Rapport d'études

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Dynamiques urbaines et démarches de projet École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble 2014 Enseignant référent - Gilles Marty Suivi - Sheryne Gasnier

Caroline Renaud


Sommaire


Parcours personnel Introduction Articulation projet/site Analyse des enjeux urbains Prise de site, implantation du bâti Rayonnement de l’objet architectural Mise en scène de la ville

Usages publics, collectifs, privés Programme Dynamiques sociales, économiques, culturelles Vision prospective Architecture génératrice d’interfaces sociales Espaces fonctionnels, usages situés En réponse au programme

Forme architecturale Espace sensible appropriable Processus de création L’architecture comme système

Conclusion Bibliographie



Parcours personnel


Baccalauréat Scientifique option Arts Plastiques | 2008 |

MANAA | Mise A Niveau en Arts Appliqués| | 2008-2009 |

Approche sensible des couleurs et des formes à travers différents champs du design : celui de produit, de mode, d’espace ainsi que la communication visuelle.

BTS Design d’Espace | 2009-2011 |

Concepts intéressants manipulés lors de ces études mais manquant manifestement de réalité, avec peu de fondement concret. Manipulation des éléments structurants d’un projet à tâtons. Compréhension par l’expérience.

Année de césure | 2011-2012 |

Rencontre avec des architectes et stage long de quatre mois. Pratiques en agence et de terrain, qui m’ont apporté une maturité, une réflexion sur ce qui constitue la place de l’architecte vis à vis des 6


commanditaires et ses responsabilités face aux retombées de ses actions.

Entrée à l’ENSAG | École nationale supérieure d’architecture de Grenoble | L2 | 2012-2013 |

Consolidation de mes bases théoriques et conceptuelles. Premières réflexions sur la question du programme.

ENSAG | L3

| 2013-2014 |

Réflexion globale d’un projet en contexte urbain. Approfondissement de la question du programme, de l’architecture sensible et expérimentations par la maquette.

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Introduction


Dans une pratique professionnelle future, j’ai le désir de participer à l’amélioration des cadres de vies, des interfaces sociales, de proposer des espaces sensibles, proposant des usages de qualité, répondant aux attentes des usagers. Au cours de mes études, j’ai pu me rendre compte de l’importance de l’ approche du lieu et de l’environnement dans lequel on projette, pour une exploitation plus complète de la démarche de projet. Lors des études d’architecture et plus particulièrement au premier semestre de troisième année de licence, j’ai pu approfondir les liens qu’entretiennent le projet et son environnement physique. J’ai appris à les gérer et à les envisager comme des bases pour la démarche de projet et le développement programmatique. Je me suis intéressée à cette approche qui conditionne la démarche de projet dans son ensemble. Ce sont les potentialités du contexte urbain qui appuient, génèrent et renforcent le projet, lui conférant une base stable pour la suite du développement. En retour, le projet architectural permet de modifier le paysage urbain dans lequel il s’implante. L’architecture, se pense à partir de concepts, mais il faut aussi envisager leurs applications. 9


Le rôle de l’architecte est de proposer des architectures qui permettent des usages en adéquation avec les attentes des usagers, voire de les dépasser. Il doit avoir une vision globale et prospective des modifications auxquelles la société fait face, car les actes en architecture sont pérennes. J’ai ainsi réalisé l’importance que peut avoir la réflexion programmatique dans le processus de réalisation d’un projet complet et innovant. Effectivement, un programme associé au projet architectural permet d’impulser des usages, de stimuler l’activité sociale, économique, voire culturelle et d’améliorer ces dynamiques dans son contexte . Cette démarche permet d’appréhender une architecture active et réactive. Lors de ces démarches, le projet n’est pas à envisager sans penser à la sensibilité de l’espace, car c’est cela qui va toucher l’usager, qui va lui permettre de se projeter, de s’y sentir bien, de le marquer et susciter en lui des émotions. Ceci va découler de la forme architecturale et de l’esprit du lieu. Comprendre les volumes et leurs réactions face aux phénomènes extérieurs, la manière dont les matériaux réagissent aux variations de lumière sont des éléments importants pour moi. Comprendre comment ces éléments architecturaux fonctionnent ensemble, permet de pouvoir appliquer ces fondamentaux dans l’exercice du projet. Ainsi, la forme architecturale peut être travaillée en toute connaissance de causes, afin de transmettre les émotions, les sensations que l’on souhaite générer. C’est ainsi que les expérimentations dans la démarche de projet sont importantes. Au fil des études 10


en architecture, j’ai pu comprendre l’intérêt de l’expérience par la maquette. On peut, grâce à la prise de photographies, de l’étude des lumières se rendre compte des volumes et surtout de l’échelle des éléments représentés. Ainsi, il est plus facile d’imaginer ce que pourrait être la réalité des choses.

