PFE // Porto ville aux 1000 îles

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POrto aux 1000 Jordan Barnaud. Caroline Renaud Master Architecture Villes Ressources 2015/2016

.

ville ĂŽles



Porto ville aux 1000 îles Jordan Barnaud .Caroline Renaud PFE 2015/2016 Directeur d’études. Florian Golay Master Architecture Villes Ressources ENSAG


So

m

m

a

i

r

e


* 1

Introduction

p. 2|5

Mutations d’une ville industrieuse p. 6|47 Apprivoiser un territoire escarpé Un territoire industriel

de

relief

Une «Shrinking city»

2

propice

au

développement

appréciée des voyageurs

«Ilhas», ville qui se cache p. 48|81 Fabrication spontanée de logements ouvriers Unité de voisinage déconnectée de l’espace public L’envers du décor comme stratégie d’action municipale

3

Le logement social comme moteur de régénération urbaine p. 82|161 Une concentration importante d’ilhas L’exiguïté comme logique de mise en œuvre Transformation urbaine incrémentée

*

Conclusion p. 162|165


Introduction


*


* Introduction P

orto s’élève sur la rive droite du Douro. Perchée sur ses collines granitiques, elle apparaît et disparaît, au rythme des brumes atlantiques incertaines. «Porto est une

ville incroyable. Porto est une ville secrète. Porto se protège, c’est pour ça que beaucoup de ce qu’elle a de meilleur est d’accès difficile».1

Elle a souvent été complexée par sa place de Deuxième dans un pays très centralisé autour de Lisbonne, la Première. A l’aube du XXI°s, l’atmosphère semblait s’améliorer : après la chute de la dictature salazariste, l’Euro remplaçait l’Escudo, la croissance économique marquait le Portugal du Nord au Sud. Cependant, l’économie du pays reposant essentiellement sur des secteurs de services et de construction et sur la spéculation immobilière a vite perdu de l’élan. La crise financière et économique mondiale a fini d’achever une croissance en perte de vitesse. Aujourd’hui, le centre ville historique classé au patrimoine de l’UNESCO perd de ses habitants, «les im-

meubles de l’opulence sont souvent désertés ou délabrés mais Porto résiste à n’être qu’un décor».2

On voit paraître différentes initia-

tives habitantes ou professionnelles qui naissent petit à petit dans des immeubles parfois abandonnés depuis longtemps. La nature de la ville appelle donc les architectes à redéfinir un nouvel horizon d’actions. Parallèlement à ces initiatives, des projets de plus grande ampleur naissent sous l’impulsion d’investisseurs privés, dictant des programmes ne correspondant pas forcément aux attentes des habitants. Une dualité dans le développement de la ville se met alors en place, n’encourageant pas une ligne de conduite propre à la ville de Porto. Porto, la ville qui travaille, montre encore des traces du développement industriel très rapide qu’elle a subi. Différentes habitations appelées ilhas existent, cachées au détour du relief, de rues tortueuses ou en cœur d’îlots, et montrent comme le reste de la ville, des signes de vieillissement. Dans une ville où la demande de logements sociaux est en hausse et où la ressource en logements vacants est importante, il s’agira d’optimiser les anciens logements ouvriers que sont les ilhas afin de redonner de l’attractivité à la ville, tout en valorisant un patrimoine matériel et immatériel qu’ils représentent.

1 PONS Edouard, Poètes et bâtisseurs, 2010, Autrement, Paris, p.47 2 PONS E., Ibid., p.14 4


Portrait de profil

Introduction

Portrait de face

5


Mutations d’une d’une ville industrieuse


1


1 Mutations d’une ville industrieuse Une ville à apprivoiser

P

endant longtemps le fleuve Douro a creusé des plateaux granitiques, faisant jaillir une vallée encaissée aux versants abruptes et aux déclivités accentuées. Porto, nous dévoile alors un paysage de collines et de plateaux qui s’enchevêtrent et s’élèvent en amphithéâtre le long du Douro. La ville avec son développement industriel rapide, a su développer des infrastructures pour apprivoiser ces terres, qui sont aujourd’hui devenues des monuments visités par les touristes et qui font la renommée de cette ville industrieuse.

«De son plus haut sommet, Porto, ravins et précipices, trébuche et dégringole, retenu par des filets d’acier, des tirants métalliques qui lui font d’étranges pansements.»3

3 PONS E., Ibid., p.13


Mutations d’une ville industrieuse

«O Porto visto de Gaia», Lithographie couleur, portoarc.blogspot.com

9


XVII- XXI°s : «A Cidade Invicta», entre développements majeurs et conflits Une ville forgée à travers le développement des terres 2° Port du portugal 25% du Commerce portugal international 14.000.000 tonnes marchandises/an 3.000 Navires/an

2° PORT DU PORTUGAL 25% DU COMMERCE PORTUGAL INTERNATIONAL 14.000.000 TONNES MARCHANDISES/AN 3.000 NAVIRES/AN

Mirandela

Vila Real

Port de Leixoes

MIRANDELA

Porto PORT DE LEIXOES PORTO

Pinhao VILA REAL

Villa Nova de Gaia

VILLA NOVA GAIA

DE

Rio Douro PINHAO

RIO DOURO

Zone nourrie par le Douro Superficie 250.000 ha ZONE NOURRIE PAR LE DOURO5.500 pieds de vignes/ha SUPERFICIE 250.000 HA 5.500 PIEDS DE VIGNES/HA

Développement du commerce vinho do Porto Développement du commerce vinho do Porto ZoneAppellation appellation Porto Vinicole | Exploitation vinicole Zone Porto - Exploitation Hautes places du commerce Hautes places de vinicole commerce vinicole

2°Port port du Portugal 2° du portugal

10

ESPAGNE


XVII - XXI°S : «LA CIDADE INVICTA», ENTRE DÉVELOPPEMENT MAJEURS ET CONFLITS UNE VILLE FORGÉ À TRAVERS LE DEVELOPPEMENT DE SES TERRES

NAISSANCE VINHO DO PORTO

CREATION REPUBLIQUE PORTUGAISE

REVOLTE REPUBLICAINE

CROISSANCE PROPSERE DE PORTO

1678

GEL DES LOYERS

CREATION PORT DE LEIXOES

COMMERCE DU VIN

1800

1891

DICTATURE SALAZARISTE

1910

1933

1946

PORTO SITE UNESCO

ADHESION CEE

REVOLUTION DES OEILLETS

Avril 1974

CAPITALE EUROPEENNE CULTURELLE

DEVELOPPEMENT CULTUREL UN PONTE VERS LE XIX°

1986

1996

2001

2° PORT DU PORTUGAL 25% DU COMMERCE PORTUGAL INTERNATIONAL 14.000.000 TONNES MARCHANDISES/AN 3.000 NAVIRES/AN

« Pendant que Lisbonne se fait belle, Coimbra étudie, Braga prie et Porto travaille».

C’

MIRANDELA

est au cours des trois derniers millénaires qui ont vu se succéder des mouvements de flux Vet de reflux de civilisations, que Porto est née. Les ILA REAL PORT DE LEIXOES cultures Phénicienne, Grecque, Celtique, et Romaine ont toutes laissé leurs PORTO empreintes. A Porto est né le nomPINHAO de Portugal, entre Porto et Gaia, sur la rive sud du fleuve que les Romains appelaient Cale. De Portus et Cale, qui VILLA NOVA fit Portucale, naquit le Portugal. Porto se veut ainsi rebelle, ville de liberté, RIO DOURO DE GAIA d’indépendances, d’opinions dissonantes et porte avec orgueil son surnom ESPAGNE de «Cidade Invicta». Ici lesZONEcommerçants portuans négociaient directement avec le roi d’AngleNOURRIE PAR LE DOURO UPERFICIE 250.000 HA terre S5.500 sans autre intermédiaire. Riche de la demande britannique et de l’exPIEDS DE VIGNES/HA pansion des terres vinicoles implantées dans la vallée du Douro, le «vinho do Porto» a contribué à l’important développement économique et l’essor de Porto, faisant d’elle la «Capital do Norte». À la fin du XIXème siècle, en 1891, les idéaux républicains provoquent une révolte dans la ville, véritable évènement dans l’histoire de Porto et du PorHAUTES PLACES DU COMMERCE VINICOLE tugal puisque cette révolte conduisit à la proclamation de la République 2° PORT DU PORTUGAL Portugaise en 1910. Et si pendant plus de quarante ans le pays est soumis au régime autoritaire d’António de Oliveira Salazar jusqu’à la révolution d’avril qui éclate à Lisbonne (Révolution des Œillets en 1974), Porto prend immédiatement part à ce bouleversement que ses habitants attendaient. DÉVELOPPEMENT DU COMMERCE VINHO DO PORTO

La liberté retrouvée, le Portugal met fin à son isolement grâce à l’adhésion à la CEE (Communauté Européenne Economique) en 1986, et connait alors une période de forte croissance dont Porto profite largement, en développant ses infrastructures dans tous les domaines (port de Leixoes).

Mutations d’une ville industrieuse

ZONE APPELLATION PORTO - EXPLOITATION VINICOLE

11



1A

Apprivoiser un territoire escarpĂŠ


Une urbanisation qui se déploie sur les reliefs

A

u XIVe siècle, Porto possède déjà une grande capacité commerciale et une identité très forte et affirmée. Au fil du temps, Porto n’a cessé d’améliorer son caractère commercial. Au début du XVIIIe siècle, la ville connaît une croissance économique prospère, notamment en raison de la commercialisation de son vin vers les pays du nord de l’Europe. Malgré une croissance économique concentrée surtout sur les reliefs bas en front du Douro, la ville éprouve la nécessité de s’agrandir, ce qui conditionne l’expansion du noyau urbain. Dès lors, les vieilles fortifications médiévales érigées au XIIe siècle étant beaucoup trop étroites pour une ville au progrès effréné, la cité se voit contrainte de continuer son expansion sur le relief. La ville devenue de plus en plus

14

compacte avec la sur-occupation de son centre occasionne un effritement progressif de la muraille ferrandine entraînant un nouveau processus d’expansion urbaine à l’extérieur des murs. Joao De Almada et son fils, accompagnés du conseil des travaux publics, ainsi que de l’architecte John Whitehead entreprennent la réalisation d’un plan urbanistique redéfinissant l’organisation du territoire. Ils concentrent leurs efforts sur trois enjeux : les limites des nouvelles lignes de l’expansion de la ville, la construction de nouvelles zones résidentielles à l’extérieur du noyau médiéval pour les bourgeois les plus fortunés et l’amélioration des connexions (extension et alignement de certaines routes) entre le vieux centre de la ville et les nouveaux quartiers.


