2014 - Voeux de Philippe Audic au Conseil de développement de Nantes métropole

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Mercredi 15 janvier 2014 Intervention du Président

Mesdames, messieurs, chers amis Je suis heureux de vous retrouver en ce début 2014 pour vous souhaiter tout simplement une bonne année. Comme l'an dernier, je vous épargnerai les lieux communs qui émaillent en général les cérémonies de vœux officiels. Vous allez en entendre tout au long du mois de janvier, inutile d'en rajouter. Mes vœux sont simples et sincères pour une année dont chacun sait qu'elle sera difficile pour beaucoup. Mais malgré cette conjoncture troublée et incertaine, je vous souhaite à chacun la part de bonheur qui donne le goût de la vie. Au-delà de ces vœux, je voudrais d'abord vous adresser des remerciements pour votre engagement au sein du Conseil du développement et pour la part que vous avez pris en 2013 à la qualité de ses travaux. Vous le savez, ce n'est pas seulement une formule de politesse car votre engagement est entièrement bénévole et cela mérite d'être salué. 2013 a été marquée par l'organisation des Rencontres nationales des Conseils de développement en février. Plus de 600 personnes de toute la France se sont ainsi retrouvées à Nantes pour débattre et échanger sur la citoyenneté d'aujourd'hui. Cette manifestation a été un beau succès et a montré que le Conseil de développement de Nantes restait l'un des Conseils les plus actifs et les plus en pointe. Vous pouvez d'ailleurs retrouver le contenu de ces échanges dans les Actes des Rencontres. Ce document est en ligne depuis l'été et une version papier est aujourd'hui disponible, dont vous trouverez des exemplaires ce soir. Sur le plan de la réflexion, ces Rencontres ont été un moment très fort. L'intervention de Jean-Paul Delevoye a suscité un très grand intérêt chez les participants et nous avions réuni autour de lui un assez joli panel d'intervenants. Il n'est pas si courant en effet de retrouver sur un même plateau Olivier Mongin, le responsable de la prestigieuse revue Esprit, Cynthia Fleury, la philosophe qui renouvelle la réflexion sur la démocratie et sur le courage, Jean Viard, le sociologue bien connu mais qui est aussi un élu de la métropole marseillaise, Thierry Pech, le directeur de la revue Alternatives économiques, Dominique Cardon, le spécialiste des


nouvelles sociabilités numériques, Loïc Blondiaux, le politiste expert des questions de démocratie participative. Sans oublier Yves Sintomer qui nous a livré le vendredi matin une magistrale intervention sur l'état de la participation citoyenne dans le monde. 2013 a été aussi marquée par une nouvelle saisine de la Communauté urbaine. Je veux parler bien sûr de la sollicitation qui nous a été faite pour des propositions sur les modalités du futur débat public sur les franchissements de la Loire. Pour la première fois, le Conseil est en effet saisi, non pas pour donner un avis sur un équipement, un projet ou un programme, mais comme expert du débat public. C'est une démarche tout à fait nouvelle puisque cette question était, en général, posée par les collectivités locales à des bureaux d'études spécialisés. Nous avons d'ores et déjà livré une première note d'orientations qui avance quelques propositions fortes pour le débat public. Le document est disponible en ligne et en version papier. Je vous invite à le populariser autour de vous car il esquisse des propositions originales qui peuvent être de nature à secouer le mode d'organisation traditionnel des débats publics. Il me parait essentiel que le Conseil de développement soit novateur de ce point de vue et explore de nouveaux chemins. Je voulais rappeler ces deux éléments importants de l'année 2013 parce qu'ils marquent, de mon point de vue, un tournant dans l'évolution du Conseil de développement. Et c'est ce qui m'amène à évoquer l'avenir. Le paysage de la gouvernance politique du territoire va se renouveler assez profondément en 2014. Je ne fais pas allusion aux forces politiques qui sont en compétition mais à ceux qui les représentent. De nouvelles générations vont accéder à la conduite des politiques publiques. Et même si leur formation, leur filiation les inscrit dans une certaine continuité de leurs ainés, je reste convaincu que ces trentenaires peuvent surprendre. En tout cas, je le souhaite. Si j'osais la formule, je dirais qu'il va falloir que les nouveaux élus soient un peu "punks", en ce sens qu'ils soient capables de remettre en cause des certitudes souvent peu efficaces en période de crise. Quels que soient les affichages traditionnels, qui relèvent le plus souvent de la tradition théâtrale en politique, les repères sont nouveaux. Etre de droite ou de gauche en 2013 n'a pas la même signification que dans les années 70. Le monde a beaucoup changé et ceux qui aspirent aujourd'hui aux responsabilités de la décision publique sont confrontés à des situations très nouvelles : rareté financière, fragmentation sociale, nouveaux modes d'information, révolution numérique…. Si les élus sont nouveaux, les citoyens le sont aussi. Ils ont de nouvelles attentes, souvent plus proches de l'exigence que du souhait….Il sont demandeurs de participation, et même d'intervention dans le processus de décision, mais ils sont aussi très défiants : ils peuvent remettre en cause très rapidement la confiance qu'ils ont accordé. Les nouveaux élus devront donc inventer une nouvelle idée de la modernité et leurs rapports aux citoyens seront nécessairement placés sous de nouveaux éclairages.


