Osons le développement économique - Conseil de développement Nantes

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nantes-citoyennete.com Juin 2011

Conseil de développement de Nantes métropole

Projet de territoire à l’horizon 2030 Vive l’avenir Osons le développement économique !

Michel JOUVET Philippe LAUNAY Henri FAVRE Bruno DESHAYES Manoel DIALINAS Yves JANNIN Marc MOUSSION Alain-Louis GOURDY

Contribution collective

Après deux ans de travail, plus de 25 séances, séminaires, auditions, visites et plus de 60 contributions spécifiques, un groupe de membres de la Délégation "Ambition et attractivité, Économie, emploi et développement", parmi lesquels ses animateurs, expriment collectivement un point de vue qui constitue à la fois un point d'étape, un thème pour de nouveaux échanges et une matrice pour des propositions aux élus en charge de la décision publique. Ce travail collectif n'est ni exhaustif ni fermé et ses auteurs souhaitent ainsi alimenter un large débat citoyen en affirmant un point de vue clair sur l'importance du développement économique pour renouveler le tissu des emplois et garantir la cohésion sociale.

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CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT NANTES METROPOLE Juin 2011

Vive l’avenir Osons le développement économique !

Préambule

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L’économie et l’emploi au coeur du projet de territoire pour garantir la cohésion sociale

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Mieux définir l’attractivité

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Concurrence, ouverture aux autres et... singularité Assumer une ambition sans complexes... ...et développer nos coopérations

Oser faire des paris

Affirmer l’urgence... du long terme et décaler notre regard

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Tenir compte du monde réel Essayer de voir loin

Identifier les moteurs du développement

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Celui de l’anticipation et de l’intuition créatrice Celui de la relocalisation industrielle Celui de l’international Celui des projets innovants fondés sur l’appartenance historique Celui du développement de la mixité dans les emplois industriels

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L’énergie La mer Les transports La santé Le numérique Les fonctions métropolitaines supérieures La culture La recherche, l’innovation L’économie sociale et solidaire

Muscler les PME, l’atout premier du territoire

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Pour une conférence territoriale de l’industrie

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Préambule Le mot développement fait aujourd'hui débat. L'idée de la décroissance, popularisée depuis les années 70 par le Club de Rome, a fait place à un courant de pensée qui fait son chemin. Cette question des modèles économiques et de la croissance est posée avec encore plus d'acuité par la crise.

avec de nouveaux schémas de pensées. Cette confiance est un mécanisme mystérieux mais indispensable pour retrouver le sens d'une économie de relations, loin des mirages d'une économie dématérialisée, orientée vers la spéculation financière à court terme.

Faut-il "croître moins", faut-il "croître mieux" plutôt que "croître plus" ? Y a t'il une tentation de la pause pour maintenir un monde tel que nous le connaissons et limiter ses évolutions ?

Il faut oser le développement, ne pas avoir peur du mot et ne pas être frileux devant les obstacles. Plutôt que "durable", et conformément à l'origine anglo-saxonne de l'expression, notre développement doit être "soutenable", c'est-à-dire défendable à long terme, acceptable socialement et vivable pour la cohésion sociale. Nous sommes contraints aujourd'hui de limiter le gaspillage, de fabriquer des produits moins jetables, de moins puiser dans les matières premières. Nous avons besoin de recycler, ce que nous savons très bien faire pour un metal cher comme le cuivre, mais que nous pratiquons moins pour le polyéthylène ou le polypropylène parce quʼil ne sont pas encore… assez chers. L'économie "soutenable" est donc un défi sur lequel il faut rebondir pour inventer de nouveaux modèles de croissance et de prospérité. Le repli sur soi et sur l'existant constitue une quasi-certitude de régression ; les citoyens ont besoin de projets mobilisateurs qui tracent des futurs possibles. On ne peut pas leur proposer seulement de préparer la fin du monde.

Dans le même temps, la population continue d'augmenter, renforçant ainsi la nécessité du développement et de l'emploi. Dès lors, les mots d'innovation, de fonctions métropolitaines, de grands projets, de rayonnement gardent leur actualité comme moteurs essentiels de la croissance. Dans le même temps aussi, chacun sait que les ressources de ce monde, et notamment les énergies fossiles, sont limitées. Le concept de développement durable est apparu pour préserver l'avenir et garantir aux générations futures une vie équilibrée dans un monde qui apparaît désormais comme fini. En outre, la mutation d'une économie dominée par les pays occidentaux vers un système multipolaire et planétaire dans lequel les pays émergents prennent leur place, est une source d'incertitudes et de bouleversements à venir. Dans ce contexte de transition vers un monde encore mal identifié, les choix sont complexes. Si l'on sait que la consommation effrénée de sources d'énergie limitées ne pourra durer encore des siècles, on sait aussi qu'on ne peut pas offrir aux générations futures la seule perspective de l'agriculture biologique et la mobilité limitée à l'usage du vélo dans son espace de vie. Nous pensons donc qu'il faut réaffirmer le principe qui fonde la prospérité économique, celui de la confiance et de l'ambition offensive pour un avenir qu'il faut désormais inventer

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L’économie et l’emploi au coeur du projet de territoire pour garantir la cohésion sociale Des trois piliers du développement durable, l'économique n'est pas le moindre. Sans une économie forte appuyée sur des entreprises nombreuses et pourvoyeuses d'emplois, les territoires perdent vite ce qui fait leur équilibre : la cohésion sociale. C'est une évidence de le rappeler mais on peut parfois la perdre de vue, même chez les décideurs.

À titre d'exemple, le citoyen mesure mal les enjeux des débats autour du grand emprunt et des résultats très mitigés obtenus par le territoire dans la course à l'excellence et aux financements. Nous débattons beaucoup plus de la localisation future du CHU que de l'enjeu de sa reconnaissance comme Institut hospitalo-universitaire, sans être toujours conscient que nous confondons peut-être lʼaccessoire et le principal.

Dans le triptyque, popularisé par Laurent Davezies, qui distingue les économies productive, publique et résidentielle, il faut rappeler l'importance de la production même si l'équilibre entre les trois fait aussi la force de notre territoire. Puisque le rôle du Conseil de déveLa Métropole Nantes Saint-Nazaire a connu plusieurs crises successives au cours desquelles elle a perdu des activités et des emplois. Mais un tissu industriel subsiste et nous disposons d'un savoir-faire à travers des grands groupes moteurs et un réseau dynamique de PME. Ces entreprises sont évidemment exposées à des risques de ruptures dans les vingt ans à venir, mais elles possèdent également des potentiels de développement sous réserve quʼelles investissent suffisamment en recherche et en innovation. C'est cet ensemble économique qui peut assurer les emplois dont nous avons besoin pour éviter que la précarité gagne encore du terrain. C'est cet outil de développement qui pourra créer les emplois diversifiés pour ceux qui ne sont ni cadres, ni ingénieurs, ni techniciens supérieurs. Pourtant, dans le débat citoyen, l'économie occupe peu de place, trop souvent réduite à la médiatisation du CAC 40 ou aux effets des délocalisations. Il faut donc proposer à Nantes métropole de mettre l'économie au cœur des débats sur la préparation du projet de territoire 2030, pas seulement dans ses di-

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mensions médiatiques usuelles mais d'abord dans ses fondamentaux.

loppement est d’initier des démarches décalées, pourquoi ne pas faire preuve d’originalité en inventant, à l’image de la Folle journée de René Martin, des "Folles journées de l’économie" pour faire connaître aux citoyens du territoire et dʼailleurs, nos atouts et nos projets ? Ce serait un nouveau levier dʼattractivité et de rayonnement du territoire.


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Mieux définir l’attractivité Concurrence, ouverture aux autres et... singularité Le mot attractivité est partout, sans que l'on s'interroge plus avant sur son contenu. Le territoire est attractif pour qui ? Pour quelles catégories sociales ? Pour l'emploi ? Pour les jeunes ? Pour les retraités ? Pour les investisseurs ? Pour les touristes ? Selon la réponse qu'on donne à ces questions, les politiques publiques de développement économique s'orientent différemment.

Le benchmarking est évidemment indispensable pour mesurer les forces et faiblesses des uns et des autres. Au-delà des coopérations et des concurrences, un besoin de connaissance mutuelle apparaît comme transcendant les oppositions. À défaut de solidarité, la complémentarité est recherchée, même si les indicateurs ne sont pas toujours fiables.

Nous pensons que l’attractivité du territoire s’exerce d’abord pour les entreprises et les emplois. C’est la condition première du fonctionnement harmonieux de la société.

Mais nous pensons que ces démarches ne doivent pas conduire les territoires à se neutraliser. Ils doivent dès lors attacher une importance particulière à mettre l'accent, en plus de leurs complémentarités, sur ce qui les singularisent.

Cette attractivité est constituée d'un mélange complexe de concurrence (souvent très vive) et de coopération (souvent plus timide) mais aussi d'ouverture aux autres. Cette alchimie se retrouve parfois dans le néologisme de "coopétition".

Cette singularité finit parfois par disparaître derrière une approche technicienne et un vocabulaire technico-économique qui gomme les aspérités et qui peut occulter la capacité à d'abord exploiter les atouts spécifiques du territoire.

