Un stage à la pointe du continent noir

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Premiers mots

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Premiers mots

Contexte

Introduction (4) Géologie (6) Cape Floral Kingdom (12) Les origines (13) Différents biomes (17) Le fait urbain (26) La conservation (30)

Kirstenbosch

Histoire (46) Rôles du jardin (48) Contexte naturel (50) Cycle organique (60) Les jardins (62) Production (74) Organisation (76) Travail (78) conclusion (84) Bibliographie (86) 2

La région du Cap est très attrayante en partie pour sa biodiversité et son écologie si particulière. L’afrique du Sud c’est aussi un pays bien à part en Afrique, située à l’extrémité sud du continent elle en fait figure de proue à bien des égards. Ce pays devient un bon compromis entre une soif de découverte des cultures africaines et une immersion en pays anglophone souhaitée par l’école. Quant à kirstenbosch, c’est l’un des jardins les plus prestigieux du monde. Je vais essayer dans ce dossier de cadrer clairement le contexte qu’il soit naturel au humain afin de comprendre les particularités de ce jardin à la renommée internationale.

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Le miracle de la vie est tel, si complexe et spécifique, que l'origine de la vie est unique, que tous les êtres vivants descendent de la même racine. L'Histoire de la Terre, des catastrophes planétaires, des perturbations est décisive dans l'évolution de la vie. La vie n'a de cesse de se reproduire dans ce monde incertain, de s'adapter aux changements extérieurs, parer l'imprévu. Il n'existe de par le monde de génération spontanée, de sauts évolutifs phénoménaux; la spécificité n'a de sens que par l'adaptation à un milieu, une réponse à des contraintes ainsi la vie se diversifie au fur et à mesure en différentes branches, différentes espèces. L'Histoire de la vie est aussi celle des extinctions massives, des changements de cap brutaux; c'est ainsi qu'il faut remonter loin en arrière pour comprendre les spécificités de la région du Cap. J'ai opté de me pencher sur les dynamiques géologiques en tant qu'événements de base ayant guidé les stratégies du monde vivant.

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Et si le vieux continent n'était pas l'Europe Je me laisse divaguer, rêver de l'Afrique comme une bienveillante antiquité, seule, à l'écart des grands mouvements géologiques. Si politiquement elle ne l'est pas, géologiquement c'est le continent le plus stable. Depuis la dérive des continents et de la lente fragmentation du Gondwana, l'érosion sculpte les immensités africaines, modifie les paysages, les forme.

mais l'Afrique?

Une fois le noyau central formé, des blocs plus jeunes se sont successivement formés sur la marge du continent, ainsi plus on s'éloigne du noyau très ancien et stable plus les blocs le ceinturant sont jeunes. Ces franges périphériques sont connues par les géologues comme "ceintures mobiles", ce sont les témoins les plus évidents du régime géologique dominé par le cycle des super-continents.

Me vient en tête l'Afrique telle que je l'imagine, le terre rouge surplombée d'un massif ancien, un inselberg écrasé par les millions d'années d'érosion, la régularité de cette chaîne devenant une véritable colonne vertébrale au pied de laquelle s'étendent les terres arides. J'en était bien loin atterrissant à Cape Town ce 28 Mars 2008. Le massif ancien est bien là, omniprésent, à ses pieds s'étale la ville, immense, peu dense et au delà ce sont les mers du Sud où l'homme n'a plus sa place.

Je

suis

à

la

pointe

du

continent.

La "Cape fold belt" est la plus jeune de ces zones de collisions avec ses quelques 250-300 millions d'années, ceci nous ramène à la fin de l'aire primaire, équivalent de l'Hercynien en Europe. Dans ce même contexte de rapprochement des continents menant à la création de la Pangée, l'orogenèse Hercynienne érigera les Alpes. La Table mountain en est le plus bel exemple.

Une grande partie de

l'Afrique du sud fut struc-

turée à l'Archéen ce qui nous fait subitement remonter de 2,7 à 3,2 milliards d'années en arrière. Le

noyau édifié à cette époque ne fut que peu affecté par les événements ultérieurs: c'est le Craton du Kaapvaal. Il constitue le soubassement de la partie Nord Est du pays et peut être considéré comme un noyau autour duquel s'est mise en place par étapes successives la région périphérique.

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Géologie de la «Cape fold belt» La collision panafricaine provoqua une

l’exemple de la Table Mountain Intrusion granitique

poussée granitique intrusive

Le socle panafricain

dans le Malmesbury group il y a environ 540 millions d'années.

La Table mountain est de loin le massif le plus célèbre des reliefs de la région du cap.

La séquence géologique commence avec le positionnement du sud de l'Afrique au sud du super-contitnent qu'est le Gondwana il y a 550 millions

d'années.

A l'Ordovocinien (495-440 millions d'années), une subduction se met en place à la marge sud du Gondwana.

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C'est ainsi que se développe un arc super-continental dans ce qui est maintenant le sud de l'Amérique du sud et le plateau des Falklands. Naît en retrait de cet arc la mer des Agulhas à l'emplacement de l'actuelle côte sud de l'Afrique du sud. Cette mer persistera de

l'Ordovicinien au Dévonien (495354 millions d'années); de cette sédimentation naîtra le "Supergroup du Cap", dont les couches inférieures forment la partie supérieure si caractéristique de la Table mountain.

Ces roches surplombent le socle panafricain composé des roches les plus vieilles de la région. Les roches du Malmesbury group sont des sédiments, grès et argiles, et des boues, l'ensemble plissé et métamorphosé en schistes verts parfois visibles sur les espaces côtiers. A l'affleurement se sont en général des roches sombres, finement litées.

Cette poussée granitique souleva les couches sédimentaires en faisant pression par dessous, vient ensuite le travail de l'érosion qui égalisera les couches.

Le socle panafricain est ainsi la

base sur laquelle sont venus se poser les sédiments de la mer d'Agulhas. Cette sédimentation forma une succession de couches de marne et de grès. La succession régulière fut ensuite modifiée par une série d'élévations et d'affaissements. Seules les couches inférieures sont encore existantes et forment la partie supérieure et verticale de la montagne ainsi qu'une grande partie du relief de la péninsule du Cap.

Sédimentation

Poussée granitique 540 Ma

Erosion

«Supergroup du Cap»

Failles, élévations, affessements, érosion

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Le génie de Darwin Une question récurrente trottait dans la tête des géologues début XIXème siècle: le granite vient-il des profondeurs terrestres ou était-il formé In-situ? Le débat fait rage dans la vieille Europe lorsque Darwin se rend dans la colonie du Cap aux pieds de la Table mountain. Nous sommes en 1813, de ce voyage naîtra la certitude du granite en tant que roche extrusive plutôt que métamorphose du schiste, théorie la plus défendue dans les milieux scientifiques de l'époque.

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Cape floral kingdom

C'est dans ce paysage ancien dominé par la "Cape fold belt" que l'on rencontre le Fynbos. Les premiers explorateurs européens et botanistes considéraient le Cap comme une région; depuis, nombre d'études ont proposé la région en tant que phytochorion - unité géographique classée en premier lieu sur des aspects botaniques. Mais le concept le plus connu reste celui de Tahktajan considérant la flore du Cap comme un Royaume floral à part entière. Si le Royaume floral du cap Plus de 9600 espèces (répertoriées) poussent sur est le plus petit par sa taille il en en une surface six fois moindre que le territoire 68% d'entre elles y sont confinées. est pas le moins intéressant. français, L'endémisme y est alors comparable avec celui d'une île, la biodiversité comparable avec des Quelques chiffres peuvent impressionner zones tropicales ou subtropicales. et sont à l'origine de la conception

du Cape

Floral Kingdom,

De plus l'endémisme est présent à différents niveaux taxonomiques confirmant le statut de la région en les voici: tant qu'unité phytogéographique distincte.

Les botanistes ont divisé la Terre en 6 zones phytogéographiques, la distinction tient compte des affinités et des différences que l'on observe dans le peuplement végétal. Le Cape Floral Kingdom fait figure de nain en comparaison avec le biome Boréal qui couvre grosso modo tout l'hémisphère nord, c'est le seul royaume floristique contenu intégralement au sein d'un même pays, ceci nous menera à nous questionner sur sa gestion.