Porto xIv°

Porto en 1660

Principales zones de développement urbain Murailles antiques (Romaines) Murailles ferrandines (Gothique) Principaux axes de circulations Voies principales Voies en construction Anciennes fortifications

Mutations d’une ville industrieuse

Porto en 1813

15


A

Rendre accessible le dénivelé 88%

du territoire occupés par le cours d’eau et les collines

«Cette ville de Porto a un sol difficile, accidenté, granitique qui pendant des siècles a repoussé les personnes qui se sont pressées. L’agglomérat de maisons grimpe le long des escarpements et ouvre des places où c’est possible : des vallées étroites ou des plateaux inclinés, comme aucun manuel ne pourrait proposer.» 4 EMPRISE DU RELIEF 88% DU TERRITOIRE OCCUPÉS PAR LE COURS D’EAU ET LES COLLINES

Emprise du relief

0

1000

2000

0

1000

2000

RÉSEAU AUTOROUTIER MÉTRO

234.109 VÉHICULES / JOUR - 85.449.785

153M

NOVA DE GAIA

174M VILA NOVA DE GAIA

PENA VENTOSA 89M

VILA NOVA DE GAIA

Siza Álvaro, Porto, Université de Porto, 2001. R4ÉSEAU DE MÉTRO MÉTROPOLITAIN 16

51.500.000 PASSAGERS (2008)

RÉSEAU DE TRAMWAY MUNCIP


100

Escaliers urbains

ESCALIERS URBAIN

200

CEOUPE TOPOGRAPHIQUE SITE ISTORIQUE DE PORTO LEVATION DE LA RIBEIRADU FACE AUHD OURO Coupe topographique

0

100

200

FUNICULAIRE DOS GU

du site de porto

SOURCE : MAXIME DELAYER, JUILLIET 2007

PENA VENTOSA

ESPACE CULTUREL

BUREAU

VACANT

HOTE

150 VILA NOVA DE GAIA RIVE SUD

RIO DOURO

SÉ RIVE NORD 100

50

Museu

PO

0

MÈTRES

0

MÈTRES

500

1000

1500

2000

2500

70 «Voyez que sur le Douro, de75 Porto et jusqu’en Espagne, tout est terrasses. Il y a un formidable travail de l’homme sur P 5 50 493leM paysage.» LONG M

PONT DA ARRABIDAen organisé

AUTOROUTE 3X3 VOIES 40 000 VÉHICULES / JOUR

5 PONS E. , Op.cit., p.87

ORTO

25

0

0

50

100

200

Mutations d’une ville industrieuse

0

17


Funiculaire 0

100

200

et ascenseur

FUNICULAIRE DOS GUINDAIS ET ASCENSEUR DA RIBEIRA

0

Ascenseur da ribeira BUREAU

VACANT

HOTEL

PRAÇA DE LA RIBEIRA

COMMERCES ET LOGEMENTS

PORTO HOTEL CAFES RIBEIRENSES

CAPELIO FERREIRA

Manuel de Sousa 18

LOGEMENTS

100

200


Funiculaire dos guindais

m de long

61

m de dénivelé

25

personnes/voitures

Manuel de Sousa

Le funiculaire a été conçu en 1891. Deux ans après, un accident a eu lieu abrégeant ainsi les ambitions de la ville d’en construire d’autres. Il a été à nouveau mis en fonction en 2004 et demeure le seul de la ville de Porto.

Mutations d’une ville industrieuse

281

19



1B

Un territoire de relief propice au dĂŠveloppement industriel


L’avènement d’une nouvelle ère

«L’industrie, source de tout le mal et de tout le bien devient le vrai protagoniste de la transformation de la ville.»6

B

ien que Porto s’apparente souvent à «la ville qui travaille», le processus d’industrialisation rapide qu’elle a subi ne survient que durant la seconde période du XIX siècle. L’ère industrielle a été l’un des principaux tournants de l’histoire de la ville de Porto, révolutionnant du même coup la construction architecturale, la dynamique urbaine et le processus social à travers les nouveaux modes de vie qu’elle a fait naître. A Porto, le grand saut industriel survient notamment avec l’introduction de la machine à vapeur, qui génère des ateliers de petites et moyennes dimensions tout autour de la ville et dans toutes les branches de productions. La ville se caractérise alors par une audace de l’innovation technologique avec la réalisation de grands travaux d’infrastructures, nécessaires pour l’évolution du tissu économique national et la création d’un marché à l’échelle du pays. Dans cette optique, plusieurs mesures vont être prises, avec la construction d’ouvrages d’art comme le témoignent les deux ponts en fer, Dona Maria Pia et le Dom Luiz I, mais également avec la mise en place d’un réseau ferroviaire à Campanha en 1865 ainsi que le déploiement de grands axes routiers (1859 et 1884, 9 155kms de routes sont construites). Survient un peu plus tard, en 1884, la création du port de Leixoes qui contribue à développer la ville de Porto ainsi que l’économie de la région du nord du Pays.

6 ROSSI Aldo, A arquitetura da Cidade, 2001, InFolio, Gollion, p.236 22


RIVE NORD

RIVE SUD

100

COUPE TOPOGRAPHIQUE DU SITE HISTORIQUE DE PORTO SOURCE : MAXIME DELAYER, JUILLIET 2007

50 PENA VENTOSA 0 150

MÈTRES

500

0

MÈTRES

SÉ1000 RIVE NORD

1500 RIO DOURO

2000

VILA NOVA2500 DE GAIA RIVE SUD

100

50

COUPE TOPOGRAPHIQUE DU SITE HISTORIQUE DE PORTO SOURCE : MAXIME DELAYER, JUILLIET 2007

50

PENA VENTOSA

500

0

MÈTRES

1000 SÉ RIVE NORD

100

2

.

25

Pont

Dom

1500

0

Gooporto

PONT DAOMARRABIDA LUIS I Luis I

385 m de long 493 385 M LONG UTOROUTE 3XR 3OUTIER VÉtage OIES / PIÉTON 1 A Pont 1 PONT ETAGE 40 000 / JOURPORTO / piéton ETAGE 2 LVÉHICULES IGNE D MÉTRO routier 0 MÈTRES 51,5 MILLIONS DEÉtage PASSAGERS2/ ANligne D 0

Métro 500 Porto 1000 51,5 Millions de passagers / an

PONT DOM LUIS I PONT INFANTE D.HENRIQUE P ONTMDLAONG ARRABIDA 385 371 M LONG TAGE 1 PONT 2ROUTIER / PIÉTON E ONT ROUTIER X 2 VOIES P 493 ETAGEM2LLONG IGNE D MÉTRO PORTO UTOROUTE 3X3 VOIES A 51,5 MILLIONS DE PASSAGERS / AN 40 000 VÉHICULES / JOUR

2000

2500 VILA NOVA DE GAIA RIVE SUD

RIO DOURO 0

50

100

200

70 M

75

57 M

50

MÈTRES

VILA NOVA DE GAIA

PORTO

493 M LONG 0 MÈTRESAUTOROUTE 3X3 VOIES 40 000 VÉHICULES / JOUR 150

70 M

75

PONT DA ARRABIDA

VILA NOVA DE GAIA VILA NOVA DE GAIA

PORTO

PORTO 50

25

1500

0

0

50

2000

100

2500

200

75

57 M

68 M

75

PORTO

75 50

70 M

PORTO

VILA NOVA DE GAIA VILA NOVA DE GAIA VILA NOVA DE GAIA

PORTO

50 50 25 25 25 0 0

P INFANTE D.HENRIQUE PONT ONT DONA MARIA PIA P ONT DOM LUIS I 371 M LONG 352 M LONG ONT ROUTIER 2 X 2 VOIES P ONG 385 ORSMSL ERVICE H ETAGE 1 PONT ROUTIER / PIÉTON ETAGE 2 LIGNE D MÉTRO PORTO 51,5 MILLIONS DE PASSAGERS / AN

.

PONT DONA MARIA4 PIA Pont Don PONT SAO JOAO PONT INFANTE D.Hmaria ENRIQUE Pia 352 1029MMLONG LONG ORSMSL ERVICE H 371 ONG LIGNE DE CHEMIN DE FER m de long 352 2 VOIES service PONT ROUTIER 2 X Hors

0

50

100

200

0

50

100

200

0

50

100

200

68 M

75 75 75

PORTO

50 50 50

60 M

57 M

VILA NOVA DE GAIA

PORTO

PORTO

VILA NOVA DE GAIA VILA NOVA DE GAIA

25 25 25 0 0 0 00

50

100

200

0

50

100

200

75 75

250

66 M

750

PORTO PORTO PORTO

50 50

1000

60 M

68 M

75

500

VILAVNILAOVA DE G AIA E EGG AIA VILANNOVA OVADD AIA

50 25 25 25 0 0 0

0 0 0

250 50

100 50

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200

750

1000

500

100

Mutations d’une ville industrieuse

0

200 28 M

P OAO PONT ONT S DAO O FJREIXO PONT DONA MARIA PIA 1029 LONG 870 MMLONG LAIGNE DE CHEMIN DE FER UTOROUTE 4 X 4 VOIES

75 25 75 50 0

23

66 M

PORTO PORTO

60 M

VILA NOVA DE GAIA VILA NOVA DE GAIA


Réseau ferroviaire régional urbain et principales gares

RÉSEAU FERROVIAIRE RÉGIONAL URBAIN ET PRINCIPALES GARES

0

1000

0

1000

2000

0

1000

2000

2000

PORT MARITIME DE LEIXOES

2.591 NAVIRES / 16.614.561TONNES DE MARCHANDISES /AN (2012) LEIXOES TERMINAL DE CROISIÈRE 90.000 PASSAGERS (2014)

24

AÉROPOR 6.929.805 P


Port Maritime de Leixoes 2 591 navires | 16 614 561 tonnes de marchandises | an (2012) Leixoes terminal de croisière | 90 000 passagers (2014)

PORT MARITIME DE LEIXOES

2.591 NAVIRES / 16.614.561TONNES DE MARCHANDISES /AN (2012) LEIXOES TERMINAL DE CROISIÈRE 90.000 PASSAGERS (2014)

0

200

1000

0

1000

2000

2000

FUNICULAIRE DOS GUINDAIS ET ASCENSEUR DA RIBEIRA

0

100

200

Mutations d’une ville industrieuse

2000

25


Une industrie manufacturière paternaliste

C

omparativement à Lisbonne, Porto a été davantage occupée par des petites entreprises manufacturières organisées sous forme d’ateliers. D’ailleurs l’un des aspects les plus marquant de cette structure industrielle fut la généralisation des ateliers à domicile, majoritairement dans le secteur du textile et se renforça durant la seconde période du XIX siècle. Avec le développement de la machine à vapeur, apparaît également plusieurs industries métallurgiques et des fonderies. Celles-ci permettent d’apporter une réponse à de nouvelles structures de fer utilisées dans certains bâtiments de plus grandes dimensions. A Porto s’ouvre une nouvelle ère de modernité, faisant de celle-ci une ville d’expression européenne, véhiculant une image nationale et internationale comme ville laborieuse mais prospère et qui ne cesse de se développer. Véritable ville industrielle, Porto à souvent souffert de la comparaison avec sa rivale Lisbonne, mais s’est quand même affirmée comme le «Manchester Portugais».

