situées au niveau de Nantes Métropole qu'un lecteur du quotidien national Le Monde. Il en résulte un degré de connaissance différent de l'information pour l'individu. Dans le cas du développement durable, les journaux nationaux insistent sur les événements et mesures prises en France, en Europe et dans le monde. Un fossé se créée entre les informations transmises et la réalité quotidienne de chacun. Le Monde ne détaillera pas des mesures axées sur le développement durable prises à la Chapelle sur Erdre ou à Rezé. En revanche, une personne qui s'informe localement serait plus à même de se sentir concernée par le développement durable dans sa ville : le journal se réfère à des pratiques locales. Cette personne est supposée davantage connaître la politique des pouvoirs publics locaux sur cette problématique. Le type de presse lu engendre donc une connaissance différente du développement durable. La presse locale permet de connaître les pratiques établies sur Nantes et son agglomération, et de se sentir plus proche de cette thématique. Inversement, la presse nationale met l'accent sur une autre échelle. Cela induirait une plus grande complexité pour l'individu de se sentir sensibilisé par la problématique du développement durable, à partir du moment où cela n'altère pas son quotidien. Dans tous les cas, la presse écrite met aussi en avant des événements nationaux ou internationaux (ex : catastrophes naturelles, réchauffement climatique...) pour alerter tout individu sur un changement urgent d'attitudes.

b)

La radio

La divergence sociale d'écoute induit une sensibilisation différente à l'actualité et donc au développement durable. Tout comme les journaux, les radios insistent sur la dramatisation de l'environnement et les mesures politiques prises en matière de développement durable. Or, pour reprendre nos deux exemples opposés : radios "jeunes" et radios d'information, le traitement de l'actualité diffère. Les radios "jeunes" ne proposent que des "flashs infos" pendant lesquels l'ensemble de l'actualité est traité en cinq minutes. Plusieurs sujets sont abordés de façon très synthétique. A l'inverse, les radios d'information proposent des débats, opposant des personnes ne partageant pas la même opinion. Ces débats aident l'individu à se forger son propre avis sur un sujet, notamment politique ou sur le développement durable. Une personne qui écoute davantage les radios d'information est plus encline d'adopter un esprit critique sur la thématique du développement durable. Enfin, élément qui n'a pas véritablement été abordé au cours de l'étude mais la publicité participe aussi à cette socialisation au développement durable. Depuis quelques années, le slogan " Mangez cinq fruits et légumes par jour " est diffusé à la radio et apparaît en bas de chaque spot publicitaire à la télévision. Le but étant de sensibiliser tout individu à adopter une hygiène alimentaire saine. Il n'est pas certain que ce type de message soit systématiquement lu, ni entendu. La mère de Fatima a pourtant du être sensibilisée. Elle prépare des plats turques mais moins "gras" désormais : " Ce sont des plats hyper gras, enfin maintenant beaucoup moins car elle a vu que c'était pas bon pour la santé. "

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Une hypothèse ici serait que les médias interviennent dans cette perception de l'alimentation et sur la conception du gras. En revanche, la radio et la télévision incitent aussi à acheter toujours plus de produits. Plusieurs publicités mettent en avant l'avantage de nouvelles technologies (dernier écran plat, dernier téléphone portable...) toujours plus consommatrices d'énergie.

c)

La télévision

Les propos ci-dessous viennent en partie du site "http://www.sircome.fr"sur lequel est présentée une enquête réalisée par Suzanne de Cheveigné, directrice de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), en 2004 et en 2006 avec l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie et de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail. Trois éléments sont à souligner s'agissant du traitement de l'information par les journaux télévisés. Tout d'abord, les journaux établissent des choix d'information à présenter à leur auditoire. Ils puisent dans un ensemble d'informations plus nombreuses que celles qu'ils retiennent. Les sujets présentés se différencient selon les journaux. Ensuite, le choix établit, la façon de présenter l'actualité n'obéit pas à une logique stricte : il n'y a pas de rubrique particulière comme dans les journaux écrits. Il n'y a pas non plus un ordre dans la présentation de l'actualité nationale, internationale, économique... Autrement dit, l'environnement et le développement durable se trouvent parfois à n'importe quel moment dans le journal. L'auditoire ne se souviendra pas de la même façon d'un élément placé au début ou au milieu du journal télévisé. Enfin, nous l'avions déjà évoqué : les nouvelles liées à l'environnement seraient davantage négatives (décès, dégradations de la nature....) que positives (nouvelles mesures politiques...). Les sujets liés à l'environnement occupent davantage de place dans les journaux télévisés en 2004 qu’en 1994, comme l'illustre le graphique ci-dessous, extrait du site : Fréquence des reportages traitant de l'environnement sur TF1 et France 2 :

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Dans son étude réalisée en 1994, la chercheuse au CNRS soulignait le vocabulaire utilisé par ces journaux télévisés vis à vis de l'environnement avec l'emploi des adjectifs "protégé" et "respecté". Malgré l'ancienneté de l'étude, une corrélation significative s'établit avec le vocabulaire utilisé au cours de mon enquête pour définir le développement durable. ("protéger la nature", "aider l'environnement"...). Cette mise en relation souligne une incorporation de la définition médiatique par les individus. De même, dans les journaux télévisés, une parole plus grande serait accordée aux experts, notamment scientifiques sur un sujet lié au développement durable et moins aux "profanes", supposés moins spécialistes en la matière. De Cheveigné distingue quatre sujets axés sur l'environnement tels que la faune ou la flore, les événements concernant la météo ou les séismes. Il y a également les sujets traitant de la politique environnementale, des aspects juridiques ou économiques. Enfin, la pollution, serait souvent le résultat d’actions humaines. Au-delà des journaux télévisés, les programmes de découverte de la nature et du monde (type Ushuaïa Nature...) traitent de sujets sur les animaux et les végétaux sous le mode de la contemplation. Donc, le développement durable et l'environnement sont approchés de façon dramatique (catastrophes naturelles) ou contemplative s'agissant de la nature. Il convient désormais de s'intéresser à la réception des programmes politiques et axés sur le développement durable par l'individu. Cécile Méadel, sociologue française, définit la réception sous deux aspects : "la capacité des médias à prescrire (des thèmes de débat, de faire des interprétations)" autrement dit à transmettre de l'information analysée et d'autre part "les capacités interprétatives des membres du public". Un individu reçoit l'information en cherchant plus ou moins à la critiquer. S'agissant des problèmes politiques et notamment axés sur le développement durable, nous l'avions déjà évoqué, cet intérêt diffère selon le niveau de diplôme et le positionnement social de l'individu. Mais il conviendra de se distancier d'une opposition trop simpliste entre spectateur "actif" et "passif" face au petit écran. Un individu adopte ces deux comportements selon les programmes regardés. Le sociologue britannique Richard Hoggart, dans son ouvrage intitulé La culture du pauvre. Étude sur le style de vie des classes populaires en Angleterre (1991), s'éloigne des prénotions selon lesquelles tout individu issu d'un milieu défavorisé serait "victime" des programmes regardés à la télévision. Au contraire, toute personne adopte une attitude critique vis à vis du petit écran. Dans News that Matters (1987), Shanto Iyengar et Donald Kinder, sociologues américains, ont étudié la façon dont les journaux télévisés guideraient l'individu sur ce à quoi il doit penser. Ils ont constaté que les gros titres des journaux télévisés sont retenus comme étant les sujets les plus importants. Ces titres exercent une " influence puissante sur ce que les téléspectateurs considèrent comme les problèmes les plus graves de la nation ". Il convient aussi de nuancer leurs propos. Todd Gitlin, autre sociologue américain, estime que ces gros titres sont interprétés différemment selon les individus. Cela ne signifie pas non plus que toute personne adhère à ce qu'elle voit ou entend. De plus, le sociologue américain Paul Lazarfeld remet aussi en cause l'idée d'une influence totale des médias sur la perception du monde des individus. La notion de "Two Step Flow" signifie la présence de leaders d'opinion dans le groupe de pairs qui transmettent l'information aux membres de leur famille, à leurs amis...

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Dans les entretiens, la chaîne de TF1 a été vivement critiquée par deux personnes alors que trois autres ne regardent jamais la télévision. D'une part, Melody et Nicolas remettent en cause le journal télévisé de TF1 en évoquant des raisons divergentes. Nicolas critique des aspects concrets de ce Journal (la neige sur les routes en hiver), prouvant qu'il accorde tout de même une attention à cette chaîne. Il retient les gros titres évoqués au début du journal. En revanche, Melody remet en cause le manque d'informations régionales et nationales sur TF1. Seules les informations touchant son environnement quotidien seraient à privilégier. Voici les extraits d'entretien : "Moi, je leur (à ses parents) ai dit : ça sert à rien ! Pour moi, le JT de TF1 est pas complet. Ça traite beaucoup de divertissements, d'artistes, de trucs du monde mais tout ce qui se passe en France, on est pas au courant ! Autant regarder France 2 ou France 3, les éditions régionales, les éditions nationales, au moins, on est sûr de savoir ce qu'il se passe ici. Si une dame a disparu à treize kms de Nantes, t'es presque sûre que le soir, sur TF1, tu le sauras pas ! Sur France 3, édition régionale, on va directement t'indiquer que quelqu'un a disparu à treize kilomètres, c'est plus intéressant !" (Melody, 21 ans, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance) « Moi, je suis un peu obligé étant donné qu'on mange à cette heure-là mais je prête pas attention, je préfère pas ! C'est insupportable (rires) ! Surtout en hiver, Évelyne Délia qu'arrive pendant vingt minutes et qui te sort : « il neige aussi sur la route » mais c'est génial, c'est super ! (ironique) Qu'est-ce qu'il y a à apprendre sur TF1 ? Mais rien ! » (Nicolas, 19 ans, Unis-Cité) D'autre part, David, Natacha et Mathieu ne disposent pas de télévision. Ils préfèrent se documenter en utilisant les journaux écrits ou internet. Mathieu estime presque être jugé par les médias télévisés, il préfère les fuir : "Aujourd'hui, les médias nous prennent beaucoup pour des cons . Il y a pas tellement de trucs intéressants." Certains individus regardent aussi les programmes de découverte sur la nature et le monde. Seulement Melody détaille la façon dont elle reçoit et interprète ces programmes. Ils sont perçus comme révélateurs de coutumes pratiquées ailleurs. Elles regardent ces programmes pour s'instruire et s'ouvrir sur le monde :"(...) Je me souviens de ça, c'était il y a quatre-cinq ans, j'avais vu un documentaire sur les populations en forêt amazonienne. Là, c'est hyper intéressant car tu découvres comment ces gens là y vivent...(...) Tu découvres un truc dont t'as déjà entendu quand t'étais gosse, quand t'étais au collège : "Ouais L'Amazonie, c'est loin...". Mais là, ça te fait découvrir comment ils vivent, c'est quoi leur quotidien. Du manioc, c'est quoi du manioc ? C'est un bout de bois et eux, ils le mangent ! C'est une plante à la base mais assez bizarre, autant pas se mentir. Eux arrivent à faire de la cuisine avec ça, alors que nous, on serait là : « Du manioc ? », on s'en servirait comme bâton. Ça m'apporte ça : de découvrir d'autres choses que je suis intéressée de savoir." De plus, elle apprécie les programmes qui traitent des animaux là aussi pour comprendre la façon dont ils vivent. Ce regard ne coïncide pas avec une crainte du réchauffement climatique sur l'existence ou l'extermination des animaux.

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Les médias participent donc à cette socialisation au développement durable, notamment en dramatisant les dommages causés à l'environnement. Or, cette dramatisation aurait deux effets négatifs. D'une part, le sociologue Olivier Borraz élabore la théorie des risques sanitaires. Il souligne qu'une moindre familiarité d'un individu sur un sujet dit à "risque" accroît son inquiétude à ce sujet. Le réchauffement climatique est vu sous deux approches contradictoire : l'une accuse l'homme de ce réchauffement, l'autre considère cette hausse des températures inévitable (quelque soit l'activité humaine). Cet incertitude accroît l'inquiétude des individus à ce sujet. D'autre part, l'utilisation de ce discours dramatique pour changer les comportements peut au contraire produire l'effet inverse. Cela induit une crainte tellement forte qu'on ne sait pas comment combattre ce réchauffement. Il conviendrait au contraire de mettre en avant les effets positifs qu'engendreraient des changements de comportements. Également, le développement durable, plus que le réchauffement climatique se traduit souvent en terme de jugements moraux dans les médias. Il y aurait des attitudes "bonnes" ou "mauvaises" à adopter pour modifier les comportements. Ils insistent aussi sur l'importance des "générations futures" or cela concerne des personnes qui ne sont pas encore nées. Cela ne touche pas le quotidien des individus. Deux sociologues américains ont réalisé des études sur les réactions des individus face à la politique : Nina Eliasoph (1990) et David Buckingham (2000) ont mis en avant trois types de réactions. Ces réactions sont aussi propres à la connaissance du développement durable. Tout d'abord, les "citoyens concernés" sont les personnes compétentes sur le domaine, qui adoptent des jugements politiques particuliers. On suppose un niveau de diplôme plus élevé. On reconnaît en particulier les analyses faites par Mathieu et David sur le développement durable. Pour autant, ils ne regardent pas la télévision. Ensuite, le style "timide" renverrait aux personnes qui abordent surtout les clichés diffusés médiatiquement. On retrouve davantage l'attitude de sept personnes. Le développement durable est souvent évoqué s'agissant des "générations futures", terme ré-utilisé par les individus sans pour autant savoir à qui renvoient précisément ces générations. Ces représentations sont encore floues car éloignées de la réalité quotidienne de chacun. Issus de milieux sociaux variés, ces individus s'informent via différents supports médiatiques mais leurs discours suivent le registre de la vulgate, notamment dans leur définition du développement durable. Enfin, le style "irrévérencieux" concerne les personnes qui pratiquent le "cynical chic" autrement dit elles exagèrent leur ignorance et leur désintérêt vis à vis de la politique et du développement durable (ou les affichent comme un choix). Ce "cynical chic" est une façon défensive de lutter contre des accusations d'ignorance ou de paresse. Chantal, Melody, Anne et Fatima sont particulièrement concernées. Issues de milieux sociaux défavorisés, elles ne se sont jamais véritablement intéressées au développement durable. Ce manque d'intérêt pour le développement durable se justifie par des conditions de vie difficiles au quotidien : l'intérêt est porté ailleurs. Donc, le positionnement social de l'individu influe sur le degré de connaissance du développement durable (au niveau local et/ou national). Mais, pour atteindre concrètement les personnes, le traitement médiatique devrait progressivement évoluer. Les médias devraient insister sur l'impact positif de changements de modes de vie (et non dramatiser la situation). Il s'agirait aussi d'insister sur le quotidien des personnes. A titre d'exemple, l'utilisation des transports en commun permet de réaliser des économies financières grâce à l'absence d'utilisation de la voiture. Les médias jouent donc un rôle dans cette socialisation au développement durable. Il en est de même pour toutes les instances éducatives que nous allons présenter ci-dessous.

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C- Socialisation éducative au développement durable Cette socialisation s'établit sous trois principaux aspects. Tout d'abord, la scolarité de l'individu (de l'école aux études supérieures) est une source de socialisation aux problématiques du développement durable. Ensuite, la fréquentation de centres de loisirs et de centres de vacances participe aussi à cette sensibilisation. Enfin, les expériences professionnelles (stages, emplois) de la personne sont aussi à prendre en compte. Ici encore, il était très délicat d'aborder les années de l'enfance d'Anne au vue de la maltraitance qu'elle a subie. De plus, elle n'est quasiment pas allée au collège.

a)

Scolarité (école, collège, lycée)

Tout d'abord, la scolarité de l'enfant intervient dans sa socialisation au développement durable. La Charte d’Éducation à l’environnement de 1977 stipule que l’éducation à l’environnement doit permettre aux élèves "de s’abstenir de toute destruction, de toute perturbation inutile du milieu naturel et d’éviter le gaspillage." Cette préoccupation est apparue très tôt, même avant le concept de développement durable en tant que tel. Les personnes interrogées dans les entretiens étaient scolarisées à l'école et au collège dans les années 1990. Certaines sont aussi allées au lycée dans les années 2000. A l'aide de quelques programmes scolaires des années 1990, nous verrons ce que les individus ont visiblement retenu. Six personnes se souviennent de certains thèmes abordés de l'école au lycée. Si toutes étaient capables de m'expliquer ce qu'elles avaient retenues, cela ne s'est pas pour autant traduit par un changement fondamental dans la vie quotidienne. Tout d'abord, il y a des souvenirs de journées axées sur l'environnement à l'école primaire. Ces sorties coïncident avec deux notions abordées par les sciences et technologie durant le cycle 3 : la diversité du monde vivant (faune et flore) et la matière : le tri des déchets, le recyclage, le cycle et la qualité de l'eau. Voici quelques compétences supposées acquises sur ces notions : " – Être capable d'identifier des matériaux différents pour les trier. – Prendre conscience de l'importance des déchets dans la vie quotidienne. – Intégrer un comportement raisonnable. – Être rigoureux dans son action de tri. – (...) Intégrer un comportement responsable et civique par rapport à la gestion de la ressource en eau. " Un manuel scolaire explique qu'il faut trier les déchets, ils "encombrent notre société (...) Quel cadeau empoisonné pour l'environnement !" ou encore "Il faut purifier l'eau pour la rendre potable." Le manuel n'explique pas la source de déchets mais se concentre sur l'action du tri. Les individus interrogés en ont fait de même.