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Les 950 genres botaniques représentés ont un taux d'endémisme proche des 20%! 6 familles végétales n'appartiennent qu'à lui seul: Lanariaceae, Stilbaceae, Penaeaceae, Retziaceae, Geissolomaceae et Roridulaceae. On peut y ajouter une septième, celle des Bruniaceae dont un seul représentant sur les 70 espèces déborde des limites du royaume.

Le Cape floral Kingdom est généralemnt assignée à la zone géologique de la Cape Fold Belt, cependant d'autres zones de Fynbos peuvent être rencontrées fonctionnant telles des îles.

Pour beaucoup le Royaume floral du Cap se résume au Fynbos, attribuant la grande biodiversité et l'écologie si particulière à lui seul. Il est vrai que la majorité des familles endémiques se trouvent dans le Fynbos, qu'il est le plus spectaculaire quant à la diversité et l'endémisme que l'on y rencontre. A l'échelle du royaume, la famille des Proteaceae a un endémisme de 96,7% contre 99,7% au Fynbos à lui seul.

Ces zones sont elles des reliques d'un temps passé, c'est ce que je vais esasayer d'éclairer dans les pages suivantes. 13


Les es origines origines Nous n'allons pas remonter aussi loin pour essayer de comprendre l'origine de la diversité végétale du Cap.

Les millions d'années qui suivent sont spectateurs d'un regain d'activité géologique dans la zone intertropicale, le fossé du Rift se creuse et naissent de grands massifs montagneux.

Lorsque la dérive des continents se

met

doucement

en

marche

quelques

140 millions d'années en arrière, une forêt de conifères primitifs et de fougères recouvrent la pointe méridionale de l'Afrique.

Il ne subsiste aujourd'hui plus que six espèces de podocarpes en Afrique du sud!

rupture du Gondwana 14

L'arrivée des Angiospermes met à mal la suprématie des résineux, c'est ainsi que l'on présume que deux familles essentielles du Fynbos étaient déjà présentes il y a 60 millions d'années: les Proteaceae et les Restionaceae

se refroidissent, le climat méditerranéen s'installe dans la pointe méridionale du continent ainsi qu'en Afrique du Nord. Les

pôles

Ces différents massifs fonctionnent tels des îles et sont le terrain de fabuleuses séries d'adaptations. Environ 20 millions d'année en arrière, l'Antarctique se couvre de glaces, un courant froid vient lécher les côtes occidentales. En même temps l'océan s'abaisse, libérant des espaces que la végétation peut coloniser,ce sont les plaines sédimentaires côtières tel que le Cape Flat où vient s'étendre la ville de Cape Town.

l'aridification, la forêt tropicale se sans espoir de retour, désormais des déserts ceinturent la région plus ou moins hermétiquement selon l'avis derrière lequel on se range. Avec retire

Pour certains l'isolement géographique a induit un processus évolutif interne provoquant un emballement du phénomène de spéciation. D'autres voient en cette impressionnante biodiversité la conséquence des glaciations, le Royaume Floral du Cap serai alors une zone refuge de végétation. Ce qui semble sûr est la constance du climat méditerranéen, évitant toute crise d'extinction dans la région contrairement aux régions du pourtour méditerranéen. Ces deux théories ne s'excluent pas forcément entre elles car si la végétation du Cap a su indubitablement tirer parti de l'isolement, il est également vrai qu'un couloir existe bel et bien aux confins orientaux de la province.

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Les différents biomes 75% du territoire sud africain est aride ou semiaride,

les moyennes de précipitations sur l'ensemble du territoire peine à atteindre les 450 mm. A y regarder de plus près les différences y sont énormes variant de quelques gouttes chaque année bissextile tel que dans le Richtersveld, en bordure de Namibie, à plus de 3 000 mm à Port St John sur la côte subtropicale par exemple. L'Afrique du Sud est tout sauf homogène, la diversité de biomes que l'on y rencontre y est formidable. Les conditions arides qui sévissent sur une bonne partie du territoire peuvent expliquer les fabuleuses stratégies adaptatives de la végétation de ces différents biomes. La surenchère semble de mise dans certains d'entre eux où les millions d'années de cette fabuleuse histoire nous mè-

Aloe Barbarei ou la forme si remarquable dans le paysage d'un certain Acacia tortillis.

nent à la beauté magistrale d'une

J’omet dans cette partie le biome marin, en voila un aperçu.

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Le karoo Le karoo est un véritable paradis pour les botanistes - amateurs ou professionnels - passionnés de succulentes. Leur diversité mise en rapport à la surface est la plus élevée au monde. Un petit paradis je vous dit. Parce qu'ici les conditions sont particulièrement rudes avec des précipitations variant entre 20 et 290 mm par an et des sols qualifiés de Karoo particulièrement pauvres, sableux et rocheux. Les facultés adaptatives des plantes sont ici accrues et la floraison de ces espaces est connue à travers tout le pays et s'avère être un véritable pèlerinage pour certains. Ceci étant ce biome reste particulièrement menacé avec seulement 0,5 % de son territoire protégé. Photo SanPark

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Ce biome recouvre une bonne partie Ouest du plateau central sud africain, il n'en est pourtant pas le plus marquant. On ne trouve pas ici l'omniprésence des succulentes, la végétation est composée d'une strate herbacée ainsi que de quelques arbustes et succulentes. La répartition de ce biome est intimement liée aux taux de précipitations (500 à 2000 mm) et à un type de sol identique à celui du Karoo. On trouve la majeure partie de ce type de végétation entre 1000 et 1400 mètres d'altitude. Le surpâturage est une véritable menace pour ce biome et provoque une très forte érosion rendant ces espaces lunaires.

Le Nama Karoo 19


La savanne C'est le biome dominant d'Afrique du Sud dont 46% du territoire en est couvert et est particulièrement bien représenté en Afrique Australe. Si les facteurs environnementaux délimitant ce biome sont complexes ce qui fait sa particularité est le rôle joué par les grands herbivores dans la structure de la végétation et la physionomie du paysage. Les précipitations sont variables, s'étalant de 235 mm à près de 1000 mm, le gel peut couvrir de 0 à 120 jours par an, l'altitude varie considérablement et je passe la diversité sols que l'on peut y trouver.

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C'est ici que l'on trouve les plus grands herbivores, le Big 5; un véritable documentaire de la 5. La densité de ces animaux peut être incroyable et ce sont avec le feu les sculpteurs de ce paysage. Une guerre permanente semble s'y dérouler; chacun opte pour des stratégies afin d'y trouver sa niche écologique. Ces espaces sont de grands producteurs notamment suite à la saison des pluies qui survient durant la saison chaude. C'est ainsi que ce biome est à l'image de ces animaux, incroyablement diverse, menacé (5% du territoire est protégé, notamment dans une optique zoologique).

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La prairie On retrouve principalement ce biome au niveau du Craton et dans la partie Est. La topographie y est généralement peu marquée mais peu, tout de même, être rude à certains endroits tel que dans quelques zones du Transkei.

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Les graminées y sont omniprésentes ainsi que les géophytes. Il existe en fait deux types de végétaux dans ce biome, les biannuelles, riches en matière organique et peu fibreuses conservant leur nutriments dans la tige et les feuilles durant la mauvaise saison. D'autre part ce sont des plantes annuelles, pauvres en matière organique et très fibreuses, dominantes car mieux adaptées aux sols arides.

La pâturage y est très important et la densité rurale y est impressionnante donnant des paysages époustouflants, je pense alors au Transkei, pays Khoisan d'une beauté marquante.

La forêt

C'est le biome le moins répandu d'Afrique du Sud (0,25% du territoire) et est divisé en une mosaïque d'îlots. On trouve la forêt principalement dans des zones escarpées car protégées où les sols sont profonds et l'air humide. Elle est dense tel un bush néo-zélandais, on y trouve 'ailleurs des podocarpes.

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Le désert Le désert, le vrai - extrême. Je n'en ai pas vu la couleur pastel, je n'ai pas vu ses immensités d'un calme olympien, peut être même dérangeant où l'homme n'y trouve pas sa place.

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Le climat y est caractérisé par des pluies estivales presque imperceptibles parfois 10 mm par an (les bonnes années). La végétation y est pourtant présente, parfois invisible, recueillie dans le sol et attendant la moindre goutte d'eau pour étaler sa splendeur. Telle cette mer d'herbacées rappelant la pilosité d'un jeune éléphant.

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Le fait urbain

Que c'est il passé depuis 1652, date de la création de la station de ravitaillement de la Compagnie hollandaise des Indes Orientales?