26


LOCALISATION DES PRINCIPALES INDUSTRIES DE FILAGE ET TISSAGE DE COTON, 1892 SOURCE : ENQUÊTE INDUSTRIEL DE 1890

LOCALISATION DESLocalisation PRINCIPALES INDUSTRIES DE FILAGE ET TISSAGE DE COTON, 1892 des principales industries de filage et S :E I 1890 OURCE

NQUÊTE NDUSTRIEL DE

de tissage de coton | 1892

Etablissement de moins de 100 travailleurs Etablissement de plus de 100 travailleurs Etablissement de moins de travailleurs Etablissement de100 moins de 100 travailleurs Etablissement de plus dede 100 plus travailleurs Etablissement de 100 travailleurs

LOCALISATION DES PRINCIPALES INDUSTRIES DE MÉTALLURGIE , 1892 Localisation des principales industries de S :E I 1890 OURCE

NQUÊTE NDUSTRIEL DE

métallurgie|1892

LOCALISATION DES PRINCIPALES INDUSTRIES DE MÉTALLURGIE, 1892

Métallurgie les ateliers employaient moins de 100 travailleurs Métallurgie (tous les(tous ateliers empolyait moins de 100 travailleurs)

Mutations d’une ville industrieuse

SOURCE : ENQUÊTE INDUSTRIEL DE 1890

27 Métallurgie (tous les ateliers empolyait moins de 100 travailleurs)


Industrialisation et développement d’habitats ouvriers

L

’industrialisation a été l’un des principaux catalyseurs de transformation urbaine portuane. Avec l’apparition de nouvelles opportunités d’emplois, la ville est devenue attractive pour les travailleurs. L’afflux d’une main d’œuvre de plus en plus conséquente au cours du XIX° siècle a engendré une forte pression foncière. Le problème principal résidait dans le fait que les revenus faibles des ouvriers ne leur permettait pas de payer un loyer et d’assurer à leur famille un mode de vie confortable. La difficulté de trouver un logement qui puisse être compatible avec les faibles revenus des travailleurs a fait naître un modèle d’hébergement modeste : les ilhas.

28


Plan d’occupations industrielles | 1973

yourguesthouse.com

Mutations d’une ville industrieuse

Ilha

29



1C

Une «Shrinking city» appréciée des voyageurs


Crise du centre

D

ans les années 1990, la démographie à Porto a continué d’augmenter doucement, pour subir une forte chute en 2003. Cette évolution positive était principalement dû à l’immigration et au retour de Portugais qui résidaient dans d’anciennes colonies. L’accumulation des facteurs que sont le vieillissement de la population, la création de maisons modernes en périphérie et des politiques sociales peu optimales ont participé à la fuite de la population du centre ville. Au tournant des années 2000, l’accroissement de la population s’est arrêtée et la ville a commencé à rétrécir. Pendant ces dix dernières années, Porto a perdu 20 000 habitants, et le phénomène continue, aggravé par la crise économique.

Décroissance et vieillissement

1981

Aujourd’hui

Pic population

327 000

237 000

hab

- 15 ans

13% 16,5%

hab

+65 ans

A Porto Au Portugal

20%

17,2%

Portugal statistiques

Pendant plus de vingt cinq ans, le Portugal a été un pays à bas taux de fertilité, trop bas pour assurer le renouvellement des générations en place. A titre de comparaison, seuls deux autres pays ont un taux de fertilité aussi bas : l’Espagne et la Grèce. Le vieillissement de la population a donc un réel impact socio-économique. Depuis les années 2000, le ratio de personnes âgées dépasse celui de la population jeune. La baisse de la mortalité, l’autonomie acquise par les femmes, la précarité de l’emploi sont des facteurs qui pèsent dans la décision d’avoir un enfant. 32


De plus, la crise économique n’arrange pas les choses quant à la fertilité du pays. Le vieillissement de la population est une des conséquences de la transition démographique, où le Portugal est passé par un fort taux de mortalité et de naissance à un modèle où les deux sont bas.

Rodrigo Cardoso

Mutations d’une ville industrieuse

Porto, deuxième agglomération du Portugal affiche une dynamique qui va à contre courant des villes européennes : Porto est considérée comme une ville «pauvre», dont le centre n’est toujours pas gentrifié. Au cœur de l’agglomération du grand Porto, la commune est confrontée à la dispersion et la fragmentation de son tissu urbain, ce que Alberto Rio Fernandes (docteur en géographie humaine à l’université de Porto et chercheur au Centre des études de planification Géographie et régional, où il coordonne les recherches «villes, compétitivité et bien-être») qualifie de «crise des centres».

33


«Graduellement, le centre ville s’est vidé à cause du manque de confort, du manque d’entretien de la ville. Tout le monde aime vivre au centre-ville, mais on ne peut pas vivre dans des espaces dégradés et le centre se désertifie. [...]Il faut en finir avec l’idée qu’il y a un patrimoine et le reste, comme si le patrimoine était quelque chose de fermé, de fini. Le patrimoine est fondamental dans la continuité de la ville. Ce n’est pas un chapitre à part de l’histoire à maintenir comme un musée. Je ne crois pas à un programme de restauration du centre de la ville qui ne soit pas associé à des programmes qui concernent la ville dans sa globalité. Je ne suis non plus partisan de ne rien démolir et de tout conserver. Il faut maintenir ce qui peut bien fonctionner. Ce qui a une signification pour la vie de la ville doit être récupéré dans toute son intégrité en incluant les exigences d’aujourd’hui du point de vue du confort, mais pas avec de petites touches de modernisme.»7 Alvaro Siza

7 PONS Edouard, Op. Cit, p.73 34


Migration de la population Dans une ville où le développement industriel a été très rapide, des opérations urbaines ont été créées après la Révolution des Œillets pour loger les gens dignement. La volonté étatique était d’intégrer la population dans les réflexions sur le logement et la ville en général. Dans les années 1970, la municipalité met en place un processus d’éradication des logements dégradés du centre ville et entraine le déplacement des habitants en périphérie, dans des complexes de logements sociaux. De plus, le magnétisme des nouveaux modes de vie qu’offrait la périphérie de Porto ont attiré la population hors de la ville. Les habitants pouvaient alors bénéficier de maisons neuves, en bon état.

Villes rétrécissantes et villes à croissance rapides du grand Porto

VILLES Rrétrécissantes ÉTRECISSANTES Villes Villes VILLES Ccroissantes ROISSANTES

Mutations d’une ville industrieuse

Porto

35


Tentative d’enrayement du phénomène de dégradation

L

e Portugal, contrairement à la majorité des autres pays d’Europe, n’a pas subi les dégâts liés à la Seconde Guerre Mondiale et a donc conservé un patrimoine bâti assez ancien. Ce fait, couplé à la loi sur les gels de loyers mise en place sous Salazar ( les loyers n’ont pas augmenté au fil des années, ne rapportant pas beaucoup d’argent aux propriétaires pour entretenir leurs biens), a laissé des immeubles en état avancé de délabrement.

Rénover le centre urbain La CRUARB, Comissariado para a Renovação Urbana da Área de Ribeira/ Barredo (Commission pour la rénovation urbaine de la zone Ribeira/Barredo) a existé de 1974 à 2003. Son objectif consistait à réhabiliter le centre ancien tout en conservant sur place les populations locales, dans la mesure du possible. En plus de conserver les valeurs historiques et architecturales du centre, la CRUARB s’associe en 1990 à la «Fundação par o desenvolvimento da zona histórica do Porto» (Fondation pour le développement de la zone historique de Porto), qui supporte plus directement la dimension sociale de la réhabilitation. Dans un premier temps outil étatique, sa gestion passe en 1982 sous l’autorité de la ville de Porto, ce qui a été décisif pour l’obtention du statut de ville historique classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1991. Dans le cadre de la CRUARB, les principaux acteurs locaux, les paroisses et les associations d’habitants participent aux processus de prises de décision. Les engagements de la ville ainsi que les financements sont votés à l’assemblée municipale, dans un soucis de transparence. Cette période est souvent qualifiée d’exemplaire quant aux stratégies d’actions urbaines. Néanmoins, l’élargissement du périmètre d’action de 90 Ha pose problème. Avec la loi des finances et des compétences locales (1982), se pose la question des coûts de ces opérations financées à 100% par le public. Seule la ville est responsable des actions menées et la tâche s’est révélée être lourde puisque par le biais de la CRUARB, la municipalité se voit souvent obligée d’exproprier les familles afin de réhabiliter les immeubles. Dès 1986, elle fait appel aux fonds de la Communauté Européenne et à différents programmes gouvernementaux pour assumer financièrement les travaux engagés. Par ailleurs, une insuffisance de moyens techniques complique la tâche colossale que représentent les réhabilitations que la commune doit prendre en charge.

36


Mutations d’une ville industrieuse

Avant/Après CRUARB

37


Porto 2001, capitale européenne de la culture

E

n s’inspirant de la ville de Glasgow, première ville moyenne à demander ce titre, Porto va organiser une nouvelle logique d’action publique, en associant projet culturel et projet urbain. Ce titre offrait la possibilité de légitimer les politiques de transformation et de regroupement sous un cadre global, dépassant les actions ponctuelles de la CRUARB, et de transcender les procédures classiques. Porto 2001 a montré les ambitions que la ville pouvait avoir en menant une telle logique qui se décline sous la forme d’opérations pour l’ensemble de la ville, tant du côté des institutions, que du côté des investisseurs privés. Cette opération a montré que la ville ne pouvait pas s’appuyer uniquement sur des fonds publics et qu’il était nécessaire de mobiliser davantage les financements privés. Ainsi, cet événement a marqué le basculement du registre d’actions des politiques urbaines, de leur gouvernance et en cela n’est sans doute pas étranger à la fin des actions de la CRUARB en 2001. Porto 2001, traduit alors un intérêt majeur pour le développement de l’architecture et de l’industrie culturelle dans la ville. L’architecture devient comme un produit culturel à succès et la ville s’enthousiasme de l’ouverture du musée d’art moderne Serralves et de la Casa de Musica en 2005, qui avait suscité beaucoup d’attente et d’espoir. Cette volonté de se démarquer et de se positionner en tant que ville culturelle marquait l’occasion de prendre sa revanche sur sa rivale Lisbonne davantage perçue comme une ville cosmopolite.