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Présentons désormais précisément ce que les individus ont retenu. Sophie a visité une ferme avec sa classe et Mathieu est parti en classe verte dans les montagnes. Il se souvient qu'on lui ait expliqué clairement comment protéger un milieu (surtout au niveau des roches). Quand il avait 10 ans, Nicolas a passé une journée « verte » dans un parc, à Rezé pour constituer un herbier. Puis, Sophie et Chantal ont visité des stations d'épuration. Les professionnels ont expliqué aux enfants le cycle de l'eau et en particulier la façon dont l'eau polluée était traitée pour arriver potable dans les robinets. Chantal se souvient aussi d'un aparté sur le tri des déchets. Mais, cela n'a en aucun cas modifié son comportement à la maison : " – Station d'épuration... Tu vas aller visiter des déchetteries... – Et qu'est-ce que t'en as retiré de ça ? – Que l'eau pouvait être super polluée et qu'il fallait beaucoup de traitements pour la dépolluer. Pour les déchets, qu'ils étaient trop stockés et qu'ils avaient des gros soucis après avec ça, donc c'est pour ça qu'il fallait trier. – C'est ce qu'on vous disait ? – Oui. Autrement, on nous aurait pas montrer la déchetterie... – Quand t'as entendu ça, ça t'a fait réfléchir ou t'es rentrée ou.... (signe d'exaspération) – Ah non ! Je suis rentrée et puis j'en avais rien à foutre ! Ça a pas changé grand chose !" De vagues souvenirs demeurent à l'esprit de l'individu mais cela ne se traduit pas forcément par un changement fondamental de comportements. Ensuite, trois individus ont insisté sur l'approche de la nourriture (produits locaux ou biologiques) pendant leur scolarité. Tout d'abord, par l'intermédiaire de l'école primaire, Sophie est partie quelques jours visiter une ferme. Ses camarades et elle-même ont appris à fabriquer des produits locaux et en particulier le beurre. Désormais, elle ne s'y intéresse plus et n'aurait pas le temps de fabriquer du beurre par elle-même. Les programmes "Découverte du Monde " de cycle 2 de 1995, dans le thème de la matière, soulignent la nécessité de savoir la transformer mais ce, davantage dans l'optique de comprendre comment fabriquer un produit (ordre logique) que dans l'optique de manger sainement. Voici des exemples de compétences : "Discerner des analogies et des différences ; Lire une fiche technique ; Émettre des hypothèses et les vérifier". Il n'y avait pas encore la préoccupation de manger sainement. Ensuite, Fatima, au collège, a le souvenir que son professeur de Sciences de la Vie et de la Terre lui ai parlé de la nourriture biologique et de ses bienfaits pour la santé. Pour autant, elle n'en a pas parlé à sa mère. Enfin, David a suivi une formation intitulée "Techniques de Vente, Conseil Qualité Alimentaire" dans le cadre de son Baccalauréat Professionnel de Commerce. Il était formé sur la vigilance à adopter vis à vis de la nourriture : "On a eu des formations sur le bio, sur les produits... Les "bons" produits. Bien manger, bien se nourrir, pourquoi tel produit, faire attention comment tu congèles, faire attention aux bactéries quand tu manges.". Nous l'avons vu : ses habitudes alimentaires quotidiennes n'illustrent pas un véritable souci pour une alimentation saine et variée (chips...). Également, Nicolas et Melody se souviennent de l'éducation civique. Scolarisée par le Centre National d'Enseignement à Distance (CNED), Melody n'a pas suivi une formation scolaire comme d'autres individus. Elle n'a pas cité d'exemples concrets, seulement de vagues notions d'éducation civique : "Le respect des personnes, la politique.". En revanche, Nicolas a des souvenirs plus précis, en Seconde, il était âgé de 16 ans donc plus âgé et plus à même de comprendre certaines problématiques. L'exercice était centré sur la façon de chauffer un logement. Il est le seul à mentionner une véritable sensibilisation au cours de sa scolarité sur le développement durable : 76/148


« – Pour nous parler des différentes façons de chauffer une maison, des différents aménagements, c'était des questions qu'ils nous posaient : « Qu'est-ce que toi tu fais ? Estce que toi, tu chauffes ta maison au gaz, à l'électricité, au fioul ? ». On a fait un exercice làdessus et on a dit : « ça, c'est pas bien, ça c'est bien, ça c'est mieux. – (…) T'en as retiré quelque chose de cet exercice ? – Oui, oui ! J'avais déjà entendu parlé de ces choses là avant, je savais qu'il y avait des gestes à adopter. Ça faisait une piqure de rappel qu'était bonne pour tout le monde, même pour moi : ça m'a donné encore plus envie d'adopter de nouveaux gestes. »

Les programmes de Seconde de 2002 de la matière "Éducation Civique, juridique et sociale" indiquent les termes suivants : "De la vie en société à la citoyenneté" qui s'entend comme étant "La découverte de la citoyenneté (...) à partir de l'étude de la vie sociale que l'élève peut comprendre pour remonter, par analyse, à sa source politique et à sa construction dans le temps. Des objets d'étude, choisis dans la vie sociale, servent de base à ce travail et permettent de faire découvrir par les élèves une ou plusieurs dimensions de la citoyenneté. (...) ." Quatre thèmes far appartiennent à cette matière : Citoyenneté et civilité, Citoyenneté et intégration, Citoyenneté et travail, Citoyenneté et transformation des liens familiaux. Les conseils fournis à Nicolas et ses camarades sur la façon de chauffer une maison se situent probablement dans le thème "citoyenneté et intégration". Le traitement de l'un de ces thèmes se traduit ensuite par la mise en place d'un débat, choisit par les élèves et le professeur, à partir de l'actualité (le développement durable en faisant partie). Nicolas ne semblait pas se souvenir du débat en tant que tel mais davantage des questions posées. En revanche, les échanges ayant lieu en cours semblent l'avoir marqué. De même, deux étudiants ingénieurs, Axel et Natacha, ainsi que Laure se souviennent uniquement de l'étude de la géologie au lycée ou à l'université en Sciences de la Vie et de la Terre (SVT). Nous nous référerons aux programmes du début des années 2000. La deuxième partie des programmes de SVT de 1ère S s'intitule "Structure, composition et dynamique de la Terre" et elle ne présente que des caractéristiques de la planète : "Structure et composition chimique de la terre interne", "La lithosphère et la tectonique des plaques"... En aucun cas, la protection de l'environnement ou le réchauffement climatique n'apparaît. On comprend pourquoi Axel, Natacha et Laure ont uniquement retenu ces éléments. Laure a aussi étudié en Licence de SVT. Elle a reçu deux avis contradictoires sur le réchauffement climatique. Elle n'a pas su et ne sait toujours pas comment se situer sur ce sujet. Si un professeur lui a inculqué que ce réchauffement était lié à l'activité humaine, un autre a souligné le contraire. Ce type de contradiction s'entend en écho avec l'attitude des médias. Même si les programmes scolaires des années 1990-2000 abordent le thème de l'environnement (pas forcément du développement durable), ils ne se traduisent pas véritablement pas des changements fondamentaux de modes de vie. Ils participent cependant à la façon de penser de l'individu : toutes les personnes interrogées se souviennent de sujets abordés.

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b)

Centre de loisirs et de vacances

Ensuite, la fréquentation de centres de loisirs et de centres de vacances participe à la socialisation de l'individu. Un centre de vacances peut être pris en charge par une association. En revanche, tout centre de loisirs travaille en collaboration avec les élus d'une ville. Un projet éducatif ressort de ces échanges. L'équipe d'animation (la direction et/ou les animateurs) élaborent ensuite un projet pédagogique qui déclinent des objectifs plus précis. Tout centre de vacances dispose également de son projet pédagogique. Le projet d'animation, véritable guide des activités, doit répondre aux objectifs du projet pédagogique. A titre d'exemple, l'objectif d'un projet pédagogique peut être le suivant : "Poursuivre des actions de sensibilisation à l'environnement". Dans le projet d'animation, cela se traduirait par des activités axées sur la fabrication d'objets à partir d'éléments naturels (petit moulin à vent), l'apprentissage de la plantation, la découverte de la biodiversité ect. Dans les entretiens, la satisfaction des activités au centre de loisirs ou de vacances est partagée par tous. Or, l'apprentissage sur le respect des autres, de l'environnement ou du patrimoine l'est nettement moins. En effet, sur les six individus ayant été accoutumés aux centres de loisirs ou de vacances, seulement deux se souviennent d'une socialisation plus précise. D'une part, David est parti en centre de vacances dans le centre de la France, en montagne. Le thème du séjour était axé sur "Découverte du patrimoine". Ce séjour a accru sa curiosité sur le patrimoine et l'architecture des bâtiments. D'autre part, quand elle partait en vacances chez son père, tous les étés, Sophie se rendait au centre de loisirs (de ses 8 à ses 12 ans). Sans avoir été sensible au patrimoine comme David, elle se souvient de rituels propres à l'hygiène, à l'entraide, au rangement du matériel et au fait de placer les déchets à la poubelle : " – T'as des souvenirs qu'ils aient pu te sensibiliser à respecter l'environnement, à respecter la nature ? – Les papiers, il fallait tout le temps les mettre dans la poubelle. Quand on faisait une activité, il fallait tout ranger, tout remettre à sa place. Se laver les mains avant de manger. C'était le rituel : on met son manteau, on se lave les mains puis on va manger. On débarrasse aussi, on sert les autres. Par rapport à l'environnement, je me souviens que des déchets à mettre à la poubelle." Cette fréquentation régulière du centre de loisirs développe chez tout enfant l'apprentissage de l'entraide, du savoir-vivre ensemble, du respect de l'autre, du matériel et de l'environnement. Les autres individus n'ont pas parlé de ces notions. Pour autant, ces éléments devront davantage être pris en compte par les villes au vue de l'enjeu que représente le développement durable.

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c)

Expériences professionnelles diverses

Enfin, les expériences professionnelles (stages, emplois) de l'individu participent aussi à sa socialisation au développement durable. Des socialisations différentes apparaissent selon les groupes professionnels. Tout d'abord, les quatre étudiants ingénieurs d'École Centrale reçoivent une formation spécifique axée sur le développement durable. Ils visitent des entreprises et reçoivent des professionnels de ce domaine. Les étudiants ont aussi réalisé des stages dans le cadre de leur formation. Ces stages leur permettent d'obtenir une vision concrète du travail d'ingénieur axé sur le développement durable. A titre d'exemple, Jean-Philippe, en 2009, a réalisé un stage dans une entreprise de conseil. Il travaillait dans la cellule "Développement Durable" de l'entreprise. Il a réalisé une évaluation de performances environnementales de bâtiments. Ensuite, trois volontaires du service civique et Fatima sont animateurs pendant les vacances scolaires. Les interroger sur les valeurs qu'ils transmettent aux enfants était aussi une façon de connaître leurs priorités. Fatima est la seule à insister sur les informations à transmettre aux adolescents sur l'ouverture européenne et internationale de Nantes. Sophie et Nicolas soulignent en priorité l'apprentissage des règles de vie en collectivité tels que le respect d'autrui, l'entraide... Le respect de l'environnement se traduit par l'obligation de jeter ses papiers à la poubelle : "Sur la question du tri, on a fait des trucs simples. Mais sinon, c'était surtout à nous de leur remarquer les choses lorsqu'il y a un truc qui nous convenait pas, ou ils font un truc qu'est pas normal : un papier de gâteau, il le jette par terre, hop tu reprends l'enfant, tu lui expliques. C'était pas un gros truc axé sur l'écologie" (Nicolas, 19 ans, Unis-Cité). David a travaillé en tant qu'animateur dans un centre de vacances au Canada. Il insiste sur plusieurs valeurs : la vie en collectivité, "la débrouille" entendue comme la vie dans la nature accompagnée d'un matériel très rudimentaire, l'auto-gestion et le respect de la nature. Également, Mathieu et Chantal interviennent dans le projet Média-Terre à Unis-Cité, qui les socialise sur des éco-gestes à adopter. Le projet se base sur le porte à porte auprès de personnes issues de quartiers défavorisés (type Bellevue) pour leur expliquer comment adopter ces gestes. Ces volontaires sont plus enclins que d'autres à privilégier ces pratiques au quotidien. Depuis 2008, Fatima travaille au sein de la société « AlloRadioTaxi » à Saint Herblain, comme standardiste. La société réalise le tri des déchets, elle est donc contrainte de l'effectuer. De même, un échange avec une collègue l'a induit à réfléchir sur les produits biologiques. Cet exemple illustre que sans recevoir une formation sur le développement durable, les échanges informels participent à la socialisation : « Avant hier, on en parlait au travail, et j'ai une collègue qui ne prend que des produits bio. Elle expliquait que c'était plus sain, peut-être plus cher mais ça valait le coup, car il y a plein de pesticides sur les autres. Ça m'a fait un peu réfléchir, je l'ai expliqué à ma mère. Elle m'a dit qu'elle fera attention la prochaine fois. » Enfin, Melody et Anne, stagiaires au sein de l'École de la Deuxième Chance, apprennent la vie de groupe, apprentissage quasiment nouveau pour certains d'entre eux. 79/148


Donc, le parcours scolaire de chaque individu (étudiant, volontaire du service civique...) induisent une sensibilité particulière à l'environnement et au vivre-ensemble. Les voyages qu'un individu a pu réaliser au cours de sa vie jouent aussi un rôle.

D- Perception du développement durable grâce aux voyages réalisés Les voyages réalisés par les individus sont également des sources de socialisation. Ces voyages ne sont pas perçus de la même façon selon les personnes et selon la durée du séjour. Ils engendrent aussi des points de vue divergents. Sauf Anne, tous ont connu d'autres villes que Nantes. Nous ne traiterons que des voyages ayant été significatifs dans la vie de la personne. La question que je leur posais était récurrente : "Qu'est-ce qui t'aurait marqué ?". Là aussi, je ne souhaitais pas guider la personne dans sa réponse. Des intérêts divergents apparaissent sans similarités sociales et sexuées précises. Tout d'abord, le fonctionnement du pays est souligné. Ensuite, est mis en avant le comportement des individus dans le pays (individus stressés ou chaleureux). Enfin, le fait d'avoir vu, voire vécu des situations de pauvreté au cours d'un voyage, permet de relativiser sur la vie en France. Tout d'abord, plusieurs thèmes sont liés au fonctionnement d'une ville : l'absence de voitures, la valorisation des transports en commun, " l'organisation " de la ville et le respect de l'environnement sont appréciés. Fatima, animatrice, a souligné l'absence de voitures dans le centre-ville de Strasbourg et Nicolas, volontaire du service civique, à Munich. Ils ont apprécié de se déplacer dans un centre-ville sans véhicules et souhaitent que cela se produise aussi à Nantes. De plus, à la Toussaint 2010, Jean-Philippe, étudiant ingénieur, est parti trois jours à Stockholm (en Suède) et trois jours à Copenhague (au Danemark) pour rendre visite à des amis. Le fonctionnement de la ville de Stockholm renverrait à un « modèle scandinave »: cette ville serait propre, sans pollution et plus "organisée" que les villes françaises. Il apprécie aussi l'architecture en bois, assez peu développée en France et notamment à Nantes. De même, Vicky, étudiante, a vécu à Séville jusqu'à ses 26 ans et oppose radicalement cette ville à Nantes du point de vue de son "organisation". Il aurait été intéressant d'approfondir ce que chacun entendait par cette notion : « A Séville, toutes les choses sont très chaotiques, tous les transports, c'est... Par exemple, les chantiers, c'est très chaotique. Quand t'arrives ici, c'est tout : très ordonné, très structuré, tout fonctionne bien ! (…) » . De plus, l'été 2008, David, volontaire du service civique, est parti travailler au Canada où il a constaté la propreté et le respect de l'environnement. Il a fourni des critiques très précises de Nantes. Enfin, Natacha et Jean-Philippe se sont rendus en Angleterre dans le cadre de leurs études (stage). Si Jean-Philippe se souvient de la tarification pour accéder au centre-ville (idée qu'il a d'ailleurs proposé pour Nantes), Natacha a mis en avant d'autres éléments. L'importance du réseau de transports en commun (en car) et la faiblesse du prix proposé lui ont permis de se déplacer facilement : " En Angleterre, le réseau de cars est beaucoup plus développé qu'en France. Ici, moi, j'ai découvert récemment où était la gare routière à Nantes. En France, t'as pas le réflexe de prendre le bus alors qu'en Angleterre, ils le prennent plus parce que c'est moins cher." Elle avait clairement mentionné le souhait d'un développement du réseau de transport en commun, à Nantes.

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Ensuite, les attitudes individuelles selon les pays ne sont pas les mêmes. Des perceptions différentes en ressortent. Axel et Mathieu ont voyagé dans plusieurs pays avec leur famille. Ils étaient tous les deux sensibles à l'ouverture d'esprit et l'attitude chaleureuse des personnes. Axel est allé en Norvège, au Brésil, en Grèce et au Pérou. Il souhaite s'engager dans l'humanitaire en Amérique Latine. A titre d'exemple, la Norvège l'a marqué s'agissant de l'honnêteté des personnes et de l'absence de craintes de vols : « Ce qui m'a marqué, c'est la mentalité des Norvégiens. Ils laissent les clés sur la voiture à un parking, si jamais elle dérange, que les gens puissent la bouger. (…) Ils ont des routes en terre qu'ils doivent entretenir. Ils mettent des petits péages à l'entrée de ces routes là. Il y a personne qui garde le péage. T'arrives, tu mets de l'argent et tu pars mais personne vérifie ce que t'a mis et tu pourrais rien mettre, personne le verrait ! Sauf qu'ils le font tous, ils mettent tous de l'argent. Ça, ça m'a vraiment marqué. ». De même, Mathieu a voyagé en Crète et en Irlande. En Irlande, il a véritablement apprécié l'absence de barrières sociales dans les pubs où tout le monde s'y réunit pour boire une bière. Il a souvent remis en cause les catégories sociales de notre société, notamment en remettant en cause la démocratie participative qui rassemble des individus issus de mêmes groupes sociaux. Enfin, la pauvreté au cours de voyages a aussi pu marquer les souvenirs individuels : au Sénégal, au Maroc, en Hongrie et en République Dominicaine mais aussi en France. Melody, stagiaire à l'École de la Deuxième Chance, a vécu en caravane avec sa famille. Ils ont voyagé dans la France entière et même à l'étranger (Maroc et Hollande). Ayant vécu dans une situation précaire, elle explique clairement avoir appris à se débrouiller malgré les difficultés du quotidien :"Oui, des sacrés souvenirs de paysages, de personnes que j'ai rencontrées là-bas. Des souvenirs de prudence, tu deviens plus prudent car tu connais plus de choses que d'autres personnes. (...)". David a lui aussi vécu dans des conditions difficiles à Luçon. Son appartement n'était pas correctement isolé et il a du affronter l'hiver malgré tout: " Quand tu vis ce genre de choses, je suis contente de les avoir vécues, ça permet de relativiser sur plein de choses et c'est bien. (…) J'ai passé l'hiver à dormir habillé ou avec des grosses couvertures, tu te débrouilles ! (…) ». David et Melody ont tous les deux mis en avant la nécessité de veiller à son argent désormais et pas forcément à l'environnement. Donc, les différents endroits vus et vécus par les personnes forgent leurs façon de penser sur le développement durable. Les voyages dans des pays situés en Afrique permettent, un instant du moins, de relativiser sur la richesse et le confort de vie propre à la France et à Nantes. De même, le fait d'avoir vécu dans des conditions matérielles particulières (caravane par exemple) permet de relativiser sur sa situation actuelle. Cela permet aussi de comprendre où réside l'absence de préoccupation pour l'environnement pour certains individus. En revanche, les pays du Nord sont des exemples d'ouverture d'esprit, de chaleur humaine et d'avancées en matière de développement durable qui ne se retrouvent pas en France, et là encore à Nantes. Les individus, sensibles aux mentalités dans d'autres pays, sous-entendent que les français sont moins ouverts d'esprit, moins sensibles à l'entraide, la solidarité et à la cohésion. Ces notions, sous-jacentes au développement durable, sont complexes à élaborer. Elles sont liées à la culture du pays. Tout pays évolue selon sa propre histoire. La notion de mixité sociale, prônée depuis les années 2000 par les pouvoirs publics est donc complexe à envisager. Même si des aménagements favorisent cette mixité, cela ne signifie pas un changement des mentalités au quotidien. Une évolution des mentalités se réalise au fur et à mesure des années.

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Le développement durable s'entend aussi comme une notion par laquelle l'individu est socialisé depuis son enfance jusqu'à maintenant par différents milieux : la famille, l'école, les médias... Plus un individu est issu d'un positionnement social élevé, plus il est conscient de l'enjeu du développement durable. L'action de Nantes Métropole pour sensibiliser ses habitants au développement durable est aussi à prendre en compte.