Compte tenu de mon parcours, les dynamiques que sont le site, le contexte social, économique et culturel, l’innovation programmatique et la sensibilité des espaces se sont constitués, pour moi, comme des moteurs pour la réalisation de projet. Ces éléments sont des systèmes fonctionnant sans hiérarchie, dans le sens où l’on doit les penser en allers retours constants, pour permettre une architecture en accord avec les enjeux actuels. Dans un premier temps, nous aborderons la question de l’articulation entre le projet et le site, en étudiant plus particulièrement la prise de site et le rayonnement de l’objet architectural. Ensuite, nous verrons comment les usages publics, collectifs et privés de la ville influencent une démarche programmatique dans le projet, ainsi qu’une architecture génératrice d’interfaces sociales. Enfin, nous traiterons la question de la forme architecturale, c’est à dire de la manière dont on y parvient et comment elle engendre des espaces sensibles.

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Articulation projet/site


Le projet architectural n’est pas sans impact et plus que cela, il doit servir des dynamiques territoriales. Son implantation aura de l’incidence sur la gestion des flux des usagers, la morphologie des espaces et les cadrages qu’elle implique. C’est à l’architecte d’orchestrer les changements qu’il veut mettre en place, et ce après analyse précise des enjeux urbains. Ce qui m’intéresse particulièrement est de comprendre ces dynamiques urbaines, et de pouvoir les manipuler avec soin, en comprenant la ville dans laquelle nous voulons vivre.

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Prise de site | implantation du bâti après analyse des enjeux urbains

Projet de réaménagement de la Place Gambetta, Bordeaux. Projet professionnel BTS. 2011.

Mon expérimentation sur ce thème a commencé avec le projet de requalification de la Place Gambetta à Bordeaux, projet principalement urbanistique. C’est une place autour de laquelle gravitent des flux de circulation automobiles et de transports en commun, et un point de traverse pour les piétons. Cette place est principalement végétale, avec des bassins : un lieu qui était originellement conçu pour venir se reposer, venir y manger à la pause déjeuner... Mais cette agitation alentour annule finalement ses potentialités d’espace calme en centre ville. Ainsi, cette place est un problème, puisque elle est un point de gravitation des transports en commun et de rediffusion des réseaux de bus, 14


-de-chaussée

-de-chaussée Vue aérienne Place Gambetta à Bordeaux

Coupe projet AA’ de la place Gambetta

Rez-de-chaussée arbres

Coupe projet BB’ de la place Gambetta A

B

A’ B’ Plan projet de la place Gambetta

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ne proposant pas de réels usages, de possibles appropriations d’espace pour les usagers. L’enjeu du projet a été de dissocier les flux rapides et ceux plus lents, de pallier les bruits intenses liés à une circulation rapide, afin de redonner des qualités aux espaces vécus par les différents usagers. La réponse de projet a été de modifier la physionomie des lieux, l’objectif étant de décentrer la place en l’accolant à un des côtés des immeubles. L’implantation générale fut donc importante, puisqu’elle est la base du projet et modifie les pratiques urbaines. Le projet lui même consistait à niveler la place afin de gérer la pollution sonore, les niveaux d’intimité, les points de vue selon les usages déjà présents et ceux que j’essayais d’impulser, directement liés au site. Un point important de ce projet était la présence de deux magnolias classés. La forme générale du projet découle en parti de l’emplacement de ces deux arbres. Ceci peut paraître anecdotique dans ce projet, mais en réalité, cela révèle l’importance du « faire avec le lieu », de manière plus générale. Le but n’est pas de s’imposer au lieu, mais de faire avec ses dynamiques propres. D’une certaine manière, c’est une attitude de respect au lieu : s’implanter avec légèreté et modestie. C’est une attitude que je ne maîtrise sans doute pas encore, mais c’est ce vers quoi j’aimerais faire tendre mon travail. 16


La musique adoucit les moeurs, Quartier Bouchayer Viallet, Grenoble. Projet 1° semestre L3, avec Lola Duval et Jordan Barnaud. 2013/2014.