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Mutations d’une ville industrieuse

Photo Florian Golay

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Image renvoyée par la ville

P

orto Vivo, SRU est créé en 2005 en partenariat avec l’Institut National de l’Habitat et de la réhabilitation Urbaine (IRHU) sous la forme d’une société anonyme avec 60% d’investissements publics et 40 % d’investissements privés. La société endosse alors le rôle d’une entreprise et consent à financer en partie le Porto Vivo, SRU, mais n’intervient pas directement dans les projets de réhabilitation. En choisissant le régime d’entreprise d’état, la ville affranchit Porto Vivo, SRU de toute contrainte démocratique dans la conduite de ses projets. Ses budgets, ses résultats

ne sont plus discutés à l’assemblée municipale. Le Porto Vivo, SRU est présenté comme un moteur de redynamisation socio-économique qui va permettre de redynamiser le centre ville et d’intensifier le flux de visiteurs. D’autre part, les autorités, tiennent à l’image extérieure de la ville, qui pourra potentiellement intéresser les investisseurs et les acquéreurs. Or, si la société semble jouer le jeu des transformations de l’espace, elle a surtout encouragé l’instrumentalisation et la valorisation qui peut en être faite.

« Le porto ancien est en train de passer par une phase très contradictoire. Il s’agit d’un phénomène ancien qui date de la fin du XIX° siècle. Les gens qui avaient de l’argent ont commencé à déserter le centre, qui reste malgré cela une zone de grande densité. La contradiction actuelle tient à l’esthétisation de la ville ancienne, considérée comme patrimoine de l’humanité, qui a ouvert une perspective de valorisation et créé un immense phénomène de spéculation blanche [...] Il se crée une spirale inflationniste qui n’est pas proportionnelle à la vitesse de la restauration, se constituant même en obstacle à la restauration.»8 Alvaro Domingues, Géographe

8 PONS Edouard, Op. Cit, p.77 40


DIFFÉRTENTS PÉRIMÈTRES D’INTERVENTION CEDOFEITA BONFIM SANTO LLDEFONSO

MASSARELOS

MIRAGAIA

VCedofeita ITORIA SÉ Bonfim

SAO NICOLAU Santo Lldefonso

Massarelos CEDOFEITA

Vitoria Miragaia MASSARELOS

( AIRE CRITIQUE DE RENOUVELLEMENT ET RECONVERSION URBANISTIQUE )

VITORIA

BONFIM

Sao Nicolau

MIRAGAIA

IP ( ZONE D’INTERVENTION PRIORITAIRE)

NCADREMENT

SANTO LLDEFONSO

HISTORIQUE

Porto Vivo,Vivo, SRU ( Aire Critique de Renouvellement Urbanistique ) et Reconversion Urbanistique) Porto SRU (Aire critiqueet Reconversion de Renouvellement SAO NICOLAU Zone d’intervention Prioritaire Zone d’intervention prioritaire

Encadrement Encadrement ACRRU ( AIRE Historique CRITIQUEhistorique DE RENOUVELLEMENT ET RECONVERSION URBANISTIQUE )

ZIP ( ZONE D’INTERVENTION PRIORITAIRE) ENCADREMENT HISTORIQUE KM²

ACRRU

ACRRU

ZIP

KM²

10,7 SITE HISTORIQUE ZIP 5

SITE HISTORIQUE

0,5

10,7 5 0,5

HABITANTS

HABITANTS 84,380 43,000 7,000

84,380 43,000 7,000

BÂTIMENTS

BÂTIMENTS 18,048 10,572

18,048 10,572 1,796

1,796

LOCALISATION DES 6 AIRES PRIORITAIRES ET STRATÉGIE DE DIFFUSION 1.290.629m² 70 Quartiers 2.100 Bâtiments 7.150 Logements

LOGEMENTS

BÂTIMENT NÉCESSITANT DES TRAVAUX LOURDS

46,561BÂTIMENT NÉCESSITANT 9,716 LOGEMENTS DES TRAVAUX LOURDS 25,178 3,882 46,561 9,716 653 25,178 3,882

-

653

% D’ÉDIFICES EN

MAUVAIS ÉTAT DE CONSERVATION

% D’ÉDIFICES53,8 EN MAUVAIS ÉTAT DE CONSERVATION

53,8 36,7 36,4

36,7 36,4

Mutations d’une ville industrieuse

ORTO VIVO

Périmètres d’intervention de Porto Vivo, SRU

41


Photo Paul Smeets. Flickr 42


43

Mutations d’une ville industrieuse


Photo personnelle 44


Mutations d’une ville industrieuse

Photo Rodrigo Cardoso

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Développement d’un tourisme urbain

L

a crise du crédit, la dégradation du tissu urbain du centre ville et sa dévalorisation ont ouvert la voie à un processus de muséification du centre historique de la Ribeira ce qui a notamment conduit à l’amorce d’un tourisme urbain. La beauté et le prestige des architectures patrimoniales baroques, classiques, l’attrait pour le vinho ainsi que la passion du football font de Porto une ville branchée et de plus en plus attrayante. De plus, l’architecture portugaise des dernières décennies profondément imprégnée par l’empreinte d’Alvaro Siza et d’Eduardo Souto de Moura, tout deux jouissant d’une forte reconnaissance médiatique sur le plan international, ont nourrit la ville de nombreux projets (des équipements publics jusqu’au station de métro) attirant les touristes étrangers. L’accueil des Portuans, le climat agréable, la multiplication des vols low cost, la glorification de l’architecture moderne et patrimoniale participent à la valorisation d’un tourisme local et séduisent les touristes sur des courts séjours. En 2012, on recense dans la région del Norte entre 5 et 10 millions de nuitées passées dans des hébergements touristiques. La forte activité touristique a particulièrement rendu vivant le quartier de la Ribeira où les pouvoirs publics et les investisseurs privés n’ont pas hésité à investir dans les hébergements hôteliers et des équipements de restauration. Cette dynamique de l’industrie touristique semblait alors agir comme un remède possible pour endiguer la décroissance du centre urbain.

Élévation de la ribeira face au douro

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Mutations d’une ville industrieuse

Photo Rodrigo Cardoso

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«Ilhas» ville qui se cache


2


2 «ILhas» ville qui se cache Ilhas, lieu de résistance

L

es ilhas, logements ouvriers conçus lors de l’industrialisation du pays, sont des espaces urbains propres à la ville de Porto, construits au cœur des îlots d’habitations classiques. Alors que Porto après la dictature Salazariste a subi les mêmes opérations de renouvellement urbain que le reste du pays, cette typologie continue d’exister, bravant les différentes opérations visant à les éradiquer, notamment avec le Plano Salubrização das ilhas (1956), le Plano de Melhoramentos de Porto (1956-1966) et le Plano especial de Realojamento (1993), sans connaître d’autres modifications que celles que développaient les habitants. Elles constituent le patrimoine matériel et immatériel auquel la ville commence à s’intéresser. Les ilhas ont façonné l’espace urbain de Porto depuis le XIX°s., constituant l’envers du décor de cette ville touristique.


etcprojects 51



2A

Fabrication spontanĂŠe de logements ouvriers


Apparition des ilhas

P

endant la seconde moitié du XVIII°s., avec l’industrialisation du pays et le déclin de l’agriculture, la population a doublé à Porto. Les classes moyennes, propriétaires de petites industries ou de commerces, ont répondu de manière spontanée en optimisant la surface constructible dans la ville, c’est à dire les cœurs d’îlots, dont ils étaient propriétaires. Ils ont alors utilisé leurs économies pour loger leurs ouvriers fraîchement arrivés en ville. La petite taille des opérations de construction, les ressources limitées des propriétaires et la subdivision régulière des terres de Porto en parcelles d’environ cinq mètres ont entraîné la typologie des logements ouvriers. Cette organisation particulière des ilhas a même été adoptée dans des situations où la contrainte d’un parcellaire étroit n’existait pas. Dans les années 1970, Alvaro Siza s’est inspiré de l’organisation en bandes des ilhas pour créer un groupement de logements sociaux. La construction des ilhas s’est révélée être un bon investissement, puisque la construction se faisait à l’aide de matériaux bon marché. Face à la demande et le faible coût de construction, ces investissements bâtis étaient vite amortis. Certains propriétaires d’usine, sentant une opportunité financière se sont pleinement impliqués dans la construction de ces logements, quitte a fournir aux ouvriers des logements de moins en moins de bonne qualité.

1929

1301

ilhas

2001

1168

ilhas

10,6 54

14 676 8465

maisons maisons

logements en moyenne par ilhas


Origine étymologique

Le terme d’ilhas serait issu du mot insulae venant lui-même du mot «île», qui caractérise les maisons dans la Rome antique, parcelles de terrains isolées par les rues. Ici, les ilhas sont isolées de l’espace public par des rues, des immeubles en front de rue, ou encore par le relief de la ville.

yourguesthouse.com 55


Ilhas deuxième moité du XIX ° s

yourguesthouse.com 56


Photo Florian Golay

«Ilhas», ville qui se cache

Ilhas en 2016

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Localisation des ilhas

A

u début du XIX°s., les ilhas se trouvaient donc en cœur d’îlots ou bien parfois dans des endroits encore vierges. Dans les deux cas, leur localisation correspond à une chute de la demande de logement de la classe moyenne dans ces secteurs particuliers de Porto. La hausse d’implantation des industries dans les environs des secteurs occupés par les classes moyennes a impliqué une baisse de demande de logement de type bourgeois, et de ce fait une augmentation des ilhas. La localisation des ilhas près des industries est donc plutôt due à la migration des populations bourgeoises plutôt que du fait de l’augmentation de la demande de logements peu coûteux à ces endroits.

LOCALISATION DES PRINCIPALES ZONES D’ILHAS ET DES INDUSTRIES, FIN DU XIX°SIÈCLE SOURCE : ENQUÊTE INDUSTRIEL DE 1890

Localisation des principales zones d’ilhas et d’industries, fin du XIX° s.

