Livret d'exposition Entrez dans la pierre

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ENTREZ DANS LA PIERRE...

UN RÉCIT D’ARCHITECTURES VAROISES

DU 15 SEPTEMBRE 2022 AU 4 FÉVRIER 2023 · RUE DES ARTS · CAUE VAR · TOULON PREMIÈRE PIERRE

CONSEIL D’ARCHITECTURE D’URBANISME ET D’ENVIRONNEMENT DU VAR

Finding new ways to create our built and natural environments that take care of our land and its inhabitants...

CAUE VAR is taking part in this exploration which has intensified over the past two years of the pandemic.

We are collaborating with local authorities and providing guidance to private individuals, taking into account the specificities of each context. Without dogma or preconceived ideas, we are sharing, debating, imagining possibilities, implementing projects and considering potential solutions for the future.

Dwindling raw materials are making it necessary to rethink our ways of building and inhabiting. Climate challenges, the need to drastically reduce our carbon footprint as well as environmental and societal criteria are forcing us to reconsider the development (redevelopment!) and protection of our lands - from making design choices to employing materials.

In this vein, CAUE Var dedicates this new exhibit to investigating the materials used in architecture. To narrow the breadth our approach, we have chosen to start by describing stone as a material. Found in our region, stone is a frugal resource: its extraction, transformation and use require little energy. In addition to being reusable, it offers thermal and acoustic advantages and inspires developers.

Starting today, will stone be one of the eco-responsible building materials of the future?

Drawing on the itinerant work of the artist-photographer of Aldo Amoretti, CAUE Var presents 35 original photographs of stone architecture in the region. While the famous Thoronet Abbey is the central figure, the series also reveals the wealth of stone heritage sites in the Var, from the dolmens in Draguignan to contemporary architecture.

Although resulting from a collective work, the exhibit is curated by Véronique Hours and Fabien Mauduit, architects (A.P.ARTs collective) bringing together architecture, landscape and art. With this project, CAUE Var prompts visitors to question their relationship with materials - including architectural material, historic material, local material, aesthetic material and ecological material.

This season enhances our mission to raise awareness among all our audiences. It also plays a role in the activity and development of local sectors around architectural and landscaping materials. The Var region supports the forward-looking work the CAUE Var conducts through its yearly exhibits, which are collaborative projects with La Rue des Arts and the city of Toulon.

PRÉSIDENT DU CAUE VAR

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’ODEL

Fabriquer autrement nos paysages bâtis et naturels pour prendre soin de notre territoire et de ses habitants… Le CAUE VAR s’inscrit dans cette réflexion qui s’est intensifiée avec les deux dernières années de pandémie. Ce travail, nous le menons avec les collectivités que nous accompagnons, comme avec les particuliers que nous conseillons, en tenant compte du caractère particulier de chaque contexte. Sans dogme ni idée préconçue, nous partageons, mettons en débat, imaginons les possibles, valorisons des projets et réfléchissons à des solutions potentielles pour l’avenir.

La raréfaction des matières premières nous impose de reconsidérer nos modes constructifs et nos modes d’habiter. Les enjeux climatiques, le besoin de réduction drastique du bilan carbone ainsi que les critères environnementaux et sociétaux, obligent à repenser l’aménagement (le ménagement !), le développement et la protection des territoires - de la conception, au choix, comme à la mise en œuvre des matériaux.

Ainsi, dans cette nouvelle exposition, le CAUE Var souhaite investiguer les matières de l’architecture. Et afin d’affiner l’exhaustivité d’approche, nous avons choisi de commencer par raconter la matière pierre. Présente sur notre territoire, elle est une ressource à l’utilisation frugale : son extraction, sa transformation et sa mise en œuvre nécessitent peu d’énergie. Elle est réutilisable, offre d’intéressantes qualités thermiques et acoustiques, et inspire les porteurs de projets.

Serait-elle dès aujourd’hui, un des matériaux de la construction écoresponsable pour demain ?

