débords 15 mm Pour tout renseignement, contactez-nous au 02 51 37 44 95 ou sur le site http://www.caue85.com ISBN : 978-2-918010-05-0
débords 15 mm
prix 15 €
format fini 250 mm
S. Paillé / V. Boutin / C. Hervouet Maison du Tourisme et de l’Architecture, 45 boulevard des Etats-Unis, BP 685, 85 017 la Roche sur Yon cedex.
S. PAILLÉ / V. BOUTIN / C. HERVOUET
l’architecture balnéaire en Vendée
CONSEIL en ARCHITECTURE, URBANISME et ENVIRONNEMENT de la VENDÉE,
L’ARCHITECTURE BALNÉAIRE EN VENDÉE
débords 15 mm
format fermé 210 mm
dos 16 mm
format fermé 210 mm
débords 15 mm
L’ARCHITECTURE BALNÉAIRE EN VENDÉE S. PAILLÉ / V. BOUTIN / C. HERVOUET
“ici,
un département paysan, à l’heure de la société ouverte, déverse à la bonne franquette dans les avenues, hors de l’enceinte de ses campings, comme s’il jaillissait d’un train de plaisir, un peuple presque vierge encore des joies de la plage, bonnes gens sans esprit de clan et sans préjugés qui piquent-niquent sans complexe sous les pins et sur le sable, (et) ne boudent pas leur amusement tout neuf (..). Il n’y a pas d’habitués : la poussée du niveau de vie a jeté en vrac sur le rivage, comme si on la basculait d’une benne, une couche fraîche catapultée d’un coup dans la civilisation du loisir“.
Julien Gracq, in Lettrines II, Paris, éditions José Corti, 1974.
PRÉFACE
A
ujourd’hui première destination touristique de la côte Atlantique, le département de la Vendée possède un riche patrimoine de villégiatures estivales, dont les origines remontent à l’engouement pour les bains de mer, démocratisés par le chemin de fer puis par les congés payés. Cette tradition a laissé de nombreux témoignages, diversifiés comme les époques dont ils sont les reflets, sous la forme d’architectures multiples, symboles de ces transhumances, du manoir éclectique à la résidence collective des années 60. Séverine PAILLÉ et Vincent BOUTIN, historiens de l’art, nous livrent une analyse scientifique de ce phénomène que l’on réunit sous le vocable d’architecture balnéaire. Ils ne s’arrêtent pas à la description de l’existant, mais offrent aussi des pistes pour imaginer les constructions de demain : Que devons-nous garder de ce patrimoine ? Comment le faire évoluer ? Leurs réponses à ces questions nous interpellent et ouvrent une large réflexion.
A cette réflexion scientifique des historiens de l’art, le CAUE a voulu ajouter un regard plus poétique en laissant le champ libre à une jeune photographe : Camille HERVOUET. A travers une petite monographie, celle-ci nous donne sa vision très personnelle d’une côte vendéenne hors saison, mais qui reste touristique. La douceur des lumières qui caressent ces architectures désertées, l’immobilité des paysages accentuée par la longueur de pose des clichés, tout cela crée une ambiance qui ne peut laisser indifférent et qui vient délicatement compléter l’approche pragmatique de l’ouvrage. Espérant que la complémentarité de ce rapprochement séduira les lecteurs …
Joël SARLOT, Président du CAUE
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AVANT-PROPOS
L
’architecture balnéaire vendéenne n’a jusqu’à présent été que peu étudiée. Pourtant, certaines réalisations n’ont rien à envier aux villas érigées dans la première moitié du XXe siècle à Royan, Arcachon ou La Baule. De nombreuses constructions ont fait les frais de la pression immobilière, notamment avec l’essor spectaculaire du tourisme de masse dans les Trente Glorieuses : beaucoup, parmi celles qui subsistent, constituent pourtant un patrimoine précieux, régulièrement encore dénaturé, détruit, méconnu et incompris. La Vendée compte ainsi de remarquables exemples de l’architecture balnéaire de l’entre-deux-guerres, marqués par le régionalisme ou l’orientalisme ; les années 1950-1960 nous ont également légué d’intéressantes manifestations de l’architecture privative de cette époque, lesquelles laissaient augurer d’une occupation plus pertinente et respectueuse de leur environnement. La construction en partie contemporaine des barres et hautes résidences à Saint-Jean-de-Monts ou aux Sables d’Olonne a depuis transformé considérablement le paysage des bords de mer, aboutissement d’un phénomène de colonisation du site balnéaire et de démocratisation de la plage.
Les Sables d’Olonne. Cabines de plage.
Ce livre se veut tout d’abord une explication du passé : il a pour objectif d’apporter au lecteur quelques clés afin de lui permettre de mieux déchiffrer son environnement bâti, d’appréhender les spécificités de l’habitat et les moeurs de chaque époque, ainsi que de comprendre les différentes problématiques induites par cette urbanisation accélérée du territoire. Sans tendre à une condamnation lapidaire du “bétonnage“ du littoral, ni à un regard trop nostalgique sur l’âge d’or des stations balnéaires, il veut révéler aux villégiateurs l’intérêt de préserver leur maison. Il entend constituer ensuite une source d’exemples et de réflexions en proposant des pistes pour une redéfinition de la résidence secondaire sur la côte vendéenne.
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L’île de Noirmoutier
La Barre-de-Monts Notre-Dame-de-Monts Saint-Jean-de-Monts L’île d'Yeu Saint-Hilaire-de-Riez Saint-Gilles-Croix-de-Vie
La Roche-sur-Yon
Les Sables d'Olonne Talmont-Saint-Hilaire Jard-sur-Mer
La Tranche-sur-Mer La Faute-sur-Mer
SOMMAIRE
1 le phénomène balnéaire. la conquête du littoral vendéen
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LA COLONISATION DU SITE BALNÉAIRE des premiers bains de mer au façonnage du littoral les particularités du littoral vendéen LE BÂTI BALNÉAIRE : UN DÉFI AU TEMPS ET AUX ÉLÉMENTS
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2 fantaisie et représentation : la première moitié du XXe siècle
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L’URBANISATION DU LITTORAL le lotissement, un modèle éprouvé d’aménagement urbain quelques maîtres d’œuvre CONCEPTION ET FORMES la villa, entre confort et ostentation les styles et la question du régionalisme
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3 le tourisme de masse dans la seconde moitié du XXe siècle : l’individu au centre de l’architecture
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43
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L’HABITAT BALNÉAIRE DE L’APRÈS-GUERRE OU L’ART D’HABITER contexte national et essor du tourisme en Vendée évolution et caractéristiques de la maison 50 en France adaptation sur la côte vendéenne DENSIFICATION ET STANDARDISATION l’idéal de la résidence secondaire “balcon avec vue sur la mer“ diversification des formes et appauvrissement
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4 imaginer l’habitat littoral de demain
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QU’EST-CE QUE L’HABITAT BALNÉAIRE VENDÉEN AUJOURD’HUI ? une réalité confuse un hébergement “comme chez vous“ des alternatives “contemporaines“ QUELQUES IDÉES D’ICI ET D’AILLEURS aspirations et tendances : la maison contemporaine en France investir l’environnement bâti vendéen faire avec le site balnéaire et s’en défaire redéfinir l’habitat balnéaire
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album chronologique
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bibliographie
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1. LE PHÉNOMÈNE BALNÉAIRE LA CONQUÊTE DU LITTORAL VENDÉEN
la colonisation du site balnéaire DES PREMIERS BAINS DE MER AU FAÇONNAGE DU LITTORAL
A
ppréciés par les Romains dès l’Antiquité, la mer et le littoral ont été délaissés pendant des siècles avant d’être redécouverts à partir de la fin du XVIIIe siècle, notamment par les artistes et les écrivains. Le romantisme se nourrit en effet du contact retrouvé avec une nature sauvage et inconnue : il se délecte des manifestations effrayantes (vagues, tempêtes) de ce milieu en apparence hostile, dont la contemplation suscite à la fois l’exaltation et la peur. La recherche de solitude et d’harmonie avec l’environnement se double également d’une exploration curieuse de cette frange du territoire : les premiers visiteurs s’intéressent aux villages côtiers, d’autant plus sensibles
Les Sables d’Olonne. Jetée de La Chaume.
aux us et coutumes locaux qu’ils logent souvent chez l’habitant. La découverte des vertus thérapeutiques des bains de mer a lieu à la même époque : si seuls quelques courageux pionniers en font l’expérience à la fin du XVIIIe siècle, la vogue de cette pratique encouragée par la médecine s’amorce dès la première moitié du XIXe siècle, en Angleterre puis dans toute l’Europe. La villégiature maritime est tout d’abord le fait de familles royales et aristocratiques, qui par leurs pratiques mondaines participent de façon décisive au succès de certaines stations (Brighton, Ostende). Peu à peu, encouragés de façon parfois intéressée par les médecins, les bains de mer se développent.
Noirmoutier-en-l’Île. Plage des Sableaux.
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On réalise alors des cures sur prescription médicale : les qualités de l’eau, le dynamisme vivifiant des chocs thermiques, la pureté de l’air iodé contribuent à soulager le patient qui profite également du dépaysement d’un cadre situé aux antipodes de la vie trépidante et de la pollution des villes en cette période de révolution industrielle. La proximité de l’Angleterre, où l’on invente la cabine de bains pourvue de roues vers 1750, a joué un rôle fondamental dans l’apparition du phénomène balnéaire en France, en particulier sur les côtes du Nord et de Normandie. La construction d’établissements de bains est à l’origine de toutes les premières stations du XIXe siècle : de simples baraquements provisoires au début, ces constructions évoluent vers des complexes plus importants, cumulant parfois plusieurs fonctions (casino, salles de spectacles et de réunions...). Le premier aurait été construit à Dieppe en 1809 ; l’ascendance des loisirs explique la disparition progressive des pratiques thérapeutiques au début du XXe siècle. Les contacts avec la mer sont régis par les indications médicales et la pudeur d’un habillement qui ne s’allègera véritablement qu’après la première guerre mondiale. Le temps de la baignade est relativement court et codifié : ses adeptes usent des cabines mobiles souvent tractées par des chevaux, permettant un changement de tenue ainsi qu’une mise à l’eau à l’abri des regards indiscrets. De médical, le but du séjour balnéaire devient rapidement touristique : la bourgeoisie investit peu à peu les lieux, attirée par l’oxygénation du cadre maritime et le pittoresque des sites, mais aussi par les activités
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Talmont-Saint-Hilaire.
de divertissement et de déambulation qui mettent en scène dans un cadre nouveau les rapports sociaux. L’occupation de ces espaces vierges est le fruit d’un processus dont il est difficile aujourd’hui de mesurer la portée : avant la redécouverte de l’attrait des côtes, la mer n’est pas perçue comme un vecteur de rêve et de loisirs, mais au contraire comme la limite du territoire. L’image d’un milieu hostile, réservé aux pêcheurs et aux contrebandiers, évoquant la crainte de tempêtes et de naufrages, change brusquement en quelques décennies. Les embryons de stations balnéaires se développent pour la plupart à partir ou à proximité de petites villes ou villages existants, sur des sites naturels encore vierges. Les contacts avec les autochtones, dont l’on utilise par la suite des images folkloriques pour promouvoir les stations (la Sablaise par exemple), sont en réalité distants : on cherche plutôt à établir des limites franches avec le vieux bourg, et entretenir des relations entre semblables. Il s’agit moins de se fondre dans cet environnement, que de tenter de s’y adapter en tenant compte, autant que possible du contexte : le “pays“, le patrimoine, l’esprit local, les facteurs climatiques... L’enjeu consiste à estomper cette différence entre l’état sauvage et la civilisation, à gommer les contrastes entre la mer et les constructions. Cet espace aux limites indéfinies (la mer remodelant sans cesse le rivage) devient un lieu de conquête, que l’on va chercher à maîtriser peu à peu. La construction en bord de mer revêt alors un caractère inédit, symbole d’une modernité véhiculée par le chemin de fer qui achemine les voyageurs vers ces nouvelles destinations.
Les Sables d’Olonne. Vue du remblai. Archives Départementales de la Vendée.
La ligne Paris-Dieppe est ouverte en 1848 ; Deauville et Nice sont desservies en 1864, Royan en 1875... Cette mobilité autorise des rapports nouveaux entre les différentes parties du territoire national, et notamment entre la capitale et la province. Le train est un vecteur décisif dans la création des stations balnéaires : les affiches publicitaires participent à vanter les mérites des villes côtières, si ce n’est parfois à lancer véritablement l’essor de certaines d’entre elles. Il est affrété l’été en convois spéciaux (les “trains de plaisirs“), et fait l’objet très tôt d’offres tarifaires avantageuses (allers-retours dans la journée, promotions, etc.), notamment à destination des moins fortunés. Pour renforcer le pouvoir d’appel de ces villes littorales, le rivage français est divisé de façon plus ou moins arbitraire en ensembles prétendument homogènes, lesquels reçoivent des appellations fortement évocatrices : la Côte d’Azur en 1887 (par l’écrivain Stephen Liégeard), la Côte d’Emeraude en 1894 (par l’avocat Eugène Herpin), la Côte d’Amour, la Côte de Beauté, etc. La station balnéaire est donc une invention récente ; le terme “balnéaire“ n’apparaît que dans la seconde moitié du XIXe siècle. Elle possède de nombreux points communs avec la station thermale. Ces villes d’eaux sont en effet caractérisées par une organisation et une architecture spécifique concentrée autour de quelques bâtiments qui structurent véritablement l’espace urbain. Si la ville thermale s’agglutine autour des sources dans son écrin naturel, la ville balnéaire se déploie face à la mer, et s’étire le long de la plage ; mais toutes deux se sont développées à l’origine autour des établissements de bains, des
hôtels et du casino. Cette triade d’équipements est récurrente dans la plupart des stations, et constitue avec le réseau ferroviaire une des clés de la réussite d’une station. La création des villes d’eaux est avant tout une entreprise financière, qui vise à rentabiliser des investissements conséquents. Malgré des contextes et des moyens très différents, on peut dégager un schéma type de développement d’une ville balnéaire : découvert par quelque personne avisée, voire visionnaire, un site fait l’objet d’une opération financière. Celle-ci est souvent menée par une société de promoteurs constituée à la fois d’acteurs locaux (médecins, notaires), dont les relations et la connaissance du terrain sont d’une grande utilité, et de membres de la bourgeoisie parisienne ou d’autres grandes villes (banquiers, gens du spectacle, industriels) en possession des indispensables capitaux. Cette opération, naturellement accompagnée d’une campagne de publicité, peut consister par exemple en la construction de nouveaux équipements, comme un casino et un hôtel, et en la réalisation d’un lotissement dont les parcelles seront vendues individuellement. Dans d’autres cas, il s’agit d’une imbrication plus ou moins complexe de sociétés immobilières qui gèrent l’organisation des séjours ou les lotissements privés tout en exploitant parfois des ensembles hôteliers, voire les établissements de bains. De telles initiatives ont connu des échecs, mais aussi des succès retentissants, comme la création d’Arcachon par Emile Péreire en Aquitaine. Le rachat de terrains s’effectue auprès de particuliers, mais également, pour les zones côtières, auprès de l’Etat qui gère le domaine maritime ; des morceaux entiers du littoral sont ainsi vendus à des
Les Sables d’Olonne. Le Grand Casino, 1876, Salard et Leboeuf architectes (détruit). Archives Départementales de la Vendée.
Les Sables d’Olonne. Casino des Sports, 1928, Maurice Durand architecte (détruit). Archives Départementales de la Vendée.
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La Barre-de-Monts. Villas, entre 1900 et 1910, Fromentine, Esplanade de la Mer.
Les Sables d’Olonne. Ensemble de maisons, annÊes 1920, 5-9 rue Gallieni.
privés au XIXe siècle, marquant un transfert de propriété qui s’inversera au XXe siècle lorsque les communes récupèreront peu à peu leurs pouvoirs sur l’aménagement du territoire. Ces “villes nouvelles“ sont caractérisées par un urbanisme rationnel, qui prend modèle sur le Paris haussmannien : de larges boulevards et avenues quadrillent des quartiers encore en construction, et sont raccordés à l’ancien bourg bientôt menacé par une pratique qui étouffe peu à peu les activités traditionnelles comme la pêche. Aux Sables d’Olonne, la construction d’une ligne de tramway électrique à partir de 1898 permet de relier la gare et les casinos ; ce moyen de transport moderne assure jusqu’en 1925 la desserte des endroits stratégiques du remblai. Dans la première moitié du XXe siècle, les sources d’inspiration évoluent, et l’utopie de la cité-jardin alimente la création de nombreux lotissements. La nouveauté induite par des sites vierges ainsi que la construction d’une formule d’habitat en grande partie inédite autorisent une grande liberté : celleci se manifeste dans l’architecture, mais aussi dans le soin apporté aux aménagements paysagers. Si les premières villas sont librement érigées, le développement de lotissements s’accompagne par la suite de règlements précis (cahiers des charges) concernant l’implantation sur les parcelles, le respect des voiries, le style, voire le choix des matériaux... Le succès de la station est en effet également lié à la beauté et à la quiétude d’un cadre de villégiature dont les affiches ferroviaires font la promotion. Dans cette ville idéale, mettre en œuvre des formes urbaines rationnelles
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Cohabitation entre pêche et tourisme.
(fondées notamment sur l’adoption d’une trame orthogonale ou concentrique) sert avant tout à exploiter au maximum l’espace ; mais le but est aussi de disposer d’espaces lumineux, aérés et ensoleillés, de multiplier squares, parcs et autres jardins publics - de construire, en somme, une contre-image de la ville industrielle. Ces aménagements concernent également le front de mer où l’on élève des digues afin de protéger les habitations, des jetées, terrasses, belvédères, etc. qui deviennent autant de lieux de promenade et de parade. Orientées vers la mer et le paysage, les villes balnéaires multiplient en fait les points de vue sur les estivants ; un basculement s’opère, et marque le triomphe de la civilisation sur la nature qui laisse place à la comédie humaine. Ce remodelage du territoire constitue un phénomène unique : en quelques dizaines d’années, le paysage a été littéralement transformé et domestiqué, notamment afin d’être contemplé. Les dunes ont été nivelées, les forêts ont laissé place à des parcs lotis qui se dégarniront de plus en plus de leurs arbres face à la pression immobilière. Ces lieux à la fois hors du temps (ils sont essentiellement occupés l’été) et de l’espace urbain quotidien se sont construits comme des villes temporaires. Après s’être développée de façon relativement libre au XIXe siècle, l’édification des stations balnéaires se poursuit dans l’entre-deux-guerres de façon plus intensive. Les quelques villas isolées élevées près de la plage s’intègrent à de véritables villes, dont la taille et le nombre d’estivants exigent un mode de gestion plus rigoureux. Les municipalités se réapproprient le rivage, qui redevient un espace public.
Les Sables d’Olonne. Bateaux de plaisance et bateaux de pêche dans le port de La Chaume.
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Saint-Hilaire-de-Riez. Corniche.
La Barre-de-Monts. Vue aérienne des bassins ostréicoles, de Fromentine et du pont de Noirmoutier. Photographie d’Ecav Aviation, 2006.
En voulant imposer aux communes de plus de 10 000 habitants l’élaboration d’un plan d’aménagement et d’extension, la loi Cornudet de 1919 (modifiée et complétée en 1924) contribue à un meilleur aménagement des villes d’eaux à l’époque d’une vague importante de constructions. A cette période, faute de place, il devient plus difficile de bâtir en front de mer. On comble les dents creuses, et l’on construit désormais en arrière de la plage de façon plus ordonnée, généralement sous la forme de lotissements. Si certaines stations balnéaires anglaises attirent une clientèle ouvrière dès la fin du siècle précédent (Blackpool par exemple), la réelle démocratisation du séjour en bord de mer n’intervient véritablement qu’après la première guerre mondiale ; les congés payés instaurés en 1936 faciliteront l’émergence d’un phénomène de masse sans précédent dans les années 1950. L’accroissement continu du nombre de voitures favorise également la mobilité, et rend la mer plus accessible - au détriment du réseau ferré qui se réduit aux lignes les plus fréquentées. L’arrivée des classes moyennes dans les villes balnéaires nécessite la création de nouvelles structures adaptées aux moyens financiers de cette catégorie sociale : les colonies de vacances existent par exemple en France dès 1900, mais ne se répandront véritablement qu’à partir des années 1950. Le camping, lui aussi pratiqué dans l’entre-deux-guerres, devient par la suite l’une des solutions de logement les plus économiques pour les foyers aux revenus modestes. Après la deuxième guerre qui effectua parfois des ravages dans ces villes côtières (Royan,
Les Sables d’Olonne. Cabines de plage.
Le Havre), une nouvelle couronne de constructions s’ajoute aux édifices de la première moitié du siècle ; composant une nouvelle périphérie, elle est constituée de maisons et d’immeubles de taille modeste. Confirmant une évolution déjà amorcée avant la guerre, les vacances au bord de mer ne visent désormais plus à la déambulation mondaine et à la pratique d’activités réservées aux plus riches, mais à profiter plus prosaïquement du soleil et de la plage, laquelle devient un vrai espace de repos, de jeux et loisirs. A partir des années 1960, le flux grandissant d’estivants et le manque de terrains constructibles créent une pression foncière de plus en plus forte : de nombreuses villas disparaissent, et avec elles une grande partie du charme pittoresque des stations dont elles constituaient l’identité. Souvent dans l’urgence, on construit à la place des immeubles résidentiels de plus en plus hauts afin de disposer de la plus grande densité de logements possible. Le front de mer devient dans de nombreuses villes balnéaires européennes (de la Belgique jusqu’à l’Italie) un front quasi ininterrompu d’immeubles, une ligne entre terre et mer: cette transformation radicale modifie profondément les rapports avec la nature, en banalisant l’espace littoral. Malgré des limites posées à l’extension urbaine, l’accroissement des résidences permanentes, principalement sous la forme de lotissements pavillonnaires, ainsi que la construction de grandes zones commerciales, ont pour conséquence de parachever cette dissolution de “l’esprit balnéaire“, en conférant aux entrées et aux périphéries de ces villes l’apparence d’agglomérations quelconques.