Industries employant 50-100 travailleurs INDUSTRIES EMPLOYANT ENTREentre 50 - 100 TRAVAILLEURS Industries employant travailleurs INDUSTRIES EMPLOYANT ENTREentre 100 -100-200 200 TRAVAILLEURS Industries employant travailleurs INDUSTRIES EMPLOYANT ENTREentre 200 -200-500 500 TRAVAILLEURS Industries employant deTRAVAILLEURS 500 travailleurs INDUSTRIES EMPLOYANT PLUS plus DE 500 des principales LLocalisation OCALISATION DES AIRES D’ILHAS

58

concentrations d’ilhas


Typologies es ilhas sont connues pour être la typologie la plus courante de logements ouvriers à Porto. Unités d’habitation construites en cœur d’îlots dont la forme architecturale reprend une typologie de maison individuelle de plain pied, les ilhas sont conçues en bandes, soit simples, soit doubles avec une allée centrale ou une allée de chaque côté des rangées de maisons. Avant le déséquilibre entre l’offre et la demande des logements qui est apparu avec la migration des populations en périphéries, la typologie des ilhas semblait la solution la plus adaptée à la morphologie de la ville, pour un usage intensif des terres disponibles (parfois 100m de profondeur en cœur d’îlots).

Les typologies ont évolué avec les différentes installations : parfois construites indépendamment des maisons des classes moyennes, elles occupaient des parcelles entières. Il existe donc une déformation de la structure de base selon les situations, notamment lorsque les ilhas se situent hors du centre ville. L’origine de la morphologie des ilhas pourrait également être d’influence anglaise. Les ilhas portuanes s’apparentent à un modèle dérivé des «back to back houses» des villes industrielles anglaises, mais également à celles des «corons» français, présentant des similitudes caractérisées par la contiguïté des habitations unifamiliales développées en bandes. 9

Back to Back Houses, 1950 leodis.net 9 Oliveira Vitor, Urban Morphology : An introduction to the study of the physical form of cities,2016,Springer,Berlin

«Ilhas», ville qui se cache

L

59


Typologie

ilhas

typiques

Sanitaires

Ilha

Maison

bourgeoise

Rue

60


Organisation des ilhas en cœur d’îlots.

«Ilhas», ville qui se cache

Principales typologies des ilhas. M.C. Teixeira

61


I

T

Ilhas deLHAS la RuaYPIQUE Sao Victor

ILHAS TYPIQUE

ILHAS VILLA

ILHAS ILHAS ESPACE COMMUN ESPACE COMMUN ESPACE SEMI PRIVÉ ESPACE SEMI PRIVÉ

ILHAS BAIRRO

ILHAS BAIRRO

62

ILHAS PARCELLES PARTA


Typologies ILHAS A PATIOdérivées Ilhas à patio

Rua Preciosa On retrouve une variation de l’allée centrale transformée en patio commun aux logements.

ILHAS TYPIQUE

ILHAS ESPACE COMMUN ESPACE SEMILHAS PRIVÉ

I

ILHAS VILLA

PARCELLES PARTAGÉES

Ilhas à parcelles partagées

ILHAS PARCELLE

«Ilhas», ville qui se cache

Rua de Joao de Deus L’allée centrale est partagée en parcelles semi-privées dont s’occupe chaque habitation indépendamment. ILHAS BAIRRO

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Quintas

I

Q

Centro Empresarial LHAS UINTA Les quintas possèdent une grande superficie d’espaces partagés souvent exploités en potager.

ILHAS TYPIQUE

ILHAS VILLA

ILHAS ESPACE COMMUN ESPACE SEMI PRIVÉ

Vila

Rua de Duque de Saldha ILHAS BAIRROsur Les logements ici se développent différents niveaux, et regroupent une LHAS ILLA vingtaine de logements.

I

V

ILHAS A PATIO

64

ILHAS PARCELLES PARTA


ESPACE SEMI PRIVÉ Bairro Bairro Herculano Bairro veut dire quartier en portugais. La construction des maisons en bandes est inspirée des ilhas. Cependant, agencement, sur une plus grande LHAS leurAIRRO parcelle, crée des ensembles plus conséquents et légalisés par Salazar, qui les a appelés «casas économicas».

I

ILHAS TYPIQUE

B

ILHAS VILLA

ILHAS ESPACE COMMUN ESPACE SEMI PRIVÉ

ILHAS PARCELLES

«Ilhas», ville qui se cache

ILHAS BAIRRO

65


Conditions de vie difficiles

L

e journal New Leaf publia le 30 juillet 1885 un texte de Emyglio d’Oliveira et Ricardo Jorge décrivant Porto, et plus spécifiquement les ilhas : «Les

ilhas sont désagréables, elles sont des bidonvilles où sont salés les porcs, entre excréments humains et animaux sur un sol poussiéreux, où de la fumée provient de feux allumés à l’intérieur des maisons sans ventilation appropriée.» Cette description pointe sans

doute un cas extrême des conditions de vie des habitants des ilhas, mais nous renseigne sur les usages domestiques de l’îlot. Les installations sanitaires étaient communes aux logements d’une ilha. Aujourd’hui, cette situation existe encore, bien que certains habitants aient réalisé des travaux pour les inclure dans leurs logements. De la même manière, à l’origine les ilhas n’étaient pas connectées au réseau d’eau de la ville ni aux égouts. En 2001, des travaux publics ont permis de relier certaines de ces ilhas au réseau.

Sanitaires et usages secondaires. Jn.pt

66


Transformations de l’espace public

Lavandière au travail Rua Santana. Antonin Pons Braley. Porto, poètes et bâtisseurs

«Ilhas», ville qui se cache

Le manque d’installations sanitaires au sein des logements et le fait que les réseaux d’eau n’ y soient pas toujours reliés ont influencé l’aménagement de l’espace public. Effectivement, au XIX°s, de grands travaux ont été lancé afin de pourvoir la ville de fontaines et de lavoirs publics.

67



2B

Unité de voisinage déconnectée de l’espace public


Microcosme et intimité

S

elon Gaspar Martins Pereira, professeur d’histoire et de politique à l’université de Porto, les ilhas représentent un «microcosme culturel et social», elles existent dans un univers parallèle, loin du regard des passants et des «mieux lotis». Par le fait de ne pas exister pleinement dans l’espace social de la ville, un esprit fort de communauté et de solidarité est né au sein des ilhas, comme un espace de résistance et de socialisation des plus pauvres. A défaut d’exister avec les autres, un lien affectif s’est tissé entre les résidents au sein d’une ilhas mais également entre chaque ilhas de la ville, qui constituent comme un réseau d’habitations que l’on pourrait assimiler à un village fragmenté. L’emplacement, le calme et la relation au voisinage dans les ilhas sont les facteurs les plus appréciés par les habitants, et sont révélateurs de l’identité socio-territoriale et du sentiment d’appartenance à ces espaces. Par la proximité physique entre

70

chaque habitations d’ilhas et le partage des sanitaires, les modes de vie sont quelque peu dénués de pudeur et d’intimité. Les portes d’entrée des maisons donnant sur l’allée de l’ilhas sont souvent ouvertes, permettant aux visiteurs de pouvoir entrer plus librement chez ses voisins. Une vie commune se met en place et le premier espace de la maison depuis l’allée de l’ilhas est comme une extension de l’espace public. D’autre part, la pénurie de logement implique généralement un surpeuplement des habitations, provoquant un débordement des usages de l’intérieur vers l’extérieur. Le rétrécissement de l’allée centrale renforce l’effet d’ambiguïté entre espaces publics et privés. Les ilhas sont d’une certaine manière comme une grande maison de famille. D’ailleurs, ces ilhas sont parfois un espace collectif pour des familles élargies, où enfants, cousins, neveux, qui y ont grandi s’installent dans les maisons disponibles de la même ilha.


«Ilhas», ville qui se cache

Photos Florian Golay

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Habiter dans 20 m2 et système D

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A

Camara Municipal de Porto. Photo Miguel Nogueira

10 BREDA VASQUEZ Isabel, Conceição Paulo, «Ilhas do Porto», de caractérisation, Ville de Porto, 2015.

enquête

«Ilhas», ville qui se cache

u vue de l’exiguïté des logements, des aménagements variés ont été réalisés par les habitants. Selon les choix et la manière de vivre de chacun, certains espaces ont été privilégiés en terme de superficie. Les variations d’espaces se font au grès de la disposition des cloisons et de l’ingéniosité des habitants. 10

73


Pathologies des ilhas

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Manque de lumière naturelle

Installations sanitaires rudimentaires

La toiture, très rudimentaire ne permet pas d’étanchéifier les logements, d’où la présence d’infiltrations d’eau entraînant des moisissures.

Cuisine exiguëe

Mur en pierres granitiques

Enduits et rejointoiement

Bricolage post-construction. Le rejointoiement ou la pose d’enduit ciment en façade a annulé les effets positifs de la pierre. Son caractère respirant est alors obstrué, d’où l’humidité persistante dans les logements.


Ségrégation : source de persistance

P

Photo personnelle

«Ilhas», ville qui se cache

ar le fait même de leur situation en cœur d’îlots, l’existence de ces ilhas et leur construction (qui était illégale à partir de la première moitié du XX°s.) n’ont jamais pu être contrôlées : pendant longtemps, le permis de construire n’était nécessaire que pour la conception des façades sur rue. D’autre part, le contrôle des bâtiments par la Câmara municipale de Porto n’étaient pas possible pour les ilhas, puisque cette instance n’avait accès qu’à 5m de profondeur depuis la rue. Le manque de maîtrise publique sur ces espaces a permis aux propriétaires de développer une forme urbaine derrière les portes de façades, et plus tard d’échapper aux programmes d’éradication des ilhas.

75



2C

L’envers du décor comme stratégie d’action municipale


Phénomène enraciné et régénération Etat d’occupation des ilhas 2001

Noyau d’ilhas habitées Noyau d’ilhas abandonnées Autre Principale concentration d’ilhas au XIX ° siècle

I

l persiste dans la ville plus d’un millier d’ilhas, ce qui correspond à 10000 Portuans habitant dans ces logements nécessitant une requalification selon la Câmara municipale de Porto. Une étude sociologique ,«Ilhas do Porto», a été menée entre 2001 et 2011 afin de comprendre le fonctionnement des ilhas et les usages des habitants. Elle révèle un grand nombre d’ilhas insalubres qui nécessitent une réhabilitation. S’engager dans la requalification de ces espaces, serait alors un signal politique fort qui matérialiserait l’engagement de la municipalité de Porto. Aujourd’hui, la population la plus pauvre est concentrée dans les ilhas, dans des conditions peu acceptables. D’autre part, les ilhas sont une forme très particulière propre à la ville de Porto, et la municipalité commence à leur témoigner de l’intérêt, en voulant les valoriser en tant que patrimoine de la ville, de son identité et de son évolution.