Assumer une ambition sans complexes... Etre soi n'est pas synonyme dʼisolement ni de domination. L'appartenance territoriale est aujourd'hui sérieusement bousculée par une série d'évolutions : - l'accroissement de population par des apports exogènes, et non plus endogènes, ne permet plus dʼidentifier un terri- toire exclusivement par son atavisme et son histoire - la performance des modes de transport estompe les limites géographiques traditionnelles, dissocie les espaces de vie, de travail, de chalandise, de détente

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la législation territoriale modifie, de plus en plus fréquemment, les compétences et les ressources financières des territoires, même si elle court plus souvent après les modes de vie de nos concitoyen quʼelle ne les anticipe les évolutions politiques en Europe gomment les frontières et lʼinstantanéité de lʼinformation, détemporise et déspatialise les faits et leur localisation.


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Aucun territoire ne peut prétendre aujourd'hui vivre en autarcie. Mais les réalités urbaines et territoriales font apparaître aussi des hiérarchies, au moins de taille, et derrière des coopérations affichées peuvent aussi se cacher des concurrences féroces. Dans le même temps, le concept de hiérarchie est réinterrogé par celui des réseaux. Dès lors, il est normal qu'il y ait interrogations, débats, propositions différentes, voire contradictoires, pour assumer le développement de ce territoire.

gions" reste d'ailleurs ouverte, les moteurs du développement territorial se situant au moins autant dans les métropoles que dans les régions institutionnelles.

Cette ambition sans complexes ne doit pas se satisfaire d'une autoproclamation incantatoire, elle doit être soumise à la critique pour être lisible et reconnue au-delà de nos "frontières". Elle doit aussi se construire sur la base d'un regard décalé, voire impertinent, qui dépasse la seule reproduction des disDans ce vaste débat, à force de regarder de cours institutionnels. tous côtés, vers Rennes, vers Angers, vers le Sud…, à force de se demander si elle est Les défis du XXIe siècle mondialisé sont imbretonne, ligérienne, Nantes oublie-t'elle menses et la synergie des territoires devra y peut-être d'abord qui elle est et ce qu'elle faire face. Sans cesser de se concurrencer, projette d'être ? Peut-être n'est-elle jamais les territoires doivent éviter de se neutraliser. aussi forte que quand elle se tourne d'abord Nos vrais concurrents sont au Brésil, en Inde vers elle-même pour proposer ensuite quel- ou en Chine, beaucoup plus que dans… les que chose aux autres et leur faire partager ? autres villes françaises. Il n'est pas nécessaire d'être une capitale pour exister sur le plan international mais il Cʼest donc vers la construction dʼun projet faut être une "locomotive", capable d'entrai- global quʼil faut nous orienter pour ensuite le ner un mouvement collectif qui bénéficie à proposer à nos voisins et voir avec eux ce tous. Il ne suffit pas de proclamer une ambi- quʼil est possible de faire ou de ne pas faire tion, il faut la démontrer au quotidien. Nantes ensemble. Il faut dépasser le seuil de la comdoit ainsi afficher sa volonté pour entraîner et pétence des territoires et de leurs élus pour elle doit le faire sans complexes. Puisqu'il porter notre réflexion au niveau de la respons'agit de se projeter dans l'avenir, pour assu- sabilité. rer un rang non seulement européen mais aussi par rapport à l'Ile de France, un éventuel regroupement de Régions pourrait conforter Nantes dans une forme de leadership catalyseur. Cette question des "grandes ré-

... et développer nos coopérations

(1) « Quelle ambition pour notre territoire ? Décalons notre regard » Contribution de Michel Jouvet Conseil de développement 26 mai 2011

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Les grandes infrastructures (port, aéroport…) se situent à Nantes et participent à l'effet d'entrainement de l'espace métropolitain Nantes-St Nazaire pour les territoires proches. Mais la métropole nantaise ne peut évidemment prétendre au role de chef de file dans tous les secteurs. Le potentiel de recherche à Rennes est plus important qu'à Nantes, celui de Brest et d'Angers sont d'une autre nature mais ils dispo-

sent respectivement de pôles de compétitivité de premier rang sur la mer et le végétal. Si l'on analyse les fonctions métropolitaines nécessaires au développement des entreprises et à l'attractivité du territoire, on dessinera aussi des paysages contrastés(1).


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Ces fonctions métropolitaines se sont développées à Nantes comme à Rennes et apparaissent complémentaires ; elles le sont moins dans les autres villes proches. Le travail engagé par les agences d'urbanisme, qu'il faut amplifier, devrait d'ailleurs nous permettre de mieux appréhender la réalité du paysage économique et scientifique territorial.

vaste territoire associant aussi Saint Nazaire, Brest, Saint Malo, Angers, La Roche/Yon…

C'est aussi cette coopération qui permet d'être à l'écoute des signaux émergents qui préfigurent des bouleversements à venir. Coopérer n'implique pas de mettre son "drapeau dans sa poche" mais suppose une position d'écoute et d'ouverture. On peut d'ailleurs s'étonner, à ce propos, que l'aggloSi aujourd'hui la métropole nantaise occupe mération du Mans, importante dans la région incontestablement une position importante, des Pays de la Loire, soit la grande absente elle doit la conforter par une stratégie fondée du discours sur la coopération territoriale. sur les coopérations. La multipolarité est une donnée des sociétés contemporaines ; elle Et si les coopérations s'appuient sur des est à la base de l'anticipation économique. La données géographiques, historiques, éconocoopération Nantes-Rennes a été récemment miques, elles se fondent aussi sur l'ambition relancée par les autorités politiques et c'est d'hommes audacieux capables de donner une bonne base pour fonder une coopération l'impulsion et le goût du pari et d'une forme multipolaire dans un monde marqué par la d'aventure… globalisation. Les deux métropoles peuvent ainsi devenir ensemble le fer de lance d'un


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Oser faire des paris L'Etat décideur… décide avec de moins en moins de moyens. Il met l'argent qui lui reste dans les territoires qui se prennent en main et les met en concurrence.

vre aujourd'hui un nouveau cycle avec notamment l'aéroport et l'IRT. L'Etat n'est plus le seul à impulser et les collectivités y prennent une large part.

Les procédures liées aux appels d'offres, au Grand Emprunt peuvent-elles constituer des leviers de développement pour les métropoles ? Au-delà des crédits attendus, est-ce le seul moyen de créer de nouvelles dynamiques territoriales et interterritoriales ?

La réussite de l'IRT témoigne à la fois du haut niveau des compétences locales et de la capacité de mobilisation collective. Les territoires savent donc mettre en œuvre des instruments pour créer la confiance et impulser des dynamiques. La métropole doit conserver cette capacité d'anticipation qui lui permet de rebondir et d'amortir les crises. À travers les outils de démocratie participative, les élus locaux détiennent aussi de bons moyens pour bâtir des projets, expliquer les enjeux, gagner la confiance des citoyens (pas seulement des électeurs), créer des dynamiques. "Favet Neptunus eunti", la devise nantaise ne doit pas être qu'un vestige de l'Histoire. La prospérité n'est pas qu'une affaire d'analyse, de chiffres et d'études, c'est aussi une affaire d'intuitions et de paris. Le renouveau du tourisme, fondé sur une nouvelle politique culturelle, est un bon exemple de réussite.

Les territoires doivent être en capacité d'identifier eux-mêmes les éléments déclencheurs de leur développement, sans attendre de l'Etat un rôle d'aménageur du territoire qu'il remplit de moins en moins. C'est une rupture culturelle qui doit être intégrée par les décideurs locaux. Les résultats des appels d'offres Idex, Labex et IHU(1) semblent indiquer que cette rupture est déjà à l'œuvre, même si elle a été compensée par la performance de l'IRT(1). Jules Verne.

La métropole nantaise a connu des cycles d'investissements forts dans les soixante dernières années. Après les investissement Dans cet esprit, il y a encore beaucoup d'auindustriels des années 60-70 dans l'Estuaire, tres paris à faire. les grandes infrastructures et les équipements d'enseignement supérieur de l'Agglomération nantaise de la période 80-90, s'ou-

Celui de l’anticipation et de l’intuition créatrice (1) Idex : Initiative d’excellence Labex : laboratoire d’excellence IHU : Institut Hospitalo-universitaire IRT : Institut de Recherche Technologique

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Dans une société marquée par la globalisation des économies, il faut oser une réflexion qui va au-delà de 2030. La raréfaction prévisible des énergies fossiles peut conduire très vite à un litre d'essence à 3 ou 4 euros. L'augmentation du coût des minerais peut modifier la donne industrielle. Nous changeons d'époque sur les matières premières. Dans le même temps, nous vivons une

émergence de civilisation à travers les exigences du développement durable, les outils numériques, l'allongement de la durée de vie… Même si le risque de se tromper est grand il faut tenter la vision à très long terme. Une vision à 2050 et plus n'est pas ridicule, c'est peut-être la condition pour mieux discerner les grandes tendances de fond.