Socialisation au développement durable par le territoire A- Comment transmettre l'information aux habitants ? Nantes Métropole intervient dans la socialisation de ses habitants au développement durable. Plus la démarche de concertation dans une collectivité est présente, plus elle communiquerait ses mesures aux individus et plus elle les sensibiliserait vis à vis du développement durable. La décentralisation, loi votée en 1982 en France, a transféré des compétences auparavant propres à l'État aux collectivités territoriales. Un enjeu réside à partir de ce transfert : les collectivités doivent saisir cette opportunité pour favoriser une communication de proximité, permettant l'échange entre le citoyen et la ville. Or, un individu est surtout informé de façon unilatérale (sans possibilité d'échanges) à travers multiples supports que nous expliquerons. En revanche, le Conseil de Développement et les Conseils de quartier sont des instances permettant un échange réciproque. De plus, le Conseil de développement, structure de démocratie participative, intervient dans le cadre de la problématique du développement durable. Certes, structure de démocratie participative mais comment cela se traduit-il concrètement ? Tout individu dispose-t-il d'autant de probabilités d'affirmer son opinion pour améliorer le fonctionnement de sa ville ? Nous nous appuierons sur les quatre observations réalisées lors des séances de travail avec les volontaires du service civique. D'une part, Nantes Métropole transmet des informations sur le développement durable à ses habitants via plusieurs dispositifs. Tout d'abord, le courrier reçu par chaque habitant comporte des informations locales : Nantes Passion à titre d'exemple. Le questionnaire de "Ma Ville Demain" propre à la démarche du projet de territoire était diffusé dans le journal de Nantes Métropole (aussi sur internet). Trop souvent glissé entre deux courriers, il termine à la poubelle. Ce questionnaire intitulé "Ma Ville Demain" servirait de base aux élus pour élaborer le projet de territoire. De même, la carte de Tri-sacs qui permet de prendre ses sacs gratuitement est envoyé par courrier. En revanche, cette carte se glisse parmi les multiples publicités et finit là aussi à la poubelle, sans même que l'habitant ne la remarque : " On a peut-être reçu un papier... Mais tu le reçois deux semaines à l'avance, moi j'avais zappé !" (Natacha, 22 ans, étudiante à École Centrale)

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Ensuite, de nombreuses entrées d'immeubles disposent d'un affichage sur le tri des déchets (où se les procurer, quand, comment ?). En revanche, les habitants de pavillons ne disposent pas de ce type d'informations. Pendant la semaine du développement durable en 2011, nombreux affichages en ville ont été diffusées. Ils étaient axées sur les économies financières. Le message suivant était inscrit :"Le développement durable, pour le fric, c'est déjà bien" accompagné d'une photographie d'un homme d'une trentaine d'années, le visage neutre, sans expression. Ce type de slogan ouvre une nouvelle façon de sensibiliser au développement durable pour toucher le quotidien des personnes. Pour autant, cette campagne ne fut pas prônée lors de la journée de l'Agenda 21. Également, des événements culturels socialisent au développement durable, à titre d'exemple le festival Ecolo'tidien eut lieu du 28 mars au 9 avril 2011, à Nantes. Diverses actions étaient organisées : concerts, petit déjeuner biologique, défilé de vêtements fabriqués à partir de produits biologiques... Les sites internet de la ville de Nantes et de Nantes Métropole sont aussi des sources d'information très enrichissantes sur le développement durable. Mais ils nécessitent un effort de la part du citoyen. Multiples informations sont communiquées allant d'une cartographique du réseau Bicloo à la mise à disposition de fiches-pratique sur la façon de favoriser la biodiversité dans son jardin, de se déplacer... Ce sont des fiches "éco-gestes". A titre d'exemple, l'une s'intitule : " L'alternative à la voiture, les transports en commun". Elle illustre une cartographie du nombre de kilomètres parcourus des communes de l'agglomération au centre-ville nantais. Or, tout individu ne réalise pas forcément ce trajet tous les jours. De même, la personne est amenée à calculer le coût financier de son trajet en voiture à l'aide d'un "écocalculateur". Or, il aurait été judicieux d'insister également sur le gain de temps permis selon les moyens de déplacement. Sur le site internet, un numéro de téléphone est aussi à disposition des citoyens pour appeler le service "AlloClimat" et obtenir des informations sur la façon de réaliser des économies d'énergie. De même, fin 2011, la ville de Nantes s'ouvrira à l'open data : c'est l'accès pour tout citoyen aux données publiques. Les trois premiers champs de données retenus sont la mobilité, l’environnement et la culture. Le Plan Climat et l'Agenda 21 sont également mis à disposition sur internet. Or, ils ne sont pas aussi détaillés que sur leur support papier. Ces documents sont présents au Conseil de Développement, autre instance éducative du développement durable. Cette structure s'inscrit aussi dans la démarche de cette thématique : la démocratie participative.

B- Le Conseil de Développement a)

Présentation générale de la structure.

Le Conseil de Développement, institué depuis la loi Voynet de 1999, est la structure de démocratie participative de Nantes Métropole. Cette organisation était présente depuis 1996 sous un autre appellation : la Conférence Consultative d'Agglomération. Cette structure est composée de six délégations : Ambition et attractivité, Économie, Emploi et Développement, Modes de vie, comportements sociaux, Territoires de vie quotidienne (Déplacements, Urbanisme, Habitat, Prévention des risques, Déchets...), Enjeux du développement durable (économiques, sociaux et environnementaux), Nouveaux médias, nouveaux réseaux numériques et le Pôle de réflexion territoriale sur le sport. Chaque délégation est dirigée par deux ou trois personnes qualifiées dans le domaine. Le Conseil de Développement organise des assemblées consultatives où tout citoyen est convié à émettre son avis et à débattre sur un sujet. Des rencontres sont aussi organisées avec des personnalités économiques, politiques... telles que le Directeur Général des Services de Nantes, le Vice-Président de Nantes Métropole, chargé des déplacements, des enseignants de sociologie, le directeur de publication de la revue Alternatives Économiques... 83/148


Mr Audic est le président du Conseil de Développement et de multiples autres structures. Ce Conseil est aussi composé de deux permanents : Gabriel Vitré et Brigitte Simon. Mr Vitré s'occupe davantage de la rédaction de multiples comptes-rendus et des discours de Mr Audic. Ainsi, lors des réunions, il accompagne le président mais ne prend pas la parole au début des assemblées. Mme Simon s'occupe du budget du Conseil, de la partie secrétariat (téléphone, réponse aux mails...). Avant les réunions au Centre de Communication de l'Ouest (CCO), elle prépare les salles. Pendant les réunions, elle a le micro en main pour permettre aux citoyens de s'exprimer. A la fin d'une séance, elle s'occupe du don de tickets et de cartes de stationnement. Toute personne membre du Conseil qui se déplace a droit à deux tickets pour utiliser les transports en commun et un bon de stationnement pour ne pas payer. C'est une façon d'inciter l'individu à se rendre gratuitement aux assemblées organisées.

b)

Séances de travail avec Unis-Cité

Avant le début de mon stage, Mr Vitré m'avait expliqué que plusieurs séances de travail avec le groupe Unis-Cité auraient lieu. Deux réunions s'étaient tenues en décembre 2010 et en janvier 2011 pour expliquer l'organisation des séances de travail. Ne connaissant pas encore le positionnement social des individus, ni le déroulement d'une séance, il m'était complexe de réaliser deux observations. Par la suite, plusieurs réunions ont été planifiées. Chaque séance de travail rassemblait entre cinq et huit volontaires du service civique pour débattre sur un thème particulier : Habitat, Développement durable, Mobilité, Rapport à la loi... Avant chaque séance, Mr Vitré rédigeait un guide du travail à réaliser par chacun. Il m'a très souvent consultée pour que je lui fournisse mon avis. L'ensemble des observations a eu lieu entre février et mars. Les volontaires du service civique se connaissent depuis septembre 2010, soit car ils travaillent dans la même équipe ou car ils ont pu échanger plusieurs fois lors des soirées organisées. Les quatre séances se sont déroulées de la même façon. Au début, Mr Vitré prenait la parole et un ou deux membres du Conseil l'accompagnaient. Il présentait le déroulement de la soirée : pendant trente minutes, les volontaires restaient avec moi pour débattre librement. Le guide fourni présentait un jeu de rôles. A titre d'exemple, la séance de travail axée sur l'habitat plaçait les volontaires comme des urbanistes chargés de construire une ville (Edenland). Pendant une demie-heure, je restais avec les volontaires soit en essayant de conduire le débat ou au contraire de les laisser s'exprimer librement. J'essayais aussi de distribuer la parole aux personnes qui ne la prenaient pas ou peu d'elles-même. Après ces échanges libres, Mr Vitré et les autres membres du Conseil revenaient dans la salle. Un compte-rendu des idées essentielles était présenté et s'en suivait un débat plus approfondi d'une heure. A la fin, un sandwich et une boisson étaient proposés aux volontaires du service civique. Comme disait Mr Vitré, "tout travail mérite salaire". Cette fin de réunion permettait de poursuivre quelques échanges dans un cadre moins formel. C'est aussi au cours de ces fins de réunions que quelques individus confessaient la joie de participer à ce type d'expérience (être consultés). D'une part, des facteurs sociaux influent sur la capacité et la volonté de chacun de s'exprimer en public : le niveau d'études, l'investissement associatif et parfois le sexe jouent un rôle. Plusieurs tableaux seront présentés selon les séances de travail. Dit autrement, le point de vue des individus issus d'un positionnement social élevé est accepté, ce qui inciterait les personnes issues d'un statut inférieur à se taire. D'autre part, sans se centrer sur chaque séance en particulier, le processus interactionnel est à étudier : la peur de s'exprimer devant autrui, le débat en lui-même avec ses formes de leadership et les décisions finales retenues.

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Facteurs sociaux Séance "Modes de vie, transports" Le guide rédigé par Mr Vitré expliquait que les volontaires devaient se glisser dans la peau d'élus pour élaborer la politique de transports de Nantes en tenant compte de certaines contraintes (environnementales notamment). Le guide proposait une opposition entre deux groupes sur les idées à proposer. En revanche, cette opposition n'a duré que cinq minutes. Rapidement, chaque individu s'est conformé à ses idées et a réalisé la complexité de défendre un jugement qui n'est pas forcément le sien. Il y avait quatre garçons et trois filles. Tout d'abord, les garçons sont plus nombreux à utiliser régulièrement leur vélo, ce qui justifie une attente précise sur ce sujet. En revanche, les filles sont les premières à penser à autrui et en particulier aux personnes âgées et handicapées dans l'utilisation des transports en commun. Ensuite, la répartition de la durée de parole et des thèmes abordés selon le niveau de diplôme montre clairement que plus une personne est diplômée, plus elle est à même de s'exprimer longtemps sur un sujet. La seule personne qui n'est pas diplômée a pris la parole pendant moins de trente secondes. A l'inverse, les personnes ayant réalisé des études supérieures ont parlé pendant plus de douze minutes ! La pertinence des idées proposées est assez bien répartie entre les titulaires de diplômes d'un niveau moyen et ceux d'un niveau supérieur. Enfin, l'investissement associatif humanitaire et social joue aussi un rôle, davantage sur la durée de parole que sur le contenu abordé. Les trois tableaux ci-dessous soulignent les idées évoquées. Temps de parole et contenus abordés selon le sexe :

Sexe

Thèmes abordés

Durée

Garçon - Absence de voitures, en réglementant progressivement le centre-ville, par 7 minutes l'implantation de zones. - Implantation massive de parkings sur la périphérie et utiliser l'auto-partage (avec d'autres voitures). Il serait complexe de créer un nombre trop important de parkings car cela impliquerait une hausse des impôts. - Gratuité des transports. - Sécurisation d'abris pour les vélos en particulier dans le centre-ville. - Sensibiliser les conducteurs à adapter leurs conduites en cas de présence de personnes âgées dans le bus (suite à la proposition des filles) Fille

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- Des tramways et des bus en circulation toute la journée. - Ré-utilisation d'un ticket qui n'est pas totalement "consommé" par une autre personne : le don de ticket. Cette pratique se fait à Rennes mais elle n'est pas imposée par la ville : solidarité. - Il faut faciliter l'accès de toute personne au tramway : aux personnes handicapées et aux personnes âgées. - Mise en place à l'année de "taxi-vélos" (comme en Chine) - Étendre le réseau des bicloo en dehors du centre-ville - Financer des recherches dans les voitures qui polluent moins.

10 minutes et 25 secondes


Temps de parole selon l'investissement associatif :

Investissement associatif

Durée de parole

Association humanitaire ou sociale

15 minutes

Association culturelle (musique)

50 secondes

Aucun investissement associatif

25 secondes

Temps de parole et contenus abordés selon le niveau de diplôme :

Niveau de diplôme

Thèmes abordés

Durée

Brevet des Collèges ou moins

Pas de crainte d'utiliser le plus possible sa voiture car proximité avec autrui non agréable dans les transports en commun.

25 secondes

CAP, BEP, Brevet Professionnel ou Baccalauréat

- Absence de voitures en réglementant progressivement le 3 centre-ville, par l'implantation de zones. minutes - Augmentation des impôts avec la création de parkings en et 10 périphérie. secondes - Ré-utilisation d'un ticket qui n'est pas totalement "consommé" par une autre personne : le don de ticket, comme c'est le cas à Rennes. - Il faut faciliter l'accès de toute personne au tramway : aux personnes handicapées et aux personnes âgées. Sensibiliser les conducteurs à adapter leurs conduites en cas de présence de personnes âgées dans le bus. - Des tramways et des bus en circulation toute la journée. - Mise en place à l'année de "taxi-vélos" (comme en Chine)

Baccalauréat + 2 ans, - Absence de voitures. 12 voire plus - Il faut contraindre les individus pour qu'ils changent leur minutes comportement. et 35 - Étendre le réseau des bicloo en dehors du centre-ville secondes - Implantation massive de parkings sur la périphérie et utiliser l'auto-partage (avec d'autres voitures). - Gratuité des transports - Sécurisation d'abris pour les vélos en particulier dans le centre-ville - Financer des recherches dans les voitures qui polluent moins.

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Séance "Projection, Modes de vie" Il y avait quatre garçons et quatre filles. Les volontaires du service civique étaient placés dans une situation d'interview, par groupe de deux : l'un était journaliste, l'autre, la personne interviewée sur différents sujets (lieu de vie, emploi...). Les rôles étaient ensuite inversés. Je n'ai pas observé les échanges réalisés par deux car je m'intéressais uniquement au débat. Je me suis en revanche concentré sur le débat instauré par Mr Vitré : ce débat partait des réponses aux différentes questions. Trois tableaux seront également présentés pour souligner que le sexe, le niveau de diplôme et l'investissement associatif influent sur la prise de parole. La séance se focalisant sur les projections personnelles, quelques thèmes abordés sont retenus. Les volontaires du service civique dressent un portrait assez noir de la société française sous plusieurs aspects : la société et les personnes au pouvoir, la société de consommation et le monde de l'entreprise. Ces volontaires ayant fait le choix de s'investir dans le monde associatif, ceci explique la remise en cause de ce secteur. Tout d'abord, si cette dénonciation est commune aux deux sexes, des constats différents apparaissent sur certains domaines. Selon les garçons, la société est individualiste. Les filles insistent sur le développement des classes moyennes dans la société. Autrement dit, elles évoquent l'aspect collectif. Selon un garçon, les personnes au pouvoir, issues de milieux aisés, ne sont pas à même de comprendre les classes populaires. Or, une fille pointe l'accent ailleurs : elle estime qu'une personne est au pouvoir pour afficher sa puissance, et pas forcément dans l'optique de défendre le bien-être général. C'est une façon totalement opposée de considérer le pouvoir. Ensuite, les garçons revendiquent les licenciements abusifs en entreprise et le manque de relations en son sein. La notion de productivité effraie les filles. Enfin, l'un des garçons souhaite partir de la France pour ne pas vivre dans un pays dépendant des nouvelles technologies. Ces nouvelles technologies engendreraient une aliénation de l'homme à la machine. Les filles critiquent le fonctionnement actuel de la société de consommation (acheter toujours plus) qui ne satisfait pas pour autant l'amélioration des conditions de vie. Puis, plus le niveau de diplôme s'accroît, plus le temps de parole augmente. De même, les contenus abordés diffèrent. Tout d'abord, les critiques de la société et du pouvoir se fondent à deux niveaux de diplômes radicalement opposés : l'individu très peu diplômé critique l'injustice du pouvoir et la personne davantage diplômée insiste sur le faux souhait de protéger les citoyens français. Cette personne a réalisé des études en sociologie et adopte un regard différent vis à vis des autres. Ensuite, la vision du monde de l'entreprise diffère. Parmi les personnes ayant réalisé deux années d'études supérieures après le baccalauréat, deux ont étudié dans le domaine du commerce. Elles fuient ce domaine. A l'inverse des autres personnes, elles ont pu donner des exemples concrets auxquels elles ont été confrontés pendant leurs stages. Le garçon qui n'a pas de diplôme critique la perte d'emploi liée à l'entreprise alors que les autres personnes insistent sur les conditions de travail. Enfin, de façon assez contradictoire, plus une personne est diplômée, plus elle critique les nouvelles technologies alors qu'elle en est dépendante. Enfin, l'investissement associatif joue aussi un rôle sur le temps de parole. C'est surtout l'investissement dans une association humanitaire ou sociale qui influe sur la durée de parole de l'individu. Les trois tableaux ci-dessous soulignent les idées précédemment évoquées.

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Temps de parole en fonction de l'investissement associatif : Investissement associatif

Durée de parole

Association humanitaire ou sociale

4 minutes

Association culturelle (musique)

2 minutes

Association sportive

2 minutes et 40 secondes

Aucun investissement associatif

2 minutes et 35 secondes

Temps de parole et contenus abordés en fonction du sexe : Sexe

Thèmes abordés

Durée de parole

Garçon - Souhaits : vivre correctement sans "entuber" les gens, aider les autres, ne 5 minutes pas vivre en HLM ou vivre dans un village, en Afrique. et 30 - Salaire exigé à l'avenir : 1500 euros. secondes - Dénonciation de la société et du pouvoir : La société est plus individualiste. Il y a beaucoup de divorces. Les personnes au pouvoir sont issues de milieux favorisés et ne peuvent pas comprendre les personnes vivant dans des milieux défavorisées : peuvent -ils savoir ce dont le peuple a besoin ? - Dénonciation de la société de consommation : aliénation de l'homme à la machine. L'un des garçons fuit les pays avec les avancées technologiques, c'est là il envisage d'aller, dans un village - Critique du monde de l'entreprise : Moins d'aspects relationnels dans une entreprise. Licenciements abusifs en entreprise. - Avant, c'était plus normal de reprendre le métier de ses parents, mais maintenant, on peut évoluer personnellement. Fille

- Souhaits : -Vivre en milieu rural (elle vient de la campagne) pas en appartement :"oppressée, je me sentirai pas bien du tout !") - un travail qui demande du mouvement "envie de bouger sur le terrain, de rencontrer du monde, de partager, ne pas être à un bureau faire de la compta" - participer au bien-être de la collectivité - Salaire exigé : un peu plus que le SMIC - Critique de la société et du pouvoir : Les personnes au pouvoir n'ont pas forcément de valeurs, cela vient plus de leur volonté d'être dirigeant. Il y a de plus en plus de classes moyennes - Critique de la société de consommation : on parle de développement durable mais on arrête pas de créer, de faire des objets qui durent de moins en moins longtemps. Ce n'est pas par la consommation qu'on améliore les conditions de vie - Critique du monde de l'entreprise : la notion de productivité n'est pas appréciée. Une entreprise parle "commerce".

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4 minutes


Temps de parole et contenus abordés en fonction de niveau de diplôme :

Niveau de diplôme

Thèmes abordés

Brevet des Souhaits : ne plus vivre en HLM et un salaire de 1500 euros. Collèges ou moins Critiques très radicales sur la société et le pouvoir : la société est plus individualiste et les gens au pouvoir sont issus de milieux favorisés et ne peuvent pas comprendre les personnes vivant dans des milieux défavorisées : comment ils peuvent savoir ce dont le peuple a besoin ?

Durée de parole Une minute et 5O secondes

Licenciements abusifs en entreprise. CAP, BEP, Brevet Souhaits : -Vivre en milieu rural (elle vient de la campagne) Professionnel ou pas en appartement :"oppressée, je me sentirai pas bien du Baccalauréat tout !") - un travail qui demande du mouvement "envie de bouger sur le terrain, de rencontrer du monde, de partager, ne pas être à un bureau faire de la compta" - aider les autres ou vivre dans un village, en Afrique. - salaire un peu plus élevé que le SMIC

3 minutes

Critique de la société de consommation : fuir cette société Critiques du monde de l'entreprise : moins d'aspects relationnels Avant, c'était plus normal de reprendre le métier de ses parents, mais maintenant, on peut évoluer personnellement. Baccalauréat + 2 Souhaits : - Vivre correctement sans entuber les gens. ans, voire plus - participer au bien-être de la collectivité Critiques de la société et du pouvoir : il y a de plus en plus de classes moyennes, les personnes au pouvoir n'ont pas forcément de valeurs, cela vient plus de leur volonté d'être dirigeant Critique de la société de consommation : aliénation de l'homme. De plus, on parle de développement durable mais on arrête pas de créer, de faire des objets qui durent de moins en moins longtemps. Ce n'est pas par la consommation qu'on améliore les conditions de vie Critiques du monde de l'entreprise : la notion de productivité dans l'entreprise. Une entreprise parle "commerce".

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4 minutes et 30 secondes


Séance "Développement Durable – Indicateurs de richesse" A l'inverse des deux autres séances, ici, des questions plus larges étaient posées aux volontaires du service civique. Ces questions les ont conduit à mobiliser des idées issues du discours commun et des médias, davantage que les autres groupes. Voici les questions qui étaient posées : « Pour vous, qu'est-ce qu'une vie réussie ? Que signifie le mot "valeurs" ? Quelles sont celles que vous aimeriez transmettre à vos enfants ? Qu'est-ce qui vous rend heureux aujourd'hui ? Et pour demain ? A l'inverse, qu'est-ce qui vous rend malheureux ? Qu'est-ce que vous inquiète le plus aujourd'hui ? » Tout d'abord, il y a des intérêts divergents selon le sexe. Seul un garçon a définit précisément le concept de valeur, qui a ensuite été retenu par tous. Les filles insistent sur l'aide à apporter aux personnes dépourvues de ressources (bénévolat), le fait d'être heureux au travail, sans que le temps professionnel n'occulte trop celui passé avec sa famille. Les garçons abordent des idées plus générales : les valeurs de la République ou liées à la nature mais sans citer d'exemples concrets. Ensuite, le bonheur est vu différemment. Les filles centrent davantage leur définition sur le bonheur lié au rapport à autrui alors que les garçons insistent sur le bonheur personnel (ses propres expériences). Enfin, les critiques de la société actuelle sont là aussi opposées. Les garçons remettent en cause des aspects beaucoup plus techniques et scientifiques que les filles (nouvelles technologies, clonage...). Les filles ont mis en avant l'inquiétude vis à vis de l'individualisme et de la pauvreté en France. Ensuite, ici aussi, un niveau de diplôme plus élevé induit un temps de participation plus conséquent. Les individus titulaires d'un CAP, d'un BEP ou ayant réalisé des études supérieures ont très largement abordé plus d'éléments sur leurs valeurs, le fonctionnement actuel de la société et leurs craintes. Enfin, l'investissement associatif intervient en moindre mesure ici.

