Préoccupation de la communauté internationale face à la situation de crise humanitaire dans le département du Chocó, Colombie Du 22 au 24 octobre 2012, le Groupe de Travail pour la Colombie, composé d’organisations européennes du réseau Caritas et le Secrétariat National de Pastorale Sociale / Caritas Colombie, a visité le département du Chocó, et plus particulièrement les municipalités de Quibdó et Atrato (Yuto). Durant cette visite, nous nous sommes réunis avec des représentants des Diocèses de Itsmina, Apartadó, Quibdó, avec des leaders du Conseil Communautaire du Haut Atrato – COCOMOPOCA ainsi qu’avec d’autres organisations locales et départementales de la société civile. Nous souhaitons souligner le travail important que mènent les conseils communautaires de COCOMACIA, COCOMOPOCA et le Forum Interethnique Solidarité Chocó pour la promotion et la garantie des droits de l’homme et pour la défense des territoires de communautés afrodescendantes et indigènes du Chocó. Avec le soutien constant de l’Eglise via le Diocèse de Quibdó et après 11 années de travail, la communauté de COCOMOPOCA s’est vue attribuée une « propriété collective » de 73.000 hectares de terre. Cette attribution est un pas important vers la reconnaissance de leurs droits au territoire. Cependant, nous sommes inquiets car 75% de cette propriété (soit 55.000 hectares) ont été octroyés en concession à des entreprises minières multinationales sans une consultation préalable des communautés installées sur le territoire. Cela empêche la mise en place de leur plan d’ethno-développement, rend fragile leur droit à l’autodétermination, et ne leur permet plus de mener à bien des projets agricoles, de sécurité alimentaire et des activités génératrices de revenus. A cause de l’activité minière, la santé de la population subit de graves préjudices, le taux de prostitution et de dépendance à la drogue chez les enfants et adolescents est en augmentation, les menaces aux leaders se multiplient, la désertion scolaire s’accentue et des problèmes sérieux touchent l’environnement, comme l’utilisation de cyanure et de mercure pour l’extraction d’or et la déforestation. Le climat généralisé de violence dans les Diocèses d’Istmina, Apartadó et Quibdó est préoccupant. L’augmentation du nombre d’actions des groupes armés illégaux et leurs relations avec l’exploitation illégale de ressources naturelles et de minerais ont provoqué la décomposition du tissu social. Les jeunes de la région ont été particulièrement touchés car, par manque d’opportunités éducatives et professionnelles, ils rejoignent ces groupes armés, augmentant ainsi les cercles de violence et le développement d’économies illégales, comme le trafic de drogue et l’exploitation illégale de ressources. La conséquence de cette situation est qu’un grand nombre de personnes continuent à être déplacées. Celles-ci n’ont pas trouvé, de la part du gouvernement, le soutien nécessaire pour répondre aux besoins qu’a engendré la crise humanitaire dans la région. A la lumière de ce qui précède, nous souhaiterions émettre les recommandations suivantes : Au Gouvernement colombien :
Promouvoir les mesures nécessaires afin d’assurer la protection des communautés, de garantir aux victimes du conflit armé soutien et réparation intégrale, et d’accompagner les institutions qui en ont la charge. Assurer que la politique économique extractive n’aille pas à l’encontre des plans d’ethno-développement des communautés afro-descendantes et indigènes, ni à l’encontre de leur droit à la consultation préalable. Garantir, en outre, l’intégration de ces plans dans la politique publique locale. Assurer que les pratiques extractives soient régulées de manière adéquate, et ce afin de garantir le respect des droits humains des communautés en Colombie, respectant ainsi l’engagement pris dans la mise en application des Principes Directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme des Nations Unies.
A la communauté internationale :
Mettre en place et soutenir des espaces de réflexion nationaux et internationaux sur le thème des victimes du conflit armé colombien. Assurer que les pratiques extractives soient régulées de manière adéquate, garantissant que les entreprises extractives respectent les droits humains des communautés vivant sur les territoires où elles développent leurs activités, selon les Principes Directeurs des Nations Unies et la Convention n°169 de l’OIT. Mettre en place des initiatives afin de maximiser la transparence dans les pratiques de l’industrie extractive ; extraction, production et commercialisation de ressources naturelles et minerais. Continuer à soutenir le processus de droit à la consultation et au consentement préalable, libre et informé des communautés vivant sur les territoires où sont menées des activités extractives.
Quibdo, 24 Octobre 2012.
Le Groupe de Travail pour la Colombie Yuto, des Diocèses de Quibdó.
Mgr. Hector Fabio Henao (Director of SNPS/ Caritas Colombia) and Father Sterlin Londoño (Director of Pastoral Afro, Diocese of Quibdó).
l’exploitation illégale de ressources, Yuto, des Diocèses de Quibdó