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Celui de la relocalisation industrielle Si un retour industriel est possible en France, stocks et la gestion en flux tendus pousce rendez-vous ne doit pas être manqué pour sée à l'extrême. concourir de façon compétitive à une réindustrialisation dans les 20 ans qui viennent(1). Inexorablement, les prix de revient des productions réalisées dans des pays à bas coût Lors de l'édition de Questions Publiques du de main d'œuvre augmentent tandis que les 17 janvier, l'économiste Jean-Hervé Lorenzi salaires des pays dits riches sont relativeavait indiqué qu'une des origines de la crise ment stagnants. se trouvait dans un transfert d'activité de 7 à 8 % vers les pays émergents. L’Europe occi- Dans ce contexte, le pari de la relocalisation dentale a en effet beaucoup délocalisé dans est possible et Nantes et sa région doivent le but de réduire ses coûts salariaux et de être vigilants sur un possible retour industriel. renforcer ses marges financières. Globale- Ce rendez-vous, même si nous ne savons ment, cette opération a été réussie du point pas précisément sous quelle forme il se made vue des entreprises mais les coûts indi- nifestera, ne doit pas être manqué. rects de ces délocalisations ont été répercu- Un rapport d'avril 2011, publié par le Sénat et tés sur les dépenses sociales à la charge du intitulé "réindustrialisons nos territoires" propays ; les pertes d’emplois constituent de pose de soutenir des "écosystèmes locaux moindres entrées fiscales et sociales et en- comme les grappes d'entreprises". Il faut traînent l’appauvrissement inéluctable des donc faire en sorte que le potentiel humain, le populations. savoir faire, le foncier, les outils, les infrastructures puissent permettre de concourir de La parade des Pays occidentaux a souvent façon compétitive à une réindustrialisation consisté à s'endetter pour compenser cet possible dans les 20 ans à venir. appauvrissement social. Entre 1980 et 2007, il y a une chute très forte des emplois indus- La prise en compte de ces relocalisations triels français de 5,32 à 3,41 millions de sala- industrielles possibles relève d'une veille riés, même si le territoire local s'en est plutôt technologique à organiser. mieux sorti que la moyenne française grâce, Cela ne s'improvise pas et cela pourrait être entre autres, à une mise à niveau continue de une des missions de Nantes métropole dévela qualification de sa main d'œuvre et au re- loppement. nouvellement de son tissu industriel. Dans ce contexte difficile, quelques éléments favorables apparaissent pour l'avenir : -

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(1) «Les relocalisations industrielles sont-elles possibles ? Contribution de Bruno Deshayes Conseil de développement 6 janvier 2011

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le renchérissement des carburants pétroliers impacte les coûts de transports et conduira à relocaliser un certain nombre d'activités industrielles et agricoles les salaires des pays "low cost" progressent plus vite que ceux des pays aujourd'hui plus riches les coûts de stocks, de même que ceux de la gestion des "retours" progressent la prise de conscience que le risque de rupture de la chaine d'approvisionnement est à mettre en balance avec le coût des


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Celui de l’international La question internationale est évoquée partout, en général pour regretter l'absence d'image. Le leitmotiv politique "il faut être international" renforce ce sentiment. Certains font remarquer qu'un terreau existe et qu'une foule d'initiatives locales sont déjà à l'œuvre en matière d'activités internationales. Au-delà du marketing territorial classique, quelles sont les actions possibles à développer ? Au-delà de l'image et de l'attractivité du territoire, c'est aussi la question du rayonnement qui est posée, c'est-à-dire de celle de la présence de nos entreprises à l'extérieur. Les notions d'attractivité du territoire et de rayonnement de ses entre-prises, notamment les PME, doivent alors être distinguées.

effets par la seule magie de la communication. En revanche, elle peut avoir un effet mobilisateur et constituer l'occasion de booster un certain nombre de synergies. Il s'agit d'un pari de long terme appuyé sur un ensemble d'actions qui se construiront au quotidien, autant par le développement de grands projets que par l'action associative et citoyenne. Le pari n'est pas de transformer Nantes en métropole internationale du jour au lendemain ; il consiste plutôt, par des actions méthodiques et répétées, à mettre "l'international dans les têtes", celles des citoyens comme celles des entrepreneurs.

Le territoire va se doter prochainement d'une marque, imitant en cela d'autres grandes métropoles. Cette démarche ne créera pas des

Celui des projets innovants fondés sur l’appartenance historique Le besoin de projets innovants s'appuyant sur l'histoire est souvent ressenti. C'est la question du territoire-source et des ponts entre passé et futur.

Le contexte économique d'aujourd'hui, lié aux contraintes financières, est propice à l'émergence de projets nés d'initiatives citoyennes. Le projet de nouveau Pont transbordeur est une de ces initiatives : considéré comme nosIl y a une attente de projets porteurs d'idées talgique et passéiste dans un premier temps, nouvelles tout en s'appuyant sur des figures ce projet est apparu au fil du temps comme historiques comme celle de Jules Verne par un symbole de modernité. exemple. Ce dernier est un peu l'éternel oublié, un peu comme le 32è étage de la Tour Ce projet du "Transbordeur" est révélateur de Bretagne : c'est évident mais on ne s'en sert ce double besoin de références historiques et pas. de projection vers l'avenir. Et même si Jules Verne n'est pas "la" référence universelle, il présente l'intérêt de conjuguer l'histoire avec la notion d'anticipation. Il y a parfois plus à puiser pour l'avenir dans les romans de science-fiction que dans les analyses des prospectivistes professionnels.

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Celui du développement de la mixité dans les emplois industriels En 2010, l'INSEE Pays de la Loire a publié une étude sur "l'appareil productif des Paysde-la-Loire face à son avenir" dans laquelle il souligne que certains métiers aujourd'hui réservés aux hommes risquent de connaître d'importantes tensions dans les années à venir. Les entreprises concernées pourraient alors trouver dans une plus grande mixité une solution aux problèmes de recrutement. Or, l'évolution des technologies et des organisations rend aujourd'hui moins nécessaire les aptitudes considérées comme devant être essentiellement masculines pour tenir des postes, notamment de production, dans l'industrie. Par ailleurs, les qualités plutôt féminines (intuition, précision, leadership par consensus, adaptation) sont un avantage et une source d'équilibre pour le management d'équipe d'ateliers. Sans oublier la force de caractère dont les jeunes filles font preuve pour faire leur place dans les formations techniques majoritairement occupées par les garçons. Actuellement, des jeunes femmes se forment à des métiers industriels tels que l'ajustage et la maintenance aéronautiques, les matériaux composites, la chaudronnerie, la productique, la maintenance des équipements industriels. Elles aiment le côté physique et technique de ces métiers et souhaitent rester dans les ateliers de production. Au final, elles expriment une fierté professionnelle. Pourtant, elles ne se pressent pas vers cette orientation.

(1) «Les jeunes filles, des talents pour l’industrie : un défi régional» Contribution de Yves Jannin Conseil de développement 22 mars 2011

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Leur intégration dans les entreprises est pourtant largement facilitée par le choix de la voie de l'apprentissage industriel, sans être exclusif. Des entreprises industrielles de toutes tailles en recrutent, mais sans se précipiter. Or, l'industrie est un secteur créateur d'emplois de valeur qui mérite d'inciter des jeunes filles à s'y orienter(1). Cette ouverture vaut aussi pour des femmes en reconversion professionnelle.

Quatre axes d'intervention sont possibles pour les pouvoirs publics régionaux, métropole comprise, en partenariat avec les organisations professionnelles et consulaires pour réussir ce défi : -# faire évoluer les mentalités et les capacités des centres d'information et d'orientation professionnelle. Il en va de même pour des enseignants trop souvent timorés -# convaincre les dirigeants d'entreprises que les femmes sont des talents à intégrer dans leurs ateliers, en raison de leurs solides qualités et du fait qu'elles sont un élément d'équilibre dans des milieux à dominante traditionnellement masculine -# susciter dans les Universités, et surtout en amont au moment de l'orientation, un intérêt d'informer les jeunes femmes (comme d'ailleurs les garçons) sur un positionnement vers des formations à des métiers industriels qui offrent des emplois, et ce, en faisant appel à des personnes qualifiées pour les motiver -# développer la communication pour que les médias régionaux mettent en valeur des bons exemples de réussite. Il faut d'ailleurs noter qu'au plan national, lʼObservatoire prospectif et analytique des métiers et qualifications de la métallurgie, instance paritaire nationale mise en place par l'UIMM (Union des Industries de la Métallurgie) en association avec les organisations syndicales de salariés, a publié, fin 2010, un guide incitatif et explicatif portant sur "les attitudes susceptibles de faciliter l'intégration des femmes dans les métiers de la métallurgie" pour les années à venir.


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Affirmer l’urgence... du long terme et décaler notre regard La crise économique met en lumière plus fortement les risques de ruptures. Cette incertitude augmente encore le besoin d'anticipation des phénomènes qui pourraient impacter durement le territoire. Elle implique d'observer les tendances déjà à l'œuvre, d'envisager les ruptures potentielles et de

développer une vision de long terme. Ce besoin de long terme ne s'oppose pas à celui de la réactivité opérationnelle ; cette double démarche doit conduire à une situation de veille sereine qui permette de comprendre et d'analyser les grandes tendances qui sont à l'œuvre dans le monde contemporain.

