Prestige - Jeu de reflets à Crans-Montana by CAPASCHOUD

BIENVENUE CHEZ SACHA PROST

BEL-AIR FINE ART CÉLÈBRE SES 20 ANS

JAPON : VOYAGE À TRAVERS LE TEMPS

LES PLUS BELLES DEMEURES DE SUISSE À VENDRE

N°09 DÉCEMBRE 23

JEU DE REFLETS À CRANS-MONTANA

UN MAGAZINE

[ RU B R I Q U E

N OV E M B R E 2 1

N ° 0019 – D É C E M B R E 2 3

UN MAGAZINE

ÉDITEUR immobilier.ch SA Rue de la Terrassière 58 1207 Genève Claude-Alain Paschoud (CEO) cap@immobilier.ch

ÉDITO

TIRAGE

INVESTISSEZ À LA MONTAGNE !

11’500 exemplaires RÉDACTRICE EN CHEF Chantal de Senger chantal.desenger@immobilier.ch DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Serge Guertchakoff serge.guertchakoff@immobilier.ch

RÉDACTION

a quête de tranquillité, d’air pur et d’activités en pleine nature attire de plus en plus de personnes vers les sommets alpins helvétiques. C’est ce que prouve la dernière étude Knight Frank The Ski Property Report 2024. En effet, le prix d’un chalet alpin de luxe a augmenté en moyenne de 4,4% au cours des douze derniers mois précédant juin 2023. En excluant les années de pandémie, il s’agit du taux de croissance le plus élevé depuis 2014. Selon le rapport, le manque important de biens disponibles ainsi que les améliorations d’infrastructures dans de nombreuses stations ont poussé les prix à la hausse.

Sylvie Bernaudon, Isabelle Cerboneschi, Jorge S. B. Guerreiro, Serge Guertchakoff, Philippe Monnier, Julie Mueller, Mary Vakaradis, Chantal de Senger PUBLICITÉ Donatien Presutti donatien.presutti@immobilier.ch Sylvie Bernaudon sylvie.bernaudon@immobilier.ch Annick Muller annick.muller@immobilier.ch GRAPHISME Enzed, Lausanne Mélanie & Nicolas Zentner, Mathieu Moret IMPRESSION Stämpfli SA, 3001 Berne RÉDACTION, PUBLICITÉ & ADMINISTRATION Immobilier.ch Rue de la Terrassière 58 1207 Genève Tel : 022 307 02 20 info@prestigeimmobilier.ch www.prestigeimmobilier.ch Instagram @prestigeimmobilier.ch Linkedin & Facebook PRESTIGE Immobilier

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ABONNEMENT ANNUEL 4 numéros : 28.Prix au numéro : 8.50.abo@prestigeimmobilier.ch 022 307 02 20

Chantal de Senger, rédactrice en chef

ÉTÉ COMME HIVER

L’attrait des Alpes n’est d’ailleurs plus cantonné à l’hiver. De plus en plus de personnes se réfugient en montagne durant l’été, non seulement pour les nombreuses activités proposées – sportives, culturelles, gastronomiques, entre autres – mais aussi pour échapper aux cohues rencontrées dans la majorité des villes et sur les plages européennes à la mode. Dès lors, investir dans un bien immobilier à la montagne n’est pas qu’une question de rentabilité financière ou de potentielle plus-value. Il s’agit surtout d’un achat qui vous permettra de profiter d’un lieu agréable à vivre toute l’année. Vu la conjoncture mondiale, la demande pour les biens à la montagne va probablement augmenter ces prochaines années. N’attendez pas que les prix deviennent inaccessibles, comme c’est déjà le cas dans certaines stations de ski. Investissez si vous avez les moyens car les sommets alpins sont définitivement une opportunité à ne pas manquer pour ceux qui cherchent sécurité, nature, activités et rentabilité.

[ SOMMAIRE

DÉCEMBRE 23

N°09

SOMMAIRE

Le domaine de Normandie

JOAILLERIE & HORLOGERIE

[ 06 ] TOO

EXPENSIVE FOR YOU

[ 08 ] NEWS

LA PERSONNALITÉ DE L’IMMOBILIER EN CHIFFRES

Elke Berr : quand les pierres racontent une histoire

[ 46 ]

Interview de François-Paul Journe

[ 12 ]

[ 44 ]

GASTRONOMIE [ 56 ]

[ 14 ]

IDÉES CADEAUX

Chanoyu réinvente l’art de la dégustation de thé

BIEN D’EXCEPTION [ 16 ]

Le domaine de Normandie

BIENVENUE CHEZ Sacha Prost DR

[ 20 ]

Ultima Collection continue à se développer en Suisse

[ 28 ]

Jeff Merritt du WEF

[ 32 ]

La Banque REYL Intesa Sanpaolo s’est installée dans une ancienne maison de maître

[ 34 ]

Stoneweg : des espaces de travail nouvelle génération

[ 36 ]

Bureau d’architecture AW2

ART & DESIGN [ 40 ]

François Chabanian

[ 48 ]

L’activiste Aqui Thami remporte le prix Hublot

[ 50 ]

Wim Wenders à l’honneur du 15e Festival Lumière

[ 52 ]

Lampe Cloud XL

[ 54 ]

La Maison Galli célèbre plus d’un siècle de tradition et d’excellence

VOYAGE

Bureau d’architecture AW2

[ 58 ]

Sur la route des vins de Thrace

[ 62 ]

Cognac, une ville riche en histoire et en saveurs

[ 65 ]

Escapade architecturale au sud des Alpes

[ 68 ]

Japon, les voies du Tokaido

[ 74 ]

S’évader à Venise en jet privé

QUESTIONNAIRE ARCHI [ 76 ]

Denis Pourcher, directeur de l’hôtel Bristol à Genève

Japon

[ 24 ]

François-Paul Journe

Mikael Bénard

ACTU

En couverture : Six Senses, Crans-Montana © Mikael Bénard

[ TOO EXPENSIVE FOR YOU

DÉCEMBRE 23

TO O EXPENSIVE FOR YOU ALPANGE

le piano du XXI e siècle TEXTE [[[ Chantal de Senger

Le piano Alpange est à découvrir sur rendez-vous à Genève - Portier Hi-FI Rue Verdaine 11, 1204 Genève, Suisse

Comment atteindre l’excellence acoustique d’un grand piano de concert tout en le libérant de ses contraintes ? Comment utiliser l’ensemble des technologies de notre temps pour donner de nouveaux pouvoirs aux pianistes et réinventer l’expérience de jeu ? Cela a été l’ambition de Raphaël Soudre et Franck Bacquet. Les deux entrepreneurs français passionnés de musique, de technologie et de design ont ainsi donné vie, après 15 ans de recherche et développement, à Alpange, un piano d’avant-garde au son pur et organique magnifié par un design d’exception. L’instrument peut également jouer seul grâce à son application Alpange Peaker. www.alpange.com Prix : 39’000 euros

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GENEVA

ZURICH

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BUENOS AIRES

[ BRÈVES

DÉCEMBRE 23

SANTA ROSA : L’ÉLÉGANCE DU CHAPEAU GAUCHO ARGENTIN

Fondé en 2021 par Usua Landa, Ulaland est la marque de chapeaux suisses qui mise sur l’artisanat de qualité. Inspiré du chapeau gaucho argentin traditionnel – symbole de liberté et d’aventure -, le Santa Rosa allie élégance classique et fonctionnalité moderne. La doublure intérieure du chapeau est ornée d’une feuille de la pampa, ajoutant une touche authentique à cette pièce qui doit devenir un incontournable de votre garderobe. Le couvre-chef est disponible en trois tailles et en quatre couleurs tendances : camel, chocolat, vert foncé et rose nude. www.ulaland.shop

Architectes, designers, photographes, peintres ou encore sculpteurs ont répondu à l’appel de Yasmina et Rouane Wakim qui ont créé l’association For the Art en aide aux enfants et aux jeunes adultes victimes de traumatismes, de toutes confessions et origines confondues. Que ce soit durant des événements physiques ou en ligne, il y a la possibilité d’acquérir des œuvres d’artistes suisses et internationaux dont l’entièreté des montants est reversée à l’association qui dispense de l’art-thérapie aux jeunes en souffrance. La fondation a été créée à Genève en 2015 et est active en Suisse et au Liban. Infos sur www.fortheartassoc.com

ACTU ART ET DESIGN

NEWS TEXTE [[[ Chantal de Senger

DES OBJETS D’ARTISANS EXPOSÉS CHEZ STEPHANIE KASEL INTERIORS L’architecte d’intérieur suisse Stéphanie Kasel proposera, dès le mois de décembre, une collection d’objets design réalisés par des artisans sélectionnés par le bureau marseillais Margaux Keller. Spécialisée dans la réalisation de projets de rénovation haut de gamme, Stéphanie Kasel a ouvert, début 2023, un showroom-boutique aux portes de Carouge (GE). On peut y découvrir une belle sélection de mobilier, d’objets de décoration et des pièces de designers. Showroom Boutique, Stephanie Kasel Interiors, 13 rue Caroline, 1227 Genève. www.stephaniekasel.ch

30 ARTISTES EN SOUTIEN À L’ART THÉRAPIE

N° 09

UN NOUVEAU CLUB PRIVÉ S’OUVRE À GENÈVE

ACTU ART DE VIVRE

N°OW’HERE“, c’est le nom du très sélect club privé – unisexe – qui vient d’ouvrir ses portes dans la magnifique maison de maître, sise au 60 route de Frontenex (GE). L’idée ? En faire un lieu d’innovation et de collaboration entre les membres. Ces derniers, triés sur le volet, pourront ainsi rencontrer des leaders et échanger sur les dernières nouveautés et inventions technologiques par le biais de séminaires ou de présentations. N°OW’HERE“ a été fondé par les entrepreneurs Shahab Izadpanah et Quentin Reyes, spécialisés dans la blockchain, le marketing digital et l’intelligence artificielle. www.nowheresociety.xyz

DE PLANTA ARCHITECTES RÉHABILITE UN COUVENT EN UN HÔTEL 5 ÉTOILES

C’est à Mane (Alpes-de-Haute-Provence) que le Couvent des Minimes datant de 1613, longtemps laissé à l’abandon, a été métamorphosé en un magnifique Relais & Châteaux. Confiée au bureau genevois De Planta & Associés Architectes, cette mission comportait plusieurs volets : la transformation du bâtiment en un hôtel de luxe, la construction d’une extension et la réalisation de la décoration intérieure et des aménagements extérieurs. L’hôtel dispose aujourd’hui de 34 chambres et suites, deux restaurants, dont un gastronomique et un spa de 2500m2. Le Couvent des Minimes. Hôtel & SPA L’OCCITANE, Chemin des Jeux de Maï, Mane

www.couventdesminimes-hotelspa.com

JAYA PROSECCO PRIMÉ À LONDRES

Lancé en 2017 par l’entrepreneur suisso-italien Tancredi Pascale, le prosecco JAYA s’est vu décerné au mois de mai, trois médailles aux concours de vin Londonien Glass of Bubbly, un salon dédié à la promotion du monde du champagne et des vins effervescents. JAYA a notamment reçu une médaille d’or pour son Spumante Rosé, dernier-né de la maison qui propose quatre cuvées issues à 100% de raisins Glera récoltés à la main. « Mon objectif est de redorer le blason du Prosecco en produisant un vin de grande qualité » commente le propriétaire de la maison indépendante. www.jaya-prosecco.com

DÉCEMBRE 23

UN SURVOL ÉPOUSTOUFLANT DU LÉMAN

Après Genève dans l’œil du drone en 2019, les deux auteurs renouvellent l’expérience. Point original : 50 QR codes permettent de découvrir 50 films réalisés grâce au drone. Une vingtaine de villes et de villages défilent depuis Coppet jusqu’à Cologny en passant par Prangins, Lausanne, Lutry, Vevey et Montreux, avec des photos prises à des altitudes différentes et sous des angles variés. Une excursion inédite. Le Tour du Léman dans l’œil du drone. Textes de Christian Vellas et photographies d’Olivier Riethauser aux Editions Slatkine

L’AVENTURE DU CHOCOLAT

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’histoire du chocolat depuis la mythologie des Mayas et des Aztèques jusqu’à nos jours. Les lecteurs découvriront les divers moyens à disposition pour fabriquer cette gourmandise. Il est bien entendu également question des principaux producteurs et des caractéristiques distinctives des divers chocolats. A fondre de plaisir ! Histoire du Chocolat, par Nikita Harwich aux Editions Desjonquères

LE MONDE FABULEUX DES CHRONOGRAPHES

Avec en couverture la fameuse Tag Heuer Carrera qui a séduit des générations de passionnés d’horlogerie, ce 4ème ouvrage de la collection nous plonge dans le monde des chronographes. Ses auteurs expliquent avec talent pourquoi le chronographe enthousiasme les collectionneurs et stimule autant les horlogers. Un ouvrage XXL de 200 pages. The Millenium Watch Book Chronographes, ouvrage collectif rédigé sous la direction de Brice Lechevalier, Directeur de GMT Publishing.

ACTU LIVRES TEXTE [[[ Michel Bloch

CHEF AU PRÉSIDENT WILSON

Lorsque Le chef Danny Khezzar, ancien finaliste à Top Chef qui officie à l’hôtel Président Wilson (GE), prend la plume, cela donne un livre magnifique, agréable à lire avec des recettes qui vous mettront l’eau à la bouche. Le jeune chef présente une sélection de plats familiaux de son enfance ou d’autres plus créatifs inspirés par ses expériences dans différents palaces. Vous vous régalerez à coup sûr. Le Livre d’Or, par Danny Khezzar aux Editions Solar

L’E XCELLENCE DU SAVOIR-FAIR E JAPONAIS LE MAZDA CX-60 HYBRIDE RECHARGEABLE Découvrez le concept japonais du Ma, qui célèbre la beauté et la sérénité d’un intérieur sobre, dans un habitacle où chaque élément de design a sa raison d’être. Des matériaux travaillés avec soin, comme le bois d’érable véritable, le cuir de qualité supérieure, les textiles japonais et les détails chromés, sont associés en parfaite harmonie dans un véhicule entièrement conçu autour de son conducteur. Si nous accordons autant de soin aux détails, imaginez les émotions que vous ressentirez au volant du Mazda CX-60. mazda.ch/cx-60

Mazda CX-60 e-Skyactiv PHEV 327 AWD, consommation 1,5 l + 23,0 kWh/100 km, CO2 33 g/km, efficacité énergétique D.

C R A F T E D I N J A PA N

[ L A P E R S O N N A L I T É D E L’ I M M O B I L I E R E N C H I F F R E S

DÉCEMBRE 23

DIANE BARBIERMUELLER

1872 Création de Pilet&Renaud

1990 Année de naissance

1991 Son père Stéphane Barbier-Mueller s’associe à la régie de Claude Pilet et Jean-Pierre Renaud

TEXTE [[[ Chantal de Senger

274 EN MILLIONS, L’ÉTAT

LOCATIF DE PILET&RENAUD

Depuis 2015, Diane Barbier-Mueller a beaucoup œuvré au sein de la régie familiale. Titulaire d’un Master en droit de l’université de Genève, elle y développe le service RH et la gestion des fournisseurs. Plus récemment, elle s’est occupée de renforcer le service rénovation durable qui gère les rénovations énergétiques des immeubles sous gestion de la régie. Ce service a permis de diminuer de 70% les déchets de chantier d’une rénovation de 26 appartements. La jeune maman, réélue en 2023 au Grand-Conseil et vice-présidente de la Chambre Genevoise Immobilière, est sur le point de reprendre la direction de l’entreprise familiale avec sa sœur Alix. Au niveau politique, ses chevaux de bataille sont : la petite enfance, l’écologie, le féminisme de droite et, bien évidemment, le logement.

2014 Master en droit

2015 Débute chez Pilet&Renaud

2017 Master de l’Institut d’études Immobilières (IEI)

2018 Élue au Grand Conseil genevois (réélue en 2023)

2020 Nomination au conseil d’administration de Pilet&Renaud

2 Enfants

120

1 Agence

COLLABORATEURS

CHEZ PILET&RENAUD

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[ I D É E S C A D E AU X

DÉCEMBRE 23

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WISHLIST

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A l’approche des fêtes, le compte à rebours est lancé ! Avec la question récurrente : quel cadeau offrir ? Objet déco, bijou, accessoire indispensable ou encore produit de beauté, le choix est vaste. Voici quelques pépites à mettre au pied de votre sapin. TEXTE [[[ Sylvie Bernaudon

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HOUSSE DE TÉLÉPHONE, FERRONATO

JEU DE MORPION, JONATHAN ADLER

VASE WATERS, ZWIESEL GLAS

BOUGIE PARFUMÉE BLACK TEA, NESCENS

Mariage parfait de la technologie suisse et de la maroquinerie italienne, cet accessoire de la marque Ferronato intègre un compartiment en tissu MetaFab® bloquant les ondes électromagnétiques des appareils tels que les smartphones. Cette housse en cuir a deux compartiments et un rabat à fermeture rapide, modèle noir, CHF 590.www.ferronatoswitzerland.com

Retombez amoureux de l’un de vos jeux d’enfance préférés : Tic-Tac-Toe, également connu sous le nom de jeu de morpion, qui remonte à l’Égypte ancienne. Dessiné par le célèbre designer et céramiste américain Jonathan Adler, le socle rainuré est en marbre blanc et accueille neuf pions en laiton massif poli, CHF 225.50 www.madeindesign.ch

STYLO PLUME MAGNUM, GRAF VON FABER-CASTELL

Les vases faits main de la nouvelle série Waters peuvent être interprétés comme un retour à la nature avec leur dégradé de couleurs qui rappelle la tempête d’un fleuve. Chaque vase est unique et soufflé à Zwiesel en Allemagne selon les techniques traditionnelles de la verrerie de haute qualité, grand modèle Dark à CHF 169.www.zwiesel-glas.com

Avec sa silhouette dynamique, cette nouvelle édition au format Magnum en bois de noyer pose de nouveaux jalons visuels tout en restant fidèle à sa compétence principale : l’association de matériaux naturels et d’un artisanat élaboré. La plume est en or bicolore 18 carats et disponible en 6 largeurs de plume, CHF 1’200.www.graf-von-faber-castell.ch

Senteur d’hiver raffinée, la bougie Black Tea dévoile des notes chaudes et enveloppantes comme le thé noir, le rhum brun et le musc associés à des arômes délicats de boutons de rose et de figue blanche. De fabrication française, à Grasse, elle sera la bougie idéale pour une ambiance élégante dans une atmosphère de fête, CHF 95.www.nescens.com

N° 09

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CARAFES BUBBLES & BOTTLE, POLS POTTEN

BAGUE STREET, BIJOUX BONNET

LAMPE BILBOQUET, FLOS

PARFUM TABAC BLANC, CARON

Fondée en 1895 à la Chaux-de-Fonds, la Maison Bonnet propose différentes collections de bijoux dont Street : un esprit rock & urbain, liant la finesse de l’or au granite noir et caractériel. La bague Street est en or gris 18 carats avec un pavé de granite noir, CHF 1’140.www.bonnet.ch

Bilboquet est une lampe de table créée par le designer canadien Philippe Malouin, marquant sa première collaboration avec Flos. Tous les éléments qui la composent sont inspirés du bilboquet, un jeu né au XVIe siècle. D’apparence simple mais pleine de personnalité, Bilboquet permet de diriger la lumière de manière ludique mais précise, 280 euros www.flos.com

Végétal aux mille potentialités, le tabac a donné envie à Jean JACQUES, le parfumeur de la maison Caron de lui dédier une collection entière, les Beaux Tabacs. Avec Tabac Blanc, la facette la plus lumineuse du tabac est révélée dans un accord maté-cacao relevé par des senteurs boisées de cannelle et de vanille, CHF 255.www.parfumscaron.com

MINI GOLD BASKET BAG, LAFRIPEAJO

La collection Bubbles & Bottles s’inspire des magnifiques bouteilles en verre de Murano des années 60. Les ornements sont travaillés à la main et soufflés à la bouche. Chaque carafe est donc une pièce unique. Selon les préférences, les sets de 4 carafes offrent des tons colorés ou sobres, set noir mat et blanc, 350 euros www.polspotten.com

Réalisé à partir d’un vrai ballon de basket accessoirisé par une bandoulière à chaîne en acier inoxydable, ce mini sac à main se porte en bandoulière. Fait à la main par la styliste et créatrice genevoise Joana Bender dans son atelier à Genève, il sera autant utile qu’original, CHF 165.www.lafripeajo.com

[ B I E N D’ E X C E P T I O N

DÉCEMBRE 23

LE DOMAINE DE NORMANDIE

SUR LES TRACES D’HENRY DUNANT Le cofondateur de la Croix-Rouge y a passé ses étés à cueillir des fruits. Cette maison de campagne sise à Avully a longtemps appartenu au grand-père d’Henry Dunant, Henri Colladon. Mais son histoire remonte à un certain Jean-Louis de Normandie, au service de la garnison de Genève au début du XVIII e siècle.