L'avion perd doucement de Je ne vais pas me perdre dans les détails de

l'altitude depuis déjà quelques longues minutes; un massif apparaît, c'est la

Table Mountain.

A ses pieds s'étale la ville de Cape town à perte de vue.

l'Histoire, seulement exposer les faits ayant eu une incidence directe sur la physionomie de la ville.

Cape town est la "Mother city" des premiers

colons blancs, symbole de l'établissement des européens en Afrique du Sud. Historiquement Cape L'urbanisation semble anarchique town peut être considérée comme un épicentre à laissant de vastes zones "vides" partir duquel s'est progressivement faite la entre les différents espaces bâtis.

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colonisation des terres Sud Africaines.

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, L'influence des théories urbanistiques européennes et principalement anglaises mène à un zoning basé sur la ségrégation raciale.

Ainsi 1652 marque le début de la colonisation, le

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Cap est alors un comptoir marchand. Cependant le début de la croissance urbaine coïncide avec la prise de pouvoir par l'Angleterre début XIXème. Il faudra encore attendre la moitié du siècle, la découverte des grands filons de Kimberley (1870) et de Witwatersand, pour voir apparaître un véritable développement urbain. C'est sensiblement au même moment qu'émergent les idées ségrégationnistes même si déjà présentes depuis l'arrivée des colons européens, en témoigne la barrière végétale qu'érigea Van Riebeeck au XVII et toujours présente dans le jardin de Kirstenbosch. La position géographique de Cape town lui confèrent un véritable monopole, toutes les importations et exportations passent obligatoirement par la ville. Cette prospérité durera peu, seulement quelques décennies. De cette vague, la ville garde un héritage architectural tel qu'à Long Street. ou à Low Main road dans le quartier de l’Observatory.

Naît en 1901 le quartier de Ndabuni où la population noire est contrainte de vivre. Ce quartier présente déjà toutes les caractéristiques d'un ghetto: construction en marge de la ville, fermé par des clôtures, absence de droits fonciers. Cape Town est la première ville sud africaine a avoir appliqué la

ségrégation spatiale.

Mais la ville de l'Apartheid se met véritablement en place à partir des années 1948 et le durcissement du régime. La ségrégation se fait entre Noirs, Métisses et Blancs. Les Town ship sont construits le plus loin possible de la ville laissant de vastes espaces "vides" telles des zones tampon entre les différentes populations. L'espace Noir se confond avec town ship, la po-

pulation noire est privée de lieux de résidences comme elle est privée de droits civiques. Ce n'est qu'à la fin des années 80's

que les lois de ségrégation spatiale (Group area acts) se relâchent, elles seront définitivement abolies en 1990-1991. Les premières élections démocratiques seront effectuées en 1994.

Est ce qu'une société peut elle se reconstruire en l'espace d'une décennie? Quinze ans peuvent ils estomper deux siècles d'une histoire violente? Aujourd'hui la ségrégation spa-

tiale se fait par l'économie, les quartiers blancs sont devenus essentiellement des quartiers riches donc principalement blanc.

Les ghettos noirs sont restés des ghettos noirs. Les métisses sont majoritaires à Cape town, ils forment pour la majorité la "middle class", venant remplir les quartiers et les villes nouvelles qui bouchent les trous ou vont s'implanter encore plus loin. Quant aux infrastructures elles ne suivent pas toujours ou avec quelques années de retard. La politique de la ville semble avoir pleinement conscience des enjeux sociaux qu'elle doit relever. De nombreuses actions sont entreprises, pour beaucoup touchant à la citoyenneté, mais restent tributaires d'une société extrêmement peu égalitaire.

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Dès l'établissement des colons en 1652, les acti-

vités humaines ont eu des incidences dramatiques sur la diversité biologique de la région. Aujourd'hui la gestion de ces espaces entre dans des enjeux qui dépassent la seule conservation d'espaces naturels.

La conservation Si les enjeux sociaux semblent primordiaux, ils ne sont pas incompatibles avec les enjeux environnementaux. Bien au contraire.

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Tous les aspects du déséquilibre social semblent être

présents à Cape town, je ne les citerai pas faute d'espace. Cependant, ce n'est pas cet aspect que la ville colporte internationalement mais celle d'une des plus belle ville du monde. L'image que répand Cape town semble être une clé économique pour les années qui viennent; l'avenir économique de la ville passe indubitablement par le tourisme et le secteur tertiaire.

D'un point de vue environnemental, Cape town est certainement la ville la plus riche au monde, et de loin. Son impact écologique est colossal comme toute ville de cette importance mais accru par la valeur des espaces alentours. S'étant développée sur les plaines sédimentaires où se concentre la population notamment la plus déshéritée l'impact sur ces espaces est considérable et inévitable; on y trouve les milieux les plus menacés au monde si on considère le nombre d'espèces qui le sont. La ville est bordée par deux réserves de biosphère: Kogelberg et Cape West Coast. L'enjeux de la conservation de la région du Cap est un enjeux mondial, pesant telle une épée d'Amoclés sur Cape town. La conservation des espaces entrent dans divers politiques mais la volonté de la conservation de la biodiversité couplée avec des objectifs sociaux-économiques reste constante.

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"le plus chaud des hotspots" D'un point de vue de la communauté internationale le royaume flo-

ristique du Cap, par sa biodiversité, l'endémisme mais surtout par la menace de ses espaces fut classé comme hotspot. Le concept de hotspot (1988) défini une zone géographique présentant une richesse biologique élevée et encourant des risques d'extinction à court terme. Il existe actuellement 35 hotspots de par le monde, ils représentent environ 2,3% des terres émergées pour 75% des espèces de mammifères, d'amphibiens et d'oiseaux les plus menacées. Par ailleurs 50% des plantes vasculaires et 42% des vertébrés terrestres ne se rencontrent que dans ces espaces. Le Royaume floristique du Cap a été surnommé "le plus chaud des hotspots" car étant le plus menacé. Bien que se trouvant en climat tempéré, sa richesse en espèces est comparable aux autres hotspots. Cela reste un concept, n'établissant aucun plan de conservation; mais qui peut être influent notamment pour la création de partenariats.

En 1999, l'Afrique du sud a proposé le Cap Floral Kingdom pour son inscription à la Liste du Patrimoine Mondial. Cette proposition fut différée une première fois attendant une "gestion efficace et consolidée" de ces

espaces. La deuxième étape de la proposition fut soumise en 2002 mais renvoyée afin d'être compilée en une seule proposition avec le Table Mountain National Parc. L'inscription à la Liste du Patrimoine Mondial a pour but de venir appuyer les politiques et reste une fabuleuse reconnaissance.

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Table Mountain National Parc 34

Les premières prescriptions pour la conservation du Fynbos datent de 1945 et concernaient exclusivement les zones escarpées hors d'atteinte de l'urbanisation galopante et de l'agriculture. Pourtant cela faisait plusieurs années -depuis 1939- que la Cap de Bonne Espérance était constitué d'une réserve naturelle. Plusieurs autres aires protégées à statut juridiques furent crées par la suite et ce n'est qu'en 1998 qu'elles furent toute regroupées sous une seule et même entité: le Table Mountain National Parc. Il est surprenant de constater que ce parc est entièrement contenu par l'agglomération du Cap et est composé de plusieurs zones distinctes et disjointes. Le parc est le précurseur du récent modèle de gestions des parcs en Afrique du Sud mettant un accent sur le développement économique et social des populations périphériques. Le parc devient un outil d'intégration sociale des communautés défavorisées. Tel pourrait être le message officiel du parc: la Table mountain constitue un patrimoine commun à tous les habitants de la région et sa protection en est l'affaire de tous.

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S.A.N.B.I un programme à échelle nationale

SANBI (Institut National sud-africain pour la Biodiversité) est un programme à échelle nationale, il a comme objectif la conservation de la biodiversité tout en ayant un impact sur les problèmes socio-économiques. SANBI est l'institut leader de la conservation et de la science de la biodiversité dans le pays.

Le plan d'action a été établi lors du congrès sur le développement durable de Johannesbourg en 2002 et la politique de l'institut éditée le 1er Septembre 2004.