Lors du projet « La musique adoucit les mœurs », j’ai pu réitérer l’expérience de concevoir un projet en milieu urbain. J’ai pu approfondir ce que j’avais commencé à assimiler lors ma formation en BTS. Nous avons mis du temps à trouver l’implantation exacte du projet. C’est au fur et à mesure que l’on avançait dans la réflexion que l’on se rendait compte de la place que prenait notre bâtiment, de son emprise au sol et des liens qu’il entretenait avec les bâtis alentours : on découvrait notre projet. Cela m’a fait réaliser qu’une implantation doit être précise : 1m plus loin ou plus proche peut changer radicalement l’influence du bâtiment sur son environnement. Il faut donc avoir la capacité de comprendre les dynamiques de base, pour comprendre comment elles seront modifiées. Pour ceci, il faut exercer son œil, analyser des projets réalisés, se renseigner sur ce qui existe, en quelque sorte, engranger des connaissances. C’est du bon sens qu’il faut éduquer. Pour ce qui est de notre attitude face au site, notre parti pris a été assez radical et est apparu assez tôt dans notre réflexion. Sur ce site, au nord de l’ancienne friche industrielle Bouchayer Viallet à Grenoble, se trouve la Belle Electrique, nouvelle salle de musique amplifiée en cours de réalisation, par les architectes Isabel Hérault et Yves Arnold. Nous avons pensé notre projet comme étant une 17


Plan masse projet La musique adoucit les moeurs | C.Renaud


réponse à cette salle de concert. Pour ceci, notre projet est complètement enterré, afin d’offrir à ce quartier en développement une place publique et créer un cœur culturel dynamique. Cela montre que le projet est étroitement dépendant du site dans lequel elle s’implante : la disposition précise des espaces que l’on implante va influencer tout un cadre de vie. Stages Bassin d’Arcachon. 2009|2013

Lors de mes expériences en tant que stagiaire, je me suis rendu compte que la décision de l’implantation ne tient pas que d’une volonté de l’architecte. Le PLU nous indique les distances qu’il faut tenir quant aux limites de terrain. Bien que peu stimulantes, ces règles sont à respecter. Avant de concevoir un projet on doit tenir compte de ces limites. Ces règles deviennent intéressantes lorsque l’on peut les envisager comme des contraintes stimulantes. Ce sont des réalités de la profession et un bon architecte est sans doute celui qui parvient à faire un bon projet malgré ces restrictions.

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Rayonnement de l’objet architectural | Mise en scène de la ville

Projet de réaménagement de la Place Gambetta, Bordeaux. Projet professionnel BTS. 2011.

Le projet de requalification de la Place Gambetta à Bordeaux relève d’une problématique importante : cette place est difficilement franchissable avec beaucoup de temps d’arrêt aux feux de circulation, que ce soit pour les véhicules comme pour les piétons, et une insécurité due à l’amalgame des différents flux. De plus, la quasi impossibilité de s’approprier l’espace central renforce ce phénomène de passage rapide à travers la place. Le choix que j’ai pris était d’essayer de relier le centre ville piéton à l’Est, à la partie un peu plus excentrée de l’activité commerciale et piétonne à l’Ouest. Ainsi, rattacher la Place sur le côté Est, permet de continuer la ballade piétonne jusqu’à 20


Quartiers plus excentrés

Hypercentre ville piéton

Découpage des quartiers centraux de Bordeaux | C.Renaud

cet endroit et de créer une sorte de tremplin qui mène aux quartiers Est de la ville, comme une étape, un point de repère dans le réseau de rues du centre ville. Le fait que ce soit la CUB (Communauté Urbaine de Bordeaux) qui soit instigatrice du projet démontre que le dysfonctionnement de cette place touche Bordeaux et ses alentours et a donc un impact à grande échelle urbaine. Elle est un carrefour qui influence les usages des différents quartiers de la ville. La responsabilité sur ce type de projet est très grande : à mon échelle d’étudiante, je n’avais rien à craindre en proposant tel ou tel projet. Mais on imagine quelle pourrait être la difficulté de proposer un projet pour un architecte ou un urbaniste. 21


La musique adoucit les mœurs, Quartier Bouchayer Viallet, Grenoble. Projet 1° semestre L3, avec Lola Duval et Jordan Barnaud. 2013/2014.

Suite aux dispositions faites lors de la prise de site, différentes échelles d’action s’opèrent. Le projet de la « Musique adoucit les mœurs », est un projet architectural enterré. Ce choix a été fait pour s’inscrire dans la dynamique de requalification de la friche urbaine Bouchayer Viallet à Grenoble. Ce site est séparé de la ville par la rue Ampère, grand axe Nord Sud. Le but de se projet était donc de créer une nouvelle porte d’entrée à ce nouveaux complexe. D’autre part, la Belle Electrique (Salle de musique amplifiée) actuellement en construction est un point fort de l’ensemble. Et dans la disposition actuelle des bâtiments, elle est complètement cachée de la vue depuis le quartier. Ici, le projet de ce bâtiment enterré sert une volonté de réintégrer la friche au reste du quartier Berriat. L’objectif de ce bâtiment était que son existence ne s’arrête pas aux limites de ses murs, mais qu‘il vienne créer une suture entre la friche et la ville.