Hunter Robertson

TEXTE [[[ Serge Guertchakoff

Hunter Robertson

Le jardin totalise environ deux hectares.

e domaine, plutôt discret, se niche au cœur de la campagne genevoise, à Avully, un village d’environ 1750 habitants, situé à l’extrême ouest de la Suisse. Il est surnommé « Domaine de Normandie » du nom de son premier propriétaire célèbre : Jean-Louis de Normandie. D’après feu Pierre Bertrand (journaliste, historien et archéologue cantonal adjoint) qui a rédigé un livre sur Avully en 1952, cette demeure existait déjà en 1738 et appartenait à ce noble qui avait été major d’artillerie au service de Hesse et, depuis 1735, qui avait rempli les fonctions d’aide-major dans la garnison de Genève, « à côtés d’autres honneurs que lui avait conférés le Conseil ». Son héritier, Jean-Antoine de Normandie sera en 1757, châtelain de Saint-Victor et Chapitre. Cette famille s’éteindra à Genève, et, vers la fin du XVIIIe siècle, la propriété passera aux Mestrezat. La fille de Samuel Mestrezat, Camille, l’apportera dans sa corbeille de noces à Ami de Chapeaurouge en 1776, une famille dont deux membres seront pour l'un, syndic et l'autre, conseiller d'Etat. INSCRIT À L’INVENTAIRE Lorsque les bâtiments composant le Domaine ont été inscrits à l’inventaire des immeubles dignes d’être protégés par un arrêté pris par le Département genevois de l’aménagement le 31 août 2005, il avait été indiqué à l’appui de cette mesure que « la maison de maître avait été reconstruite partiellement vers 1880 (Ndlr. À la suite d’un incendie) tandis que les deux bâtiments de ferme implantés en parallèle et encadrant la cour, remonteraient à environ 1769.

Ayant pu consulter les fiches du Recensement architectural du canton de Genève rédigées en novembre 1980, on y mentionne les dates de 1780 pour les parties les plus anciennes : « Bâtiment formant un des côtés d’une cour remarquable. Façade cour avec une très belle série d’arcs en anse de panier. Deux fenêtres reliées aux arcs par des éléments de molasse ». SOUS LA RESTAURATION Les héritiers de dame Camille Chapeaurouge-Mestrezat, Jacques-Henry et Ami de Chapeaurouge, ainsi que Jacques Des Arts cédèrent cette terre en 1813 à Henri Colladon (1772-1856). Les Colladon sont arrivés du Berry en 1550 et sont devenus bourgeois de Genève dès 1555. Moins connu que son fils Daniel qui possède une rue à son nom et dont le buste est situé dans le parc des Bastions, Henri Colladon avait dirigé l’Hôpital général (rebaptisé Hospice Général en 1869), fut régent au Collège de Genève et maire d’Avully pendant 39 ans. Dans ses Souvenirs et Mémoires, Daniel Colladon parle en termes attendris de ses longs séjours chez son père. « Vers 1818, il y invitait souvent Charles Sturm, son condisciple et ami de tous temps, son futur collaborateur pour les études sur la compressibilité des liquides et la transmission du son dans l’eau », écrit Antoine Barde dans son ouvrage « Anciennes maisons de campagne genevoises », édité en 1937. Rappelons que le physicien Daniel Colladon fut l’incontournable homme de science de Genève au XIXe siècle. Le domaine revint en 1856 à la sœur de Daniel Colladon, Anne-Antoinette, épouse de Jean-Jacques Dunant (négociant et député au Conseil représentatif) et mère d’Henri Dunant.

[ B I E N D’ E X C E P T I O N

La propriété dispose d'une belle piscine extérieure. Toutes les salles de bain ont été mises au goût du jour.

Hunter Robertson

DÉCEMBRE 23

Hunter Robertson

RÉCITS D’ENFANCE D’HENRY DUNANT Le cofondateur de la Croix-Rouge a vu le jour à la rue Verdaine au centre de Genève le 8 mai 1828. Mais, comme tout bon membre des élites bourgeoises du XIXe et XXe siècle, à la belle saison, sa famille migrait dans sa résidence de campagne. Il a ainsi raconté les « heureux jours » de son enfance passés chez ses grands-parents Colladon à Avully. « Ce domaine avait alors tout le charme d’une belle propriété seigneuriale, avec la simplicité et les mérites d’une vaste exploitation agricole éloignée de la ville : des vaches de toute beauté, des bœufs de labour venus de Berne, des porcs anglais, de bons chevaux, des volatiles de tous genres. (…) L’aïeul était si accueillant, si heureux de la joie de ses hôtes, laissant librement la petite famille dévaliser les jardins et les vergers des fruits les plus délicieux : fraises, groseilles, framboises, cassis, cerises et poires ». On peut encore lire ceci : « Chez le bon grand-père, l’abondance, la variété, étaient si grandes, le domaine si vaste et la liberté si complète, que c’étaient de véritables parties de plaisir. (…) Dès l’arrivée à Avully, après deux heures de voiture, les cinq enfants se dispersaient de tous les côtés et le régal commençait ». Une plaque a été

N° 09

Hunter Robertson

Le jardin d'hiver débouche sur le sud du domaine.

Hunter Robertson

inaugurée le 3 mai 1986 devant le Domaine : « Dans cette maison, Henry Colladon, maire d’Avully de 1815 à 1854, a reçu régulièrement son petit-fils Henry Dunant, qui devint fondateur de la Croix-Rouge ».

Les chambres disposent de cheminées fonctionnelles.

Hunter Robertson

La cuisine a été modernisée il y a une quinzaine d'années.

DES ALSACIENS Dès 1857, ce fut l’un des frères d'Henry qui récupéra la propriété du domaine, Daniel Dunant (18311904). Quelques années après le décès de sa première épouse, il se remaria avec une Neuchâteloise et finit par s’y installer. Avant cela, en 1874, il céda ce domaine à un Alsacien, Gaspard Ziegler, ingénieur civil à Mulhouse. Cette famille avait pour habitude de passer ses étés à Avully. Lors de la Seconde Guerre, les Ziegler sont venus se réfugier en Suisse où ils sont restés. Mais lorsqu’ils ont voulu récupérer leur clinique en Alsace, celle-ci avait été bombardée et, pour financer sa reconstruction, ils finirent par vendre leur propriété genevoise. Ce fut Victor Desbaillets, l’exploitant du domaine agricole jusqu’en 1962, qui décida alors de faire l’acquisition du domaine avec son beau-fils Jules Halff en 1954, lequel avait entre-temps épousé Renée Desbaillets. Depuis lors, cette belle propriété est restée au sein de la famille Halff. MODERNISÉE Une piscine a été ajoutée dans les années 2000, tandis que l’intérieur a été entièrement rénové en 2009, tout en préservant son cachet. Cette belle demeure offre une surface habitable de 610 m2 répartis sur trois niveaux. Le rez-de-chaussée propose un hall d’entrée avec un escalier en pierre, deux salons en enfilade ouvrants sur un immense jardin de plus de deux hectares, à l’abri des regards. Le jardin d’hiver a été remis à neuf, tout comme la cuisine entièrement équipée et une salle d’eau. Au premier étage, on trouve deux chambres à coucher avec cheminée et salle de douche, ainsi qu’une grande master bedroom avec cheminée, salle de bain et bureau/dressing attenants. Enfin, les combles accueillent deux chambres à coucher, une pièce polyvalente pouvant faire office de salle de jeux et une bibliothèque. La grande cour, dotée d’un garage, peut accueillir de nombreux véhicules. Prix et renseignements : Céline Cerino, Barnes Genève

BIENVENUE CHEZ De « fils de » à entrepreneur menant de front vie de famille en tribu et engagements professionnels polymorphes, Sacha Prost navigue entre vues et visions. Voilà qui valait bien une visite de ses deux cocons vaudois. TEXTE [[[ Jorge S. B. Guerreiro

es fenêtres de ses bureaux ouvrant sur les toits de Nyon au balcon de sa demeure surplombant le bleu grisé des eaux lémaniques, seuls quelques centaines de mètres séparent les lieux de vie de Sacha Prost. Malgré la grisaille du jour, le salon des Prost est baigné d’une lumière blanche, reflet d’une baie vitrée où eaux du lac et nuages gris s’unissent sans réelle ligne d’horizon. Pièce névralgique au coeur du duplex familial, le salon accueille souvenirs personnels, meubles soignés et livres d’art. Au centre de celle-ci trône un large canapé dans lequel se love toute la famille : son épouse Gaia, leurs deux enfants, et Sacha lui-même. Malgré une enfance entourée de célébrités, Sacha a grandi en Suisse, éloigné du tumulte généré par les exploits sportifs de son père Alain. « Je suis né à Lausanne en 1990, une année où mon père était chez Ferrari. Une saison assez tumultueuse puisqu’il avait perdu le championnat de très peu face à Ayrton Senna, un final historique resté dans l’histoire de la Formule 1. » La famille était arrivée en Suisse sept ans plus tôt, lorsque Nicolas, le grand-frère, n’avait que deux ans. « En 1983, il était moins facile de s’implanter pour les étrangers. Voilà pourquoi mes parents avaient choisi de s’établir à Sainte-Croix, en dessus d’Yver-

don. De là, nous sommes partis à Yens, puis Nyon. J’avais alors 9 ans ; j’y vis encore. » « Le professeur » a pris sa retraite de pilote alors que Sacha n’avait que trois ans. « J’avais déjà réalisé que j’avais un papa connu. Je me souviens de scènes assez incroyables lorsqu’il venait me chercher à l’école, où les gens se précipitaient pour avoir une photo ou un autographe. Pour moi, il était un peu comme Buzz l’éclair. » Mais lorsque l’on est enfant, qu’est-ce qui est normal, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Malgré ces quelques épisodes, Sacha se considère chanceux d’avoir pu vivre une enfance assez normale. « Nous ne parlions quasi jamais de Formule 1. À l’époque, j’étais totalement passionné par le hockey sur glace, un sport que mes parents ne connaissaient pas du tout et que je pratique encore. J’ai aussi compris plus tard que ma vie n’aurait pas été aussi normale si mon père n’avait pas fait le choix de nous élever en Suisse. » Les origines de Sacha sont françaises, avec des racines italiennes du côté de sa mère et arméniennes du côté de son père. « Je ne suis peut-être pas un vrai Suisse de souche, mais ici, c’est ma maison, mon mode de vie. En France, il me manque mes Läkerli, mon Cenovis et mon Ovomaltine ! » Malgré son attachement à la Confédération, il se sent parfois encore perçu comme suisse en France et français en Suisse.

Gaia et Sacha Prost se sont rencontrés sur les bancs de l’école hôtelière de Glion. Ils posent ici devant la baie vitrée de leur salon ouvrant sur le Lac Léman.

[ BIENVENUE CHEZ

Après des études aux Etats-Unis, Sacha a décidé de poursuivre sa formation à l’école hôtelière de Glion en se spécialisant dans l’événementiel et le sport, avec, en point de mire, une carrière d’agent de sportifs. C’est là qu’il a rencontré Gaia, celle qui allait devenir sa femme. « J’étais en cours de comptabilité, un cours auquel j’étais d’ailleurs peu assidu. J’ai décidé de faire une petite pause et de sortir de la classe, et là je tombe sur Gaia, que j’avais déjà remarquée. J’ai tenté ma chance. Elle a accepté d’aller manger des sushis avec moi ». Originaire de Naples, Gaia avait vécu enfant quelque temps à Erevan (capitale de l’Arménie), où son

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papa avait travaillé. « J’ai voulu voir un signe dans cette coïncidence, moi qui ai des origines arméniennes. Et ça a collé. » Depuis, Gaia a décidé de rester en Suisse et d’épouser Sacha. Une union de laquelle sont nés deux enfants. « Pour la petite anecdote, je leur parle en français, et ma femme leur parle en italien. En revanche, nous communiquons en anglais. Cela vient du fait que lorsque nous nous sommes rencontrés, je ne parlais pas encore italien, ni elle le français. Désormais, elle maîtrise parfaitement le français et s’est beaucoup attachée à sa vie ici. Elle a d’ailleurs choisi de s’appuyer sur sa formation hôtelière pour se diversifier dans le

courtage de biens immobiliers de prestige auprès de Luxury Places, une agence immobilière haut de gamme qui possède des bureaux à Genève et Lausanne. Outre sa vie familiale, l’activité professionnelle de Sacha a aussi été dictée par son passage à Glion. « De retour d’un stage à Paris chez Havas Media, mon frère Nicolas, ma belle-soeur Delphine et moi avons eu pendant mon dernier semestre cette idée folle : créer une marque de vêtements ! » Une discussion pour rire qui a fini par prendre vie : « nous n’avions aucune notion de l’univers du textile, mais Delphine maîtrisait le design après avoir suivi les cours de l’ECAL à Lausanne. La

f La famille au complet : Gaia Prost avec le petit dernier Lapo sur ses genoux. L’aîné Liam est entouré de son papa Sacha et de Brooklyn, le chien.

p Les trois associés et fondateurs de la marque 8JS : Delphine, Nicolas et Sacha Prost dans leurs bureaux nyonnais.

f Les créations 8JS s’inspirent du style des pilotes de Formule 1 des années 70 et 80, l’époque dorée de la course automobile.

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La première collection de la marque 8JS vit le jour en 2014. Aujourd’hui la marque occupe le dernier étage d’un immeuble de bureaux au coeur de Nyon. Là, nous accompagnons Sacha qui y retrouve son frère Nicolas et sa belle-soeur Delphine. Devant une large rangée de fenêtres ouvrant sur les toits de la ville avec au loin les cimes du Jura, ils décident des étoffes dont sortiront leurs prochains modèles. Au fil des saisons, leur marque a trouvé sa clientèle et leurs créations se vendent dans le monde entier grâce à internet, ainsi que dans leur propre boutique du sud de la France, logée à proximité du circuit Paul Ricard. On ne se refait pas.

« Neuf ans après la création de 8JS je me dis non seulement que ça valait le coup, mais que ça le vaut plus que jamais ! Notre collaboration est plus construite, complémentaire et efficace qu’elle ne l’a jamais été. D’ailleurs, nous pouvons nous engueuler le vendredi en tant qu’associés et nous retrouver avec bonne humeur autour de la table familiale le samedi. C’est peut-être notre plus belle réussite. » Une gestion optimisée qui a permis à Sacha de diversifier ses activités en acceptant le poste de CEO d’AgFlow, une entreprise genevoise spécialisée dans l’intelligence de marché, leader dans les matières premières et agricoles.

question de donner un nom à cette marque s’est immédiatement posée. En regardant un documentaire de la BBC, j’ai réalisé la récurrence de l’initiale J parmi les champions de F1 : Juan, Jack, Jim, John, Jackie, Jochen, James, Jody,… huit ! Et voilà, 8JS était née. L’histoire peut paraître un peu biscornue mais elle nous semblait très cohérente : ancrer le style de nos créations dans l’ambiance de l’époque dorée de la course automobile. Le lendemain de ma cérémonie de remise de diplôme nous étions en Italie pour rencontrer nos futurs fournisseurs. C’était le début d’un processus d’apprentissage de la mode qui se poursuit encore. »

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ULTIMA COLLECTION CHANGE DE MAIN ET POURSUIT SON DÉVELOPPEMENT 2024 sera une année charnière pour le groupe Ultima fondé dix ans plus tôt par Max-Hervé George et Byron Baciocchi. Non seulement, il vient d’être racheté par un fonds d’investissement luxembourgeois, mais il inaugurera trois nouvelles propriétés de luxe en Suisse. Et les nouveaux actionnaires ne comptent pas s’arrêter là. Tour d’horizon. TEXTE [[[ Chantal de Senger

Igor Laski

A Gstaad, Ultima possède un hôtel et ouvrira bientôt l’un des plus grands chalets privés de l’Oberland bernois.

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Igor Laski

Le restaurant, le SPA et un des salons de l’Ultima Gstaad

GSTAAD Mais Ultima Crans-Montana n’est qu’un parmi les établissements hors norme du groupe. C’est en 2016, qu’Ultima Gstaad, première enseigne de la société, était inaugurée. Cet hôtel cinq étoiles ouvert toute l’année comprend onze chambres (de 50 à 240m2), un spa, un restaurant et six résidences (de 160 à 250m2) avec service hôtelier. Et c’est dans la station bernoise que le groupe va prochainement ouvrir un nouvel établissement à l’emplacement du restaurant étoilé Chesery, fermé depuis 2019. Prévu pour juin 2024 « Ultima Gstaad Promenade devrait être le chalet privé le plus grand et le plus luxueux du village » promet Byron Baciocchi. La propriété de 1500 m2 disposera d’un espace considérable sur quatre étages, avec huit suites et une maison d’hôtes indépendante avec une chambre et deux vastes salons. Ce palais des montagnes qui pourra être loué à la semaine, comprendra également un cinéma, une salle de jeux, un bar ainsi qu’un espace bien-être avec spa, sauna, piscine

Stavros Habakis

L’

hiver dernier, Ultima Crans-Montana a été mis sous le feu des projecteurs du monde entier grâce à Lionel Messi, venu y séjourner avec son épouse et ses trois enfants. La rumeur dit qu’il reviendra l’été prochain tant ses enfants ont apprécié l’établissement où ils ont résidé, ainsi que tous les jeux mis à disposition par l’équipe en place. Cette propriété unique – qui a depuis attiré d’autres people et sportifs de haut niveau - est constituée de deux chalets reliés par le sous-sol. Elle compte 5000 m2 habitables avec spa de 1500m2, piscines intérieure et extérieure, salle de massages, cinéma et salle de jeux pour les enfants. « Il s’agit du plus grand chalet de luxe de Suisse mis à la location » affirme Byron Baciocchi, 35 ans, co-fondateur du groupe Ultima avec Max-Hervé George, 34 ans. Ce palace des neiges se loue entre 250’000 et 300’000 francs la semaine. A cela, il faut ajouter les frais d’un chef, d’un concierge et de tout ce qui peut agrémenter un séjour ultraluxe, cocooning et farniente dans un lieu d’exception. Par ailleurs, deux chalets supplémentaires d’environ 1500 m2 chacun, prévus à la location, sont en attente d’autorisation de construire sur le même terrain.