Les priorités du programme passent par l'analyse de l'état de conservation de la flore et de sa diversité dans le Royaume Floral du Cap, pour cela les menaces doivent être clairement identifiées et des solution proposées toujours dans un souci de durabilité ciblé sur les besoins de la population. Ainsi la conservation de la biodiversité passe par plusieurs types d'action, les voici

(

"Promouvoir les développement durable, la conservation et l'appréciation de l'exceptionnelle biodiversité sud-africaine pour le bénéfice de tous"

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Cartographie de la biodiversité et surveillance

)

(

Protection des écosystèmes et des espèces menacées

)

(

Contrôle et gestion des espèces invasives et exotiques

)

(

Régulation de la prospection des ressources naturelles

)

( Partage équitable des bénéfices ) ( Informer la population sur la richesse de l'environnement )

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Vers une économie de biodiversité L'un des problèmes majeures de la gestion du territoire est l'utilisation des terres liée à l'économie. L'agriculture est de loin le plus grand consommateur d'espace suivi par l'urbanisation, des initiatives ne sont possibles que par la proposition d'alternatives. C'est ainsi que des projets pilotes sont effectués, certains d'entre eux entrent dans les plans d'utilisation des sols pour une meilleure mise en place des mesures. La mise en place d'une économie de biodiversité est privilégiée dans un souci d'efficacité et de durabilité. Le tourisme joue un rôle primordial dans la mise en valeur des atouts économiques des zones protégées. La création de nouvelles filières donc d'emplois liés à la conservation sont favorisés telle que la création d'une usine de transformation de bois issu de la lutte contre les ligneux invasifs.

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Cape Action for People and the Environment

Le C.A.P.E est quant à lui un plan d'action régional mis en place par SANBI en 1998.Les deux premières années furent la planification et l'organisation des actions.

D'autres plans ont également été créés tel que le STEP (Subtropical Thicket Ecosystem planning) ou le

SKEP (Succulent Karoo Ecosystem Program).

"Avant 2020, l'environnement naturel du Royaume floristique du Cap sera effectivement conservée et restaurée, et apportera des bénéfices signifiants à la population de la région; ceci dans une mesure adoptée par les collectivités locales, approuvées par le gouvernement et reconnue internationalement"

Dans la Royaume Floral du Cap c'est donc le C.A.P.E qui s'occupe de la protection environnementale. Le C.A.P.E identifia tout d'abord les causes première de la perte de la biodiversité dans un but de conservation. En découla un zonage identifiant les espaces concernés et un programme d'activité doit être établi pour une période de 20 ans. Trois thèmes principaux furent développés:

Le C.A.P.E devra:

Etablir un réseau de réserves naturelles, améliorer la conservation hors des réserves et soutenir le programme biorégional Renforcer et améliorer les institutions, les politiques, les lois, les organisations coopératives et la participation de la communauté Développer des méthodes pour promouvoir des récoltes agricoles durables, intégrer la notion de biodiversité dans l'organisation du captage des ressources naturelles et promouvoir l'écotourisme durable. Dès la mise en oeuvre de la politique, en 2000, le C.A.P.E devint alors le

the Environment.

Cap Action for People and

Les objectifs initiaux sont repris pour une prise en compte de la population; les actions pourront être menées avec le soutien de la population.

Le but du C.A.P.E est ambitieux, mais à la hauteur de ces capacités. 40

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Invasions biologiques

Si dans les Lowlands l'urbanisation est la principale menace du milieu, dans les zones montagneuses l'invasion de plantes exotiques est la menace majeure pour la biodiversité. 3 familles posent de sérieux problèmes et représentent la majorité des arbres invasifs: Hakea, Pinus et Acacia. L'implantation de ces arbres est l'impact le plus important et direct sur la végétation lorsqu'elle n'est pas entièrement détruite pour la création de terres agricoles ou urbaines. Le Fynbos est le milieu le plus fragile vis à vis de l'invasion de ligneux exotiques de toute l'Afrique du Sud et des biomes méditerranéens de par le monde; il est peu commun qu'un biome méditerranéen que les arbres soient si proéminents dans le végétation invasive. Les Hakea et les pins sont les arbres exotiques dominants dans le Fynbos. Leur stade juvénile court ainsi que leurs grosses réserves de graines très mobiles prévient les peuplements du passage du feu tout en étant moins bien adaptés que la végétation native. Le Hakea sericia nous vient d'Australie, il colonise très rapidement des versants entiers de montagne et se sert du feu pour disséminer des quantités impressionnantes de graines. La lutte contre "alien" est particulièrement pointilleuse étant donné que la coupe seule ne suffi pas et que l'arbre mort au sol dissémine ses graines.

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Des paysages entiers sont transformés tel que la périphérie Nord de l'agglomération de Cape town où une immense forêt traversée par la Nationale 7 s'étend sur des kilomètres carrés. Et d'une manière générale lors de voyages à travers le pays les arbres exotiques -nombre viennent d'Australie et l'eucalyptus est très présent- nous informent sur la présence de colons.

Que sait on sur l'impact des plante invasives sur le Fynbos? L'arrivée des ligneux dans le Fynbos modifie considérablement et rapidement l'écosystème en place en étant une concurrence accrue,augmente nettement la productivité du milieu, modifiant les dynamiques édaphiques notamment le cycle des nutriments.

Exemple d’action menée sous la tutelle du C.A.P.E

Le projet A.Milestone commença en 2000, planifié sur dix ans il est financé par le Table Mountain National Parc. La particularité de ce projet est de miser sur la participation des propriétaires privés à prendre en charge l'éradication des espèces invasives poussant sur leur parcelle. Une méthode, peu contestable car efficace, mais quelque peu dérangeante fut employée: une carte avec l'avancement de l'opération était affichée dans les supermarchés locaux, lorsqu'un propriétaire refusait de s'y plier, sa parcelle était notée d'une croix rouge. Les propriétaires ayant nettoyé leur parcelles se mirent eux aussi à mettre la pression sur les récalcitrants. Une véritable affaire de société en est née et les "aliens" ont cédés. En parallèle des solutions économiques sont développées par les municipalités telle que la création d'une industrie parallèle à l'éradications des arbres invasifs. Ce procédé est favorisé car apportant des réponse à la fois à un problème environnemental et à des problèmes sociaux.

La lutte contre les plantes invasives est décisive dans la protection de la biodiversité.

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Kirst en bosch C'est le jardin des superlatifs: un des plus beaux au monde, un des plus grands, un des plus soignés, un des plus visités, des plus importants dans le paysage botanique ... On peut être retissent à se rendre dans ce jardin parce que trop ... On peut pressentir, si l'on en a qu'une approche d'après papiers, brochures ... une "véritable machine de guerre" sans charmes; eh bien il n'en est rien, malgré sa grande taille - près de 37 hectares - Kirstenbosch a su garder des espaces à échelle humaine, des espaces où l'on se sent bien, où chacun y trouve son bonheur, ses attentes. 44

Voilà pourquoi je n'est pas joint à ce texte une photo de la pelouse principale, des Strelitzia en premier plan et la Table Mountain derrière. Le jardin se situe au pied de la Table, imposante et précieuse, d'ici on peut prendre un peu de hauteur sur la ville pour admirer l'immensité de Cape Town. Après avoir été la quintessence de la colonisation sud africaine, Kirstenbosch s'est reconstruit à l'image de la société. Le passé n'a pas été balayé, bien au contraire, et c'est pour cela que vient aussi à kirstenbosch, tel que l'on irait dans les Wineyards de la région de Stellenbosch, contempler une certaine image de l'Afrique du Sud. C'est ainsi que Kirstenbosch semble naviguer entre deux océans, celui d'un passé dont elle ne veut garder que la splendeur et un futur qu'elle veut différent.

Se rendre en stage actuellement à Kirstenbosch est extraordinaire tellement le dynamisme du jardin et de SANBI est accru; pourtant ce modèle n'est pas exportable car pure création d'une société qu'il ne faut considérer comme model.

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Compagnie des Indes Orientales au Cap dès 1652 L’installation de la

Il n'est pas forcément nécessaire de remonter à l'époque précoloniale pour comprendre le site de Kirstenbosch. Kirstenbosch peut - et semble être - considéré comme un symbole colonial en Afrique du Sud; l'histoire de cet espace fut intimement lié liée aux besoins de la colonie et aux valeurs idéologiques de cette jeune société. On ne compte plus les rues Jan Van Riebeeck dont le spectre semble flotter sur le jardin.