La Ronde | Camino del castello de Rivoli, Erich Hubmann et Andreas Vass. Référence architecturale.

Une visite dans la ville de Rivoli en Italie m’a particulièrement marquée quant au dispositif architectural utilisé. La Ronde, un chemin nouveau menant au château de Rivoli, musée d’art contemporain, à flanc de colline, crée un 22


Rue Ampère, état des lieux

GSPublisherEngine 0.96.100.100

Influence du projet Analyse et réponse de projet | La musique adoucit les moeurs | C.Renaud

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http://www.hubmann-vass.at/projekte/landschaft/9-rivoli

http://www.hubmann-vass.at/projekte/landschaft/9-rivoli 24


lien entre le quartier historique et le centre de la ville de Rivoli. Les architectes Erich Hubmann et Andreas Vass ont réussi, grâce à une architecture contemporaine, à mêler ces deux parties de ville. D’une part, l’entrée basse se découvre au détour d’une rue, comme une apparition, comme si cette architecture était là à l’origine de la ville. D’autre part, ce chemin ascensionnel permet de découvrir au fur et à mesure des points de vue que nous offre les architectes. Cela permet de nous diriger lentement vers le musée d’art tout en découvrant cette ville aux rues entrelacées par différents cadres pensés par Hubmann et Vass. Ce chemin est l’échelle intégratrice du musée à la ville. Ce qui rend ce chemin si étonnant est qu’il semble appartenir au lieu. L’ancrage au lieu joue un grand rôle dans la réussite de cette construction : on a la sensation que seul ce projet pouvait exister à cet endroit. Centre Georges Pompidou, 1977 Renzo Piano et Richard Rogers. Référence architecturale.

Le Centre Georges Pompidou a marqué un tournant dans le quatrième arrondissement de Paris, et plus particulièrement son parvis monumental, qui a remporté un succès urbain qui n’est plus à démontrer. Effectivement, il vient ouvrir le bâtiment sur la ville, et donc projeter son influence sur les alentours. Cela a apporté une contribution à la vie du quartier, l’a rendu central et est devenu une porte de la capitale ouverte sur l’Ile de France. La «piazza» appartient autant à la 25


http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-architecture-Centre-Pompidou/monument_dans_ville/p1.htm © Photo Philippe Migeat.

ville qu’au musée Beaubourg et fait le lien entre ces deux entités, entre l’intérieur et l’extérieur. Il n’y a pas de seuil, de porte, pas de niveaux différents. Le forum, au rez de chaussée du musée devient alors le prolongement de la piazza, fait entrer un morceau de la ville à l’intérieur du centre Georges Pompidou. Ainsi, la force du projet est de proposer son activité sur le reste du quartier. Depuis la construction du Centre, d’autres espaces culturels se sont développés alentours, tels que l’atelier Brancusi, associé au Centre, l’IRCAM ou la fontaine Stravinsky. 26


A travers ces différents projets ou réalisations, j’ai pu comprendre la responsabilité d’un architecte : construire une architecture, c’est comme si dans un système, on venait ajouter un rouage qui modifierait les interrelations existantes. Et ce rouage doit être efficace, car il va modifier le fonctionnement de la ville et influer sur la vie des usagers. C’est pourquoi l’analyse des dynamiques urbaines est une phase importante, puisque elle va nous permettre d’avoir toutes les cartes en main pour concevoir un projet bénéfique à la ville et à ses usagers. Le projet est donc à envisager à différentes échelles : celle du bâtiment, du quartier, de la ville, et aura donc différents types de fonctionnement selon celles ci.

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Usages publics, collectifs, privĂŠs.


Il existe des dynamiques propres à chaque territoire de projet et à chaque époque. La démarche de réflexion pour améliorer ou renforcer des usages situés, ne doit pas se cantonner à son environnement le plus proche. L’architecture doit permettre de stimuler des activités sociales, culturelles et économiques et de les impulser à des échelles plus grandes. Des nouvelles façons de vivre apparaissent : les attentes des usagers ont évolué. Le rôle de l’architecte est de comprendre les mutations de la société et de proposer des solutions appropriées. 29


Programme | Dynamiques sociales,

économiques, culturelles. Vision prospective.

Projet dans une dent creuse à Grenoble, studio sous l’encadrement de M.Migozzi, L2. : Programme pour une copropriété, en proposant des espaces communs aux habitants.

