VOLONTAIRES 2030 SYNTHÈSE DES ENTRETIENS AVEC LES VOLONTAIRES DU SERVICE CIVIQUE
Décembre 2010 - juin 2011
Contribution à
Nouveau projet de territoire Appuyée sur une large participation des habitants, la démarche "ma ville demain" a pour objet de construire collectivement un projet pour la métropole nantaise à l’horizon 2030.
Sollicité par Jean-Marc Ayrault, Président de Nantes métropole, le Conseil de développement s'est mobilisé
Pendant six mois, ils ont été écoutés et ont livré leur sentiment sur leurs vies et leurs envies, leurs souhaits
sur l'élaboration d'un nouveau projet de territoire à
et leur craintes, leurs projets. À partir de discussions
l'horizon 2030. Il le fait à sa manière, en étant partie prenante de la démarche officielle "ma ville demain"
en petits groupes, de jeux de rôles, ils se sont projetés dans l'avenir, esquissant ainsi un portrait de
sans en être dépendant. Une sorte de festival "off" à côté de l'officiel : un même objectif mais des initiatives
génération. Nous n'avons pas réalisé une enquête scientifique sur
autonomes et décalées pour enrichir une réflexion au
la jeunesse, nous avons, simplement et sincèrement,
bénéfice de tous. C'est dans cet esprit "off" que nous avons sollicité une
écouté des jeunes qui, en 2030, seront les forces vives de la société quand ceux qui auront pris les décisions
association membre du Conseil, Unis-Cité, dont l'objet est d'accueillir, d'accompagner et d'animer des
d'aujourd'hui seront retirés de la vie publique. Ils ne sont pas représentatifs des diverses catégories qui
groupes de jeunes effectuant un service civique.
forment la jeunesse mais leur diversité d'origine et de
Donner la parole aux jeunes est un thème récurrent du discours politique mais la mise en œuvre du principe
formation et surtout leur volonté commune d'engagement les rend intéressants.
est souvent plus complexe. C'est ce que nous avons tenté de faire en organisant un dialogue libre et sans
Ce qu'ils disent clairement est important, ce qu'ils expriment à mots plus couverts l'est tout autant. Leur
tabous avec les 40 jeunes encadrés par Unis-Cité.
expression trace l'avenir d'un monde à construire.
La diversité des profils, leurs regards de "jeunes" sur leur territoire, mais aussi leur démarche d’engagement
Ce temps de dialogue a été un moment fort et je leur suis très reconnaissant d'avoir accepté de consacrer
citoyen au service de leur communauté nous ont paru constituer une richesse qui pouvait nourrir utilement
un peu de leur temps à cet exercice.
nos réflexions.
Philippe AUDIC Président du Conseil de développement
Les conditions du dialogue De la souplesse, de l'informel, de l'expression libre dans cinq groupes de travail :
Des questionnaires et des entretiens plus approfondis avec une étudiante en master de
Développement durable
sociologie
Modes de vie - Mobilité Projection - Parcours de vie
Et… des sandwichs et du cidre pour clôturer les
Vivre ensemble - Rapport à la loi Urbanisme - Habitat
séances... Un cadre général qui permet de dire ce qu'on a
Une quinzaine de réunions : des débats, des jeux de rôles, des rencontres (membres du Conseil, Directeur général de l'Agence d'urbanisme...), des visites (Hôtel de police…)
sur le cœur et pas seulement de donner la "bonne réponse" attendue par les "officiels".
e g a l a c é d n i a t r e c Un s r u o c s i d avec le l e i c i f f o c publi
Quand chaque document officiel de Nantes métropole vante l'excellence d'un réseau de transports publics
Ils restent attachés à une envie de maison et de jardin et la concentration les inspire peu. Ceux qui sont issus
que le monde nous envie, les jeunes volontaires
d'un milieu urbain acceptent très bien l'immeuble mais
répondent, gentiment mais fermement : "Bof…".
ils le souhaitent plutôt petit et avec suffisamment d'espace autour. Ceux qui sont issus du rural
Ils sont grands consommateurs de transports collectifs mais ils les jugent chers et très insuffisants le soir et la
souhaitent y revenir, tout en revendiquant les mêmes services qu’en ville...
nuit. L'expression "tramway moderne", encore employée par les plus de 50 ans les fait sourire. Pour eux, il a toujours été là et son look est parfois jugé…
Mais même s'ils ont une demande assez traditionnelle en matière d'habitat, ils sont en revanche plus
assez peu moderne.
novateurs sur la manière d'habiter et sont demandeurs, quel que soit l'habitat, d'équipements
Et même si on les informe sur le coût important d'un
partagés et de services communs.
réseau de transports, ils continuent d'en revendiquer quasi-unanimement la gratuité, ou à tout le moins une
À la question de la reconstruction de la ville sur elle-
tarification plus adaptée à leurs moyens.
même pour éviter de grignoter en continu l'espace naturel, ils répondent simplement : "construisons un
Ils sont porteurs d'idées pour faire des économies :
étage de plus à tout ce qui existe et le problème sera
par exemple, réutiliser les tickets Tan qui n'ont pas épuisé l'heure de validité. Ils connaissent même les
réglé...".
stations où ce partage s'auto-organise...