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QUAI WILSON Outre à G staad et à Crans-Montana, Ultima possède également une propriété de 10’000 m2 à Mies louée à l’année dont le prix avoisine les 200’000 francs mensuels. Désormais, c’est à Genève que le groupe a décidé de s’implanter. Premièrement dans un immeuble ancien du Quai Wilson, qui, après de grands travaux, accueillera cinq appartements de trois à six chambres avec service hôtelier et spa en sous-sol (jacuzzi, sauna, hammam et deux salles de soins privées.) Chaque appartement est composé des meilleurs matériaux d’Italie. Les intérieurs présentent des variations subtiles de palette et de texture, avec des parquets en bois, des textiles riches et des lustres aux éclairages spectaculaires. Ces derniers seront inaugurés en avril 2024. A nouveau, ici, les biens seront mis à la location au prix d’environ 20’000 francs la semaine, sans service.

Ultima inaugurera en avril 2024 cinq appartements de luxe au Quai Wilson (GE). Ils seront mis à la location au prix de 20’000 francs mensuels.

Chaque appartement du Quai Wilson a été aménagé avec les meilleurs matériaux d’Italie.

intérieure et hammam. « Nous avons déjà des demandes pour deux à trois mois de location » se réjouit le Genevois. Autre projet dans la région qui verra le jour d’ici quelques années ? La construction d’un hôtel entre Schönried et Gstaad, dans la vallée huppée du Gruben où se trouvent tous les milliardaires de la région. Sur 15’000m2, il s’agira de la plus grande propriété du groupe comprenant un hôtel et des résidences ultraluxe. Il s’agira également du seul établissement hôtelier du coin à proposer une solution ski-in/skiout. Les travaux débuteront en principe en mars 2024 si les autorisations sont validées pour une ouverture prévue fin 2026.

COLOGNY C’est niché dans l’enclave la plus exclusive de Genève qu’Ultima est en train de construire deux villas ultramodernes aux lignes épurées avec vue spectaculaire sur le lac. Les villas de trois étages comprennent un rez-de-chaussée de 64 m2 baigné de lumière et doté de patios intérieurs aménagés qui donnent sur une magnifique piscine extérieure de 14 mètres de long. Chaque propriété comprend six chambres à coucher avec un sous-sol qui abrite un espace bien-être et de divertissement, avec un cinéma, une salle de jeux, un bar, un hammam, un sauna, une salle de soins et une salle de fitness. « Il s’agira pro-

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bablement des deux seules villas de luxe à louer sur du court terme comprenant six chambres à coucher » commente Byron Baciocchi. Avec l’ajout de ces nouvelles propriétés à son portefeuille, le groupe Ultima peut se targuer de devenir une véritable référence de l’hôtellerie et des résidences ultraluxe en Suisse. Ultima est aussi présent à l’international, notamment à Megève, à Courchevel et à Corfou avec des propriétés ultra haut de gamme. ULTIMA VENDU À UN GROUPE D’INVESTISSEURS Le groupe Ultima qui emploie 500 personnes en haute saison est entré à la bourse de Berne (BX Swiss) en 2019, avec une capitalisation boursière à plus de 400 millions de francs. Au mois de novembre (2023), Max-Hervé George a vendu ses actions (33%) à un groupe d’investisseurs institutionnels qui se sont regroupés sous le nom de Global Hospitality Securities (GHS) basé au Luxembourg. GHS gère un portefeuille immobilier principalement composé de commerces et magasins – d’une valeur supérieure à trois milliards d’euros. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé. Cependant, le nouveau directeur des opérations, Peter Krstic, estime qu’Ultima Capital est une entreprise mature, avec une valeur

d’actif brut de plus d’un milliard de francs et des performances financières solides et régulières. » La transaction a donné l’accès à une option d’achat de la participation de 25% dans Ultima, détenue directement et indirectement par Byron Baciocchi jusqu’au 31 mars 2026. Interrogés sur leurs projets de développement, les nouveaux acquéreurs expliquent être passionnés par ce qu’a construit Ultima Collection. Leur vision est de continuer à développer le portefeuille dans des emplacements de premier ordre et de continuer à fournir le service de signature pour lequel Ultima est connu. Peter Krstic, qui a plus de vingt années d’expérience dans l’hôtellerie de luxe internationale, conclut. « Nous sommes très optimistes et enthousiastes quant au prochain chapitre d’Ultima Capital. Les nouveaux actionnaires ont des projets de croissance ambitieux pour l’entreprise et nous recherchons activement des opportunités pour amener la marque Ultima dans de nouveaux endroits en Suisse, comme St. Moritz, Verbier et Zermatt, ainsi qu’à l’étranger, comme St Tropez, Paris ou Londres. Bien que nos ambitions soient mondiales, la marque est née en Suisse et notre ADN suisse doit, à mon avis, toujours faire partie de notre avenir. »

Deux villas de luxe seront inaugurées en 2024 à Cologny (GE) et mises en location.

Le groupe Ultima comprend un portefeuille immobilier de 48 résidences, chalets, villas et terrains en développement répartis sur onze sites en Suisse, en France et en Grèce.

Peter Krstic, nouveau directeur des opérations du groupe Ultima

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« NOS BÂTIMENTS ONT ÉTÉ ÉRIGÉS SANS ÉGARD POUR L’ENVIRONNEMENT »

Durant vos travaux visant à redéfinir le secteur immobilier et l’urbanisme, quels critères ont été pris en considération ? Nos principaux critères de réflexion concernant l’avenir de l’immobilier sont : comment le secteur de l’immobilier et l’urbanisme peuvent-ils s’adapter au monde actuel ? Comment prendre en compte la durabilité ? Quelle est leur résilience ? Et surtout quelle est leur accessibilité financière ?

Les réflexions de votre groupe de travail ont généré une multitude de propositions concrètes ainsi que des catalyseurs de changements. Néanmoins, quelle est la priorité absolue ? L’élément crucial est la reconnaissance que, jusqu’à présent, nos villes et nos bâtiments ont été érigés selon des normes conçues pour une époque révolue, sans égard pour l’environnement et en supposant que les ressources naturelles étaient inépuisables. Plutôt que de privilégier les constructions rapides et bon marché, l’impératif actuel consiste à édifier de manière durable et adaptable. Compte tenu des nombreuses incertitudes liées à l’avenir, telles que les pandémies, l’adaptabilité revêt une grande importance. Est-ce que vos recommandations produiront avant tout des résultats à long terme ? Pas nécessairement. Tout ce qui concerne la durabilité doit être mis en œuvre rapidement compte tenu de l’urgence climatique. Heureusement, les effets positifs de ces changements peuvent se manifester sans délai, notamment en termes d’économie d’énergie. Une grande partie du secteur privé, y compris les promoteurs immobiliers et les locataires, s’est fixé des objectifs ambitieux et rapides. Les gouvernements ont également défini des buts à atteindre. Ainsi, je m’attends à des résultats rapides, en particulier dans les pays développés. Cependant, sur d’autres sujets, la mise en œuvre prendra beaucoup plus de temps car le secteur de la construction est particulièrement résistant aux changements.

haque mois de janvier, une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement, une septantaine de dirigeants d’entreprises figurant dans la liste du magazine « Fortune 100 », ainsi que de nombreux autres leaders de divers horizons, convergent vers Davos pour participer à la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF). Cependant, la réunion davosienne n’est de loin pas l’unique activité du WEF. À l’origine axée sur l’organisation de conférences internationales, cette fondation genevoise a graduellement élargi son champ d’action pour intégrer une série d’activités telles que la cocréation de contenu, la gestion de communautés, ainsi que la cogestion et l’incubation de projets pilotes. C’est dans ce contexte que Jeff Merrit, responsable de la transformation urbaine pour le WEF, a rassemblé des dirigeants du monde entier, aussi bien du secteur privé que du secteur public et de la société civile. Le but de son groupe de travail est de redéfinir l’avenir de l’immobilier. Interview de ce membre du Comité exécutif du Forum.

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Jeff Merritt, cadre supérieur au Forum économique mondial (WEF), œuvre à redéfinir l’avenir de l’immobilier. Pour ce faire, il a rassemblé des leaders du monde entier. TEXTE [[[ Philippe Monnier

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Pascal Bitz / World Economic Forum

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Pascal Bitz / World Economic Forum

L’architecture intérieure du siège mondial du WEF est élégante, lumineuse et fonctionnelle.

Les politiciens doivent être réélus à intervalles réguliers. Est-ce que cela entrave la mise en place d’initiatives à long terme ? En fait, cette réalité favorise le lancement d’initiatives rapides moyennant l’utilisation d’outils éprouvés, telle que l’optimisation des ressources énergétiques. Étant donné que le succès engendre le succès, des actions positives à court terme peuvent stimuler la mise en œuvre d’autres actions à plus long terme, avec des retours sur investissement dans cinq à dix ans, voire plus. Ces dernières initiatives exigent souvent une collaboration entre le secteur privé et la fonction publique. Les nouvelles technologies contribuent-elles à accélérer les changements que vous prônez ? À mon sens, plus la technologie est élémentaire, plus son impact sera significatif. Par exemple, il importe de commencer sans attendre par utiliser des « simples » systèmes d’optimisation de l’énergie dans les bâtiments. Dans un deuxième temps, la technologie de

« TOUS LES DIRIGEANTS SONT CONVAINCUS DE LA NÉCESSITÉ DE RÉFORMER L’IMMOBILIER. »

jumeau numérique (digital twin) peut s’avérer utile : l’idée est de reproduire et de simuler fidèlement la réalité physique des bâtiments pour éviter le recours à des projets pilotes. Finalement, l’exploration de technologies plus avancées telles que l’internet des objets (IoT) ou la blockchain peut être envisagée. Votre groupe de travail rassemble des dirigeants du monde entier. Les divergences d’opinions sont-elles significatives ? Les points de convergence sont bien plus marqués que les divergences d’opinions car tous ces dirigeants sont convaincus de la nécessité de réformer l’immobilier. Cependant, selon les ré-

gions, des disparités subsistent quant à la priorisation des actions et à la rapidité de leur mise en œuvre. Par exemple, les CEO du Sud Global sont plus sur la défensive car ils sont confrontés à des taux de croissance extrêmement élevés, notamment d’implantations informelles. Parlons du contexte suisse. Contrairement à la France, la Suisse présente une forte décentralisation urbanistique. Une bénédiction ou une malédiction ? La question du degré idéal de centralisation est complexe et, à mon avis, il n’y a pas de solution unique. En général, et au-delà des considérations purement urbanistiques, la décentralisation

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Pascal Bitz / World Economic Forum

Le siège du WEF est situé à Cologny, dans le canton de Genève, avec une vue imprenable sur le lac Léman.

est bénéfique à condition d’être subordonnée à des principes communs, à une sorte d’étoile du Nord. Néanmoins, je suis d’avis que la planification urbaine ne devrait pas être excessivement centralisée, car il est crucial de tenir compte des spécificités de chaque communauté, notamment pour optimiser leur durabilité et leur résilience. En Suisse, la majorité des résidents sont locataires plutôt que propriétaires … L’aspect crucial n’est pas le fait d’être locataire ou propriétaire. L’important est de veiller à ce que les incitations prennent en compte ces caractéristiques et maximisent les impacts sur la durabilité. À titre d’exemple, celui qui investit dans un thermostat intelligent doit en tirer des bénéfices sous forme de facture d’énergie réduite. À Genève, la réglementation limite les loyers pour les citoyens à bas revenu ce qui décourage les nouveaux développements résidentiels et engendre une pénurie de logements...

En août 2023, le WEF a inauguré la « Villa Mundi », une villa protégée à l’inventaire genevois.

Chaque année, notre Forum publie The Global Risks Report, soit un rapport sur les risques mondiaux. En 2023, le principal risque identifié était le coût de la vie. Pour cette raison, le centre que je dirige a réuni des leaders de différents horizons pour explorer des moyens d’améliorer l’accessibilité financière aux logements et aux bureaux. Nous avons défini un catalogue de solutions et toutes les villes sont encouragées à mettre en œuvre celles qui correspondent le mieux à leurs spécificités. En Suisse, l’obtention d’un permis de construire peut prendre plusieurs années, avec en plus des risques d’oppositions... Cette problématique n’est pas propre à la Suisse. Selon mon expérience, la meilleure approche consiste à réunir toutes les parties prenantes du secteur privé et des autorités. Le but de cette démarche est de définir des objectifs communs, tels que la maximisation de la durabilité et de la valeur financière des biens immobiliers, pour ensuite se mettre d’accord sur les simplifications réglementaires à adopter.

JEFF MERRITT EN BREF Après des études en sciences politiques à l’Université de Michigan puis un Master en développement politique et économique à l’Université de Columbia, Jeff Merritt est devenu en 2014 le premier directeur de l’innovation de la ville de New York. En 2017, il a été recruté par le WEF comme responsable de la transformation urbaine et membre du Comité exécutif.

[ A R C H I T E C T U R E D’ I N T É R I E U R

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LA BANQUE REYL INTESA SANPAOLO S’EST INSTALLÉE DANS UNE ANCIENNE MAISON DE MAÎTRE Telle une oasis suspendue au milieu du passage des Lions, le nouveau siège social de la banque genevoise se veut minimaliste et convivial. TEXTE [[[ Chantal de Senger

François Reyl, CEO de la banque REYL

lors que de nombreux établissements bancaires ont quitté ou sont sur le point de quitter le centre de la Cité de Calvin pour s’installer en périphérie, la banque REYL, a contrario, a fait le choix de s’ancrer sur l’artère la plus chic de Genève. En effet, c’est au numéro 4 de la rue du Rhône que l’établissement bancaire a pris ses quartiers le 11 avril dernier. Le bâtiment protégé datant du début du XXe siècle construit par l’architecte Adrien Peyrot (1856-1918) pour le vicomte et juriste français Gabriel de Fontarce était détenu depuis des décennies par l’entreprise familiale Aeschbach. Le chausseur en avait fait son navire amiral avant de le vendre en 2019 pour environ 100 millions de francs à la famille Bahadourian. Les propriétaires de l’enseigne Grand Frais revendront rapidement l’immeuble à un investisseur russe établi à Genève. Aujourd’hui, cet édifice de maître situé à l’angle du passage des Lions – dont la verrière est la plus grande de Suisse – a été remodelé pour devenir le nouveau siège social de la banque REYL. Disposant de 3144 m2, il accueille 123 collaborateurs du département «front» de la banque. « Nous souhaitions être dans l’hypercentre de la ville, un peu à contre-courant, car nous pensions que nos clients particuliers et entreprises, mais aussi nos collaborateurs et collaboratrices, apprécieraient cette commodité », commente le CEO, François Reyl. Trois entreprises genevoises ont eu la lourde tâche de relever le défi de la restauration, de l’aménagement et de la décoration des espaces. Il s’agit de l’architecte Philippe Duc, de PHD Concept, du bureau Favre & Guth, et de Coraline Fringhian, fondatrice de la société Semaj. « L’idée n’était pas d’en faire un endroit ostentatoire, mais plutôt d’en faire un espace de travail zen et épuré », explique cette dernière. Exit, ainsi, le côté bling-bling ou quelquefois un peu rétro de certains établis-

Smile&Shoot

sements financiers helvétiques. « Notre ligne conductrice a été de fusionner l’artisanat ancien et le design contemporain afin d’obtenir une élégance durable », ajoute la Genevoise qui a été mandatée par la banque pour concevoir le design, la décoration et l’architecture d’intérieur des espaces de réception. « Notre nouveau siège est sobre, élégant, lumineux avec une touche zen, se réjouit François Reyl. Nous l’avons doté de matériaux nobles tout en lui permettant d’accueillir la technologie complexe requise par une banque moderne. »

Coraline Fringhian s’est occupée de tout l’aménagement intérieur de la banque REYL.

La banque était à l’étroit dans son précédent bâtiment de la rue du Rhône. Ses activités s’étant fortement développées et son partenariat stratégique avec Fideuram-Intesa Sanpaolo Private Banking l’ont poussée à marquer le coup symboliquement en s’installant dans cette ancienne maison de maître.

LES CHALLENGES DE LA RESTAURATION Cela n’a toutefois pas été facile de rénover ce bâtiment classé. Il a fallu premièrement préserver la substance historique des lieux tout en améliorant l’efficacité énergétique du bâtiment. L’une des tâches a été d’excaver le sous-sol pour recevoir les techniques de pompage de l’eau du lac pour le rafraîchissement et le chauffage. « Au niveau logistique, cela a aussi été très compliqué, souligne l’architecte Philippe Duc. Il a fallu coordonner les évacuations et l’acheminement de matériaux dans un environnement très limité et sur un axe routier très fréquenté sans entraver l’exploitation des commerces environnants. » Et tout cela en un temps record : douze mois pour l’obtention de l’autorisation et quinze mois pour l’exécution incluant l’emménagement de la banque. Le résultat est toutefois spectaculaire. Il a permis de restituer un socle prestigieux au bâtiment en réhabilitant les pierres naturelles et les vitrines au niveau du rez-de-chaussée et du 1er étage. La substance historique a ainsi été préservée, tout en offrant aujourd’hui des espaces modernes, contemporains et agréables à vivre. UN HALL D’ENTRÉE MAJESTUEUX Autre fierté de l’équipe: l’aménagement du hall d’entrée dont les dimensions disproportionnées ont constitué un véritable défi. En effet, avec ses 8 mètres de hauteur, son étroitesse et sa longueur, il donnait l’occasion rêvée de créer une entrée atypique. Coraline Fringhian s’est ainsi associée avec l’entreprise italienne Salvatori experte dans le traitement de la pierre traditionnelle pour en faire une entrée spectaculaire, chaleureuse mais pas clinquante. On y trouve beaucoup de marbre sur les murs mais également au sol où des planches en chevron rappellent les classiques planchers en bois utilisés dans les nobles maisons de maître. Au plafond, une centaine de lampes en marbre tombent telles des gouttes de pluie créant l’effet d’une vague. La nature a, en effet, été le fil rouge de la décoration du bâtiment. L’accent a ainsi été mis sur des couleurs très terriennes avec des touches de vert. La végétalisation s’invite un peu partout, notamment dans la vue des escaliers de la tourelle, tout comme sur la terrasse donnant sur la grande verrière du passage des Lions. Autre originalité: les salons de réception portent tous le nom d’un fleuve, car ces derniers « permettent de rendre les frontières irrelevantes, contribuent aux échanges et favorisent les liens de commerce », poursuit Coraline Fringhian. Tout ce dont la banque aspire, au fond.

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DES ESPACES DE TRAVAIL NOUVELLE GÉNÉRATION La directrice de Stoneweg Diana Oblak entend développer la marque Beezi dans toute la Suisse en créant un réseau d’espaces industriels nouvelle génération.