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LE BOIS DE LA CHAISE À NOIRMOUTIER
S
itué dans la partie septentrionale de l’île, le Bois de la Chaise est le lieu de naissance du phénomène balnéaire à Noirmoutier. Il s’agit d’un site naturel très riche, planté de chênes verts et de pins, abrité des vents. Fréquenté dès le XVIIIe siècle, il devient rapidement un lieu de promenade très prisé : il attire artistes et écrivains (Renoir y séjourne en 1892), et des régates maritimes sont organisées à proximité. Des cabines sont installées sur la plage des Souzeaux dès 1850. Une dizaine d’années plus tard, on y ouvre un petit établissement de bains, auquel on adjoint en 1875 un restaurant : l’ensemble est renommé pompeusement le Casino. En 1885, une estacade favorise l’abordage des bateaux. Un véritable essor se produit dans les années 1870, grâce notamment à la mise en place de la liaison maritime avec Pornic, puis de liaisons ferroviaires à proximité de l’île (Fromentine, à La Barre-de-Monts), ainsi qu’à l’aménagement du passage du Gois. L’histoire et l’aspect actuel du Bois de la Chaise sont indissociables de la très fortunée famille noirmoutrine Jacobsen, qui y planta des pins et y traça des allées, avant de se séparer progressivement de ce vaste territoire à la fin du XIXe siècle. Quelques investisseurs vendent alors de grandes parcelles sur lesquelles sont édifiées environ une centaine de villas entre 1870 et 1890. Les maîtres d’ouvrage sont essentiellement nantais, angevins et parisiens. Souvent invisibles derrière leur écrin de verdure, beaucoup de ces
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constructions sont d’un grand intérêt architectural, oscillant entre l’influence anglo-normande, le classicisme, le régionalisme, etc. Dès la fin du XIXe siècle, la vente s’assortit de clauses spécifiques ayant trait à l’entretien des allées, aux clôtures et à la hauteur des constructions ; une distance de retrait minimale est imposée pour ne pas constituer un front bâti. En 1907, une union de propriétaires crée une association afin de protéger le site ; son action sera prolongée dans l’entre-deuxguerres, avec des mesures limitant par exemple le déboisement au quart de la parcelle. Aujourd’hui encore, un tel organisme milite pour la préservation du site, afin de restreindre par exemple la circulation automobile et le morcellement des terrains. Cette prise de conscience précoce débouche en 1928 sur un classement de la forêt domaniale, qui ne peut plus être construite ; en 1936, la partie privée du bois devient une zone de protection du site classé, entraînant un renforcement des mesures de sauvegarde. Une zone de protection du patrimoine architectural et urbain est mise en place en 1994 : elle impose l’aval de l’Architecte des Bâtiments de France pour toute rénovation et construction. Traversé par sept voies communales, le bois compte surtout quarante allées privées, et apparaît comme une illustration exemplaire et particulièrement bien conservée de l’architecture balnéaire du début du siècle.
Noirmoutier-en-l’Île. Bois de la Chaise, avenue Georges Clemenceau et Plage des Souzeaux.
Noirmoutier-en-l’Ile. Bois de la Chaise, plage des Souzeaux.
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LES PARTICULARITÉS DU LITTORAL VENDÉEN
L
a Vendée possède un important espace dunaire ; à l’arrière des plages de sable fin, on trouve des paysages de forêts de pins et de marais, qui peuvent être rapprochés de ceux de l’Aquitaine et de la Charente-Maritime. Réparties de façon relativement équilibrée sur le littoral, les plages sont interrompues par des segments de côte rocheuse, à l’image de la Corniche vendéenne qui étale ses trois kilomètres de falaises du nord de Saint-Gilles-Croix-de-Vie jusqu’à Sion. Une autre singularité est la présence des deux îles (Île d’Yeu et Île de Noirmoutier, cette dernière étant rattachée au continent par un pont depuis
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La Tranche-sur-Mer. Resto-Qui, 9 rue Anatole-France.
1971), sur lesquelles le développement du tourisme balnéaire s’est matérialisé différemment par rapport au continent. Dans la première moitié du XIXe siècle, l’espace dunaire est seulement parcouru de quelques sentiers et passages permettant d’atteindre la mer. Ce milieu fragile est parfois cultivé, et accueille quelques moulins à vent. La fixation des dunes est entreprise au début du XIXe siècle sur ordre impérial ; ce long et difficile chantier s’assortit d’une cadastration progressive qui parcellise des morceaux d’un territoire auparavant non borné et dépourvu de limites réelles. L’Etat est propriétaire d’impor-
tantes superficies qu’il gère ou concède, ce qui n’empêche pas nombre de particuliers de s’approprier des terrains illégalement. Cette situation ne facilite pas la délimitation et la vente de parcelles lorsque la demande de terrains à construire devient de plus en plus forte. Dès le XIXe siècle, l’Etat et des municipalités trop heureuses de pouvoir retirer quelques revenus se saisissent de ces opportunités ; des échanges sont également effectués. En 1872 par exemple, afin de répondre à la demande de la municipalité de Saint-Jean-de-Monts, l’Administration des Eaux et Forêts cède trois hectares d’espace domanial conduisant à la mer : le terrain découpé en vingt-quatre lots est vendu par adjudication publique auprès d’acheteurs dont tous, à une exception près, sont établis dans les environs. Au départ, les villas sont construites au plus près de la mer. Leurs propriétaires procèdent très tôt, de façon saisonnière, à la location de maisons souvent conçues à cet effet. Mais ce milieu reste fragile : la fluctuation du trait de côte - qui peut parfois provoquer d’importants dégâts -
La Faute-sur-Mer. Mobil-homes.
entraîne progressivement la construction de remblais (comme celui des Sables d’Olonne), lesquels permettent de définir précisément les limites de la plage en stoppant les mouvements des dunes. Les remblais ont aussi l’avantage d’établir des circulations nettes et des limites de propriétés moins floues, la plage étant le terrain de circulation et de stationnement de piétons, cyclistes et autres automobiles... C’est aux Sables d’Olonne que la villégiature balnéaire est apparue et s’est développée dans le premier quart du XIXe siècle en Vendée. Son essor n’intervient véritablement qu’à partir de la seconde moitié du siècle, avec l’ouverture en 1866 de la liaison ferroviaire avec La Roche-sur-Yon qui met sa plage à portée du Grand Ouest et de Paris. Attirant une clientèle élégante et relativement fortunée, la ville, concurrente de La Baule et de Royan, n’est pas directement menacée par ses rivales vendéennes. Mises à part les stations de Saint-Gilles et surtout Croix-de-Vie, le processus de conquête et de
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lotissement du rivage est en effet bien plus lent dans la partie septentrionale du département. A leurs débuts, Saint-Jean-de-Monts, La Barre-de-Monts et Notre-Dame-de-Monts accueillent la petite bourgeoisie régionale. Le train arrive tardivement (1923 à Saint-Jean), et les accès à la mer sont de plus assez difficiles depuis ces villes tournées vers le marais qui ne possèdent pas de ports. Elles n’ont alors qu’un statut modeste, mais profitent de la beauté et de la tranquillité d’un cadre naturel pittoresque car encore préservé. La plupart des terrains dunaires, propriété de l’Administration des Eaux et Forêts, tarde à être vendue. Le véritable développement n’a lieu pour ces communes que dans la seconde moitié du XXe siècle. Le cas de La Barre-de-Monts est un peu plus singulier, dans la mesure où la ville dispose à l’écart, à Fromentine, de l’embarcadère pour l’Île d’Yeu et l’Île de Noirmoutier ; les activités portuaires y entraîneront assez tôt la construction de quelques hôtels. En 1907, l’Etat cède une dizaine d’hectares de dunes à des particuliers, où se dresse le premier noyau de la station qui correspond au front de mer actuel. Les pauvres habitants des cabanes qui y résidaient sont alors relégués plus loin, où certains construisent des bourrines. A leur place, de riches familles nantaises se font édifier des villas, qui seront au nombre d’une dizaine à la veille de la première guerre mondiale. Malgré ce changement et les brassages de populations, la ville bien située à proximité du pont de Noirmoutier et du Gois a vu se maintenir une activité maritime qui s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui avec l’ostréiculture - un phénomène qui se doit d’être signalé, tant le développement du tourisme balnéaire a régulièrement coïncidé avec l’extinction des activités traditionnelles. Freiné par la seconde guerre mondiale, le tourisme balnéaire vendéen connaît un essor significatif dès les années 1950 : il concerne aujourd’hui 36 communes, contre une dizaine à l’époque. Le phénomène a plusieurs explications : par exemple, la multiplication des navettes reliant le continent à l’Île d’Yeu et la mise en service en 1971 du pont d’accès à l’Île de Noirmoutier ont permis le développement de localités auparavant situées à l’écart des flux de vacanciers. En 1954, la Vendée compte 6 412 résidences secon-
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daires dont plus des deux tiers se situent sur la frange maritime. En 1984, un quart des chantiers d’habitations en cours concernent des appartements ou maisons de vacances et le département est le premier au rang national en terme de nombre de campings. En 2008, les statistiques du Comité départemental du tourisme (CDT) dénombrent 91 549 résidences secondaires réparties sur 19 communes, ce qui représente une évolution de 21% depuis 2004. La Vendée fait ainsi partie des rares départements français (avec d’autres situés en Corse, dans les Alpes et sur la côte méditerranéenne orientale) dans lesquels la part des résidences secondaires dans le bâti total est supérieure à 27 %. Sur le littoral, elle atteint même 80 %. Des côtes du Nord au Pays Basque, elle représente alors un cas unique. Dans les années 1980, 2 millions de touristes se rendent chaque année dans le département, principalement pendant les deux mois d’été. En 2006, le CDT estime la fréquentation à 4,5 millions d’individus, en majorité des familles originaires du Grand Ouest ou de la région parisienne, répartie sur une saison qui s’étend. La concentration des flux touristiques peut occasionner des problèmes d’accueil dans les petites communes dont la population est parfois multipliée par 50 (La Tranche-sur-Mer : 2 000 habitants à l’année, 100 000 en été ; Brétignolles-sur-Mer : 2687 habitants en 1999, une capacité d’accueil en résidences secondaires de 31 360 vacanciers ; SaintJean-de-Monts : 6 886 habitants en 1999, une capacité d’accueil en résidences secondaires de 71 670 personnes). Au sein même de la façade maritime, laquelle présente de plus une densité supérieure à l’ensemble du territoire vendéen (123 hab/km2 sur le littoral contre 86 hab/km2 à l’échelle du département), des disparités importantes existent : la traversée des localités permet d’identifier des zones dans lesquelles la construction à usage d’habitat secondaire est plus dynamique. Les données recueillies par le CDT confirment cet état de fait : depuis quelques années, le nombre de résidences secondaires stagne aux Sables d’Olonne ou encore à Notre-Dame-de-Monts ; à La Tranche-sur-Mer, La Faute-sur-Mer ou encore Talmont-Saint-Hilaire, il a évolué de 50 à 60 % en quatre ans.
Les Sables-d’Olonne. Plage de l’Amiral Lafargue. 19 août 2008.
Les Sables-d’Olonne. Plage de l’Amiral Lafargue. 20 octobre 2008.
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le bâti balnéaire : un défi au temps et aux éléments A
u vu de l’urbanisation actuelle de la côte, on en oublierait que l’occupation humaine du littoral n’est pas le résultat d’une action spontanée : il n’est pas naturel d’exposer aux intempéries des maisons censées depuis toujours fournir aux individus un refuge, un abri protecteur. Il y a encore deux siècles, les côtes sont désertes, les terres qui les prolongent servent tout au plus à l’élevage ou à la culture ; les villages se développent en retrait. Au XIXe siècle, l’homme plante pour ralentir l’érosion du cordon dunaire, établir un rempart naturel et protéger ses hameaux ; il gagne des terrains sur la mer (polders des environs de Bouin). Les forêts artificielles de pins passent de l’état de dispositif défensif à celui d’élément attracteur, et stimulent l’envie de s’établir dans ces nouveaux paradis. L’implantation humaine annonce une déforestation ; le sable du littoral devient pierre puis béton. Les modes changent ; on détruit pour remettre au goût du jour ou pour répondre aux nouveaux besoins. La nécessité de sauvegarder les sites qualifiés de “naturels“ et le patrimoine architectural devient évidente ; l’homme crée des lois pour se préserver de lui-même. Alors que les pêcheurs construisaient dos à la mer pour se protéger, le villégiateur recherche l’affrontement romantique, la victoire sur le sauvage en exposant son habitation aux bourrasques, à la salinité de l’air, à la mouvance des frontières du littoral. Il veut
profiter au maximum de l’ensoleillement, d’ailleurs particulièrement important sur les côtes vendéennes, et jouir du paysage. L’orientation idéale de l’habitat balnéaire serait l’exposition sud-est, laquelle permettrait d’exploiter la course du soleil tout en formant abri contre les vents dominants (ouest et nord). Etabli principalement selon un axe nord-sud, le littoral vendéen n’autorise pas toujours la combinaison optimale de ces dispositions : le commanditaire devra parfois choisir entre paysage et confort. Le site balnéaire n’est pas uniquement un lieu propice aux fêtes, à la détente et à la fantaisie ; il impose un certain nombre de contraintes physiques. Souvent peu habitué à la construction en bord de mer, l’architecte est invité à composer avec ces spécificités pour répondre aux besoins et exigences du propriétaire (confort visuel et thermique notamment). Lorsque l’orientation et le choix des matériaux sont conditionnés par les éléments, la liberté pourrait alors sembler essentiellement stylistique, les formes elles-même devant être adaptées à la violence des intempéries. L’implantation de l’habitat balnéaire soumet l’ingéniosité du maître d’œuvre aux contraintes topographiques et géologiques. On ne construit pas de la même manière en ville et en bord de mer, sur le sol meuble des dunes ou sur une corniche rocheuse face à un à-pic vertigineux. Des villas qui apparaissent comme de purs exercices de style sont parfois
La Faute-sur-Mer. Maison, 1991, Jean-Claude Pondevie architecte.
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des défis lancés aux théories de l’équlibre. La Vendée est une zone d’aléas sismiques à risque modéré (carte des aléas publiée en novembre 2005), ce qui devrait aujourd’hui inciter à la conception de plans simples, sans grands décrochements. L’exiguïté ou les contours irréguliers du terrain, la présence de plantations, régissent également le positionnement de l’habitation d’un commanditaire soucieux, par exemple, de respecter la forêt et de profiter du cadre végétal pré-existant. La morphologie du littoral vendéen engendre une autre difficulté : à la différence de Noirmoutier, on ne peut gagner l’Île d’Yeu que par voie maritime. Quiconque souhaite y bâtir est confronté aux problèmes d’accessibilité du chantier. Auteur d’une maison achevée en 2006, l’architecte Bruno Hubert attire l’attention sur le périple à effectuer pour rejoindre sa propriété. Il est nécessaire de protéger les constructions contre la violence de la houle et contre l’érosion du littoral. C’est pourquoi les fronts de mer ont été très tôt équipés de digues, de remblais... En 1925, une tempête détruit le rempart maçonné élevé à SaintGilles-Croix-de-Vie, lequel emporte avec lui une partie de la villa Atlantique. Le recul de la dune de la Garenne est significatif : à sa construction, la villa Notre-Dame est établie à dix mètres du rivage ; en 1924, trois mètres seulement la séparent de la mer, et elle fait face à un à-pic de plus de sept mètres. La puissance des éléments naturels conduit rapidement les architectes à adopter des dispositions qui réduisent les prises au vent. La pente des toits est parfois atténuée ; les tuiles à emboîtement sont pré-
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Les Sables d’Olonne. Frise de carreaux émaillés, années 1910-1920, 9 rue de la passerelle.
férées aux ardoises, et les décrochements (comme les lucarnes) sont théoriquement déconseillés. L’exposition à l’air marin stimule l’évolution des plans des édifices: les espaces extérieurs tels que les terrasses occupent une place importante au sein de la maison. L’iode oblige les architectes à sélectionner avec précaution les matériaux : utilisée en tant qu’élément de décor, la lave émaillée est plus résistante que la terre cuite émaillée. L’habitat balnéaire doit permettre à ses occupants de jouir du soleil et de la chaleur en toutes saisons. Il doit également offrir des vues grandioses tout en composant avec la végétation et les vis-à-vis. La communion avec la nature et la volonté de suivre la course du soleil se matérialisent dans la répétition des terrasses, des vérandas, des balcons, des bowwindows, des belvédères..., et dans la fragmentation des façades qui permet la démultiplication des expositions et des points d’observation. Sur la corniche de Saint-Hilaire-de-Riez, chacune des pièces d’une maison récente bénéficie d’une ouverture sur l’océan. A Saint-Gilles-Croix-de-Vie, la décomposition des façades d’une habitation profite aux résidents qui jouissent d’une triple exposition et de la course quotidienne du soleil grâce aux multiples baies et balcons formant terrasses. Compte-tenu du caractère saisonnier de l’occupation, pourquoi vouloir défier tant de contraintes extérieures ? La soumission de l’architecture balnéaire aux effets de mode, à l’évolution des moeurs et des pratiques sociales remet en question sa durabilité.
Saint-Hilaire-de-Riez. Maison, années 1990-2000, avenue de la Corniche.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Maison, annĂŠes 1950-1960, 7 promenade de la Vie.
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Affichant leur ouverture au goût du jour, certains villégiateurs n’hésitent pas à modifier les façades ou à changer le nom de leur maison. Un des édifices les plus remarquables de l’esplanade de la mer à La Barre-de-Monts, la villa Ar Khoum, n’affiche une façade d’influence mauresque que depuis les années 1920 alors que sa construction daterait du début du XXe siècle. Très vite, il n’apparaît pas indispensable de bâtir pour la postérité ; le commanditaire apprécie en revanche le caractère modulable de son habitat. Les maisons s’équipent de cloisons mobiles ; des panneaux permettent de fermer les bow-windows, galeries ou pièces extérieures lorsque le temps n’est pas favorable ; les plans des édifices autorisent l’évolution d’une pièce à une autre, d’un espace chaud à un endroit frais en fonction non seulement de la saison mais aussi de l’heure du jour. La puissance des éléments naturels et les effets de mode ne sont pas les seules causes de la vulnérabilité du bâti balnéaire. L’homme est le principal acteur des transformations et démolitions. Le littoral vendéen a fait les frais des conflits mondiaux: durant la seconde guerre, une quinzaine de villas de Fromentine (La Barre-de-Monts) sont détruites par les Allemands ; à La Faute-sur-Mer, une quarantaine sont saccagées ou mises en ruine. La côte souffre fortement de la pression démographique et de la vénalité des promoteurs : on rase des villas pour édifier des constructions plus denses et on érige à leur place des immeubles résidentiels. L’évolution des besoins est souvent évoquée pour justifier les lourdes transformations du bâti balnéaire. Motivées par une adapta-
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Les Sables d’Olonne. Poissonnerie, années 1950 (détruite).
tion au confort moderne et au caractère publicitaire de leurs enveloppes, les modifications apportées aux différents casinos des Sables d’Olonne sont regrettables au regard du déclin de la qualité architecturale de l’équipement. Achevé en 1928 sur les dessins de Maurice Durand, le Casino des Sports était une manifestation exemplaire de l’Art déco dans le quartier de la Rudelière. Reconstruit en 1967, il a été étendu et rhabillé en 1998, et affiche aujourd’hui des façades “à l’américaine“. La poissonnerie construite dans les années 1950 sur le port des Sables d’Olonne a laissé place à un équipement sans doute plus fonctionnel mais dont le cachet architectural est moindre. Les villas bordant les multiples “avenue de la mer“ et “rue de la plage“, fréquemment réinvesties par des boutiques de souvenirs ou des espaces de restauration rapide, sont masquées par des enseignes aux couleurs et typographies agressives. A Saint-Jeande-Monts, les constructions revêtues de galets de la première rue ouverte sur la mer constituent le plus ancien lotissement balnéaire de la commune : elles sont aujourd’hui cachées derrière des panneaux publicitaires. La pression démographique motive le découpage des parcelles, réduisant les parcs à l’état de jardinets, et la scission des habitations en logements. Dès les débuts du tourisme balnéaire, il n’est pas rare que le propriétaire déserte sa résidence en été au profit de ses locataires. Actuellement, si cette pratique tend à perdurer, on assiste également à une division du bâti, laquelle peut nuire à la cohérence architecturale des constructions.
Saint-Jean-de-Monts. Commerces de l’avenue de la mer établis dans d’anciennes maisons de la fin du XIXe siècle.
La Barre-de-Monts. Ar Khoum, début du XXe siècle et années 1920, 11 esplanade de la mer.
Les Sables d’Olonne. Villa Egyptia, 1924, Maurice Durand architecte, Odorico mosaïste, 64 promenade Clemenceau.
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LA PROTECTION DE L’ARCHITECTURE ET DES SITES NATURELS
F
ace à l’envahissement progressif du littoral, la réglementation de l’implantation humaine apparaît essentielle. Cependant, il importe de ne pas créer un appareil législatif susceptible de geler l’inventivité caractéristique de l’habitat des bords de mer, et de cantonner ce dernier à une simple transposition des modèles urbains contemporains. Deux grandes dispositions réglementaires conditionnent le développement de l’architecture balnéaire : les lois portant sur les sites naturels et les mesures de protection censées assurer le maintien d’une cohérence du bâti littoral. Comme dans toute commune située ou non en bord de mer, s’y ajoutent bien sûr les cahiers des charges des lotissements et les documents locaux d’urbanisme (POS, PLU, etc.), lesquels imposent des hauteurs de construction, des teintes d’enduit, des pentes de toits..., dans le but de favoriser l’insertion dans le tissu urbain. Les protections au titre des monuments historiques doivent quant à elles garantir la conservation dans leur état originel d’édifices jugés d’un intérêt significatif.
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Jard-sur-Mer. Vue d’une plage.