Le projet d’habitations réalisé au premier semestre de la L2, dans une dent creuse à Grenoble m’a fait réfléchir quant à la qualité programmatique que l’on propose aux usagers. La demande était un regroupement habitations en copropriété. L’intérêt dans ce genre de regroupement est de partager des espaces de vie communs. Le choix de l’utilisation à donner à ces espaces était à notre charge. J’ai pu proposer un espace de travail commun pour l’ensemble des habitants ainsi que de grandes terrasses d’été pour pouvoir profiter d’un lieu où prendre l’air, faire des barbecues etc. Ce programme n’était finalement pas très innovant, mais cette démarche m’a fait réaliser que si l’on m’avait demandé un immeuble de logements auparavant, je n’aurai peut être pas proposer ce 30


Plan des typologies | Immeuble dans une dent creuse | C.Renaud

COUPE DES TYPOLOGIES. ECH 1/200

T2

46,68 m²

T3

214,52 m²

T4

99,64 m²

Balcons privés

19,61 m²

Terrasse/Palier

109,15 m²

Espaces communs

238,97 m²

TABLEAU DES SURFACES. 31


type d’espaces. Et j’ai donc pu me rendre compte que le rôle de l’architecte, c’est aussi transcender les demandes, dans le prolongement des attentes des habitants. Centre Georges Pompidou, 1977 Renzo Piano et Richard Rogers. Référence architecturale.

Le Centre Georges Pompidou, présenté plusieurs fois et à travers différents cours, lors de ma formation au BTS Design d’espace ou à l’ENSAG, m’intéresse toujours quant à sa force programmatique. La raison de mon intérêt est que son programme a su requestionné les usages muséographiques en France. Il a contribué à une redéfinition de leurs codes et de leurs enjeux. Cela a permis de repositionné la culture artistique dans notre société, à une époque donnée. Cette révolution culturelle n’aurait pu exister sans l’impulsion de Georges Pompidou, et le retravail du programme par Renzo Piano et Richard Rogers. Le bâtiment résulte d’un dialogue entre politique et architectes, dans une époque en pleine mutation. Cela montre que l’architecture mérite d’être travaillée à différentes échelles et par différents acteurs de la société. J’ai pu alors me rendre compte à quel point un programme peut avoir de l’impact sur nos sociétés contemporaines et à grande échelle. 32


La musique adoucit les mœurs, Quartier Bouchayer Viallet, Grenoble. Projet 1° semestre L3, avec Lola Duval et Jordan Barnaud. 2013/2014.

Le projet du premier semestre licence 3, m’a permis de travailler le programme d’un bâtiment public. Le quartier Bouchayer Viallet étant en construction et des bâtiments alentours étant déjà programmés, il a fallut essayer de faire concorder ces usages à venir. Le quartier se compose du Magasin (Centre National d’Art Contemporain), de la Belle Electrique ( Salle de musiques amplifiées), de logements, de logements étudiants, de bureaux, de salle d’escalade, de danse, de locaux de troupes de théâtre et quelques petits commerces. Ainsi, le quartier sera composés de différents usages, avec un accent mis sur l’activité culturelle. Ainsi, nous avons essayé de réunir différents types d’activités, atour de la musique, en les rendant accessibles à un public large. Le programme s’est principalement construit sur la base de celui de la Belle Electrique, en le concevant comme une réponse à ce qui existera, comme étant le relais des activités proposées dans cette salle de musique. Ainsi, nous avons pensé à une médiathèque sur le thème de la musique, avec des petites salles de projection de concert, des bornes pour écouter de la musique, des parties pour les professionnels de la musique et des parties pour ceux plus novices. Le programme bis se constituait d’un local d’une troupe de théâtre déjà présente, d’un amphithéâtre, et d’un café restaurant. Maintenant que ce projet est fini, en y repensant, 33


Usages intérieurs | La musqiue adoucit les moeurs | Jordan Barnaud

le programme aurait mérité d’être plus poussé, notamment sur la place publique que crée le bâtiment enterré. Nous y proposions des espaces d’attente avant les concerts de la Belle Electrique, de lieux plus calme pour des regroupements de taï chi et des espaces gazonnés pour simplement s’arrêter, venir manger à la pause déjeuner. Ce programme aurait mérité un positionnement plus fort, étant donné l’espace déjà fourni en activités dans lequel on s’implante.

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SQUARE DES FUSILLES Végétation Béton Désactivé Sol Souple (bois) Bassins d’eau

LA BELLE ELECTRIQUE

Taïchi - Exposition CNAC 654 m² Concert Belle éléctrique 241 m² Passerelle 108 m²

Seuil - Porte d’entrée 505 m²

PARC VALLIER-CATANE

Usages extérieurs | La musqiue adoucit les moeurs | Jordan Barnaud

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Architecture génératrice d’interfaces sociales | Espaces

fonctionnels, usages situés. En réponse au programme.