Temps de parole en fonction de l'investissement associatif :

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Investissement associatif

Durée de parole

Association humanitaire ou sociale

45

Association culturelle (musique)

4 minutes et 15 secondes

Association sportive

5 minutes

Aucun investissement associatif

18 minutes et 20 secondes


Temps de parole et contenus abordés en fonction du sexe :

Sexe

Thèmes abordés

Durée de parole

Garçon Définition précise du terme de valeur fournie par un garçon : 19 «Valeur : compétences qui permettent de bien vivre en société et de garder sa minutes et dignité. On peut s'y accrocher pour grimper ou faire un point sur son 30 parcours. Elles sont des aides au développement intérieur et extérieur. » secondes Valeurs : respect des autres, de la nature, des valeurs de la République et la solidarité Bonheur : s'amuser, vivre l'instant présent, accumuler des expériences simples, les initiatives qui vont à l'encontre du capitalisme, être content d'aller travailler le matin, la liberté (en France), la démocratie participative, la prise de conscience des personnes vis à vis du développement durable et importance des associations. Revendications : - Rejet des appareils électroniques (notamment des réseaux sociaux) par crainte d'une société trop dépendante à ces appareils - Remise en cause du clonage et des OGM - le dérèglement climatique et l'individualisme de la société. L'avenir : Tous les garçons n'ont pas su fournir un métier précis. L'un a insisté sur la notion de liberté au travail, de pouvoir travailler la journée ou la nuit. Fille

Valeurs : Voyager, avoir un boulot dans lequel on s'épanouit, être libre, 8 minutes l'indépendance : savoir être libre, le sens critique, l'intégrité, lier vie privée et et 40 professionnelle, la solidarité à savoir apporter quelque chose, par le secondes bénévolat et le don, protéger la planète Bonheur : être en accord avec soit-même, ses valeurs, avoir une vie sociale épanouie et des projets d'avenir. Les projets mis en avant sont associatifs. Crainte : la société de consommation (sans préciser quoi ?), l'obsession pour l'argent alors que d'autres vivent dans la misère et l'individualisme de la société

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Temps de parole et contenus abordés en fonction de niveau de diplôme :

Niveau de diplôme

Thèmes abordés

Brevet des Valeurs : respect des autres, solidarité (sans exemple) Collèges ou moins Bonheur : prise de conscience des personnes vis à vis du développement durable, être content d'aller travailler le matin et importance des associations.

Durée de parole 3 minutes

Craintes : société individualiste. CAP, BEP, Brevet Définition précise du terme de valeur fournie par un garçon : Professionnel ou «Valeur : compétences qui permettent de bien vivre en société Baccalauréat et de garder sa dignité. On peut s'y accrocher pour grimper ou faire un point sur son parcours. Elles sont des aides au développement intérieur et extérieur. »

5 minutes

Valeurs : respect des valeurs de la République Bonheur : la liberté (en France), la démocratie participative Critique : - les réseaux sociaux (facebook) - Remise en cause du clonage et des OGM dérèglement climatique Avenir : Il a insisté sur la notion de liberté au travail, de pouvoir travailler la journée ou la nuit. Baccalauréat + 2 Valeurs : Voyager, avoir un boulot dans lequel on s'épanouit, ans, voire plus être libre, savoir être libre, le sens critique, l'intégrité, lier vie privée et professionnelle, la solidarité à savoir apporter quelque chose, par le bénévolat et le don, protéger la planète (sujet de controverse)., respect des autres, de la nature Bonheur : s'amuser, vivre l'instant présent (sujet de controverse), accumuler des expériences simples, les initiatives qui vont à l'encontre du capitalisme, être en accord avec soit-même, ses valeurs, avoir une vie sociale épanouie et des projets d'avenir. Les projets mis en avant sont associatifs. Craintes : - Rejet des appareils électroniques par crainte d'une société trop dépendante à ces appareils - Remise en cause du clonage et des OGM - le dérèglement climatique et l'individualisme de la société. Crainte : l'obsession pour l'argent alors que d'autres vivent dans la misère et l'individualisme de la société.

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20 minutes


Séance "Habitat – Urbanisme" Les volontaires du service civique étaient placés dans la situation d'élus, chargés de l'aménagement d'une ville (Edenland) en tenant compte de contraintes telles que le réchauffement climatique, l'exigence des habitants ou la limitation de l'étalement urbain. Des idées variées sont apparues notamment sur la présence (ou non) d'un centre-ville, la localisation des commerces et l'absence (ou non) de voitures dans la ville. Trois thèmes communs ressortent des débats : les services proposés, l'habitat dans la ville et la mobilité. Il y a des divergences selon les sexes. Tout d'abord, s'agissant des services proposés dans la ville, les garçons ont insisté sur une répartition de commerces (concentrés dans les quartiers ou situés à la périphérie) alors que les filles ont mis en avant la présence d'équipements culturels. Une fille a envisagé la question de la ségrégation de certains quartiers en fonction de l'offre culturelle proposée dans l'un et pas dans l'autre. Les filles sont aussi en désaccord sur la présence ou l'absence d'un centre-ville. Ensuite, sur l'habitat, les garçons ont davantage relevé des aspects techniques et scientifiques (inondations, économie d'énergie, architecture...) alors que les filles ont songé à l'habitat à plusieurs : la mixité et le partage d'équipements. S'agissant de la mobilité, les garçons ont abordé l'interdiction ou non de la voitures dans la ville. Les filles se sont opposées sur la question du métro. Ensuite, le niveau de diplôme influe aussi le débat : plus une personne est diplômée, plus elle est à même de s'exprimer longuement. Beaucoup d'idées ont été proposées par les personnes davantage diplômées. Enfin, l'investissement associatif influent sur le temps de parole de l'individu. Les trois tableaux présentés ci-dessous illustrent la situation.

Temps de parole en fonction de l'investissement associatif :

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Investissement associatif

Durée de parole

Association humanitaire ou sociale

6 minutes

Association culturelle (musique)

7 minutes

Association sportive

6 minutes et 30 secondes

Non

4 minutes


Temps de parole et contenus abordés en fonction du sexe :

Sexe

Thèmes abordés

Garçon Quartiers répartis dans la ville, pas de centre-ville. Habitat : - Résidences de six étages maximum. - Référence au « principe allemand » : mettre de la verdure sur les toits, sur les maisons pour que ce soit moins gris. Implanter des parcs. - Habitations basse consommation. - Variété des immeubles (anciens / neufs) -Solidarité de voisinage : aide auprès des personnes handicapées et âgées pour faire ses courses. - « on casse les stéréotypes » Mixité dans la ville partout (sans préciser comment) - Attention au fleuve, vis à vis des inondations : attention aux constructions près du fleuve, l'exemple de Rezé d'un parking souterrain de neuf étages construit près de l'eau. Services : - Commerces soit en périphérie ou proposés dans chaque quartier. Pour avoir le temps de faire ses courses dans plusieurs boutiques différentes, il faudrait moins travailler donc réduire le temps de travail... - Solidarité entre commerçants : des coopératives. A titre d'exemple, quinze bouchers achètent leur viande au même traiteur et ils divisent leur prix. Privilégier des commerces où tout bénéfice est partagé de façon équitable entre les salariés (« il faut pas que le patron garde ses tunes) - Entreprises à l'extérieur de la ville, en périphérie. Mobilité : - Transports en commun partout (tramways, bus, et fluvial) - Centre-ville entièrement piéton ou partiellement : voitures possibles mais taxées si des personnes extérieures au centre-ville veulent y venir ou noncommerçantes. - Ticket de transports obtenu grâce à un stationnement. - Proposer des vélos sous caution pour tout le monde. Privilégier les pistes cyclables partout dans la ville, pour pouvoir circuler n'importe où. Des abris sécurisés pour les vélos. Énergie : réduire le nombre de lampadaires.

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Durée de parole 10 minutes


Fille

Deux idées opposées :

15 minutes et - Ville construite par quartiers, des commerces par quartiers. Chaque quartier 45 dispose de ses propres commerces et ses propres équipements culturels. Or, secondes apparaît aussi une méfiance : si chaque quartier a son propre équipement culturel, cela pourrait regrouper seulement une même population liée à cette spécialisation. De plus, la construction de quartiers créée de la « ségrégation » mais limite le lien entre les personnes. Il s'agirait de construire des quartiers proches pour favoriser ce lien. - Une ville construite en étoile : un centre et des quartiers autour. Un centreville est important pour la cohésion pour la ville. Services : - Rejet de la grande surface. - Essor des commerces de proximité. - Des services à disposition des individus pour les aider dans le port des courses ? (« Un Monsieur Cadis ») - Méfiance vis à vis du commerce en ligne qui empêche tout face à face avec le commerçant. - les petits services tels qu'une poste, une banque : dans la ville. - Entreprises à l'extérieur de la ville. Mettre en place du covoiturage ou des cars pour que les personnes se déplacent, comme à Lyon. A Lyon, une vingtaine de cars part du centre-ville (des cars de 50 places) pour emmener les personnes au travail. - Plus de structures pour trouver un emploi. Habitat : - les immeubles en escaliers : un appartement au RDC avec un toit, et le toit de cet appartement sera la terrasse de l'autre avec son potager. - la mixité de l'habitat et sociale : personnes de différents âges, de différentes ressources, et lier habitat et bureaux dans un même immeuble. - référence à Angers, un quartier pavillonnaire dans lequel une même expérience de partage d'équipements collectifs a été mise en place. - Des immeubles où des équipements collectifs sont partagés, types machines à laver Mobilité : - Transports en commun. Les transports limitent les longs trajets : des petits trajets accumulés qui passent de quartier en quartier. - Le métro ? (sujet de controverse) - Pour le fleuve : des ponts pour piétons, comme à Lyon. Utiliser le Navibus entre chaque quartier, aménager les quais pour les pistes cyclables ou permettre le déplacement à pieds.

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Temps de parole et contenus abordés en fonction de niveau de diplôme :

Niveau de diplôme Brevet des Collèges ou moins

Thèmes abordés Oppositions : - Ville construite par quartiers, des commerces par quartiers. Chaque quartier dispose de ses propres commerces. - Un grand centre-ville.

Durée de parole 7 minutes

plus de végétation, de parcs, réduire le nombre de lampadaires. Services : - Commerces proposés dans chaque quartier. Pour avoir le temps de faire ses courses dans plusieurs boutiques différentes, il faudrait moins travailler donc réduire le temps de travail... - Solidarité entre commerçants : des coopératives. A titre d'exemple, quinze bouchers achètent leur viande au même traiteur et ils divisent leur prix. Privilégier des commerces où tout bénéfice est partagé de façon équitable entre les salariés (« il faut pas que le patron garde ses tunes) Habitat : - Solidarité de voisinage : aide auprès des personnes handicapées et âgées pour faire ses courses. Mobilité : - Transports en commun partout (tramways, bus, et fluvial) - Favoriser le métro : il y a de l'espace, et il y a moins de bruit. - Tickets de transports obtenu grâce à un stationnement. - Proposer des vélos sous caution pour tout le monde. Privilégier les pistes cyclables partout dans la ville, pour pouvoir circuler n'importe où. CAP, BEP, Brevet Professionnel ou Baccalauréat

« on casse les stéréotypes » : mixité dans la ville partout sans préciser comment. Habitat : - Attention au fleuve, vis à vis des inondations : attention aux constructions près du fleuve, l'exemple de Rezé d'un parking souterrain de neuf étages construit près de l'eau. - Référence au « principe allemand » : mettre de la verdure sur les toits, sur les maisons pour que ce soit moins gris, Mobilité : - Transports en commun partout (tramways, bus, et fluvial) - Des abris sécurisés pour les vélos.

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50 secondes


Baccalauréat Deux idées opposées : 15 + 2 ans, voire minutes plus - Ville construite par quartiers, des commerces par quartiers. Chaque et 45 quartier dispose de ses propres commerces et ses propres équipements secondes culturels. Or, apparaît aussi une méfiance : si chaque quartier a son propre équipement culturel, cela pourrait regrouper seulement une même population liée à cette spécialisation. De plus, la construction de quartiers créée de la « ségrégation » mais limite le lien entre les personnes. Il s'agirait de construire des quartiers proches pour favoriser ce lien. - Une ville construite en étoile : un centre et des quartiers autour. Un centre-ville est important pour la cohésion pour la ville. Services : - Commerces soit en périphérie ou proposés dans chaque quartier. - Rejet de la grande surface. - Essor des commerces de proximité. - Des services à disposition des individus pour les aider dans le port des courses ? (« Un Monsieur Cadis ») - Méfiance vis à vis du commerce en ligne qui empêche tout face à face avec le commerçant. - les petits services tels qu'une poste, une banque : dans la ville. - Entreprises à l'extérieur de la ville. Mettre en place du covoiturage ou des cars pour que les personnes se déplacent, comme à Lyon. A Lyon, une vingtaine de cars part du centre-ville (des cars de 50 places) pour emmener les personnes au travail. Habitat : - Résidences de six étages maximum. - Habitations basse consommation. - Variété des immeubles (anciens / neufs) - les immeubles en escaliers : un appartement au RDC avec un toit, et le toit de cet appartement sera la terrasse de l'autre avec son potager. - la mixité de l'habitat et sociale : personnes de différents âges, de différentes ressources, et lier habitat et bureaux dans un même immeuble. - référence à Angers, un quartier pavillonnaire dans lequel une même expérience de partage d'équipements collectifs a été mise en place. - Des immeubles où des équipements collectifs sont partagés, types machines à laver Mobilité : - Transports en commun partout. - Pour le fleuve : des ponts pour piétons, comme à Lyon. Utiliser le Navibus entre chaque quartier, aménager les quais pour les pistes cyclables ou permettre le déplacement à pieds. - Centre-ville entièrement piéton ou partiellement : voitures possibles mais taxées si des personnes extérieures au centre-ville veulent y venir ou non-commerçantes. 97/148


En conclusion, les trois graphiques ci-dessous illustrent le temps de parole selon le sexe, le diplôme et l'investissement associatif. Il est difficile de tirer une conclusion particulière propre au sexe ou à l'investissement associatif. En revanche, le niveau de diplôme joue un rôle sur le temps de parole : Temps de parole selon le sexe :

Sexe Garçons Filles

Durée de paroles 42 min 38 min 30 s

Temps de parole selon le niveau de diplôme (en %) :

Temps de parole selon l'investissement associatif (en %) :

I n v e s t i s s e m e n t a s s o c i a t i f Te m p s d e p a r o l e ( % ) Association humanitaire ou sociale 32,70 Association culturelle (musique) 17,78 Association sportive 17,78 Aucun investissement associatif 31,75 To t a l

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Processus interactionnel Au-delà de facteurs sociaux, plusieurs éléments justifient le souhait de prendre la parole devant autrui. Philippe Breton, sociologue français, définit les "compétences démocratiques". Tout d'abord, la promotion d'une norme oratoire de symétrie dans l'interaction est la capacité à prendre la parole devant autrui. Or, certains individus disposent d'une peur de s'exprimer en public. Cette peur se justifiant par la difficulté d'organiser ses arguments, une timidité ou la crainte du jugement d'autrui (d'où le refus de mettre en avant ses idées). Cette peur traduit une inégalité devant la parole. La norme oratoire renvoie aussi à la capacité à écouter autrui et à anticiper la prise de parole (pour répondre aussitôt). De même, le contexte spécifique des séances de travail complexifiait toute prise de parole : les réunions ayant lieu au Conseil de Développement et non dans un bar, en ville. De plus, je plaçais moi-même les individus en fonction de l'endroit où j'avais posé le questionnaire (aux premières séances, le questionnaire était d'abord complété). La table étant de forme rectangulaire, je plaçais le nombre équitable de questionnaires d'un côté et de l'autre, face à face. Cette disposition me semblait la plus appropriée pour débattre. Peut-être aurais-je pu laisser les individus s'asseoir où ils le souhaitaient autour de la table pour ensuite distribuer les questionnaires. Ensuite, "l'objectivation" est la capacité individuelle d'écarter toute pulsion ou émotion particulière en s'exprimant en public (colère, tristesse...). Tous les volontaires du service civique, au cours des échanges, ont su adopter cette capacité. Cela s'explique par le processus de socialisation voire de civilisation (Norbert Elias) auquel tout individu est confronté depuis son enfance. A l'école par exemple, l'enfant apprend à maîtriser ses émotions devant autrui. Accoutumé très tôt à cette pratique, tout acteur social est enclin de la reproduire ultérieurement. Enfin, il est plus aisé de s'exprimer en s'étant forgé une opinion précise sur un sujet en question. Cette compétence nécessite d'examiner et de s'approprier les arguments en faveur de tel ou tel point de vue. Ces explications basées sur les interactions s'articulent avec le niveau d'études et l'investissement associatif. Cela ne signifie en aucun cas qu'une personne moins diplômée n'a pas d'idées et est incapable de les défendre. Les interactions sont aussi à étudier de façon plus précise : le leadership et la prise de décisions.