Elles conditionnent le développement des constructions dans un périmètre circonscrit. La plantation du cordon littoral pour fixer les sables est rendue obligatoire par décret au début du XIXe siècle : les forêts artificielles de Sion et de SaintJean-de-Monts sont créées dans les années 1860. Mise en application avec retard sous la Monarchie de Juillet, la cadastration imposée par la loi du 15 septembre 1807 doit délimiter les espaces privés et les espaces ouverts à tous. Dans les faits, au XIXe siècle, elle n’empêchera pas l’appropriation abusive de parcelles par des autochtones avertis de la faible surveillance des autorités. Dans un procès-verbal daté du 20 décembre 1866, le sous-inspecteur des Forêts rapporte qu’à Saint-Jean-de-Monts, des particuliers ont choisi et délimité en bordure des dunes des parcelles favorables à leurs plantations et les ont mises en culture ; d’autres ont investi des terrains situés à l’intérieur de la forêt domaniale et y ont bâti leurs bourrines. Au siècle dernier, les autorités locales ont
aussi leur part de responsabilité dans la construction abusive du littoral. Les communes n’hésitent pas alors à vendre des terrains en bord de mer en justifiant ces transactions par des besoins financiers. Les espaces naturels doivent demeurer des biens communs dont chacun peut jouir. Aussi, pour éviter que les côtes françaises ne se transforment en un front bâti continu et en une vaste propriété privée à l’image de ce qu’elles tendent à devenir en Italie où l’accès individuel à la mer et même aux lacs est difficile, le conservatoire du littoral rachète depuis 1975 des terrains situés en bord de mer. Les surfaces acquises deviennent alors des zones protégées. Freiné par les limites de son budget, le conservatoire avait réussi en 2003 à acquérir 10% de la façade maritime nationale. La loi Littoral du 3 janvier 1986 rappelle que “les espaces proches du rivage n’ont pas vocation à accueillir une urbanisation importante“. Elle vise notamment à protéger l’environnement, à maintenir les activités liées à la mer tout en permettant le développement d’une économie touristique, artisanale, agricole... La loi oblige les communes à préserver les espaces naturels remarquables en les déclarant inconstructibles. En 2006, le littoral vendéen (soit 250 km) est protégé à plus de 80 %. Aucune construction ou installation ne peut être établie de manière isolée
à moins de 100 mètres du rivage. Le droit français impose de plus une servitude de passage pour les piétons : les propriétés privées ne doivent pas entraver le passage sur une bande de trois mètres les séparant du domaine public maritime. Initiés par le conseil général de Vendée, les CEL (Contrat Environnement Littoral) sont le cadre de la programmation d’un certain nombre d’actions à mener par les communes signataires. Ils encouragent la définition d’études et de travaux de mise en valeur du littoral, obligent la régulation du nombre de campings et de parcs résidentiels de loisirs (parcs à gestion immobilière apparus ces dix dernières années en Vendée) et la lutte contre la publicité illégale. Enfin, ils facilitent la concertation entre le conseil général, les communes et le conservatoire du littoral pour l’acquisition des espaces naturels. La création de Zones de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager renforce le dispositif de protection des fronts de mer. Les ZPPAUP favorisent la maîtrise globale de l’urbanisation et la cohérence de l’aménagement communal. En Vendée, cinq localités littorales sont concernées par cette mesure : Saint-Gilles-Croix-de-Vie (arrêtés de mai 1991 et d’octobre 2001), Longeville-sur-Mer (arrêté de juillet 1991), Noirmoutier-en-l’Île (arrêté d’avril 1994), Les Sables d’Olonne (arrêté de février 2007) et L’Épine (arrêté de novembre 2007). Après une étude topographique du patrimoine local, un périmètre est délimité au sein duquel toute nouvelle construction ou rénovation est soumise à l’accord de l’Architecte des Bâtiments de France. Etonnamment, la procédure de protection au titre des Monuments Historiques (MH) n’est appliquée qu’à une seule manifestation balnéaire en Vendée, un immeuble de Maurice Durand situé aux Sables d’Olonne (inscrit en 1975), alors que de nombreux projets mériteraient tout autant cette reconnaissance. La ZPPAUP permet quant à elle d’inclure des édifices dont l’intérêt individuel ne motive pas une protection MH mais dont la valeur se justifie par l’ensemble cohérent auquel ils appartiennent. On notera également qu’elle interdit toute publicité au sein du périmètre défini, effet qui a un sens particulier dans les sites touristiques.
Les Sables d’Olonne. Une des deux maisons en attente d’une démolition, années 1920-1930, Corniche du Nouch.
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2. FANTAISIE ET REPRÉSENTATION LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XX e SIÈCLE
l’urbanisation du littoral LE LOTISSEMENT, UN MODÈLE ÉPROUVÉ D’AMÉNAGEMENT URBAIN
L
es premières maisons s’implantent à proximité immédiate de la mer, la vue sur l’océan et l’accès direct à la plage étant assurés par l’absence de toute construction. Leur alignement plus ou moins serré délimite par la suite un front bâti, qui tentera de s’étirer autant que possible le long, puis en arrière du littoral. Si peu de villas sont édifiées en Vendée avant 1900, on constate avant cette date le développement d’une pratique singulière : de nombreux habitants louent leur propre habitation, et descendent au sous-sol durant la saison estivale afin de laisser l’étage à leurs locataires. Jusqu’au début du XXe siècle, malgré l’implication des communes ou de
Les Sables d’Olonne. Maisons en série, 1-12 allée du Commandant-Machet.
certains services de l’Etat dans la vente des terrains, l’aménagement des bords de mer est essentiellement le fait de privés. Devant le succès grandissant de la villégiature maritime, l’offre se structure : les sites naturels encore vierges sont vendus en lots, divisés en parcelles afin d’y construire des maisons. L’accroissement parfois spectaculaire des villes balnéaires induit rapidement des préoccupations urbaines qui contraignent les municipalités et les promoteurs à réfléchir sur l’organisation et la hiérarchisation de l’espace (généralement sous la forme d’un maillage régulier et orthogonal, constitué de rues parallèles et perpendiculaires à la mer). Le lotissement devient
Les Sables d’Olonne. Maisons en série, années 1910-1920, Charles Charrier architecte, 6-12 rue de l’Abbé-Marceau.
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dans la première moitié du XXe siècle la solution adoptée pour occuper rationnellement et rentabiliser les surfaces mises en vente : répandu dans la région parisienne, par exemple au Vésinet où il offre un écrin verdoyant aux villas de propriétaires fortunés, il est alors synonyme de prestige, et symbolise l’idéal d’un retour à la campagne permettant l’immersion dans une nature maîtrisée. On importe donc dans les stations balnéaires un modèle urbain déjà éprouvé, en adaptant sa conception généralement géométrique et la taille des parcelles au contexte local. Il en existe de très nombreux exemples en Vendée, de La Faute-sur-Mer à SaintJean-de-Monts. Dans cette dernière commune, une partie de la forêt domaniale est vendue en 1920, divisée en une centaine de terrains ; une quinzaine d’années plus tard, tous ceux-ci ont été bâtis, et forment le lotissement du Devallon. Il s’agit donc d’un phénomène d’urbanisation rapide, mais aussi déjà dévoreur d’espace. La même localité compte également le lotissement des Demoiselles, créé en 1925 à la place d’un ancien terrain d’aviation militaire. Le projet sans équivalent en Vendée qui se déploie sur 75 hectares le long d’un kilomètre de littoral (plus de la moitié est située sur le territoire de Saint-Hilairede-Riez), s’avère alors trop ambitieux : à la veille de la seconde guerre mondiale, seul un tiers des parcelles situées à Saint-Jean-de-Monts a été loti. Un tel exemple traduit aussi les visées spéculatives des élus et des investisseurs, qui se sont parfois soldées par des demi-échecs ou des faillites. En dehors de quelques réalisations à plus grande échelle, la taille de ces lotissements est souvent assez réduite, n’excédant pas une dizaine de parcelles. Parallèlement, le concept de maison “en série“ se développe, la ré-
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pétition d’un modèle permettant au commanditaire de réaliser des économies substantielles : tel est par exemple le cas aux Sables d’Olonne, où un promoteur (Emile Hériaud) fait construire un ensemble de sept maisons mitoyennes non loin du remblai. Aux Sables d’Olonne, la ville impose dès la seconde moitié du XIXe siècle des cahiers des charges aux commanditaires qui acquièrent des terrains qu’elle cède sous la forme de lots. Il s’agit notamment de réglementer la hauteur ainsi que l’alignement des nouvelles habitations. La viabilisation des terrains constitue un problème récurrent, compte-tenu de la nécessité d’aménager les réseaux d’eau potable et d’égoûts. Le tracé de nouvelles voiries accompagne la création des nouveaux lotissements ; la conquête progressive des surfaces disponibles s’effectue logiquement d’ouest en est. Acquise par la ville, la forêt de la Rudelière fait l’objet de différents projets dès le début du siècle. Désireuse d’orienter l’extension urbaine vers l’est, la municipalité prévoit finalement l’aménagement d’un parc public et d’un parc sportif, le reste des 48 hectares étant notamment affecté à la construction d’habitations. L’architecte sablais Maurice Durand réalise un plan d’ensemble en 1923 pour le compte de deux promoteurs parisiens choisis par la ville, répondant aux noms d’Imbert et Alonzo. Il s’agit d’un plan rayonnant, qui organise un réseau de voies traversantes à partir d’un rondpoint central occupé par un parc public. L’ensemble qui est connecté de façon cohérente à la ville existante semble vouloir préserver une large partie du cadre boisé. Une convention passée en 1924 prévoit l’édification d’un nouvel hôtel-casino, dont les dessins sont publiés la même année dans La Construction Moderne (Durand, Mouret et Chimkevitch architectes). Les fondations et la structure métallique du casino sont réalisées en 1925 ; mais la société commanditaire fait faillite, et ces imposants vestiges sont rasés quelques années plus tard. Le parc sportif est réalisé, et accueille des activités à partir de 1925 : il est constitué d’une piste cyclable, d’un terrain de football, d’un boulodrome, de quatre courts de tennis... Le plan de Maurice Durand est relativement préservé : de part et d’autre des voies finalement élargies, des villas s’élèvent dans les années 1920 et 1930 ; la construction du lotissement s’achèvera dans l’après-guerre.
Plan du lotissement de la Rudelière aux Sables d’Olonne, 1923, Maurice Durand, architecte du département et des monuments historiques de la Vendée, Strasbourg, éditions Edari, 1932. Archives départementales de Vendée.
QUELQUES MAÎTRES D’ŒUVRE
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a contribution de Maurice Durand au lotissement de la Rudelière ne s’est pas limitée qu’à la conception du plan d’ensemble, puisque l’architecte sablais y a également construit une grande partie des maisons. Cet exemple est particulièrement représentatif de la mainmise d’une poignée d’architectes, d’entrepreneurs et de promoteurs sur la construction des stations balnéaires. Durand (18841978) est une figure reconnue de l’architecture vendéenne du XXe siècle : en dehors de très nombreuses habitations aux Sables d’Olonne, il est aussi l’auteur de divers édifices publics, comme l’hôpital départemental et la poste de la Roche-sur-Yon. Aux Sables d’Olonne, son nom est apposé sur un ensemble de villas et d’immeubles qui reflètent la sensibilité éclectique d’un architecte polyvalent, capable de s’adapter à des programmes variés et aux goûts de ses commanditaires. Durand est un architecte provincial productif et talentueux, mais d’une modernité tempérée : il introduit quelques références Art
nouveau dans les immeubles Mirasol (1912-1914), dans un ensemble dominé par l’éclectisme ; il use du régionalisme dans les villas Werther (1913), La Rafale (1921) ou Ker Netra (1924, détruite), tout en réalisant des constructions marquées par la géométrie de l’Art déco comme la Villa Ma Muse (1927), ou plus dépouillées encore comme la villa Les Flandres (1930, détruite). Promoteur et entrepreneur, Alphonse Alonzo confie à Maurice Durand le soin d’habiller et d’agrandir le buffet qu’il possède près du parc des Sports. Achevé à la fin des années 1920, l’établissement qui prend alors le nom de Casino des Sports était une manifestation exemplaire de l’Art déco avec ses façades et son décor intérieur géométriques (actuellement Casino des Pins, il est reconstruit successivement en 1967 puis 1998). En 1956, Durand achève avec Henri Bertrand le Casino municipal, d’une composition très classique, qui lui aussi ne survivra pas malgré la qualité de son décor (notamment les fresques de Henry Simon).
Les Sables d’Olonne. La Sarharma, années 1920-1930, Maurice Durand architecte, lotissement de la Rudelière, 34 place Schwabach.
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Une grande partie des villas sablaises de la première moitié du siècle a donc été réalisée par une poignée d’architectes - Maurice Durand, Henri Bertrand, Charles Charrier, Joseph Libaudière, Henri Duhoux..., qui s’associent régulièrement à des entrepreneurs (Félix Gault, Gédéon Boré) et à des sculpteurs (Maurice Lengendre, Clovis Dimanchin). Si la participation de certains de ces acteurs à l’édification de villas en dehors des Sables d’Olonne est attestée, les maîtres d’œuvre ayant marqué les autres villes balnéaires de la côte nous sont pour le moment encore inconnus. Il est très probable que nombre de ces architectes n’étaient pas vendéens, et exerçaient notamment dans la région nantaise ou plus au sud, en Charente-Maritime. Mais l’origine géographique des commanditaires extra-vendéens (le Grand Ouest, la région parisienne) laisse également supposer que ceux-ci ont pu faire appel à des maîtres d’œuvre d’autres départements et de la capitale.
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Les Sables d’Olonne. Villa Mirasol, 1914, Maurice Durand architecte, 3-7 place du Maréchal-Foch. Inscrite MH.
CHARLES CHARRIER architecte aux Sables d’Olonne (1853-1925)
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uteur du Palazzo Clementina, imposant immeuble néo-médiéval situé sur le front de mer, Charles Charrier a marqué les Sables d’Olonne à la Belle Epoque. Fils d’un maître-maçon et père de deux architectes, sa production est impressionnante : on lui doit la gare d’Alicante (en Espagne), des maisons ouvrières, divers édifices publics et, surtout, un vaste ensemble de chalets et de villas, en Vendée (Les Sables d’Olonne, Croix-de-Vie) et au-delà (Nantes, Dinard, Saint-Malo, Paramé...). Ses réalisations éclectiques mêlent en particulier des références néo-gothiques à des éléments Art nouveau : ce décor se décline généreusement en façade sur les garde-corps, les linteaux, les consoles, les bow-windows, etc. souligné par les contrastes de matériaux. La pierre de taille des chaînages et des ouvertures fait ressortir les tonalités chaleu-
reuses des moellons ; les briques et les éléments ornementaux en céramique animent et rythment des volumes relativement basiques, mais dont l’insertion urbaine et le traitement des angles sont bien étudiés. En dépit de très nombreuses démolitions et altérations, son architecture intéresse par son décor qui synthétise différentes tendances stylistiques, mais aussi par la diversité des programmes d’habitation : maisons individuelles, villas-appartements (forme très répandue aux Sables d’Olonne), maisons en série... Son œuvre d’une modernité limitée est cependant remarquable par l’introduction de quelques innovations (balcons en béton armé, toitures-terrasses), ainsi que par une exécution particulièrement soignée, quelle que soit la taille des constructions et le budget de ses clients.
En haut : les Sables d’Olonne, Palazzo Clementina, 16 promenade de l’Amiral-Lafargue ; Immeuble, 3-4 promenade Clemenceau. En bas : les Sables d’Olonne,Thaïs, 7 promenade Clemenceau ; Les Bruyères, 18 avenue du Général-de-Gaulle ; Ma Folsie, 2 rue Forbin.
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conception et formes LA VILLA, ENTRE CONFORT ET OSTENTATION
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’habitat balnéaire est indissociable du terme de “villa“, que l’on emploie indifféremment pour désigner une demeure cossue du début du siècle, une habitation de taille moyenne des années 1920 ou 1950, voire parfois une “maison d’architecte“ contemporaine. Cet usage souvent abusif et aujourd’hui discutable renvoie à une conception prestigieuse et très ancienne de l’habitation : apparue dans l’Antiquité, la villa connut un nouveau développement en Italie du XVIe au XVIIIe siècles, notamment sous l’impulsion d’architectes comme Andrea Palladio (15081580). Il s’agit alors d’un vaste domaine foncier, propriété d’une riche noblesse qui le fait fructifier en manifestant sa domination et sa puissance par une architecture plus ou moins solennelle. Reflet d’une ville idéale, la villa est l’expression d’une habitation idéale : celle-ci se manifeste notamment par la redécouverte des modèles antiques, et par le désir de matérialiser le rêve d’une vie à la campagne.
est le reflet d’une utopie, qui cristallise des aspirations contradictoires - parvenir à une union harmonieuse de l’habitation avec son environnement en tentant de renouer un contact perdu avec la nature, tout en traduisant ostensiblement sa richesse et son statut social. Les architectes des XIXe et XXe siècles contribueront à la diffusion de cet idéal bourgeois, qui devient alors vecteur d’égalitarisme, même si seule une frange de la population (les rentiers essentiellement) peut réellement y accéder. Dans l’entre-deux-guerres, la villa qualifie également les pavillons édifiés dans la banlieue parisienne et à la périphérie des villes (déjà proposés sur catalogues), où elle concrétise pour des habitants moins fortunés le rêve d’accéder
Au XIXe siècle, le développement du capitalisme incite la haute puis la moyenne bourgeoisie à manifester son pouvoir à travers des demeures qui s’inspirent directement de cette conception, à la périphérie des villes ou au-delà, par exemple dans les nouveaux lieux de villégiature (de l’italien villeggiare, séjourner à la campagne) liés au thermalisme et à la vogue naissante des séjours balnéaires. Le concept de villa
Les Sables d’Olonne. années 1920, 41-43 rue des deux Phares, années 1920.
Noirmoutier-en-l’Île. L’Ermitage, années 1900, Bois de la Chaise.
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à la propriété individuelle. Durant les Trente Glorieuses, l’apparition du tourisme de masse marque l’appropriation de ce mode de villégiature par une foule de touristes aux revenus modestes.
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sur cette appellation afin de promouvoir l’image des stations, en insistant sur le caractère “inédit“ et dépaysant de ces édifices.
Sous ses différentes déclinaisons (chalet, castel, maison...), la villa est caractérisée par deux aspects essentiels : le prestige et le cadre champêtre, lesquels participent d’un ensemble de pratiques sociales qui se codifient peu à peu dans les villes d’eaux dans la seconde moitié du XIXe et au début du XXe siècle. L’apparence revêt donc une importance fondamentale qui se révèle dans l’implantation (sur le remblai ou en arrière de la plage), la taille et la silhouette des habitations, le choix des matériaux, les styles... Les toutes premières manifestations de l’architecture balnéaire au XIXe siècle ont parfois été caractérisées par leur aspect éphémère : le chalet, inspiré des constructions montagnardes (du modèle suisse notamment) illustre avec éloquence l’idée d’une architecture du provisoire, proche d’un baraquement de pionniers. La transposition d’exemples exotiques a effectivement alimenté les recherches des architectes confrontés à de nouveaux types de programmes : certains équipements privés (les établissements de bains, les casinos), ont été au départ construits en bois sur la côte vendéenne. Mais les premières maisons qui apparaissent sur les dunes, aussi modestes soient-elles, sont réalisées en maçonnerie ; seule la mise en valeur du pignon et quelques lambrequins (motifs découpés en bois ornant l’avant-toit) rapprochent vaguement ces constructions des “chalets“ dont elles usurpent le titre de façon très significative. Cartes postales et publicités jouent d’ailleurs
La maison de villégiature balnéaire est tournée vers son environnement, avec lequel elle communique par un maximum d’ouvertures et de dispositions : terrasse, balcon, porte-fenêtre, bow-window, véranda, auvent, pergola... contribuent fortement à définir cette architecture qui ménage une multiplicité d’espaces permettant de jouir au maximum du contact avec la nature - et si possible avec l’océan. Aux Sables d’Olonne, la tour-belvédère du Palazzo Clementina s’inspire à la fois du donjon médiéval et des phares. Mais ces lieux de détente, de repos ou de vie familiale sont également des espaces d’observation et de parade : du balcon de son appartement sur le remblai, l’estivant regarde les mouvements de ses semblables, attentif aux flux humains et aux diverses animations offertes par la station ; il voit tout en s’offrant à l’oeil des passants, lesquels seront sensibles au charme inattendu ou à l’inventivité débridée d’une villa, à la richesse décorative d’un immeuble ou d’un grand hôtel... La volonté de profiter, visuellement et physiquement, du panorama et des bienfaits climatiques (soleil, air marin), incita donc les architectes à privilégier les liens vers l’extérieur, sans sacrifier pour autant l’apparence de ces constructions. Les saillies des postes d’observation constitués par exemple par des bow-windows (autorisant une échappée visuelle sur 180°) permettent justement d’enrichir la volumétrie générale de ces habitations : les tourelles, les toitures brisées, les loggias, les souches de cheminée, etc. deviennent autant de moyens d’introduire
Saint-Hilaire-de-Riez. Les Marguerites, années 1900, 237 avenue de la Corniche.
Notre-Dame-de-Monts. Huguette-Micheline, 1934, 2 rue des Acacias.
Les Sables d’Olonne. Chalet, années 1900, promenade Georges-Godet.
Les Sables d’Olonne. Isis, années 1920-1930, 38 avenue Aristide-Briand.
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asymétrie, rythme et variété dans des constructions au départ massives et encore relativement proches de modèles connus.
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cartouche suffisent à ce que la petite bâtisse puisse être identifiée comme “villa“.
L’assimilation de cette nouvelle manière d’habiter s’est accomplie progressivement : aux côtés des premiers chalets d’apparence modeste, des maisons aux volumes simples sont agrémentées d’une utilisation renforcée de la brique à des fins décoratives (affirmation des chaînages d’angle, des ouvertures...). Ces tâtonnements sont également perceptibles dans les plus vastes demeures élevées au tournant du siècle, dont les silhouettes massives évoquent les propriétés bourgeoises de la région, proches d’un petit château provincial ou d’un manoir. Ces castels arborent des styles néo-gothique, néo-renaissance ou néo-classique, dont l’aspect parfois sévère est atténué par l’introduction de la polychromie, par exemple grâce à l’usage de tuiles vernissées. Une proportion non négligeable de l’habitat balnéaire vendéen reste néanmoins caractérisée par de petites constructions, généralement d’un seul niveau, qui sont révélatrices du niveau de vie moyen des estivants dès la première moitié du XXe siècle. Plusieurs types peuvent être identifiés : un volume rectangulaire basique, dont l’entrée est souvent mise en valeur au moyen d’un petit pignon central marqué par le débord du toit ; une forme en “L“, où le pignon est plus ou moins saillant ; enfin, un volume de plan carré, pourvu d’un pan de toiture en demi-croupe. Ces différents types renvoient à des modèles répandus dans l’habitat ouvrier et les pavillons de la banlieue parisienne. Un crépi ou des menuiseries colorés, l’ajout d’une avancée, une clôture soignée aux motifs géométriques en béton, l’apposition d’un nom inscrit dans un
Les textures et les couleurs des matériaux utilisés jouent un rôle essentiel dans la richesse et la variété des maisons balnéaires de cette période. L’utilisation de moellons de granite est presque systématique dans le premier quart du XXe siècle, en particulier aux Sables d’Olonne ; les façades constituées de ces petits blocs grossièrement équarris facilitent l’intégration des constructions en les ancrant fortement dans le sol. Cet appareillage grossier évoque en effet la rusticité d’un habitat qui veut établir un lien avec son environnement, tout en cherchant à affirmer son identité balnéaire. Les couvertures sont souvent réalisées en ardoises, associées à une certaine idée du luxe ; cette pratique perdure de façon moins marquée après le premier conflit mondial au profit de l’usage de la tuile, matériau local et meilleur marché. Le bois est alors omniprésent, dans les éléments apparents de la toiture, les balcons, les volets, etc. Il est parfois exagérément mis en valeur par rapport aux réelles nécessités structurelles ; il est après la guerre avantageusement remplacé par le béton, dont l’on explore alors les capacités plastiques en matière de décor (notamment dans la réalisation de faux pans de bois). Le fer forgé, ondulant sous l’influence de l’Art nouveau, arbore des motifs plus géométriques dans l’entre-deux-guerres ; parallèlement, l’usage de la mosaïque supplante celui d’éléments en céramique (motifs floraux, tuiles vernissées) ou en lave émaillée. Les crépis épais et travaillés tenderont par la suite à recouvrir un appareillage moins soigné, ou tout simplement réalisé en parpaings de béton.