À partir de l’itinérance de l’artiste-photographe Aldo Amoretti, le CAUE Var propose 35 clichés inédits d’architectures en pierre dans le Département. Si la célèbre Abbaye du Thoronet y tient une large place, la série révèle aussi la richesse du patrimoine en pierre présent dans le Var, des dolmens de Draguignan aux architectures contemporaines.

Bien qu’issu d’un travail collectif, le commissariat de l’exposition a été confié à Véronique Hours et Fabien Mauduit, architectes (collectif A.P.ARTs) impliqués dans une recherche entre l’architecture, le paysage et l’art. Avec ce travail, le CAUE Var interroge le public sur son rapport à la matière… Matière architecturale, matière historique, matière locale, matière esthétique, matière écologique…

Cette saison enrichit notre mission de sensibilisation auprès de tous nos publics et participe à valoriser et développer des filières locales de matières d’architecture et de paysage. Le Département du Var soutient le travail prospectif mené par le CAUE Var à travers ces expositions annuelles, réalisées en partenariat avec La Rue des Arts et la Ville de Toulon.

ALDO

EXHIBITION PHOTOGRAPHER

Words and images are the essence of history. When I was invited to take part in this CAUE Var initiative, I was struck by the proposed project: tell the story of the Var using images that listen to the words of Fernand Pouillon, a poet of architecture I have always liked. How could I resist? Impossible.

So I agreed to immerse myself directly in stone, in this stone rich of light and sound, and to travel the roads of the Var, like a little point on a geographical map, in search of an enchanted landscape. From the profound silence of the vaults of the Thoronet Abbey to the voices that break open against the unfinished façade of Sainte-Marie-Madeleine Basilica.

And from the abandoned, primordial bories, or dry-stone huts, of Ginasservis and all the way to the sea, where Pouillon’s Hamlet of Les Sablettes is surrounded by the frenzy of coastal villages. In this kaleidoscope of colors, sounds and ambiances, stone guided me like a reliable traveling companion, one that has been guiding us since our civilization began.

Aldo Amoretti is an architect gratuated from the Polytechnic University of Milan. He worked in Italy as an architect until 2010, then he began a career as a photographer specialized in the history of contemporary landscapes and architecture. His collaborations with international architects such as Peter Zumthor in Switzerland, Josep Lluís Mateo in Spain, and CAB Architectes in France has enabled him to focus his exploration on significant issues linked specifically to the European architectural landscape. His works have been published, received awards, and exhibited internationally. In his spare time, he dedicates himself to social photography.

Des mots et des images, c’est l’essence de l’histoire.

Lorsque j’ai été invité à participer à cette initiative par le CAUE Var, j’ai été frappé par le projet proposé : raconter le Var en images à l’écoute des mots de Fernand Pouillon, poète de l’architecture que j’ai toujours aimé.

Comment résister ? Impossible.

Et c’est ainsi que j’ai accepté de m’immerger directement dans la pierre, dans cette pierre faite de lumière et de sons ; sillonner les routes du Var, comme un petit point sur une carte géographique, à la découverte d’un paysage enchanté.

Du silence profond des voûtes de l’abbaye du Thoronet aux voix qui rebondissent brisées sur la façade inachevée de la Basilique de Sainte-Marie-Madeleine.

Des lieux déserts et primordiaux des bories à Ginasservis jusqu’à la mer, où le Hameau des Sablettes de Pouillon vit dans la frénésie des villages côtiers.

Dans ce kaléidoscope de couleurs, de sons et d’ambiances, la pierre m’a guidé comme un solide compagnon de voyage qui nous accompagne depuis le début de notre civilisation.

Aldo Amoretti est un architecte diplômé de l’École Polytechnique de Milan.

Il travaille en Italie en tant qu’architecte jusqu’en 2010 et débute ensuite une carrière de photographe consacrée à l’histoire de l’architecture et du paysage contemporain.