Varia possède environ 15 bâtiments dans l’industriel et la logistique, mais également deux cliniques et deux bâtiments multi-usages. Un développement de 20’000 m2 est en cours à Meyrin avec l’ouverture prévue d’un Beezi à l’étage. Un autre immeuble rue de la Bergère, également en travaux, sera prochainement loué à des entreprises industrielles sur 16’000 m2. Stoneweg emploie 150 personnes dans le monde, dont une trentaine dans son QG genevois.

TEXTE [[[ Chantal de Senger

lus de 100 millions de francs seront investis sur trois ans pour développer le concept Beezi en Suisse. De quoi s’agit-il? D’espaces industriels et artisanaux qui se veulent différents car axés sur le bien-être des employés. Inauguré en septembre dernier à Tolochenaz, le premier Beezi offre de nombreux avantages tels que la mutualisation de bureaux, de salles de réunion et d’espaces conviviaux. Le bâtiment offre, ainsi, sur 1000 m2 de surface, un food hub, un fitness ou encore une grande cour à ciel ouvert parsemée d’arbres et de bancs en bois. La verdure permettrait en effet de stimuler la créativité et de diminuer le stress des employés. Une plateforme digitale est, par ailleurs, proposée aux utilisateurs pour gérer et faciliter la vie dans le centre. « Notre objectif est d’améliorer la qualité de vie au travail et d’offrir un meilleur rendement aux entreprises », explique Diana Oblak, directrice pour la Suisse de Stoneweg. Cette société d’investissement immobilier créée en 2015 s’est associée en 2018 avec la société de gestion indépendante Decalia afin de lancer Varia Swiss Realtech Properties (VSRP), un véhicule qui investit dans des structures logistiques, industrielles, artisanales et médicales en Suisse. Un nouveau projet Beezi est en cours de construction à Meyrin (GE) et trois autres sont en discussion dans les cantons d’Argovie, de Thurgovie et de Berne. « Offrir des espaces de travail agréables et conviviaux est absolument nécessaire dans le monde qui évolue, poursuit Diana Oblak. La moitié des surfaces industrielles en Suisse ont plus de 40 ans. Il y a une vraie urgence à améliorer ces espaces pour attirer et satisfaire la nouvelle génération. » DIANA OBLAK Née en Autriche de parents slovènes, Diana Oblak a vécu durant son enfance aux Caraïbes, en Croatie, mais en majeure partie en Autriche, lui permettant de développer ses compétences linguistiques (elle parle six langues). Elle décide de poursuivre sa scolarité à l’Ecole hôtelière de Lausanne qu’elle terminera

en 2012. Après des stages au Four Seasons Hôtel des Bergues à Genève puis chez Unilever à Londres, elle lance sa première entreprise de courtage en immobilier alors qu’elle n’a que 21 ans. Durant quatre années, elle gère des « deals » de biens commerciaux en Suisse, en Allemagne, en Espagne et en Croatie. Elle décide, par la suite, de faire un master en finance et immobilier à Londres. Diana poursuit sa carrière chez Procimmo, une société d’asset management située à Lausanne, avec des bureaux à Genève et à Zurich. « J’ai lancé le premier véhicule immobilier pour eux en Allemagne. » En 2018, elle rencontre Jean Golinelli, un des fondateurs de Stoneweg, avec Jaume Sabater et Joaquin Castellvi, qui l’engage. « Quand je suis arrivée, le portefeuille comptait deux bâtiments d’une valeur approximative de 60 millions de francs. Aujourd’hui, le véhicule Varia a une valorisation de plus de 400 millions de francs et 500 millions en développement dans le pipeline. J’ai dû mener la stratégie de l’entreprise qui consistait à trouver des biens industriels et logistiques. Nous avons aussi acheté deux cliniques. » En 2020, Diana reprend la direction de Stoneweg pour la Suisse, à peine âgée de 30 ans. « Je suis passionnée par ce que je fais et suis aussi très ambitieuse, s’amuse à dire cette grande sportive qui pratique du RPM (biking), de la course à pied, de la boxe et surtout le saut en parachute. Mon rôle, c’est d’aller chercher de bonnes opportunités. Nous recevons chaque année de nombreuses propositions provenant de courtiers. Nos critères sont : le lieu, la demande, la rentabilité et surtout le potentiel de création de valeur ajoutée des bâtiments. » L’autre challenge de la société : la durabilité. « Notre premier Beezi est doté de capteurs qui tracent les données environnementales telles que les émissions de CO2 et la consommation d’électricité. Ils permettent de gérer le chauffage individuellement et de faire baisser la facture d’énergie. »

Le coût de la location de bureaux ou d’espaces de travail dans le Beezi de Tolochenaz se situe entre 220 et 240 francs par mètre carré, pour une surface minimale de location de 150 m2.

[ ARCHITECTURE

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« NOUS AIMERIONS CONSTRUIRE UNE FONDATION D’ART EN SUISSE » Mené par les Français Reda Amalou et Stéphanie Ledoux, le bureau d’architecture AW2 vient de terminer le chantier de l’Hôtel Six Senses à CransMontana. Les deux associés ont décidé d’ouvrir une antenne à Genève afin de se développer en Suisse. Interview. TEXTE [[[ Chantal de Senger

ela fait vingt-cinq ans que Reda Amalou et Stéphanie Ledoux collaborent au sein de l’agence parisienne d’architecture et d’architecture d’intérieur AW2. Les deux associés ont mené des dizaines de projets majeurs à travers le monde. Parmi ceux-ci, l’Hôtel Banyan Tree à AlUla (Arabie saoudite), la Maison de Famille Krug à Reims, ou, encore, le lycée français d’Amman (Jordanie). En Suisse, AW2 vient de terminer la construction de l’Hôtel Six Senses à Crans-Montana et mène, en ce moment, la réalisation du Ritz-Carlton à Zermatt. Vous venez d’ouvrir une antenne en Suisse. Quels sont vos projets dans le pays ? Aujourd’hui, 25% de notre activité se passe en Suisse. Le projet du Six Senses a, dans son ensemble, pris presque dix ans. Aujourd’hui, nous menons d’autres projets tels que le Ritz Carlton à Zermatt ainsi qu’un autre projet hôtelier, les chalets Nivalia Zermatt, qui est en plein développement. C’est un véritable village dans le village. Notre projet s’insère dans une zone réputée pour maintenir un lien fort entre la nature et ses habitants. Nous travaillons aussi pour des particuliers sur des projets plus ponctuels à Genève et dans les Grisons, à Saint-Moritz et Flims notamment où nous sommes en train de construire des logements.

Mikael Bénard

Quels ont été les plus gros challenges à mener lors de la réalisation du Six Senses de Crans-Montana ? L’un des plus gros challenges a été au niveau du recours à l’énergie. En effet, la charte des Six Senses prévoit d’avoir 50% d’énergie renouvelable dans chaque établissement. La marque se concentre aussi sur le bien-être à l’intérieur de l’hôtel. Tous les matériaux sont contrôlés en termes de potentielle toxicité. Les cuirs sont, ainsi, en tannage naturelle,

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Mikael Bénard

Au lobby du 5ème étage du Six Senses de CransMontana on retrouve des pieces vintage signées qui se conjuguent avec le mobilier conçu par AW2. Celui-ci apporte une touche de modernité tout en conservant l’esprit du chalet suisse.

Mikael Bénard

L’espace de réception du Six Senses de Crans-Montana haut et minimal où des matériaux simples - pierre et bois commencent à raconter le concept du projet - le voyage vers la lumière.

[ ARCHITECTURE

15 Nombre d’hôtels construits

2 Nombre de Six Senses construits (Vietnam et Crans-Montana)

40 Nombre de pays où l’agence AW2 a travaillé

54 Collaborateurs

2018 Pause de la première pierre du Six Senses de Crans-Montana

30 Projets en cours dans le monde

DÉCEMBRE 23

« LE CHEMINEMENT À TRAVERS L’HÔTEL EST PENSÉ COMME UN BISSE. » les tissus sont 100% en coton, les peintures doivent être naturelles et les moquettes 100% en laine. L’établissement ne doit, par ailleurs, pas utiliser de plastique. C’est contraignant, mais assez satisfaisant. Six Senses est connu pour ses magnifiques spas. Comment est celui de Crans-Montana ? La piscine de 25 mètres est le cœur du spa, dont une partie est intérieure et l’autre extérieure. Le plafond en bois est majestueux avec 14’000 stalactites qui se réfléchissent dans l’eau. Cela offre un jeu de reflets qui s’ouvre sur la cour intérieure. Nous avons créé à chaque niveau de l’hôtel un contact avec la nature, avec les pistes de ski et la montagne. L’idée était d’amener la nature au cœur du bâtiment. Le cheminement à travers l’hôtel est pensé comme un bisse. Nous avons repris le langage local des passerelles en bois qui servent à l’irrigation en montagne. Cela offre une perception différente du luxe à la montagne.

La piscine intérieure du Six-Senses de CransMontana, pensée comme un plan d’eau au cœur d’une grotte de montagne, dont les tasseaux suspendus créent un jeu de lumière pour une expérience sensorielle unique.

On le perçoit comme un rapport à la nature, pas comme quelque chose de clinquant. On s’approche de l’hôtel expérientiel plutôt que de services. Quelles sont les plus grandes difficultés quand on construit de tels objets, notamment à la montagne? La saisonnalité joue beaucoup. Par exemple, nous ne pouvions pas réaliser certains travaux selon la saison. Nous avons aussi connu des intempéries. L’accessibilité au site fut aussi compliquée puisqu’il est situé sur les pistes de ski. Cependant, nous avons apprécié le fait de pouvoir avoir accès à tous les matériaux nécessaires et aux savoir-faire locaux. C’était un vrai bonheur. Cela a contribué à la qualité et à la richesse du projet. Quelle est votre plus grande fierté? Difficile de choisir parmi «nos enfants». Nous aimons tout ce que nous avons construit. Nous avons toutefois un petit coup de cœur pour le Banyan Tree d’AlUla en Arabie saoudite, construit en plein désert. Mais nous sommes aussi très fiers de l’Hôtel Kasiiya Papagayo réalisé en pleine forêt du Costa Rica. Vous avez construit aussi des lycées, des bureaux, des logements et le chai des champagnes Krug? Rien ne vous arrête? Non, rien. Nous sommes capables de tout construire. Nous partons à chaque fois de l’idée de faire vivre un lieu. On le contextualise, on utilise les éléments naturels du lieu afin d’y ancrer au mieux le bâtiment.

Mikael Bénard

Qu’aimeriez-vous encore construire? Une fondation d’art, et, pourquoi pas, en Suisse. Nous pensons que des bâtiments doivent être hybrides et proposer des expériences. Les bâtiments seront de plus en plus fluides et de moins en moins figés car nos modes de vie sont comme cela. C’est l’avenir de l’architecture. Comment a évolué votre architecture en trente ans de métier? Nous sommes de plus en plus influencés par nos voyages. A chaque projet, nous apportons une part de nous, mais nous apprenons aussi des lieux que nous visitons. C’est ce que nous défi-

Mikael Bénard

Projet Nivalia à Zermatt, ce sont des chalets inspirés par le style architectural des Walser, mêlant pierre et bois.

nissons comme «l’architecture fusion». On renforce à chaque fois la lecture du contexte et l’utilisation de ce contexte pour nourrir notre projet. Ces dix dernières années, cela est devenu de plus en plus visible dans notre démarche professionnelle.

s Le complexe hôtelier ultra-luxe Banyan Tree AlUla en Arabie Saoudite. Respectueuse de l’environnement, la conception opte pour une empreinte légère du projet dans le paysage naturel de la vallée d’Ashar.

Quelle a été la plus belle reconnaissance pour votre travail? Les prix offrent une énorme satisfaction, c’est la reconnaissance et le regard des autres sur notre travail. En revanche, on ne travaille jamais dans l’objectif d’aller chercher un prix. Le prix intervient souvent très longtemps après la fin de nos projets. Cela nous touche, mais nous sommes souvent sur d’autres projets à ce moment-là.

Mikael Bénard

p Lycée français d’Amman en Jordanie, dont l’architecture s’exprime en grande colonnade en pierre d’Ajlun.

Christopher Cypert

Comment définiriez-vous votre philosophie? Nous cherchons toujours à comprendre le sens du lieu. Nous souhaitons, ensuite, offrir un bâtiment en phase avec l’environnement local. Qu’est-ce qui fait un bon architecte? C’est quelqu’un de sensible qui a envie de travailler pour des personnes, et, qui, en même temps, respecte les lieux dans lesquels il travaille. C’est une personne qui travaille le vide et non pas le plein. Qui travaille l’espace et non pas l’objet.

DÉCEMBRE 23

Carole A. Feuerman, Contemplations, 56 x 46 x 51 cm, sculpture peinte à l’huile sur résine, édition originale à 8 ex. + 3 E.A

« NOUS SOMMES DES PASSEURS D’ÉMOTIONS» François Chabanian est le fondateur de Bel-Air Fine Art, un réseau de 24 galeries d’art contemporain qui soufflera ses 20 bougies en 2024. Rencontre. TEXTE [[[ Chantal de Senger

n peut le dire, Bel-Air Fine Art est une véritable success story dans le monde des galeries d’art, et cela depuis deux décennies. N’en déplaise au microcosme des marchands d’art d’avant-garde qui le snobent, car considéré comme trop commercial puisqu’il défend, lui, depuis ses débuts, l’art figuratif. « La plupart des galeries s’adressent aux élites intellectuelles, estime François Chabanian. Depuis vingt ans, je propose des œuvres, des peintures, des sculptures et des photos contemporaines qui sont accessibles au grand public parce qu’elles procurent une émotion immédiate par leur esthétique. » Avec 24 galeries – dont 7 en Suisse – à son compteur, 70 collaborateurs dont 35 « art

advisors », près de 2500 œuvres vendues par année et 40’000 clients, Bel-Air Fine Art arrive dans le trio de tête des plus grands réseaux de galeries d’Europe. Cela ne lui a pourtant pas suffi à être accepté dans les grandes foires d’art telles qu’Art Basel, Frieze London ou le salon Artgenève. « Dans ces foires, les deux tiers des œuvres sont conceptuelles, ce sont des installations ou des vidéos. C’est intellectuellement intéressant, mais elles ne procurent pas d’émotions, elles provoquent plutôt une réflexion. Sans compter que l’art conceptuel ou l’avant-garde sont souvent un effet de mode comme le marché des NFT qui s’est dégonflé rapidement. » Chez Bel-Air Fine Art, cinq mouvements sont défendus : le post-pop art, le street art, l’art optique, le post-surréalisme et la photo

contemporaine. Des courants accessibles à un large public d’amateurs. « Nous mettons en avant des œuvres mainstream dans lesquelles les gens peuvent se reconnaître. Ils achètent au « coup de cœur » et non dans un esprit purement spéculatif. » Avec plus de 80 artistes qu’il représente en exclusivité territoriale et parfois mondiale, François Chabanian peut se targuer d’avoir réalisé un chiffre d’affaires de près de 35 millions de francs l’an dernier. Le panier moyen des galeries se situe autour des 15’000 francs pour des œuvres qui se vendent entre 3000 et 100’000 francs. « Avec la photo, nous avons rajeuni notre clientèle. Les prix sont plus accessibles », explique le fondateur. Ce dernier collabore depuis vingt ans avec son fils Gregory qui s’occupe

Eric Roset Nathalie Alavoine

i Située à la rue de la Corraterie (GE), la galerie Bel-Air Fine Art Genève et son nouvel Espace Solo Show

François & Grégory Chabanian

à ses côtés de la direction des ventes et de la stratégie mais qui a également développé le pôle numérique et les ventes en ligne. Le duo poursuit ensemble le développement de l’enseigne avec l’ouverture prochaine d’un flagship à Bruxelles, d’une galerie à Milan et de la reprise de l’unique galerie d’art d’Annecy. Au total, l’entreprise vise une trentaine de galeries pour «finaliser» le maillage. «Nous avons boosté notre chiffre d’affaires depuis la fin de la pandémie, se réjouit François Chabanian. Cela a démontré notre force et celle de l’attrait de l’art contemporain en général.» Le marchand a par ailleurs l’intime conviction que les gens ont besoin d’un retour au réel avec des expériences en magasin. «Nos clients veulent discuter avec des conseillers en art, voir et toucher les œuvres, passer un moment devant une photo. On ouvre des galeries car le marché est porteur. Les gens ont plus que jamais besoin d’émotions réelles dans un monde trop souvent virtuel.» UN POP-UP À CONFÉDÉRATION CENTRE Cet automne, les Genevois ont pu admirer pendant plus d’un mois trois énormes sculptures de l’artiste pop français Richard Orlinski exposées devant Confédé-

[ A RT

« EUX SAVENT PEINDRE OU SCULPTER, MOI JE SAIS CRÉER DES ESPACES POUR METTRE EN SCÈNE LEURS ŒUVRES.»