Les Sables d’Olonne. Maisons en série, années 1910-1920, Charles Charrier architecte, 6-12 rue de l’Abbé-Marceau.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Les Rocailles (ancienne pension de famille), années 1900, 50 avenue de la Plage.
“MA MUSE“, LES NOMS DE VILLAS, UN RÉVÉLATEUR SOCIAL
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l existe une distinction fondamentale entre tourisme et villégiature : le tourisme est synonyme de mouvement, de découverte, d’exotisme ; la villégiature permet un ressourcement dans un cadre familier, dans lequel on effectue des séjours réguliers. La villa ou maison de vacances illustre une manière particulière de percevoir le temps, et incarne un mode de détente fondé sur l’oisiveté et les loisirs. Elle affiche donc sa différence avec la résidence officielle au moyen de ses formes, de ses matériaux et de ses couleurs. Dans ce contexte, l’acte de nommer sa maison possède une forte signification : il marque encore plus l’appropriation d’un territoire, à l’opposé de la ville impersonnelle, triste et polluée. Le nom met en scène la maison et le propriétaire, en établissant un dialogue avec le passant. Evident, mystérieux ou parfaitement hermétique, il dévoile une partie de l’identité du maître des lieux, de ses goûts, de ses connaissances, des voyages qu’il a effectués ; il livre des informations, mais ouvre parfois la porte à de multiples hypothèses et interprétations différentes. Sa présence possède aussi un rôle pratique : dans une station en constante évolution, aux rues parfois labyrin-
thiques, il permet à une construction dépourvue d’une adresse précise d’être plus aisément repérée. Le nom manifeste avant tout le bonheur et la fierté du propriétaire, qui considère sa maison comme un signe d’ascension sociale. Il en révèle la dimension affective et symbolique, au moyen d’emprunts à différents registres : les prénoms (féminins notamment), parfois inventés ou dérivés, les références au monde naturel et à l’environnement (la mer, les animaux, les plantes, les fleurs...), l’humour (jeux de mots, etc.). Souvent forgé à partir des syllabes des prénoms de la famille des habitants, il change régulièrement au gré des propriétaires qui héritent de la maison. Gravé dans le mur, inscrit dans des carreaux de céramique ou un panneau de mosaïque, il constitue fréquemment un élément de décor à part entière, qui révèle en général du premier coup d’oeil la période de construction de l’édifice si celle-ci est contemporaine. Les lettres aux formes souples animées par des bourgeonnements végétaux traduisent l’influence de l’Art nouveau au début du XXe siècle; plus géométriques et sans empattements, les typographies de l’entre-deux-guerres affirment parfois avec force la modernité d’une villa comme Le Courlis.
de haut en bas et de gauche à droite : Les Sables d’Olonne, La Barre-de-Monts, Les Sables d’Olonne, Longeville-sur-Mer, Les Sables d’Olonne.
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LES STYLES ET LA QUESTION DU RÉGIONALISME
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es rapports des villas balnéaires avec l’architecture locale (la bourrine et son toit de chaume, la petite maison de pêcheur ou d’agriculteur blanchie à la chaux avec sa toiture à deux pans de tuiles) sont pratiquement inexistants dans les villas de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle. L’objectif, même tempéré par des budgets parfois limités, n’est pas de s’inspirer de constructions vernaculaires, mais au contraire de s’en dissocier en adoptant une volumétrie, un décor et des couleurs originaux et pittoresques. Les modèles traditionnels, parfois mitoyens et pourvus de petites ouvertures, n’apparaîssent, de plus, pas forcément comme les plus adaptés pour ce nouveau mode d’habiter individualiste et orienté vers son environnement. De la fin du XIXe siècle jusqu’à la seconde guerre mondiale, l’architecture balnéaire vendéenne a été marquée par différentes tendances architecturales qui reflètent les enjeux et les débats qui ont affecté l’évolution de l’architecture, en France et à l’étranger. La question du style renvoie dans ce contexte à la notion d’enveloppe, puisque pour un même plan, les architectes offraient fréquemment à leurs clients la possibilité de choisir entre une apparence mauresque, basque, moderniste... indépendamment de la distribution et
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Noirmoutier-en-l’Île. Ker-Hoët, 1892, Bois de la Chaise.
des contraintes liées à la structure. Cet habillage est le reflet de modes qui se déclinent à Paris, mais aussi et surtout dans les villes d’eaux. On peut discerner de manière triviale l’Art nouveau (de 1900 à la première guerre mondiale), l’Art déco (l’entre-deuxguerres) et le régionalisme, qui a influencé ces deux périodes ; mais la plupart des villas de la côte vendéenne sont rarement l’expression pure et aboutie de l’une ou l’autre de ces tendances. L’architecture balnéaire est hybride, résultat de la conjugaison fantaisiste d’influences diverses, et de l’habileté de maîtres d’œuvre et d’entrepreneurs à manier ces références souvent exotiques. Celles-ci sont l’expression d’un désir d’évasion, motivé par l’attraction de la mer et un cadre de vie dépaysant. Les très nombreuses démolitions de villas du début du siècle nous privent aujourd’hui de fronts de mer pittoresques et cohérents, notamment aux Sables d’Olonne. La position privilégiée de ces édifices sur le remblai a fait d’elles des cibles de choix pour les promoteurs : l’agglomération sablaise possédait pourtant un ensemble de constructions de qualité, essentiellement constitué de “chalets“ aux accents parfois médiévaux. Ces destructions, ainsi que le dé-
Les Sables d’Olonne. Les Iris, vers 1900, Joseph Libaudière architecte, 2 promenade Georges-Clemenceau.
veloppement plus tardif des autres stations balnéaires, expliquent le nombre plus important de réalisations de qualité de l’entre-deux-guerres qui nous est parvenu. Beaucoup de constructions subsistantes du début du XXe siècle relèvent de l’éclectisme. Celui-ci n’est pas un style, mais plutôt une manière largement usitée au XIXe siècle de composer un décor en puisant dans un ou plusieurs répertoires formels (Antiquité, Renaissance, classicisme...) selon la fonction de l’édifice (hôtel de ville, tribunal, immeuble de logements...). Dans les premières villas vendéennes, qui prennent régulièrement l’apparence de castels, les références néo-gothiques se mêlent à un décor plus ou moins chargé composé de divers médaillons, colonnes, guirlandes, corniches, etc. Aux Sables d’Olonne, Charles Charrier parvient à une synthèse qui, sans être dépourvue parfois d’une certaine lourdeur, intègre des éléments Art nouveau et néo-gothiques à des constructions éclectiques. Comme dans la plupart de ses manifestations provinciales en France, l’Art nouveau, présent aux Sables d’Olonne de façon sporadique, apparaît sous la forme d’éléments décoratifs isolés, fragments d’un langage déjà considéré comme un style de plus au service de l’architecte. Charles Charrier surtout, ainsi que Maurice Durand au début de sa carrière, l’intégreront à certaines de leurs constructions jusqu’à la veille de la première guerre mondiale. Quelques bas-reliefs sculptés, ainsi que des impostes circulaires ou parcourues de formes sinueuses, mettent en valeur les formes souples inspirées par le monde végétal ; les motifs floraux (chardon et raisin notamment) ornent les linteaux et balustres, plaqués sur des façades plus conventionnelles.
Le développement de la villégiature balnéaire et thermale à la fin du XIXe siècle coïncide avec l’apparition du régionalisme. Celui-ci prône une architecture inspirée des réalisations locales : il ne veut pas inciter au pastiche, mais plutôt à une transposition des formes vernaculaires dans des bâtiments adaptés à l’évolution des modes de vie, si possible construits avec des matériaux locaux et en adéquation avec le paysage. Il emprunte au départ cette inspiration rurale à des exemples anglo-saxons, comme le shingle style américain (qui use d’une structure et de bardeaux de bois), ou les réalisations du mouvement anglais Arts and Crafts (proposant une redéfinition des cottages), qui sont diffusés et popularisés en Europe dès la fin du XIXe siècle par des revues comme The Studio. Le régionalisme propose une alternative au monde industriel et au mouvement moderne international qui se développe après la première guerre mondiale. C’est un phénomène complexe qui ne saurait être réduit à une simple question de styles, en raison de son profond enracinement culturel, politique et économique, en particulier dans la France de l’entre-deux-guerres.
Les Sables d’Olonne. Les Violettes, Les Muguets, années 1900-1910, 3 et 5 rue de la Passerelle.
Les Sables d’Olonne. Villa Mirasol, 1914, Maurice Durand architecte, 3-7 place du Maréchal-Foch. Inscrite MH.
Le régionalisme se concrétise par des édifices qui affichent à travers leur volumétrie et leur décor (plus rarement leur distribution) des caractéristiques néonormandes, néo-flamandes, néo-basques, néo-bretonnes, néo-provençales... Ces différentes tendances - nées pour les trois dernières autour de 1900 - ne se diffuseront à grande échelle que dans les années 19201930. Le grand paradoxe du régionalisme est que ces modèles voyagent, et apparaissent un peu partout le long du littoral et sur le reste du territoire : le néo-
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normand devient populaire en région parisienne, le néo-basque à La Baule. Les villes d’eaux deviennent de véritables catalogues de styles, des musées de l’architecture à ciel ouvert qui reflètent la diversité de ces sources d’inspiration codifiées et stylisées, parfois difficiles à identifier. L’entre-deux-guerres constitue l’âge d’or du régionalisme : l’utilisation du faux pan bois en béton, qui permet d’imiter les colombages de l’époque médiévale ou la structure de l’etxce (maison basque), se répand dans les principaux lieux de villégiature jusqu’aux pavillons de banlieue ; l’étude plus approfondie des plans et des dispositions des modèles anciens engendre des relectures plus fidèles ou plus inventives. L’immeuble d’appartements Les Iris aux Sables d’Olonne utilise la rhétorique du castel (tourelles d’angle, toitures en poivrière et hauts combles brisés), tout en évoquant des références bretonnes : le contraste entre le granite et l’ardoise, les arcs de décharge au-dessus des fenêtres, les potelets grossiers encadrant la porte d’entrée, le pignon marqué, etc. rappellent la proximité de la Loire-Atlantique et des stations bretonnes. Cette construction isolée illustre avec quelques imposantes villas du Bois de la Chaise à Noirmoutier une attention particulière à l’identité régionale, que l’on retrouve peu dans la ville et les autres stations de la côte. A Saint-Hilaire-de-Riez, une silhouette dominée par un imposant pignon découvert (évoquant davantage certaines villas balnéaires de la côte belge ou hollandaise) affirme sur la corniche sa toiture d’ardoise marquée par des ruptures de pente ; malgré ses quelques ouvertures en plein cintre, l’ensemble ne saurait se réclamer du néo-breton. La gare toute proche de Saint-GillesCroix-de-Vie s’en rapproche davantage, avec son
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années 1920-1930 : Saint-Hilaire-de-Riez, 187 avenue de la Corniche.
soubassement en pierre et ses crossettes qui contrastent avec la blancheur de l’enduit. On pense à la gare d’Escoublac-La Baule, construite par Adrien Grave et Roger Pons en 1927. Le néo-basque est particulièrement présent en Vendée: son influence transparaît clairement dans plusieurs réalisations aux Sables d’Olonne et à La Tranche-sur-Mer, mais aussi, de façon édulcorée, dans de nombreuses villas édifiées des années 1920 aux années 1950. La proximité de La Baule constitue sans doute un facteur explicatif. L’œuvre d’Adrien Grave, architecte très productif dans l’entredeux-guerres, est alors largement médiatisée par les revues d’architecture qui présentent ses riches villas basco-landaises ou Art déco bâties au milieu des pins. Il est probable que la relative simplicité de la toiture de tuiles à deux pans de la maison basque ait trouvé une certaine résonnance sur la côte vendéenne, et séduit des propriétaires moins fortunés que ceux de La Baule. Le style néo-basque, tel qu’il apparaît en dehors de sa terre d’origine, est une version schématisée des modèles dont il prétend s’inspirer : il retient principalement de cette architecture quelques traits saillants comme la toiture asymétrique et débordante, les encorbellements, les pans de bois scandant le pignon, les baies en plein cintre, ainsi que différentes dispositions particulièrement bien adaptées au contexte balnéaire, comme les balcons en bois, porches ou loggias. Le néo-provençal, qui renvoie lui aussi à des sources d’inspiration plus ou moins définies telle l’architecture hispanique, apparaît comme une autre dominante de l’architecture balnéaire vendéenne : il est particulièrement répandu
années 1920 , Saint-Gilles-Croix-de-Vie, la gare.
Les Sables d’Olonne. Normandy, 1927, Maurice Durand architecte, 18 avenue Aristide-Briand.
Notre-Dame-de-Monts. La Ridelloise, années 1920-1930, 32 avenue de l’Abbé-Thibaud.
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La Tranche-sur-Mer. Magdala, années 1920-1930, 14 avenue de l’Océan.
Les Sables d’Olonne. La Béarnaise, 1934, 5 rue Gallieni.
Saint-Hilaire-de-Riez. Maison, années 1920-1930, 193 avenue de la Corniche.
Les Sables d’Olonne. Villas jumelles, années 1920-1930, Corniche du Nouch.
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aux Sables d’Olonne, et de façon plus résiduelle à Saint-Hilaire-de-Riez ou Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Des volumes plus massifs, des toitures de tuiles, des murs enduits de couleur claire, des baies et volets arrondis, des génoises, la présence régulière de loggias et pergolas caractérisent ce style également présent à La Baule, proche par certains aspects de l’architecture locale. Aux Sables d’Olonne, deux villas jumelles du quartier de la Chaume constituent un exemple intéressant et particulièrement représentatif malgré leur avenir incertain.
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talisme architectural. Dans l’entre-deux-guerres à Saint-Jean-de-Monts, les frères Jan et Joël Martel, célèbres sculpteurs connus également par leur collaboration avec l’architecte parisien Robert MalletStevens, transforment un moulin en villa orientale. Nés en 1896 à Nantes, ils séjournent régulièrement dans la station, où ils furent des membres actifs de la communauté d’artistes dénommée “Groupe de Saint-Jean-de-Monts“.
Apparues parallèlement au régionalisme dont elles doivent être dissociées, plus inattendues également, les villas d’inspiration mauresque et orientale sont assez nombreuses sur le littoral vendéen. Cet exotisme se répand à la suite d’antécédents célèbres, comme le Royal Pavilion construit dans le premier quart du XIXe siècle en Angleterre pour Georges IV par John Nash à Brighton (inspiré par le Taj Mahal). Encouragée par les expositions universelles puis coloniales, cette tendance s’amplifie dans la première moitié du XXe siècle : des sources d’inspiration diffuses engendrent une architecture ponctuée d’arcs outrepassés, de moucharabiehs et de dômes. De Trouville à Hyères, beaucoup d’édifices relèvent alors de ce courant qui emprunte autant à la Perse, au Maghreb ou à l’Andalousie qu’à l’Orient ou l’Extrême-Orient. Postérieur au casino d’Arcachon (1863, détruit), le Grand Casino des Sables d’Olonne (détruit), élevé en 1876 sur les plans des architectes Salard et Lebeuf, arbore quatre tours coiffées de toits à bulbe s’apparentant à des minarets ; il constitue sans doute la première manifestation de cet orien-
En dépit de la disparition de la villa Le Marabout (années 1920-1930), la ville de La Tranche-sur-Mer a conservé cinq exemples de cette architecture exotique, dont l’actuelle Résidence de l’Océan est une des expressions les plus abouties malgré une histoire mouvementée. Un premier chalet fut construit à la fin du XIXe siècle par Vrignaud (un célèbre liquoriste de Luçon) ; il est transformé en construction mauresque vers 1925 par son propriétaire, qui aurait séjourné en Afrique du Nord. La même année, l’édifice est converti en hôtel : on lui adjoint une aile gauche, puis en 1939 une aile droite dotée d’une tour afin de conférer une symétrie à l’ensemble. Réquisitionné et transformé par les Allemands pendant la guerre, il est démoli et reconstruit à l’identique pour améliorer le confort de l’établissement, à la fin des années 1960 puis 1980 (seule la tour gauche et son dôme sont des vestiges de l’édifice initial). La villa L’Oasis, plus modeste, est couverte d’un toit-terrasse accessible ; on peut la rapprocher de la villa Ar Koum à La Barre-de-Monts, dont les portiques ont été plaqués à l’avant d’une bâtisse des plus conventionnelles. Une toiture de tuiles est venue par la suite couvrir la vaste terrasse, et augmenter la surface habitable.
La Barre-de-Monts, Fromentine. Ar Koum, début du XXe siècle-années 1920, 11 esplanade de la Mer.
Saint-Jean-de-Monts. La Chapellenie, années 1920-1930, 19 impasse Jan et Joël Martel.
La Tranche-sur-Mer. Résidence de l’Océan, 1925-1939.
La Tranche-sur-Mer. La Caravelle, années 1920-1930, 35 avenue de l’Océan.
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La Barre-de-Monts, Fromentine. Le Courlis, annĂŠes 1920-1930, esplanade de la Mer.
Notre-Dame-de-Monts. Louis-Claude, annĂŠes 1920-1930, 16 rue des Tamaris.
Face à L’Oasis, La Caravelle justifiait son nom par des mosaïques représentant des motifs de chaînes et d’ancres. Sur une base Art déco, l’inspiration est cette fois extrême-orientale, et évoque par différents détails l’Indochine et l’architecture coloniale. Vendue il y a quelques années, la maison a été restaurée avec soin ; les garde-corps et autres portillons en plastique qui défiguraient l’ensemble ont été remplacés dans le plus grand respect des modèles d’origine. La Caravelle est révélatrice de la diversité des influences dont se nourrit l’Art déco, courant artistique qui domine une large partie de la production architecturale de l’entre-deux-guerres. Caractérisé par une tendance à la géométrisation des formes et du décor, ainsi, qu’en France, par un retour vers le classicisme, l’Art déco puise abondamment dans le folklore et l’imagerie des colonies. Ce goût pour l’exotisme, alimenté par un répertoire inédit de sources d’inspiration allant du Japon à l’Afrique (la Croisière noire de 1924-1925 est alors largement médiatisée), est également diffusé par l’Exposition coloniale de Paris en 1931. L’amélioration des moyens de communication engendre un croisement de références qui participe à la richesse d’un mouvement d’une ampleur internationale. Marqués par un voyage, un
documentaire cinématographique, des sources littéraires, etc. les commanditaires matérialisent leurs désirs d’exotisme dans les plus improbables “folies“, près d’un océan considéré comme le vecteur de tous les voyages imaginaires. Moderne sans être moderniste, l’Art déco a engendré en Vendée des réalisations moins fantaisistes, aux formes massives et dépouillées, aux silhouettes sculpturales. La villa Les Flandres (détruite) édifiée par Maurice Durand en 1930 aux Sables d’Olonne, n’atteint pas le purisme du mouvement moderne, dont elle se rapproche cependant : la maison est surmontée d’un toit-terrasse ; les surfaces vitrées se déploient à l’horizontale ; les murs sont lisses, simplement animés par quelques décrochements ; le décor est minimal, concentré dans quelques mosaïques et la grille de fer forgé. On peut également déplorer la perte d’un ensemble de trois maisons à NotreDame-de-Monts, caractérisé par des volumes nettement articulés, et un décor réduit à sa plus simple expression. Le Courlis, à la Barre-de-Monts, témoigne d’un jeu avec des formes massives où bow-windows, terrasses, corniches et ressauts confèrent une assise et une puissance expressive forte à cette villa située sur le front de mer.
Les Sables d’Olonne. Les Flandres (détruite), 1930, Maurice Durand architecte du département et des monuments historiques de la Vendée, Strasbourg, éditions Edari, 1932. Archives départementales de Vendée.
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3. LE TOURISME DE MASSE DANS LA SECONDE MOITIÉ DU XXe SIÈCLE L’INDIVIDU AU CENTRE DE L’ARCHITECTURE
l’habitat individuel de l’après-guerre ou l’art d’habiter CONTEXTE NATIONAL ET ESSOR DU TOURISME EN VENDÉE
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u lendemain de la seconde guerre mondiale, le boom économique et le désir d’oublier les années difficiles stimulent la consommation et l’aspiration aux loisirs des ménages français. La société est en effervescence ; la population affiche sa joie de vivre. En mars 1956, une troisième semaine de congés payés s’ajoute aux deux octroyées en 1936. Un tel contexte profite au tourisme et au secteur de la construction. La maison individuelle devient l’idéal des français et l’accession à la propriété se démocratise : plus besoin d’être riche pour posséder son habitation. Au sujet des commanditaires des années 1950, l’architecte Claude Parent évoque une curiosité toujours en éveil, un goût de la nouveauté, une acceptation du risque, une volonté délibérée de participer à une aventure pour découvrir une façon de vivre nouvelle (Raphaëlle Saint-Pierre, Villas 50 en France). L’architecture s’affiche comme le reflet de cette sensation de liberté, d’une certaine insouciance et de l’enthousiasme général. En Vendée, l’aprèsguerre est une période importante dans l’essor des stations balnéaires dont le développement avait été freiné par le conflit mondial. Le tourisme de masse apparaît dans le département au milieu des années 1950. Les parcelles sont découpées pour recevoir des résidences secondaires ; plages et forêts accueillent
des colonies de vacances. Saint-Jean-de-Monts figure sans doute comme le meilleur témoin de l’intensité du chantier balnéaire vendéen des Trente Glorieuses. La commune profite de la cession par voie d’échange avec l’administration des Eaux et Forêts d’un domaine de 85 hectares ; longeant la mer sur plus d’un kilomètre, un ensemble résidentiel est alors bâti. Malgré la spéculation immobilière, la bétonisation des dunes et la destruction de villas, les quartiers qui s’étendent derrière l’esplanade de la mer présentent encore une architecture cohérente et caractéristique des années 1950. L’habitat balnéaire après-guerre en Vendée est à l’image des touristes qu’il accueille - des classes moyennes, des familles.
La Tranche-sur-Mer. Maison, années 1950-1960, 21 allée des Mimosas.
