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Actuel: le moringa, source de revenu en Ouganda

Agnes Lakot a trouvé du travail dans la plantation de moringas et s’est débarrassée de sa toux. Des principes écologiques et durables président à la transformation des feuilles de moringa.

Le moringa procure revenu et bonne santé

Caritas Suisse plante des moringas en Ouganda, avec un partenaire local. Riche en nutriments sains, cet arbre résiste bien aux conditions climatiques difficiles. Ses dérivés issus de cultures durables et biologiques sont très demandés et assurent un revenu aux habitants du pays.

« Ma toux chronique est partie depuis que je mange chaque jour des feuilles fraîches de moringa, se réjouit Agnes Lakot. Pendant des années, j’ai porté un foulard autour du cou. Maintenant ce n’est plus

Le moringa aide à améliorer les conditions de vie de la population

nécessaire. » Depuis qu’elle travaille à la plantation de « Roots of the Nile », cette femme de 41 ans a aussi pu s’acheter quelques chèvres qui génèrent un revenu d’appoint bienvenu pour payer notamment les frais de scolarité de ses enfants.

Adapté au climat et riche en nutriments

L’Ouganda souffre aujourd’hui encore des conséquences de 20 ans de guerre civile. Les hostilités ont pris fin au milieu des années 90. Mais les structures sociales restent fragiles et les familles déchirées. Les habitants n’ont pas de travail, ils souffrent de malnutrition. En même temps, le nord de l’Ouganda offre des conditions favorables à l’amélioration des conditions de vie. Les vastes terrains se prêtent bien à l’agriculture et le réseau routier en pleine expansion favorise le transport des marchandises. Comme la demande en denrées alimentaires saines et bio augmente dans le monde, Caritas Suisse a décidé en 2017 de démarrer un projet de plantation de moringas. Cet arbre pousse vite et prospère même dans des conditions climatiques défavorables. Ses feuilles et ses graines se prêtent à de nombreux usages, que ce soit dans le domaine des cosmétiques, de l’alimentation ou des compléments alimentaires. Riches en vitamines, en magnésium et en protéines, les feuilles renforcent le système immunitaire.

Social et durable

Avec un partenaire local, Caritas a fondé l’entreprise sociale « Roots of the Nile » et créé une chaîne de valeur. Cette entreprise qui plante et exploite des moringas travaille avec les habitants d’Awach, un village isolé. La plantation s’étend sur plus de douze hectares. « Roots of the Nile » dispose de l’infrastructure nécessaire pour sécher, traiter et emballer les feuilles de moringa. La culture et la production se font dans le respect des principes écologiques et durables. L’entreprise a déjà obtenu, sur le plan national, un label pour ses normes de qualité et vise actuellement la certification bio pour le marché international. Le moringa aide ainsi à améliorer les conditions de vie et l’alimentation de la population. Il procure un moyen de subsistance aux habitants qui acquièrent de nouvelles compétences. À l’avenir, il est prévu d’associer aussi les petits paysans des environs à la culture de moringas. (lf)

Adapter l’agriculture au changement climatique

Texte : Fabrice Boulé et Abidine Haidara Photos : John Kalapo

Modeste Traoré vivait principalement de la pêche autrefois. Comme le lac s’assèche, il s’est tourné surtout vers l’agriculture.

Modeste Traoré maîtrise maintenant de nouvelles techniques de cultures. Ses récoltes sont plus abondantes.

Dans la famille de Modeste Traoré, on est pêcheur de père en fils. Mais lui a dû se reconvertir dans l’agriculture. Le lac au bord duquel il est né ne remplissait plus ses filets. Il est entreprenant, ouvert à la nouveauté et il ne ménage pas ses efforts pour nourrir sa grande famille et envoyer les enfants à l’école. Grâce à des méthodes innovantes, Modeste Traoré démontre qu’il est possible de produire plus de légumes, de fruits et de céréales malgré des conditions très difficiles. Caritas Suisse travaille à améliorer les conditions de vie de 27 000 personnes sur les rives du lac Wegnia au Mali.