JEFF KOONS ET DAMIEN HIRST Les galeries Bel-Air Fine Art proposent pourtant des artistes pour pratiquement toutes les bourses. Certes, l’enseigne a quelques pièces de Jeff Koons en partenariat avec Bernardaud, des « spin paintings » de Damien Hirst et d’autres célébrités du monde de l’art comme Carole Feuerman et Patrick Hughes. Mais elle propose également des œuvres d’artistes moins connus. « Je reçois près de 500 dossiers par an. Je n’en sélectionne qu’un ou deux maximum. » François Chabanian écume aussi la majorité des foires d’art contemporain à l’étranger. Et s’amuse à découvrir de jeunes talents tels que les street artists Mihoub ou encore le Suisse Być. Un autre artiste qui a explosé cette année : Peppone, passionné de pop culture, qui travaille sur l’univers de l’enfance, des BD et des dessins animés. Mais le récent coup de cœur du marchand genevois est Daniel Airam, un artiste de chevalet breton. « Il réalise une peinture avec une technicité à l’égal des maîtres flamands des XVIe et XVIIe siècles et de la peinture de la Renaissance italienne sur laquelle il rajoute des graffitis.» Son travail, impressionnant, est un véritable pont entre les siècles. François Chabanian précise : « Il n’y a pas que des rapports économiques entre un artiste et un galériste. Il s’agit d’une vraie rencontre, d’une osmose, d’une mise en commun des compétences. Eux savent peindre ou sculpter, moi je sais créer des espaces

Richard Orlinski et François Chabanian, lors du vernissage de l’exposition à Confédération Centre, Genève

Eric Roset

ration Centre. C’est là que Bel-Air Fine Art a ouvert un pop-up depuis quelques mois. « Nous avons vendu près de 50 œuvres d’artistes exposées en quelques semaines seulement, se réjouit le fondateur qui souhaite déjà mener d’autres projets dans ce sens à Genève. Nous avons enregistré des milliers de visiteurs durant l’exposition d’Orlinski. Les deux tiers n’étaient jamais entrés chez Bel-Air Fine Art. Beaucoup n’osent malheureusement pas pousser la porte d’une galerie. Nous aimerions remédier à cela. Une galerie doit être un lieu vivant où l’on vient échanger, ressentir les œuvres et avoir une interaction avec elles. »

pour mettre en scène leurs œuvres. » Il les considère tous comme « ses enfants » malgré leur même défaut, qu’il reconnaît sourire en coin : celui d’avoir souvent un ego surdimensionné, qui serait toutefois intrinsèque à la qualité de leur travail. « La plupart de nos artistes sont comme des vedettes du show-business, mais sont aussi des patrons de PME qui gèrent des ateliers. Ils sont des acteurs à succès d’un modèle économique mondialisé qui s’appelle le marché international de l’art. »

Installé depuis 2007 en Suisse et dorénavant résident de CransMontana – où se trouve la holding du groupe –, François Chabanian a des origines arméniennes et italiennes. En 2019, il a obtenu la nationalité suisse. « Mes origines sont importantes, c’est pour cela que j’organise tous les trois ans une exposition d’artistes arméniens. »

La galerie Bel-Air Fine Art Genève DR

COUP DE CŒUR HORLOGER [

N° 09

PELAGOS FXD

LA MONTRE DES PROFONDEURS Le nouveau modèle de la Pelagos FXD de Tudor est un hommage aux montres de plongée créées par la marque pour les nageurs de combat de l’US Navy pendant des décennies. TEXTE [[[ Isabelle Cerboneschi

udor est connue pour savoir créer des garde-temps qui sont de véritables outils accompagnant ceux qui les portent durant leurs activités. La marque s’est peu à peu spécialisée dans les montres de plongée. La collection Pelagos est un hommage aux modèles portés par les plongeurs de l’US Navy pendant des décennies et ce, jusqu’aux années 1980. Les montres de plongée Tudor ont été testées par des unités de la marine américaine dès le milieu des années 50. En 1958, la marine les a officiellement adoptées afin de les remettre à ses plongeurs opérant dans diverses unités. Le modèle Pelagos FXD s’inscrit dans la droite ligne de ces montres : elle représente une version moderne de la célèbre « Milsub » (pour Military Submariner). Elle est dotée de barrettes de bracelet fixes usinées dans la masse de la boîte en titane, d’un calibre manufacture haute performance et d’une

lunette tournante unidirectionnelle en titane avec un insert en céramique rempli d’une matière lumineuse qui permet de lire le temps de plongée écoulé. Son boîtier en titane de 42mm a été entièrement satiné afin d’obtenir un effet mat qui limite les reflets lorsque l’on se retrouve sous les mers. Historiquement, les plongeurs de l’US Navy portaient leurs montres Tudor avec des bracelets en tissu, généralement fabriqués en une seule pièce, en nylon noir ou vert. Pour rester dans la tradition, le bracelet de la Pelagos FXD est en nylon tissé couleur vert forêt parcouru d’une bande centrale rouge. Le bracelet en tissu est l’une des marques de fabrique de Tudor depuis 2010. La manufacture les fait tisser dans la région de Saint-Etienne, par l’entreprise Julien Faure, sur des métiers Jacquard du XIXe siècle. Quand un savoir-faire se met au service d’un autre savoir-faire. Son prix : CHF 3’900.-

[ JOAILLERIE

DÉCEMBRE 23

QUAND LES PIERRES RACONTENT UNE HISTOIRE De la mine du Sri Lanka jusqu’à la main d’une femme, Elke Berr transforme les pierres précieuses en véritables bijoux originaux. Portrait de cette entrepreneure passionnée au parcours à succès.

TEXTE [[[ Julie Mueller

urnommée « l’Indiana Jones au féminin » pour son goût de l’aventure, Elke Berr a su se tailler une place de choix dans le monde ultra privé des pierres précieuses. Chercheuse de trésors innée portée par la passion, elle se voit influencée quelque peu par ses parents, eux-mêmes dans le domaine, mais vole de ses propres ailes dès 17 ans. « Pour mon travail de Baccalauréat, je me suis rendue dans une mine du Sri Lanka pour retracer le circuit d’une pierre précieuse. Cela me captivait déjà à l’époque et, par la suite, cet intérêt ne m’a jamais quitté », témoigne Elke Berr qui finit par étudier la gemmologie en Allemagne, son pays d’origine. Parmi les rares femmes du métier, elle apprend à sculpter les pierres, les fondamentaux de la bijouterie et assortit le tout d’une formation en art. Engagée par une célèbre maison de joaillerie genevoise, elle traverse les contrées helvétiques pour rejoindre Genève, où elle rencon-

trera son mari, Thomas. « Il était spécialiste en marketing et je souhaitais retourner à la source, dans les mines. Nous avons donc lancé notre société de négoce Berr & Partners en 1986 », précise l’entrepreneure. Durant plusieurs années, tous deux parcourent le monde à la recherche des pierres les plus fines, tout droit sorties des entrailles de la terre. A commencer par celles de Thaïlande, dans une mine de Chanthaburi, puis en Birmanie, au Brésil et dans une multitude d’autres endroits isolés auxquels aucun Européen ne s’aventurait à l’époque. L’AUDACE À PORTÉE DE MAIN Puis les années passent, mais pas l’envie. En contact régulier avec les bijoutiers pour vendre ses précieuses trouvailles, Elke Berr se découvre, au fil du temps, le désir d’aller au bout du cheminement : celui de créer ses propres bijoux. « En 2003, Elke Berr Créations naît

en même temps que mon fils », se remémore-t-elle. Dès les premières lignes, la marchande de pierre devenue créatrice comprend qu’il n’est plus question de rester en retrait mais qu’il faut désormais se montrer à des salons internationaux et porter sa marque aux yeux de tous. Une marque qui tente l’audace : « Je voulais proposer des pièces colorées pour des femmes sûres d’elles, qui souhaitent se démarquer. Mes pierres sortaient, d’ailleurs, elles aussi, des sentiers battus. J’ai, par exemple, été une des premières à utiliser le Paraíba, il y a quinze ans, et j’ai découvert la Spinelle, tout comme j’ai inventé des tailles inhabituelles. » Des bijoux inspirés par les pierres, la nature et les notes ondulées, racontant chacun à leur façon une histoire. « C’est un héritage à transmettre à sa famille, une pierre d’un autre genre que celui de l’immobilier mais tout autant valeur refuge. D’autant qu’on peut le personnaliser comme on décorerait un appartement », décrit Elke Berr qui se montre très exigeante sur la provenance, le choix et la qualité de ses pierres. Si bien qu’Elke Berr Créations habille les stars et s’affiche depuis plusieurs années sur les tapis rouges.

N° 09

Le collier Tella est serti d’un saphir bleu royal de Ceylan non chauffé, amovible pesant plus de 45 carats.

« JE VOULAIS PROPOSER DES PIÈCES COLORÉES POUR DES FEMMES SÛRES D’ELLES, QUI SOUHAITENT SE DÉMARQUER. Récemment, le DJ Bob Sinclar a d’ailleurs fait appel au savoir-faire de la créatrice pour un pendentif à l’esprit « Serge Gainsbourg » pour lui et ses enfants. Ce qui a influencé la dernière collection capsule de la Maison, « Rock’N Rose », à destination des hommes comme des femmes, ajustable et en or recyclé.

Toutes ses créations sont visibles sur le site www.elkeberr.com

L’ENJEU DE LA TRAÇABILITÉ Recycler et sertir tout en certifiant…voilà l’un des récents défis auxquels doit s’adapter l’experte en pierres précieuses. « En trente ans, ce métier de passion a beaucoup évolué. Aujourd’hui, votre site internet s’appelle Instagram et la présentation de bijoux passe surtout par la vidéo et de belles photos. Il faut rester à la page et pouvoir, plus que jamais, retracer le parcours de ses pierres », assure la gemmologue. Pour cela, Elke Berr a opté pour la blockchain. En collaboration avec l’Université de Genève, la créatrice espère ainsi figurer parmi les premières marques suisses à instaurer la certification sûre et transparente de pierres précieuses par le bais de cette technologie. Une nouveauté attendue pour février prochain.

[ HORLOGERIE

DÉCEMBRE 23

FRANÇOIS-PAUL JOURNE

UN HORLOGER VISIONNAIRE NUMÉRO UN AUX ENCHÈRES En fusionnant artisanat traditionnel et innovation audacieuse, F.P.Journe se distingue avec ses créations uniques, attirant les collectionneurs du monde entier en quête de pièces exceptionnelles. TEXTE [[[ Chantal de Senger

C’

est en tenue de travail, blouse d’horloger bleue sur lui, que François-Paul Journe nous a reçu dans sa manufacture située à la rue de l’Arquebuse à Genève. 2023 est une année importante pour l’horloger genevois. Il a, en effet, inauguré un nouveau bâtiment de 2000 m2 à Meyrin consacré à la fabrication des boîtiers F.P.Journe. La manufacture y conçoit également les cadrans de la marque et ceux de plusieurs autres maisons de haute horlogerie. Le créateur genevois ne s’est d’ailleurs pas cantonné au monde de l’horlogerie puisqu’il a ouvert, mi-octobre, le restaurant F.P.Journe à la rue du Rhône dirigé par le chef Dominique Gauthier. Interview d’un génie des mouvements horlogers qui se démarque par sa franchise, son savoir-faire et son indépendance dans l’industrie compétitive de la mesure du temps. Vous venez d’inaugurer un tout nouveau bâtiment à Meyrin spécialement dédié aux cadrans et aux boîtiers. Racontez-nous ce projet. Ce projet a vu le jour il y a trois ans avec l’achat d’une usine abandonnée rue de Veyrot. Nous avons reconstruit tout le site afin d’améliorer les conditions de travail de nos artisans. Nous essayons, en effet, de tout fabriquer à l’interne afin

de préserver le savoir-faire lié à l’horlogerie. C’est ce qui façonne l’identité de notre marque. Contrairement aux attentes habituelles d’un tel investissement, l’objectif n’était pas d’augmenter la production, mais bien de mettre l’accent sur la qualité des machines et le bien-être des employés… En effet, la clé de la réussite, c’est de garder son personnel. En lui offrant des conditions de travail agréables avec des outils de production modernes, il va mieux travailler. Nous avons, d’ailleurs, de nombreux collaborateurs qui travaillent chez nous depuis plus de vingt ans. En mai dernier, Christie’s a organisé la plus grande vente aux enchères consacrée exclusivement à une marque, la vôtre. Qu’avez-vous ressenti ? En réalité, j’ai appris cela fin janvier. C’est un collectionneur américain qui a vendu toute sa collection, soit 40 montres. Nous ne connaissons pas la raison qui l’a poussé à les vendre. Personnellement, je n’aime pas m’immiscer dans le second marché que je ne contrôle pas. Vous êtes pourtant la 3e marque la plus demandée aux enchères, après

Patek Philippe et Rolex ? En réalité, je suis la première en termes de ratio nombre de montres/prix. Mais également sur la performance par rapport à l’estimation. Comment l’expliquezvous ? Il faut demander cela aux personnes qui les achètent. Nos montres sont rares et apparemment elles plaisent. La cote est beaucoup montée ces dernières années. Vous êtes vous-même attentif aux enchères ? Je n’ai pas le temps d’assister à toutes les ventes aux enchères, mais je trouve les résultats toujours très intéressants. J’ai, moi-même, acheté deux montres pour notre service patrimoine. Les ventes sont aussi l’occasion de rencontrer des collectionneurs et comprendre ce qu’ils recherchent. Vous êtes l’unique triple vainqueur de l’Aiguille d’or du GPHG. Pourquoi avez-vous décidé de ne plus y participer ? Je me suis retiré du prix après l’édition de 2010 car j’étais apparemment la marque à abattre. Les prix décernés sont souvent politiques. C’est l’une des raisons qui ont poussé de grandes marques à ne plus y participer. Les collectionneurs s’arrachent vos montres, comment l’expliquez-vous ? Si l’on regarde ce que j’ai fait depuis plus de vingt ans dans le prêtà-porter des montres-bracelets, j’ai réalisé presque un mouvement par an avec des complications très différentes. Les autres marques ne font pas ça. J’ai toujours entrepris ce que j’avais envie de faire, avec mon style et mon caractère. Je n’ai jamais copié aucune marque, ni écouté de conseils extérieurs. J’ai toujours fait à ma manière. Qui sont vos clients ? Des passionnés de mouvements, des collectionneurs et, parfois aussi, hélas, des investisseurs. D’ailleurs, même si nos montres de seconde main se revendent deux ou trois fois le prix, je n’augmente pas mes prix. Je ne vais pas punir mes clients fidèles.

François-Paul Journe et le chef Dominique Gauthier devant le nouveau restaurant F.P.Journe.

Est-ce facile d’acheter l’une de vos montres ? Les boutiques gèrent les commandes avec des listes de souhait. Chaque vendeur va créer une relation avec le client, pour le connaître. S’il estime qu’il s’agit d’un spéculateur, il ne lui vendra pas la montre. Aucune montre n’est disponible tout de suite en magasin. Vous venez d’ouvrir le restaurant F.P.Journe à la rue du Rhône. Etait-ce un vieux rêve ? Pas du tout. Je me suis toujours dit que c’est très bien de cuisiner pour des amis, mais que la restauration est un métier trop compliqué. En 2014, avec mon ami Stéphane Barbier-Mueller, nous avons décidé, durant un repas – qui fut le plus cher du monde (rires) – de reprendre le Relais de l’Entrecôte. Nous l’avons transformé en restaurant de viande (le 49 Rhône), qui n’a malheureusement pas fonctionné. Puis nous avons donné les clés à Philippe Chevrier dont le concept Marjolaine n’a pas pris non plus. Ensuite, nous avons dû fermer en 2019 pour effectuer des travaux de structure. Je voyais cet emplacement vide au milieu des

boutiques de luxe, depuis longtemps. Il fallait absolument faire quelque chose avec.

clients qui veulent m’inviter dans mon propre restaurant (rires).

Les deux concepts qui ont échoué auparavant ne vous ont donc pas refroidi ? Non, car je n’aime pas rester sur une défaite. Nous avions cet emplacement magique. Il fallait mettre F.P.Journe, cela faisait plus de sens. Nous sommes coactionnaires avec Stéphane Barbier-Mueller, mais il m’a laissé les mains libres.

Pourriez-vous ouvrir d’autres restaurants ? On me l’a déjà proposé, notamment en Arabie saoudite. Mais pour l’instant ce n’est pas prévu.

Et vous avez engagé Dominique Gauthier qui était le chef étoilé du Chat-Botté au Beau-Rivage… Un ami commun m’a parlé de Dominique. Je lui ai dit ce que je voulais faire, soit une cuisine à la hauteur de ce que je fais dans l’horlogerie. Il avait la même idée. Je me suis occupé du décor, lui de la carte. Et nous ne souhaitons surtout pas d’étoile. Depuis l’ouverture, ça ne désemplit pas… C’est vrai. J’ai même des

Que rêveriez-vous de faire encore ? J’ai encore beaucoup de choses à faire. Notamment, de me mettre au travail pour réaliser la montre de 20262027. Ce qui est difficile, en proposant pratiquement chaque année un nouveau mouvement, c’est de trouver de nouvelles idées et d’être original. Votre succession est-elle déjà prévue ? Il y a des choses qui sont déjà activées. Les propriétaires de Chanel sont actionnaires à 20% de la marque, ils restent une garantie en cas de soucis. Il s’agit d’une maison indépendante qui partage les mêmes valeurs que F.P.Journe. Ce sont les meilleurs actionnaires puisqu’ils me laissent faire ce que je veux.

[ A RT

DÉCEMBRE 23

L’ACTIVISTE AQUI THAMI REMPORTE LE PRIX HUBLOT TEXTE [[[ Mary Vakaridis

«P

Doté de 80’000 francs, le Hublot Design Prize 2023 récompense le travail de cette artiste indienne pour qui l’art est indissociable de l’engagement.

Lauréate du Hublot Design Prize 2023, Aqui Thami est une créatrice émergente sur la scène internationale. L’artiste et activiste est basée à Mumbai.

Rachel King

our moi, l’art est un activisme. C’est un moyen de guérison, une médecine, une paire de lunettes pour voir le monde. » Artiste indienne issue des communautés indigènes de l’Himalaya, Aqui Thami est une créatrice émergente sur la scène internationale. Installée à Mumbai en Inde, la jeune femme de 34 ans a récemment effectué une résidence artistique en Suisse sous les auspices de la Fondation Helvetia. Cette artiste vibrante d’énergie est la lauréate de l’édition 2023 du Hublot Design Prize, doté de quelque 80’000 francs. Au début du mois d’octobre, elle était à Zurich pour recevoir le prix des mains du CEO de la marque horlogère, Ricardo Guadalupe. Celui-ci a déclaré : « Le design est dans l’ADN de Hublot, et nous sommes fiers de pouvoir récompenser le talent de jeunes designers du monde entier, et de contribuer à stimuler leur carrière ». Très engagée en faveur de la communauté de femmes à Mumbai, Aqui Thami prend des risques chaque jour, à travers les actions qu’elle organise. Sa marque de fabrique est son attitude positive, en toute circonstance. Consciente de l’importance de l’éducation, elle a fondé la Sister Library, première bibliothèque féministe d’Asie du Sud, gérée par la communauté locale. Ses moyens d’expression vont de la performance à l’affichage sauvage en passant par le design graphique. Le jury a souligné sa pratique multidisciplinaire fluide qui se reflète dans les dessins, les posters, les zines (magazines auto-produits) et les œuvres d’art qu’elle crée pour financer ses activités. Présidé par Hans Ulrich Obrist, directeur artistique de la presti-

N° 09

IIris Rijskamp

Gabriel Fontana a reçu le Prix Pierre Keller. Le Français basé à Rotterdam revisite l’univers du sport dans l’objectif de créer un impact positif en matière d’identité et d’inclusion.

gieuse Serpentine Gallery à Londre, le jury a décerné le Prix Pierre Keller à Gabriel Fontana pour son travail autour du sport comme outil de redéfinition des rôles et des normes sociales. Le Français basé à Rotterdam remporte une récompense de 20’000 francs. Ce designer utilise son art pour créer un impact positif notamment en matière d’identité et d’inclusion. Le designer joue aussi avec les uniformes en développant des vêtements non stigmatisants pour les activités sportives et collectives. Figurant parmi les finalistes, le Trifle Studio de Londres se distingue comme le premier atelier multidisciplinaire du Royaume-Uni composé d’artistes et de designers avec des troubles d’apprentissage ou porteurs de handicap. Remettant en question les idées préconçues, leur travail créatif inclut la mode, les textiles, l’illustration ou la déco. Les motifs vifs et colorés de ces artistes ont captivé l’attention des participants à la cérémonie de remise de prix. Créé en 2015 et doté de 100’000 francs, le Hublot Design Prize a pour vocation de saluer le design d’auteur et d’encourager de jeunes talents de moins de 40 ans. La composition du jury reflète la diversité culturelle au niveau mondial. Chaque juré est appelé à sélectionner 5 candidats, dans l’objectif de montrer la richesse de la création à l’échelle de la planète. Fortement impliqués dans le contexte social, les six finalistes sont tous issus de disciplines et d’horizons très différents. Ils ont marqué l’édition 2023 par leur vision engagée en faveur des enjeux sociétaux, environnementaux et d’égalité.

Kristy Noble

Réunissant des créateurs en proie à différents troubles, le Trifle Studio de Londres se distingue pas des créations aux motifs vifs et colorés.