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«Ilhas», ville qui se cache

Étude sociologique

79


Cas Ilha de Bela Vista

D

epuis que Rui Moreira a été élu en 2013 président de la Câmara municipale de Porto, lui et son conseiller de l’habitat et de l’action sociale, Manuel Pizzaro se sont engagés a récupérer les ilhas les plus détériorées. La première rénovation mise en place est celle de Bela Vista dans Bonfim. Le projet guidé par le «Laboratorio Habitar e Sociedade na ilha de Bela Vista» est développé avec les habitants. La Câmara municipale de Porto a investi 400 000 euros pour réhabiliter cette ilha, où se trouvaient 43 maisons, dont seulement 12 étaient habitées par des personnes âgées. La transformation propose la création de 35 maisons à la place des 43 existantes pour que les surfaces habitables soient plus grandes. Le coût des travaux par maison représente donc 6500 euros. Préoccupé par les conditions de vie des personnes dans les ilhas, Manuel Pizzaro avance que la réhabilitation vise à requalifier et inclure socialement ces quartiers populaires à la ville, et transformer ces logements en atout pour attirer une nouvelle population à Porto.

80


11 SALES DIAS PEDRO , Câmara do Porto investe 400 mil euros num laboratório para reabilitar ilhas da cidade, Publico.pt, 2013.

«Ilhas», ville qui se cache

«Les maisons dans les ilhas sont souvent dans des états d’extrême dégradation, mais représentent aussi un environnement social et communautaire que nous devons explorer»11

81


Le logement social comme moteur de RĂŠgĂŠnĂŠration urbaine


3


3 Le logement social comme moteur de régénération urbaine Ilhas de la rue sao Victor

L

es ilhas de Porto font partie intégrante du caractère de la ville, évoquant son caractère industriel passé. Ce patrimoine matériel et immatériel existe bel et bien et commence à se faire remarquer par la ville. Alors que la population résidente vieillit et que les logements deviennent de plus en plus insalubres ou tombent en ruines, leur persistance dans la deuxième ville du Portugal pose question. Qu’adviendra-t-il des ilhas lorsque leurs habitants actuels seront partis ? Dans une ville où la demande de logements à loyers modérés ne fait qu’augmenter, nous pouvons imaginer une requalification des ilhas en logements sociaux en conservant leurs qualités intrinsèques et leur configuration tout en proposant des améliorations en accord avec les usages impulsés par l’évolution des modes de vie. Alors que la ville a commencé à réhabiliter une des ilhas de Porto, le projet propose de poursuivre cette initiative en développant des logements à prix abordable, qui pourraient faire revenir dans la ville une population qui était partie dans ses périphéries.

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Le logement social comme moteur de régénération urbaine

etcprojects

85



3A

Une concentration importante d’ilhas


Site de projet

Ilhas de la rua Sao Victor

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89

Le logement social comme moteur de rĂŠgĂŠnĂŠration urbaine


Photo personnelle


Territoire en strates


Ilhas de la rua sao Victor

L

a rua Sao Victor regroupe une grande quantité d’ilhas, une des plus importantes concentrations de la ville. Dans ce secteur, les ilhas ont gardé leur forme originale, typique, en cœur d’îlot. Au fil de la rue, les allées intérieures des ilhas se déroulent et nous laissent apercevoir ce que les habitants veulent bien montrer. Les fleurs, les plantes entretenues avec soin témoignent de l’application des résidents à s’approprier leur petit bout d’extérieur. Depuis la rue, l’accumulation de végétations et de linges qui sèchent nous offre le paysage d’un monde «parallèle», qui vit en retrait de l’agitation de la rue. Ce que les habitants apprécient le plus dans ces logements en bandes est le calme et la relation au voisinage. Et il est vrai que les déplacements pendulaires des habitants d’ilhas en ilhas, traversant la

92

rue principale nous font penser à une maison fragmentée, où chaque ilha serait une pièce d’une grande habitation. Le lien qui unit chaque ilha témoigne d’une grande solidarité entre les habitants. Néanmoins, l’insalubrité et l’exiguïté des logements prennent parfois le pas sur le sentiment d’appartenance qui existe dans ces lieux typiquement portuans et des ilhas y sont abandonnées. Là où des habitants restent, des problèmes d’humidité persistante, d’infiltrations d’eau et de manque de lumière entraînent un grand manque de confort : les gens vivent dans des conditions souvent inacceptables. L’ambition de la ville est de réhabiliter l’ensemble des ilhas portuanes. Dans un premier temps transformées en logements sociaux, la ville imagine que des particuliers puissent se réapproprier ces ilhas.


Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Photos Florian Golay

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Photo personnelle 94


Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Photos Florian Golay

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Portraits d’usages

Les venelles comme séchoirs à vêtements

Photomontages personnels 96


Les venelles comme jungles apprivoisĂŠes

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ilhas de la rua Sao victor, une diversité d’états

Bâtiment Bâtimentabandonné abandonné

Bâtiment vacant vague (ancienne ilha) Ilhas abandonnées Ilhas abandonnées Ilha abandonnée Ilhas en très mauvais état Ilhas en trèsen mauvais état Ilha mauvais état Ilhas en moyen état Ilhas en moyen état Ilha en état moyen Ilhas en bon état Ilhas en bonen état bon état Ilha Périmètre d’intervention Périmètre Zone d’intervention d’intervention Terrain vacant

Terrain vacant Terrain

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Ilha en bon état

Photos Camara municipal de Porto

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Ilha en état moyen

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Ilha en mauvais ĂŠtat

Ilha abandonnĂŠe

Camara municipal de Porto 100


Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Camara municipal de Porto

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Potentiel latent

Logements, matière de nos villes

L

es 340 maisons constituant les ilhas de la rua Sao Victor, se trouvent être une ressource non négligeable pour la création de logements sociaux et la réhabilitation des habitations existantes. Du fait de la grande quantité de logements à cet endroit, dont beaucoup sont abandonnés ou en très mauvais états, la proposition faite est de réaliser une opération en phases, afin de gérer en va et vient le déménagement des populations le temps des travaux dans une habitation proche de la leur et leur réaménagement ensuite. Cette délocalisation serait alors courte dans le temps, et surtout permettrait de laisser les habitants à proximité de leurs connaissances et de leurs habitudes. De nouvelles typologies de maisons un peu plus grandes permettraient également d’accueillir de nouvelles structures familiales, permettant aux familles de s’installer à cet endroit. D’autres types d’ habitants pourraient également profiter de cette nouvelle réhabilitation le temps de se lancer dans la vie active, comme des étudiants ou des jeunes actifs.

102


Le logement social comme moteur de rĂŠgĂŠnĂŠration urbaine

Photo personnelle

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3B

L’exiguïté comme logique de mise en œuvre


Conservations et adjonctions

Maquette de principe

L

es venelles organisant les ilhas représentent une des principales spécificités des ensembles de logements ouvriers. Elles sont la source du mode de vie des habitants et de la solidarité qui le régit. Au delà d’avoir une influence immatérielle, les murs des logements bordant les ilhas en pierre granitique, révèlent le caractère de cette ville rocheuse, jusqu’à la plus petite échelle qui compose la ville : celle du cœur d’îlot. Sur la base des murs existants, le projet propose d’étendre les logements verticalement, là où l’extension au rez de chaussée est impossible compte tenu de l’exiguïté des surfaces existantes.

106


Principe de transformation

GSPublisherVersion 0.55.100.100

Réunions d’anciens logement

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Dépose des couvertures

GSPublisherVersion 0.55.100.100 0.55.100.100 GSPublisherVersion

Pose de la réhausse

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Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Existant

107


Système constructif économe au service de volumes généreux

3. Assemblage module sanitaire

4. Assemblage du plancher intermédiaire

2. Livraison des éléments construits en atelier

1. Préparation du support 108

7. Fixation des bacs aciers


5. Assemblage des murs ossatures bois

ace à un contexte composé de venelles étroites, le développement du projet s’est appuyé sur un système constructif de pré-fabrication permettant d’intervenir facilement dans ce secteur contraint. Ce système permet également d’apporter de la qualité à l’ensemble, puisqu’il permet de travailler de manière très précise en amont. Il est composé d’une réhausse de toiture comprenant un module cuisine/ sanitaires. Les réhausses sont conçues comme un élément solidaire reposant sur les murs de soubassement en granit remis à nu par un décrépissage de l’enduit extérieur. Cet ensemble en ossature bois permet de regrouper tous les éléments nécessaires au bon fonctionnement du logement, en une seule pose : les réseaux de fluides, le confort thermique et lumineux, l’évacuation des eaux de pluies et l’augmentation des volumes habités. L’acheminement des matières et des divers éléments composant cette rehausse : murs préfabriqués, poutres, charpentes en bois de pin maritime seront manuportables permettant ainsi une mise en œuvre plus rapide, fonctionnelle et délicate à travers le site.

6. Assemblage de la charpente de toiture

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

F

109


Module préfabriqué -Montant bois pin maritime 50×110 mm fixé sur une lisse basse et haute -Panneau de contreplaqué hydrofuge, travaillant en milieu humide -Intégration des réseaux sanitaires (eaux usées, eaux vannes...) dans l’épaisseur du mur

Réseaux eaux usées Eaux vannes Eaux froides et chaudes

110


Détails de raccords et recours à l’artisanat local

0

1m

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Le travail de façades, d’huisseries et d’appuis de fenêtre est possible et accessible grâce au savoir faire local des artisans, notamment en serrurerie.

111


Intériorité et ambiances lumineuses

L

es murs périphériques conservés des logements sont de hauteurs inégales de part et d’autre des venelles. Cette caractéristique récurrente sur l’ensemble des logements ouvriers permet de disposer un plafond dont la sous face, en contre-plaqué peint à la chaux, légèrement oblique contribue à diffuser davantage la lumière à travers l’habitat et ainsi réduire le manque de lumière naturelle au rez-de-chaussée. De plus, le fait de proposer une double hauteur dans le logement contribue à l’apport d’une lumière naturelle au sein de l’habitat. La rehausse agit alors comme un shed qui capte la lumière pour la redistribuer à l’intérieur du logement, offrant ainsi des ambiances lumineuses changeantes au fil de la journée et des saisons

Découpe lumineuse

112


0

1

5m

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Coupe constructive sur rehausse

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Confort climatique

L

es rehausses mono-orientées au Sud Est tournent le dos aux vents dominants du Nord Ouest, évitant ainsi toute pénétration de l’eau de pluie poussée par le vent par les ouvertures en façade. Les murs en pierre d’origine vont apporter de l’inertie thermique au logement, complétée par des réhausses performantes. L’intérêt de la pierre est qu’elle résiste aux variations thermiques extérieures avec des alternances de périodes chaudes et froides sur un temps court, entre le jour et la nuit, et sur des périodes plus longues, comme les rythmes saisonniers. Lors des périodes de surchauffe comme en été, l’inertie du bâtiment est une source de confort en permettant de maintenir des températures fraîches à l’intérieur. En ventilant les logements pendant la nuit, les habitants pourront bénéficier d’une réserve de fraicheur pendant les heures ensoleillées. De la même manière en hiver, l’énergie des apports solaires entrant par les rehausses et celle du chauffage sera emmagasinée dans les murs.