Le leadership D'une part, au cours des quatre observations, un, deux ou trois leaders se sont imposés face aux autres pour monopoliser le temps de parole. J'ai retenu huit leaders pour les quatre observations : quatre garçons et quatre filles, six ayant réalisé des études supérieures, l'un titulaire du baccalauréat et le dernier sans diplôme. Le leader n'a jamais été choisit par tirage au sort ou par citation orale claire et précise. Cela sous-entend une acceptation de son rôle de la part des autres acteurs. Les propos du leader jouent un rôle déterminant (ou non) dans la prise de décision finale. Ce leader se caractérise par une aisance orale (sa capacité à s'exprimer clairement), un contrôle émotionnel (refouler les pulsions), la confiance en soi et la conviction de son point de vue pour légitimer ses arguments. Deux types de leadership se dessinent dans les quatre observations. Les termes ont été choisit en écho aux propos de Seth Godin, enseignant américain de marketing et suite au visionnage du film Douze Hommes en Colère (de Sidney Lumet, sorti en 1957). Le leadership charismatique se caractérise par la vivacité de son attitude mais des propos généraux, sans fondements concrets. Ce type de leadership serait presque une façon d'afficher sa supériorité face à autrui. On retrouve ici l'attitude de trois garçons et d'une fille. Le leadership persuasif renvoie à la mobilisation d'arguments concrets pour convaincre. Trois filles et un garçon adopteraient ce type d'attitude. 99/148


Tout acteur adopte des stratégies visant à influencer le point de vue des autres. La psychologue française Germaine de Montmollin définit l'influence comme une " action exercée par une personne sur une autre personne et entraînant un changement d'attitude, d'opinion ou de façon d'agir ". Si des stratégies sont adoptées par tout individu, certaines caractéristiques se différencient selon le type de leadership. Germaine de Montmollin insiste sur la persuasion c'est-à-dire la mise en œuvre consciente de comportements : l'attitude et le langage. La gestuelle adoptée est aussi une façon d'attirer le regard d'autrui : on s'aide des mains pour transmettre son message. A chaque fois qu'ils s'exprimaient, les volontaires évitaient aussi de laisser des silences trop longs dans l'optique de prononcer l'ensemble de leur propos sans qu'on leur coupe la parole : c'est la "continuité communicationnelle" (Philippe Breton). Les propos abordés par un individu jouent aussi un rôle important. Le sociologue américain William Gamson (1992) a étudié les échanges entre individus issus de milieux populaires (employés, ouvriers, salariés des services...) sur des thèmes politiques qu'il leur a proposés. Il a discerné trois stratégies qui nous intéressent particulièrement dans le cadre de notre étude. Tout d'abord, la "sagesse populaire" est la référence à des expressions médiatiques, des proverbes, en particulier pour les sujets éloignés du quotidien des personnes. Cette stratégie est surtout adoptée par le leadership dit charismatique. Ensuite, la "stratégie culturelle" renvoie à l'expérience personnelle, sous forme d'anecdotes, lorsque ce sont des sujets qui touchent le quotidien des acteurs sociaux. Ici, cette "sagesse culturelle" se caractérise également par des contenus de cours et d'expériences professionnelles connus par l'individu. Le leadership persuasif est plus à même d'utiliser cette stratégie pour légitimer son propos. Enfin, la "stratégie combinée" est un mélange des deux autres stratégies. Nous nous concentrerons surtout sur les deux premières. D'une part, la "sagesse populaire" se réfère aux médias et/ou à un style oratoire particulier visant à construire un discours séduisant dans sa forme mais pas toujours dans son contenu. Voici quelques exemples qui ont été abordés dans les séances de travail. S'agissant des transports en commun et de l'urbanisme, les médias mettent surtout en avant les villes, tels Strasbourg, qui restreignent la fréquence de voitures dans le centre-ville. Cette idée a été évoquée par les leaders. Ensuite, au cours de la séance de travail portant sur les projections personnelles, plusieurs idées relevées sont présentes dans les médias : l'allusion à l'individualisme de la société, la société de consommation comme responsable d'une aliénation de l'homme à la machine et le rejet du monde de l'entreprise. Les médias mettent en avant nombreux licenciements dans le monde de l'entreprise ainsi que le stress lié au travail (suicides à France Télécom...). Ces idées limitent tout désir de s'investir dans ce secteur. Ces trois idées ont été citées par les leaders pour légitimer leur argumentation. Enfin, lors de la séance de travail sur le développement durable, le leader s'est beaucoup appuyé, lui aussi, sur la "sagesse populaire" : crainte du réchauffement climatique, critique des nouvelles technologies, solidarité... D'autre part, la "stratégie culturelle" permet de se référer à des exemples concrets (du quotidien ou appris lors de sa formation) pour appuyer son propos. La référence aux avantages de l'utilisation personnelle de la voiture apparaît dans ce type de stratégie (gains de temps...). De même, l'une des leaders, investie dans un projet Unis-Cité où elle se tourne vers les personnes âgées, cite leurs propos pour renforcer l'idée d'une amélioration des transports en commun pour tous. La référence à Rennes est aussi mise en avant comme anecdote par les personnes qui se sont déjà rendues dans cette ville. Ensuite, les trois principales idées évoquées lors de la séance de travail sur les projections personnelles ont été illustrées concrètement par deux leaders, ayant réalisé des études de commerce. Leur statut leur confère une légitimité pour critiquer ce domaine. Le leader moins diplômé ne s'est pas reposé sur la "stratégie culturelle" : sans diplôme, il n'a pas d'exemples concrets 100/148


à relever. Il cherche davantage à se mettre en avant, quitte à élaborer des phrases dénouées de contenu concret. Cette stratégie a aussi été adoptée par le leader de la séance du travail portant sur le développement durable. Il travaille au sein du projet Média-Terre, projet par lequel il tente de convaincre des personnes vivant dans des quartiers défavorisés (Bellevue...) de trier les déchets. Il a aussi réalisé des études de sociologie, lui permettant de mobiliser des éléments abordés en cours. Enfin, la leader de la séance de travail sur l'habitat et l'urbanisme a mobilisé cette stratégie. En effet, elle a réalisé des études dans le domaine du développement social urbain, dont des stages, ce qui renforce sa légitimité vis à vis des autres individus. Le phénomène de leadership clairement définit, la question suivante apparaît : comment la délibération pour une décision s'établit ? Le consensus est-il unanime ?

La délibération, produit d'un échange entre un nombre limité d'individus Les séances de travail avaient lieu de 17h30 à 19h30 environ. La contrainte de temps obligeait tous les individus à trouver un terrain d'entente rapidement. Tous les volontaires avaient aussi travaillé avant de venir au Conseil de Développement, la fatigue complexifiait le souhait de creuser la réflexion. Daniel Mothé, sociologue français, explique aussi que l'organisation de ces réunions sur le temps personnel de l'individu, sans être rémunéré, induit le souhait de délibérer au plus vite. Le collectif joue aussi un rôle important dans la délibération. Le groupe forme souvent un seul et même dispositif de parole, qui dicte quoi dire et comment le dire aux membres, sous peine d'impureté ou d'exclusion. Autrement dit, on se force à se plier à la règle collective pour ne pas s'exclure du groupe. Le psychologue français Gabriel Mugny emploie à ce titre la notion "d'influence manifeste". Il met aussi en avant la notion "d'influence latente" : un individu change d'avis au cours du débat (quelques minutes) à force d'écouter les autres défendre leur point de vue. Ce type d'influence, plus difficile à observer, s'est révélée pour une personne lors de la séance de travail portant sur la mobilité. Au début de la séance, Marion soutenait l'importance d'accroître la fréquence des transports en commun dans la ville. Cet hausse se traduirait aussi par une augmentation des usagers. Or, son avis évoluera suite aux propos de la leader sur la difficulté des personnes âgées et handicapées à utiliser les transports en commun. Marion évoquera en effet la complexité de se déplacer en cas de pieds dans le plâtre. Cette idée ne suit pas son premier argument. Cet exemple illustre l'influence "manifeste" qui peut apparaître au cours de débats. Certes, le groupe joue un rôle mais se caractérise-t-il par l'ensemble des membres ? En réalité, sur huit ou six personnes, seulement l'accord de deux ou trois légitimise le consensus collectif. Les autres acteurs sociaux approuvent l'avis des leaders ou se taisent. Les types de leadership ne provoquent pas les mêmes réactions collectives. Si le leadership charismatique est écouté, son absence d'idées concrètes ne fait pas avancer la réflexion, ce qui n'est pas le cas du leadership persuasif. Il s'agit donc de sacrifier des opinions pour les dissoudre dans un ensemble. On évite les conflits. Voyons en effet comment les conflits ont été gérés. En cas d'opposition d'intérêts, seulement deux ou trois personnes s'exprimaient. Les autres acteurs sociaux se taisaient. Un conflit non résolu n'engendrait pas de délibération.

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Voici un exemple de conflit apparu lors d'une séance de travail : Benoît et Morgane s'opposaient sur plusieurs sujets liés au développement durable. Ils sont tous deux issus d'un positionnement social élevé. Dès que Benoît avançait une idée trop générale, Morgane contre-argumentait en citant des exemples de la vie quotidienne. A titre d'exemple, Benoît a prôné un "retour aux sources" pour tout individu, à savoir le souhait que chacun vive en "harmonie avec la nature" sans pour autant expliciter ses propos. Morgane l'a contredit. Elle estime que les personnes d'un milieu social défavorisé ne s'intéressent pas à la nature mais pensent avant tout à subvenir à leurs besoins physiologiques. Elle pense que c'est complexe d'adopter cet état d'esprit : "Une personne qui vit en HLM, je lui parle de mettre un jardin sur son toit, je pense qu'il s'en fout." De même, Benoît a mis en avant ses valeurs en souhaitant convaincre les autres du fait de "vivre l'instant présent". Or, là aussi, Morgane a formulé cette idée dans un sens différent : "Il y a des gens qui préfèrent se projeter loin dans le futur, d'autres non, c'est personnel." Plusieurs oppositions sont apparues mais ces deux exemples illustrent que les autres individus ne sont pas exprimés à ce sujet. Qu'était-il décidé au final ? Aucun consensus, chacun restait sur ses positions. Cela souligne donc qu'on essaie d'éviter les conflits en raison de la difficulté d'être d'accord au final (l'un doit céder). Donc, la démocratie participative ne se traduit pas une unanimité d'expressions. En effet, des facteurs sociaux expliquent le souhait de s'exprimer devant autrui : plus un individu est diplômé, plus il est investit dans une association (depuis plusieurs années), plus il aura l'envie de parler devant les autres. Des facteurs psychologiques influent également sur ce souhait : la timidité, l'aisance orale, la formulation de phrases simples à comprendre, le phénomène de leadership (charismatique ou persuasif) et les interactions qu'il engendre, la force du groupe dans la délibération... L'ensemble des facteurs psychosociaux justifient la volonté de s'exprimer devant autrui.

Conclusion de la deuxième partie La socialisation au développement durable se lie aux parcours de chaque individu. Une personne issue d'un positionnement social élevé, ayant vécu sans difficultés financières, est plus sensible au développement durable. En effet, elle a davantage de probabilités d'y être sensibilisée par les pratiques parentales, l'école, le centre de loisirs, l'investissement associatif, ses expériences professionnelles et ses voyages. Au sein d'une structure de démocratie participative, ce même individu est plus à même de prendre la parole, qui est aussi légitimée par l'assentiment d'autrui. Inversement, un individu issu d'une famille aux faibles ressources est accoutumé à d'autres problématiques au quotidien. Il ne se soucie pas de l'avenir de la planète ou des "générations futures". Les médias interviennent également dans cette sensibilisation au développement durable mais ils dramatisent la situation pour inciter au changement d'attitudes, ce qui n'est pas la meilleure démarche à adopter. Au contraire, la mise en avant de conséquences positives dans le présent et l'avenir serait appropriée. De même, l'action du territoire nantais vis à vis du développement durable n'est pas anodine pour ouvrir les yeux des individus sur l'urgence d'un changement de modes de vie. Une campagne de communication intensive et une démarche de concertation plus large sensibiliseront les habitants.

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Conclusion Des perceptions et pratiques socialement et sexuellement divergentes... Le développement durable est une problématique qui touche différemment les individus. Tout d'abord, les transports en commun sont majoritairement utilisés par tous. Cependant, la voiture n'est pas non plus absente des pratiques quotidiennes, surtout pour les personnes disposant d'un certain confort de vie, qui consomment donc davantage de CO2. Chaque mode de déplacement est utilisé par les individus selon leur propre intérêt (gain de temps, gain financier...). Ensuite, la consommation (alimentaire et de produits corporels) n'est pas toujours la même selon le positionnement social de la personne, son lieu de vie et son sexe. Une fille issue d'un milieu social aisé mange plus sainement mais pas forcément de façon plus respectueuse de l'environnement. Or, les achats alimentaires traduisent aussi le souhait de réaliser des gains de temps et/ou financiers. De plus, le tri des déchets est une préoccupation d'individus diplômés. Également, la définition du développement durable varie socialement. Une ascension dans la hiérarchie sociale se traduit par une meilleure connaissance de cette notion sous les trois piliers. Plus un individu est diplômé, plus la probabilité d'être "conscientisé" (terme de Wallenborn et Dozzi) sur le développement durable croît. Pour autant, les équipements consommateurs d'énergie occupent le quotidien des personnes. Elles ne cherchent pas toujours à réduire leurs factures d'eau ou de chauffage même quand le logement n'est pas correctement isolé. Les équipements audiovisuels (télévision, ordinateur, téléphone portable) sont omniprésents d'autant plus pour les individus peu diplômés, ce qui induit une consommation énergétique plus élevée. Le manque de ressources financières contraindrait ces individus à ne pas avoir beaucoup de pratiques culturelles (concerts, musées...). Cela vient aussi d'un manque d'intérêts. De même, la possession de nouvelles technologies ou de certains produits cosmétiques de marque est une façon pour l'individu d'affirmer son identité et son appartenance culturelle.

En revanche, des nombreuses contradictions apparaissent. Tout d'abord, si les individus diplômés sont "conscientisés" au développement durable, cela ne se traduit pas forcément dans leurs pratiques (utilisation de la voiture...). Ensuite, le souhait de vivre à la campagne et de vouloir en même temps utiliser les transports en commun est une idée complexe à mettre en œuvre. Également, nous l'avions déjà mentionné sur le tri des déchets : une focalisation porte sur la volonté de trier et non pas sur celle de réduire l'achat d'emballages alimentaires. Enfin, les individus de l'échantillon sont très consommateurs d'équipements audiovisuels et numériques. Pour certains d'entre eux, le désir de réduire l'utilisation de ces équipements serait difficilement envisageable au vue de l'évolution de la société. 103/148


... liées à des socialisations individuelles La socialisation justifie cette sensibilité divergente sur le développement durable. Tout d'abord, le positionnement social des parents de l'individu est un facteur déterminant. Les préoccupations environnementales touchent davantage les personnes issues de milieux sociaux élevés. Ensuite, les pratiques parentales en matière d'alimentation ou de tri de déchets induisent, en partie, l'individu à reproduire ce qu'il a vu pendant son enfance et son adolescence. Il ne faut pas non plus négliger l'effet générationnel qui intervient à ce titre : un individu âgé de 20 à 25 ans est issu d'une génération différente vis à vis de celle de ses parents et il adopte des pratiques auxquels ces derniers n'ont pas été accoutumés. De plus, la formation scolaire, professionnelle, le bénévolat et les voyages réalisés jouent aussi un rôle dans cette socialisation. Les médias sensibilisent également toute personne au développement durable soit en dramatisant la situation ou en soulignant l'impact négatif du comportement de l'homme. Si les médias insistaient sur les effets positifs engendrés par un changement de modes de vie, les individus seraient plus enclins de changer leur regard sur le développement durable. Enfin, Nantes Métropole sensibilise ses citoyens au développement durable à l'aide de différents dispositifs (affiches publiques, site internet...) et notamment via le Conseil de Développement. Or, la démocratie participative reproduit les inégalités présentes dans notre société : des variables sociales et psychologiques interviennent à ce titre.

Les principaux enjeux de Nantes Métropole vis à vis du développement durable A- La mobilité Tout d'abord, la gestion de la mobilité doit permettre, et c'est déjà le cas, d'utiliser les transports en commun. La gratuité quasi universelle de ces infrastructures est très complexe à appliquer. Lors de son intervention au Conseil de Développement, Benoit Pavageau, Directeur Général des Services (DGS) à la fois de la ville de Nantes et de Nantes Métropole avait expliqué que le prix du titre de transports serait susceptible d'augmenter de 2 à 3 % par an. Un investissement financier dans une extension du réseau de transport en commun n'est pas envisagé. La raison évoquée ? L'entretien des lignes et des équipements. Également, le manque de fréquence des tramways et des bus sera en partie résolue par quelques dispositifs. Le réseau sera étendu avec la mise en place des lignes Chronobus d'ici 2012. De même, une hausse de fréquence des tramways de la ligne 1 et du busway à certains horaires facilitera la circulation des individus sortant de la gare. Or, si Nantes Métropole souhaite limiter la circulation en automobile, la fréquence des tramways (pas forcément l'extension du réseau) sera à privilégier. En effet, l'individu aura davantage de probabilités d'utiliser les transports en commun si cela lui permet un gain de temps vis à vis du véhicule.

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Un travail de coopération entre Nantes Métropole et diverses entreprises peut aussi s'établir. La mise à disposition de bus partant de Nantes pour se rendre en périphérie ou l'inverse permettrait à plusieurs individus d'emprunter les transports en commun au lieu d'utiliser leur voiture. De plus, cela est déjà le cas actuellement : l'application et l'extension des plans de mobilité d'entreprise. Certaines entreprises offrent en effet à leurs employés leurs titres de transports en commun pour les inciter à ne plus utiliser la voiture. Dans le même esprit, la Zenius Expérience 16 est une démarche par lequel un individu laisse sa voiture personnelle dans un garage pendant huit semaines pour n’utiliser que les modes de déplacement doux. Pourquoi ne pas étendre la démarche aux motos et scooters ? Également, certaines villes organisent des journées sans voitures, pendant lesquelles tout individu découvre un centre-ville entièrement absent de véhicules. Cette démarche peut s'envisager à Nantes. De plus, le confort dans les transports en commun n'est pas à négliger, en particulier pour les personnes âgées, de plus en plus nombreuses dans les années à venir, et pour les personnes handicapées. Des prescriptions sont formulées sur le site de Nantes Métropole telles que le « Guide d'aménagement des arrêts de bus accessibles à tous ». De même, dans les transports en commun, des sièges spéciaux sont propres à certaines personnes : « Des places assises sont réservées en priorité aux mutilés de guerre et mutilés militaires, aveugles, invalides civils titulaires de la carte d'invalidité ou carte de priorité, femmes enceintes, personnes accompagnées d'enfants de moins de 4 ans et personnes âgées ». Cette démarche reste officielle et personne, sauf les contrôleurs lors de leurs présences ponctuelles, ne peut clairement vérifier l'application de cette prescription au quotidien. Des dispositifs de contrôle devraient se renforcer pour inciter les individus à laisser leurs places aux personnes dans le besoin. Les individus seront enclins à ne plus utiliser l'automobile si des enjeux légaux et/ou de gains de temps entrent en ligne de compte. Une expérimentation touchera huit villes françaises d'ici 2012 (Bordeaux, Paris, Lyon...) mais elle sera limitée à certains types de véhicules. Des efforts sont aussi en cours à ce sujet sur Nantes, avec par exemple la piétonnisation de rues pour l'été 2011 : les rues Crébillon, Santeuil, et Boileau. De même, des sens de circulation seront modifiées dans le centreville. Pour autant, la piétonniation et l'extension du réseau de transports en commun ne pourront occuper toute l'agglomération. A titre d'exemple, le pont Eric-Tabarly, inauguré le 19 juin 2011, relie le quai de Malakoff aux tours Vulcain sur l'île de Nantes, et ce, dans l'optique de limiter les embouteillages. Cela illustre la complexité d'une ville : se diriger vers un centre-ville piéton pour lequel l'accès est rendu possible via l'automobile. La restriction de l'accès du véhicule au centreville s'entend aussi par un aménagement de parkings à proximité de ce centre (sur l'île de Nantes ?). L'intérêt peut aussi émerger ailleurs : pourquoi ne pas réduire le coût du stationnement pour les véhicules moins polluants ? Cette idée suppose une réflexion car les ménages les plus défavorisés seront marginalisés sauf si la ville met en place des aides à l'achat de véhicules plus respectueux de l'environnement (uniquement pour certains individus).

16 http://www.nantesmetropole.fr/actualite/l-actualite-thematique/vivez-la-zenius-experience-transport-etdeplacements-39547.kjsp?RH=ALL_ACTUALITES

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Nantes Métropole aborde également très peu le covoiturage, pratique pourtant réductrice de consommation de CO2. Multiples périurbains effectuent le trajet tous les jours. Des sensibilisations particulières pourraient être accentuées sur l'économie financière qu'engendre le covoiturage. Des places spécifiques pourraient être aménagées dans la ville, pourquoi pas, à l'aide de bornes électroniques. Ces bornes indiqueraient les horaires de covoiturage et le lieu de destination. Un site internet pourrait également faciliter l'échange de particuliers qui souhaitent réaliser leurs courses à plusieurs personnes. Le forum de l'université de Nantes affiche souvent ce type de sujets. Cela pourrait même conduire jusqu'à l'auto-partage, par exemple entre plus jeunes et plus âgés (ayant davantage de difficultés à se déplacer). Le vélo et le Bicloo à Nantes sont aussi des moyens de déplacement doux. Le réseau Bicloo occupe un large éventail : 790 vélos en libre service sur 89 stations. En outre, sur Nantes, des pistes cyclables sont aménagées dans de nombreuses rues du centre-ville. Une amélioration du Bicloo est envisagée avec l'apparition de neuf stations et 80 vélos de plus. Treize nouvelles stations verraient le jour au Nord (Facultés, Procé, rond-point de Paris, Malakoff…) et au Sud-Loire (Pirmil, Grèneraie, 8-Mai…). En revanche, si la ville envisage d'accroître le nombre d'appuis vélos dans le centre-ville, le souhait de les sécuriser n'a pas été assez mis en avant. Cela n'induira pas forcément les individus à se déplacer avec leur vélo. De plus, la démarche "Vélobus-Pédibus" incite à utiliser le vélo et la marche à pieds pour les trajets scolaires. Or, sur la ville de Nantes, cette démarche n'est pas assez communiquée sur internet et sur support papier. Des aménagements sont envisageables. A titre d'exemple, la ville de Changé (département de la Mayenne) propose des arrêts par quartier avec des heures de passage de parents pour emmener les enfants à l'école. Enfin, les voies ferroviaires, aériennes et maritimes sont d'autres modes de déplacement. L'aérien, en particulier avec le projet d'aménagement d'un aéroport à Notre-Dame-de-Landes, contredit le souhait de réduction de CO2. Or, dans un avion, plusieurs individus, qui se seraient déplacés à l'aide de véhicules différents, sont rassemblés. Cet aéroport intervient aussi dans une logique d'attractivité territoriale. Les individus de l'échantillon ont mis l'accent sur la pollution atmosphérique (liée en particulier aux véhicules) mais pas celle sonore. A ce titre, le projet de l'aéroport de Notre Dame de Landes se complexifie. S'agissant des transports en commun, une fréquence en continue serait une source de plaintes des riverains vivant à proximité des lignes de tramways et de bus. Nantes Métropole a élaboré des cartes de bruits (véhicules, avions...) disponibles sur son site internet. Or, l'enjeu à venir de la mobilité, des pollutions atmosphériques et sonores résident aussi dans l'émergence du télétravail et du commerce en ligne. Le commerce en ligne sous-entend un aménagement particulier de la voirie pour faciliter le stationnement des véhicules de livraison. La sensibilisation au télétravail peut s'établir en lien avec des entreprises et sociétés nantaises.