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ÉVOLUTION ET CARACTÉRISTIQUES DE LA MAISON 50 EN FRANCE
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e régionalisme perdure : il a la faveur des commanditaires aisés qui voient dans ces références historiques la permanence de certaines valeurs. Les classes moins nanties sont plus ouvertes à une architecture inspirée de l’avant-garde des années 1930 et de l’american way of life diffusé par les revues de l’époque. De l’architecture du mouvement moderne, les maîtres d’œuvre des années 1950 retiennent les plans libres, le pouvoir graphique des lignes géométriques et la blancheur des enduits. L’introduction généreuse de la lumière est recherchée ; les rapports intérieur-extérieur sont accentués et théâtralisés. Les plans sont fonctionnels et la distribution est souple : les pièces s’ouvrent les unes sur les autres et les espaces peuvent être modulés par l’utilisation de cloisons mobiles (coulissantes ou en accordéon). L’orientation et l’ensoleillement sont des composantes essentielles du projet. La lumière naturelle est privilégiée ; elle pénètre l’édifice par des ouvertures larges. Lorsque la maison se développe sur deux niveaux, on tend à déplacer à l’étage les pièces à vivre pour profiter d’un ensoleillement plus généreux. L’accès au niveau supérieur demeure possible depuis l’intérieur de la maison mais il se double bien souvent d’une circulation extérieure. Le rapport foyer-jardin est ainsi mis en scène par des rampes et des escaliers allégés par la suppression des contre-marches. Le cheminement du visiteur jusqu’à la maison est étudié afin de proposer plusieurs points de vue sur la construction. Les détails formels caractéristiques du mouvement moderne sont reproduits, parfois dans le seul but de mettre les habitations à la mode. Ce placage de poncifs d’un style ou d’un mouvement architectural n’est pas nouveau : à chaque époque, on applique sur des édifices de conception traditionnelle des formes dont on n’exploite qu’une part du potentiel plastique à défaut d’en maîtriser les possibilités techniques. Ainsi, toits-terrasses, fenêtres horizontales, avant-toits débordants, porte-à-faux et potelets, animent les façades sans réellement contribuer à la création d’une architecture novatrice.
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La maison 50 est redevable de l’architecture du mouvement moderne des années 1930 ; elle la réinterprète cependant avec moins de rigueur et plus de fantaisie, en réintégrant des éléments décoratifs quite à verser parfois dans l’anecdotique. Le second œuvre (garde-corps, porte d’entrée, etc.) est particulièrement soigné. Parangon de la gaieté du moment, la couleur (principalement primaire) investit les élévations intérieures et extérieures des habitations. L’utilisation des arts appliqués relève d’une conception globale, laquelle est également attestée par le traitement du jardin. Le choix des matériaux participe à l’animation de la façade et des espaces extérieurs en proposant des jeux sur la texture, l’appareillage et les tonalités : contraste de l’enduit et de la pierre sombre, de surfaces rugueuses et lisses. La beauté des matériaux bruts et traditionnels est mise à contribution. L’architecture ne se réduit pas à un bel objet ; elle s’adapte pour être au service de ses occupants. A l’intérieur de la maison, les espaces de rangement sont envisagés dès la formulation du projet et le séjour fait son apparition, réunissant la salle à manger et le salon. La cheminée occupe une place importante, par sa taille et par son rôle essentiel dans la vie domestique. Elle affirme sa présence dans le séjour ; souvent cernée de banquettes ménagées dans les marches qui descendent vers le foyer, elle est le lieu de rassemblement de la famille. A la prédominance intérieure de la cheminée, celle du barbecue fait écho. Véritable institution aux Etats-Unis, ce dernier intègre progressivement la maison française des années 1950. L’habitat balnéaire constitue un terrain particulièrement propice à la diffusion de cet élément qui occupe parfois une place démesurée en façade. Transposition extérieure de la cheminée, il transforme le jardin en séjour d’extérieur et affirme ainsi son rôle de prolongement de la maison.
ADAPTATION SUR LA CÔTE VENDÉENNE
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es principaux traits de l’architecture domestique des années 1950 apparaissent en réelle adéquation avec les aspirations (intemporelles) des commanditaires de résidences de bord de mer : osmose entre le foyer et les espaces extérieurs, quête de l’ensoleillement optimal, fantaisie, création de surfaces modulables, etc. Profitant de l’essor touristique de l’après-guerre, la côte vendéenne est favorable au développement de cette nouvelle écriture architecturale. Le littoral du département attirant des ouvriers et des employés, les projets réalisés à l’époque sont de taille modeste et occupent généralement de petites parcelles. Quelques villas plus imposantes sont tout de même visibles (Esclagida à Saint-Jean-deMonts) ; la plupart sont de plain-pied et disposent d’une surface vraisemblablement réduite aux pièces strictement nécessaires au bon déroulement de la vie quotidienne. L’échelle des édifices n’empêche cependant pas l’édification de petits projets bien dessinés (Children’s corner à Saint-Jean-de-Monts). Outre des maisons doubles, on constate des constructions quasi identiques ou jumelles situées sur des parcelles voisi-
nes (19 et 21 allée des Mimosas, La Tranche-sur-mer) ou dans un même quartier, et parfois même distantes de plusieurs kilomètres (Guidy à Saint-Jean-deMonts et Horizon à Notre-Dame-de-Monts). Ces habitations sont-elles bâties sur des parcelles partagées au sein d’une famille, laquelle fait appel à un même maître d’œuvre pour réaliser les deux projets ? Quelques entrepreneurs proposent-ils des maisons-modèles pour abaisser les coûts de chantier ? Dans les communes de taille plus importante, des maisons de ville sur deux niveaux sont construites : les pièces à vivre sont alors disposées à l’étage et le percement généreux de la façade atteste l’importance du séjour (Coeur d’attache et 35 rue de Bel-Air à SaintGilles-Croix-de-Vie, Carina à Saint-Jean-de-Monts). A Notre-Dame-de-Monts, un modèle particulier est développé dans les années 1950 : celui de maisons à un étage carré, de plan rectangulaire, disposant d’un balcon courant sur trois façades, accessible au niveau supérieur par un escalier extérieur collé contre l’un des murs (P’tit Quinquin, 5 boulevard de l’Océan, Notre-Dame-de-Monts).
Saint-Jean-de-Monts. Children’s corner, années 1950, 11 allée des Alcyons.
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Notre-Dame-de-Monts. Horizon, années 1950, 107 avenue des Yoles.
Saint-Jean-de-Monts. Guidy, années 1950, 8 allée des Alcyons.
Saint-Jean-de-Monts. Esclagida, années 1950-1960, rue des Moulins.
Jard-sur-Mer. Maison, années 1950, 29 rue des Hérondais.
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Le régionalisme a encore quelques adeptes (Caravelle à Saint-Hilaire-de-Riez) ; l’influence américaine est toutefois perceptible. D’une blancheur évoquant le mouvement moderne, Esclagida est couverte d’un toit à deux pentes inversées, développe un étage en porte-à-faux et affiche des lignes graphiques accentuées par la puissance du balcon-loggia. A Jardsur-Mer, le 29 rue des Hérondais s’inspire dans une moindre mesure du langage outre-atlantique : toit monopente, bardage en lambris sombre et présence dominante de la cheminée en façade. L’influence américaine demeure timide et le langage courant est celui de la petite maison couverte d’un pan incliné, aux élévations marquées des détails architecturaux, des contrastes de matériaux, des couleurs et des formes qui trahissent sa datation : potelets, balcons-boîte, auvents et brise-soleil... Le soin accordé au rapport intérieur-extérieur se matérialise dans l’aménagement des terrasses, dans les finitions des balcons, des rampes et des escaliers extérieurs (Carina à Saint-Jean-de-Monts), voire dans le respect des arbres préexistants sur la parcelle (21 allée des Mimosas, La Tranche-sur-Mer). Le pilotis est parfois utilisé pour disposer d’une surface libre et abritée supplémentaire, et pour élever les pièces à vivre de manière à profiter du panorama (19 allée SaintGilles à Château d’Olonne). L’ensoleillement reste une donnée essentielle des projets: grâce au découpage ou à la courbure de la façade, les occupants suivent la course du soleil (Guidy à Saint-Jean-de-Monts et 35 rue de Bel-Air à Saint-Gilles-Croix-de-Vie).
Sur le littoral vendéen, l’adoption des grandes caractéristiques de la maison 50 ne semble pas s’accompagner de recherches poussées. Il serait sans doute incorrect de parler de laboratoire architectural comme autorise à le faire Royan, dans le département voisin, malgré la modernité de certaines réalisations disparues (villas de l’architecte Jean Bossu). Les quartiers bâtis après-guerre à La Tranche-surMer, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie et à Saint-Jean-deMonts sont néanmoins intéressants pour la variété et la qualité de détails architecturaux qui, bien que parfois anecdotiques, donnent du caractère à ces petites maisons. Les couleurs, le jeu sur les matériaux, le soin accordé aux ferroneries, etc., méritent d’être relevés (Carina à Saint-Jean-de-Monts). La spécifité de l’architecture balnéaire réside également dans la référence au monde maritime, illustrée en Vendée dans les années 50 par le nom des maisons (Cap au Nord, Horizon, Caravelle) et par certaines formes empruntées à la construction navale, comme le balcon-coursive ou la fenêtre-hublot (Belle-Vue, 7 rue A.-Duclos aux Sables d’Olonne; Cap au nord, 72 avenue de l’Estacade à La Barre-de-Monts ; 21 allée des Mimosas à La Tranche-sur-Mer ).
Château-d’Olonne. Maison, années 50, 19 allée Saint-Gilles.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Maison, années 50, 35 rue de Bel-Air.
Saint-Hilaire-de-Riez. Caravelle, années 50, 22 allée des Acacias.
Saint-Jean-de-Monts. Carina, années 50, 17 rue des Mouettes.
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JEAN BOSSU ET LE FANTÔME DE SAINT-JEAN-DE-MONTS : LA MAISON DU DOCTEUR TARTROU
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ean Bossu (1912-1983) est l’un des acteurs de la construction du Saint-Jean-de-Monts des Trente Glorieuses. Fils d’artistes, il commence ses études à l’Ecole des arts appliqués et les poursuit à l’Ecole des arts décoratifs. Il passe ensuite quatre années dans l’atelier de Le Corbusier. La participation de l’élève à des concours d’urbanisme et à des projets de logement de masse semble avoir été décisive dans la carrière de Bossu, dont les réflexions théoriques sur la ville trahissent l’influence du maître dans les années 1960-1970 (projet de l’Artère résidentielle, 1960-1966). Il multiplie les stages chez les grands architectes de l’époque : Mallet-Stevens, les frères Perret, Lurçat, Chareau, Nelson, Roux-Spitz, etc. En 1942, il est diplômé de l’Institut d’urbanisme et devient architecte du ministère de la Reconstruction pour la Loire-Atlantique. Cette formation solide et interdisciplinaire est la base d’une carrière polyvalente : Bossu dessinera des villas et des barres, des tables et des quartiers de ville ; il reconstruira des fermes et créera des ensembles urbains en France métropolitaine, en Algérie, à Madagascar, à La Réunion, etc.
L’inclination de Bossu pour les programmes de grande échelle est illustrée par ses projets vendéens. Après des travaux de reconstruction (ex : habitat rural à Sallertaine), il répond aux commandes de particuliers de Saint-Jeande-Monts : extension et réaménagement d’une ferme pour M. Pitre (1945-1953) ; hôtel pour M. Guériteau (dessin de 1946), maison du Docteur Tartrou (1946-1949). En 1950, il dresse un avant-projet pour le Casino de Croix-deVie. Le développement de la station balnéaire de Saint-Jean-de-Monts l’amène à traiter des projets d’envergure. Bossu étudie l’aménagement du front de mer (1959-1966) : il propose des circulations piétonnes élevées comme des ponts au-dessus de la plage et dessine des immeubles bordant l’esplanade. Il imagine l’extension du nord de la plage par un complexe regroupant notamment des équipements commerciaux, sportifs, des logements, etc. Il conçoit le lotissement de la Pinède (1964-1968 puis 19781980). Les réaménagements et l’évolution du front bâti de l’esplanade de la Mer empêchent de prendre conscience des chantiers qui auraient pu être accomplis par Bossu.
vue extérieure, coupe, vue intérieure et plans de la maison du Docteur Tartrou depuis la dune, extraits de l’Architecture d’Aujourd’hui, n°44, septembre 1952, p. 48-49.
Témoin d’une de ces réalisations disparues, un article paru dans l’Architecture d’Aujourd’hui en 1952 présente la résidence secondaire du Docteur Tartrou, conçue en collaboration avec l’architecte J. Debarre. Dans un numéro spécial consacré aux maisons individuelles, celle-ci figure aux côtés de projets de Neutra, Marcel Breuer, Louis Miquel, Pierre Vago et Henri Colboc, entre des opérations menées en Amérique, en Algérie, au Japon ou encore du Venezuela. Construite dans les dunes à la fin des années 1940, elle a laissé depuis place à un immeuble résidentiel. L’article vante l’adéquation de la réponse de Bossu au difficile programme de bord de mer. Le document d’époque est intéressant à plus d’un titre : il livre la vue d’une dune quasi vierge ; il renseigne sur le parti constructif, la distribution et l’aménagement intérieur d’un chantier qui témoigne de la conception globale des projets d’après-guerre. L’analyse explique que la construction répond aux données complexes de séjours en toutes saisons d’une famille nombreuse et aux allées et venues
mouvantes, qu’elle est adaptée au climat certes méditerranéen mais venteux de la côte vendéenne, et qu’elle permet aux habitants de jouir de la vue sur la mer. A la demande de l’épouse du commanditaire, le séjour, la cuisine et trois des chambres sont ouverts sur l’océan. Le parti constructif autorise le percement d’ouvertures larges aux endroits choisis. Les volets des chambres sont composés de lames verticales pivotant sur elles-même de manière à briser le soleil tout en maintenant la vue sur l’Atlantique. Le rapport de la maison avec la dune s’illustre dans la rampe qui mène à la terrasse et l’escalier qui permet un accès direct au rez-de-chaussée. La maison semble posée sur le sable. Les élévations sont caractéristiques des années 1950 : toitterrasse, contraste bois-pierre-enduit-béton. La référence au monde maritime est notable dans l’escalier extérieur en bois qui rappelle celui d’un navire. L’habitation est en partie meublée de pièces de Charlotte Perriand.
Le Bel Eden, qui occupe aujourd’hui la parcelle de la maison du Docteur Tartrou.
densification et standardisation A
ccessible à des familles modestes qui disposent dorénavant des congés payés et d’une voiture, le littoral devient dans l’après-guerre l’enjeu d’un développement parfois frénétique, souvent irréfléchi. Cette explosion dans les années 1950-1960 est perçue comme un phénomène bénéfique pour l’économie et la création d’emplois, dans une Vendée alors stigmatisée pour sa ruralité. Le tourisme balnéaire nécessite un nombre toujours plus important d’équipements, de commerces et de services ; élus et habitants ont exploité cette manne providentielle, comme ils l’avaient d’ailleurs fait auparavant. Cette accélération soudaine, pour ne pas dire brutale, de l’évolution du paysage côtier, s’est effectuée avec le consentement et la participation active d’une grande partie de la population locale ; des choix stratégiques ont été opérés, qui ne peuvent être imputables aux seuls vacanciers et à quelques acteurs extérieurs. Depuis l’apparition du tourisme balnéaire aux Sables d’Olonne dès la pre-
mière moitié du XIXe siècle, un basculement spectaculaire s’est produit : de sauvage et répulsif, le littoral est devenu le lieu idéalisé de l’implantation humaine. Pourtant, jusqu’au milieu des années 1950, le bord de mer (dunes, forêts, marécages...) est encore relativement préservé. En deux décennies, l’urbanisation de la côte va s’intensifier de façon spectaculaire, l’impact des hautes constructions étant plus visible et dommageable dans les villes concernées (Saint-Jean-deMonts, Saint-Hilaire-de-Riez, Les Sables d’Olonne). La vue sur la mer et la proximité de la plage revêtent une telle importance que tous les moyens sont utilisés afin de pouvoir y bâtir de nouveaux logements - y compris la destruction, effectuée sans scrupules, des villas édifiées dans la première moitié du XXe siècle. Ces changements sans précédents sont liés à l’attrait inconditionnel pour une forme d’habitat spécifique, qui n’aura de cesse de se développer dans l’aprèsguerre : la résidence secondaire ou de loisir.
L’IDÉAL DE LA RÉSIDENCE SECONDAIRE
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érivant directement des villas édifiées à partir de la fin du XIXe siècle et réservées alors à des commanditaires plus ou moins fortunés (une bourgeoisie de rentiers), la résidence secondaire possède en effet un pouvoir d’appel très fort auprès des classes moyennes : lieu de détente, elle représente dans l’imaginaire populaire un espace exotique rendu familier par une fréquentation régulière ; elle est également, pour certains, synonyme de réussite sociale. Mais tout le
monde n’a pas accès à la propriété : l’hébergement chez des proches ou des amis, la location de meublés, le camping (dont le nombre s’accroît rapidement en Vendée) sont pour beaucoup le seul moyen d’accéder aux vacances en bord de mer. Ce cadre de vie atypique recouvre une réalité complexe, qui va de la maison individuelle à l’appartement dans une résidence, en passant par les caravanes et autres mobil-homes. Au-delà de ces typologies, dont on retiendra ici prin-
Saint-Jean-de-Monts. Résidences Marina, 1976, Naulleau architecte, Merlin-Sacom promoteur.
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cipalement la maison individuelle et les logements regroupés en collectifs, c’est sur la fascination exercée par cet idéal qu’il convient d’insister. D’un point de vue symbolique, la résidence secondaire apparaît comme un lieu de ressourcement ; le villégiateur fuit son domicile habituel, généralement urbain. Depuis longtemps déjà, la station balnéaire n’est qu’une destination, terminus d’une ligne ferroviaire ou du réseau routier. Si ceux-si s’améliorent, ils ne font que renforcer la rapidité d’un voyage qui n’a d’autre but que d’atteindre ce refuge, afin de goûter à une période d’oisiveté bien méritée. Durant les Trente Glorieuses, la hausse de la consommation est d’une importance inégalée, et concerne aussi bien l’achat de l’équipement domestique (frigidaires, aspirateurs, télévision...) que l’immobilier. Les vacances deviennent à la portée des classes qui jusque-là en avaient été écartées ; sans surprise, leurs destinations sont les mêmes que celles de la bourgeoisie d’avantguerre et du début du siècle. Les nouveaux estivants s’approprient ce mode de vie en l’adaptant à leur budget et aux possibilités, matérielles et foncières, offertes par leur époque. Il ne s’agit plus de montrer sa richesse par sa villa et la pratique de la déambulation mondaine - le début d’une démocratisation du séjour balnéaire est déjà amorcé à partir des années 1920 - mais, désormais, de disposer librement du temps qui n’est pas consacré au travail. La résidence secondaire et la plage sont le théâtre de nouvelles activités : les jeux et les loisirs de plein air évoluent ; la pratique du bronzage, née dans l’entre-deux-guerres, devient une occupation essentielle, indissociable
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Les Sables d’Olonne. Le front de mer.
du farniente. Il faudra cependant attendre la seconde moitié des années 1980 pour que le tourisme de masse investisse les casinos, avec le vote d’une loi (en 1987) autorisant les machines à sous. La résidence secondaire représente un lieu important pour la vie familiale : elle permet aux parents et aux enfants (même lorsque ceux-ci ont fondé une famille) de se réunir et se retrouver, en vivant des moments privilégiés attendus et planifiés. Elle devient également pour beaucoup un domicile permanent, ou plus largement occupé tout au long de l’année, une fois arrivé l’âge de la retraite. A l’image de la simplicité des plaisirs de la plage, le niveau social des propriétaires de résidences secondaires est souvent modeste, et certainement moins élitiste qu’on ne pourrait le penser (cadres moyens, employés, ouvriers, retraités...). L’achat d’un “pied-à-terre“ est avant tout le résultat d’un calcul simple: il apparaît plus rentable d’investir plutôt que de payer chaque année des locations saisonnières, d’autant plus qu’il est devenu de plus en plus facile de profiter, ou de faire profiter de son bien à sa famille ou à ses amis, en dehors de la période estivale (le temps d’un week-end par exemple). Acheter équivaut également à concrétiser le lien affectif que l’estivant entretient avec son lieu de villégiature, au sein duquel il possède ses habitudes, ses amis, etc. Ce lien peut également provenir de souvenirs d’enfance (des vacances en colonie), ou encore d’une origine vendéenne. Quelle que soit sa forme (villa ou appartement), ce lieu acquiert en définitive une valeur sentimentale ; fréquenté par plusieurs générations, il représente un élément du patrimoine familial.
Saint-Jean-de-Monts. Le front de mer.
Saint-Jean-de-Monts. Résidence, années 1960, esplanade de la Mer.
Saint-Jean-de-Monts. Résidence, années 1960, esplanade de la Mer.
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Saint-Jean-de-Monts. Résidences Marina, 1976, Naulleau architecte, Merlin-Sacom promoteur.
Saint-Jean-de-Monts. Résidence Marina, 1976, Naulleau architecte, Merlin-Sacom promoteur. Au premier plan : résidence L’Arc-en-Ciel, années 1970, Merlin promoteur.
“BALCON AVEC VUE SUR LA MER“
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apidement, l’intensification de l’urbanisation du littoral entraîne les mêmes conséquences que dans les autres villes : le prix des terrains, lié à la proximité de la mer, influe sur le statut de l’acheteur et la nature des bâtiments (maisons individuelles, petits ou grands collectifs). La pression de la demande est telle que la construction industrialisée en hauteur s’impose naturellement dans les stations qui l’autorisent. Ces choix s’effectuent dans un contexte marqué par la reconstruction et les grands ensembles, lesquels tentent d’apporter une réponse d’urgence à la grave pénurie de logements. La technique, les modèles, les formes même du logement de masse sont transposés sur le littoral, sans qu’un soin particulier ne soit apporté à l’intégration dans le paysage. Le front de mer le plus représentatif et le plus souvent cité est, avec raison, celui de Saint-Jean-deMonts. Celui-ci fait déjà l’objet de critiques peu après sa construction. En 1972, la revue Architecture d’Aujourd’hui en publie plusieurs photographies (ainsi qu’une de Saint-Gilles-Croix-de-Vie), avec une légende sans ambiguité : “Aménagements touristiques et pollution architecturale“. A partir de 1955, la station se dote en effet d’un front de mer continu qui s’étale sur plus de trois kilomètres face à l’océan. Les immeubles contiennent régulièrement une centaine de logements ; leurs travées, délimitées par les indispensables balcons, sont identiques jusqu’à l’abstraction.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Port de plaisance.