[ CINÉMA

DÉCEMBRE 23

15 e FESTIVAL LUMIÈRE

WIM WENDERS À L’HONNEUR

Olivier Chassignole

Durant dix jours, plus de 200’000 festivaliers ont assisté à des projections de films à Lyon où l’on pouvait croiser les plus grands réalisateurs et stars du cinéma français. Le magazine PRESTIGE était l’invité de la maison Chopard, partenaire de l’événement depuis 2015. TEXTE [[[ Chantal de Senger

PRIX LUMIÈRE Le festival a, par ailleurs, créé le Prix Lumière, conçu par Thierry Frémaux, directeur de l’institut Lumière de Lyon et délégué général du festival de Cannes, avec l’aide de Bertrand Tavernier. L’idée ? Récompenser une carrière de cinéma exemplaire. Cette édition a, ainsi, distingué le réalisateur Wim Wenders qui a réincarné le renouveau du cinéma allemand et européen au tournant des années 1970-1980. Les thématiques de ses films sont l’errance, le voyage, la solitude mais aussi une certaine mythologie du road trip à l’américaine que l’on retrouve dans des films comme Alice dans les villes, Faux mouvement, Au fil du temps ou encore L’ami américain. Quant aux deux longs-métrages Paris, Texas, palme d’or du Festival de Cannes en 1984 et Les Ailes du désir (1987), ils resteront gravés longtemps dans la mémoire des cinéphiles. En 2023, Wim Wenders a sorti deux nouveaux films : Anselm – Le bruit du temps et Perfect Days. CHOPARD ET SON AMOUR POUR LE CINÉMA « Source d’émotion, vecteur d’évasion, le cinéma est un travail d’artisanat dans lequel chaque détail compte, tout comme dans la création horlogère et

Thalia Besson porte une paire de boucles d’oreilles issue de la Collection L’Heure du Diamant, une bague issue de la Collection Haute Joaillerie ainsi que des bracelets issus de la Collection Ice Cube de la Maison Chopard, le tout en or éthique blanc.

joaillière » explique Caroline Scheufele, coprésidente et directrice artistique de la Maison Chopard, qui en pince depuis longtemps pour le monde du cinéma. L’entreprise familiale, est, en effet, partenaire du Festival de Cannes depuis 1998, année où elle commença à dessiner la célèbre Palme d’or. Depuis 2015, Chopard est également partenaire du Festival Lumière en apportant son soutien au dîner donné en l’honneur du Prix Lumière ainsi qu’à la sélection « Trésors et Curiosités » qui met en avant des films peu connus mais indispensables à la vitalité du 7e art. Elle valorise en effet, le travail conséquent et actif des cinémathèques et des archives du monde entier pour restaurer et faire vivre les trésors du cinéma classique. L’histoire d’amour entre Chopard et le cinéma est aussi à l’origine du Trophée Chopard, remis chaque année depuis 2001 à une jeune actrice et un jeune acteur émergents de la scène internationale. A Lyon, la marque genevoise a parrainé Thalia Besson, jeune actrice et fille du réalisateur Luc Besson qui débute une carrière dans le cinéma.

u 14 au 22 octobre dernier a eu lieu la 15ème édition du Festival Lumière à Lyon en hommage aux Frères Lumière, inventeurs du cinéma en 1895. Durant l’événement, 180 films ont été projeté sur 448 séances. Le Festival Lumière a également l’objectif d’accompagner et de célébrer ce qui se fait de mieux en restauration de classiques ou de films rares. La manifestation entend également redécouvrir les nombreuses réalisatrices importantes et parfois oubliées de l’histoire du cinéma.

LES LAURÉATS PRÉCÉDENTS DU PRIX LUMIÈRE Depuis le lancement du prix, voici les vainqueurs : Clint Eastwood, Jane Campion, Milos Forman, Pedro Almodòvar, Quentin Tarantino, Catherine Deneuve, Ken Loach, Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Gérard Depardieu, Jane Fonda, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Wong Kar-wai, Tim Burton, Wim Wenders (2023)

Galerie Jean Malbuisson 8, 1204 Genève

DESIGN [

LAMPE CLOUD XL

FIAT LUX!

Le 21 décembre sera le jour le plus court de l’année. Diffusons la lumière avec cette lampe Cloud XL en forme de nuage créée par Frank Gehry. TEXTE [[[ Isabelle Cerboneschi

nfant, nous nous sommes tous couchés dans l’herbe, les yeux tournés vers le ciel pour voir passer les nuages qui se transformaient en dragons, en oiseaux, en sorcières aussi parfois. La nature est imprévisible et c’est ce qu’a cherché à transcrire l’architecte américano-canadien Frank Owen Goldberg dit Frank Gehry. Cet amoureux des courbes et des volutes à qui l’on doit le Musée de Bilbao ou encore la Fondation Louis Vuitton à Paris, a voulu transcrire cette nature changeante avec sa lampe Cloud, créée en 2005 avec la société Belux. Ce luminaire en forme de nuage donne une lumière tamisée dont la source est invisible. Il a l’aspect du papier froissé, avec ses bosses et ses creux, alors qu’il est formé d’éléments en forme de coques, fixés les uns aux autres par de petits clips et assemblés à la main. Chaque lampe est donc unique : aucun geste ne peut reproduire l’effet de plissé à l’identique et le possesseur peut y ajouter sa touche en déformant la pièce selon sa volonté.

La lumière est centrale dans le travail de Frank Gehry. En créant Cloud, l’architecte voulait rendre hommage à Isamu Noguchi, le sculpteur et designer américano-japonais à qui l’on doit les célèbres lampes Akari en papier. Le premier prototype de Cloud avait été conçu avec des capsules en papier d’emballage moulées et assemblées avec des agrafes, mais pour des raisons de sécurité, l’architecte a opté pour un matériau plus sûr, inaltérable et qui ne s’enflamme pas: une membrane de polyester qui a été transformée jusqu’à avoir l’aspect d’un papier épais. Les Cloud sont proposés dans quatre tailles différentes et plusieurs versions: les grandes pièces évoquent des nuages que l’on peut suspendre au plafond tandis que les plus petites font penser à des boules de neige moelleuses. Des lampes d’une intense poésie, parfaites pour illuminer l’hiver.

Prix : environ Fr. 2100.www.batiplus.ch

[ A R C H I T E C T U R E D’ I N T É R I E U R

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LA MAISON GALLI CÉLÈBRE PLUS D’UN SIÈCLE DE TRADITION ET D’EXCELLENCE Fondé en 1890, l’atelier spécialisé dans la fabrication de meubles est aujourd’hui dirigé par la troisième génération de la famille Lévy. L’enseigne a aussi développé une expertise dans l’architecture d’intérieur. Rencontre. TEXTE [[[ Chantal de Senger

oanna Choukroun-Lévy, 48 ans, travaille depuis vingt-six ans avec son père Jacques Lévy au sein de la Maison Galli. C’est en 1953 que son grand-père et son grand-oncle, Roger et René Levy, rachètent l’entreprise, alors basée à Carouge, qu’ils déplacent rapidement au sein du nouveau complexe du Plaza, chef-d’œuvre de l’architecture moderniste réalisé par Marc-Joseph Saugey (1952). « Nous avions alors un très grand espace pour exposer nos meubles », raconte Joanna. Afin d’avoir une exposition de leur enseigne au centre de Genève, Galli ouvre

également une boutique à l’angle de la place de Longemalle et de la rue du Rhône. Dans les années 2000, Galli se sépare à la fois de ce corner – vendu à la marque de luxe Versace – et de ses locaux du Plaza pour s’installer en vieille-ville où elle s’y trouve toujours. Situé au Bourg-de-Four, le showroom expose du mobilier et des luminaires sur 400 m2 environ. Quant à la manufacture de 2300 m2 à Meyrin ouverte en 2010, elle fabrique des meubles en bois à la main. Ce sont douze personnes (ébénistes, menuisiers, vernisseurs, courtepointières) qui s’appliquent à la tâche tous les jours pour ravir le choix d’une clientèle exigeante. « Nous faisons du sur-mesure, explique Joanna. Nous proposons aussi des choses différentes comme des essences de bois rares, des placages, des couleurs, des laminages particuliers. L’idée est d’offrir une expertise à la fois traditionnelle et originale. »

« NOS POSSIBILITÉS SONT INFINIES »

Galli Interiors Design Place du Bourg-de-Four 9 1204 Genève Philippe Cramer et Joanna Choukroun-Lévy ont réalisé une collection de meubles ensemble

La Maison Galli est partenaire de nombreuses marques de meubles qu’elle vend à travers son magasin de la place du Bourg-de-Four. Elle est aussi spécialisée dans l’architecture d’intérieur et plus spécifiquement dans tout ce qui se réalise en bois : dressings, tables, bancs ou autres projets réalisés par des architectes. « Nous réinterprétons souvent leur projet afin qu’ils soient réalisables, explique la directrice de l’enseigne. Nos possibilités sont infinies. » Galli travaille principalement pour des privés, mais mène aussi régulièrement des chantiers pour des collectivités, des hôtels et des magasins. « Notre valeur ajoutée est de ne pas être uniquement une menuiserie, mais d’être aussi des architectes d’intérieur. » La maison a décidé cette année de s’associer avec des créateurs contemporains. Le premier partenariat a été réalisé avec le designer genevois Philippe Cramer en mai dernier. L’artiste a, ainsi, dessiné une collection de meubles et d’accessoires d’intérieur spécifiquement pour Galli. Il s’agit d’une dizaine de pièces aux notes colorées qui reflètent l’univers ludique du créateur. Tous les meubles peuvent être personnalisés grâce au choix de l’essence de bois et des couleurs ornementales. Ils sont, bien évidemment, entièrement fabriqués à la main dans les ateliers de Meyrin.

Annick Wetter

APPRENTISSAGE La Maison Galli tient à former des ébénistes, un métier qui tend à se perdre. Plusieurs de ses collaborateurs ont, ainsi, été ses apprentis. Cette année, la manufacture a engagé, pour la première fois, une jeune ébéniste de 21 ans. « Elle a malheureusement rencontré beaucoup de refus », regrette Joanna, qui a souhaité lui donner sa chance. La directrice se désole, toutefois, des contraintes liées à l’engagement d’apprentis et de stagiaires en Suisse. « Ces derniers ne peuvent plus découvrir les métiers du bois. C’est vraiment dommage. Cela laisse beaucoup de personnes sur le carreau. »

[ GASTRONOMIE

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CHANOYU RÉINVENTE L’ART DE LA DÉGUSTATION DE THÉ La nouvelle marque de thé a été adoptée par les plus belles adresses gourmandes de Suisse. La Tea Master, Valérie Peyre, accompagne les chefs et les responsables hôteliers pour améliorer l’expérience du thé. TEXTE [[[ Serge Guertchakoff

omme le résume très bien Valérie Peyre, Tea Master de Chanoyu : « Un bon thé prolonge l’expérience d’un bon repas. » Difficile de passer à côté de la jeune marque fondée par la famille Stäubli. Désormais, outre « M. et Mme Tout-le-monde » qui peuvent passer commande directement en ligne, la soixantaine de références de cette marque peut être dégustée dans des hôtels comme le Grand Hôtel du Lac à Vevey, l’Hôtel Le Grand Chalet à Gstaad, la Réserve à Bellevue (GE), le Six Senses à Crans-Montana ou encore le Bellevue Palace à Berne. Une liste qui est loin d’être exhaustive. ACCORDS METS-THÉS Idem avec les adresses gourmandes. A ce propos, Chanoyu peut s’enorgueillir d’accompagner les clients de l’Hôtel de Ville de Crissier, de la Table du Valrose à Rougemont, ou encore le Schloss Schauenstein d’Andreas Caminada, et Philippe Chevrier. Il faut dire que Valérie Peyre est une vraie passionnée des arômes et des goûts. Elle élabore ses thés comme les chefs imaginent un plat : « Cela part d’une idée, d’une envie, d’une saveur », confie-t-elle. La fondatrice de Chanoyu ac-

compagne fréquemment les chefs. Franck Giovannini a élaboré un parfait glacé aux framboises et éclats de meringue parfumés au Chanoyu Red Fruits. Le pâtissier du Restaurant Guy Savoy a quant à lui créé une recette de dessert soufflé chaud-froid de la même façon. Au Baron Tavernier, le chef Lionel Rodriguez a imaginé une recette d’asperges à l’infusion Nirvana. Citons encore une recette de terrine de filets de perches au thé vert et riz grillé japonais genmaicha inventée par Stéphane

Faval de l’Ecole hôtelière de Genève ou une recette de dessert à la poire et au coing avec une décoction au thé noir Black Diamond. Cette reconnaissance par ses pairs a atteint son sommet le 13 novembre dernier. Date à laquelle s’est déroulée une compétition à Palexpo entre les chefs sélectionnés par l’Académie suisse des Bocuse D’Or (Ndlr. : laquelle détermine qui représentera la Suisse aux éliminatoires continentales pour tenter de décrocher une place parmi les 24 finalistes). Lors d’une des épreuves, ces chefs devaient développer une recette à base d’un thé Chanoyu. FORMER LE PERSONNEL Alors que l’équipe de Chanoyu cherche encore une arcade pour présenter sa collection de thés, avec, si possible, un coin tea-room, Valérie Peyre passe de plus en plus de temps à former les responsables hôteliers. « Il est intéressant de pouvoir travailler avec l’ensemble de l’offre, laquelle va varier selon l’heure et le lieu. Dans le lobby à 15 h, votre envie de thé ne sera pas le même que si vous sortez d’un soin au spa ou pour accompagner un cigare. Le thé est un véritable voyage sensoriel et il participe à l’ensemble de son expérience client. » Si la première étape consiste à élaborer une bonne carte de thés, il vaut la peine de poursuivre en œuvrant avec le barman car il est devenu tout à fait cohérent d’élaborer des cocktails à base de thé. Et, cela va de soi, il y a la collaboration avec le chef pour mettre au point des accords mets-thés. Cela passe par des formations que Chanoyu offre.

La Tea Master Valérie Peyre et le chef étoilé Franck Giovannini

DES EXIGENCES ÉLEVÉES Sarah Stäubli, qui a rejoint récemment l’équipe Chanoyu pour y développer le marketing, ajoute : « Nous ne voulons pas non plus que notre thé soit identifié à quelque chose d’inaccessible. Nous proposons également de grands classiques mais obtenus à partir de cultures bios. Nos thermos sont en bois et en inox. Nos sachets sont compostables et nos filtres sont bruns car la cellulose n’a pas été javellisée. En résumé, nous voulons rester proches de la nature. » Sa collègue poursuit : « Le problème n’est pas de trouver du thé bio, mais ce sont les chan-

gements climatiques et leurs conséquences sur les cultures : inondations, sécheresses. » Les trois principales exigences de Chanoyu pour sélectionner ses thés sont de travailler avec les hauts plateaux. Là où il y a des terroirs offrant des bouquets aromatiques intéressants; il faut que les récoltes aient été effectuées de manière manuelle; et, enfin, la marque suisse ne va utiliser que le bourgeon et les trois premières feuilles du théier. « Cette exigence de travail s’appuie également sur

une forte éthique et des valeurs importantes comme le respect des conditions de travail ». Le groupe dispose d’une deuxième marque, Teabo. Elle partage également des caractéristiques notables, étant bio, suisse, avec un engagement écoresponsable, un emballage recyclable et une traçabilité des produits. www.chanoyu-tea.ch - www.teabo.ch

Valérie Peyre, qui s’était fait connaître en cofondant Tekoe en 2004 (cédé à des investisseurs en 2019), va encore au-delà. « Je peux offrir à certains établissements des thés « signature ». Il s’agit alors de créations uniques, qui ne seront servies que dans cet établissement.» La Tea Master élabore alors la boisson comme un nez le fait pour un parfum, en fonction du lieu, des souhaits du client, etc. A ce jour, elle en a déjà réalisé deux. « Il y a une vraie création gustative et olfactive, laquelle ne doit représenter aucun risque sanitaire. En effet, il est par exemple déconseillé de boire des extraits d’edelweiss », relève Valérie Peyre.

[ V OYAG E

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La Turquie a soif de montrer ce dont elle est capable en matière vitivinicole. Et c’est à Thrace, dans la partie européenne de la désormais Türkiye, aux frontières de la Bulgarie et des mers Noire, de Marmara et d’Égée que nous sommes allés déguster ses crus. TEXTE [[[ Chantal de Senger

SUR LA ROUTE DES VINS DE

N° 09

représente seulement 0,05% de la production mondiale de vin. Elle ne produit, en effet, « que » 53 millions de litres annuellement, soit une quantité équivalente à celle du Valais. La plupart étant consommée localement même si les producteurs poussent à l’exportation. Ainsi, malgré la faible quantité de vin produite en Turquie, le pays revendique une véritable culture et histoire viticoles. Cela fait une dizaine d’années qu’elle entend le faire savoir en améliorant la qualité de ses vins et en développant l’œnotourisme notamment à Thrace, une région située à 250 km d’Istanbul qui a longtemps été délaissée par les circuits touristiques au profit de la Cappadoce, Bodrum ou encore Antalya. Le coin possède pourtant de nombreux atouts. Il se situe le long du littoral de la mer de Marmara, mais détient également un riche patrimoine culturel dont fait partie le Mémorial des martyrs Çanakkale. Guerre de Troie, épopée d’Alexandre le Grand, conquête de Constantinople, de grands chapitres de l’Histoire se sont joués ici. Sans compter que la région possède un terroir idéal pour planter des vignes. Tour d’horizon :

ls s’appellent Narince, Öküzgözü, Emir ou encore Papazkarasi. Ce sont quatre parmi la soixantaine de cépages indigènes que compte la Turquie. Mais afin de satisfaire le palais des Turcs, le pays a également planté un très grand nombre de raisins étrangers tels que le cabernet sauvignon, le merlot ou encore le chardonnay. Cela, au grand regret d’experts internationaux tels que José Vouillamoz. « Le pays, dont l’histoire viticole est très ancienne, ne devrait proposer que des cépages autochtones afin que les vins turcs gardent toutes leurs spécificités », estime l’ampélologue valaisan et historien du vin, très réputé en Turquie. Mais les professionnels sur place ne sont pas dupes. Les Turcs, dont la politique en termes d’alcool est très sévère, n’ont pas l’habitude de consommer les délices de Bacchus. Officiellement, à peine 10% de la population se laisserait tenter par de l’alcool, et le plus souvent par la boisson nationale, le raki, une eau-de-vie aromatisée à l’anis. Ainsi, même si le pays est le cinquième plus grand producteur de raisins du monde – 95% étant consommés frais ou secs –, la Turquie

[ V OYAG E

DOMAINE CHAMLIJA A quelques kilomètres de chez Zeynep se trouve Mustafa Çamlica, qui possède le domaine de Chamlija. Celui qui a longtemps été homme d’affaires à Istanbul est aujourd’hui l’un des plus grands producteurs de la région. Sa fille İrem, qui a étudié au Central Saint Martins de Londres, a dessiné toutes les étiquettes des flacons. Avec 130 hectares et 240’000 litres de vin, Mustafa produit près de 40 crus différents. Il a pourtant seulement débuté en 2008, en rachetant petit à petit des parcelles et en plantant des vignes. C’est de nouveau une femme qui est l’œnologue de la maison, Selin Ozdermir Baran. Sans irrigation, ses vins sont qualifiés de minéraux. Les vins rouges, quant à eux, sont réalisés à la manière bourguignonne, soit grâce à une fermentation sans égrappage. Aujourd’hui, Mustafa exporte même en Suisse où certains de ses flacons se vendent entre 20 et 30 francs. Son albariño, noté 16,5 par la revue Vinum, est quant à lui proposé au prix de 300 francs à l’aéroport d’Istanbul. « Le secteur du vin est encore trop petit pour intéresser des géants comme Robert Parker », regrette Mustafa. Il a pu toutefois compter sur les venues des experts Jancis Robinson et José Vouillamoz dans son domaine. BENGODI BOUTIQUE HOTEL Çanakkale, à quatre heures de route d’Istanbul, petite ville située sur les bords du détroit des Dardanelles. C’est là que nous nous arrêtons pour découvrir le Bengodi Boutique Hotel inauguré en 2021 par des investisseurs d’Istanbul. Le domaine possède un spa, un restaurant, et deux vignobles. L’un sur la péninsule de Gallipoli et l’autre près du bassin de la rivière Gediz. Cette région, qui anciennement produisait du coton, du

DOMAINE ARCADIA/BAKUCHA VINEYARDS HOTEL & SPA Aujourd’hui, ce sont principalement des femmes qui sont à la tête des domaines. Ce sont elles aussi qui travaillent à la cave comme œnologues et dans les vignes durant les vendanges. A l’instar de la Stambouliote Zeynep Arca Şallıel qui a fondé avec son père Özcan Arca le domaine Arcadia Vineyards en 2005 qu’elle gère entièrement. Au milieu des vignes, père et fille ont fait construire le Bakucha Vineyard Hotel afin de proposer aux touristes une offre globale qui allie hôtellerie de luxe, gastronomie et dégustation de vins. Les plus chanceux ont également la possibilité d’acquérir une parcelle avec villa au milieu du vignoble de 35 hectares, cela afin de « créer une véritable communauté autour du vin », explique Zeynep Arca. Aujourd’hui, acteurs de cinéma, hommes d’affaires et même des Genevois sont propriétaires de résidences dans ce clos de 200 hectares, véritable «petit paradis sur Terre (Arcadia en français). On y trouve également des vergers, des champs de céréales, de lavande et des chênes truffiers, le tout conduit en bio, évidemment. Ces excellents produits alimentent le restaurant de l’hôtel. Arcadia est le seul domaine en Turquie à produire des vins doux à base de botrytis.