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B- Secteur économique Dans notre échantillon, le secteur économique a été mis en avant uniquement vis à vis de l'émergence de magasins biologiques et d'hammans. L'implantation d'hammans favoriserait l'expansion économique de Nantes. L'un des objectifs de l'Agenda 21 de Nantes Métropole est celui-ci : "Faire de l'agglomération nantaise un site phare pour le développement du commerce international éthique et équitable". La Quinzaine du commerce équitable (du 14 au 29 mai 2011) souligne cet effort. L'implantation de magasins proposant des produits biologiques et issus du commerce équitable poursuivrait cet investissement. De plus, nombreux sont les étudiants sur Nantes (47 000) qui sont enclins de quitter la ville en cas d'absence d'offres d'emploi. La collectivité se centre sur quelques domaines : tertiaire, biotechnologies, santé... Or, tous les secteurs ne sont pas privilégiés. L'handicap intervient également dans l'accès à l'emploi pour tous. Le territoire établit déjà des projets à ce sujet qu'il faut poursuivre. Un développement durable de l'environnement s'articule avec un développement économique et une création appropriée d'emplois pour tout individu.

C- Énergies renouvelables Si le recours aux énergies renouvelables n'a pas été évoqué lors de mon enquête, il est pourtant un enjeu à venir, en particulier l'énergie solaire, hydrolienne et éolienne. Des coopérations avec les entreprises du département sont déjà en cours et sont à poursuivre : les mises aux normes de deux usines d'incinérations d’ordures ménagères, l'installation de panneaux solaires sur le toit du centre commercial Carrefour de l'île Beaulieu... Multiples réglementations nationales jouent aussi un rôle (ex : Programme national de réduction des émissions polluantes, publié au Journal Officiel le 30 octobre 2003). Or, la question des énergies renouvelables inclut aussi celle de l'éclairage public. Des lampadaires sont éclairés par énergie solaire. Des feux de route pourraient aussi être équipés d'ampoules basse consommation. Le centre-ville de Nantes, et notamment le cours des Cinquante Otages sont éclairés toute la nuit. En revanche, de nombreux magasins ont un éclairage si élevé qu'un doute émerge sur une possible ouverture nocturne. Sans pour autant éteindre l'éclairage du centre-ville, un magasin sur deux pourrait être éclairé. Il y aurait un changement selon les soirs de la semaine afin de ne pas jouer sur la concurrence. Cet élément permettrait de diminuer fortement la dépense énergétique de Nantes dans l'éclairage.

D- Propreté de la ville La propreté de la ville est un autre enjeu du développement durable, sur Nantes Métropole, sous quatre aspects : la propreté sur la voie publique, le tri quotidien des déchets par les individus, la propreté et la gestion de l'eau et de la nature. Tout d'abord, l'aménagement de poubelles de couleur, dans les lieux publiques, inciterait les personnes à trier les déchets. Dans la ville de Dublin, en Irlande, multiples poubelles de couleur apparaissent dans les galeries commerciales. Sur chaque poubelle, des logos illustrent les déchets à déposer. Cela ne signifie pas que tous les individus trient correctement mais ils y sont incités. Cette idée peut s'expérimenter dans certaines galeries commerciales (Carrefour de Beaulieu, Atlantis...).

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Ensuite, les sacs bleus et jaunes ne sont pas facilement accessibles, notamment au centre-ville. Or, il serait possible d'étendre l'accès à ces sacs. A titre d'exemple, les locaux ménagers des concierges, dans les immeubles, pourraient être équipés en sacs. Également, les éboueurs pourraient jouer un rôle : en ramassant les ordures, ils déposent des Tri-sacs chaque semaine dans un compartiment prévu à cet effet. De plus, cela est déjà le cas dans certaines communes de l'agglomération nantaise : l'aménagement de bacs de couleur (bleu et jaune) devant chaque immeuble ou dans des lotissements. Les personnes seraient contraintes à utiliser tel ou tel bac en fonction des déchets produits. Ces bacs présupposent un tri correctement réalisé. D'où une dernière idée, qui repose sur la mise en place d'un impôt soit sur l'achat de produits sources d'emballages alimentaires ou sur un tri incorrect. Ici aussi, les éboueurs seraient des acteurs dans la gestion de cette taxe. La qualité et la gestion de l'eau à Nantes, thématique importante de l'Agenda 21, ne sont pas négligeables. Or, la ville devrait davantage sensibiliser ses habitants sur les économies financières découlant de la consommation d'eau (ex : récupération d'eau de pluie). Également, certains individus utilisent du composte. Or, les déchets organiques et les eaux usées pourraient aussi produire du biogaz, utilisé ensuite comme biocarburant. Enfin, la protection de la nature inclut la notion de biodiversité et de l'utilisation des ressources naturelles. Dans la ville de Loos-en-Gohelle, le programme "fifty-fifty" incite les habitants à planter dans leur jardin grâce à des aides financières. De même, l'entraide entre voisins serait envisageable pour jardiner chez les uns ou chez les autres. Certains individus pourraient même aider les personnes âgées. Des associations nantaises proposent déjà ce type de démarches : une parcelle de jardin est réservé à des familles qui résident en appartement. Elles peuvent ainsi entretenir leur propre jardin. Le jardinage inclut également le recours (ou non) aux pesticides. La ville d'Aalbord, au Danemark, a banni les pesticides des terrains municipaux en sensibilisant les individus à relayer ces pratiques. Le non-recours aux pesticides est critiquable car l'eau de pluie demeure la même pour tous.

E- Urbanisme et mixité sociale L'urbanisme appartient également aux problématiques du développement durable. Tout d'abord, l'étalement urbain se traduit par l'obligation de construire des bâtiments verticaux. De même, l'expansion démographique de Nantes Métropole dans les années à venir n'est pas négligeable. Vincent Kauffman estime que les collectivités devront faire face à un double enjeu : l'étalement urbain et l'aménagement de nouvelles formes d'habitat individuel moins dépendantes du véhicule. Cet étalement urbain justifie une volonté de fuir le centre-ville (dont les loyers sont trop élevés) pour vivre dans une maison entourée de verdure. Or, il est possible d'aménager des immeubles composés de logements plus grands (duplex ?) avec des terrasses favorisant le jardinage. L'autopartage interviendrait à nouveau. Également, le partage d'équipements collectifs (machines à laver, outils de bricolage...) dans certains logements limiterait les déplacements individuels. C'est déjà le cas dans certaines résidences étudiantes ou foyers de jeunes de travailleurs. Cet aménagement pourrait s'étendre. Or, ce partage sera surtout apprécié par les étudiants mais moins par les familles avec plusieurs enfants. La colocation favorise aussi ce type de partage.

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La mixité sociale se joue également dans l'aménagement de l'habitat : l'accès au logement pour les personnes handicapées, âgées et à faibles revenus. Divers projets urbains de démolitions et de réhabilitations concerne les quartiers de Chantenay, de Malakoff ou encore de Breil-Malville. La logique d'un accès à ces habitats pour les personnes aux faibles ressources et aux personnes âgées est clairement indiquée. De même, l'accès à l'habitat pour les personnes handicapées sera obligatoirement facilité dans les nouvelles constructions d'immeubles. Apparaît alors une autre idée : la mixité dans l'habitat liant différentes populations (horizons sociaux et âges divers). Or, la mixité intervient aussi dans les pratiques quotidiennes (travail, loisirs, sorties, groupes de pairs...). Il est difficile d'obliger les individus à côtoyer des personnes n'ayant pas les mêmes centres d'intérêt. Enfin, quelques logements actuels, en particulier en résidences HLM, posent un problème de chauffage. En effet, un défaut de construction ou un état d'usure des immeubles conduit à devoir énormément (ou pas assez) chauffer le logement. Cette problématique devra être étudiée avec soin. Les logements construits devront aussi répondre aux normes environnementales. L'architecture bioclimatique devrait répondre à trois objectifs : capter l'énergie solaire, la stocker et la répartir.

F- La culture La culture est une autre thématique du développement durable. Tout d'abord, l'accès gratuit à la culture se réalise par le biais de multiples concerts organisés dans les bars nantais le jeudi soir et le week-end. Ce type d’événements, sans être exclusivement gratuits, facilite une ouverture culturelle pour tous. La promotion d’événements culturels se réalise déjà par la publication de plusieurs magazines à disposition dans l'Université, dans des bars et sur internet (Pulsomatic). En dehors de ces publications, il y a peu d'affichages en ville sur des concerts gratuits. Également, une sensibilisation au développement durable interviendrait grâce à la culture. L'exemple du festival "Ecolo'tidien" qui a massivement rassemblé des personnes de différents horizons est une autre démarche. Plusieurs villes développent ce type de festivals. Prise en charge par Nantes, la culture inclut la musique, le théâtre, le cinéma, les musées et les expositions. Dans le cadre d'un festival, des ateliers d'apprentissage du jardinage seraient une façon de sensibiliser les individus à cette démarche. Multiples festivals de cinéma sont organisés au cinéma d'art et essai le Katorza : pourquoi ne pas proposer un festival de films et documentaires liés au développement durable ? La politique culturelle de Nantes Métropole devrait favoriser une émergence accrue d’événements axés sur le développement durable. En revanche, un problème touche le Hangar à Bananes. Ce lieu était créé pour regrouper, au sein d'un même endroit, l'ivresse collective et favoriser la "tranquillité publique" dans le centre-ville. Le Hangar à Bananes n'a peut-être pas été suffisamment réfléchit lors de son implantation. Lors d'une séance de travail avec Unis-Cité, une personne avait notamment expliqué que l'un de ses amis est décédé car il était ivre et il s'était noyé dans la Loire. Ce n'est pas le premier incident de ce type qui se déroule. Si le Hangar à Bananes est un lieu difficile à déplacer, il convient de le sécuriser davantage afin d'éviter que ce type d'accidents ne se reproduise. L'éclairage devrait être amélioré. Des barrières pourraient également être ajoutées pour limiter le risque de chute dans la Loire. Son accessibilité devrait aussi être étudiée (aménagement d'arrêts de bus ?).

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G- Rôle des centres de loisirs La socialisation au développement durable intervient aussi dans les centres de loisirs et haltegarderies, gérés par la ville. Agnès Florin, enseignante de psychologie à l'Université de Nantes, a particulièrement insisté, lors d'une conférence donnée au Conseil de Développement, sur l'enjeu que représente l'enfance. Avant 6 ans, un enfant acquiert une pléthore de compétences à la fois langagières mais aussi sur le savoir-vivre en société. Au cours d'un entretien, Sophie expliquait cette logique pour l'école : l'enfant apprend, rentre à la maison et explique à ses parents ce qu'il appris. Il en est de même pour le centre de loisirs. L'enfant peut aussi montrer à ses parents les activités réalisées. Des soirées parents peuvent être organisées, réunissant ainsi des personnes de différents milieux sociaux, socialisées au développement durable d'une autre façon. L'organisation de minicamps à la ferme permettrait également aux enfants d'apprendre à fabriquer des produits locaux. Il n'est pas certain que ce projet fonctionne pour tous. Or, le centre de loisirs est une instance articulant démarche éducative et ludique. Avec ses centres de loisirs, Nantes Métropole devrait élaborer des projets éducatifs et pédagogiques axés sur la sensibilisation au développement durable.

H- La démocratie participative La démocratie participative est un autre enjeu du développement durable. La sollicitation de points de vue individuels est une démarche utilisé par d'autres villes pour aider les pouvoirs publics à mettre en œuvre leurs politiques de développement durable. Des Agendas 21 sont mêmes élaborés avec des habitants et des agents municipaux. De plus, la forte adhésion à une décision collective engendre une légitimité et une appropriation individuelle d'une politique publique, en particulier en matière de développement durable. Or, la démarche de démocratie participative est complexe sous deux aspects. D'une part, la façon de rassembler les citoyens pose problème. Certes, le Conseil de développement communique ses informations sur le site internet mais aucune campagne spécifique n'intervient dans le centre-ville nantais. Cela explique (en partie) pourquoi ce sont souvent les mêmes individus qui se rendent aux réunions organisées. Il semble difficile d'inciter des personnes issues de milieux défavorisés à se joindre, de façon bénévole, au sein d'un Conseil de Développement. Les personnes se sentiront davantage concernées si leur propre intérêt personnel est remis en cause : que ce soit au niveau du cadre de vie ou d'une perte monétaire. Certaines mairies, plutôt que d'avancer une démarche incitative, réalisent un tirage au sort des personnes à mobiliser. Au-delà de cette participation incitative ou obligatoire, il y a la démarche que j'ai entreprise : les questionnaires et les entretiens sont d'excellentes méthodes pour récolter des avis personnels. Son inconvénient repose sur l'absence de débats collectifs. D'autre part, le fonctionnement de la démocratie participative est un sujet de discordes. Ce sont là aussi souvent les mêmes personnes qui prennent la parole. Multiples facteurs sociaux (niveau de diplômes...) et psychologiques justifient la complexité de s'exprimer devant autrui. Un temps de parole devrait-il être strictement imposé ? De plus, la démocratie participative ne s'exprime pas uniquement au sein d'un Conseil de quartier ou de développement. A titre d'exemple, les repas en famille peuvent parfois être plus producteurs d'arguments. Il s'agirait d'organiser des débats en s'adaptant au citoyen. Le lieu et l'heure des débats peuvent aussi évoluer. Pourquoi ne pas proposer 110/148


des débats dans les halls d'immeubles autour d'une tasse de thé ou de café ? Les individus se trouveraient alors dans un environnement familier et s'exprimeraient plus facilement sur les problématiques liées à leur quartier ou leur ville.

I- Ouverture à l'échelle internationale Enfin, l'ouverture de Nantes à l'international favoriserait les partenariats avec d'autres pays. Nous l'avions déjà évoqué, le commerce équitable est une notion de l'Agenda 21. De plus, en France, la loi du 6 février 1992 relative à l'administration territoriale de la République, reconnaît juridiquement dans son titre IV intitulé "de la coopération décentralisée", le droit aux collectivités locales françaises de "conclure des conventions avec des collectivités territoriales étrangères et leurs groupements, dans les limites de leurs compétences et dans le respect des engagements internationaux de la France". Nantes Métropole organise des événements en coopération avec l'Europe. Il y le soutien d'associations européennes (Maison de L'Europe par exemple) et le Forum "Nantes Créative Générations". L'objectif est de fédérer des personnes de multiples nationalités européennes. De même, EuradioNantes permet à tout citoyen nantais d'écouter une radio en français et en anglais traitant de multiples sujets d'actualité. Nantes est aussi bénéficiaire de fonds structurels, preuve d'un dynamisme à l'échelle européenne. Ces différents projet européens pour les individus de moins de 25 ans sont indiqués dans des structures pour la jeunesse telles que le Centre Régionale d'Information Jeunesse (CRIJ) ou sur internet. Des campagnes de sensibilisation dans les collèges, lycées ou centres de loisirs sont envisageables.

Donc, les préoccupations majeures qui apparaissent dans l'enquête sont celles liées directement au quotidien des personnes. Les problématiques plus scientifiques et axées sur une échelle nationale voire internationale sont nettement moins évoquées. Un décalage s'exprime sur l'action des pouvoirs publics et la façon dont les personnes la perçoivent ce quotidien. Enfin, le développement durable n'atteindra la vie des personnes que si trois éléments entrent en ligne de compte. Tout d'abord, tout individu est raisonnable et si la façon de se déplacer, de réaliser ses courses, tout simplement de vivre lui permet de gagner du temps et de l'argent, il choisira un mode de vie plutôt qu'un autre. Ensuite, toute contrainte financière, légale et d'aménagement de l'espace public obligera les personnes à modifier leurs attitudes. Enfin, une socialisation au développement durable intervient aussi dans le changement des mentalités. Les inégalités sociales sont au fondement de cette socialisation divergente. C'est la problématique la plus complexe à résoudre par les pouvoirs publics. Ces trois éléments sous-entendent une coopération entre pléthore d'acteurs à la fois locaux et nationaux : les pouvoirs publics (internationaux, nationaux, régionaux et locaux), les centres de loisirs et de vacances, les écoles, collèges, lycées, les universités, les associations, les bailleurs sociaux, les agences d'urbanisme, les fournisseurs d'énergie, les entreprises... Toute politique publique suppose aussi une évaluation de son efficacité. Lors de son intervention au Conseil de Développement, le DGS de Nantes Métropole avait souligné cette intention sans préciser comment la réaliser. Quelques villes établissent des indicateurs accompagnés de stocks de capitaux (selon les thématiques du développement durable).

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Annexes Le questionnaire 17 Actuellement Ton âge : □ 16-18 ans □ 18-20 ans □ 20-22 ans □ 22-24 ans □ Plus de 24 ans : précise ton âge : …..................................... Ton sexe :

□ Homme

□ Femme

Ta situation matrimoniale : □ Célibataire □ En concubinage □ En couple □ Marié(e) □ Pacsé(e) □ Divorcé(e) □ Séparé(e) □ Veuf(ve) □ Autre : ............................................................................................................................................................................... Vis-tu... □ Seul(e) □ En colocation □ Chez tes parents □ Chez un membre de ta famille □ En couple □ Autre : ............................................................................................................................................................... Le type de logement que tu occupes ? □ Maison située en ville □ Maison située en campagne □ Appartement dans un immeuble □ Studio ou chambre dans une résidence, □ Studio ou chambre en foyer.... □Ailleurs : ........................................................................................................................................................... ...............................................................................................................................................................................

17 Les espaces pour les réponses libres (dans certaines questions) ont été réduits vis à vis du questionnaire original.

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Ta ville de résidence, et ton quartier plus précisément ? ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... As-tu un/des diplôme(s) ? □ Non □ Brevet des collèges □ CAP, BEP ou équivalent □ Baccalauréat ou brevet professionnel □ Baccalauréat + 2 ans □ Baccalauréat + 3 ans et plus □ Ne souhaite pas le mentionner Précise le domaine : ......................................................................................................................................... Quelle est ton activité principale actuelle ? □ Ne travaille pas actuellement

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□ Étudiant

□ Étudiant avec un emploi

Domaine : ....................... ....................... ....................... ....................... ....................... .......................

□ ... à temps plein □ ... à temps partiel □ Autres : ............................................ ............................................ ............................................

□ Exerce une activité professionnelle

Type de contrat □ Contrat A Durée Déterminée □ Contrat A Durée Indéterminée □ Contrat A Temps Partiel □ Contrat Unique d'Insertion □ Contrat Nouvelle Embauche Type d'emploi occupé : □ Contrat d'apprentissage/alternance □ Agriculteurs □ Autres : □ Artisans, Commerçants et .................................................. Chefs d'entreprise .................................................. □ Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures Type d'emploi occupé : □ Professions Intermédiaires □ Agriculteurs □ Employés □ Artisans, Commerçants et □ Ouvriers Chefs d'entreprise □ Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures Précise l'intitulé précis de □ Professions Intermédiaires l'emploi que tu occupes : □ Employés □ Ouvriers ............................................ ............................................ Précise l'intitulé précis de ............................................ l'emploi que tu occupes : ............................................ ............................................ .................................................. ............................................ .................................................. ............................................ .................................................. ............................................ ..................................................