Vents dominants Nord Ouest et pluie

114


Confort d’hiver

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Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Confort d’été

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Accumulation de rehausses orientées

L

’orientation systématique des ouvertures sur les rehausses vers le Sud Est permet d’éviter les vis à vis. Le mur des uns fait le paysage des autres. Les rehausses en bacs aciers laqués à ondes très rapprochées propose des volumes blancs, texturés par ses ombres portées. Ils vont refléter la lumière dans les logements adjacents et dans les venelles tout en présentant un jeu graphique, un bruit d’ombre et de lumière. La juxtaposition des toitures orientées provoque un mouvement oscillatoire rythmant les passages des usagers à travers les venelles.

Oscillation

0 1

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5

10 m


0 1

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Détail sur réhausse Nord Ouest

5m

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Rehausse et cadrages sur ciel

L

es façades des rehausses orientées au Sud-Est exploitent les possibilités de profilés industriels de verre armé alternant translucidité et transparence. Juxtaposés, ils jouent le rôle d’isolant thermique en créant une lame d’air complémentaire vis-à vis de l’extérieur. Depuis les venelles, la composition en bandes verticales des matériaux en façade vont rythmer le passage des usagers. Depuis l’intérieur des logements, les réhausses vont apporter la lumière nécessaire qu’il manque actuellement. Les panneaux transparents permettent de dégager des

Rythme vertical

0 1

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5

10 m

vues sur le ciel et d’ouvrir ainsi les logements au delà des venelles qui les enserrent.


Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Vue sur ciel d’un logement M

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3C

transformation urbaine incrĂŠmentĂŠe


Maison des chantiers Chef d’orchestre

F

ace à la variété d’états des ilhas, des familles présentes et celles à venir, chaque situation, chaque besoin des familles pourra être entendu et étudié par le Laboratório de Habitaçâo Básica Participada (LAHB) -Laboratoire d’habitation sociale participatif. Le LAHB est une institution indépendante en collaboration avec le centre de recherche en sciences sociales de l’université de Minho, la municipalité de Porto ou encore avec diverses associations et commissions de quartiers. Son objectif est de promouvoir le logement social, d’accompagner les expérimentations liées à la construction et aux matériaux innovants, tout en construisant à coût maîtrisé. D’autre part, leur préoccupation est de réactiver des services de proximité, économiques, culturels et associatifs au niveau local.

122


Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Photos Facebook LAHB. Concertations habitantes et réflexions.

123


Maison des chantiers Entre Portuans et habitants des ilhas

Ébauche d’occupation d’un terrain vague. Site de la maison des chantiers. Photo personnelle.

Organisation programmatique

Bibliothèque / Archives Espace de rencontres et d’accueil Réunions publiques / concertations

Chantier collectif Atelier de réparation et construction Développement d’initiatives et d’activtiés locales

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0 1

5

10 m

Le logement social comme moteur de rĂŠgĂŠnĂŠration urbaine

Organisation des surfaces

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Un espace d’expérimentation

L

’organisation bipartite de la maison des chantiers composée d’un noyau dur et d’une halle permet d’accueillir des usages de manière flexible. Le bâtiment principal accueillera les temps forts du développement du chantier, les concertations habitantes, les expositions ou projections en relation avec les ilhas et leur réhabilitation. Il offrira aux résidents des ilhas ainsi qu’aux Portuans un espace de regroupement à l’échelle du quartier. On pourra y trouver un espace buvette, des bureaux alloués au LAHB, ainsi qu’une bibliothèque de quartier. Le bâtiment en fond de parcelle, permet lui d’accueillir un atelier, complètement ouvert sur un espace extérieur libre. De cette manière, il sera possible d’informer les futurs résidents, de construire des maquettes prototypes à échelle 1 de logements, de proposer une médiation autour de la transformation urbaine engagée. Une fois le chantier de réhabilitation achevé, on peut imaginer que la maison des chantiers devienne simplement une maison de quartier, un espace qui permettra aux habitants de se retrouver.

Élévation sur traverse

01

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5

10 m


Perspective intérieure

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Vue depuis la rue Sao Victor

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49 logements 4 façons d’y accéder

Pourquoi?

A

u Portugal, la faiblesse de l’offre locative et le montant des loyers contraignent les familles à se diriger vers l’accession à la propriété dont les charges de remboursement sont souvent importantes.

Pour qui?

D

e manière générale, les familles défavorisées voire modestes ont de nombreuses difficultés pour accéder à un logement confortable. Les logements sociaux représentent seulement 3% du parc de logement. Malgré l’effort de différentes coopératives d’habitations développées après la révolution des Œillets, le problème du logement à Porto n’a pas été résolu. Alors que la demande en logements sociaux ne cesse d’augmenter (700 demandes en 2015), la forte concentration d’ilhas insalubres ou abandonnées de la Rua Sao Victor représentent une ressource à valoriser et à transformer au profit des familles sur place ou en recherche de logement social.

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Comment?

Propriétaires existants Les propriétaires font le choix de vendre leur logement à la municipalité.

Les propriétaires font le choix de réhabiliter leur maison avec l’aide de la municipalité.

La réhabilitation de l’ilha est intégrée au renouvellement générale de l’îlot. Ils peuvent devenir par la suite locataires d’un des logements proposés ou déménager.

La maison est intégrée au chantier global. Ils peuvent être aidés financièrement par la municipalité et rembourser sur un temps à définir.

Ils sont libres d’effectuer des travaux si ils le souhaitent, en respectant l’esprit des travaux mis en place. Ils peuvent se faire aider dans les constructions par la maison des chantiers

Nouveaux arrivants Les nouveaux arrivants font le choix de devenir locataire d’un logement social.

Ils donnent un loyer au bailleur social.

Les nouveaux arrivants font le choix d’être en location longue durée avec possibilité d’achat. Ils peuvent acquérir, sans apport personnel,le logement qu’ils occupent avec un statut de locataire, et l’acheter de manière sécurisée par la suite

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Les propriétaires font le choix de garder leur logement.

129


Typologies et choix XS

8 logements

S

19 logements

M

18 logements

L

4 logements

L

e projet s’inscrit dans une trame urbaine en bande plutôt régulière. Cette trame conditionne donc la forme des unités d’habitations et permet de proposer diverses typologies d’habitats pouvant accueillir différentes structures familiales. N’ayant pas d’acteurs réels pour le PFE, nous envisageons une simulation avec quatre types de structures familiales et proposons quatre types de logements afin de correspondre à différents modes de vie : - les logements XS, des logements tremplins pour étudiants et jeunes actifs, - les logements S, pour des personnes seules ou en couples - les logements M et L, pour des structures familiales avec enfants S’agissant d’une simulation et la trame étant relativement modifiable, des ajustements peuvent être apportés dans la composition et l’assemblage des choix typologiques en fonction des demandes de chacun.

130


Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Granulométrie de logements

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XS : logement tremplin

RDC

0

1

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5

10 m


Portrait d’habitant

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Augusto est étudiant aux beaux arts depuis deux ans. Ce logement lui offre tout le confort minimal dans un espace compact. Pour travailler, un espace bureau partagé est positionné à côté de son logement. Il y trouve des outils, des établis et des imprimantes. Le soir venu, il retrouve ses voisins dans la cuisine collective pour partager un repas convivial.

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S

RDC

0

1

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5

10 m


Portrait d’habitants

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Dans ce logement emménage Marie et Manuel, un couple de personnes âgées qui possédait avant les travaux une des maisons de ce groupement d’ilhas. Ils ont choisi de revendre leur logement pour en acquérir un neuf. Le sas en entrée de logement les séduit, ils peuvent y installer leur canari et un fauteuil pour lire à la lumière du jour. Cet espace tampon leur permet de vivre légèrement en retrait de la venelle lorsqu’ils se trouvent dans le salon.

135


S Un jeune couple emménage dans ce logement. Le jour ils travaillent dans le centre urbain c’est pour cela que quand ils rentrent en fin de journée, ils apprécient ce logement situé en retrait de la voie principale isolé du bruit et de l’agitation urbaine.

RDC

0

1

136 GSPublisherVersion 0.35.100.100

5

10 m


S duplex En fond de parcelle se trouve ce logement pour un couple ou une personne seule. La chambre à l’étage permet de libérer le RDC pour y aménager un espace de vie bien démarqué.

RDC

0

1

5

10 m

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Étage courant

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M

RDC

0

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1

5

10 m


Portrait d’habitants

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Liamo, Fatima et leur fille Rosalina emménagent dans ce T3. Les chambres s’organisent de part et d’autre du module sanitaires/cuisine, avec des entrées assez indépendantes. Le salon est éloigné de la venelle par un sas translucide apportant plus d’intimité à l’intérieur du logement.

139


M duplex Cette famille de trois personnes à fait le choix de ce logement M avec une rehausse double hauteur. Ils sont séduits par leur logement mono-orienté dont la lumière naturelle et les ambiances lumineuses évoluent à travers les pièces de vies.

Étage courant

RDC

0

140

1

5

10 m


M accès handicapé Ce logement composé de quatre anciens logements peut accueillir une personne à mobilité réduite et sa famille. Situé à proximité de la rue, ce logement permet à quelqu’un en fauteuil roulant d’y accéder facilement.

0

1

5

10 m

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

RDC

141 GSPublisherVersion 0.35.100.100


L Ce logement tout en longueur peut accueillir une famille de quatre personnes. De part et d’autre se trouvent un espace extérieur et une buanderie, offrant à la famille les services de proximité nécessaires.

RDC

0

1

142 GSPublisherVersion 0.35.100.100

5

10 m


L Duplex Ce logement composé de trois chambres dont une à l’étage permet aux parents de se créer un espace à eux alors que les enfants à proximité l’un de l’autre peuvent jouer ensemble.

RDC

0

1

5

10 m

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Étage courant

143 GSPublisherVersion 0.35.100.100


L Duplex traversant

Etage courant

RDC

0

1

144 GSPublisherVersion 0.35.100.100 GSPublisherVersion 0.35.100.100

5

10 m


Portrait d’habitants

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Cette famille de quatre personnes à fait le choix de ce logement L (type T4) avec une rehausse habitée. De cette manière les parents sont proches de leurs jeunes enfants où ils peuvent jouer dans des espaces spacieux mais conservent également à l’étage une intimité dans leur chambre personnelle.