« Avec une grande famille, je m’inquiète constamment d’avoir suffisamment pour nourrir tout le monde. Grâce à notre nouvelle activité maraîchère, nous n’avons pas beaucoup d’argent, mais nous avons

Pluies soudaines, pics de chaleur et violentes tempêtes se multiplient

assez à manger. » Modeste Traoré, 57 ans, tire un bilan sobre de ces trois années de reconversion dans l’agriculture avec l’appui de Caritas Suisse. Comme lui et sa famille, 3000 ménages (27 000 personnes), dans 43 villages, travaillent avec obstination pour améliorer leur production agricole tout en ménageant les rives du lac Wegnia pour diminuer l’érosion et ralentir le comblement du lac. En 2020, pas loin de 80 émissions radiophoniques ont été diffusées dans le cadre du projet de Caritas pour expliquer en termes très simples les avantages de nouvelles techniques et pour y intéresser le paysannat local.

En 2018, le verdict était sans appel : presque toutes les familles vivant autour du lac Wegnia, situé à 130 kilomètres au nord de Bamako, au Mali, ne parvenaient pas à couvrir leurs besoins alimentaires annuels. Une distribution de céréales était donc une question de survie. Mais au-delà de l’urgence, la population, avec l’appui de Caritas Suisse et de ses partenaires locaux, a su trouver des solutions pour améliorer durablement sa situation. Durablement, grâce à une formation à de nouvelles méthodes de culture, à des intrants et des pesticides biologiques, à des semences mieux adaptées, à un accès au crédit, à une organisation améliorée de la coopérative des productrices, à un accès organisé à des acheteurs pour la vente des produits bruts ou transformés, à des informations météorologiques. Durablement aussi à condition qu’une implacable sécheresse ne survienne pas et ne dure pas trop longtemps. Si c’est le cas, des milliers de familles doivent recevoir une aide d’urgence afin de ne pas perdre les bénéfices des efforts importants fournis jusqu’ici. Car s’éloigner de la pauvreté est la seule façon d’augmenter leur résilience face aux effets du changement climatique.

Précieuse information météorologique Les précipitations sont chroniquement en diminution et plus imprévisibles. Les villageois observent une augmentation de la fréquence des événements extrêmes : fortes pluies, fortes chaleurs, tempêtes de sable. Des orages violents emportent arbres morts et terre dans le lac. Il peut se remplir d’eau en une nuit, mais il s’assèchera très vite ensuite. « Même si beaucoup d’eau tombe d’un coup, cela ne

des rives du lac, montrent déjà leurs effets positifs. La technique des zaï permet de concentrer l’eau et la fumure dans des microbassins. Quelque cinq kilomètres de cordons pierreux, sur 53 hectares, freinent l’érosion. Des gabions – des murs de pierres serrés dans un grillage – ont été réalisés dans un ravin pour freiner la

Modeste Traoré et d’autres villageois travaillent le champ de poivrons.

Paysans et paysannes obtiennent de meilleurs prix en maintenant le contact avec des acheteurs potentiels.

Des murs de pierre freinent l’érosion et favorisent une meilleure infiltration de l’eau

me donne pas d’espoir. Quand viendra la prochaine pluie ? » se demande Modeste Traoré. L’information météorologique devient cruciale face à cette incertitude : elle permet de planter au bon moment. Caritas Suisse a d’ailleurs conclu un accord-cadre avec l’Organisation météorologique mondiale (OMM) pour rendre les informations météorologiques et climatiques pertinentes accessibles aux bénéficiaires des projets, à Wegnia et dans d’autres projets.

Face à la sécheresse notamment, il est primordial d’avoir des semences adaptées, de les mettre en terre au bon moment, en les répartissant de façon adéquate. Cinq variétés de semences améliorées (maïs, sorgho, mil, arachide, niébé) ont été mises à disposition d’un certain nombre d’agriculteurs qui ont également reçu des intrants bio (fertilisants, stimulants, pesticides) pour des essais, la pratique devant être élargie par la suite. Modeste Traoré lui-même se félicite d’avoir été formé pour mieux semer ses tomates ou ses poivrons : « Nous avions tendance à concentrer les semences au même endroit, alors qu’une certaine répartition augmente beaucoup les rendements », explique-t-il enthousiaste.

Techniques simples, effets positifs

Un certain nombre de techniques simples, adoptées rapidement par les habitants vitesse des eaux, favorisant une meilleure infiltration et une sédimentation en amont du lac. L’utilisation de fumure organique et de compostage progresse rapidement.