□ Autre

Précise ta situation : ...................... ...................... ...................... ...................... ......................


Tes loisirs Quels sont tes principaux loisirs ? □ Lecture □ Cinéma □ Sorties (bars, concerts, discothèques...) □ Théâtre □ Expositions □ Musée □ Opéra □ Ordinateur □ Autre : ............................................................................................................................................................... Appartiens-tu à.... Oui

Non

Pourquoi ?

Si oui, lequel/laquelle ?

Depuis quand ?

.................................. .................................. .................................. ...............................

......................................... ......................................... ......................................... .........................................

...................................... ...................................... ...................................... .....................................

Appartenance Une association (sportive, culturelle, caritative...) Un syndicat

.................................. ......................................... ......................................

Un parti politique

.................................. ......................................... ...................................... ................................. ......................................... ......................................

Une structure de démocratie participative (type Conseil de développement, de quartier...)

.................................. .................................. .................................. .................................. .................................. ...........................

......................................... ......................................... ......................................... ......................................... ......................................... ........................................

...................................... ...................................... ...................................... ...................................... ...................................... .....................................

Lis-tu le journal... □ Jamais □ Une fois toutes les deux/trois semaines □ Une fois par mois □ Une à trois fois par semaine □ Quatre à six fois par semaine □ Tous les jours □ Autres : ............................................................................................................................................................. Quel(s) journal/journaux écrit(s) lis-tu ? □ Aucun □ Presse gratuite (2O minutes, Métro, Direct Soir....) □ Presse locale (Ouest-France, Presse-Océan....) □ Presse nationale (Le Monde, Le Figaro...) □ Presse hebdomadaire (Le Nouvel Observateur, L'Express...) □ Presse axée sur le développement durable (Développement Durable et Territoires, Terraeco...) □ Autres : .............................................................................................................................................................

118/148


Quelle type de presse numérique lis-tu (sur ton ordinateur, ton téléphone portable....) ? □ Aucune □ Presse gratuite (2O minutes, Métro, Direct Soir....) □ Presse locale (Ouest-France, Presse-Océan....) □ Presse nationale (Le Monde, Le Figaro...) □ Presse hebdomadaire (Le Nouvel Observateur, L'Express...) □ Presse axée sur le développement durable (Développement Durable et Territoires, Terraeco...) □ Autres : ............................................................................................................................................................. Tes déplacements : Comment te déplaces-tu.... Quand ?

Jamais (en possède M o d e d e un(e) ) déplacement

Jamais (n'en possède pas)

Une fois toutes les deux/trois semaines

Une fois par mois

Une à trois Quatre à fois par six fois semaine par semaine

Tous les jours

Autre, précise

Ta voiture

...............

Covoiturage

...............

Ton vélo

...............

Le bus / tramway

............... ...............

Le Navibus

...............

A pieds

...............

Autre, précise : ......

............... ...............

Tes achats Comment vas-tu faire tes courses ? □ Je ne fais pas les courses □ Bus et tramway □ A pieds □ En vélo □ En voiture : □ seul(e) □ avec ton/tes parents □ avec ton/ta concubin(e) □ avec ton/ta colocataire/colocatrice □ en covoiturage □ autres : ................................................................................................................................... □Autres : .............................................................................................................................................. ................ Quand vas-tu faire tes courses ? □ Une fois par mois □ Une fois toutes les deux semaines □ Une fois par semaine □ Deux à trois fois semaine □ Non concerné(e) □ Autres : ...............................................................................................................................................

119/148


Où vas-tu faire tes courses ? □ Centre commercial (type Carrefour, Auchan, Leclerc...) □ Supermarché, Supérette (Hypermarché U, Casino, Monoprix...) □ Magasins Discount (Lidl, LeaderPrice, Netto...) □ Au marché □ Sur internet (chez soit) □ Commerces de proximité (Boucherie, Boulangerie...) □ Non concerné(e) □Autres : .............................................................................................................................................. ............... Quel(s) type(s) de produits achètes-tu et quand ? Quand ? Systématiquement

Souvent

De temps en Rarement Autres : dans ce cas, temps précise

Type de Produits Fruits, légumes frais

................................... ...................................

Bouteilles d'eau

................................... ...................................

Boissons sucrées type Coca-Cola, jus d'orange...

................................... ................................... ...................................

Féculents (pâtes, riz...)

................................... ...................................

Biscuits, gâteaux

................................... ...................................

Pain

................................... ...................................

Produits surgelés (viande, poisson, légumes...)

................................... ................................... ...................................

Boîtes de conserve (légumes, raviolis...)

................................... ...................................

Viande fraîche

................................... ...................................

Produits bio et / ou issus du commerce équitable tels que des fruits frais (banane, mangue..), secs (datte, mangue...) du quinoa, des épices....

................................... ................................... ................................... ................................... ................................... ................................... ................................... ...................................

Autres, précise : .................................... ....................................

................................... ................................... ...................................

Non concerné(e)

120/148


Chez toi : tes équipements Quand utilises-tu ton ordinateur ? □ Jamais (en possède un) □ Jamais (n'en possède pas) □ Une fois par mois □ Une fois toutes les deux/trois semaines □ Une à trois fois par semaine □ Quatre à six fois par semaine □ Tous les jours □ Autres : .............................................................................................................................................................................. Pendant combien de temps ? □ Moins d'une heure □ Une heure □ Une heure à deux heures □ Deux à trois heures □ Trois à quatre heures □ Quatre heures et plus : précise la durée approximative : .............................................................................. □ Allumé toute la journée Quel(s) usage(s) en fais-tu ? □ Usage(s) professionnel(s) (pour tes études, ton emploi...) □ Obtenir des idées de sorties (des bars, des concerts...) □ Les réseaux sociaux (Facebook, MSN...) □ Se documenter sur l'actualité □ Recherches de vidéos, textes humoristiques (VDM...) □ Visionnage de vidéos, de photos □ Jeux en réseau □ Jeux divers (jeux de rôle, d'aventure, de sport...) □ Autres : .............................................................................................................................................................. Quand allumes-tu ta télévision ? □ Jamais (n'en possède pas) □ Jamais (en possède une) □ Une fois toutes les deux/trois semaines □ Une fois par mois □ Une à trois fois par semaine □ Quatre à six fois par semaine □ Tous les jours □ Autres : .............................................................................................................................................................. Pendant combien de temps ? □ Moins d'une heure □ Une heure □ Une heure à deux heures □ Deux à trois heures □ Trois à quatre heures □ Quatre heures et plus : précise la durée approximative : ................................................................................

121/148


Quel(s) type(s) de programme regardes-tu ? □ Films □ Dessin(s) animé(s) □ Séries □ Journal Télévisé □ Politique □ International □ Musical □ Documentaires : □ Scientifique / Biologique (Arte) □ Monde (découverte d'autres cultures) □ Nature (type Ushuia Nature, Yann Arthus Bertrand...) □ autres........................................................................................................................................ .............................................................................................................................................................................. □ Autres : .............................................................................................................................................................. ............................................................................................................................................................................... Combien de fois par semaine allumes-tu ton poste radio ? □ Jamais (en possède un) □ Jamais (n'en possède pas) □ Une fois toutes les deux/trois semaines □ Une fois par mois □ Une à trois fois par semaine □ Quatre à six fois par semaine □ Tous les jours □ Autres : ............................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................. Pendant combien de temps ? □ Moins d'une heure □ Une heure □ Une heure à deux heures □ Deux à trois heures □ Trois à quatre heures □ Quatre heures et plus : précise la durée approximative : ................................................................................. Quelle(s) radio(s) écoutes-tu ? □ Nova, TSF Jazz □ Nostalgie □ Skyrock □ NRJ , Fun Radio □ HitWest, Alouette, Virgin □ RTL, RTL 2 □ Chérie FM, MFM □ France Inter, France Info, France Culture, France Bleu, France Musique □ Radio classique □ Prun' □ Aucune □ Autres : ............................................................................................................................................................. ..............................................................................................................................................................................

122/148


De combien de téléphone(s) portable disposes-tu ? □ Aucun □ Un □ Deux □ Plus de deux, précise : .................................................................................................................................... Disposes-tu d'un Smartphone ? □ Aucun □ Un □ Deux □ Plus de deux, précise : .................................................................................................................................... □ Ne sait pas Pour quelles utilités ? □ En tant qu'agenda □ Consulter l'heure □ Des jeux divers □ En tant que lecteur MP3 □ Envoyer de SMS, MMS □ Passer des appels □ Prendre des photos et /ou des vidéos □ Se relier à internet □ Autres : ............................................................................................................................................................. Quelle est la durée moyenne d'utilisation de ton/tes téléphone(s) portable par jour ? □ Moins de 30 min □ de 30 min à 1h □ De 1h à 2h □ Plus de 2h, précise : .............................................................................................................................. Utilises-tu.... Quand ?

Une fois à Trois fois par Quatre fois deux fois par semaine par semaine semaine

Plus de quatre fois, précise

Équipement Une machine à laver

....................... .......................

Le sèchelinge

....................... .......................

Un fer à repasser

....................... .......................

Le lavevaisselle

....................... .......................

Autre, précise : ....................... .......................

....................... ....................... ....................... .......................

123/148

Ne sait pas

Non concerné(e)


Quel type de chauffage utilises-tu ? □ Électrique □ Au gaz □ Au fioul □ Au bois : cheminée □ Solaire □ Géothermie □ Ne sait pas □Autre : ................................................................................................................................................................ Quel(s) type(s) de lampes utilises-tu ? □ Lampe à incandescence □ Lampe à fluorescence ou dite à basse consommation ou néon □ La diode électro-luminescente ou LED □ Lampe à induction □ Ne sait pas □Autres : ............................................................................................................................................................... Comment gères-tu tes déchets ? Quand ? La gestion des déchets

Systématiquement

Souvent

De temps en temps

Rarement

Autres : dans ce cas, précise

Tous dans une même poubelle

...................... ......................

L'utilisation des sacs bleus et jaunes

...................... ......................

Le verre dans les contenaires prévus à cet effet

...................... ...................... ......................

Les déchets encombrants (type électroménagers) posés sur le bord du trottoir

...................... ...................... ...................... ...................... ......................

Les déchets encombrants (type électroménagers) déposés à la déchetterie

...................... ...................... ...................... ...................... ......................

Les piles dans les bornes prévues à cet usage

...................... ...................... ......................

□ Ne sait pas Autres : .................................. .................................. ..................................

124/148

...................... ...................... ...................... ......................


Ton enfance et ton adolescence Vivais-tu... Pendant ton...

Enfance

Adolescence

Où ? Dans quelle ville et quartier ? ........................................................ ........................................................ Chez tes parents Chez d'autres membres de ta famille En foyer Autres : ......................................... Dans quel type de logement était-ce ? Pendant ton...

Enfance

Adolescence

Où ? Maison située en ville Maison située en campagne Appartement dans un immeuble Chambre dans une résidence Chambre dans un foyer Autres : ......................................... ........................................................ ........................................................ Les déplacements Comment te rendais-tu à l'école / collège / lycée ? □ Bus et tramway □ En car □ A pieds □ En vélo □ En voiture : □ avec ton/tes parents □ autres : ................................................................................................................................. □ Autres : ............................................................................................................................................................. Comment ton père se déplaçait dans la semaine (pour se rendre au travail, loisirs....) ? □ Bus et tramway □ A pieds □ En vélo □ En voiture : □ seul □ en covoiturage □ autres : .................................................................................................................................. □ Autres : ............................................................................................................................................................. □ Ne sait pas □ Non concerné(e) (exemple : parent décédé)

125/148


Comment ta mère se déplaçait dans la semaine (pour se rendre au travail, loisirs....) ? □ Bus et tramway □ A pieds □ En vélo □ En voiture : □ seule □ en covoiturage □ autres : ................................................................................................................................. □ Autres : ............................................................................................................................................................ ............................................................................................................................................................................... □ Ne sait pas □ Non concerné(e) (exemple : parent décédé) Les achats Comment ton/tes parent(s) allai(en)t faire leurs courses ? □ Bus et tramway □ A pieds □ En vélo □ En voiture : □ Autres : ........................................................................................................................................................... □ Ne sait pas □ Non concerné(e) (exemple : parents décédés) Où faisai(en)t-il(s) leurs courses ? □ Centre commercial (type Carrefour, Auchan, Leclerc...) □ Supermarché, Supérette (Hypermarché U, Casino, Monoprix...) □ Magasins Discount (Lidl, LeaderPrice, Netto...) □ Au marché □ Sur internet (chez soit) □ Commerces de proximité (Boucherie, Boulangerie...) □ Non concerné(e) (exemple : parent décédé) □ Ne sait pas □Autres : .............................................................................................................................................. ................ Quand allai(en)t-il(s) faire leurs courses ? □ Une fois par mois □ Une fois toutes les deux semaines □ Une fois par semaine □ Deux à trois fois semaine □ Autres : .............................................................................................................................................................................. □ Ne sait pas □ Non concerné(e) (exemple : parent décédé)

126/148


Pour quel(s) type(s) d'achats ? Quand ?

Systématiquement Souvent De temps Rarement Autres : Ne sait □ Non en temps dans ce pas concerné(e) cas, (exemple : Type de Produits précise parent décédé) Fruits, légumes frais

............... ...............

Bouteilles d'eau

...............

Boissons sucrées type Coca-Cola, jus d'orange...

............... ............... ...............

Féculents (riz, pâtes...)

............... ...............

Biscuits, gâteaux

...............

Pain

...............

Produits surgelés (viande, poisson...)

............... ............... ...............

Boîtes de conserve (légumes...)

............... ............... ..............

Viande fraîche

...............

Produits bio et / ou issus du commerce équitable tels que des fruits frais (banane, mangue..), secs (datte, mangue...) du quinoa....

............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ...............

Autres, précise : ............................. .............................

............... ............... ...............

□ Ne sait pas

Quels étaient les équipements et quand étaient-ils utilisés ?

127/148


Quand ?

Oui Non Utilisé(s) Souvent Occasionnellement Rarement Jamais Autre : tous les précise ? jours

Les équipements Machine à laver

................ ................

Sèche-linge

................

Fer à repasser

................ ................

Lavevaisselle

................ ................

Ordinateur

................

Télévision

................

Poste radio

................

Autres : ....... .....................

................ ................

De combien de téléphone(s) portable disposait ton père ? □ Aucun □ Un □ Deux □ Plus de deux : .................................................................................................................. □ Ne sait pas □ Non concerné(e) (exemple : parent décédé) De combien de téléphone(s) portable disposait ta mère ? □ Aucun □ Un □ Deux □ Plus de deux : ................................................................................................................. □ Ne sait pas □ Non concerné(e) (exemple : parent décédé)

Comment les déchets étaient-ils gérés ?

128/148

Ne sait pas


Quand ?

Systématiquement

Souvent

De temps en temps

Rarement

Autres : dans ce cas, précise

La gestion des déchets Tous dans une même poubelle

...................... ......................

L'utilisation de bacs/compartiments pour séparer le carton et le papier

...................... ...................... ...................... ......................

Le verre dans les contenaires prévus à cet effet

...................... ...................... ......................

Les déchets encombrants (type électroménagers) posés sur le bord du trottoir

...................... ...................... ...................... ...................... ......................

Les déchets encombrants (type électroménagers) déposés à la déchetterie

...................... ...................... ...................... ...................... ......................

Les piles dans les bornes prévues à cet usage

...................... ...................... ......................

□ Ne sait pas Autres : ...................................

...................... ......................

Te souviens-tu du/des journal/journaux que ton/tes parent(s) lisai(en)t ? □ Presse gratuite (2O minutes, Métro, Direct Soir....) □ Presse locale (Ouest-France, Presse-Océan....) □ Presse nationale (Le Monde, Le Figaro...) □ Presse hebdomadaire (Le Nouvel Observateur, L'Express...) □ Presse axée sur le développement durable (Développement Durable et Territoires, Terraeco...) □ Ne sait pas □ Non concerné(e) (exemple : parents décédés) □ Autres : ............................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................

La situation de ton/tes parents 129/148


□ Mariés □ En concubinage □ Divorcés □ Séparés □ Pacsés □ Veuf (ve) □ Non concerné(e) (exemple : parents décédés) □ Autres : ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... Ton/tes parent(s) a/ont-il(s) un/des diplôme(s) ?

Parent

Mère

Père

Domaine :................................. ................................................. ................................................. .................................................

Domaine :........................................... ............................................................ ............................................................ ............................................................

Baccalauréat ou Domaine :................................. Brevet ................................................. professionnel ................................................. .................................................

Domaine :........................................... ............................................................ ............................................................ ............................................................

Baccalauréat + Domaine :................................. 2 ans ................................................. ................................................. .................................................

Domaine :........................................... ............................................................ ............................................................ ............................................................

Baccalauréat + Domaine :................................. 3 ans et plus ................................................. ................................................. .................................................

Domaine :........................................... ............................................................ ............................................................ ............................................................

Diplôme(s) Non Certificat d'Études Primaires BEPC CAP, BEP

Autres, précise :

Domaine :................................. ................................................. ................................................. .................................................

Domaine :........................................... ............................................................ ............................................................ ............................................................

Ne sait pas

Quelle est et/ou était l'activité principale de ton/tes parents ?

130/148

□ Non concerné(e) (ex : parents décédés)


Parent Position professionnelle

Mère

Père

Socio-

□ Non concerné(e) (ex : parents décédés)

Sans activité professionnelle (en recherche d'emploi, au foyer...) Retraités : dans ce cas, précise aussi l'emploi occupé avant la retraite Agriculteurs

Précise l'emploi occupé : Précise l'emploi occupé : .................................................. ................................................

Artisans, commerçants et Précise l'emploi occupé : Précise l'emploi occupé : chefs d'entreprises .................................................. ................................................ Cadres et professions Précise l'emploi occupé : Précise l'emploi occupé : intellectuelles supérieures .................................................. ................................................ Professions intermédiaires Précise l'emploi occupé : Précise l'emploi occupé : .................................................. ................................................ Employés

Précise l'emploi occupé : Précise l'emploi occupé : ................................................. ................................................

Ouvriers

Précise l'emploi occupé : Précise l'emploi occupé : .................................................. ................................................

Ne sait pas Ton/tes parents appartenai(ent)-ils(s) à...... ? Parent

Mère

Père

Appartenance à... Une association (sportive, □ Oui □ Non □ Oui □ Non culturelle, caritative...) Si oui, laquelle/lesquelles ? Si oui, laquelle/lesquelles ? .................................................. ................................................ Un syndicat

□ Oui □ Non □ Oui □ Non Si oui, lequel/lesquels ? Si oui, lequel/lesquels ? .................................................. ................................................

Un parti politique

□ Oui □ Non □ Oui □ Non Si oui, lequel/lesquels ? Si oui, lequel/lesquels ? .................................................. ................................................

Une structure de démocratie participative (type le Conseil de Développement, Conseil de quartiers...) Ne sait pas

131/148

□ Oui □ Non Si oui, laquelle/lesquelles ? .................................................. .................................................. ..................................................

□ Oui □ Non Si oui, laquelle/lesquelles ? ................................................ ................................................ ................................................

□ Non concerné(e) (ex : parents décédés)


L'avenir Pourquoi as-tu choisi de t'investir au sein d'Unis-Cité / de l'École de la deuxième chance / de l'École Centrale ? ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... Quelle est TA définition du développement durable ? ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... Comment vois-tu ton comportement vis à vis du développement durable à l'avenir ? ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... De façon plus générale, comment te vois-tu personnellement d'ici vingt ans ? Où ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... As-tu des souhaits particuliers concernant la ville de Nantes ? (pas uniquement en matière de développement durable) ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................... Dans le cadre de mon étude pour le Conseil de Développement, je réalise également quelques entretiens avec des jeunes. Accepterais-tu de me laisser tes coordonnées pour que je puisse te recontacter si besoin ? Ton prénom :....................................................................................................................................................... Ton numéro de téléphone :................................................................................................................................ Ton adresse e mail : ........................................................................................................................................... Merci !

132/148


Graphiques et tableaux cités au cours de l'analyse. Figure 1.