« LE PAYS, DONT L’HISTOIRE VITICOLE EST TRÈS ANCIENNE, NE DEVRAIT PROPOSER QUE DES CÉPAGES AUTOCHTONES AFIN QUE LES VINS TURCS GARDENT TOUTES LEURS SPÉCIFICITÉS » José Vouillamoz, ampélologue valaisan et historien du vin

Umut Kebabci

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SUVLA Fondée en 2012, Suvla est une entreprise familiale de production de vin et de viticulture située à Eceabat près du détroit des Dardanelles. Avec 700 hectares de vigne, le domaine a une capacité de production de 5 millions de litres de vin. Ici aussi on a fait appel à un consultant français pour produire des vins biologiques depuis 2013. La cave moderne abrite un concept store ainsi qu’un moulin à huile d’olive traditionnel. Suvla produit également de nombreux ingrédients naturels. Pâtes et pizzas « faites maison » y sont proposées en même temps que des dégustations de vin.

Zeynep Arca Şallıel a fondé avec son père Özcan Arca le domaine Arcadia Vineyards en 2005 qu’elle gère entièrement

ADRESSES

Bakucha Vineyard Hotel & Spa Hamitabat Köyü Lüleburgaz, 39750, Kirklareli www.arcadiavineyards.com

Mi-septembre, l’Office du tourisme de Turquie organisait un voyage de presse avec quelques journalistes suisses afin de partir à la découverte de Thrace et de ses producteurs de vin. Ce sont majoritairement des femmes œnologues, sommelières et propriétaires qui organisent les visites des caves et les dégustations. En effet, les femmes occupent 65% des emplois dans la viticulture turque. « Les hommes seraient trop paresseux pour travailler dans cette filière », nous ont expliqué nos hôtes.

Bengodi Boutique Hotel Ismetpasa Mah, Rue Topçular 42, Eceabat www.bengodi.com.tr Hôtel Caeli et Caeli Winery Bahsi Mevkii No 423 Kumköy Village Eceabat Çanakkale www.caeli.com.tr Suvla Wine Factory İsmetpaşa, 17900 Çınarlıdere Mevkii Eceabat, Çanakkale www.suvla.com.tr

Le Bengodi Boutique Hotel, inauguré en 2021 possède deux vignobles.

Le domaine de Chamlija Irem Çamlıca Bağcılık ve Şarapçılık Limited Şirketi Büyükkarıştıran Lüleburgaz Kırklareli www.chamlija-wine.com DR

CAELI WINERY ET HÔTEL CAELI C’est au milieu des vignobles que se trouve l’Hôtel Caeli, véritable bijou de 21 chambres au design différent avec plus de 39 œuvres d’art contemporaines disséminées un peu partout. Une gigantesque œuvre rouge en face des vignes, Porta Caeli (La Porte du Ciel) a été conçue par Seçkin Pirim, l’un des plus importants sculpteurs de Turquie. L’œuvre a inspiré les étiquettes du domaine dont les noms sont « peace », « love », « happiness » ou encore « heaven ». Construit il y a une petite dizaine d’années par des industriels turcs, l’Hôtel Caeli ressemble à un musée au milieu des vignes. Le restaurant propose principalement des produits de sa propre ferme et de son jardin écologique. Un spa by Caudalie (produits à base de raisins) est également à disposition de la clientèle. Quant aux amateurs de crus, ils peuvent visiter la cave ultramoderne de plus de 12’500 m2 dirigée de nouveau par une femme. Elle n’y produit que des vins bios. Le domaine a également fait appel à l’expertise du consultant star Michel Rolland pour élaborer une partie de ses crus à la manière « bordelaise ». En effet, ici, seuls des cépages français ont été plantés, les propriétaires turcs étant des fans absolus de l’Hexagone et des bordeaux.

lin et du sésame, s’est complètement reconvertie dans la vigne. Pourtant, selon le sommelier de l’Hôtel Bengodi, Murat Yankı, la vigne et son fruit, le raisin, ont été cultivés pour la première fois en Anatolie orientale, dans le Caucase et dans le nord de la Mésopotamie à peu près à la même époque, soit il y a plus de 6000 ans. Passionné, Murat Yankı a fait construire le Musée Asmadan dédié à l’histoire du vin au sein de l’Hôtel Bengodi. Le Turc qui parle parfaitement français, italien et japonais a fait ses écoles en Italie et en France. Il nous parle lui aussi de José Vouillamoz, une « référence au niveau des cépages et de l’histoire du vin ». Au petit matin, ce dernier nous emmène au domaine Asmadan pour vendanger. « Le vin se fait au vignoble », explique Murat. De ce côté-ci, il y a 28 hectares plantés, pour la plupart des cépages français : merlot, cabernet franc, cabernet sauvignon et petit verdot. « Les Turcs préfèrent boire les cépages étrangers, regrette Murat. Le risque est que les producteurs arrachent les vignes autochtones pour ne planter que du cabernet. »

www.goturkiye.com

[ I D É E W E E K- E N D

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C Située dans la pittoresque région de la Charente, la ville de Cognac évoque immédiatement des images de tradition et de délices pour les amateurs de spiritueux. Zoom sur cette ville aux mille saveurs.

ognac n’est pas qu’une eaude-vie, il s’agit aussi d’une ville empreinte d’histoire et de culture située à 1h30 de l’aéroport de Bordeaux. Fondée au Moyen Âge, la ville a prospéré grâce à son emplacement stratégique sur les rives de la Charente qui lui a permis, à ses débuts, de développer le commerce du sel. C’est toutefois au XVIIe siècle que Cognac acquiert sa renommée mondiale grâce à la distillation de son eau-de-vie du même nom. Aujourd’hui, Cognac ne cultive pas moins de 10% du vignoble français, principalement du Ugni Blanc. La région compte près de 4400 viticulteurs et 265

maisons de négoce. Parmi les plus réputées, citons Hennessy, Rémy Martin, Martell ou encore le Château Royal de Cognac – monument historique qui a vu naître François Ier – dont les spiritueux produits sont détenus à 25% par la star américaine Jay Z et à 75% par le groupe Bacardi. Chacune de ces maisons a son style et ses secrets de fabrication jalousement gardés. Des visites sont régulièrement organisées, dont l’une à la maison Hennessy qui propose une véritable expérience de réalité virtuelle autour de l’histoire de cette eau-de-vie. Rappelons que le cognac est un brandy vieilli dans des fûts en chêne produits dans la région. C’est un processus complexe qui confère au brandy

Destination Cognac

COGNAC

Le jardin public de Cognac peut être visité.

UNE VILLE RICHE EN HISTOIRE ET EN SAVEURS TEXTE [[[ Chantal de Senger

ses saveurs subtiles et sa profondeur. Cet alcool qui est exporté à 98% dans 150 pays, majoritairement aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique se déguste principalement sous forme de cocktail, notamment avec du Schweppes Agrum’.

Destination Cognac

Le cognac est vieilli dans des fûts de chêne jusqu’à 40 ans.

ACTIVITÉS À COGNAC La visite des distilleries de Cognac n’est pas la seule activité à faire dans la région. Il y a la possibilité de se balader dans le centre-ville pittoresque de Cognac avec ses ruelles pavées, ses églises anciennes et ses maisons à colombages. Le Musée des Arts du cognac qui présente l’histoire et la culture de cette boisson est également à découvrir. Il y a aussi la possibilité de profiter d’une croisière sur la Charente pour admirer la beauté de la région depuis l’eau. Ou encore de visiter Le Jardin Public, l’un des rares jardins à l’anglaise classés ouverts au public. Autre attraction : la visite de la Noyeraie des Borderies détenue par Michel Vidal et sa fille Cécile qui produit des cerneaux, de l’huile de noix, de la moutarde, des biscuits et toutes sortes de délices à base de ce fruit à coque.

[ I D É E W E E K- E N D

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Chais Monnet est un ancien entrepôt de cognac transformé en hôtel 5 étoiles.

COGNAC EN CHIFFRES 150 pays importateurs

3.9

L’HÔTEL CHAIS MONNET & SPA Ouvert en 2018, l’hôtel Chais Monnet a été racheté par l’entrepreneur irano-britannique Javad Marandi, propriétaire de Soho Farmhouse en Angleterre qui a transformé cet ancien entrepôt de Cognac en magnifique hôtel cinq étoiles. Le défi a été de taille pour l’architecte Didier Poignant (Royal Monceau, Grand Hôtel Intercontinental, The Hoxton Paris…) qui, avec un budget de 60 millions de francs, a dû transformer un ouvrage industriel en un havre de quiétude et d’élégance. Ces « chais » métamorphosés en palace charentais offrent aujourd’hui un mélange parfait de tradition et de modernité. L’hôtel dispose d’un magnifique spa, d’un jazz bar avec concerts live proposant plus de 350 références de cognacs, d’un rooftop avec vue imprenable sur la ville de Cognac qui accueille des DJ durant l’été, de deux restaurants – la brasserie La Distillerie – et l’étoilé Michelin Les Foudres, tous deux situés dans le Chai dit « Cathédrale ». L’hôtel dispose de 92 chambres dont 13 suites. L’hôtel Chais Monnet est l’endroit idéal pour se plonger dans l’atmosphère raffinée de Cognac.

AVEZ-VOUS DÉJÀ ENTENDU PARLER DE TORULA ? A Cognac, c’est un champignon qui vous trahit si vous produisez des spiritueux en cachette. En effet, Torula est visible sur tous les murs de la ville et plus spécifiquement sur les murs des distilleries qui se retrouvent tachés de noir. Ce champignon provient du phénomène de la part des anges. Il s’agit là de l’évaporation de l’alcool qui se produit durant le processus du vieillissement dans les fûts de chêne– qui dure de 2 ans à plus de 40 ans -. Chaque année, ce sont l’équivalent de 37,9 millions de bouteilles qui s’évaporent, nourrissant ce champignon.

en milliards le CA du cognac

97,2 en % le cognac consommé à l’étranger

17’000 emplois directs

60’000 personnes vivent du cognac

265 maisons de négoce

212,5 millions de bouteilles produites par an

83’140 hectares de vignes

10% DR

du vignoble français

98% du vignoble pour le cépage Ugni Blanc

1643 première maison de Cognac fondée

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ESCAPADE ARCHITECTURALE AU SUD DES ALPES TEXTE [[[ Mary Vakaridis

Le Tessin regorge de trésors artistiques et culturels. Des attractions à découvrir dans la légendaire douceur hivernale de la région.

lors que la grisaille s’étale sur le plateau suisse, le Tessin vit à l’heure méditerranéenne. La période est idéale pour découvrir les pépites artistiques et culturelles que recèle le sud des Alpes, notamment sur le plan architectural. Dans les années 1970, un groupe de bâtisseurs réunissant Luigi Snozzi, Mario Botta ou encore Flora Ruchat-Roncati s’est fait connaître sous l’appellation d’”école tessinoise”.

Luca Crivelli

A Lugano, l’Institut international d’architecture organise des visites qui vous permettront de découvrir les bâtiments de Mario Botta disséminés dans la ville.

Pour vous renseigner sur les réalisations que l’on doit à cette scène ainsi que sur les autres édifices remarquables de Lugano, adressez-vous à l’Institut international d’architecture. Son siège est niché dans la Villa Saroli, un petit palais datant du 19e siècle. Lui-même architecte, Guido Desigis vous montrera des points de vue méconnus. Parmi ceux-ci, une cour intérieure aux structures géométriques noires et blanches propres à Mario Botta, dissimulées derrière des façades d’une rue commerçante de la ville. Et puis, pour un repas typique, éloignez-vous de la ville pour grimper au Grotto Morchino. Une auberge qui démontre que le terme “cuisine authentique” n’est pas aussi galvaudé qu’on pourrait le penser. Bâtisse de charme, accueil attentif et produits régionaux de première qualité en font une excellente adresse. Mais revenons à l’architecture. Sur le Monte Generoso, la «Fiore di pietra» (fleur de pierre), signée Mario Botta, se déploie à une échelle monumentale à une altitude de 1701 m. Inaugurée en 2017, cette construction offre une vue panoramique sur la région des lacs du Tessin, la ville de Lugano, le Cervin, la Jungfrau et enfin le groupe de la Bernina. L’édifice héberge deux restaurants lumineux et des salles de conférences qui se prêtent aux événements d’entreprises. Locarno constitue une autre étape incontournable. Logée dans un cube rouge près du lac, la Ghisla Art Collection est un endroit riche en surprises. Durant leur cinquante ans de mariage, Pierino et Martine Ghisla ont collectionné des œuvres en montrant un flair tout à fait remarquable. C’est ainsi qu’ils ont acquis, dans les

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A Locarno, la Ghisla Art Collection nichée dans son cube rouge présente un Basquiat de la meilleure période.

Lugano déploie une culture urbaine qui se révèle propice au street art.

Luca Crivelli

Domenico Chiefari

années 80, un Basquiat de la meilleure période, alors que le New Yorkais était encore inconnu. Le catalogue va de Roy Lichtenstein à Keith Haring, en passant par Cy Twombly. A Locarno toujours, pour vous faufiler dans les arrières-cours au bruit des fontaines, faites appel à Marleen De Vlieger, de l’Association des guides touristiques de la Suisse italienne. Incollable sur les charmes secrets de la cité, elle vous indiquera les bâtiments au style quasi brutaliste de Livio Vacchini, autre représentant de l’école tessinoise. Et aussi, dans un registre baroque à souhait, la surprenante Chiesa Nuova, gardée par un Saint Christophe géant aux pieds minuscules. Côté hébergement, le Belvedere est un hôtel quatre étoiles qui surplombe la bourgade et offre, comme son nom l’indique, une vue imprenable sur le lac Majeur. Alliant sobriété et confort, les chambres constituent une base idéale pour profiter de la douceur de vivre de cette petite ville connue dans le monde entier grâce à son festival international du film. Et pour se détendre, à la nuit tombée, rien de mieux qu’un plongeon dans les eaux salines naturelles du centre Termali Salini & Spa. Dans une architecture contemporaine, les visiteurs peuvent paresser sans fin dans la piscine à débordement qui donne sur le lac, en contemplant le ciel étoilé. Grâce à un guide spécialisé en architecture, les visiteurs ont accès à des lieux cachés, comme cette cours historique qui héberge de l’art contemporain, à Lugano.

ADRESSES

Institut international d’architecture Villa Saroli Viale Stefano Franscini 8 6900 Lugano Sur internet: i2a.ch Grotto Morchino Via Carona 1 6912 Pazzallo Ghisla Art Collection Via Antonio Ciseri 3 6600 Locarno

Luca Crivelli

Hotel Belvedere Locarno Via ai Monti 44 6600 Locarno Termali Salini & Spa Via G. Respini 7 6600 Locarno

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Luca Crivelli

Sur le Monte Generoso, à une altitude de 1701 m, la « Fiore di pietra » (fleur de pierre) signée Mario Botta offre une vue panoramique qui s’étend jusqu’au Cervin et à la Jungfrau.

Alessio Pizzicannella

A Locarno, une échappée en hauteur offre un point de vue éblouissant sur la Madonna del Sasso qui surplombe la localité.

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J A P O N

e Japon se mérite. Déjà par son éloignement de l’Europe et le coût du voyage en avion. Une fois sur place, comment s’y retrouver alors qu’en dehors de Tokyo, rares sont les indications écrites dans une autre langue que le japonais. Pourquoi ne pas découvrir ce pays fascinant à travers un circuit organisé, de qualité, intense, où le voyagiste gère la totalité des détails. Voilà pourquoi nous avons opté pour l’un des 35 « circuits Découverte by Club Med » : « les voies du Tokaido ». Nous allons voyager avec un groupe (d’au maximum 16 personnes), francophone, avec un ou deux guides, selon la taille du groupe. Voici une liste des activités à ne pas manquer.

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LES VOIES DU TOKAIDO Fascinant, ce pays parvient à concilier une ultra modernité avec une culture ancestrale. Comment ne pas s’émerveiller devant ses sanctuaires dans lesquels défilent de jeunes Japonais en habit traditionnel ? Comment parvenir à découvrir en moins de deux semaines cet empire fascinant ? TEXTE [[[ Serge Guertchakoff, de retour du Japon

DÉCOUVRIR LE PATRIMOINE MONDIAL DU JAPON Après quelques jours de découverte de la ville de Tokyo, nous sommes partis visiter les nombreux sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le pays n’en comptabilise pas moins de 26, dont 21 sites culturels. Par comparaison, la Grèce dispose de 19 sites inscrits et la Suisse de 13. Notre circuit nous a permis de découvrir le village historique de Shirakawa-go, situé dans une région montagneuse longtemps isolée, où les maisons disposent d’un toit de chaume à double pente. Magnifique ! Certaines d’entre elles peuvent être visitées. On y découvre qu’elles tiraient leur subsistance de la culture du mûrier et de l’élevage du ver à soie. Plus tard, nous enchaînons avec le sanctuaire shinto d’Itsukushima sur l’île de Miyajima,

célèbre également pour son célébrissime torii (portail) immergé, haut de 16 m qui est très photogénique. Un détour par le Mémorial de la paix d’Hiroshima avec le dôme de Genbaku est indispensable. Il s’agit du seul édifice qui a partiellement résisté à la bombe atomique. La visite du musée voisin qui présente des témoignages, des photos et des objets brulés ayant appartenus aux victimes de cette tragédie glace le sang. Rappelons que l’on parle d’environ 140’000 civils décédés. Autre édifice inscrit au patrimoine, le fameux château Himeji-jo, sur un vaste site de 107 hectares. Les monuments bouddhiques de la région d’Horyu-ji près de Kyoto, mais aussi les ouvrages historiques de l’ancienne Nara comme le temple Todai-ji valent le détour. D’une hauteur de 48,74 m, ce temple bouddhiste

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Ces femmes n’ont rien à voir avec les réputées geishas. Les Japonaises et Japonais apprécient le port d’un kimono.