Modeste Traoré a compris les avantages de reboiser ses parcelles pour améliorer la retenue de l’eau. Il suit et protège les jeunes arbres les mieux placés pour ses cultures (régénération naturelle assistée), ce qui se révèle plus efficace que de replanter carrément des arbres qui n’ont pas déjà montré leur capacité à prospérer dans les conditions locales. De plus, outre les mangues et les bananes, il a planté quelques orangers et des anacardiers pour les pommes de cajou.

La tomate, un succès

Deux périmètres maraîchers de deux hectares chacun ont été établis, dans lesquels travaillent des dizaines de paysannes organisées en coopératives. En 2020, elles ont connu un grand succès avec leurs tomates fraîches et transformées. La simple construction d’un couvert a permis de mettre les tomates à l’abri et d’organiser leur vente au bord du champ. En organisant les contacts avec des acheteurs potentiels, elles ont pu négocier des prix corrects : plus de 14 tonnes de tomates ont été produites et 4,7 millions de francs CFA (environ 8000 francs suisses) retirés de la vente. En effet, après la production, il est capital d’avoir un bon accès au marché afin de valoriser le travail investi.

Modeste Traoré vit avec son épouse et ses enfants, mais aussi avec sa sœur, des neveux et des nièces.

Les avantages d’une bonne planification de la vente de sa production n’ont pas échappé à Modeste Traoré : « Je serai encore plus satisfait si je peux m’entendre avec des commerçants qui m’achètent régulièrement mes produits. » Il affiche un très large sourire devant les résultats de son travail ces trois dernières années. Il souhaite toujours pouvoir pêcher sur le lac Wegnia, mais pour l’heure, c’est dans les champs qu’est l’avenir de sa famille.

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Projets climatiques de Caritas – ce que nous faisons

L’objectif premier de Caritas est de lutter contre la pauvreté et d’aider les personnes qui en sont affectées. Le lien avec le changement climatique est patent car ce dernier péjore les conditions de vie de millions de personnes dans le monde, les empêchant de couvrir leurs besoins vitaux et les poussant à fuir leur lieu de vie. Un projet climatique vise à accroître la résilience face aux conditions climatiques actuelles et futures. À cette fin, Caritas Suisse intègre systématiquement les données climatiques et satellitaires dans la conception et la mise en œuvre de ses projets, comme dans celui du lac Wegnia au Mali. L’analyse des données satellitaires a permis d’opter pour les bonnes mesures.

Se préparer au changement et s’y adapter

Caritas ne peut pas arrêter le changement climatique, mais elle peut aider les populations touchées à mieux s’y préparer et à s’y adapter. Cela consiste à élaborer des mesures tenant compte des conditions changeantes. S’il pleut moins dans une région, et seulement par phases intensives et brèves, le stockage de l’eau revêt alors un rôle clé. Les captages d’eau dans la roche, les bassins de rétention ou les citernes améliorent la disponibilité de l’or bleu. Lorsque les périodes de sécheresse s’allongent ou que les pluies tombent de manière irrégulière, il faut des semences résistantes à la sécheresse et des méthodes agricoles adaptées. Parmi celles-ci, les mesures agroécologiques et de conservation enrichissent les sols en matières organiques. L’augmentation de la capacité de rétention d’eau et l’amélioration de la structure du sol qui en résulte rendent ce dernier plus résistant à la sécheresse et permettent l’obtention de meilleurs rendements. En outre, le ruissellement moindre des eaux de surface entraîne une diminution du risque d’inondation et d’érosion des sols.

Des données météorologiques précieuses

Les projets climatiques de Caritas ne font pas qu’appréhender la situation actuelle. Nous anticipons aussi les développements futurs synonymes de pauvreté accrue en analysant les données climatiques et en les intégrant dans la planification des projets. Nous aidons la population la plus vulnérable à s’adapter aux changements climatiques (modèles de température et de précipitations) et à ajuster ses activités à temps. Dans ce contexte, nous rendons également accessibles aux autorités locales et à la population les données météorologiques et climatiques toujours plus facilement disponibles.

Carole Schaber, responsable de la conduite opérationnelle de la coopération internationale

Prise de position

Vous pouvez lire notre prise de position « Instaurer la justice climatique » :

www.caritas.ch/prises-de-position

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