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Interview
Remise de commerce
« DIFFICILE DE VENDRE SON COMMERCE QUAND LE LOYER EST IMPAYÉ »
Le Covid a été un stress-test pour les entrepreneurs, que le patron de REMI(COM) s’est chargé de soutenir gratuitement en créant le site web sos-commerces.ch. Retour sur expérience.
«Entrepreneurs et indépendants sont très seuls face à leurs problèmes» Olivier Nimis «À l’école, j’étais le dernier de la classe. Et aussi le seul à ne pas fumer des pétards. Ni d’ailleurs à boire de l’alcool », se confie Olivier Nimis. Une économie de neurones que cet enfant de père routier et de mère au foyer, divorcés, a su mettre à profit dès l’âge de 17 ans. Il se lance d’abord comme indépendant dans l’informatique, tout en réussissant son apprentissage en école de commerce. Surtout en techniques de vente et gestion. Puis crée son entreprise et finalement la vend à 33 ans. Une expérience formatrice qui révèle au jeune ambitieux un potentiel marché de niche : conseil aux indépendants dans le domaine de la remise et reprise de leur commerce ou entreprise. Naît alors sa deuxième société, Remicom.com en 2004. Et sous une bonne étoile, puisque aujourd’hui le jeune quinquagénaire est à la tête de 20 agences disséminées dans tout le pays, mais également d’une fiduciaire, d’une assurance et ... d’une chaîne de télévision en ligne.
Comment le Covid s’est reflété sur vos affaires? Avec la fermeture imposée aux commerces et aux entreprises de divers secteurs, REMI(COM) a également souffert financièrement. Et ce malgré le fait qu’on ait toujours eu des clients qui voulaient vendre leur structure. Mais le vrai problème auquel notre société est confrontée aujourd’hui, c’est son cruel manque de vrais entrepreneurs. Une pénurie qui est la conséquence directe de l’incertitude économique, induite par le coronavirus, et qui a rendu les gens très frileux. Pour donner un exemple, rien qu’à Genève, avant la crise sanitaire, nous avions une centaine de demandes d’acquisition par jour. Tandis qu’actuellement, nous en avons une trentaine par jour dont seules deux seraient vraiment sérieuses. Il faut savoir que beaucoup de gens ont entendu dire que c’était le meilleur moment pour acheter une affaire à bas prix. Alors ils nous appellent davantage par curiosité. Certains ont l’argent mais pas les compétences pour gérer un commerce
Il ne faut pas attendre les rappels pour essayer de trouver des arrangements de payement»
Olivier Nimis
(restaurant, etc.), d’autre ont les aptitudes mais pas les fonds nécessaires, ou encore ne possèdent pas les autorisations officielles, etc.
Et les clients étrangers? Beaucoup d’entre eux sont confrontés au même type de problèmes, mais dans leurs propres pays. À cela s’ajoute l’obligation du salaire minimum en Suisse – 4’200 francs par mois – qui a un effet dissuasif sur certains. Sans oublier la taille, plutôt petite, de notre marché. Il faut noter aussi quelques spécificités régionales. Si les Lausannois consomment surtout chez eux, les Genevois préfèrent souvent traverser la frontière française. Une habitude également dans d’autres villes frontalières du pays.
Quels ont été les secteurs les plus défavorisés par les mesures sanitaires ? Cela dépend beaucoup des saisons. Par exemple, les propriétaires de boutiques de vêtements ont beaucoup souffert, car ils commandent généralement leurs collections pour chaque saison en avance. Avec le confinement, ils n’ont pas pu vendre leurs stocks, et se sont retrouvés à court de liquidités, et donc dans l’impossibilité de faire des nouvelles acquisitions saisonnières. Le cas de figure des restaurants a également été dramatique, mais différemment. Certains ont tout de même réussi à limiter les dégâts en mettant, plus ou moins rapidement, sur pied un service de livraison de repas à domicile. Quant aux fitness, ils ont été parmi les grands perdants, puisque leurs abonnées ont dû être remboursés durant la fermeture des salles. Et par la suite, beaucoup n’ont pas renouvelé leur abonnement de crainte de contamination par le Covid dans ces espaces clos.
Si l’aviation a été sinistrée, est-ce que la filière de l’automobile a été plus ou moins épargnée? Apparemment non, puisque j’ai eu des clients garagistes qui rapportaient à leur tour des difficultés majeures. L’un d’eux, parfaitement installé et bien connu en Romandie, me rapportait son impossibilité de vendre une voiture en raison des délais – huit mois, voire plus – de livraison de son fournisseur, lui-même en grande difficulté. Quant à la filière touristique, après le déconfinement de cet été, la situation s’est améliorée mais davantage pour les stations valaisannes, choisies comme destination de vacances par beaucoup de Suisses. Tandis que, dans une ville comme Genève, l’agitation estivale d’antan n’était clairement pas au rendez-vous. Ce vide laissé par l’absence de la clientèle très fortunée en provenance du Moyen-Orient a été une perte importante pour la cité du bout du lac.
De quoi ont prioritairement besoin les indépendants? D’écoute et de soutien ! Près de 99% des commerçants à Genève ne sont pas propriétaires de leur local. C’est pourquoi, lorsque des loyers impayés aboutissent à la résiliation de leur bail, ils ne peuvent plus vendre leur commerce. Idem pour ceux qui ont bénéficié des aides à fonds perdu dont le remboursement devient alors la condition obligatoire pour cette vente. C’est pourquoi ils se retrouvent dans une situation inextricable qui les contraint à continuer à s’endetter en espérant des jours meilleurs. Quitte à emprunter à leurs proches... Ces cas de figure étant assez nombreux, mon site sos-commerces.ch propose des conseils pratiques aux intéressés et moi-même, je reste à leur écoute à titre bénévole. Anna Aznaour
Des experts contre les nuisibles pour préserver votre santé 022 518 81 81
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