Un peu d'Histoire

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entraîna d'importants besoin en bois pour la construction de bateaux, d'habitations et pour le chauffage. C'est pour répondre à cette demande que Van Riebeeck décida d'entreprendre l'exploitation de l'actuelle forêt de Kirstenbosch, la plus importante de la péninsule. En moins de 70 ans la forêt fut décimée, forêt qui portait depuis 1672 le nom de Kirstenbosch et appartenait à la toute puissante Compagnie des Indes Orientales. Au fur et à mesure que la forêt perdait du terrain et que l'espace se dégageait, les colons installaient des parcs pour le bétail. Pour clôturer l'espace, des haies denses étaient installées, la plus connue étant la Van Riebeeck's hedge délimitant le territoire blanc du territoire autochtone. Cette haie est toujours présente dans le jardin et est aujourd'hui classée. Elle est composée d'arbres natifs à croissance rapide tel l'amandier sauvage dont de nombreux sujets sont encore présents dans le jardin tels des reliques d'un temps passé pas si lointaint et obsolète que semble le clamer le jardin.

L'exploitation forestière s'étouffe sous son propre poids, la forêt n'étant plus exploitable dès la fin du XVII ème. La moitié de siècle suivant ne fut pas glorieuse pour Kirstenbosch, parfois divisé passant d'un héritier à un autre. La forêt en profite pour se régénérer, la végétation pionnière s'installe rapidement dont de nombreux Silver Trees. Cependant la végétation native doit faire face à la concurrence d'espèces exotiques plantées par les colons notamment des Eucalyptus et des pins. C'est ainsi qu'en se baladant dans la partie basse de de la forêt on peut être surpris de marcher sur une bogue de châtaignier ou par le feuillage automnal d'un chêne. Ces arbres sont aujourd'hui éradiqués un à un et les arbres européens présents dans le jardin ne seront pas remplacés leur jour venu. Cette prise de conscience date des années soixante mais n'a toujours pas eu d'impact sur les vastes plantation de pins proche du Rhodes mémorial par exemple. C'est ainsi que tout un pied de versant de la Table Mountain n'accueille presque aucune végétation indigène, la forêt de Kirstenbosch est

la mieux gérée du versant Est. La forêt afro-tempérée reprend ses droits dès que les pentes deviennent impropres à l'implantation de forêts exotiques. A partir de 1895, Sir Cecil John Rhodes, l'heureux propriétaire, préserve le versant Est de la Table Mountain comme domaine public. A sa mort Kirstenbosh devient propriété d'état. A cette date Henry Harold Pearson, ancien assistant directeur au Kew gardens, devient le premier conservateur du jardin de Kirstenbosch. En 1910 naît l'idée d'y étudier et d'expérimenter la végétation sud africaine. Ce choix approuvé par le gouvernement permis d'un bon sol et d'une bonne irrigation pour le futur jardin. C'est en 1912 que le parlement décide la création d'un jardin botanique national sur la péninsule du Cap de Bonne Espérance. En 1913 est fondée la

société botanique d'Afrique du Sud

et le professeur Pearson commence la mise en place de Kirstenbosch en temps que jardin botanique. Pearson s'intéresse tout particulièrement aux Gymnospermes et aux Cycads dont l'amphithéatre accueille une collection époustouflante. Le jardin n'eut de cesse de croître, de se développer et de s'enrichir pour devenir ce qu'il est aujourd'hui.

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Rôles du Jardin

Nous l'avons vu, le jardin botanique s'inscrit dans un contexte "naturel" exceptionnel, la Région Floristique du Cap, incroyablement riche et menacée. A l'échelle nationale, un intérêt accru est porté sur la région du Cap ce qui ne veut pas dire que les autre biomes d'Afrique du Sud en sont moins intéressants.

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La nécessité d'une bonne conservation et gestion de la richesse naturelle du pays est connue, l'Afrique du sud sait que cette richesse est garant d'un développement futur notamment par le biais du tourisme.

le pays. C'est en quelque sorte la "Rolls Royce" des jardins botaniques en Afrique du Sud avec une moyenne de 1650 vi-

Cette volonté de transparence dans la gestion et dans le partage des richesses qui en découlent j'en suis convaincu - offrira à l'Afrique du Sud la reconnaissance de la communauté internationale tant attendue par ce pays en reconstruction. Les enjeux en Afrique du Sud dépassent le seule conservation des espaces et des espèces, c'est vrai pour SANBI ça l'est aussi pour Kirstenbosch.

pour un jardin botanique.

On peut considérer le jardin comme la principale vitrine de la conservation dans

siteurs par jour soit 650 000 visiteurs par an. Avec ces chiffres, le jardin de Kirstenbosch est l'un des lieux les plus visités de l'hémisphère sud, incroyable

Quelle est la place du jardin dans le tourisme national? Enorme. Mais si le

jardin est une étape incontournable on ne semble pas venir en Afrique du Sud pour Kirstenbosch. Le jardin botanique n'accueille pas seulement des hordes de touristes, des efforts considérables sont entrepris pour l'accueil de scolaires allant des plus jeunes aux lycéens. Des élèves de toute la ville ont alors la possibilité de se rendre au jardin ce qui n'est pas forcément aisé pour une grande partie de la population qui ne l'est pass.

Des activités leurs sont proposé tels des jeux de questionsréponses pour les sensibiliser aux questions environnementales. Ceci dans un même propos que les publications et actions menés par SANBI. Différents thèmes sont abordés dans le jardin, toujours dans une optique de sensibilisation du public tel que le jardin Water wise (consommation d'eau minimale) ou le jardin des espèces menacées.

Le jardin a pour objectif de promouvoir les espèces natives dans les jardins des particuliers, pour cela les collections végétales et la pépinière sont des outils formidables. Il ne faut pas oublier que Kirstenbosch est une aire de loisir hors norme, c'est ainsi qu'avec les beaux jours les pelouses ne désemplissent pas. Le jardin est aussi renommé

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D'un point de vue botanique kirstenbosch est une collection ex-situ admirable, plus de 250 000 espèces y sont comptabilisées. Toutes, à part quelques

exceptions, proviennent d'Afrique du Sud. Cette fabuleuse collection set en quelque sorte de point d'orgue pour la conservation en Afrique du Sud. Les échantillons collectés passent entre les mains de nombreux spécialistes concentrés autour et dans l'enceinte du jardin et reparti dans de nombreuses agences (Research center, SANBI, société botanique, jardin...) Quant aux plantes menacées, le jardin de Kirstenbosch vise les objectifs de conservation établis dans la stratégie mondiale pour la conservation des plantes (GSPC) et tout particulièrement celui-ci:

"60% des espèces menacées dans les collections ex-situ accessibles, de préférence situées dans leur pays d'origine, dont 10% font l'objet de programmes de récupération et de restauration" L'objectif semble bien atteint pour les Cycads, bulbes et arbres mais semble poser une série de problèmes pour les espèces de fynbos particulièrement difficiles à cultiver. Des efforts sont mis en oeuvre lier le conservation ex-situ la conservation intégrée pour des résultats plus sensibles. L'Erica vercillata est devenue l'emblème de ce nouveau credo. Il ne subsistait de cette bruyère éteinte à la fin du XVII que quelque graines stockées chez un botaniste. Ces quelques graines ont pu être introduites dans le dispositif horticole de Kirstenbosch, ceci fut un succès. L'étape suivante fut plus contraignante, les informations sur le milieu d'origine étaient maigres et peu fiables. Ainsi une vingtaine de spécimens furent introduits dans une zone protégée du Cap Flat selon un transect offrant une série de conditions différentes. De ces spécimens seulement un persista, d'autres furent introduits dans des conditions similaires afin d'établir une communauté d'Erica vercillata.

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Anthony Hichcock et Erica vercillata

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Je vous ai précédemment présenté le contexte général, je vais maintenant effectuer un zoom et m'intéresser aux particularités qui font de Kirstenbosch un site à part dans la région du Cap. Nous allons voir qu'en plus d'être un véritable phare dans le paysage du Cap, la Table Mountain est à l'origine de la spécificité des conditions qui règnent ici.

Contexte naturel

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Micro climat

Le jardin, situé sur le flanc Est de la Table Mountain reçoit les plus importantes précipitations de la péninsule du Cap. Ce sont essentiellement les vents Nord-Ouest qui apportent les pluies; la Table Mountain ne bloque par les nuages, qui, en rencontrant la montagne s'élèvent, se condensent pour finalement déverser leurs eaux sur le plateau et le versant opposé - le versant Est.