Les plus pessimistes diront peut-être aussi que les changements sont plus espérés que confirmés. Il reste encore le risque du scénario de type "lampedusien" en référence à la célèbre formule de Giuseppe Lampedusa dans le Guépard : "il faut que tout change pour que rien ne change…" Mais, en ce qui me concerne, je me range plutôt du côté des optimistes et je pense que 2014 marquera une étape significative dans l'évolution de la gouvernance des territoires. Dans ce contexte, le Conseil de développement formule des propositions sur sa propre évolution. Un premier document a été établi dont vous trouverez aussi des exemplaires ce soir. Je ne vais pas détailler ce document mais je voudrais seulement insister sur quelques points : -

La démocratie participative a besoin d'un nouveau souffle et le Conseil de développement a besoin d'un nouveau projet pour les années qui viennent. ← Nous devons aller vers ce que Jean-Paul Delevoye appelle "l'assemblée du temps long", c'est-à-dire vers le lieu de la prospective citoyenne, dégagée des modes et des contingences de l'immédiateté. ← Au milieu des concepts fourre-tout qui fleurissent dans le langage de la décision publique, il y a nécessité d'un espace de débat serein, capable d'offrir un regard décalé sur l'avenir. Il y a beaucoup de questions qui fâchent, des questions clivantes qui ne sont débattues nulle part. Le Conseil de développement a des atouts pour être cet espace de débat libre. -

C'est dans cet esprit de l'assemblée du temps long qu'il me paraît souhaitable d'évoluer vers un concept participatif qui s'apparente à l'Université prospective, à la Cantine du Débat, selon l'appellation qu'on lui donne. L'objectif est de constituer un lieu ouvert, fondé sur le volontariat des participants et associé à d'autres structures qui participent au débat public. C'est le sens du partenariat que nous avons noué avec la revue Place Publique et qu'il faut développer

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Nous devons aussi développer des initiatives nouvelles. La mission du Conseil est de faire des propositions aux élus décideurs mais, pour remplir cet objectif, il faut élargir les publics touchés et multiplier les occasions de rencontres et d'échanges. Nous le faisons déjà avec les volontaires du service civique et, demain, il faudra le faire avec d'autres catégories en inventant de nouvelles formules de rencontres. A titre d'exemple, nous avons déjà évoqué l'idée du "Plat du jour", moment de rencontre entre 12 et 14 h pour toucher de nouveaux publics, nous avons souhaité des séminaires thématiques, davantage de débats de société…. ← Le Conseil de développement a le défaut de beaucoup de structures participatives, il manque parfois l'expression de la jeunesse, des femmes, de la diversité. ← Bref, il faudra travailler davantage "hors les murs"…. -

Nous devons aussi être le lieu de la veille et de l'alerte. C'est le sens des initiatives que nous prenons dans le champ du numérique avec la collaboration entamée avec Ouest Medialab. La société bouge à grande vitesse et ses mouvements sont parfois désordonnés, voire contradictoires. Il faut prendre le temps de la réflexion dans ces domaines. Nous l'avions déjà dit à l'occasion de nos propositions pour Nantes 2030, il faut


réinventer de nouvelles formes de l'éducation populaire du XXIe siècle. Nos propositions sont disponibles. Elles ont vocation à alimenter les réflexions de chacun. Elles peuvent être débattues, améliorées, confortées. Elles sont libres de droits et sans copyright… Quand les nouveaux élus métropolitains seront en place, nous en débattrons avec eux, sans précipitation. Ils savent bien eux-mêmes que les questions de participation citoyenne seront au cœur de leur action. Nous serons disponibles pour en parler, sans esprit partisan. Voilà ce que je voulais vous dire ce soir. Et puisque nous sommes une structure de participation, je voudrais vous proposer de déroger au rite des vœux officiels qui veut que le discours soit immédiatement suivi du pot. Avant d'aller déguster la galette et le cidre traditionnel, je vous propose, si vous le souhaitez, un échange rapide sur ce thème de l'évolution du Conseil. Nous inaugurons ainsi une nouvelle formule de vœux participatifs….


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