Tenir compte du monde réel La réalité économique d'aujourd'hui est complexe et parfois constituée de menaces et de ruptures potentielles. La situation du territoire est loin d'être sinistrée, comparée à d'autres, mais la crise y produit aussi ses effets, à court et moyen terme. La définition de grandes orientations pour l'avenir doit donc tenir compte de cette réalité faite d'opportunités et d'incertitudes. Elle doit prendre en compte aussi des éléments sociétaux nouveaux : -# l'économie ne s'identifie plus seulement aux entreprises, c'est une question beaucoup plus vaste -# le lien territoire/entreprise se délite avec l'éloignement des centres de décisions et l'évolution de la fiscalité. Il y a également une très grande volatilité des productions et de leur localisation -# la redistribution des richesses produites par les entreprises favorise de plus en plus les actionnaires au détriment des salariés, de la solidarité sociale et territoriale. La précarité devient souvent la variable dʼajustement de gestion des effectifs -# la rentabilité à court terme est souvent peu compatible avec la construction de filières qui doivent s'inscrire dans la durée -# l'entreprise a longtemps été un identifiant, ce n'est plus toujours le cas aujourd'hui. Elle est devenue multiforme

-# le rapport des jeunes à l'entreprise a considérablement évolué. Ils en ont une image parfois dégradée et sont à la recherche de nouveaux modèles. Les jeunes générations ont aussi une autre idée du territoire. La "Génération Y" modifie ces schémas d'approche. Que signifie l'ancrage territorial pour un jeune, souvent formé dans l'idée qu'il devra changer de métier et d'entreprise plusieurs fois dans sa vie ? S'ils acceptent de respecter les règles, mêmes contraignantes, liées aux process de production, ils rejettent de plus en plus les concepts hiérarchiques basés sur lʼautoritarisme ou certaines formes excessives de management, perçues comme une forme de manipulation mentale. Le souhait d'une certaine autonomie comme celui de gérer son temps pour des raisons de loisirs ou de contraintes familiales sont des aspirations de plus en plus exprimées par les salariés. La qualité de vie ne constitue pas le seul élément de l'attractivité du territoire. La part la plus pauvre des habitants se sent peu concernée. En 2040, un individu sur trois aura plus de 65 ans, ce qui ne sera pas sans conséquence à la fois sur le dynamisme territorial et sur les besoins de la population.


CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT NANTES METROPOLE Juin 2011 (1) «Les trente glorieuses sont devant nous» Karine Berger, Valérie Rabault Ed Rue Fromentin 2011

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Essayer de voir loin Si la prospective est difficile, elle reste néanmoins indispensable. Le contexte est tout à fait incertain mais il est encore renforcé par ce qu'on nomme aujourd'hui le "déclinisme". Même si nous ne reviendrons pas en arrière pour retrouver les fameuses "trente glorieuses", d'ailleurs largement mythifiées, il reste des raisons d'envisager l'avenir avec une attitude offensive(1). Le monde qui bascule aujourd'hui comporte évidemment des risques, lourds et nombreux, mais aussi de nouvelles potentialités de développement. Chacun de ces risques est porteur d'une approche nouvelle : - # les enjeux énergétiques peuvent accélérer des révolutions technologiques créatrices d'emplois - # le vieillissement de la population est une chance si son utilise plutôt son autre nom : l'allongement de la durée de la vie. C'est à la fois la question de l'économie des services à la personne mais aussi la contribution des seniors à l'économie et à la transmission des savoirs. C'est aussi la question, mise en avant par l'INSEE, du risque de pénurie de main d'œuvre dans certains secteurs -# la violence des crises est une occasion de repenser à la fois les modes de vie et les besoins - # l'échec relatif du territoire dans la procédure des appels d'offres liés au Grand Emprunt peut être une occasion de rebooster (si chacun ne tombe pas dans le piège de rejeter la faute sur l'autre) une dynamique locale combative. Si l'Etat n'aménage plus le territoire, c'est que les rôles ont changé et que les pouvoirs locaux doivent assumer leur missions dans un autre univers : européen, mondial. À cet effet, une table ronde entre décideurs politiques et économiques et acteurs de tous les types de recherche ne serait pas inutile. Les difficultés ne sont pas liées qu'à l'Etat, mais aussi aux capacités du

territoire et à l'éventuelle surestimation de ses forces. C'est aussi lié à la stratégie développée de proposer un projet "Ouest" entre les deux Régions avec les deux PRES (Pôle de Recherche et dʼEnseignement Supérieur)… au risque de la dilution dans un grand ensemble qui peut contenter un ensemble d'intervenants mais qui est peu efficient au regard des critères du Grand Emprunt. Y avait-il d'autres stratégies : les deux métropoles plutôt que les deux Régions ? - # les phénomènes d'insécurité et de délinquance minent la société, mais sans faire preuve de naïveté ou d'angélisme, le plein emploi permet aussi une baisse de la délinquance. La vidéosurveillance, l'augmentation des effectifs policiers, les protections collectives et individuelles de toute nature peuvent conduire à dépenser de plus en plus pour les services publics de la police, de la justice et du système pénitentiaire… tout en oubliant parfois de concentrer des moyens pour dynamiser une économie qui est la meilleure garantie de cohésion sociale. Sans faire preuve d'optimisme béat, la métropole nantaise a beaucoup d'atouts et d'abord ceux de sa population jeune et plutôt bien formée. C'est sur cette jeunesse, qui compte nombre d'entrepreneurs, qu'il faut s'appuyer et non pas sur les anciens schémas de pensée. Pour réussir, il faut d'abord changer le regard sur nous-mêmes.


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Identifier les moteurs du développement Dans un état d'esprit offensif et ambitieux, nous pensons qu'il faut faire des choix de développement économique qui privilégient l'avenir et qui tiennent compte des contraintes mondiales.

L’énergie Cette problématique énergétique occupe lar- Notre territoire se trouve à l'extrémité du régement l'actualité et se pose aujourd'hui à seau de distribution électrique, cʼest à dire plusieurs niveaux : avec une probabilité de coupure à lʼheure de pointe du jour le plus froid et du jour le plus • d'une part celui de la disponibilité de lʼélec- chaud de lʼannée, puisquʼen France la contricité pour les habitants et les activités sommation électrique dépasse la production économiques aux heures de pointe. Quelle sera lʼattractivité du territoire avec des coupures dʼélectricité • d'autre part celui de l'accès à lʼénergie prévisibles ? Lʼénergie électrique consommée pour les plus modestes, ce qu'on nomme peut-elle être produite à plus de 90 % hors du aujourd'hui la "précarité énergétique". territoire sans que cela le pénalise ? Le développement des sociétés humaines depuis le XVIIIe siècle repose sur lʼénergie, couplée aux progrès de la connaissance appliqués à l'économie. Les ressources énergétiques majoritairement utilisées, charbon, pétrole, gaz, uranium… sont limitées, mais la société continue de se construire comme si elles étaient infinies. Lʼuranium qui fournit aujourdʼhui plus de 80 % de lʼélectricité française (et nantaise) sera épuisé à peu près en même temps que le pétrole, avec les techniques dʼaujourdʼhui et lʼaugmentation continue de la consommation dʼélectricité. Il y a à Gétigné et au Croisic des gisements dʼuranium qui, dans lʼhypothèse improbable où ils seraient utilisés au seul bénéfice du territoire, pourraient assurer plus de 200 ans dʼélectricité : un atout à négocier ou une richesse inutile ?

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Plusieurs grands domaines d'activités sont concernés et notamment ceux qui sont susceptibles d'avoir les effets de levier les plus importants.

En revanche, lʼaugmentation prévisible du coût des carburants pétroliers peut conduire à des relocalisations industrielles, comme on l'a dit précédemment. Ressources épuisables signifie ressources de plus en plus chères, surtout pour les plus défavorisés. Lʼutilisation de ressources renouvelables est évidemment pertinente : atteindre 20 à 30 % dʼénergies renouvelables est un objectif possible avec les techniques connues. Atteindre 90 % dʼénergies renouvelables, si la sortie du nucléaire était décidée, est un tout autre challenge. Cela signifierait une réduction importante de la consommation dʼélectricité, alors quʼelle ne cesse de progresser chaque année.


CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT NANTES METROPOLE Juin 2011 (1) Mission hydrogène des Pays de la Loire http://missionh2.org (2) Entreprise 44solar, http://www.44solar.de/ho me.htm (3) http://fr.wikipedia.org/wiki /searev (4) http://web.polytech.univ-n antes.fr/64202094/0/fiche_ __pagelibre/&RH=1286187 824541 (5) «Des centrales matémotrices à Nantes» Contribution de Manoel Dialinas et Alain-Louis Gourdy Conseil de développement 3 décembre 2009

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Comment faire face à Nantes aux pointes de consommation dʼélectricité dʼhiver de 8h et 19h sans nucléaire, alors que le soleil nʼest pas encore levé ou déjà couché, et avec des vents intermittents et aléatoires ? -# avec lʼhydroélectricité qui est disponible aux heures de pointe, car elle est stockable, et dont le potentiel nʼest pas complètement exploité ? -# avec les énergies marines ? (éolien offshore, hydroliennes, énergie des vagues, énergie de la houle) -# avec des centrales combinées à gaz ? -# avec la méthanisation des déchets ? -# avec la filière bois ? Quelle production d'électricité avec cette filière qui, même si elle est renouvelable, n'est pas illimitée ? Le territoire a su développer la diversité dans les activités économiques : il doit anticiper et développer la diversité énergétique. Il y a des capacités dans ce territoire : -# une filière existante quasi complète (approvisionnement, production, raffinage, stockage, transport, distribution) mais aussi une recherche et des entreprises industrielles capables de produire, de mettre en œuvre les unités de production, dʼen assurer la maintenance et dʼinnover dans de nouvelles sources -# une mission hydrogène(1) qui a initié une dynamique très importante autour de la filière hydrogène-énergie et en particulier de ses applications maritimes et fluviales. Cette filière est porteuse de potentialités très importantes pour les 50 ans qui viennent -# des capacités d'innovation pour des applications industrielles dans le domaine de l'énergie solaire et notamment photovoltaïque(2) -# des initiatives importantes pour structurer, autour des Régions Bretagne et Pays de Loire, de nouvelles filières liées aux énergies marines renouvelables : Projet Searev(3), pôle hydrolien(4)… -# une volonté offensive pour mettre l'imagination au cœur du débat citoyen. Cf. la proposition de deux des co-auteurs de cette contribution pour des mini-centrales marémotrices à Nantes(5).