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Le taux de précipitations s'établit à 1250 mm, ce qui n'est pas négligeable. Etant sous un régime méditerranéen, les pluies ne s'étalent pas au cours de l'année, l'hiver étant la saison humide. Ces 1250 mm sont répartis sur 106 jours; les pluies peuvent êtres très violentes tel que ce week-end que l'on aurait pu passer à regarder tomber quelques 80 mm d'eau. Entre Mai et Aout, les précipitations varient entre 150 et 220 mm.

L'hiver est ce que l'on qualifie de doux avec des températures variant

entre 8,5 et 16,8°C pour le mois d'Août; l'été quant à lui n'est pas étouffant avec des températures de 20 à 35°C. Le températures sont plus tempérées que sur le reste de la péninsule ceci par la présence plus assidue d'un couvert nuageux. Ainsi le taux d'ensoleillement est particulièrement faible pour la région, d'autant plus que la Table Mountain enlève en moyenne quatre heures de soleil par jour sur le versant Est.

Il est clair que par la présence de la Table Mountain le climat de Kirstenbosch est moins typé méditerranéen, cela permet à une végétation plus cosmopolite d'y pousser. La restriction la plus importante s'explique par la présence de zones à pluies estivales et hivernales en Afrique du Sud. C'est dans cette optique que fut construite la serre et non pour des questions de températures.

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H20

Autre phénomène étonnant, l'eau s'infiltre à une vitesse surprenante si bien, qu'en arrivant au niveau du soubassement granitique, une bonne partie de l'eau se trouve déjà dans le sous sol. Cette infiltration importante provoque des résurgences au pied de la montagne. L'eau y est si claire qu'un certain colonel y édifia un petit bassin pour son épouse, savait il que l'eau était filtrés par son passage dans le sous sol? L'eau retrouve de même un pH neutre et le débit de 70 litres par minute est constant ce qui nous laisse imaginer un stockage de cette eau au sein de la roche.

Voilà pourquoi un timide ruisseau peut se transformer subitement en torrent. Apparaissent pour quelques heures d'impréssionnantes cascades. Un phénomène surprenant donne une couleur rouille à l'eau. C'est principalement le tanin et le phénol, produits par les plantes de Fynbos, lessivés par l'eau et s'associants au fer et à l'aluminium déjà présents qui donnent cette couleur à l'eau. De même, par se phénomène l'eau s'acidifie considérablement.

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Etant sous un régime méditerranéen, les précipitations sont terriblement irrégulières au cours de l'année, d'où la nécessité de disposer d'un réservoir de plus de 50 millions de litres, je vous laisse convertir en m3. Le captage se fait au plus haut dans les ruisseaux des gorges du versant, là où l'eau est de meilleure qualité. Voila comment Kirtenbosch arrive à avoir un impact écologique en amont et explique le mutisme du responsable à ce sujet. Une étude est actuellement lancée par un étudiant en conservation de

H20

La partie supérieure de la Table Mountain est constituée de grès; le drainage est ainsi très important et rapide.

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Les falaises: couches de marnes généralement fis

surées dans divers sens (sédimentation fluviale), l'éro-

sion en est accélérée. Les apiques faits de grès sont très résistants, la roche se détache par blocs que l'on retrouve aux pieds de la montagne.

Les failles: gorges profondes taillant la Table Mountain,

elles sont issues de l'érosion le long des failles. On y rencontre des ruisseaux qui peuvent se transformer rapidement en torrents suite à une averse. Castle rock devient ainsi un promontoire entouré par Nursery ravine et Skeleton gorge. Les sentiers menants au sommet de la Table Mountain empruntent ces gorges.

Colluvions: Ce sont les pentes les moins rudes, cor-

respondant au socle panafricain. Les résidus de l'érosion des couches supérieures viennent se déposer sur ces pentes, ce sont principalement des éboulis, le sol est sableux et particulièrement granuleux. Les zones de forte érosion se repèrent par le manque de végétation, la roche affleure et le sol sableux est pauvre en nutriments.

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Pentes détritiques: correspond au pied de la monta-

gne. On y trouve aussi les résidus de l'érosion mais triés en quelque sorte par les zones de colluvions. Il est essentiel de s'intéresser à l'hydrologie pour comprendre la formation des sols autour de la Table Mountain. Les résidus qui se transportent le plus facilement se retrouvent en bas de pente ou lorsque ils rencontrent une rupture de pente. Ici ce sont des dépots limoneux et sableux, éléments les plus fins issus de l'érosion de la montagne, ce sont ces dépots limoneux qui donnent cette couleur marron-rouge à la terre. Les dépots argilo-limoneux proviennent, quant à eux de l'érosion des crattons granitiques, contrairement au sable issu du grès celui-ci est fin. Les sols sont alors plus rouges et on peut remarquer la présence de kaolines blanches. C'est ainsi que l'on trouve au pied de la montagne une composition des différents résidus de l'érosion et formant les sols. C'est ainsi que l'on rencontre dans le jardin des sols limoneux-sableux mais aussi des terres beaucoup plus argileuses. Les sols les plus sableux sont fins et peu fertiles, ce sont un mauvais support pour l'horticulture, seul le Fynbos s'accommode de ces sols. Les sols les plus fertiles sont les sols marneux et peuvent accueillir une végétation plus diverse.

Pédologie

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Le cycle organique Un véritable cycle organique est mené dans le jardin qui produit même en excès du compost qui sera en partie utilisé par un autre jardin botanique, celui d'Harold Porter à Betty's bay non loin de Cape Town. C'est ainsi que tous les déchets organiques non ligneux sont utilisés pour la fabrication du compost, les autres seront broyés pour donner du mulch utilisé pour conserver l'humidité au niveau du sol et limiter l'évapotranspiration. La fabrication du compost s'effectue en trois phases successives, les plantes invasives sont soigneusement écartées du cycle. Les déchets végétaux arrivent par couches successives alternées par des couches de fumier et de fertilizer pour accélérer le processus. Chaque tracteur amène en moyenne 5 m3 de déchets organiques.

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Le premier tas de 1000 m3 représente la phase 1 et correspond à une période de trois mois. Le tout est mélangé puis transporté quelques mètres plus loin pour être seulement arrosé pour trois mois. C'est la phase 2. La troisième et dernière phase durant de même trois mois accueil de compost en formation de la phase 2 à nouveau mélangé. Le compost est alors près à l'emploi, sa fabrication aura pris 9 mois, c'est ainsi que sont fabriqués près de 4000 m3 de compost par an. Ce qui explique son utilisation particulièrement généreuse dans le jardin. Une partie de ce compost pourra être vendue aux particuliers et semble renommé dans les environs.a

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Les jardins Pour être juste on devrait parler des jardins de Kirstenbosch, car composé d'une série d'espaces plus ou moins interdépendants entre eux. Différents thèmes sont abordés, souvent dans un souci pédagogique le tout mis en oeuvre parfaitement jusque dans des détails imperceptibles. Car si Kirstenbosch marche si bien c'est parce que chaque rouage y trouve sa place et est traité à son optimal. Je vais maintenant vous présenter quelques uns de ces espaces, je ne serai pas exhaustif, ne m'en voulez pas.

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The Dell Véritable colonne vertébrale du jardin si l'on se place dans une optique historienne, la Camphor avenue ou l'avenue des Camphriers (Cinnanomonum camphora) fut édifiée dans les premiers temps de Kirstenbosch par un certain Cecil Rhodes sur une ancienne route. Vous l'avez remarqué les camphriers ne sont pas natifs du continent mais bien de Chine et de Japon, ceci malgré la politique d'éradication des espèces exotiques. La Camphor avenue est conservée dans une vision historique plutôt que botanique. C'est cette avenue qui mène qux bureaux du jardin, elle offre une ombre bien plus agréable que celle des Ficus. J'ai eu l'occasion de m'attarder longuement sur la Camphor avenue afin de remettre en état une partie des massifs. On y retrouve des plates d'ombre bien entendu

et en particulier des Plectranthus très appréciés des amateurs de floraisons spectaculaires. A cela s'ajoute nombre de bulbes appartenants pour beaucoup à la famille des Amarylidaceae. Les cycads et les fougères apportent du volume au tout et font le plaisir des visiteurs aptes à surmonter la pente.