«L’espace ne prend vie que lorsque les gens y pénètrent. Le rôle essentiel de l’architecture, le rôle de l’espace, au sein de l’architecture, consiste à favoriser une interaction entre les gens»1. Ainsi, les usagers sont la raison de toute architecture, pour satisfaire leurs besoins, leurs envies et leurs manières de vivre.

Centre Georges Pompidou, 1977 Renzo Piano et Richard Rogers. Référence architecturale.

En réponse au programme, les architectes ont proposé un espace très modulable, grâce à un empilement de plateaux

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ANDO Tadao, Du béton et d’autres secrets de l’architecture, p.42

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ouverts permettant de changer les espaces selon les événements, les besoins du lieu en différentes occasions. Ce bâtiment a donc été pensé dans un temps long : les architectes ont su anticiper les éventuels changements d’usages de ce lieu. Cette notion d’adaptabilité permet alors de créer un lieu vivant pour l’art contemporain, la ville et la culture. Ainsi, il était possible de faire cohabiter différents usages, favorisant de cette manière la rencontre de différents publics, et l’échange entre ceux ci. D’autre part, la réponse architecturale a été intelligente dans le sens où les architectes ont laissé une grande place pour le parvis et ont regroupé les usages du bâtiment sur une surface assez réduite, afin que, comme expliqué précédemment, la ville entre dans le bâtiment et que le bâtiment ait un impact sur la ville. La musique adoucit les mœurs, Quartier Bouchayer Viallet, Grenoble. Projet 1° semestre L3, avec Lola Duval et Jordan Barnaud. 2013/2014.

Notre réflexion sur le programme de «la musique adoucit les mœurs» s’est inspiré de cette pluridisciplinarité afin de créer des liens culturels et sociaux dans un bâtiment et à plus grande échelle dans le quartier. Le but étant de se faire rencontrer des publics novices et professionnels de la musique, en créant des interfaces sociales.

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Cours commun Premier semestre Licence 3. 2013/2014

La réflexion menée lors du premier semestre sur les logements a été intéressante pour moi. Il m’a permis de comprendre que les évolutions sociétales n’affectent pas tant que ça les habitudes des usagers au sein de leur foyer. Ce qui va changer, ce sont les organisations du plan et la manière dont ils vont l’utiliser. Différentes typologies de plan vont conditionner la manière de vivre dedans. Anisi, il faut bien savoir comment les gens veulent habiter, quelles sont leur façon de vivre. Le but n’est pas d’imposer une façon de vivre, mais de s’adapter aux demandes des usagers. De cette manière, on peut voir que la façon d’habiter est largement influencée par les cultures et la l’endroit dans lequel on se trouve. On pourra se permettre de créer un type d’architecture dans un pays et de ne pas pouvoir le reproduire dans un autre, car les conditions sont différentes. En un sens, habiter pourrait se définir comme étant quelque chose de local.

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L’architecture, loin de dicter des manières de vivre va plutôt appuyer les dynamiques existantes pour les améliorer. L’architecture va permettre de redéfinir les usages selon les mutations de la ville et de la société afin de redynamiser certains quartiers dans une perspective de cohésion urbaine.

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Forme architecturale


Plus qu’une réalité physique, l’espace est aussi une sensibilité. On perçoit un espace avant de comprendre sa structure, sa forme ou ses composantes géométriques. Pourquoi se plaîton dans un espace ? Quelles sont les sensibilités communes aux hommes, et quelles sont celles propres à chacun ? La difficulté ici est de concevoir des espaces sensibles, appropriables par chacun, où chacun peut se sentir dans un lieu qui lui paraît familier. L’espace poétique a besoin d’une structure, d’une forme, de matériaux spécifiques pour pouvoir exister. Tout en gardant en tête les objectifs à atteindre, il faut alors gérer dans la démarche de conception tous ces éléments indispensables à un projet architectural complet, en allers retours constants, afin que chaque élément répondre aux autres. 41


L’habiter |

Espace sensible, appropriable.

Philosopher en architecture, cours de Céline Bonicco Donato, Heidegger/Bachelard, exemples d’application en architecture.