N'est-il pas plus simple et moins cher, à lʼindividuel comme au collectif, d'économiser l'énergie et de se concentrer sur la réduction de la consommation de pointe ? La hiérarchie logique des priorités (les économies dʼénergies avant les renouvelables, les renouvelables matures et peu chères avant les renouvelables en développement et chères) nʼest pas celle que lʼon peut constater dans le débat public. Peut être parce que la sobriété énergétique implique de modifier en profondeur les modes de vie et de production ? (Par exemple 18° C dans les maisons et bâtiments au lieu de 22° C ?) Pour le territoire, les gisements dʼénergie (électrique et primaire) immédiats se situent essentiellement dans la rénovation du bâti ancien. Cʼest déjà un challenge tant pour lʼhabitat que pour les bâtiments publics. Lʼhabitat social est en première ligne si lʼon veut préserver de la précarité énergétique les populations à faible revenu. Comment concilier besoin de construire du logement social neuf et rénovation innovante de lʼhabitat social ancien dans un contexte budgétaire difficile ? Cette contrainte énergétique est une source dʼinnovations et de potentiel de développement dʼactivités nouvelles. Notre territoire a une carte à jouer dans ce secteur pour développer des capacités d'innovation à long terme. L'échéance du projet de territoire est d'ailleurs sans doute trop rapprochée puisque les technologies qui seront à l'œuvre en 2030 sont d'ores et déjà connues. Il faut peut-être dès maintenant se projeter à 2050 et plus, pour anticiper une société qui devra sans doute inverser la logique d'adaptation de la production à l'évolution de la consommation.


CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT NANTES METROPOLE Juin 2011 (1) «Le potentiel de la mer : un formidable atout pour le territoire» Contribution de Henri Favre Conseil de développement 6 mai 2010 (2) «Les ressources maritimes» Rapport CESR Pays de la Loire 2010

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La mer L'Atlantique est dans les têtes et dans les faits, mais le discours économique des décideurs met encore insuffisamment l'accent sur l'atout d'avenir que représente la mer dans toutes ses composantes.

Mais le trafic du port de Nantes est aujourdʼhui basé sur le traitement de ressour-ces énergétiques épuisables, ce qui n'est pas forcément durable. Il faut donc anticiper des mutations prévisibles. Le Port a besoin d'assumer une stratégie de Port intermédiaire Dans une contribution spécifique, l'un des co- européen(2) qui conjugue ambition et réaauteurs de ce texte a livré toute une série lisme. d'arguments et de propositions pour que la fenêtre maritime de la métropole Nantes-St Cette situation lui confère d'ailleurs la capaciNazaire ressemble davantage à une grande té de saisir des opportunités comme celle de porte océane plutôt qu'à un simple hublot(1). se positionner comme un Port Nord-Sud. Ainsi, Nantes pourrait devenir une porte euroCela concerne bien entendu le Port et sa péenne de lʼAtlantique Sud et établir des listratégie maritime globale. 4e français, 32e gnes régulières avec le continent Sud-amérieuropéen, il est de second rang par rapport cain. aux grands ports du nord et derrière Marseille et le Havre, malgré son premier rang sur la Si le port est aujourdʼhui connecté par ligne façade Atlantique et son trafic de 31 millions directe à lʼAfrique et aux Antilles, il ne lʼest de tonnes. pas encore à l'Amérique du Sud et pourrait développer une action dans ce sens. Plus de 50 % de ce trafic est assuré par la raffinerie de Donges et le terminal méthanier. Cela concerne aussi toute une série de doCette situation peut paraître fragile, mais elle maines appréhendés à partir du présent pour comporte des opportunités de développe- en faire des activités de demain porteuses ment possibles, avec le projet de construction d'innovation : dʼune unité supplémentaire de fabrication de -# la construction navale : la maîtrise de gaz oil à la raffinerie (si les pouvoirs publics nouveaux matériaux et de modes de proprennent en charge le contournement ferropulsion innovants pourraient péren-niser, viaire de la raffinerie) et le projet de construcvoire développer, la construction navale tion dʼun réservoir de gaz supplé-mentaire au sur le territoire. De nouvelles activités terminal méthanier qui débou-cherait égalepourraient être créées : démantèlement ment sur la construction dʼune ou plusieurs des navires, diversification des constructranches supplémentaires de la centrale tions (fret, plaisance…) thermique qui vient dʼêtre inaugurée par -# la pêche et ses évolutions liées à la dimiGDF-Suez. nution de la ressource halieutique : aquaculture, fermes marines, bateaux propulLʼautre perspective est le développement sés par des énergies alternatives stratégique du trafic conteneurs qui doit être -# le sport, le nautisme et la plaisance multiplié par 5 ou 6 sur les 20 ans à venir. -# le tourisme et les loisirs Lʼaugmentation continue du coût des carbu- -# la santé : balnéothérapie, thalassothérapie rants pétroliers rend les transports maritimes -# la sécurité en mer et le littoral. et fluviaux plus compétitifs et le port de Nantes devrait profiter de cette mutation, par exemple avec de nouvelles "autoroutes de la mer" vers le Sud (Portugal, Maroc), afin de contourner la barrière pyrénéenne, voire lʼEspagne ?


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Cela concerne enfin une série de théma-tiques nouvelles pour la recherche et pour les activités du futur : -# la biodiversité marine -# les nouvelles sources d'énergie : l’effet de houle, la force des vagues, l’énergie des courants marins. Tous ces secteurs d’activités sont porteurs d’innovations. Ils peuvent s’appuyer sur un réseau universitaire qui ne demande qu’à s’accroître. La recherche doit prendre une place croissante dans la vie régionale, mais elle aura plus d’impact et d’efficacité si elle est adossée à une politique de plein emploi, que ces emplois soient classiques, stratégiques, rares ou communs. Grenoble est sou-

vent citée comme modèle de territoire de recherche, n’oublions pas que c’est aussi un territoire au tissu industriel dense. Plus près de nous, le pôle bio-végétal d’Angers est en lien étroit avec l’activité agricole et horticole du Val de Loire. Par nature frontière des continents, la mer est un vecteur naturel pour les coopérations internationales et les échanges humains. C'est aussi un vecteur pour des coopérations interrégionales et notamment avec le pôle de Brest reconnu dans le cadre du grand emprunt. La connaissance et l’usage de la mer doivent trouver toute leur place dans la réflexion sur le projet de territoire.

Les transports L'activité d'un territoire se fonde sur les infra- européens et le renforcement des liaisons structures de communication : avions, trains, interrégionales. bateaux, voitures. Aujourd'hui l'économie, c'est d'abord de la mobilité. À cet égard, les orientations de l'avant-projet du futur SNIT (Schéma national des infraLa circulation des personnes et des mar- structures de transport) peuvent susciter des chandises a été lʼune des principales révolu- interrogations. L'Ouest est un peu oublié tions au 20e siècle. Elle est aujourd'hui une dans ce document, inscrit dans une logique composante de plus en plus essentielle de la de centralisation, qui dessine pour les 30 vie économique. La raison dʼêtre de Nantes, prochaines années les axes structurants des cʼest dʼabord de constituer un carrefour de grandes infrastructures de transport. Les carcommunications terrestres, maritimes, aé- tes présentées, si elles indiquent la présence riennes. Sans ce carrefour de communica- de l'aéroport et du port, affichent un certain tions, les activités industrielles, tertiaires, tou- vide territorial, sans lien avec les infrastructuristiques, ne peuvent pas se développer. res envisagées. Conforter et pérenniser ce carrefour, cʼest développer les activités portuaires, lʼaména- Dans ce contexte, la métropole nantaise doit gement ferroviaire, et créer un pole dʼéchan- valoriser les atouts dont elle dispose déjà : ges multimodal quelque part entre lʼaéroport port (déjà mentionné précédemment dans les et lʼestuaire. Il faut donc faire émerger la né- atouts de la façade maritime), aéroport, infracessité de situer ce territoire sur un point no- structures ferroviaires mais aussi une capacidal dʼéchanges des déplacements humains, té fluviale, de St Nazaire à Angers, qui méride circulation des flux de marchandises, des terait d'être développée, avec les nouvelles informations, des savoirs. Cette nécessité est opportunités que sont le transport combiné d'autant plus grande du fait de la position ex- fleuve-route et celui des conteneurs. centrée de notre territoire à l'Ouest de l'Europe. Le développement et l'attractivité du S'agissant de l'aéroport de Notre Dame de territoire impliquent à la fois une meilleure Landes, il est présent dans toutes les têtes connexion aux grands réseaux nationaux et mais le sujet est en fait souvent trop peu trai-