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Camphor avenue

Il faut la voir par une journée de canicule. Alors qu'une bonne partie du jardin est dépourvue d'arbres - donc d'ombre - The dell, la Camphor avenue et les abords de ruisseaux apparaissent comme de véritables oasis. Les gamins pataugent, les parents regardent les gamins patauger, d'autres soufflent et se préparent à la difficile ascension de la partie supérieure du jardin. Tous profitent du calme et de la fraîcheur du lieu, mise à part peut être les enfants pour le calme.

Le coeur de cet espace est ce petit bassin en forme d'oiseau, certains y voient un poisson, le Colonel Bird's Path datant d'avant la création du jardin. l'ombre provient des arbres de grande taille qui s'y développent très bien notamment des Podocarpes connus sous le nom de yellowwood trees. Au niveau du sol, on observe des espèces d'ombre et hygrophyles tels que les Streptocarpus que l'on retrouve à l'état sauvage dans les forêts afrotempérées. Quant à la strate intermédiaire, elle est composée essentiellement de fougè-

Cythea dregei et Dicksonia antartica - qui font de res arborescentes -

cet espace le plus "exotique" du jardin pour les Européens tel un héritage des premières gravures de l'Afrique du Sud présentant le lieu comme un paradis perdu. Cet espace est extrêmemnt bien traité et r éussi notamment les pas japonais posés dans le cours du ruisseau, celui-ci se perd ensuite dans un écrin de végétation aux effets graphiques superbes.

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Surplombant The Dell, l'amphithéâtre des Cycads fut la première à être établie dans le jardin. La passion du Docteur Pearson pour les Cycads et autres Gymnospermes est nettement visible dans cette partie du jardin. Les Cycads sont de véritables fossiles, ces plantes d'un autre temps appartiennet à la famille des Zamiacées, le genre Encephalartos ne se trouve qu'en Afrique. Un horticulteur spécialisé ne s'occupe que de cette partie dont certains spécimens sont extrêmement rares. Il est d'ailleurs surprenant de remarquer que certians sont protégés par une cage à la leur base contre le vol.

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Les soins minutieux qu'on leur apporte ne sont pas volés lorsque l'on sait que certains comme

l'Encephalartos latifrons provenant de l'Estern Cape sont extrêmement rares ou l'Encephalartos est le dernier spécimen.

woodii

qui

L' amphithéâtre des Cycads

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Destiné à être le point phare du jardin, implanté dès 1927 par le conservateur Mathews, ce jardin de succulentes et plantes de régions arides ou semi-arides ne semblent pas avoir le succès auprès des visiteurs que ce qu'il mérite.

The Mathews' rockery

midables. Afin que ces plantes de régions arides subsistent aux conditions humides de Kirstenbosch, un dispositif de drainage efficace a été mis en place et la roche utilisée pour la rocaille est le grès de la Table Mountain.

La collection est impressionnante et particulièrement bien mise en oeuvre avec des sujets des plus magnifiques. C'est en hiver, alors que les Aloes fleurissent que ce jardin est des plus for-

75% de l'Afrique du Sud est aride ou semi-aride, les plantes que l'on trouve sous ces conditions ont développé diverses stratégies adaptatives. L'Afrique du sud accueille la moitié des 10 000 espèces de succulentes qui croissent à travers les régions arides et semi-arides de par le monde. Nombre d'entre elle se rencontrent dans les zones de pluies hivernales sud africaines.

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Il était essentiel pour les scientifiques attachés au jardin d'avoir une collection de succulentes à portée de main, cette végétation est essentielle dans la richesse botanique du pays, il était alors inconcevable de les omettre. La serre diffère des serres européennes dont le but est d'y créer des conditions plus chaudes, ici le but est de protéger les plantes des pluies estivales ou trop abondantes. L'architecte a étroitement travaillé avec le botaniste Ernst Van Jaarsveld. Le souhait d'Ernst était d'incorporer la géologie liée aux types de végétations collectionnés, démarche particulièrement intéressante.

La serre est largement ouverte pour laisser passer l'air, les insectes et les oiseaux pour la pollinisation ou pour un contrôle biologique, c'est ainsi qu'y fut introduit le Caméléon du Cap qui s'ébat sous a surveillance d'Ernst. Les plantes y sont disposées selo un dessin en spirale et regroupées selon leur aire géographique d'origine bien entendu. Une partie est consacrée aux plantes "alpines" mais cette partie pose de nombreux problèmes.

La serre 69


Jardin des plantes utilitaires et médicinales Cette partie du jardin est très intéressante et a une vocation clairement pédagogique. Les visiteurs sont informés sur l'utilisation de ces plantes par les tribus indigènes. Comme dans le reste du jardin, des panneaux explicatifs intelligemment menés expliquent clairement les bénéfices des plantes et traitent de l'ethnobotanique.

Ce jardin est traité tel que l'aurait été une parcelle vivrière Khoisan; une hutte en torchis accueille d'ailleurs d'autre panneaux explicatifs. Bien entendu les plantes psychotropes ont été soigneusement omises et certaines des plantes ont bien du mal à pousser car très - trop - appréciées. Il n'est d'ailleurs pas rare que des plantes médicinales ou des morceaux d'écorces soient prélevés par des visiteurs dans un but médicinal.

The Fragrance garden Fermez les yeux et avancez dans l'obscurité en vous laissant guider par la mosaïque d'effluves. Ici, pas le plaisir de la surprise de la découverte du parfum d'une bruyère ou d'un Pelargonium au détour d'un sentier mais un Meltin Pot de senteurs et d'odeurs qui peuvent monter à la tête. Cela dit le Fragrance garden reste une intéressante banque de données olfactives. Mais gare de ne pas perdre pied dans ces flots d'odeurs. Ce jardin est équipé pour les personnes mal-voyantes ; des panneaux en braille mais aussi un choix de plantes aux textures diverses et à portée de main sont un véritable plaisir pour les personnes à la vue défaillante. Un sentier a été récemment aménagé en face du Fragrance garden pour les mal-voyants avec de nombreux panneaux explicatifs leur offrant une incursion dans le monde végétal.

Mais d'ailleurs, d'où provient le parfum des plantes? Du mélange de l'alcool et de l'acide contenu dans les huiles essentielles. Souvent la fleur est odorante mais chez les plantes du Fynbos - très bin représentées dans ce petit jardin - ce sont principalement les tiges et feuilles qui sont odorantes. Adaptations contre les herbivores, en effet il y a un rapport direct entre l'absence d'épines dans le Fynbos et l'omniprésenve de parfums.

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Proteaceae

La partie du Fynbos Toute la partie supérieure au jardin est dédiée au Fynbos. Sur une pente douce sont organisés les îlots accueillant la végétation du Fynbos ainsi que quelques arbres que l'on peut rencontrer à sa périphérie tel le Freylinia lanceolata. Mais si ce n'est pas la partie favorite des visiteurs elle reste essentielle à Kirstenbosch. Deux familles sont particulièrement bien représentées les Proteaceae et les Ericaceae.

Ericacea

Pour beaucoup on ne trouve des Proteaceae qu'en Afrique du Sud; objectivement c'est faux mais il est vrai que ce n'est que dans la Région floristique du Cap que les Proteaceae ont une telle importance dans une communauté végétale, ceci bien loin de l'unique espèce présente en Nouvelle Zélande. On dénombre 360 espèces différentes réparties dans 14 genres, i est parfois difficile de les identifier. Vous l'avez deviné le nom se rapportant à la divinité grecque vient de l'incroyable polymorphisme de cette famille.

Asseyez-vous et écoutez: cette famille présente dans l'hémisphère sud et Nord possède plus de 600 espèces. Ces buissons persistants peuvent être nains ou atteindre les trois mètres et donnent de la couleur au Fynbos tout au long de l'année. Habitués à pousser dans une mosaïque d'espèces, la partie des Ericaceae est aussi enrichie de nombreuses autres plantes du Fynbos tels les Restionaceae.

Les Proteacea sont généralement des arbustes mais il est possible d'en rencontrer à l'état d'arbre lorsque le feu n'est pas venu les lécher depuis plus d'une décennie. Par exemple ce

gentum bergs.

Leucadendron ar-

rencontré dans les Ceder-

La plupart des protea fleurissent à la fin de l'automne et au début de l'hiver alors que les autres genres de la famille fleurissent plutôt au Printemps par exemple les Leucadendron ou les Serruria.