L’espace est d’abord perçu par ses usagers. Il n’est pas intellectualisé ou cartésien, il est ressenti. Le but d’une architecture est avant tout satisfaire ses usages et ses usagers. Ce sont ces expériences de visite d’architecture qui nous le prouvent. Pourquoi un bâtiment plus qu’un autre nous touche? Il est difficile de trouver la réponse. Les lectures de différents philosophes sont intéressantes dans le sens où ils sont essayé de comprendre ces phénomènes. Dans le cours de Céline Bonicco Donato, on a pu aborder ces questions d’espace, notamment à travers les analyses de Gaston Bachelard et de Martin Heidegger. Martin Heidegger soutient que habiter consiste à nous faire une place dans le monde, de pouvoir l’apprivoiser, et qu’habiter

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est un acte existentiel. Cela m’a montré que l’architecture n’est pas qu’une boîte où l’on n’aurait que le stricte nécessaire, mais qu’elle permet de rester, de flâner, de prendre son temps, et permet de révéler la manière dont on est au monde. Cela m’a permis de garder en tête, lors de la conception de projet que le but n’est pas de se limiter à la création de fonctions, mais de proposer des usages et de les imaginer changeants et évolutifs, dans une vision prospective. Gaston Bachelard, lui, nous indique que la lecture d’un espace est aussi une question de souvenir, que l’on s’est tous développé à partir des espaces que nous avons connu, qu’ils nous ont forgé un imaginaire qui nous est propre. Les deux philosophes nous montre que les espaces que nous croisons nous touchent de manière sensible, et affective. De cette manière, il m’a été plus facile de comprendre les espaces que je traverse. Ainsi, cela a participer à forger ma vision sensible de la ville et des espaces en général. Musée d’arts contemporains, La pointe de la Douane, Tadao Ando. Référence architecturale.

Lors de la visite de la Pointe de la douane à Venise, j’ai pu expérimenter ces espaces qui nous touchent. Ce qui est frappant est que, malgré notre œil d’étudiant en Architecture, qui d’habitude analyse, scrute et essaie de comprendre, nous sommes d’abord touché par 43


l’atmosphère du lieu que par sa composition spatiale. Tadao Ando dit « L’espace, s’il est bien construit, est toujours le reflet de quelque chose à l’intérieur de nous»2, et effectivement, les espaces que l’on traverse font résonner en nous des souvenirs, qui nous lient de manière affective à eux, et qui nous touchent émotionnellement. Ce n’est qu’après un certain temps passé à vivre l’espace que nous essayons de comprendre. Et je pense que cette atmosphère est là parce que l’architecte nous raconte une histoire à cet instant, et c’est elle même qui justifie la présence de cette architecture.

Pointe de la Douane | Tadao Ando | Photo C. Renaud

ANDO Tadao, Du béton et d’autres secrets de l’architecture, p.32

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Architecture de la ville. Réflexion globale.

Il en est de même pour l’architecture de la ville. Je me rends compte que beaucoup de nouveaux quartiers qui se construisent ne sont pas une source de satisfaction pour l’usager urbain. Ils sont tous identiques, sont reproductibles dans la France entière. Il n’y a pas de surprise, d’étonnement quant à la richesse esthétique et sensible que l’architecture peut prodiguer. Pour moi, il faut de la variété dans la ville, que différentes époques cohabitent, dialoguent entre elles., que la ville soit un fourmillement d’architectures et d’usages différents qui permettront de se renforcer entre eux, pour proposer une ville réactive aux usagers et leurs appropriations des espaces. C’est pourquoi l’architecture sensible regroupent différents thèmes : les usages et les usagers, l’esprit du lieu, les liens que chaque bâtiment entretient avec les autres, et la forme architecturale. Ce qui m’intéresse particulièrement est la manière dont on va trouver le juste équilibre entre ces thèmes, pour les utiliser à propos.

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Processus de création | L’architecture

comme système.

La musique adoucit les mœurs, Quartier Bouchayer Viallet, Grenoble. Projet 1° semestre L3, avec Lola Duval et Jordan Barnaud. 2013/2014.

Une fois les enjeux mis en place après l’analyse des dynamiques urbaines, l’outil maquette s’avère important pour moi. La maquette permet de travailler la géométrie des espaces, en expérimentant les grandes composantes spatiales du projet : les axes, les cadrages, les volume. Dans le projet de «la musique adoucit les moeurs», il nous a permis d’expérimenter les grands thèmes que nous voulions mettre en place : un lien important entre le dessus et le dessous du bâtiment, des espaces entremêlés les uns aux autres ainsi que des jeux de lumière, puisque ce bâtiment est 46


Maquette expérimentale lumière | La musique adoucit les mœurs | Photo C.Renaud

Maquette expérimentale espaces entremêlés | La musique adoucit les mœurs | Photo C.Renaud


enterré. Cela nous a permis de nous diriger petit à petit vers une forme architecturale en paliers permettant des circulations variées, des espaces plus ou moins lumineux selon les usages mis en place, ainsi qu’un dialogue fort entre intérieur et extérieur.