Le béton est peint, recevant plus rarement un parement de pierre lisse. Les traitements des angles de certains îlots (des immeubles jumeaux encadrant le départ d’une avenue par exemple) traduisent l’ordonnance sévère d’un découpage arbitraire du paysage littoral. Malgré les efforts déployés depuis pour rétablir des liaisons plus cohérentes avec l’arrière-pays et la plage, hiérarchiser les circulations, introduire des espaces verts, etc. rien n’y fait : les barres marquent une barrière visuelle et monotone qui pénalise la ville, et symbolisent les limites d’une expansion incontrôlée. L’architecte Jean Bossu est l’auteur de plusieurs propositions pour l’aménagement du front de mer. Si l’une d’elles prévoyait l’érection continue de barres de plusieurs niveaux d’habitations en arrière d’un boulevard à quatre voies, une autre, concernant l’extension du nord de la plage (1963), révèle une démarche différente : un plan-masse témoigne en effet de la volonté d’articuler les différents éléments d’un véritable complexe comprenant un centre civique, une gare routière, des commerces, ainsi que divers ensembles de logements (village d’étudiants constitué d’un agrégat de cellules d’habitation, groupement en Y ouvert sur la plage...). L’ensemble est remarquable par la diversité des formes et par les liens entretenus entre les éléments du programme, lesquels forment un véritable quartier. Il affirme une conception différente de “l’urbanisme balnéaire“, qui rompt avec l’entassement continu mis en œuvre plus au sud.
Les Sables d’Olonne. Résidences, années 1970-1990, promenade Clemenceau.
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Le projet ne fut pas réalisé : abandonnant l’idée d’un morceau de ville, de hauts immeubles-dortoirs furent élevés, clôturant la ville au nord en formant une vaste impasse. Le développement du tourisme de masse a également entraîné un accroissement exponentiel du nombre de bateaux de plaisance : la multiplication des mouillages et de garages nécessaires au stockage des milliers d’embarcations utilisées seulement quelques semaines par an a nécessité la construction de sept nouveaux ports (Port-Olonna en 1979, PortBourgenay en 1985...). Cette exploitation abusive de l’espace côtier n’en apparaît l’hiver que plus surréaliste : front de mer et avenues déserts, barres de logements inoccupées et parkings à bateaux complets, tel est le paradoxe de l’occupation humaine aux Sables d’Olonne ou à Saint-Jean-de-Monts. L’impact catastrophique de certaines de ces opérations sur le littoral vendéen ne doit cependant pas faire oublier que celles-ci ont permis à des millions de Français et
d’étrangers de profiter des plages de sable et du soleil, et au département désormais ouvert sur l’océan de disposer d’une base solide pour son développement. Il est du reste aisé de dénoncer les erreurs commises dans le passé, alors que l’impact des lotissements pavillonnaires sur l’environnement, par l’étalement urbain qu’il génère, constitue une menace toute aussi inquiétante pour l’avenir.
DIVERSIFICATION DES FORMES ET APPAUVRISSEMENT
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ourtant, dès les années 1970, des solutions alternatives sont développées afin d’éviter les effets d’empilement dont on perçoit déjà les menaces, ne serait-ce qu’en terme d’image pour les stations. Des groupements de résidences privées d’une échelle plus raisonnable, des lotissements mieux intégrés voient le jour, traduisant une réflexion, même minimale, sur les rapports avec l’environnement naturel et l’architecture locale. Les logements édifiés dans les années 1970 reflètent l’évolution et les recherches de l’architecture française et internationale : si l’on élève encore de grands ensembles, ceux-ci témoignent d’une conception relativement plus sensible, et en tout cas moins orthogonale qu’auparavant. Malgré leur hauteur, les immeubles construits par le promoteur Guy Merlin au nord de Saint-Jean-deMonts dénotent ainsi une approche plus sculpturale, à l’époque où Jean Balladur achève la Grande Motte : dans l’Arc-en-Ciel, courbe et contre-courbe engendrent une vague dynamique qui contraste côté
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plage avec des décrochements et des porte-à-faux. Cet imposant bâtiment jouxte un autre ensemble qui obéit à une composition pyramidale, visant elle aussi au monumentalisme. A la fin des années 1970, la politique du logement de masse s’essouffle : la raréfaction des terrains disponibles, la prise de conscience des excès accomplis, le développement d’autres formules - lotissements groupés, habitat pavillonnaire - entraînent un ralentissement des grands travaux sur les fronts de mer. Cela ne signifie pas pour autant l’arrêt des destructions des villas de la première moitié du siècle, lesquelles continuent sporadiquement de disparaître pour laisser place à des résidences de plusieurs étages. Le béton apparent et les balcons en verre fumé des années 1960-1970 sont remplacés dans les années 1980 et 1990 par des matériaux médiocres, qui veulent donner l’illusion d’un certain “standing“. Ultimes avatars d’un post-modernisme hors-sujet,
Notre-Dame-de-Monts. Front de mer, boulevard de l’Océan.
les formes et les citations pseudo-balnéaires tentent régulièrement depuis les années 1990 de se référer à l’architecture de villégiature du début du siècle : les faux clochetons et tourelles singent les premières villas, et alimentent un recyclage qui refuse l’image de modernité affichée par les collectifs des Trente Glorieuses. Ce goût de l’enjolivement confinant au kitsch apparaît comme un véritable retour en arrière, et constitue l’un des travers les plus pernicieux de l’habitat balnéaire des ces dernières années. Face à une telle débauche d’artifices, traduisant un manque flagrant d’inventivité et d’audace (lesquelles caracté-
Les Sables d’Olonne. Résidences, promenade Clemenceau.
risaient justement l’architecture balnéaire du début du siècle jusqu’aux années 1950), on en regretterait presque la sobriété linéaire des grands ensembles de l’après-guerre. La multiplication des rénovations mutilatrices et de constructions impersonnelles ont conduit à une banalisation des fronts de mer, lesquels y ont pour la plupart perdu leur pouvoir d’appel. Cette évolution reflète plus globalement la perte progressive d’identité de certaines stations balnéaires, dotées aujourd’hui de zones commerciales et industrielles, confrontées à l’étalement pavillonnaire et à l’accroissement de leur population permanente.
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MERLIN-PLAGE À SAINT-HILAIRE-DE-RIEZ
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a résidence Les Marines, située près de la plage des Becs, fait partie d’un vaste ensemble de constructions érigées à Saint-Hilairede-Riez et Saint-Jean-de-Monts par différents promoteurs, dont Guy Merlin. Etalées sur plus d’un kilomètre de dunes, les résidences Merlin ont fait l’objet d’une telle campagne publicitaire et médiatique qu’elles ont longtemps été connues sous l’appellation “MerlinPlage“, estompant au passage le nom même de la commune où elles étaient implantées. Leur succès dans les années 1970 reflète l’amélioration des conditions de vie d’une partie de la population. Les acheteurs, d’origine “populaire“ - ouvriers qualifiés, employés, enseignants..., viennent pour la moitié du Centre Ouest et du Poitou-Charentes ; les autres migrent depuis la moitié nord de la France (région parisienne, Alsace, Lorraine...). Séduits par les arguments déployés par le promoteur, lequel propose également des offres de crédit, l’achat leur apparut alors comme un choix logique et économique, l’aboutissement d’une réflexion à un moment clé de l’histoire familiale. Ces appartements en immeuble ou dans une maison mitoyenne possèdent aux yeux de
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leurs propriétaires des caractéristiques fonctionnelles (facilité d’entretien, stationnement aisé, proximité immédiate de la plage, présence de commerces...). Ils ne sont pas dépourvus également de toute valeur architecturale : pastichant certains traits de l’architecture locale (enduit blanc, toits de tuiles, volets colorés), ils sont organisés en “grappes“ reliées dans les petits collectifs par des circulations verticales et horizontales (passerelles). L’image du village de vacances aux accents méditerranéens pourrait presque être séduisante... si celui-ci ne faisait pas partie d’un immense complexe de milliers de logements, œuvre d’une seule société immobilière qui contribua fortement, avec l’aide parfois bienveillante des pouvoirs publics locaux, au bétonnage du littoral. La recherche esthétique est certes minimale, reposant essentiellement sur quelques références au terroir et aux décrochements des toitures ; mais la composition d’ensemble de ces “merlinades“ constitue une proposition alternative à la concentration massive de logements opérée durant la décennie précédente - et poursuivie au même moment par Merlin au nord de la ville avec l’Arc-en-Ciel...
Saint-Hilaire-de-Riez. Résidence Les Marines, années 1970, Guy Merlin promoteur, plage des Becs.
Saint-Hilaire-de-Riez. Résidence Les Marines, années 1970, Guy Merlin promoteur, plage des Becs.
Saint-Hilaire-de-Riez. Résidence Les Marines, plan d’ensemble (panneau sur la plage des Becs).
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cahier photographique LE REGARD SUR L’ARCHITECTURE BALNÉAIRE DE CAMILLE HERVOUET
dĂŠcembre 2008, 18h La-Faute-sur-mer
À parcourir la côte vendéenne, on découvre une poésie sans cesse renouvelée par les marées. Des paysages balayés par des vents salés et une lumière toujours changeante. Ces embruns portent aussi mes souvenirs d’enfance : une maison louée pour quelques jours de vacances aux Sables d’Olonne, un camping à Fromentine, les inévitables châteaux de sable et baignades... Mais surtout, je me souviens de promenades familiales à la recherche de la plus jolie maison, celle avec une vue imprenable sur l’océan...
mai 2009, 21h La Barre-de-Monts
janvier 2009, 11h Saint-Gilles-Croix-de-Vie
mai 2009, 21h Fromentine
janvier 2009, 10h La Faute-sur-mer
janvier 2009, 10h La Faute-sur-mer
Aujourd’hui encore je cherche sur les constructions, les détails plus ou moins évidents qui font leur identité. Des volets jaunes, des arbustes taillés en pointe, un alignement de balcons... Qu’ils soient le fruit de l’architecte ou de l’habitant, ces détails sont les traces d’un attachement à un lieu et d’une recherche esthétique qui donnent aux bâtiments une histoire.
novembre 2008, 12h Saint-Jean-de-Monts
dĂŠcembre 2008, 15h Saint-Jean-de-Monts
Certains préfèrent le chalet romantique, mais les immeubles teintés de modernisme et d’originalité ou le camping avec accès direct à la plage portent cette même envie de vagues, de soleil et de vent. Ces constructions sont celles des vacances, du bonheur simple d’être ensemble. Et pour ceux qui vivent l’océan à l’année, elles laissent le temps de rêver au prochain été…
mai 2009, 1h Notre-Dame-de-Monts
Camille HERVOUET
Née en 1984, Camille Hervouet s’oriente rapidement vers des études de photographie, au Lycée Léonard de Vinci de Montaigu et à l’Ecole Technique de Photographie et d’Audiovisuel de Toulouse. Elle est ensuite scannériste-chromiste pour le photographe Denis Piel, puis au journal 20 Minutes à Paris. Aujourd’hui elle répond à des commandes et se consacre à ses projets personnels. Les thèmes qu’elle aborde sont le paysage, la famille et la maison. Elle interroge les lieux, tente de saisir le fonctionnement, la construction, l’évolution, les contradictions de ces territoires géographiques et intimes. En Mars 2008, lors d’une résidence d’artistes à La Métive en Creuse, elle poursuit ses recherches autour du bâti et du portrait, projet qui va évoluer en 2009 vers une série photographique plus importante en Vendée. En novembre 2007, elle part en voyage en Russie, dont le sujet Images de Russie, empreint de solitude, d’immensité et de tristesse est dédié à son grand-père. Sa série Maisons réalisée pour son dossier de fin d’études en 2006, obtient le prix du thème libre de l’ETPA et fait partit des dossiers finalistes du concours La Bourse du Talent #30 “Espaces, Paysages, Architecture”, et fera l’objet de différentes expositions.
4. IMAGINER LE LITTORAL DE DEMAIN
qu’est-ce-que l’habitat balnéaire vendéen aujourd’hui? UNE RÉALITÉ CONFUSE
L
’habitat balnéaire, tel qu’il se définit par son usage, sa localisation, sa conception et ses formes, existe-t-il encore aujourd’hui ? L’architecture balnéaire peut être entendue comme la résidence secondaire d’un “touriste balnéaire“ ; or, la réalité même d’un “tourisme balnéaire“ peut être contestée. La motivation principale du déplacement des individus vers le littoral ne semble pas être le bain de mer. Rues commerçantes, marchés et pistes cyclables attirent autant sinon plus les estivants. Parler d’un tourisme littoral et d’une architecture de bord de mer apparaît plus approprié. L’expression “résidence secondaire“ est également ambiguë : le camping a ses adeptes et le nombre de mobil-homes s’est accru ces dernières années. Lieu de vacances de familles aux revenus moyens, la Vendée est touchée par le développement des HLL (habitations légères de loisir), lesquelles tendent à envahir les campings sur des emplacements loués à l’année par leurs propriétaires, quand elles ne sont pas concentrées au sein de parcs résidentiels de loisir (PRL) qui peuvent être ouverts en toutes saisons. La villégiature dans un “habitat en dur“ ne concerne pas la majorité des estivants. Favorisée par un récent décret (été 2008) qui accorde une plus grande liberté d’implantation, l’HLL serait-elle la maison de vacances de demain,
La Faute-sur-Mer. Maison à double habitation, 2007, Patrick Joly architecte, boulevard de la Forêt.
certains craignant même qu’elle ne devienne une forme d’habitat principal ? Le suréquipement de ces pavillons miniatures (paraboles, jardinets, clôtures, etc.) remet fortement en question leur mobilité. Alors que les Français fractionnent et multiplient leurs séjours, leurs vacances ne se réduisant plus aux seuls mois d’été, la distinction entre résidence principale et résidence secondaire est floue. Ce phénomène a obligatoirement des conséquences sur l’architecture de villégiature : la construction d’un habitat pouvant accueillir ses propriétaires à l’année diffère de celle d’un logement utilisé essentiellement l’été. Les cheminées massives qui couronnent de petites
La Faute-sur-Mer. Entrée d’un lotissement privé.
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maisons, du Château d’Olonne notamment, sont-elles uniquement le pastiche de modèles anciens ou se justifient-elles par des séjours hors-saison ? Les maisons édifiées au coeur de nouveaux lotissements créés à un kilomètre de la plage sur des parcelles totalement nues gagnées sur les marais, relèventelles encore de l’architecture balnéaire, caractérisée par son rapport particulier à la nature et à la mer ? Ne faudrait-il pas délimiter une zone géographique au-delà de laquelle il ne serait plus correct de parler de “balnéaire“? Le site balnéaire a toujours invité à la réalisation d’une architecture qui contraste avec
celle de la ville et porte son commanditaire dans un autre espace. Dès le début du XXe siècle, des éléments caractéristiques de l’habitat de bord de mer sont transposés en façade de résidences principales implantées à l’écart du littoral, de pavillons de banlieue par exemple. Aujourd’hui, la tendance semble s’inverser: la construction à proximité (relative) des rivages copie souvent les modèles urbains et péri-urbains, à l’image des maisons de lotissement pourvues d’une place de stationnement et cernées d’une haie de thuyas. Le commanditaire citadin transporte ainsi son quotidien au bord de la plage : il emmène avec lui les problèmes de voisinage, de sécurité et de densité.
UN HÉBERGEMENT “COMME CHEZ VOUS“
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a situation vendéenne est à l’image de celle des autres départements littoraux français. Les villages de vacances prennent fréquemment la forme de lotissements achevés en impasses, parfois en raquettes, dont les allées permettent à peine un accès piétonnier à la mer. L’entrée principale des “domaines“ privés est close de barrières, à l’image des villas (ensembles du début du XXe siècle) des quartiers chics de Paris (15e et 16e arrondissements notamment). Malgré une architecture touristique standardisée, il existe des projets contemporains et individuels de qualité qui, le plus souvent, répondent bel et bien à des programmes de villégiature et non d’habitat permanent. En 2003, 64% des maisons individuelles du littoral vendéen sont des résidences secondaires et près de la moitié des nouveaux chantiers d’habi-
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Noirmoutier-en-l’Île. Résidence La Linière, années 1980-1990, L’Herbaudière.
tations individuelles autorisés entre 1999 et 2003 sur la côte concerne de la villégiature (soit environ 2300 maisons selon l’ADIL 85, l’Agence Départementale pour l’Information sur le Logement). Leurs commanditaires n’ont cependant plus guère le choix du terrain à bâtir : ils investissent de nouveaux quartiers constitués de petites parcelles, éloignés des plages mais parfois proches de la mer, de telle sorte que les maisons particulières récentes sont généralement groupées. Des exemples représentatifs sont visibles à La Tranche-sur-Mer, à Jard-sur-Mer et à La Faute-sur-Mer. Selon le maître d’œuvre d’une habitation contemporaine, les terrains de qualité se raréfient : le sable des terres gagnées sur les marais subit les mouvements du retrait des eaux, lesquels provoquent des tassements différentiels.
Noirmoutier-en-l’Île. Maison, rue des Sableaux.
Entre 2000 et 2005, l’augmentation du nombre de logements vendéens a principalement profité à la frange littorale. Malgré le recul actuel du nombre d’habitations mises en chantier, l’ADIL 85 constate que la production de terrains à bâtir en lotissement poursuit son essor en Vendée, département où les deux tiers des maisons individuelles réalisées entre 2000 et 2007 ont été construits au sein de ces nouveaux quartiers. Le nombre de lotissements privés reste supérieur à celui des opérations communales, principalement sur la côte où les municipalités ne parviennent pas à monter de tels projets en raison du prix du foncier. Ainsi, sur le littoral, 70% des lotissements sont créés à l’initiative de particuliers ou de promoteurs. Le prix au m2 y atteint son niveau maximal. Le coût moyen des terrains à bâtir, dont les surfaces sont souvent inférieures à 800 m2, est le plus élevé à Saint-Jean-de-Monts, Noirmoutier et Saint-Gilles-Croix-de-Vie où il est de 80 000 euros, soit un chiffre trois à cinq fois supérieur à celui des cantons sud du département. Bâties sur de petites parcelles, les maisons à usage de résidences secondaires construites en Vendée de 1999 à 2003 ont une SHON moyenne de 105 m2. Ce chiffre est inférieur à la surface moyenne des résidences principales vendéennes mais quelque peu supérieur à celles des nouvelles habitations permanentes édifiées sur le littoral. Daniel Le Couëdic écrit que ce n’est pas le Breton qui souhaite investir une maison néo-bretonne mais l’étranger qui d’emblée cherche à habiter une “architecture locale“. Ainsi, la construction des villages de vacances et autres ensembles destinés à la loca-
Talmont-Saint-Hilaire. Résidence Les Alouettes 2, Port-Bourgenay.
tion touristique en Vendée semble répondre aux désirs de citadins en quête d’une ruralité exotique et reposante : elle reproduit le schéma traditionnel de la petite maison blanche couverte de tuiles, pourvue d’une cheminée massive et fermée d’un mur de clôture bas. Malgré le recours au pastiche, une telle architecture n’est pas toujours condamnable : sur l’Île de Noirmoutier, cette imitation imposée produit quelques résultats satisfaisants. La prédominance des considérations formelles sur la fonction d’un édifice demeure toutefois regrettable. La simplicité et la sobriété des constructions vernaculaires peuvent apparaître comme une chance : la copie des formes anciennes engendre des habitations qui ne marquent pas de manière imposante leur environnement. La faible hauteur des maisons, l’inclinaison réduite de la pente des toits, l’absence de décrochements, la palette chromatique restreinte des enduits et des couvertures, l’emploi de matériaux courants tels que la tuile, contribuent à l’insertion des pavillons récents dans le paysage. En Normandie par exemple, le pastiche du chalet avec ses colombages peints est autrement plus lourd de conséquences. L’architecture traditionnelle n’est pas la seule source d’inspiration des maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage de résidences touristiques : la Vendée possède en effet son “Port-Grimaud“. A Talmont-Saint-Hilaire, Port-Bourgenay est un village construit de toutes pièces qui recrée un vieux bourg factice. Les immeubles de logements bordent une place d’inspiration méditerranéenne marquée par une tour-clocher. Outre des appartements, Port-Bourgenay compte des petites maisons destinées à la location dont les
Talmont-Saint-Hilaire. Place principale, Port-Bourgenay.
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formes seraient empruntées aux stations Belle Epoque ou justifiées par la référence aux cabanes de pêcheurs. Encore faut-il trouver dans cette architecture une source d’inspiration locale... où observe-t-on en Vendée des cabanes de pêcheurs ressemblant aux constructions de la résidence Les Alouettes ?
Les publicités de Port-Bourgenay vantent ce “village piétonnier séparé de l’océan par une pinède, dans un environnement calme et verdoyant“, son lac, son port, son golf, ses animations pour les enfants, ses commerces et un hébergement ‘‘comme chez vous’’.
DES ALTERNATIVES “CONTEMPORAINES“
L
es projets exemplaires doivent être recherchés dans les chantiers individuels. En dehors des maisons à l’architecture pompeuse cachées derrière des portails prétentieux, certaines constructions prennent en compte le contexte local (site, bâti traditionnel) tout en s’affranchissant du pastiche et en s’adaptant au mode de vie particulier des villégiateurs. Ces habitations “contemporaines“ sont l’œuvre d’architectes, malgré une surface le plus souvent inférieure au seuil au-dessus duquel le recours à l’un d’eux est imposé. Quelques professionnels établis en Vendée répondent plus volontiers à ce type de commandes et sont invités par des particuliers au fait de leurs capacités à produire un bâti de bord de mer éloigné des formes habituelles. On pourrait aujourd’hui s’interroger sur une architecture des années 1990 quelquefois trop inspirée par la construction navale (terrasses-pontons et hublots n’aident
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pas ces maisons à traverser les époques). En dépit de l’indéniable qualité des espaces de vie de certains projets contemporains, on pourrait également émettre quelques réserves sur la récurrence actuelle d’une certaine écriture : une juxtaposition de volumes simples, animée par les contrastes des formes géométriques et des matériaux. Cette architecture immaculée souvent partiellement couverte de bois peut trouver une certaine légitimité dans la référence aux enduits à la chaux de l’habitat traditionnel, et au bardage des cabanes de pêcheurs ou d’ostréiculteurs ; elle se distingue cependant peu des maisons contemporaines édifiées à l’intérieur des terres, voire dans d’autres régions. De tous temps, le végétal a eu son importance dans la contruction en bord de mer : il convient de veiller à ce que les résidences n’apparaissent pas comme de beaux objets posés au centre de parcelles vierges, en considérant leur aménagement paysager.
Château d’Olonne. Maison, 1992, Philippe Barré et Agnès Lambot architectes.
Les Sables d’Olonne. Maison, années 2000, quartier de la Chaume.