Ils jugent l'offre urbaine contemporaine assez peu attractive et citent plus volontiers le Bouffay que l'Ile de
Tout comme pour leurs ainés, le discours sur la
Nantes comme lieux symboliques de la ville. Pour eux,
densification urbaine rencontre des réticences.
la modernité de la ville se situe ailleurs : dans l'offre culturelle par exemple.
e l l e v u o n e n U e d n o i t a t n e représ n i a b r u e c a p l’es La Ville et les voitures
liberté. Ils ne s'opposent pas à la voiture de manière systématique,
La ville de demain est pour eux, une ville écologique, même s'ils
Leur représentation mentale de
ils demandent seulement une ville
n'en définissent pas bien les
l'espace urbain est celle d'un espace dans lequel l'automobile
plus calme.
contours.
n'occupe plus la place centrale. Ils sont demandeurs, sinon d'une ville
La Ville du développement durable
La Ville culturelle
sans voitures, du moins d'une ville
S'ils devaient donner un satisfecit
dans laquelle l'automobile est contrainte, à la fois en termes
Ils ont intégré les principes du développement durable qui font
à Nantes, ce serait surement sur le plan culturel. Pour eux, Nantes est
d'espace utilisé et d'usages. La Ville doit faire une place aux
désormais partie de leurs bases intellectuelles. Ils sont sensibles à
une ville "qui bouge" et qui répond à leur demande.
transports collectifs mais aussi aux
l'environnement, à l'eau, au tri des
Il y a une quasi-unanimité sur ce
modes individuels : vélo, patins, marche à pied. Ils sont
déchets, à la propreté… même si leur mode de vie quotidien reste
thème.
demandeurs d'autonomie et de
encore à adapter.
Une ville-village La ville qu'ils dessinent pour
e d n a m e Une d e l a i l i m a de ville f
l'avenir n'est pas une mégapole. Elle ressemble plutôt à une villevillage faite de grands quartiers bien équipés. Barcelone, Londres ou Paris ont un attrait pour les études, pour un moment de vie, pour le tourisme mais pas pour y construire une vie. La Ville souhaitée est celle de la convivialité, du dialogue, de l'échange, pas du gigantisme. Une ville de la solidarité Cette ville-village est aussi celle de l'originalité. Elle est celle d'une certaine idée du partage, à l'image de l'immeuble communautaire des années 70. Ce besoin de solidarité est fondé sur un double objectif : partager et communiquer mais aussi… faire des économies. La colocation fait partie de leur univers quotidien. Une ville de la proximité La ville de 2030 devra être celle de la proximité. Le grand centre commercial fait moins recette et les services multiples et proches retrouvent droit de cité. On doit pouvoir assurer la vie quotidienne en se déplaçant peu. Une ville protectrice Au final, la ville d'avenir souhaitée est celle qui s'apparente un peu à la famille : elle est agréable, à dimension humaine et on s'y sent bien. On peut y exercer sa liberté tout en bénéficiant d'une certaine protection collective.
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La ville et la vie plus lentes La vitesse et la trépidation ne sont pas leurs valeurs. Ils réclament le temps de la réflexion et de l'appréciation avant celui de l'action. L'expression entendue tout au long des entretiens pourrait se résumer dans une formule : "la ville lente". Ils n'emploient pas expressément le mot lenteur, souvent connoté péjorativement, mais ils expriment l'idée de calme, d'apaisement, de sérénité. Ils dessinent une ville qui leur offre un mot désuet qu'ils n'utilisent pas non plus expressément : un peu de bonheur.
e i v e d e l è d o m Un e u q i s s a assez cl es. Ils classiqu z e s s a ns nts. nceptio ec enfa o v c a s le e p d r a i du cou père su ultés. L nel, celu enir s'o n v a io l' it s d es diffic a n d a tr e l d c ia n n il o jecti conscie dèle fam Leur pro nt la vie s'ils ont t un mo e tô m lu ê p être ava t m tn , u e e re h p u rc r d reche passe couple point de que ce u ie a v n t, ondent e n t , ils rép Ils on " importa r u e re h è n p s très petit bo st un re mes pa an" et " famille e m m o a s m e n . a , nous ionnelle eu "pap toujours profess nt un p o is s u p ls e 'i d u ur dit q rche ça Si on le cun che a h c , ? alors "oui, et ts". différen
n o i s s e r p x L’e s e c n a i f é de m
L’entreprise En matière d'emploi, l'entreprise ne fait guère rêver.