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té au fond alors qu'il s'agit d'un des grands sé français ? Il semble que ce soit les mêmes projets du territoire. qui contestent le troisième aéroport parisien et la solution alternative du développement Il est malheureusement évoqué le plus sou- des aéroports des métropoles régionales… vent sous l'angle du conflit pro contre anti. Dès lors, la discussion sur l'avenir n'est pas Notre-Dame des Landes doit être lʼoccasion très productive. de développer non seulement des lignes Un consensus s'est établi dans le public par moyen-courrier européennes mais aussi, à l'idée suivante : "on commencera vraiment à plus long terme, des lignes internationales parler des effets du projet, de ses atouts… long courrier qui puissent satisfaire en offre la une fois que chacun sera sûr que le dossier demande de la population du Grand Ouest, est irréversible". en lui faisant éviter Paris. Dans ce contexte, les questions essentielles ont du mal à être abordées au fond alors que nous pensons, au contraire, que ce projet doit être fortement soutenu. Croit-on encore au transport aérien, et à son probable développement ? Jusquʼà aujourdʼhui, le transport aérien a exclusivement utilisé les carburants pétroliers, qui plus est sous une forme détaxée faussant la concurrence et nʼencourageant pas les innovations. Certains pensent que la raréfaction des carburants pétroliers et la diminution de lʼémission de gaz à effet de serre vont arrêter la croissance du transport aérien, voire le faire disparaître. Toutefois, le potentiel de diminution de la consommation des avions est de lʼordre de 50 % et il existe une panoplie de carburants de substitution aux carburants pétroliers, dont certains sont déjà en expérimentation en vol. Lʼextinction du pétrole ne signifiera probablement pas décroissance du transport aérien, mais une mutation et un rééquilibrage entre les différents modes de transport. Sur le territoire, la recherche autour de nouveaux matériaux plus légers est une des réponses pour diminuer la consommation des avions (mais aussi des voitures, des navires, des trains). Cʼest aussi une condition nécessaire pour pérenniser lʼindustrie aéronautique et ses sous-traitants associés sur le territoire. Croit-on que, dans une logique de décentralisation, le développement des aéroports des métropoles régionales est une alternative à la réalisation dʼun 3e grand aéroport parisien qui accentuerait les défauts du système centrali-

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Un certain nombre de compagnies aériennes attendent ce nouvel aéroport pour venir sʼy installer et développer des bases logistiques à Nantes. La réussite de cette dynamique, au-delà des meilleures conditions d'accueil des passagers, pourra créer des nouveaux emplois et des emplois induits inhérents à la navigation aérienne, lʼentretien aéronautique, la logistique, lʼhôtellerie et à une zone dʼactivité. La desserte ferroviaire par une ligne rapide Rennes-Nantes permettra de créer une plateforme multi-modale nécessaire à la réussite de lʼensemble. Il faut donner à cet aéroport les moyens de son rôle dʼinfrastructure structurante pour le projet de territoire. S'agissant des atouts ferroviaires, ils sont opérants à plusieurs niveaux : - # celui de la gare de Nantes : Le projet de nouvelle gare est-il toujours aussi prioritaire ou risque-t'il l'enlisement dans le débat sur le financement ? Aussi vital que celui de l'aéroport, ce projet conditionne une large part de l'attractivité du territoire pour les trente ans qui viennent. # À ce jour, les informations sont encore parcellaires et la visibilité du projet reste encore floue pour les citoyens. - # celui des grandes lignes : le projet de la ligne rapide Rennes/Nantes par Notre Dame des landes est une nécessité pour mettre les deux villes à moins de 40 minutes lʼune de lʼautre avec, à terme, des prolongements vers le centre et le sud-ouest. # Lʼautre problématique reste la saturation de la ligne Angers/Nantes.


CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT NANTES METROPOLE Juin 2011 (1) «Territoire 2030 : accessibilité et attractivité» Contribution de Alain-Louis Gourdy Conseil de développement 16 septembre 2010

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Des solutions sont évoquées(1), notamment la construction dʼune LGV Connéré/ Nantes, qui permettrait de gagner du temps sur Nantes/Paris et de faciliter le trafic TER et marchandises sur la ligne existante, en particulier pour la desserte du Grand Port Maritime qui a besoin dʼoxygène pour se connecter au-delà de son territoire.

- # celui du trafic péri-urbain : lʼétoile ferroviaire nantaise est une infrastructure majeure pour les dessertes, par TER ou tram-train, de lʼaire urbaine nantaise et pour harmoniser le développement de lʼhabitat. Certaines branches sont déjà exploitées dans cette logique (Nantes/ Clisson) ou en passe de l'être (Nantes/ Châteaubriant). Dʼautres nécessiteront des améliorations (Nantes/Ste Pazanne) et (Nantes/Savenay). Lʼexploitation de la branche (Nantes/Ancenis) nécessitera des amenagements de voirie de dégagement avant de pouvoir augmenter le cadencement et enfin Nantes/Carquefou nécessitera tout simplement dʼêtre exploitée, car la voie et le trafic existent. Le projet de lʼIle de Nantes devra prendre en compte la possibilité de réaliser des interconnexions de lignes de tram-train pour assurer des liaisons péri-urbaines de périphérie à périphérie, sans passer par la Gare dʼOrléans et la desserte du futur C.H.U., en préservant lʼinfrastructure de la ligne ferroviaire aérienne existante. Pour optimiser ces transports péri-urbains, l'acquisition de matériels compatibles entre eux et avec les différents quais est une condition importante. S'agissant de l'atout fluvial, il est, depuis plus de 20 ans, tombé en désuétude au profit du routier. L'expérience récente de transport de conteneurs en barging entre Montoir et Nantes a été vite stoppée après la "contre-offensive" du transport routier et de ses baisses de tarif. Aujourdʼhui ne subsiste que le transport par barge des pièces Airbus entre Cheviré et Montoir et la remontée de la Loire par un cargo fluvio-maritime sablier jusquʼà Saint-Julien de Concelles.

Pourtant, le transport routier est de plus en plus congestionné entre Nantes et Saint-Nazaire et les émissions de CO2 sont proportionnelles. Ne serait-il pas pertinent de relancer le transport fluvial entre Saint-Nazaire et Nantes et pourquoi ne pas le prolonger jusquʼà Angers avec des barges adaptées au tirant dʼair des ponts de Nantes ? En matière de transports urbains, le succès du Navibus entre Trentemoult et le Quai de la Fosse en appelle d'autres. Pourquoi ne pas étudier, dans le contexte du développement durable, le développement dʼautres lignes sur la Loire et redonner ainsi au fluvial ses lettres de noblesse ? Cette question de l'utilisation de l'eau pour le transport des hommes et des biens renvoie d'ailleurs au débat général sur les modèles de développement. L'eau peut-elle être encore liée à l'activité économique ou n'est-elle plus envisagée que sous l'angle environnemental ?


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La santé La santé est un état de bien être physique, mental mais aussi social. La médecine curative et préventive impliquent lʼexistence dʼun réseau de soins de proximité et des outils de formation et de recherche dʼun haut niveau. Le projet dʼun IHU, fondé sur une analyse des besoins à lʼhorizon 2030 et non à partir dʼune enveloppe budgétaire préalablement définie répondait particulièrement à ces deux derniers points. Cette dynamique enclenchée à l'occasion de l'appel d'offres du grand emprunt doit être maintenue pour l'avenir. L'évolution des comportements, du soignant au soigné, est très rapide, compte tenu à la fois de la sophistication des techniques et des changements de modes de vie. Les médecins généralistes se regroupent en cabinets médicaux, avec cessation dʼactivité du vendredi soir au lundi matin et en territoire rural ils pourraient disparaître. En ville des organisations de médecins dʼurgence et de garde se développent et, dans un certain nombre de cas, dirigent leurs patients vers lʼhôpital. Les infrastructures hospitalières se regroupent pour mutualiser les moyens et les compétences, avec une orientation très soutenue vers lʼhospitalisation ambulatoire dans le but de diminuer les besoins en nombre de lits. De nouveaux rapports (de force ?) entre secteurs publics et privés s'établissent et dessinent un paysage de la santé qui va se modifier considérablement dans les années qui viennent. À côté de cela, lʼévolution sociale multiplie le nombre de foyers monoparentaux et les personnes seules qui sont encore plus démunies devant la maladie et qui nécessitent des prises en charge publiques ou privées, selon leurs ressources. Lʼallongement de la durée de la vie exposera encore davantage la tranche de population senior à avoir recours à des soins spécifiques et spécialisés en milieu hospitalier. On peut sʼinterroger pour savoir si vraiment le besoin en nombre de lits hospitaliers va dimi-

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nuer ou sʼil devra être suppléé par des structures nouvelles adaptées aux périodes de post-hospitalisations doublées également de structures dʼhébergement hôtelière. De plus, le mode de transport en commun ne sera peut-être pas le mieux adapté pour les patients devant accéder à ces structures hospitalières. Apparemment, la télé-médecine ou la consultation à distance ne pourront pas résoudre tous les cas ni toutes les situations. Ce nouveau paysage de la santé aura des conséquences économiques qu'il faut anticiper dès aujourd'hui. C'est un des moteurs du développement métropolitain qui suppose des coopérations territoriales nouvelles dans le prolongement des regroupements intervenus entre Nantes et Angers en matière de cancérologie. Dans un autre ordre d'idées, il y a aussi un besoin nouveau pour des réponses à apporter au développement du stress au travail et dans de nombreuses situations de la vie quotidienne. L'accroissement de cet état pathologique, dans tous les domaines de la vie économique, est révélateur de lʼévolution des relations sociales. La qualité de la chaire de sociologie de lʼuniversité, celle des unités neurologiques et psychiatriques du CHU, lʼexistence du Centre dʼHistoire du Travail, sont autant dʼéléments permettant la création dʼun pôle original de recherche à Nantes.