Le souvenir comme moteur de projet. Plages Océanes, La Teste de Buch, Sud Gironde. Projet 2° semestre L3. 2014.

Lors du projet de deuxième semestre de L3, l’outil maquette a permis, de manière plus large, de conceptualisé l’espace du site. Effectivement, elle a permis de traduire par les volumes, la forme générale et les textures, notre vision d’un site. C’est une démarche personnelle qui permet de développer notre vision sensible d’un lieu, afin d’en tirer les composantes qui nous sont importantes. Ainsi, c’est ce qui va permettre de dégager les grands thèmes que l’on souhaite utiliser dans l’exercice du projet. Cette phase a été importante pour moi, car elle m’a permis de savoir ce qui m’intéresse dans un lieu et j’ai, de cette manière, pu me forger ma vision des choses et m’a donné plus de liberté quant à la réalisation du projet.

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Maquette expérimentale paysage de couches | Plages océanes | Photo C.Renaud

Maquette expérimentale scansion verticale| Plages océanes | Photo C.Renaud


L’architecture est en fait la formalisation d’idées. Ainsi, des méthodes de conception, que l’on peut faire évoluer au fur et à mesure du déroulement de notre pensée, vont nous permettre d’avoir une réflexion tenue. Souvent, les idées peuvent s’éparpiller, ce qui peut parfois faire perdre crédibilité et pertinence au projet. De cette manière, tous les éléments de conception, comme base de projet ou comme développement, chaque réflexion sous forme d’éléments de production va permettre de rebondir dans la conception globale du projet, le forgeant au fur et à mesure.

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Conclusion


Le bon fonctionnement d’un bâtiment tient de l’équilibre entre l’articulation du projet et du site, du programme, des usages générés par ces éléments, ainsi que de l’espace sensible qui en résulte. Le rôle de l’architecte est alors de découvrir son projet au fur et à mesure d’une réflexion, en constants allers retours, permettant à tous ces éléments d’être en corrélation. L’objet architectural et le contexte dans lequel il se trouve fonctionnant comme un organisme vivant, dans lequel chaque élément est indispensable à l’autre pour fonctionner correctement, où chaque action implique un changement dans la globalité du projet. Le site et tout ce qui le compose sont une ressource dont il faut se servir à bon escient. La fonction primordiale d’un objet architectural est de révéler un lieu, de mettre en valeur ses principales composantes que l’on n’aurait pas forcément perçu de prime abord. Avant de pouvoir les révéler, il faut donc les percevoir et les comprendre. De cette manière, l’interrelation entre l’architecture et le contexte sont de différents ordres et nourrissent la réflexion projectuelle à différents degrés. La finalité de ces transformations 53


urbanistiques insufflées par la réalisation d’une architecture est d’infléchir les usages à venir. C’est pourquoi je souhaite continuer mes études en architecture. J’aimerai pouvoir développer ma sensibilité à l’espace par le filtre des éléments énoncés auparavant. J’ai besoin de continuer à forger mon regard critique, d’acquérir des méthodes d’analyse, de conception et d’expérimentation à travers l’exercice de projet. Ce qui m’intéresse dans la perspective d’un master est de pouvoir mêler dans la démarche de conception les différentes matières enseignées à l’ENSAG. Le choix du master permettra de me spécialiser vers ce qui m’intéresse particulièrement : l’intérêt que je porte notamment à l’évolution de nos façons de vivre. Les champs que touche l’architecture sont ici liés dans le projet. Le but étant de questionner les pratiques de la ville, par le biais de visions sociologies, urbanistiques, et culturelles. C’est pour ceci que j’aimerai intégrer le master architecture entre usages et paysages urbains, qui me semble être celui qui répondra de la meilleure façon à mes questionnements sur ce que constitue la ville et son appropriation par ses usagers.

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Bibliographie


ANDO Tadao, Du béton et d’autres secrets de l’architecture, trad. de l’anglais par Leonor Baldaque, Paris, L’Arche, 2007. BACHELARD Gaston, La poétique de l’espace, Paris, Presses Universitaires de France, 2013, première édition 1957. BORDAZ Robert, Diagonales, 1998.

Entretiens,

Bruxelles,

CASSIGOLI Renzo, La désobéissance de l’architecte, trad. de l’italien par Olivier Favier, Paris, Arléa, 2009. DE BOTTON Alain, L’architecture du bonheur, trad. de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin, Paris, Mercure de France, 2007. KOOLHAAS Rem, Junkspace, trad. de l’anglais par Daniel Agacinski, Paris, Payot & Rivages, 2011.

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