145


Circulation, venelles et dilatation

L

es venelles, espaces de circulation desservant les ilhas sont travaillés dans l’épaisseur afin d’offrir aux habitants des espaces extérieurs partagés. Ceux ci prennent alors place entre les anciens murs des logements, créant comme des patios extérieurs. Depuis les venelles, des percements permettent d’apercevoir qui s’y trouve, de regarder ce qui se passe et permettent aux passants d’éventuellement s’y arrêter. Ces espaces enclos de murs en granit sont aussi l’occasion pour les habitants d’emprunter des chemins de traverse au sein de l’îlot, et de court-circuiter les cheminements dessinés par la composition des ilhas.

0

146

5

20

50 m


Organisation des dilatations de venelles entre les logements

Le logement social comme moteur de rĂŠgĂŠnĂŠration urbaine

Entre maison et jardin, une venelle

147


Services ajoutés

D

ans l’optique de conforter le caractère de maison fragmentée des ilhas, la petite taille des logements proposés serait compensée par la création de salles communes aux ilhas, comme des extensions de maisons. Les espaces communs seraient alors comme la pièce supplémentaire dont les habitants auraient besoin : une grande salle à manger pour se retrouver à plusieurs, une chambre d’amis, une salle de jeux pour les enfants, un bureau, une buanderie... De manière plus générale, les salles communes seraient également des accroches pour la population extérieure aux ilhas, de manière à créer des points communs entre ilhas et rue.

148


Un jardin comme espace de détente, de jeux, de convivialité

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

La cuisine et salle à manger commune où il est possible de se retrouver autour d’un repas

149


Ateliers Positionnés en front de parcelle, les ateliers s’apparentent au seuil d’entrée du quartier. Espace entièrement consacré à la fabrication, un retraité sculpte un objet avec les outils disponibles au sein de cet espace. A côté, un jeune créateur confectionne des portefeuilles en liège qu’il pourra vendre.

RDC

0

1

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5

10 m


Le logement social comme moteur de régénération urbaine

Les ateliers où les habitants peuvent bricoler

151 GSPublisherVersion 0.35.100.100


Salle de réception Dans un bâtiment commun se trouvent une cuisine collective et des chambres d’amis. Au RDC, la cuisine/salle à manger peut accueillir des repas de familles, là où les habitants ne peuvent pas recevoir chez eux. A l’étage, trois chambres sont à disposition des amis de familles résidentes, où pour les habitants eux-même en cas de problème au sein de la famille.

Etage courant

RDC

0

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1

GSPublisherVersion 0.35.100.100 GSPublisherVersion 0.35.100.100

5

10 m


Cuisine tremplin A disposition des habitants des logements tremplins se trouve une cuisine collective, leur permettant de retrouver autour d’un repas.

0

1

5

10 m

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

RDC

153 GSPublisherVersion 0.35.100.100


Espaces jeunes Organisée dans la pente, la salle de jeux à l’étage, permet aux enfants de s’approprier l’espace de diverses manières. Accolé à la buanderie, une maman en profite pour jouer avec son fils le temps que la fin de sa machine se termine. Un garçon joue avec une fille de son quartier voisin.

RDC

0

1

154 GSPublisherVersion GSPublisherVersion 0.35.100.100 0.35.100.100

Étage

5

10 m


Un après midi dans l’espace jeune.

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

GSPublisherVersion 0.35.100.100

155


Bureaux Localisés près des logements XS prédestinés aux résidents jeunes actifs, on trouve un espace de bureaux partagés. Ce type d’organisation permet aux travailleurs qui utilisent ces locaux une forme d’échange et d’ouverture ainsi qu’un lieu de socialisation.

RDC

0

156

1

5

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10 m


Buanderie Dispersées dans le quartier, trois buanderies permettent aux résidents de pouvoir faire leur lessive. Ces espaces disposés à proximité de jardins permettent à un jeune étudiant d’y lire un livre durant le cycle de sa machine.

0

1

5

10 m

Le logement social comme moteur de régénération urbaine

RDC

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Assemblage de logements

158


1 5

Le logement social comme moteur de rĂŠgĂŠnĂŠration urbaine

0 10 m

159


Vue du belvédère 160


161

Le logement social comme moteur de rĂŠgĂŠnĂŠration urbaine


conclusion


*


* Conclusion

Porto, ville qui a connu une croissance rapide liée à l’industrialisation a aussi connu une fuite de sa population dans ses périphéries. Les logements dans la ville souvent délabrés, ne satisfaisaient plus les habitants. A contrario, les périphéries de Porto, où les terrains étaient souvent moins chers qu’au centre, pouvaient offrir aux familles des maisons avec jardin, plus séduisants que les immeubles désuets de Porto. Cependant, des efforts ont été produits après la chute de la dictature salazariste pour fournir des logements décents aux familles les plus modestes. Mais le climat politique, économique étant à ce moment perturbé n’a pas permis de maintenir cette dynamique sociale engagée. Aujourd’hui, la ville développe une image internationale pour promouvoir le tourisme à Porto et met en place des équipements publics à la hauteur de ce que l’on pourrait attendre d’une capitale européenne de la culture. Ces efforts sont d’ailleurs payants puisque la fréquence des vols et le nombre de nuitées passées à Porto s’accroît, donnant à la ville un souffle économique nouveau. Porto plaît aux visiteurs. Néanmoins, Porto à une face cachée, non visible depuis les quartiers généralement visités par les gens de passage. Les ilhas, logements ouvriers issus de l’industrialisation, sont éparpillées dans la ville. Alors qu’elles témoignent en leur sein de la complexité du territoire escarpé, d’une découpe parcellaire étroite et d’un mode de vie particulier à Porto, elles sont aujourd’hui abandonnées par la population qui n’y trouve pas des conditions de vie confortables et modernes. Très majoritairement, les personnes qui continuent d’ y vivre sont des personnes âgées qui y habitent depuis longtemps. Cependant, cette organisation spatiale propre aux ilhas a généré des atouts appréciés des habitants et c’est pourquoi ceux qui y habitent sont très attachés à leur lieu de vie. Depuis peu de temps, la municipalité de Porto reconnaît l’importance des ilhas dans le fonctionnement de la ville. C’est ainsi que le projet qui s’appuie sur la revalorisation des ilhas, englobe deux enjeux à des échelles opposées : celle de la ville,et celle du cœur d’îlot. Le premier est de régénérer la ville de l’intérieur, pour compléter les efforts mis en place par la ville dans le cadre de l’action menée pour «Porto 2001, capitale européenne de la culture». Cette manière de reconfectionner la ville sur elle-même, moins prestigieuse puisque moins visible, permettra cependant de réintégrer durablement une population au reste de la ville. Cette population, avec sa richesse sociale, va pouvoir réinjecter dans la ville une force habitante non négligeable. Cet objectif est réalisable seulement si les structures pour accueillir une nouvelle population est disponible. C’est ainsi que les ilhas entrent en jeu puisqu’elles représentent une ressource dont le potentiel est intéressant. De plus, leur réhabilitation proposera aux habitants déjà présents un habitat au confort contemporain. La réhabilitation proposée s’appuie sur la préfabrication et la systématisation d’un module simple à poser, qui va résoudre en un seul élément les aspects techniques de la construction de manière économique et généreuse. 164


Finalement, le modèle de construction envisagé réemploie le passé industriel et artisanal de Porto sur les logements nés de ceux ci. D’autre part, le principe de fonctionnement des ilhas s’appuie sur le caractère de communauté déjà présent. De cette manière, il est possible d’optimiser les espaces et de rendre plus facile le rassemblement des habitants, pour un esprit de communauté et d’entraide. Un équipement public, la maison des chantiers vient accompagner et chapeauter une transformation urbaine incrémentée, pour un bon déroulement des opérations. Cet espace public fait également office de point fédérateur autour de cette réhabilitation et devient ainsi un pivot dans le quartier entre Portuans et habitants des ilhas. Il persiste encore aujourd’hui un millier d’ilhas à travers la deuxième agglomération du Portugal. La mairie de Porto fait aujourd’hui des expérimentation de réhabilitation sur une ilha, celle de Bela Vista. Le projet mis en place dans les ilhas de la rue Sao Victor est la réponse que nous apportons à la municipalité et qui pourrait être éventuellement appliquée par la suite dans toutes les ilhas vétustes de la ville.

Conclusion

Plus globalement, la problématique du logement social et son intégration dans la ville nous a guidé lors du projet. La configuration des ilhas est l’opportunité ici de porter une réflexion sur les leviers d’action que l’on pourrait mobiliser dans la conception de tels logements. Dans ce cas, l’abondance d’un patrimoine désuet bien que fondamental pour l’identité de Porto nous permet de répondre à une forte demande de logements à loyer modéré, et de ce fait nous offre l’occasion de lui redonner l’importance qu’il a perdue. Plus généralement, les ilhas se révèlent être des foyers intéressants pour l’installation de logements sociaux, puisqu’ils sont disséminés dans la ville, et donc mis directement en relation avec elle. L’intégration des populations résidentes à la vie sociale, culturelle, politique y est plus aisée. Déceler des situations favorables à ce type de logements pourrait être applicable à bien d’autres endroits en Europe afin d’encourager un autre mode de conception, une autre façon d’intégrer les logements sociaux à la vie de la ville.

165


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Remerciements

Nous souhaitons tout d’abord remercier l’équipe enseignante du master «Architecture villes ressources», et plus particulièrement Florian Golay, qui nous a suivi, fourni de précieux conseils, pour sa grande disponibilité, ainsi que pour ses photos de Porto qu’il nous a gentiment confiées pour ce PFE, Stéphanie David, responsable du master ainsi que Frédéric Guillaud et Cécile Léonardi qui nous ont guidé tout au long du projet. Nous les remercions également pour ces deux années enrichissantes passées dans une ambiance bienveillante au sein du master. Nous remercions l’ensemble des étudiants du studio pour la bonne humeur qui a rythmé les deux ans passés ensemble. Nous transmettons également toute notre reconnaissance à nos familles respectives, qui nous ont soutenus au cours de nos années d’études.



Les ilhas, anciens quartiers ouvriers disséminés dans Porto, représentent la face cachée de la ville. Alors que celle ci travaille à se forger un nouveau visage attrayant pour les visiteurs, ces petites maisons d’une vingtaine de mètres carrés persistent en cœur d’îlots malgré leur occupation partielle par leurs habitants. Elles sont cependant source d’intérêt pour la ville qui y voit une occasion d’accueillir dans cette agglomération vieillissante une nouvelle population en demande de logement à prix abordable. En s’appuyant sur l’exiguïté des lieux et sur leurs qualités intrinsèques, ce mémoire propose de porter un nouveau regard sur ces lieux caractéristiques de la capitale du Nord souvent oubliés, en proposant une intervention économique et généreuse.

Directeur d’études Florian Golay Responsable Master Stéphanie David


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