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quelques idées d’ici et d’ailleurs P
enser l’habitat littoral vendéen de demain nécessite de prendre en considération les souhaits des Français en matière de logement et les tendances actuelles de la maison contemporaine, avant de recenser l’ensemble des contraintes auquel le commanditaire va être exposé : configuration et géologie du site, climat de bord de mer, mode de vie particulier des villégiateurs, réglementations municipales, insertion dans l’environnement bâti (laquelle impose d’observer l’architecture traditionnelle), etc. Dans sa quête de la résidence secondaire idéale, le commanditaire trouvera en Vendée de bons exemples offrant des réponses pertinentes aux problématiques en jeu. Bien qu’elles nécessitent une adaptation au contexte local, des dispositions mises en œuvre dans d’autres départements, voire d’autres pays, peuvent également remettre en question certaines habitudes, et ainsi contribuer à redéfinir les constructions de la côte vendéenne.
ASPIRATIONS ET TENDANCES : LA MAISON CONTEMPORAINE EN FRANCE
U
ne enquête récente du Crédoc (2004) confirme que la maison demeure le logement idéal pour 82 % des Français. En Vendée, celle-ci reste le type d’habitation le plus courant : en 2003, elle représente 88 % des logements du littoral. La présence d’un jardin, l’impression de calme, de confort et de bien-être, motivent cette préférence alors que le collectif est perçu comme une source de conflits de voisinage et de bruit. 78% des personnes interrogées par le Crédoc et rêvant d’une maison souhaiteraient qu’elle soit située dans une petite ou moyenne commune, idéalement sur le littoral. La mer, destination touristique favorite des Français, serait aussi le lieu de vie parfait. La Vendée, avec ses villes de taille réduite et ses 250 kilomètres de littoral, serait alors un département potentiellement très attractif répondant aux attentes de
la population nationale. Un hors-série d’Architectures À vivre paru à l’occasion des Journées de la Maison contemporaine de 2006, souligne qu’à en croire les livres et magazines de maisons, la tendance serait clairement d’investir un site extraordinaire, d’inscrire la maison dans un paysage à couper le souffle, ou tout au moins, sur une pente escarpée dominant la mer. Ce phénomène ne concernerait cependant qu’une clientèle fortunée à nouveau consciente et soucieuse de la qualité des sites de villégiature ; une telle démarche n’aboutirait le plus souvent qu’à un grand geste architectural, à un objet séduisant mais inhabitable. L’attraction d’une clientèle plus modeste semble préserver la Vendée de tels écarts : les projets contemporains conduits par des architectes apparaissent le plus souvent en phase avec les rêves sans prétention de leurs occupants.
La Tranche-sur-Mer. Maison, 2007, agence Roulleau architectes.
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A l’échelle nationale, le bois est de plus en plus utilisé dans les opérations individuelles. En Vendée, de 1999 à 2003, il ne concerne pourtant que 3 % des maisons mises en chantier (92 % sont montées en parpaings). Offrant une rapidité et une facilité de montage, le bois permet une économie dans la construction. Ses qualités environnementales sont également appréciées, tout comme son utilisation aisée pour la réalisation de dispositifs qui assurent l’intimité des habitants (jalousies notamment) ou protègent le foyer du soleil. Selon un sondage IFOP mené en 2006 pour le Conseil national de l’ordre des architectes, après l’état, la salubrité et la propriété du logement, les Français sont principalement soucieux de la préservation de leur intimité. L’agencement intérieur n’occupe que le 7e rang de leurs priorités, l’esthétique de leur logement le 17e rang. Le recours à l’architecte reste rare, la population considérant
qu’il est plus coûteux de construire avec son aide. Si le prix de revient au m2 tend à confirmer cette idée, l’écart n’est pas flagrant et l’apport du professionnel dans le chantier doit le relativiser. A budget équivalent, n’est-il pas préférable de sacrifier quelques m2 pour habiter une maison “sur mesures“, adaptée à ses besoins ? L’architecte, habitué à travailler avec une enveloppe financière donnée, tâchera de livrer le logement idéalement exposé, idéalement agencé alors que le choix offert au commanditaire par le constructeur ne relèvera peut-être que de la position de la maison sur la parcelle. Qu’en sera-t-il des cadrages sur le paysage, de la mise en valeur des qualités d’un terrain, de l’optimisation de la surface (des placards peuvent être plus utiles que 3 m2 supplémentaires dans la cuisine), de l’introduction de dispositifs environnementaux, de la liberté du choix des matériaux ou de la préservation d’une végétation existante ?
INVESTIR L’ENVIRONNEMENT BÂTI VENDÉEN
L
e villégiateur a peu de chance aujourd’hui d’acquérir une parcelle isolée et abritée des regards. Certes, il investit un territoire singulier : le site balnéaire possède la particularité d’être ouvert à d’autres cultures architecturales, puisque dès l’origine du tourisme des bains de mer, il est un terrain favorable aux styles exotiques et aux expérimentations techniques. Malgré tout, il sera imposé au maître d’œuvre de composer avec les édifices voisins (pour ne pas nuire à l’homogénéité de la commune et faciliter l’insertion de la nouvelle construction), et avec les réglements municipaux. Autorisant théoriquement une architecture contemporaine, ces derniers n’en prônent bien souvent qu’une seule tendance : celle du pseudo-vernaculaire. L’architecture dite contemporaine est tolérée mais ses élévations doivent obéir à des codes et se soumettre à la définition que les municipalités en donnent. Tout le génie de l’architecte consiste dès lors à respecter ces prescriptions sans verser dans le formalisme inutile, et en repensant les dispositions traditionnelles. Cet exercice ne peut se faire sans une compréhension des formes anciennes et de leur raison d’être. Ces dispositions ne sont pas
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fortuites : elles répondent à des fonctions précises ; la taille des percements était justifiée (usage des pièces, ensoleillement...) ; les matériaux utilisés autrefois ne relevaient pas forcément d’un choix mais de leur disponibilité sur place... Quiconque choisit de s’établir sur l’Île d’Yeu ou sur l’Île de Noirmoutier sera plus encore confronté aux préconisations visant à pérénniser les coutumes locales.
Noirmoutier-en-l’Île. Habitat traditionnel bas.
Noirmoutier-en-l’Île. Habitat traditionnel avec étage partiel et clôture basse en moellons grossiers.
Noirmoutier-en-l’Île. Habitat traditionnel en bande.
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Saint-Hilaire-de-Riez. Bourrine, allĂŠe des Sapins.
Beauvoir-sur-Mer. Salorge, route du Gois.
Les caractéristiques du bâti traditionnel vendéen peuvent être appréhendées selon huit grandes entités paysagères : bocages nord, moyen et sud, marais nord et sud, plaine, zone côtière et îles d’Yeu et de Noirmoutier. L’habitat balnéaire investit la zone côtière (de Saint-Gilles-Croix-de-Vie à Longevillesur-Mer); il occupe également les îles et les marais nord et sud (au-delà de Saint-Gilles-Croix-de-Vie : Beauvoir-sur-Mer, le Pays de Monts, etc. ; en-dessous de Longeville-sur-Mer : La Tranche-sur-Mer, La Faute-sur-Mer, etc.). Malgré de grands traits communs, quelques variations peuvent être observées. Les teintes et matériaux diffèrent peu ; le plus souvent, ce sont leur mise en œuvre ou la volumétrie du bâti qui introduisent des nuances. L’habitat de la zone strictement côtière est généralement bas et allongé. Son toit à deux pans accuse une faible pente (35 %), Il est couvert de tuiles dites “tiges de botte“ et de cheminées en briques enduites relativement hautes. Les élévations sont en schistes enduits passés au lait de chaux. Les murs affichent parfois des corniches et des encadrements en briques, ou des génoises de tuiles. Les ouvertures sont étroites et basses et leurs menuiseries se parent de couleurs vives. Le climat océanique explique des percements réduits et moins nombreux qu’au nord, toutefois plus larges qu’au bord de la Méditerranée. Les clôtures sont généralement en pierres de pays enduites et couronnées de tuiles. L’implantation des maisons est étudiée pour offrir un abri contre les vents et la pluie d’ouest, face auxquels se dresse un pignon aveugle. Les différences observées sur l’Île d’Yeu et l’Île de Noirmoutier concernent notamment le volume de l’habitation, lequel peut présenter un appentis ou un étage partiel. Le granit est utilisé pour les murs (caché par un enduit), pour l’encadrement des baies ou les corniches. Les soubassements sont parfois colorés. Les ouvertures sont plus hautes que sur la zone côtière, les couleurs des menuiseries plus vives. Les clôtures sont basses (60 centimètres à un mètre, un peu plus hautes en ville), réalisées en moellons de granit enduit peint en blanc avec des soubassements qui peuvent être colorés. L’orientation des maisons ne chan-
ge pas, toujours conditionnée par les intempéries. L’exposition nord-sud est maintenue de telle sorte que les habitations sont parallèles ou perpendiculaires à la rue, selon le tracé des voies de circulation. Les constructions du marais nord adoptent les principaux traits des maisons de la zone côtière. En revanche, les clôtures sont rares et l’on cherche la protection des dunes. Dans le marais sud, l’habitat ressemble à celui de la plaine : le calcaire prédomine, l’enduit à la chaux se fait plus rare, les couleurs des menuiseries sont plus claires, les clôtures sont montées en pierres sèches et la protection contre les vents est assurée par la végétation. Outre cet habitat caractéristique, on notera la présence sur la bande littorale de trois autres types de construction dont les matériaux et formes pourraient alimenter la réflexion des maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage actuels, à l’instar des recherches architecturales menées dans d’autres départements : la bourrine (maison de maraîchins), la salorge (entrepôt à sel) et la cabane des pêcheurs au carrelet. Typique du marais breton, la bourrine est constituée de murs en terre et couverte de roseaux. Son volume bas est d’une extrême simplicité : bien souvent, il ne compte qu’une seule pièce. De telles habitations subsistent aujourd’hui en dépit d’une urbanisation galopante, et sont visibles dans certaines communes du bord de mer : Saint-Jean-de-Monts, Notre-Damede-Monts et Saint-Hilaire-de-Riez. Présentant des parois inclinées pour réduire la poussée des tas de sel, la salorge est une petite construction en bois, de couleur sombre. Le matériau est choisi pour sa facilité et sa rapidité de montage, son économie. Sa légèreté permet l’adaptation de la salorge à tout type de terrain. Située en bordure des étiers, la cabane du pêcheur au carrelet est un abri en bois sommaire, aménagé au-dessus de l’eau sur un petit ponton depuis lequel un treuil permet de faire descendre un filet de pêche carré tendu sur une armature plane. Salorges et carrelets sont principalement visibles dans le secteur nord du littoral vendéen.
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FAIRE AVEC LE SITE BALNÉAIRE ET S’EN DÉFAIRE
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elon l’étude publiée en 2005 par l’ADIL, la résidence secondaire-type du littoral vendéen est une maison de 105 m2, réalisée avec un budget d’environ 90 000 euros sur une parcelle de 800 m2. Elle est en parpaings, équipées de mesuiseries en PVC et de baies en alu. Elle est chauffée par des convecteurs électriques. Le plus souvent, son architecture se veut “traditionnelle“. En l’imaginant, on pense de suite à un pavillon de constructeur dit “vendéen“. Composant pourtant avec les mêmes contraintes que les autres professionnels, ou du moins les prenant en compte dans leurs projets, certains architectes ont proposé des alternatives intelligentes à ce modèle, en cherchant à remédier aux problèmes inhérents au contexte balnéaire. Il n’est pas question de copier ces réalisations mais d’observer comment leurs auteurs ont su défier les éléments, être inventifs tout en respectant les réglements ou exploiter les potentialités offertes par leur terrain (qualités parfois découvertes pendant le chantier). En dehors de ces dispositions particulières, quelques recommandations semblent invariables.
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L’implantation des maisons est d’autant plus importante que les parcelles du littoral vendéen sont petites, parfois en lanières et étroites (en 1994, Olivier Girard construit à La Faute-sur-Mer sur un terrain de 10,5 mètres de large et 90 mètres de long). Posée au milieu du terrain, la résidence secondaire risquerait de contredire toute possibilité d’extension et
de réduire le jardin à une bande verte encadrant la maison. La prise en compte de l’accès à la parcelle, de la course du soleil, du bâti environnant et du cadre naturel, permettra de concevoir une construction bien orientée, dont les pièces à vivre seront préservées des regards et s’ouvriront sur le paysage. A La Tranche-sur-Mer, l’habitation édifiée par Laurent Tabard occupe 170 m2 d’une ancienne vigne d’environ 1000 m2. Située en contrebas de la route principale et d’une autre maison, elle se préserve d’une vue plongeante par son implantation. Adoptant la forme d’un U et orientée de telle sorte que les pièces à vivre soient exposées au sud et au sud-ouest, elle se développe derrière l’aile en retour au nord, laquelle masque notamment une vaste terrasse-patio, et s’ouvre sur la forêt. Dans un projet avorté de résidence secondaire à La Guérinière, l’architecte Karine Olivier avait conçu un habitat en bande, perpendiculaire à la rue, dont la position et un léger coude auraient permis à la fois de ménager un accès et un stationnement pour les véhicules au nord, et de dégager au sud un espace suffisant pour un jardin. A La Tranche-sur-Mer, la maison de vacances réalisée par l’agence Virtuel se déploie derrière un mur courbe dressé côté rue : les deux volumes qui la composent sont ainsi protégés du voisinage en même temps qu’ils font face à la dune. A La Faute-surMer, la maison construite par Jean-Claude Pondevie s’isole du reste des habitations du lotissement par une façade-écran en bois derrière laquelle elle pro-
La Tranche-sur-Mer. Maison, 2001, Laurent Tabard architecte. Photographie communiquée par l’architecte.
La Tranche-sur-Mer. Maison, 2001, Laurent Tabard architecte. Plan-masse communiqué par l’architecte.
La Faute-sur-Mer. Maison, 1991, Jean-Claude Pondevie architecte.
Les Sables d’Olonne. Maison, 1994, Jean-Claude Pondevie architecte.
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Île d’Yeu. Maison, 2006, Bruno J. Hubert architecte. Photographie et plan des deux niveaux communiqués par l’architecte.
fite d’une exposition favorable au soleil. Aux Sables d’Olonne, une maison de ville s’appuie contre le mur mitoyen, et se développe perpendiculairement à la principale rue qui cerne la parcelle. Une telle implantation la préserve des regards en même temps qu’elle l’expose au soleil du matin. Outre le désir d’intimité ou le souhait de profiter du paysage et d’un ensoleillement optimal, la végétation présente sur le terrain peut déterminer la position de la maison. L’osmose avec la nature a toujours été l’une des quêtes des villégiateurs des bords de mer. Un tel objectif peut s’avérer difficile à atteindre lorsque la parcelle est petite. Une maison réalisée par l’agence Roulleau à La Tranche-sur-Mer est implantée de manière à conserver une partie des arbres existants : conçu comme une clairière, un patio est aménagé au sein d’une des deux ailes. Dans cette quête d’intimité, la position du projet ne permet pas toujours de résoudre seule les problèmes de vis-à-vis. Le voile de béton formant auvent en façade de la maison réalisée par Jean-Claude Pondevie aux Sables d’Olonne, le percement horizontal et haut du séjour de l’habitation construite par Laurent Tabard, ou les persiennes en bois et les garde-corps en verre sablé qui ferment une des terrasses d’étage de la double résidence édifiée par Patrick Joly à La Faute-sur-Mer, préservent les estivants des regards. L’accompagnement végétal peut constituer une autre solution ; il convient cependant de veiller à introduire des essences indigènes. Le commanditaire devra choisir arbres, arbustes et fleurs en fonction du temps qu’il pourra consacrer à l’entretien de son jardin.
La nature du terrain conditionne les fondations et le parti constructif adopté. Un sol sableux est souvent jugé idéal car sa composition est homogène ; son instabilité nécessite parfois de bâtir sur des micropieux. Le caractère non-constructible de certains terrains n’est cependant pas une fatalité au regard de la maison édifiée par Olivier Girard sur une parcelle à priori impropre à toute construction. Il stimule le talent de l’architecte. Considérant le bâti traditionnel et les risques sismiques (faibles mais non négligeables), des plans simples sont préférables. Ils sont d’ailleurs recommandés par les économistes de chantier : en réduisant les décrochements, on abaisse le coût des travaux. Les plans doivent nécessairement prendre en compte le comportement et les besoins des occupants. Le commanditaire doit s’interroger sur son mode de vie en vacances. S’il ne se rend dans sa résidence secondaire qu’en été, a-t-il l’utilité d’un garage ou préfère-t-il consacrer la surface gagnée à un atelier ou à un patio ? Aura-t-il besoin de chauffer la maison en hiver? Tout choix concernant les solutions de climatisation risque de s’avérer idéal à une saison et critique à une autre (ex: la véranda très agréable en hiver peut devenir insupportable l’été). La modulabilité a toujours constitué une des principales exigences des villégiateurs. Les commanditaires de la maison de La Guérinière désiraient une maison de vacances pour plusieurs familles et qui aurait offert la possibilité d’isoler une petite unité de vie à l’usage d’un couple. En concevant sa propre résidence secondaire sur l’Île d’Yeu, l’architecte Bruno Hubert a quant à lui cherché à créer des
Île d’Yeu. Maison, 2006, Bruno J. Hubert architecte. Photographies communiquées par l’architecte.
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espaces polyvalents. Il ne voulait pas reproduire sur l’île un habitat conforme aux comportements urbains : il n’était pas utile de consacrer une surface importante aux chambres puisqu’elles sont inoccupées en journée. Le caractère modulable de sa maison est obtenu par un décloisonnement (lequel permet aussi de ménager des vues traversantes et de gagner la surface qui aurait pu être affectée à un couloir) et par la position centrale du bloc technique (point d’eau, ventilation, etc.). L’espace à vivre fluide ainsi créé peut servir de séjour comme de chambre, ou encore de pièce d’eau. La capacité d’hébergement évolue en fonction des besoins ; l’utilisation des surfaces réflète le rythme de vie et les envies spontanées des occupants. Le mode de vie des résidents diffère. Il est cependant soumis à une constante : ceux-ci aspirent à profiter au maximum des espaces extérieurs de leur maison, voeu que les architectes traduisent par des terrasses, des patios, des balcons-coursives ou encore des pontons. Bruno Hubert conçoit une terrasse à l’étage pour bénéficier, y compris depuis la baignoire, de la vue sur l’horizon et sur la lande. Patrick Joly explique que malgré la petite surface de la parcelle de La Faute-sur-Mer, il était important de chercher à démultiplier l’espace de vie par des aménagements extérieurs au rez-de-chaussée et au niveau supérieur. Il a donc dessiné des terrasses à l’étage dont l’une est équipée d’une pergola, ménagé un patio à l’usage d’une des deux habitations et un petit jardin pour l’autre ; il a envisagé la végétalisation des couvertures du local à vélo et d’une des buanderies, laquelle constituerait un espace vert visible depuis les pièces de l’étage et les terrasses. Découvrant de plus que le niveau supérieur surplombait les dunes, il a proposé aux commanditaires d’y placer le séjour pour profiter du panorama sur la mer (conception à laquelle un des deux maîtres d’ouvrage a adhéré). Favorisant le lien avec le jardin, les pièces à vivre de la maison édifiée par l’agence Virtuel se prolongent de pontons de bois sur lesquels elles s’ouvrent totalement l’été (le système de baies choisi permet une disparition complète des vitrages).
la pluie, le vent, et les rayons de soleil qui peuvent être éblouissants sur cette côte fortement ensoleillée. L’orientation et certaines dispositions favorisant l’intimité des occupants assurent également une défense contre les intempéries et les vents dominants. Pour jouir dans des conditions optimales de la chaleur et de la lumière du soleil (à l’image de la maison en quart de cercle construite par Jean-Claude Pondevie à La Faute-sur-Mer, dont le volume intérieur ample profite de la course quotidienne du soleil), il faut aussi pouvoir s’en protéger. Orientée nord-sud, la résidence secondaire bâtie par l’agence Virtuel profite en hiver de la chaleur du soleil captée par les vitrages des pièces tournées vers le sud. L’été, un système passif de protection solaire est assuré par des voiles tendus. Une des terrasses du projet conçu par Patrick Joly est abritée sous une pergola en bois, laquelle brise les hauts rayons de soleil estivaux mais laisse les rayons hivernaux plus bas pénétrer le séjour situé à l’arrière. La prise en compte de l’inclinaison des rayons s’avère économique : elle peut permettre une économie de chauffage l’hiver et éviter le recours à une climatisation l’été. Le choix des matériaux est conditionné par plusieurs éléments: les contraintes d’ordre technique (ils doivent être adaptés à la nature du sol, résistants dans le temps en dépit du climat et de l’iode de l’air, et faciles d’entretien), les goûts et les préoccupations environnementales du commanditaire et de l’architecte, et la règlementation locale. Considérant que le bâti traditionnel est généralement enduit, le choix des matériaux qui vont composer le gros-œuvre d’une résidence secondaire paraît plus libre : une fois re-
Cette quête d’osmose avec les espaces extérieurs doit être compatible avec les contraintes du climat :
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La Faute-sur-Mer. Maison à double habitation, 2007, Patrick Joly architecte.
La Tranche-sur-Mer. Maison, 1993, agence Virtuel architectes.
La Tranche-sur-Mer. Maison, 1993, agence Virtuel architectes. Photographie communiquÊe par l’agence.
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couverts, béton, parpaings et briques auront une apparence semblable à celle des murs de pierre anciens. A coût équivalent, l’économiste conseillera cependant d’utiliser la brique, préférée au parpaing pour ses performances thermiques et acoustiques. Le béton offrira quant à lui une plus grande variété dans les formes et la disposition des percements ; il pourra être coulé sur place et n’exigera pas d’entretien particulier. La mise en œuvre de l’enduit reste toutefois importante, compte-tenu de sa faible résistance en milieu maritime et des tâches jaunes produites par les pollens circulant dans les forêts de pins. La teinte des enduits n’est pas secondaire : conforme au cliché de la maison contemporaine à la blancheur immaculée et éclatante sous la lumière littorale, l’enduit éblouit s’il est trop blanc ou nuit à l’insertion d’une habitation isolée dans le paysage en révélant trop fortement sa présence. Réalisé à la chaux, il caractérisait le bâti traditionnel vendéen. Dans les constructions anciennes, il était cependant nuancé par d’autres couleurs ou matériaux et, de plus, perdait en vivacité avec le temps. Matériau écologique, le bois est apprécié pour sa résistance au
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sel et la liberté qu’il autorise dans le dessin des plans (la fluidité des espaces de la maison de l’Île d’Yeu est rendue possible par l’ossature bois). Sur la côte vendéenne, le bois est fréquemment utilisé pour le second œuvre (terrasses, persiennes, pontons, pergola, etc.) ; il est plus rare de l’observer en élévation. Il n’est pas souhaitable de voir des chalets en bois lasuré envahir la forêt sous couvert d’une meilleure insertion dans le cadre végétal ; la maison construite par l’agence Roulleau emploie ce matériau avec intelligence, en évitant les formes de la paillotte ou du refuge de montagne. Le propriétaire explique que la maison étant située en lisière de forêt, l’emploi du bois paraissait opportun. Il justifie également son choix par des préoccupations environnementales. Les commanditaires et maîtres d’œuvre vendéens citent de suite la référence à l’environnement naturel comme la principale motivation du recours au bois. La sélection raisonnée des matériaux ne concerne pas uniquement les élévations extérieures : pour le traitement du sol de la maison de La Faute-sur-Mer, Jean-Claude Pondevie a en partie utilisé des carreaux en ciment, préférés pour leur résistance
La Guérinière. Maison, projet non réalisé, Karine Olivier architecte. Document communiqué par l’architecte.