Cette distance vis-à-vis des technologies est valable aussi pour d'autres aspects : OGM, médecine… Le
Sur la base d'expériences familiales ou personnelles,
sentiment de technologies qu'on ne maitrise plus les
ils expriment des réticences sur le monde économique, perçu comme globalement négatif et ne
rend très sceptiques.
correspondant guère à ce qu'ils disent être leurs "valeurs".
La vie politique Ils ont une vision du personnel politique formatée par
Ils se projettent plutôt dans l'emploi associatif, social,
les médias. Ils leur font peu confiance au plan national,
public et expriment des revendications salariales modestes : un salaire de 1 500 à 2 000 euros
en s'appuyant plus sur les "affaires" ou les "scandales" que sur l'action publique quotidienne.
mensuels leur paraît suffisant pour vivre.
Leur vision change au plan local, où leur perception des élus est plus positive mais globalement ils
Les technologies
expriment une confiance modérée, souvent plus par
Tout en ayant parfois plusieurs téléphones dans la poche, ils se méfient un peu du monde numérique
méconnaissance que par analyse. L’engagement est pourtant important pour eux mais ils
qu'ils perçoivent comme un système de surveillance. Ils vivent avec Internet, fréquentent les réseaux sociaux
l’imaginent plutôt dans l’associatif que dans la politique.
mais gardent une certaine distance. Ils disent parfois
Tous ont affirmé qu'ils votaient régulièrement,
"Facebook, c'est plutôt pour mon petit frère…". Les jeunes d'Unis-Cité ne sont pas des Geeks. Ils sont
résumant leur position dans une formule lapidaire "on vote pour le moins pire".
certes "connectés" mais la déconnexion les tente aussi.
Génération
INDIGNATION RÉSIGNATION Ils oscillent souvent entre les deux attitudes. - L'indignation pour un monde qui les révolte par ses injustices et parce qu'il leur laisse aussi peu de r, place pour s'insérer : logement che stages, difficulté d'emploi… - La résignation parce qu'ils chercheront à s'adapter et à
s'aménager une place dans ce monde, en faisant en sorte qu'elle soit la plus agréable possible. Capables des deux attitudes, ils se cherchent une voie.
S T N E M E I C R E M E R quipe d’Unis-Cité à l’é
Stéphanie TOTAL Élisa KOPEC Thomas BEVAND Carmen VIDY Mickaël MOURRAIN
s e r i a t n o l o v aux Garance BACHELIER Martin BOUCHAUD
Pauline JAGOT Antoine JARNET
Marylise MOURRAIN Maud MURZEAU
Chantal BOUSLAHI
Robin JUCHS
Nathan NDUDI
Carine CEDIL Pauline CHACUN
Baptiste LAGISQUET Véronika LALLOUET
Mathieu PAPIN Romain PRIME
Mayi CHANSON-SY Pierre DE ROCHEFORT
Aude LEMERCIER Léa LIABASTRE
Amélie RABAUD Marlène RENOU
Axel DUSSER
Charlotte LORTET
Antoine RICHARD
Johann EMILE Julien EON
Nino MAILLARD Charles MARBOEUF
Carole SCHAFER Sophie SELLIN
Aurélien EONNET Antoine GUEZO
Nicolas MICHEL Aude MIGLIASSO
Anthony SEROT Lucille THOMAS
Angéline GUILBAUD
Tristan MORIN
Roxane VAUDRON
à Michel JOUVET, Marc MOUSSION, Christian DAVIAS, Jean-Yves PAILLOUX, Pierre BICHE, Daniel MARBOEUF, membres du Conseil de développement à Thierry VIOLLAND, Directeur Général de l’AURAN à Francis WETTA, Commissaire divisionnaire, Directeur Départemental Adjoint de la Sécurité Publique à Claire PÉCOT, stagiaire au Conseil de développement
Conception, crĂŠdit photos : Brigitte Simon
Conseil de dĂŠveloppement de Nantes mĂŠtropole - Tour Bretagne - 44047 Nantes cedex 1 T. 02 40 99 49 36 / conseildedeveloppement@nantes-citoyennete.com / www.nantes-citoyennete.com