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Le numérique Après les premières pertes de son patrimoine industriel, Nantes a su rebondir avec le tertiaire et les grandes écoles. La question numérique constitue aussi une opportunité de nouveaux développements. En dix ans, la filière TIC (Technologie de lʼInformation et de la Communication) est devenue le poids lourd de lʼéconomie régionale (plus de 3 000 entreprises, 26 000 salariés et 2 milliards dʼEuros de chiffre dʼaffaires, avec de grosses entreprises de plusieurs centaines de salariés et une multitude de petites Start up). Les Pays de la Loire sont la 5ème région de France pour les TIC. Forts de ce constat, la Région, lʼEtat et la CRCI viennent de lancer Ouest Numérique, une marque commune à toute la filière TIC régionale. Cette filière sʼorganise et veut croître mieux. Le développement des réseaux numérique est un facteur de grande vitesse pour les flux d'échanges. C'est donc un facteur important pour l'implantation des entreprises et leur développement. La "grande vitesse" ne concerne pas que les infrastructures classiques de transports. Au-delà du seul secteur des TIC, il faut élargir la réflexion à l'ensemble de l'activité économique. Le bouleversement numérique des vingt dernières années révèle les prémisses d'une civilisation nouvelle dont les codes et les références sont incertains. Le passage du monde analogique au monde numérique est une source considérable de ruptures. Il y a un

discours convenu sur le thème numérique mais la réflexion est encore soumise à des schémas anciens. Lʼexemple de la loi Hadopi est une illustration de cette approche traditionnelle avec laquelle on ne sait pas faire face à la révolution de la dématérialisation dʼun produit. Dans la société analogique, une œuvre se caractérise par un support physique dont la valeur se transforme en valeur économique au moment de lʼéchange. Pour se l'approprier il faut acheter ou... voler. Aujourdʼhui, une création peut être dématérialisée. Dès lors, sa reproduction peut sʼeffectuer à lʼinfini, sans perte de qualité et surtout sans priver qui que ce soit de sa propriété... hormis lʼauteur. Un bien privé dans la société analogique devient, dans le monde numérique, une sorte de bien public. Dès lors, qui rémunère qui ? Qui est propriétaire ? Quʼestce quʼun vol ? Les anciens modèles économiques sʼen vont, mais leurs remplaçants tardent à se dessiner. Cette question numérique a été longtemps absente de la réflexion sur lʼaménagement et le développement des territoires. Elle commence aujourd'hui à prendre place dans la réflexion des collectivités locales. Elle devra être au cœur du futur projet de territoire car c'est dans ce domaine que les évolutions seront les plus rapides et les plus spectaculaires.

Les fonctions métropolitaines supérieures Les fonctions métropolitaines supérieures, telles qu'elles sont définies par l'INSEE, regroupent une palette de 11 grandes activités stratégiques nécessaires au développement des entreprises. Il s'agit des métiers des services aux entreprises, de la recherche, de l'information et de l'informatique, des télécommunications, des transports, du commerce et de la gestion, de la banque-assurance et de la culture.

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Elles concourent fortement à l'attractivité du territoire pour attirer de nouvelles entreprises et assurer sa lisibilité à l'international. Elles sont indispensables aux entreprises qui externalisent de plus en plus d'activités pour se recentrer sur leur cœur de métier. Ces fonctions métropolitaines constituent des facteurs essentiels du développement économique. Le poids des cadres de ces fonctions métropolitaines est aussi un indicateur de l'intégra-


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tion des métropoles régionales dans l'éco- litaines en développant une compétition sténomie de la connaissance et des réseaux. rile avec les villes de son environnement. Ces fonctions métropolitaines supérieures, comme on l'a indiqué précédemment, progressent à Nantes et à Rennes, avec une forte complémentarité. Elles sont aussi présentes, mais dans une moindre mesure, à Angers et à Brest. Pour assurer ses développements actuels et futurs, la métropole nantaise doit continuer à "muscler" ses fonctions métropolitaines supérieures dans une stratégie de coopération avec les villes de son environnement. Il ne serait pas réaliste de prétendre regrouper à Nantes toutes les grandes fonctions métropo-

La culture Comme beaucoup de villes dans le monde, Nantes s'est positionnée sur le marché de l'attractivité par la culture. Cette stratégie a donnée de bons résultats et a donné une image forte et originale à la ville. Est-elle durable ? Le "Voyage à Nantes" suffira-t'il à pérenniser cette dynamique qui produit ses effets depuis 20 ans ? Cette dynamique est d'abord touristique. Mais à côté de manifestations majeures comme "La folle journée" ou "Estuaire" il doit y avoir une place aussi pour du tourisme thématique : -# Tourisme industriel : du terril dʼAbbaretz aux barrages et moulins de la Sévre Nantaise, en passant par les ardoisières dʼAnjou et surtout les usines en pleine activité de lʼestuaire -# Tourisme ludique : EscalʼAtlantique, marionnettes, machines de lʼIle, Puy du Fou, Futuroscope, zoos -# Tourisme historique et mémoriel : Esclavage, Chouannerie, Mur de lʼAtlantique, Résistance, Lénine à Pornic ou la Duchesse de Berry à Nantes, en lien avec la muséographie du Château de Nantes

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Seule une coopération audacieuse peut permettre aux entreprises de pouvoir accéder facilement à l'ensemble des fonctions métropolitaines dont elles ont besoin. Il est plus facile aux responsables dʼune entreprise nantaise, rennaise ou angevine de se déplacer dans un périmètre géographique de proximité pour rencontrer les interlocuteurs dont ils ont besoin qu'à des responsables d'entreprises parisiennes de le faire à l'intérieur du Grand Paris en se confrontant aux difficultés quotidiennes de déplacement !

-# Tourisme artistique : Surréalistes, Jules Verne, Julien Gracq, Morellet, Turner, Jacques Demy, Jacques Tati, Musée des beaux-arts... Pour éviter l'effet "parc d'attractions", cette dynamique culturelle a besoin de l'innovation permanente pour être pérennisée. Elle nécessite aussi de ne pas être isolée de l'ensemble de l'activité du territoire et d'être confortée par d'autres politiques publiques, notamment en matière de sport. L'activité sportive de haut niveau obéit souvent aux mêmes règles que l'activité culturelle, en termes de promotion, d'attractivité, de mobilisation des habitants. Il faut être attentif aujourd'hui à la demande des acteurs qui souhaitent une nouvelle vision métropolitaine de l'attractivité par le sport.


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La recherche, l’innovation Pour l'avenir du territoire, le développement de la recherche et de lʼinnovation doit atteindre un niveau minimum attractif pour attirer et fixer des chercheurs étrangers de haut niveau, avec des infrastructures en adéquation comme : - un aéroport avec suffisamment de destinations internationales en vols directs - un lycée International digne de ce nom - une offre culturelle dynamique et renouvelée - des campus fonctionnels et accessibles par tous les moyens de transports Mais il y a souvent un discours convenu sur la recherche et l'innovation, lesquelles sont régulièrement illustrées dans les documents de communication par des chercheurs en blouse blanche, de la fibre optique ou des nouveaux matériaux. Dans la réalité, l'innovation n'est pas uniquement technologique, elle concerne aussi les processus de production ou l'organisation sociale. Elle est par ailleurs un levier important du développement des PME. S'agissant de la recherche au sens classique du terme (la recherche fondamentale pour faire progresser les connaissances, la recherche appliquée pour répondre à un besoin sociétal ou spécifique), le qualitatif compte

autant que le quantitatif. Un potentiel de recherche jugé "faible" mais associé à des équipes de qualité peut donner de meilleurs résultats qu'un "fort" potentiel associé à des équipes moyennes. S'il est vrai qu'une concentration de chercheurs permet une meilleure fécondation des idées, il n'est pas sur que ce soit une condition suffisante. Brest en donne le contre-exemple, avec des effectifs réduits et de bons résultats. Y a t'il une véritable interdisciplinarité entre scientifiques nantais ou plutôt des alliances de circonstance ? Y a t'il une stratégie à long terme de la recherche nantaise ? Faute de réponse positive à ces questions, la situation se résume à une formule : chacun pour soi et la métropole pour tous ! Cette interdisciplinarité et ces fécondations entre public et privé, entre fondamental et appliqué, ont cependant parfaitement joué leur rôle dans le pole EMC2 et ont contribué au succès du projet d'Institut de Recherche Technologique. Il existe donc de bons exemples de réussite dont il faut s'inspirer. Là aussi, nous avons besoin de coopérations nouvelles et audacieuses pour mutualiser des ressources sur de grands objectifs ciblés.

L’économie sociale et solidaire L'économie sociale et solidaire n'est ni marginale ni secondaire, c'est aujourd'hui une réalité économique, sociale et humaine. L'économie sociale et solidaire n'a pas vocation à se substituer à l'économie "classique" mais elle a un poids réel aujourd'hui qui dépassent les seuls aspects du commerce équitable ou des AMAP. Si l'on prend en compte l'activité des grands groupes mutualistes et coopératifs, le champ n'est plus restreint et il a une vertu citoyenne et pédagogique qui contribue à la prise de conscience de la globalisation des échanges et de ses effets. La

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métropole nantaise, notamment à travers les Ecossolies, s'est positionnée pour le développement de ce qu'on nomme aujourd'hui le tiers secteur. Dans un monde économique incertain, dont les schémas d'organisation sont réinterrogés au gré des crises, les initiatives relevant de l'économie sociale et solidaire méritent un intérêt particulier. Elles correspondent, notamment pour les jeunes générations, à de nouvelles manières d'aborder le travail et de nouvelles pratiques économiques.


CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT NANTES METROPOLE Juin 2011 (1) «Muscler les PME» Contribution de Yves Jannin Conseil de développement 15 novembre 2010

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Muscler les PME, l’atout premier du territoire Il y a un large consensus sur ce point. Tant l'entreprise ou détachés par une structure sur le plan de l'innovation que de l'internatioextérieure. Ils seraient chargés de misnal, les PME sont plébiscitées. Représentant sions d'accompagnement des dirigeants, un modèle à la fois efficace et représentatif et ce à temps partiel et variable d'une certaine identité du territoire, le soutien — l'incitation des dirigeants à placer le capital au développement des PME rencontre un humain au cœur de la performance de large accord. l'entreprise : en professionnalisant les PMI en gestion prévisionnelle des emplois et Elles sont "une ressource économique esdes compétences avec des outils adaptés sentielle et un moteur essentiel pour l'emploi" à leur taille et des relais (pilotes Gpec), ou (rapport de JF Balducci, Directeur d'Atlanen les entraînant, grâce à des méthodolopôle, CESER 2009). Représentant 2/3 des gies spécifiques, à apprécier l'évolution emplois industriels, le tissu des PME constipositive ou négative de l'ensemble des tue 76 % de la valeur ajoutée régionale (concomposantes de leur capital humain tre respectivement 58 et 53 % au niveau na- — l'accompagnement des PME pour dévetional). lopper en interne des activités de recherche et développement ou en collaboration Les grands acteurs publics et privés doivent avec des acteurs externes afin de transdonc faire du développement des PME une former la créativité en innovations. ambition collective pour les années à venir. À cet effet, ils doivent mettre en place des le- Il faut par ailleurs une politique d'incitation viers d'action et dégager des moyens finan- des PME à "jouer collectif". C'est l'enjeu des ciers humains. Certaines PME de la région clusters ou coopérations d'entreprise. Or trop ont un potentiel de croissance et, par un dé- de PME restent encore prudentes, voire rétiveloppement endogène ou par des regrou- ves, alors qu'en s'associant elles peuvent à la pements, vocation à devenir des entreprises fois renforcer leur ancrage territorial, accroître de taille Intermédiaire (ETI) qui sont un véri- leurs performances, développer l'innovation, table atout pour l'économie. tout en bénéficiant de l'apport de grandes entreprises qui les tireront vers le haut et faciPour renforcer cette musculature des PME, literont leur développement à l'international. plusieurs actions sont possibles(1). Entraîner les PME à créer des synergies et Elles s'appuient sur plusieurs grands leviers à leur donner les moyens pour y parvenir, doit valoriser et à proposer aux dirigeants sous devenir un objectif prioritaire pour les organiforme d'actions collectives ou individuelles : sations professionnelles et consulaires —# la détection du potentiel d'Industrialisation comme pour le Conseil Régional et pour la des PMI pour le renforcer. Il s'agit d'ap- Métropole Nantes-Saint-Nazaire. précier leur capacité à créer et développer durablement de la valeur ajoutée indus- Les Pays la Loire sont en retrait si l'on comtrielle sur le territoire, puis de la faire évo- pare à la région Rhône-Alpes, et ce quelles luer, grâce à un processus adapté, pour que soient les figures territoriales existantes réduire ses faiblesses ou consolider ses en ce domaine (pôle de compétitivité, syspoints forts tème productif local ou cluster). — la pérennisation du développement de la performance des PMI avec l'appui de pilo- C'est ainsi que Rhône-Alpes dispose de 2 tes de la compétitivité choisis au sein de pôles mondiaux de compétitivité et d'1 à vo-


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cation mondiale, alors que les Pays la Loire Il faut donc que les grands acteurs publics et ont seulement 1 pôle à vocation mondiale. privés du département et de la région prennent en considération cette préconisation. De plus, Rhône-Alpes a 20 clusters déclarés Mais sans avoir cette dimension internatio"lauréats grappes d'entreprises" par la DA- nale, les PME de notre territoire doivent conTAR, pour 6 en Pays-de-la-Loire. tinuer à trouver dans la mise en place de clusters aux objectifs moins ambitieux mais Selon une étude de la Direction Générale ouverts cependant sur l'international, un apFrançaise de la Compétitivité de 2009, seuls port pertinent pour leur développement et leur les pôles ou les clusters de taille mondiale, ancrage. pourvoyeurs dʼentreprises innovantes et dʼemplois hautement qualifiés pourront se prévaloir dʼun véritable rayonnement à lʼinternational et être un atout essentiel pour un territoire.


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Pour une conférence territoriale de l’industrie (1)

Trois constats méritent cependant attention : ‣ Le premier soulève une interrogation. Il provient d'une étude d'avril 2011 de l’Agence Française pour les Investissements Internationaux sur le bilan 2010 des investissements étrangers créateurs d'emplois. L'Île-de-France (243 projets sur 782 en France, soit 31 %), devance Rhône-Alpes (138 projets, 18 %) et Provence Alpes Côte d'Azur (52 projets, 7 %). Les Pays de la Loire arrivent seulement au dixième rang (22 projets, 3 %). En termes d'emplois créés ou sauvegardés, les Pays de la Loire occupent la 13e place avec 759 emplois (Rhône Alpes : 4432) ‣ Le deuxième crée une attente. Le cabinet "Ernst et Young" a publié en mai 2011 un baromètre des investissements étrangers en Europe et en France. L'une des questions posées aux investisseurs internationaux était la suivante : "quelle métropole française, challenger de Paris, sera la ville entreprenante de demain ?" Comme les années précédentes Lyon est largement en tête avec 51 % et poursuit sa progression. Elle est suivie d'assez loin par Marseille/Aix en Provence (seconde avec 15 %). Nantes est en 6e position (derrière Bordeaux) avec 11 %, ce qui reste modeste mais représente une progression encourageante de 2 places et de 4 points par rapport à 2009. Rennes est citée pour la première fois dans ce baromètre et se situe au 9e rang du classement, avec seulement 2 %

(1) "Militer et agir pour l'industrie" Contribution de Yves Jannin Conseil de développement 28 avril 2011 (2) Capraro Mario, Baglin Gérard « L'entreprise étendue et le développement des fournisseurs » Presses Universitaires de Lyon, 2003. "L'entreprise étendue" se définit comme un ensemble d'entreprises travaillant pour des clients communs sous la conduite d'un décideur stratégique unique (chef de file) qui assure la cohérence de l'ensemble. L’objectif primordial du donneur d’ordre est de conduire l’ensemble des sous-traitants à la meilleure performance en les entrainant dans une démarche d’amélioration continue s’appuyant sur des plans de progrès. En Loire Atlantique, cette démarche a été mise en place dans 2 filières : la Construction Navale chez STX et ses sous-traitants, ainsi que dans l'Aéronautique chez Airbus. C'est une autre voie que l'externalisation de la sous-traitance dans des pays à faible coût de main-d'œuvre : celle d'augmenter la valeur ajoutée des sous-traitants. Elle permet de garder l'emploi en France et en Europe. D'où l'importance, de s'inspirer de l'expérience réussie dans la Navale et l'Aéronautique pour élargir le dispositif d'entreprise étendue à d'autres secteurs industriels.

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Les Pays de la Loire sont la 3è région industrielle française, derrière l'Île-deFrance et Rhône-Alpes, avec 264 000 salariés (source INSEE). L'industrie de Loire Atlantique en est le moteur principal avec notamment de grands secteurs liés à une forte sous-traitance (concept "d'entreprise étendue")(2). L’industrie fonctionne en complémentarité avec le secteur marchand aux entreprises. Il faut donc les approcher globalement pour mesurer le poids réel de l’économie industrielle.

‣ Le troisième autorise une satisfaction. Le cabinet "France industrie et Emploi", dans une étude de mars 2011 sur les créations d'emplois dans l'industrie et les services, constate, pour 2010, un solde net de 35 000 créations d'emplois après un solde négatif en 2009. Six régions drainent plus de la moitié de ces créations : Nord-Pas-de-Calais est en tête avec 6 196 créations), suivi de Midi-Pyrénées (6 151), les Pays de la Loire sont au 4e rang avec 4 761 créations. Le rôle des collectivités locales est primordial, tant par les actions directes que par la capacité à créer un contexte favorable à l'investissement et au développement des activités. Le positionnement moyen des Pays de la Loire en termes de création d'emplois par un apport d'investissements étrangers nécessite une action. Les grands acteurs publics de la Loire-Atlantique doivent se projeter dans une perspective de développement de leur industrie, base de la croissance économique. Ces acteurs doivent ainsi mettre l'Industrie au cœur du Projet de territoire, se référant ainsi à l'une des conclusions des Etats Généraux de l’industrie qui recommandaient la création d'une “Conférence Nationale de l'industrie“. Pourquoi ne pas s'inspirer de cette recommandation nationale pour générer une ambition collective industrielle forte ? Une Conférence Territoriale pourrait associer tous les acteurs locaux avec l'objectif de créer des synergies dans la gouvernance de la politique industrielle locale. Elle constituerait l'organe de référence en matière de consultation, de propositions et de suivi sur les sujets relatifs au développement industriel territorial : filières, emplois, formations et recherche, aides financières, appui en matière d'exportation, apport d'investissements étrangers, développement d’entreprises de taille intermédiaire.


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