à l’abrasion du sable transporté par les occupants et par le vent. L’aspect extérieur des maisons de vacances et les formes découlent des contraintes précédemment citées : les baies percent généreusement les façades de la résidence secondaire élevée par l’agence Virtuel et donnent l’illusion d’un séjour concentré dans un cube de verre transformé en terrasse durant l’été ; les petites fenêtres des chambres de l’habitation double construite par Patrick Joly s’expliquent par la volonté d’empêcher la chaleur estivale de pénétrer ces pièces et ainsi d’éviter le recours obligatoire à une climatisation ; le bandeau vitré haut du projet de Laurent Tabard assure l’intimité des occupants du séjour. Dans le dessin des élévations, d’autres éléments entrent cependant en considération : en premier lieu, la règlementation. Les personnes interrogées, architectes et commanditaires, ont formulé plusieurs demandes de permis de construire avant d’en obtenir l’approbation. Dans le cas de chantiers conduits sur l’Île d’Yeu, sur l’Île de Noirmoutier, ou sur toute parcelle incluse dans le périmètre d’un édifice protégé, l’obligation de respecter les documents d’urbanisme locaux se double de l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France. Malgré de fortes exigences formelles et des entraves potentielles à une écriture
contemporaine, la persévérance des maîtres d’œuvre rend possible une architecture actuelle, basée sur une réinterprétation savante du bâti traditionnel. Le caractère contemporain d’une construction ne naît pas d’un toit plat ou d’un mur en béton brut mais parfois d’un détail, du traitement d’un matériau traditionnel, d’un procédé de construction innovant, de la sobriété du dessin des menuiseries, d’une distribution fonctionnelle et en phase avec les besoins actuels des résidents, etc. Sous deux pans couverts de tuiles, un langage contemporain reste possible. Deux projets vendéens l’attestent assurément : la maison de vacances de Bruno Hubert et le projet non réalisé de Karine Olivier. L’abandon de ce second chantier n’est pas imputable à un refus de permis de construire : l’habitation dessinée était conforme à la volumétrie et aux toitures des maisons vendéennes mais parvenait à s’affranchir quelque peu de la tradition locale par la disposition et le format des percements, ainsi que par l’introduction de bambous en élévation. Sur l’Île d’Yeu, la fluidité des espaces intérieurs de la maison Hubert, la minceur de l’ossature bois qui augmente la surface utile intérieure, les ouvertures et leurs menuiseries sobres, confèrent à l’ensemble toute sa modernité.
REDÉFINIR L’HABITAT DE BORD DE MER
C
es projets vendéens peuvent être pris pour exemples : ils ont l’avantage d’être facilement transposables puisqu’ils sont par nature adaptés au bâti traditionnel et au territoire. Il n’en demeure pas moins intéressant d’observer ce que des architectes ont construit ailleurs, dans d’autres départements côtiers situés à proximité, voire dans d’autres pays. Les projets de résidences secondaires de rêve abondent ; il convient cependant de s’attacher à ceux dont les formes pourraient s’insérer sans heurts à Saint-Jean-de-Monts ou à La Tranche-sur-Mer, dont les matériaux sont localement disponibles, et dont les surfaces sont comparables à celles des maisons de vacances édifiées en Vendée. La côte aquitaine et le littoral vendéen présentent des affinités : paysage de dunes et de
forêts de pins, bâti marqué par les activités de pêche et d’ostréiculture. La première compte de nombreux projets récents exemplaires. Des maisons de vacances lointaines et dont l’aspect semble très éloigné de la tradition vendéenne, peuvent également alimenter la réflexion menant à une reformulation de l’habitat balnéaire local : elles constituent une source d’inspiration dans la définition de nouvelles typologies. Le commanditaire vendéen trouvera dans des réalisations extérieures à son département des solutions à des problématiques telles que la préservation du cadre naturel ou la création d’une architecture-belvédère (ex : villa-pont réalisée par l’atelier Marc Barani en 2004, dans le sud de la
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France, dont la percée permet de conserver un panorama sur la mer depuis le jardin). Dans les forêts de pins d’Aquitaine, plusieurs maisons sur pilotis démontrent tout l’intérêt de ce parti constructif : dans un site difficile d’accès, ce procédé est plus aisé à mettre en œuvre ; les pièces à vivre élevées profitent de la vue ; l’absence de terrassement respecte la végétation existante quand celle-ci n’est pas directement intégrée dans le foyer. Ainsi, l’habitation construite en 1998 par Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal à Lège-Cap-Ferret est traversée sur toute sa hauteur par cinq arbres. En 2001, dans une maison édifiée près de La Ciotat, Rudy Ricciotti propose également la conservation d’un pin, lequel traverse le platelage et l’auvent d’une terrasse. Pour préserver des arbres existants, une autre solution est éprouvée en Aquitaine : un habitat en lanière qui se glisse entre les troncs. La réhabilitation et la reconversion du bâti vendéen pourraient être la clef d’une bonne intégration au paysage local. Ne serait-il pas envisageable
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Lège-Cap-Ferret (Aquitaine). Maison, 1998, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal architectes. Coupe communiquée par l’agence et photographie de Philippe Ruault.
d’investir des constructions sans lien direct avec le tourisme de bord de mer pour offrir à l’habitat littoral local d’autres formes, et au villégiateur d’autres manières d’habiter ? En Grande-Bretagne, à Dungeness, Simon Conder avait pour mission d’investir et d’agrandir une cabane de pêcheur des années 1930, dans un site protégé où toute nouvelle construction est interdite. Achevée en 2003 avec un petit budget, la résidence secondaire de 90 m2 est recouverte de caoutchouc ; une caravane des années 1950 offre une chambre indépendante aux invités. Apprécié pour sa résistance aux vents violents et son imperméabilité, le matériau est choisi pour sa durabilité, sa réaction à l’ozone, aux UV et à des températures extrêmes. L’hiver, il permet de stocker la chaleur du soleil ; l’été, les vitrages favorisent la circulation de l’air. Par la couleur noire du caoutchouc notamment et la rusticité des formes, ce projet n’est pas sans rappeler les salorges et les cabanes d’ostréiculteurs du marais vendéen : il conduit à s’interroger sur la pertinence d’une réinterprétation des abris des pêcheurs du
Estuaire de la Gironde. Résidence secondaire réinterprétant le carrelet, 2000, Emilie Lovato-Brochet architecte. Photographie communiquée par l’agence. Beauvoir-sur-Mer. Cabanes de pêche au carrelet, Le Grand Pont.
Lège-Cap-Ferret (Aquitaine). Pago-Pago, 1993, Raphaëlle Hondelatte architecte. Photographie communiquée par l’architecte.
Dungeness (Grande-Bretagne, Kent). The Black Rubber Beach house, 2003, Simon Conder Associates architecte. Photographie de Stephen Ambrose.
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département. En 1993, dans une forêt d’Aquitaine, Raphaëlle Hondelatte termine la maison Pago-Pago : montée sur pilotis, cette habitation de 90 m2 est fortement inspirée des cabanes de pêcheurs en bois auxquelles elle emprunte le toit à deux pans, la façade-pignon, le matériau et sa couleur noire obtenue par une teinte à l’huile de vidange courante dans le bassin d’Arcachon. En Vendée, à La Barre-de-Monts, une construction récente de l’agence OPS s’inspire d’ailleurs des cabanes en proposant une habitation scindée en plusieurs petits volumes dont le pignon fait face à la rue et dont les élévations sont couvertes d’un bardage. Au regard de la réinterprétation par l’agence co-be architecture et paysage de la chaumière normande, serait-il inconcevable d’imaginer une bourrine du XXIe siècle ? Edifiée dans l’Eure en 2007, la maison conserve du bâti traditionnel sa volumétrie (elle est constituée de deux longères) et une partie de ses matériaux (la chaume, laquelle offre à l’habitation une couverture massive, et le bois en rappel des colombages). Par l’importance des vitrages et la distribution intérieure, elle s’affranchit toutefois du schéma ancien pour offrir un lieu de vie contemporain. En Aquitaine, la réflexion menée par Emilie Lovato-Brochet a conduit à la création d’une version moderne du carrelet, typologie fréquente dans l’estuaire de la Gironde et sur la côte Atlantique qui, par des aménagements parfois poussés, tend à se rapprocher de la maison de vacances. Sur une structure métallique, l’architecte conçoit une petite plate-forme en caillebotis de bois sur laquelle sont aménagés une terrasse et un abri. Derrière des vitrages protégés par des vo-
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Bourg-Achard (Haute-Normandie). Maison, 2007, agence co-be architecture et paysage architecte. Photographie de Luc Boegly.
lets de bois, une petite pièce se développe sur 4 m2. D’une surface habitable de 178 m2, la maison flottante imaginée par Staffan Strindberg à Kalmar, en Suède, offre une réponse aux problèmes de disponibilité ou de constructibilité des parcelles, en même temps qu’elle parvient à une réelle osmose avec la mer. Achevée en 2003 pour un commanditaire auquel la municipalité avait refusé plusieurs projets de reconversion de bateaux, elle a l’avantage de pouvoir être déplacée. Considérant l’eau comme un terrain, la ville a depuis introduit ce type d’habitat dans son réglement urbain. Salorges, cabanes d’ostréiculteurs, abris de pêcheurs au carrelet et bourrines peuvent apparaître comme des sources d’inspiration potentielles pour les maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage. Il convient cependant de veiller à l’insertion de projets futurs (bâtir une pseudo-salorge sur le front de mer de Saint-Jean-de-Monts n’aurait pas de sens), de s’assurer de leur conformité avec les réglements locaux, et surtout de ne pas verser dans le pastiche. La richesse de l’architecture balnéaire réside dans la diversité des réalisations produites à chaque époque, dont l’héritage se doit d’être considéré à sa juste valeur et préservé. Au-delà des formes et du choix des matériaux, l’habitat littoral est avant tout le résultat d’une démarche, la matérialisation d’un rêve, d’un rapport idéalisé entre l’homme et la nature.
Kalmar (Suède). Maison flottante, 2003, Staffan Strindberg architecte. Photographie de K. Nilsson.
Kalmar (Suède). Maison flottante, 2003, Staffan Strindberg architecte. Photographie de Thomas Jeansson.
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ALBUM CHRONOLOGIQUE
DÉBUT DU XXe SIÈCLE : CASTELS ÉCLECTIQUES
Les Sables d’Olonne. 16 promenade de l’Amiral-Lafargue.
Les Sables d’Olonne. 3-4 promenade Georges-Clemenceau.
Noirmoutier-en-l’Île. Bois de la Chaise. Les Tambourins. Allées des soupirs.
Noirmoutier-en-l’Île. Bois de la Chaise. Saint-Benoît. 4 avenue Georges Clemenceau.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Domaine de Boisvinet. 20 bis boulevard de la Mer.
Saint-Hilaire-de-Riez. Les Marguerites. 237 avenue de la Corniche.
DÉBUT DU XXe SIÈCLE : DÉTAILS ART NOUVEAU
Les Sables d’Olonne. 40 rue du Palais.
Noirmoutier-en-l’Ile. Villa Saint-Paul, 15 allée du Maréchal-Foch.
Les Sables d’Olonne. Villa Mirasol. 3-7 place du Maréchal-Foch.
Les Sables d’Olonne. 15-17 rue Guynemer.
Les Sables d’Olonne. Ma Folsie. 2 rue Forbin.
Les Sables d’Olonne. 9 rue de la Passerelle.
Les Sables d’Olonne. La Rafale, 1921, Maurice Durand architecte. 2, rue des Bains.
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PREMIÈRE MOITIÉ DU XXe SIÈCLE : CHALETS
La Barre-de-Monts, Fromentine. L’Abricotier. 8 esplanade de la Mer.
La Barre-de-Monts, Fromentine. La Brise. 5 esplanade de la Mer.
La Barre-de-Monts, Fromentine. 12-13-14 esplanade de la Mer.
Les Sables d’Olonne. Promenade Georges-Godet.
Les Sables d’Olonne. La Sapinière. 24 boulevard de la Mer.
Noirmoutier-en-l’Île. Bois de la Chaise. Allée de la Plage des Souzeaux.
Noirmoutier. Bois de la Chaise. SaintPhilber. 9 allée de la Plage des Souzeaux.
Noirmoutier-en-l’Île. Bois de la Chaise. L’Ermitage. 11 avenue Georges Clemenceau.
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Les Sables d’Olonne. La Bourrasque, Les Océanides. 7 et 8 promenade Georges-Godet.
ENTRE-DEUX-GUERRES : RÉGIONALISME (DOMINANTE NÉO-BASQUE)
Saint-Hilaire-de-Riez. Quich’notte. 125 avenue de la Forêt.
Les Sables d’Olonne. Avenue Aristide-Briand.
Les Sables d’Olonne. 58 rue Joseph-Chailley.
Saint-Hilaire-de-Riez. Les Bergeronnettes. 1 rue du Général-de-Gaulle.
La Tranche-sur-Mer. Magdala. 14 avenue de l’Océan.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Fleur des Dunes. 5 avenue de la Plage.
Saint-Hilaire-de-Riez. La Follardière. 197 avenue de la Corniche.
Les Sables d’Olonne. 37-39 avenue Aristide-Briand.
Les Sables d’Olonne. Arlo. 38 rue Félix-Faure, 1 rue Joseph-Gallieni.
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ENTRE-DEUX-GUERRES : RÉGIONALISME (DOMINANTE NÉO-PROVENÇALE-MÉDITERRANÉENNE)
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Saint-Hilaire-de-Riez. 193 avenue de la Corniche.
Les Sables d’Olonne. 11 rue du Maréchal-Leclerc.
Les Sables d’Olonne. 19 promenade de l’Amiral-Lafargue.
Les Sables d’Olonne. Corniche du Nouch.
Les Sables d’Olonne. Isis. 38 avenue Aristide-Briand.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. La Marjolaine. 9 avenue de la Plage.
Les Sables d’Olonne. Les Tamaris. 5 avenue Paul-Doumer.
Les Sables d’Olonne. L’Oustal. 59 rue Joseph-Chailley.
Les Sables d’Olonne. Ramuntcho. 18 rue Achille-Duclos.
Les Sables d’Olonne. Thérèse et Bernard. 67 rue Joseph-Chailley.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. 5 avenue du Rocher.
Les Sables d’Olonne. La Moutrie. 36 avenue des Bosquets.
ENTRE-DEUX-GUERRES : RÉGIONALISME (DIVERS)
Les Sables d’Olonne. 263 rue Alcide-Gabaret.
Les Sables d’Olonne. 27 avenue du Général-Kléber.
Les Sables d’Olonne. Clair de Lune. 14 avenue Aristide-Briand.
Les Sables d’Olonne. 2 avenue Paul-Doumer.
Les Sables d’Olonne. 43 rue des Deux Phares.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Cé-thé. 72 boulevard de la Mer.
Les Sables d’Olonne. La Rafale. 2 rue des Bains.
Les Sables d’Olonne. Sinette et Poulot. 28-30 avenue Aristide-Briand.
Saint-Jean-de-Monts. 2-4 avenue des Mimosas.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Suzet. 3 avenue de la Plage.
Saint-Hilaire-de-Riez. 87 avenue de la Corniche.
Saint-Hilaire-de-Riez. Rue du Petit Train.
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ENTRE-DEUX-GUERRES : ORIENTALISME ET INSPIRATION COLONIALE
La Barre-de-Monts, Fromentine. Ar Koum. 11 esplanade de la Mer.
La Tranche-sur-Mer. 25 avenue de l’Atlantique.
La Tranche-sur-Mer. Résidence de l’Océan. 49 rue Anatole-France.
Saint-Hilaire-de-Riez. L’Oustalet. 51 rue du Jet d’Eau.
La Tranche-sur-Mer. 35 avenue de l’Océan.
Saint-Jean-de-Monts. La Chapellenie. 19 impasse Jan et Joël Martel.
Île de Noirmoutier, La Guérinière. 9-11 avenue de l’Océan.
La Tranche-sur-Mer. 17 avenue Georges-Clemenceau.
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La Tranche-sur-Mer. L’Oasis. 40 avenue de l’Océan.
ENTRE-DEUX-GUERRES : ART DÉCO
Les Sables d’Olonne. La Sarharma. 34 place Schwabach.
Les Sables d’Olonne. 24 promenade de l’Amiral-Lafargue.
Les Sables d’Olonne. Egyptia. 54 promenade Georges-Clemenceau.
La Barre-de-Monts, Fromentine. Le Courlis. 1 esplanade de la Mer.
Notre-Dame-de-Monts. Louis Claude. 16 rue des Tamaris.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. 28 boulevard de la Mer.
La Barre-de-Monts, Fromentine. Stella Maris. 10 rue du Belvédère.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. 14 boulevard de l’Egalité.
Les Sables d’Olonne. La Rose Thé. 29 rue de la République.
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ANNÉES 1950-1970
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Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Coeur d’attache. 30 rue du Gabio.
Saint-Jean-de-Monts. Carina. 17 allée des Mouettes.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Enami. 38 avenue Jean-Cristau.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie. 7 promenade de la Vie.
Les Sables d’Olonne. 14 rue des Lilas.
Les Sables d’Olonne. Guidy. 8 avenue des Alcyons.
Les Sables d’Olonne. Belle Vue. 7 rue Achille-Duclos.
Saint-Jean-de-Monts. Esclagida. Rue des Moulins.
Saint-Jean-de-Monts. L’Oasis. 1 rue du Maine.
La Tranche-sur-Mer. 19 allée des Mimosas.
La Barre-de-Monts. Cap au Nord. 72 avenue de l’Estacade.
La Tranche-sur-Mer. 32 avenue de l’Océan.
ANNÉES 1990-2000
Les Sables d’Olonne.
La Faute-sur-Mer.
La Tranche-sur-Mer (photographie communiquée par l’architecte).
La Tranche-sur-Mer. (photographie de l’architecte).
La Faute-sur-Mer.
Île d’Yeu. (photographie de l’architecte).
La Tranche-sur-Mer.
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bibliographie
Patrimoine et architecture
ADIL 85, publications et analyses : www.adil85.org - La commercialisation des lotissements en 2007, Observatoire de l’habitat en Vendée, n°22, mars 2008. - La construction individuelle en Vendée de 1999 à 2003, mars 2005. COUTUREAU Eric, “Au fond d’un bois en tous temps décoré...“, 303, n°40, janvier-février-mars 1994, pp. 162-168. DECRON Benoît, “Les casinos des Sables d’Olonne“, 303, n°66, juillet-août-septembre 2000, pp. 68-75. DUCHARME Michel, DDE 85, Construire en Vendée, 1975. Île de Noirmoutier, Images du Patrimoine n°44, Inventaire général, éditions de l’imprimerie Nationale, 1988. “Le Bois de la Chaise en Noirmoutier“, Lettre aux Amis, numéro spécial 120-121, 2000-2001. NICARD Laurence, Étude du patrimoine du canton de Saint-Jean-de-Monts, Communauté de communes du canton de Saint-Jean-de-Monts, 2000. Notices de la Base Mérimée sur Les Sables d’Olonne : www.culture.gouv.fr/culture/inventai/patrimoine/ Rapports des ZPPAUP de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Noirmouter-en-l’Île et Les Sables-d’Olonne, SDAP 85, La Roche-sur-Yon. Travaux d’architecture, Maurice Durand, Les Sables-d’Olonne: architecte du département et des monuments historiques de la Vendée, Strasbourg, éditions Edari, 1932. VIDAL-SIGOGNEAU Christophe, Charles Charrier et fils. 1853-1925, architectes sablais de “La Belle Epoque“, mémoire de fin d’étude, Ecole d’architecture de Nantes, sous la direction d’E. Rautenstrauch, 1988. VIDAL-SIGOGNEAU Christophe, “Charles Charrier et fils, architectes aux Sables d’Olonne“, 303, n°41, avril-mai-juin 1994, pp.34-43.
TOURISME ET ÉCONOMIE LOCALE Comité Départemental du Tourisme de Vendée (CDT85), études et bilans : www.vendée-tourisme.com INSEE, Territoire, population et activités de la Vendée, dossier de référence INSEE, 2000. OUDIN Jacques, CHAILLOU Claudie, Regards sur l’économie vendéenne. Situation et perspectives, Comité d’expansion économique de la Vendée, 1986. 123
Séverine PAILLÉ et Vincent BOUTIN Séverine Paillé et Vincent Boutin sont tous deux historiens de l’art. Passionnés par l’architecture du XXe siècle et contemporaine, ils sont motivés par les travaux de terrain qui assurent la valorisation d’ édifices du quotidien dans les régions, loin des réalisations exemplaires reproduites dans les ouvrages généraux. Suite à une première mission de repérage et de classification de l’architecture balnéaire en Vendée effectuée par Vincent Boutin, le CAUE 85 a fait appel à eux pour travailler sur ce livre. Tous deux co-auteurs du “Guide d’architecture en Bourgogne 1893-2007 “ (éditions Picard, 2008), ils ont choisi d’aborder ensemble le sujet de manière thématique.
Recherches documentaires et rédaction : Séverine Paillé & Vincent Boutin. Photographies : Vincent Boutin. Photographies cahier spécial : Camille Hervouet. Conception graphique : Pascal Maurand - CAUE de la Vendée. Impression : imprimerie Boutet - Boufféré ISBN : 978-2-918010-05-0 Décembre 2009.
débords 15 mm Pour tout renseignement, contactez-nous au 02 51 37 44 95 ou sur le site http://www.caue85.com ISBN : 978-2-918010-05-0
débords 15 mm
prix 15 €
format fini 250 mm
S. Paillé / V. Boutin / C. Hervouet Maison du Tourisme et de l’Architecture, 45 boulevard des Etats-Unis, BP 685, 85 017 la Roche sur Yon cedex.
S. PAILLÉ / V. BOUTIN / C. HERVOUET
l’architecture balnéaire en Vendée
CONSEIL en ARCHITECTURE, URBANISME et ENVIRONNEMENT de la VENDÉE,
L’ARCHITECTURE BALNÉAIRE EN VENDÉE
débords 15 mm
format fermé 210 mm
dos 16 mm
format fermé 210 mm
débords 15 mm