31,58 % des individus sont âgés de 22 à 24 ans. Figure 2. Type d'habitat (en %) :

Ty p e d ' H a b i t a t Fréquences Seul(e) 28,95 En colocation 15,79 Chez ses parents 32,89 Chez un autre membre de sa famille 3,95 En couple 13,16 Autre situation 5,26 Total 1 0 0 32,89 % des individus résident chez leurs parents.

133/148


Figure 3. Utilisation du véhicule en fonction du mode de vie (en %) : Modes de vie / Fréquences Seul(e) En colocation Chez ses parents Chez un autre membre de sa famille En couple Autre Total

Jamais 63,6 5 0 6 0 1 0 0 6 0 7 5 61,84

Rarement 18,2 33,3 4 0 2 0 0 14,47

Plusieurs fois par semaine 13,6 16,7 2 0 0 2 0 2 5 17,11

To u s l e s j o u r s 4,5 0 1 6 0 0 0 6,58

Total 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0

16,7 % des personnes vivant en colocation utilisent leur véhicule plusieurs fois par semaine. Figure 4. Achat de produits surgelés en fonction du mode de vie (en %) : 1 2 0 1 0 0 8 0 6 0 4 0 2 0

R a r e m e n t , v o i r e j a m a i s

0

P a r m o m e n t s Systéma9quement

50 % des enquêtés résidant en colocation consomment systématiquement des produits surgelés. Figure 5. Achat de boites de conserve en fonction du mode de vie (en %) : 1 2 0 1 0 0 8 0 6 0 4 0 2 0 0

R a r e m e n t , v o i r e j a m a i s P a r m o m e n t s Systéma9quement

50 % des individus qui vivent avec leurs enfants achètent systématiquement des boites de conserve. 134/148


Figure 6. Répartition de la fréquence d'utilisation de la télévision, du poste radio et de l'ordinateur (en %) :

Fréquence / Equipements Télévision Poste radio Ordinateur Jamais 26,32 26,32 3,95 Rarement 7,89 6,58 2,63 Régulièrement 10,53 15,79 6,58 Souvent 53,95 34,21 84,21 Autre 1,32 0 2,63 Sur l'ordinateur 0 11,84 0 Dans la voiture 5,26 0 Total 1 0 0 1 0 0 1 0 0 84,21 % des enquêtés utilisent souvent leur ordinateur. Figure 7. Durée d'utilisation de la télévision et de l'ordinateur (en %) :

Durée d'utilisation / Equipements Télévision Ordinateur Jamais 23,68 2,63 Une heure ou moins 10,53 2 5 Une à trois heures 46,05 42,11 Trois heures et plus 19,74 21,05 Allumé toute la journée 0 9,21 Total 1 0 0 1 0 0 21,05 % des individus utilisent leur ordinateur trois heures voire plus au cours d'une journée.

135/148


Figure 8. L'utilisation du téléphone pour se connecter à internet en fonction du niveau de diplôme (en %) :

0 0

N o n p r é c i s é

22,9 B a c c a l a u r é a t + 2 a n s , v o i r e p l u s

25,9 28,6 37,1

Oui

C A P , B E P , B a c c a l a u r é a t o u B r e v e t P r o f e s s i o n n e l 74,1 71,4

Non

B r e v e t d e s C o l l è g e s o u moins

4 0 0

2 0

4 0

6 0

8 0

37,1 % des individus titulaires du brevet des collèges (ou moins) se connectent à internet avec leur téléphone portable (ou leur smartphone) Figures 9. Le tri des déchets en fonction des achats alimentaires : Tri sélectif en fonction de l'achat de boites de conserve (en %) : Utilisation sacs bleus et jaunes / achats de boite de conserve Rarement De temps en temps Souvent Systématiquement Total

Rarement, voir Jamais Par moments Systématiquement Non concerné(e) To t a l 20,6 38,2 23,5 17,6 1 0 0 2 5 5 0 2 5 0 1 0 0 21,6 51,4 18,9 8,1 1 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0 21,05 44,74 21,05 13,16 1 0 0

21,6 % des individus qui réalisent souvent leur tri des déchets (en utilisant les sacs bleus et jaunes) n'achètent quasiment jamais de boites de conserve. Tri sélectif en fonction de l'achat de produits surgelés (en %) : Utilisation sacs bleus et jaunes / achats de produits surgelés Rarement De temps en temps Souvent Systématiquement To t a l

136/148

Rarement, voir Jamais Par moments Systématiquement 32,4 20,6 26,5 0 7 5 2 5 24,3 48,6 18,9 0 0 0 26,32 36,84 22,37

Autre Non concerné(e) 2,9 17,6 0 0 0 8,1 0 1 0 0 1,32 13,16

To t 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0

al 0 0 0 0 0


Tri sélectif en fonction de l'achat de produits biologiques et/ou issus du commerce équitable (en %) : Utilisation des sacs bleus et jaunes / Achats de produits biologiques Rarement De temps en temps Souvent Systématiquement To t a l

Rarement, voir Jamais Par moments Systématiquement Non concerné(e) 52,9 23,5 5,9 17,6 5 0 5 0 0 0 37,8 45,9 8,1 8,1 0 0 0 1 0 0 44,74 35,53 6,58 13,16

To t a l 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0

Figures 10. L'absence de projections personnelles en fonction de l'âge et du sexe (en %) – pour les garçons : Age / Projections personnelles 16-20 ans 20-24 ans Plus de 24 ans Total

Se projette personnellement 56,3 78,9 7 5 69,23

Aucune projection personnelle 43,8 21,1 2 5 30,77

Tot 1 0 1 0 1 0 1 0

al 0 0 0 0

Tot 1 0 1 0 1 0 1 0

al 0 0 0 0

75 % des garçons âgés de plus de 24 ans se projettent personnellement. – pour les filles : Age / Projections personnelles 16-20 ans 20-24 ans Plus de 24 ans Total

Se projette personnellement 8 0 73,9 7 5 75,68

Aucune projection personnelle 2 0 26,1 2 5 24,32

Figure 11. La référence à des pratiques concrètes à l'avenir en fonction du diplôme (en %) : 3 0 2 5

25,9

25,9

21,4

21,4

2 0 14,3 14,8

1 5 1 0

B r e v e t d e s C o l l è g e s o u moins

8,6 5,7

5

2,9

0 T r i d e s d é c h e t s , é c o n o m i e s d ' e a u e t d'énergie

L a L e s m o d e s d e c o n s o m m a ? o n d é p l a c e m e n t alimentaire

C A P , B E P , B a c c a l a u r é a t o u B r e v e t P r o f e s s i o n n e l B a c c a l a u r é a t + 2 a n s , v o i r e p l u s

2,9 % des titulaires du brevet des collèges (ou moins) traitent de leur façon de se déplacer à l'avenir. 137/148


Figures 12. Fréquentation du marché en fonction de la PCS (en %) – de la mère :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s …

N o n c o n c e r n é ( e )

Agriculteurs

Oui Non

N e s a i t p a s o u n o n … S a n s a c 4 v i t é p r o f e s s i o n n e l l e N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0

33 % des mères appartenant aux Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures fréquentaient le marché. – du père :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s …

N o n c o n c e r n é ( e )

A r 4 s a n s , C o m m e r ç a n t s , …

Oui

Agriculteurs

Non

N o n m e n 4 o n n é S a n s a c 4 v i t é p r o f e s s i o n n e l l e N o n c o n c e r n é ( e ) 0

138/148

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0


Figures 13. Fréquentation des commerces de proximité en fonction de la PCS (en %) – de la mère :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s …

N o n c o n c e r n é ( e )

Agriculteurs

Oui Non

N e s a i t p a s o u n o n … S a n s a c 4 v i t é p r o f e s s i o n n e l l e N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0

40 % des mères Employés fréquentaient les commerces de proximité. – du père :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s …

N o n c o n c e r n é ( e )

A r 4 s a n s , C o m m e r ç a n t s , …

Oui

Agriculteurs

Non

N o n m e n 4 o n n é S a n s a c 4 v i t é p r o f e s s i o n n e l l e N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0

Figures 14. Fréquentation du centre commercial en fonction de la PCS (en %) 139/148


– de la mère :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s …

N o n c o n c e r n é ( e )

Agriculteurs

Oui Non

N e s a i t p a s o u n o n … S a n s a c 4 v i t é p r o f e s s i o n n e l l e N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0

80 % des mères sans activité professionnelle fréquentaient le centre commercial. – du père :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s …

N o n c o n c e r n é ( e )

A r 4 s a n s , C o m m e r ç a n t s , …

Oui

Agriculteurs

Non

N o n m e n 4 o n n é S a n s a c 4 v i t é p r o f e s s i o n n e l l e N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0

Figures 15. Fréquentations des supermarchés et supérettes en fonction de la PCS (en %)

140/148


– de la mère :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s …

N o n c o n c e r n é ( e )

Agriculteurs

Oui Non

N e s a i t p a s o u n o n … S a n s a c 4 v i t é p r o f e s s i o n n e l l e N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0

44 % des mères appartenant aux Professions Intermédiaires se rendaient aux supermarchés et supérettes. – du père :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s …

N o n c o n c e r n é ( e )

A r 4 s a n s , C o m m e r ç a n t s , …

Oui

Agriculteurs

Non

N o n m e n 4 o n n é S a n s a c 4 v i t é p r o f e s s i o n n e l l e N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0

Figures 16. Absence de tri des déchets en fonction de la PCS (en %) – de la mère : 141/148


Ouvriers Employés N e s a i t p a s

P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s

Systéma4quement

C a d r e s e t P r o f e s s i o n s …

Souvent

Agriculteurs

D e t e m p s e n t e m p s

N e s a i t p a s o u n o n …

Rarement

S a n s a c 4 v i t é …

Jamais

N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 01 2 0

30 % des mères Employés ne faisaient pas le tri des déchets. – du père :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s

N e s a i t p a s

C a d r e s e t P r o f e s s i o n s …

Systéma4quement

A r 4 s a n s , C o m m e r ç a n t s , …

Souvent

Agriculteurs

D e t e m p s e n t e m p s Rarement

N o n m e n 4 o n n é

Jamais

S a n s a c 4 v i t é … N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0

4 0

6 0

8 0

Figures 17. Investissement dans une structure de démocratie participative en fonction de la PCS (en %) 142/148


– de la mère : 2 0 0 1 8 0 1 6 0 1 4 0 1 2 0

9 5 Employés

1 0 0 8 0

P r o f e s s i o n s Intermédiaires

6 0 4 0

81,3

5 18,8

2 0 0 N ' y a p p a r 2 e n t p a s

A p p a r 2 e n t à u n e s t r u c t u r e d e d é m o c r a 2 e p a r 2 c i p a 2 v e

18,8 % des mères appartenant aux Professions Intermédiaires se sont aussi investies (ou c'est toujours le cas actuellement) au sein d'une structure de démocratie participative. – du père :

1 8 0 1 6 0 1 4 0 1 2 0

87,5

P r o f e s s i o n s Intermédiaires

1 0 0 8 0 6 0 4 0

73,7

2 0

12,5 26,3

0 N ' y a p p a r 2 e n t p a s

C a d r e s e t P r o f e s s i o n s I n t e l l e c t u e l l e s Supérieures

A p p a r 2 e n t à u n e s t r u c t u r e d e d é m o c r a 2 e par2cipa2ve

Figures 18. Absence de lecture de la presse en fonction de la PCS (en %)

143/148


– de la mère :

Ouvriers Employés P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s … P r e s s e n o n l u e

Agriculteurs

P r e s s e l u e

N e s a i t p a s o u n o n … S a n s a c 4 v i t é p r o f e s s i o n n e l l e N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0

4 0

6 0

8 0 1 0 0 1 2 0

30 % des mères Employées ne lisaient ou ne lisent pas la presse. – du père :

P r o f e s s i o n s I n t e r m é d i a i r e s C a d r e s e t P r o f e s s i o n s I n t e l l e c t u e l l e s S u p é r i e u r e s A r 4 s a n s , C o m m e r ç a n t s , C h e f s d'entreprise Agriculteurs

P r e s s e n o n l u e P r e s s e l u e

N o n m e n 4 o n n é e S a n s a c 4 v i t é p r o f e s s i o n n e l l e N o n c o n c e r n é ( e ) 0

2 0 4 0 6 0 8 0 1 0 0 1 2 0

Figure 19. Le choix du Journal Télévisé en fonction du diplôme (en %) :

144/148


7 0

6 0

6 0 5 0 4 0

59,3 5 0

5 0

4 0

40,7

3 0

N o n r e g a r d é

2 0

Regardé

1 0 0 B r e v e t d e s C o l l è g e s C A P , B E P , o u m o i n s B a c c a l a u r é a t o u B r e v e t Professionnel

B a c c a l a u r é a t + 2 a n s , v o i r e p l u s

50 % des titulaires d'un CAP, BEP, Baccalauréat ou Brevet Professionnel choisissent de regarder le Journal Télévisé.

Figure 20. Le choix des programmes politiques en fonction de l'occupation actuelle (en %) :

Occupation actuelle / Programmes politiques regardés Ecole Centrale Unis-Cité Ecole Deuxième Chance Activité Professionnelle Total 13,3 % des étudiants ingénieurs regardent ce type de programmes.

145/148

N o 86, 81, 82, 0 81,

n O u i 7 13,3 3 18,8 1 17,9 1 0 0 6 18,4

Total 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0


Table des matières Introduction..........................................................................................................................................1 Contexte d'intervention....................................................................................................................1 Méthodologie...................................................................................................................................2 Sociographie des enquêtés ..............................................................................................................2 Réflexion proposée..........................................................................................................................7 I- Portrait des données..........................................................................................................................8 Mobilité............................................................................................................................................8 A-Transports en commun............................................................................................................8 B-La voiture................................................................................................................................9 C-Perceptions du type de conduite du véhicule........................................................................11 D-Le vélo..................................................................................................................................12 La consommation...........................................................................................................................12 A-Des lieux d'achats socialement et sexuellement divergents..................................................12 B-Quels types d'achats sont effectués ?....................................................................................14 a)Achats alimentaires : des distinctions sociales et sexuées................................................14 b)Produits corporels et cosmétiques : des choix d'achats raisonnables ou liés à l'identité...17 Le repas, source de distinction... ...................................................................................................18 A-... selon le positionnement social de l'individu.....................................................................18 B-... selon le nombre de personnes dans le foyer......................................................................19 C-Repas du midi........................................................................................................................19 D-Repas du soir.........................................................................................................................19 Les équipements consommateurs d'énergie...................................................................................21 A-L'éclairage, le chauffage et la consommation d'eau..............................................................21 a)Les lampes basse consommation privilégiées...................................................................21 b)Le chauffage, source de difficultés en hiver.....................................................................21 B-Une consommation d'eau pas toujours limitée......................................................................22 a)La machine à laver et le lave-vaisselle..............................................................................22 b)Douche ou bain ?...............................................................................................................22 C-L'omniprésence des équipements audiovisuels et numériques ............................................23 D-L'importance de la télévision dans les foyers populaires......................................................23 E-La présence timide du poste radio.........................................................................................25 F-Le téléphone portable, objet de "compagnie", surtout pour les filles de milieux défavorisés. ...................................................................................................................................................26 G-Usages multifonctionnels du téléphone portable..................................................................27 H-La possession du téléphone portable, marquage culturel et identitaire................................28 I-L'ordinateur se substitue à la télévision..................................................................................29 J-Les réseaux sociaux, utilisation majoritaire d'internet...........................................................30 Le tri des déchets, une préoccupation d'individus disposant d'un certain confort de vie..............32 Les définitions du développement durable, sources de distinctions sociales................................34 A-L'absence de définition propre aux filles peu, voire non diplômées.....................................34 B-L'environnement, la nature et la société, des préoccupations masculines............................35 C-Les "générations futures" à préserver...................................................................................36 D-Le développement durable sous ses trois piliers, une définition d'individus diplômés........36 E-Le développement durable : le recyclage, la consommation locale ou le tri des déchets, selon les individus diplômés.....................................................................................................37 Projections.....................................................................................................................................38 A-Des projections personnelles propres à chacun des groupes................................................38 a)Unis-Cité...........................................................................................................................39 146/148


b)École Centrale...................................................................................................................40 c)École de la Deuxième Chance...........................................................................................40 B-Des projections en matière de développement durable liées au niveau de diplôme.............41 a)Une absence de projections pour les personnes peu diplômées........................................41 b)Réaliser des "efforts", un désir d'individus diplômés........................................................41 c)Des projections, en terme de pratiques concrètes, citées par des personnes diplômées . 42 d)Aspects sociaux, économiques, éducatifs ou politiques...................................................43 C-Projections personnelles et pour le territoire parfois en contradiction..................................43 a)Aucune projection pour le territoire pour les filles, peu diplômées..................................43 b)La mobilité, source de contradictions...............................................................................44 c)La propreté, un souhait d'individus diplômés...................................................................46 d)L'urbanisme.......................................................................................................................47 e)Aspects sociaux, éducatifs, culturels et politiques............................................................47 f)Ouverture internationale de Nantes...................................................................................48 g)Aspects non mentionnés....................................................................................................49 Conclusion de la première partie...................................................................................................49 II- Socialisation au développement durable.......................................................................................50 Socialisation individuelle...............................................................................................................50 A-Le milieu familial..................................................................................................................50 a)Lieu de réalisation des courses .........................................................................................50 b)La consommation alimentaire et les repas........................................................................52 Les produits biologiques consommés par les ménages aisés..........................................52 Des achats et repas divergents selon la grandeur de la famille........................................53 L'alimentation, processus de construction identitaire......................................................53 L'enfance, première phase de socialisation.................................................................53 L'adolescence, phase de séparation.............................................................................55 La vie de jeune adulte, phase d'intégration.................................................................56 ... ou de changement d'habitudes alimentaires............................................................56 c)La socialisation au tri des déchets.....................................................................................57 d)Bénévolat et militantisme familial....................................................................................59 Le bénévolat, une pratique d'individus aisés...................................................................59 Le militantisme est presque absent..................................................................................61 e)La socialisation familiale aux médias et nouvelles technologies......................................61 La presse écrite et numérique..........................................................................................62 Les radios écoutées..........................................................................................................65 La télévision....................................................................................................................67 L'ordinateur......................................................................................................................69 B-Le traitement médiatique du développement durable et sa réception...................................70 a)Presse écrite.......................................................................................................................70 b)La radio.............................................................................................................................71 c)La télévision......................................................................................................................72 C-Socialisation éducative au développement durable..............................................................76 a)Scolarité (école, collège, lycée).........................................................................................76 b)Centre de loisirs et de vacances........................................................................................79 c)Expériences professionnelles diverses..............................................................................80 D-Perception du développement durable grâce aux voyages réalisés......................................81 Socialisation au développement durable par le territoire...............................................................83 A-Comment transmettre l'information aux habitants ?.............................................................83 B-Le Conseil de Développement..............................................................................................84 a)Présentation générale de la structure.................................................................................84 147/148


b)Séances de travail avec Unis-Cité.....................................................................................85 Facteurs sociaux..............................................................................................................86 Séance "Modes de vie, transports"..............................................................................86 Séance "Projection, Modes de vie".............................................................................88 Séance "Développement Durable – Indicateurs de richesse".....................................91 Séance "Habitat – Urbanisme"....................................................................................94 Processus interactionnel................................................................................................100 Le leadership.............................................................................................................100 La délibération, produit d'un échange entre un nombre limité d'individus...............102 Conclusion de la deuxième partie................................................................................................103 Conclusion........................................................................................................................................104 Des perceptions et pratiques socialement et sexuellement divergentes.......................................104 ... liées à des socialisations individuelles ....................................................................................105 Les principaux enjeux de Nantes Métropole vis à vis du développement durable......................105 A-La mobilité..........................................................................................................................105 B-Secteur économique............................................................................................................108 C-Énergies renouvelables........................................................................................................108 D-Propreté de la ville..............................................................................................................108 E-Urbanisme et mixité sociale................................................................................................109 F-La culture.............................................................................................................................110 G-Rôle des centres de loisirs...................................................................................................111 H-La démocratie participative.................................................................................................111 I-Ouverture à l'échelle internationale......................................................................................112 Bibliographie....................................................................................................................................113 Ouvrages......................................................................................................................................113 Documents juridiques..................................................................................................................115 Références audiovisuelles............................................................................................................116 Annexes............................................................................................................................................117 Le questionnaire ..........................................................................................................................117 Graphiques et tableaux cités au cours de l'analyse......................................................................134

148/148


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