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La production Dans l'enceinte du jardin, une pépinière à l'image de Kirstenbosch assure la production des plantes ensuite utilisées dans le jardin mais aussi pour la vente aux particuliers et pourquoi pas aux professionnels. La pépinière est divisée en deux espaces, l'un bordant la Camphor avenue et les bâtiments des travailleurs, l'autre derrière notre maisonnette entre les bâtiments de SANBI et le Research Center grosso modo. Cette dernière est exentrée par rapport au jardin ceci par un manque d'espace.

The Seed Room Une équipe de 10 personnes s'occupent de la collecte des graines directement dans le jardin ou dans les espaces naturels. Les graines sont ensuite triées, nettoyées, rangées afin d'y être conservées. C'est un travail de longue haleine que de collecter quelques grammes d'Agapanthe, de Plectranthus ou de Lithops.

Cette section est également auto gérée et fait face au magasin où il faut montrer patte blanche afin d'y obtenir un simple sécateur. Des amateurs et professionnels viennent du monde entier afin d'y acheter quelques graines. C'est aussi dans cet espace que seront préparées les

Aloe dichotoma Show.

avantleur long périple jusqu'au Chelsea Flower

Chaque pépinière possède ses équipes de travailleurs, la production est autosuffisante et travaille en collaboration étroite avec le jardin en quelque sorte. Une serre est déléguée à deux apprentis sorciers botanistes-biologistes qui travaillent en collaboration avec la société BALL, Adam et Gary. Ils effectuent des expérimentations sur des végétaux sud africains afin de les exporter aux Etats-Unis.

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Le jardin de Kirstenbosch est dirigé par le conservateur Phillip le Roux. Celui-ci travaille en étroite collaboration avec un responsable des serres et pépinières, un responsable administratif (comptabilité, finances, administration et ressources humaines) et un responsable environnemental (coordinateur à Kirstenbosch de tout ce qui se rapporte à la partie naturelle ainsi qu'à tous les travaux de construction etc etc ..). Régulièrement sont organisés des séminaires avec les horticulteurs, botanistes et parfois foremans pour décider des voies à suivre dans le jardin. D'autre part la direction de Kirstenbosch est en lien étroit avec les équipes de SANBI et du centre de recherche.

Organisation du travail Le travail dans le jardin est dirigé par huit horticulteurs de formation dont fait partie ma maître de stage. Chacun a à sa charge une ou plusieurs sections du jardinet est à la tête d'une équipe de jardiniers. Chaque équipe est composée de huit à dix ouvriers avec un chef d'équipe, le foreman. Le jardin emploie plus de 160 personnes au total. A cela s'ajoutent une poignée d'étudiant en horticulture pour une durée de six mois à deux ans et puis nous les étudiants internationaux.

Les recettes annuelles du jardin s’élèvent à près de deux millions d’euros en partie par les droits d’entrée (environ 4 euros) mais aussi par les évènements temporaires tels que les concerts et les expositions. Kirstenbosch possède aussi quelques restaurants et buvettes dont les bénéfices lui reviennent. C’est ainsi que kirstenbosch est le seul jardin national botanique d’afrique du Sud à ne pas être déficitaire, il fait alors office de tête de proue d’autant plus qu’il s’autofinance et ne reçoit plus de subventions depuis quelques années déjà.

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J'ai travaillé sous la responsabilité de Norma Lucas, horticultrice de formation, et responsable des annuelles au jardin de Kirstenbosch. J'ai été intégré à son équipe d'une petite dizaine de travailleurs, d'Etienne étudiant en horticulture et d'un foreman fort sympathique. Je la remercie de tout mon coeur d'avoir réussi à me consacrer du temps que je sais si précieux. J'ai passé la majeure partie de mon temps dans le jardin à jardiner notamment à l'ombre des Camphriers. Je remercie aussi tous les travailleurs que j'ai rencontré et qui ont été, sans exception, adorables et parfois de bons conseils lorsque Norma n'était pas à mes côtés. Je n'oublie pas non plus les étudiants avec qui nous avons partagé plus que du temps de travail. Travailler au sein de Kirstenbosch m'a permis de comprendre le fonctionnement d'un grand jardin as toujours juste avec ses travailleurs, seulement lorsque l'on connaît le passé du pays de grands efforts ont été faits - ou concédés - à des gens dont certains travaillaient déjà sous le régime de l'apartheid. On les payait alors en vin.

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I.7 et I.8 Il m'a fallu dans un premier temps nettoyer - presque défricher - l'ensemble tout en ayant un regard sur les plantes à garder et celles à prélever. Le jardin de Kirstenbosch est très strict quant à l'inventaire des ses plantes. Chaque espèce possède un numéro correspondant à l'année de prélève-

ment ou du premier inventaire (pour les arbres) ainsi que son numéro sur la liste annuelle. C'est ainsi que Norma Lucas, ma maître de stage, passait une grande partie de son temps à comptabiliser les végétaux su excel. La seconde partie de mon travail consista à la préparation du sol en retournant la terre puis en y ajoutant une épaisse couche (pas loin de 8 cm) de compost., ceci fait dans l'urgence afin de laisser l'allée dégagée tous les soirs. Puis ce fut la plantation des sujets, le choix m'était laissé mais restait restreint. J'avais en fait le choix dans la large gamme de Plectranthus sp, Streptocarpus sp et quelques Dascia sp; toutes des plantes d'ombre et de demi-ombre bien entendu. Je n’ai, et je m’en excuse, pas eu le réflex de prendre mon travail en photo.

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Les annuelles L'automne austral est aussi la période où l'on plante les annuelles. Etant sous la section de Norma Lucas, il m'a été demandé plusieurs fois de prêter main forte à la mise en terre des plans. A mon arrivée fin Mars, les sols étaient en préparation et l'équipe composée de Bryan, Mast'r Math et de quelques autres s'apprêtaient a y aligner les annuelles. Il nous fallait dans un premier temps prélever par bottes les plans des casiers où ils avaient germer puis les planter à intervalles régulières selon un modèle en losange, et finir par arroser le tout.

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Le Vendredi

Le dernier jour de la semaine est celui des étudiants, on se retrouvait tous pour nous occuper de la section des fleurs coupées située en marge du jardin en face de la zone de compost. cette section était exclusivement composée de Protea dont les fleurs prélevées alimentaient deux kiosques accessibles au public. Le premier était situé au niveau de la réception et le second dans le jardin, niché dans un écrin de verdures, et ne figurent pas dans le registre du bon goût.

C'est dans cette section de fleurs coupées que j'ai approché au plus près l'entretient des Protea. Ceux-ci ne nécessitent aucun arrosage ni de préparation spécifique du sol étant donné que le jardin se situe dans leur aire de répartition naturelle.Lors de leur plantation, il suffit juste de retourner la terre afin de l'aérer et d'enlever la rude couche de Kikouyou.

Cette section n'a pas comme seul but l'alimentation de kiosques mai est aussi dédié à la recherche. Le vendredi après-midi consistait en des tests d'identification. Un professeur nous accompagnait dans le jardin pour nous enseigner un thème précis qui chqngeait d'une semaine à l'autre. Ce furent des moments très intéressants et nous permirent de nous familiariser avec la flore sud africaine.

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Le kioske

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Voilà. Deux mois se sont passés à l'autre bout du monde. Ce que j'en tire? Des tonnes et des tonnes de choses dont beaucoup ne seront pas retranscrites dans ce rapport. Tout d'abord ce fut la découverte de l'Afrique - brève - un aperçu en fait. Parce que Cape Town ce n'est pas l'Afrique; on y est d'ailleurs un peu perdu lorsque l'on y fait ses premiers pas. Alors qu'est-ce Cape Town? L'Europe? La capitale d'un pays du nouveau monde? un véritable meltin-pot.

L'Afrique? Les trois réunis en quelque sorte,

Je pense qu'il est important de ne pas négliger ce contexte si particulier lorsque l'on aborde Kirstenbosch. Ce que je me suis efforcé de faire du premier au dernier jour de mon stage. Quant à Kirstenbosch c'est un stage merveilleux, impressionnant par son fonctionnement sans failles (ou presque). un jardin sans comparaison. Voilà pourquoi y avoir passé deux mois, y travailler fut une chance qu'il fallait saisir. Je ne m'y suis pas trompé.

Il est temps de conclure 84

Je remercie à nouveau tous les acteurs qui ont fait de mon stage ce qu'il a été: passionnant.

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Bibliographie

Les illustrations sont personnelles sauf celles qui ne le sont pas, elles sont alors annotĂŠes.

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