Le village montagneux de Shirakawa-go avec ses toits de chaume est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le magnifique château en bois Himeji-jo remonte au XVIe siècle.

Le Fushimi Inari-taisha est le sanctuaire principal de la déesse Inari et est situé dans le district de Fushimi-ku à Kyoto au Japon.

Caroline de Senger

ASSISTER À UN TOURNOI DE SUMO Chanceux, nous avons pu assister aux 45 dernières minutes d’un tournoi de sumo. Si cette expérience assez unique vous tente, alors il vous faudra choisir d’effectuer ce circuit en janvier, mai ou septembre, les seuls mois où les tournois se tiennent à Tokyo. Les combattants, dénommés rikishi, s’affrontent au centre d’une sorte d’immense stade couvert. D’un poids moyen de 155 kg, ils ne doivent pas compter que sur leur poids, il leur faut maîtriser certaines techniques de lutte pour l’emporter soit en éjectant leur adversaire du cercle de combat, soit en lui faisant toucher le sol par une autre partie du corps que les pieds. L’ambiance est électrique. Chaque champion est encouragé par sa horde de supporters. Un combat ne dure jamais plus d’une petite minute. Impressionnant ! A noter que les lutteurs les plus hauts placés ne sont plus forcément japonais.

serait la plus grande construction en bois du monde. Il abrite le plus grand Bouddha du Japon, le Daibutsu, 15 m de haut et pesant 500 tonnes. Et, pour finir, les monuments historiques de l’ancienne Kyoto, notamment le magnifique Pavillon d’or et le château Nijo sont à visiter absolument.

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« LE RYOKAN MET À DISPOSITION UN YUKATA DANS CHAQUE CHAMBRE. POUR NE PAS SE RIDICULISER, MIEUX VAUT VISIONNER UN TUTO POUR SAVOIR COMMENT S’Y PRENDRE. »

De nombreux jardins abritant des pavillons dédiés à la cérémonie du thé sont accessibles.

Caroline de Senger

Tokyo symbolise le pays du soleil levant.

PASSER UNE NUIT DANS UN RYOKAN Comme le veut la coutume, ce circuit concocte une soirée dans un ryokan (l’auberge traditionnelle japonaise). Quelle expérience ! Tout d’abord, il faut se déchausser, mais c’est fréquent au Japon. A ce propos, il est conseillé d’avoir toujours des chaussettes en réserve sur soi, sinon vous serez pieds nus. Dans un ryokan, le sol des chambres est recouvert de tatami en paille de riz et jonc. Il arrive d’ailleurs qu’un Japonais indique à propos de la surface de son appartement qu’il mesure, par exemple, sept tatamis. Autre particularité des ryokan : il faut aussi se changer pour les repas et enfiler un yukata, un genre de kimono en coton léger. Le ryokan les met à disposition dans chaque chambre. Pour ne pas se ridiculiser, mieux vaut visionner un tuto pour savoir comment s’y prendre. Enfin, pour celles et ceux qui le souhaitent, il y a aussi le onsen (bain traditionnel) où l’on se baigne nu, après s’être douché.

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COMMENT S’Y RENDRE ? Le mieux est de prendre les billets d’avion en passant par le Club Med. Ainsi, ce dernier se charge de réserver vos vols au départ de Genève en passant par Paris Charles-de-Gaulle puis Tokyo. Le retour s’effectuera depuis l’aéroport d’Osaka (Kansai International Airport), avec un départ à 10h35 et une arrivée à Paris à 18h30. Autre possibilité : prolonger votre circui par exempl en séjournant au Resort Kabira Ishigaki, sur l’île d’Okinawa. Plus de renseignements : www.clubmed.ch/t

DÉGUSTER UN BŒUF DE HIDA En matière culinaire, ne vous attendez pas à vous goinfrer de sushis. Pas besoin d’aller au Japon pour cela. En revanche, chaque région a sa spécialité. Ainsi, par exemple à Takayama, nous avons eu l’opportunité de déguster du bœuf de Hida, une belle découverte. Ce bœuf très persillé s’avère aussi tendre que le fameux bœuf de Kobe. Il se caractérise par sa marbrure. Cet enrobage empêche le jus et l’arôme de s’échapper de la viande tout en maintenant la tendreté de celleci. Une autre spécialité intéressante : les okonomiyaki, des sortes de galettes salées assez copieuses faites à base de nouilles et de choux chinois. Excellent ! APPRÉCIER LE CULTE DES ANIMAUX A plusieurs reprises, nous avons été ébahis par la façon dont certains Japonais traitent leurs chiens. Ainsi à Miyagawa, nous nous serions crus au carnaval car nous y avons croisé des chiens promenés dans des poussettes et vêtus, par exemple de mini-kimonos. Est-ce que ce monde est sérieux ? Comme le chantait Francis Cabrel… Autre bizarrerie : les biches et les jeunes cerfs que l’on côtoie en maints endroits touristiques, notamment à Nara. Pas farouches, ils viennent réclamer avec insistance non pas une caresse, mais de la nourriture. Des distributeurs vendent d’ailleurs des sortes de biscuits légèrement salés adaptés à leurs besoins.

ADMIRER LA MODERNITÉ ET LES TRADITIONS Impossible de ne pas mentionner ces nombreux jeunes couples qui louent des kimonos pour ensuite se balader dans les lieux traditionnels où il se prennent en photo et se font volontiers prendre en photo par les touristes occidentaux. On ne les a pas croisés dans les lieux où la modernité l’emporte, telle que la tour Mori de Roppongi Hills (54 étages) dans laquelle nous avons grimpé jusqu’au Tokyo City View pour la plus belle vue panoramique. Ni dans le quartier futuriste d’Odaiba et ni, non plus dans le Shinkansen, soit le train à grande vitesse. D’une ponctualité et d’une propreté à faire pâlir d’envie nos CFF et que nous avons pris à plusieurs reprises. DÉAMBULER DANS LES JARDINS SPLENDIDES Enfin, finissons avec les nombreux jardins splendides que nous avons visités. Que ce soit Kenroku-en, près de Kanazawa, l’un des plus importants du pays, lequel a été réalisé durant la période Edo (XVIIe siècle). Son nom signifie : les six combinés. En effet, les six critères de la perfection sont : isolement, espace, artifice, ancienneté, abondance de l’eau et vastes panoramas. Son ouverture au public remonte à 1871. Il y eu aussi la découverte du jardin Ritsurin à Takamatsu, inchangé depuis l’ère Edo et qui recèle de magnifiques chefs-d’œuvre végétaux.

Il devient très difficile de pouvoir photographier des geishas. Mieux vaut leur demander leur autorisation avant.

Les chiens sont souvent promenés dans des poussettes

Caroline de Senger

L’impressionnant temple de Kiyomizu-dera est célèbre pour sa plateforme. À flanc de colline.

UNE ÎLE CONSACRÉE À L’ART La seconde plus grande représentation du Bouddha au Japon est à Kamakura.

La célèbre citrouille de Yayoi Kusama

Qui n’a pas entendu parler de la citrouille jaune de Yayoi Kusama, un des symboles de l’île de Naoshima ? Cette petite île qui abrite 3100 habitants seulement mourait à petit feu car elle se dépeuplait. C’est alors que deux hommes se sont rencontrés en 1985 et ont trouvé « La » solution. Tetsuhiko Fukutake, le président fondateur de Fukutake Publishing, aspirait à créer un lieu dans la mer intérieure de Seto où les enfants du monde entier pourraient se rassembler. Tandis que Chikatsugu Miyake, alors maire sortant de Naoshima, rêvait de développer un espace culturel et éducatif sur l’île. C’est ainsi que la maison-musée Benesse fut inaugurée en juillet 1992. Puis dès mars 1998, ce fut le début du projet Art House, soit des maisons vidées par leurs occupants et qui sont confiées à des artistes contemporains. Enfin, en juillet, un second musée s’est ouvert : Chichu, conçu par Tadao Ando et qui abrite notamment plusieurs Nymphéas de Monet. D’autres musées suivirent : Inujima Seirensho (2008), Lee Ufan (2010), Teshima (2010), etc.

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S’ÉVADER À VENISE EN JET PRIVÉ C’est à bord d’un jet privé qu’une petite poignée de journalistes a eu la chance de se rendre dans la Cité des Doges, le temps d’un repas au restaurant du célèbre Hôtel Cipriani. TEXTE [[[ Chantal de Senger

maginez-vous vous envoler, le temps d’un déjeuner, pour Venise, cette ville emblématique baignée de romantisme et d’histoire ? Vous envoler, évidemment, en jet privé, afin d’éviter les tracas habituels des voyages aériens tout en pouvant sélectionner votre horaire et votre destination en un claquement de doigts. Nous avons tenté l’expérience pour vous avec l’un des leaders du secteur, Flexjet. Et nous devons dire que nous avons été comblés. De la minute où le chauffeur vient vous chercher devant chez vous, jusqu’au retour où il vous dépose en fin de journée sur le pas de votre porte, l’expérience ressemble à un conte de fées. Le vol d’une heure est magique, sans turbulence grâce à un système de commande de vol électrique qui atténue les chocs. Le service personnalisé est aux petits soins, avec champagne et petits fours à profusion. A Venise, c’est en Riva que l’on vient vous chercher pour vous amener déjeuner au mythique Cipriani. On a l’impression d’être une star de cinéma, prête pour la Mostra. LA SUISSE, MARCHÉ EN PLEINE CROISSANCE Genève et Zurich font partie des principales destinations européennes pour l’aviation d’affaires. Le marché suisse est toutefois en baisse de 9% par rapport à 2022 mais en hausse de 9% par rapport à 2019. Alors que la ville du bout du lac possède le troisième aéroport d’aviation privée le plus fréquenté d’Europe, celui de Zurich arrive en 6e position. Viennent ensuite Sion, Samedan, Lugano, Berne et Bâle. Les clients ? Des personnes qui travaillent dans les secteurs de la banque, de la finance, de l’immobilier, de l’hôtellerie, de la logistique et de l’alimentation. « Nous avons comme clients le PDG et les cadres d’une multinationale dans le domaine de l’électrification. Ils prennent l’avion pour des destinations qui ne sont pas bien desservies, par exemple, un site de production en Scandinavie. Ils arrivent et repartent la même journée, explique la compagnie. Nous avons aussi un associé d’un fonds spéculatif qui se rend souvent à Londres et qui a besoin de wi-fi à bord. » Ainsi, beaucoup de résidents suisses utilisent l’avion à la fois pour leurs affaires mais également pour leurs loisirs. Autres

300 Employés en Europe

3100 Employés dans le monde

14 Aéronefs en Europe

270 Avions dans le monde

1100 Pilotes dans le monde

8 Heures d’autonomie, cela représente un vol GenèveDubaï ou LondresNew York avec le Praetor 600

9 Nombre de places assises dans le Praetor 600

avantages pour les propriétaires d’une part de jet : pouvoir profiter de partenariats avec certaines des plus grandes marques d’hôtellerie, d’art de vivre et autres (The Kulm à Saint-Moritz, Chedi Muscat à Oman, Château Angelus, etc.). FLEXJET La société d’aviation privée par abonnement, née en 1995 aux Etats-Unis, s’est lancée sur le marché européen en 2019. Elle compte aujourd’hui une flotte de 14 aéronefs à voilure fixe en Europe dont le Praetor 600 et le Gulfstream G650 ainsi que 11 hélicoptères. Flexjet est le seul opérateur de jets privés à proposer également des hélicoptères privés en propriété et en exploitation. « Les programmes premium s’adressent aux grands voyageurs et séduisent les personnes fortunées dans toute l’Europe », explique la compagnie. Cette dernière fonctionne avec le système de propriété partagée. Cela signifie qu’une personne peut acheter une part de l’avion – environ 20 millions de dollars pour le Praetor 600 –, typiquement un seizième, ce qui correspond à 50 heures de vol par an. A cela, il faut ajouter des coûts fixes et variables mensuels

Paul Bowen

PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE Flexjet mène de nombreuses solutions pour diminuer son impact sur l’environnement. Ainsi, la compagnie soutient plusieurs programmes de recherche sur les technologies aéronautiques plus propres. Le groupe mère a aussi investi dans une société qui développe la biomasse durable. Flexjet compense pour chaque vol 300% du carbone utilisé, ce qui rend ses vols neutres en termes d’émissions. Flexjet s’est, par ailleurs, engagée à ce que 12% de la consommation annuelle de carburant de sa flotte proviennent de SAF (Sustainable Aviation Fuels) d’ici à 2030, soit un objectif qui dépasse l’engagement d’autres compagnies aériennes de premier plan.

Flexjet conçoit ses cabines sur mesure. Elles peuvent accueillir jusqu’à 9 personnes dans le Praetor 600.

pour couvrir l’équipage, la maintenance, les assurances ou encore le carburant. Cela revient, au final, à 14’000 dollars par heure. Pour ceux qui voyagent moins, Flexjet a une société sœur, PrivateFly, qui propose des vols charter (location) à la demande et des cartes de jet pour ceux qui volent moins fréquemment.

[ QUE STIONNAIRE ARCHI

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DENIS POURCHER, DIRECTEUR DE L’HÔTEL BRISTOL TEXTE [[[ Chantal de Senger

enis Pourcher a fait ses armes en France avant d’être engagé comme directeur général adjoint de l’Hôtel Président Wilson, puis comme directeur général de l’Hôtel de la Paix et ensuite en tant que directeur du pôle hôtellerie de la Fondation Foyer Handicap à Genève. Cette fois-ci, c’est à l’Hôtel Bristol que le Français a posé ses valises en début d’année. Se voulant un dirigeant à la fois humaniste, enthousiaste et plein d’humour, il entend faire de cet établissement 4 étoiles une adresse signature de la tradition hospitalière suisse tournée vers l’avenir.

La maison de vos rêves ? Alors mon choix serait une ferme dans mon Auvergne natale ! J’aime bien aussi l’idée d’une maison surplombant le Lac majeur. Plutôt chalet à la montagne ou villa en bord de mer ? La montagne qui m’apporte calme et sérénité avec un bon feu de cheminée et une bonne musique. Mais une petite maison de pêcheur en Vendée, c’est pas mal non plus. Une destination en Suisse ? La ville de Lucerne pour son charme ou le Refuge de Solalex et son magnifique cirque de montagne au-dessus de Villars Gryon, un lieu envoutant.

Qui cuisine à la maison ? Je cuisine tout le temps ! Je suis passionné depuis que j’ai fait l’école hôtelière. J’aime ce qui a du goût, la cuisine de tradition qui peut être subtilement revisitée. Je privilégie les produits du terroir toujours de grande qualité même dans le cas d’une recette simple.

Le Bristol à Genève a été rénové dans un style Art déco. Denis Pourcher est à la tête de l’établissement 4 étoiles depuis janvier 2023.

Daniele D’Angelo

Vous êtes plutôt soirée télé à la maison ou dîner arrosé chez des amis ? Mon cœur balance selon le moment et l’envie. Je privilégie mes bons amis, et cela peut être chez moi autour d’un bon repas convivial car j’aime faire plaisir ! Avez-vous la main verte ? Pas du tout. Mais j’aimerais…J’ai le projet d’apprendre à la retraite et de devenir accro ! Car j’adore la nature, les plantes, les fleurs et je rêve de créer un joli petit potager.

« LE PRESTIGE C’EST AUSSI SAUVEGARDER LE PATRIMOINE, LA CULTURE, LES VALEURS AU TRAVERS DE L’HISTOIRE. »

Votre recette fétiche ? J’en ai plein ! Alors je dirais la fricassée de volaille fermière, sauce suprême à l’estragon, pommes fondantes. Le soufflé de brochet au coulis d’écrevisses. Les St-Jacques snackées sur des pommes de terre Charlotte poêlées, fricassée de chanterelles, jus de coques au beurre rouge. Plutôt nappe ou table brute ? Le raffinement de la nappe et la simplicité de la table d’une vieille demeure qui raconte une histoire…dur de trancher ! Là encore question de feeling sur le moment et le lieu. Désordre ou bien rangé ? J’adore quand tout est bien rangé, sans être maniaque ! Plutôt méticuleux…ça sonne bien ! Mais j’ai tendance à laisser trainer les choses donc je repasse en permanence pour ranger et cela irrite ma compagne. Chien ou chat ? Chien sans hésiter. Mais depuis deux ans, un chat a rejoint mon domicile et je me suis attaché à lui. Ils sont très proches avec mon gros berger australien maintenant.

Votre couleur de mur favorite ? Couleur pierre dorée comme dans le Beaujolais. Qu’appréciez-vous le plus faire chez vous ? Cuisiner, jouer de la batterie, écouter de la musique, regarder le Mont Blanc sur un transat, lire un bon bouquin devant le feu, recevoir et faire rire ! Bains ou douches ? Douche ! Le bain est agréable mais je crois que nous devons éviter car trop de consommation d’eau. Parquet ou moquette ? Parquet pour le côté propre et la beauté authentique du bois. Mais moquette pour ma chambre bien épaisse et confortable. Combien de jours par semaine télétravaillez-vous ? Aucun ! Pas possible dans mon travail. Sans compter que j’aime trop le contact avec les autres et que j’ai toujours besoin de bouger…de plus je me déconcentre vite à la maison.

Votre fleur/plante préférée ? La tulipe et le citronnier. Ou rêveriez-vous de prendre votre retraite ? Là encore pas de lieu fétiche…j’aimerais être avec ma compagne, mon fils, ma fille et recevoir les gens que j’aime. J’aimerais éviter les grandes métropoles trop bruyantes et polluées. J’imagine plutôt retourner sur les terres de ma famille à la campagne mais pas isolé. Votre architecte fétiche ? Je n’en ai pas..Je suis fasciné par les architectes historiques mais j’apprécie également l’innovation d’aujourd’hui réutilisant des matériaux nobles. J’adore les architectes italiens qui ont un sens de l’élégance. Votre livre de chevet actuel ? Le courage de vivre d’Albina du Boisrouvray, qui est par ailleurs la propriétaire de l’hôtel Bristol ! Un bouquin incroyable qu’on dévore tellement l’histoire est riche et passionnante, à l’image de celle qui l’a écrit et qui donne toujours sa vie pour les plus démunis, notamment avec son programme villageFXB dont la mission est d’apporter des changements durables dans les pays où ils interviennent afin d’éradiquer l’extrême pauvreté, favoriser la justice sociale et la résilience climatique. Le comble du « Prestige » pour vous, c’est quoi ? Le prestige impose le respect et l’admiration de tous ; pour moi, c’est celle ou celui qui donne tout, avec simplicité sans rien attendre en retour et sans le clamer. Le prestige, c’est également sauvegarder le patrimoine, la culture, les valeurs au travers de l’Histoire.

N OV E M B R E 2 3

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Cette magnifique propriété se trouve dans un environnement exceptionnel, en pleine campagne genevoise, à l’abri des regards. Elle est située sur une vaste parcelle de plus de 2 hectares magnifiquement paysagée et arborée avec piscine et terrasse. La maison se distribue sur 3 niveaux et propose une surface habitable d’environ 610 m², 4 chambres et 3 salles de bains.