La collaboration avec des agences d’architectures internationales dont Peter Zumthor en Suisse, Josep Lluís Mateo en Espagne, CAB Architectes en France lui permet d’orienter son regard et sa réflexion sur des enjeux importants liés au paysage architectural européen. Ses œuvres ont été publiées, primées et exposées à l’international.

À temps perdu, il se dédie à la photographie à caractère social.

ALDO AMORETTI PHOTOGRAPHE

VÉRONIQUE HOURS & FABIEN MAUDUIT

EXHIBITION CURATORS

When CAUE Var invited us to design an exhibit on ecological materials, we were struck, petrified even, by the enormity of the task. How could we present the sustainability of these materials? Should we inventory them from those that pollute the least to those that pollute the most? What criteria should we use? Production? Transport? Would there be good and bad materials? Clearly, reality is much more complex.

So we found it helpful to situate the subject, while remaining anchored in the Var region. What material emblematic of the heritage of the Var brings together local production, ancestral savoirfaire, and durability, all while remaining solidly oriented toward the future? Stone, of course!

At a time when builders are confronted with climate challenges, stone offers significant technical advantages: local production, longevity, possible reuse, thermal inertia and hygrometric properties, not to mention a position just behind wood and far ahead of concrete in terms of life cycle. Yes, stone is decidedly alive!

Stone poses the question of using a material considered marginal for industrial building methods. How can we not consider loam, raw earth, rammed earth, hempcrite, straw, and so forth? There are as many construction procedures as there are smart ideas (for construction, bioclimatic design and economic strategies) for creating ecologically viable solutions.

And very quickly, one thing led to another, the needle was threaded, the hammer hit the chisel: two names emerged, almost indissociable in our minds. The first was the Thoronet Abbey, erected nearly 800 years ago, whose stones were quarried right at the site, and whose volumes and lines, a lesson in architecture, bring together, to stunning effect, austerity and beauty, the latter, voracious and insatiable, nourished by the former. “Light and shadow speak for this architecture of truth” as Le Corbusier said of Thoronet centuries later. Many other architects have drawn inspiration, and continue to draw inspiration from this Abbey.

The second name that emerged was that of the architect Fernand Pouillon. Early in the 1960s, a period in which the use of stone was being replaced in France by concrete, Fernand Pouillon, who would go on to center his architectural production on stone, wrote Les pierres sauvages, a novel in which he imagined, in the first person, the construction of Thoronet in the 12th century. His text, infused with poetry, magnificently highlights the edifice whose construction he describes, but it also rings true in its resonance with other stone edifices, both heritage structures and those that are resolutely modern.

So, through the admirable photos of Aldo Amoretti coupled with excerpts of Les Pierres sauvages, we invite you to behold a non-exhaustive panorama of stone construction in the Var. The first section, around La Rue des Arts and entitled “Foundation Stone,” takes the Thoronet Abbey as its key element. Then, moving from the Neolithic Age to the 21st century, the “Raw Material” section, installed at CAUE Var, surveys the history of this material in the region.

“Enter into stone, and let yourselves be as living stones” (F. Pouillon).

Véronique Hours and Fabien Mauduit, architects in Nice since 2016, founded the A.P.ARTs Collective, the objective of which is interdisciplinary creation between architecture, landscape and art.

The Collective’s philosophy is based on the fact that architecture is not an isolated practiced and that exchange between various disciplines enriches a project. The result is an approach drawing on the specific features of a project and the exchange this fosters. Each project is tailored to respond precisely to programmatic or contextual needs.

A.P.ARTs takes on projects of variable themes and scopes, and also engages in research concerning modern and contemporary architectural production.

VÉRONIQUE HOURS & FABIEN MAUDUIT COMMISSAIRES DE L’EXPOSITION

Lorsque le CAUE Var nous a invités à imaginer une exposition sur le thème des matériaux écologiques, nous avons tout d’abord été saisis, comme pétrifiés, par l’ampleur de la tâche.

En effet, comment appréhender la durabilité des matériaux ?

Faut-il les inventorier du moins au plus polluant ? Selon quels critères ? De production ? De transport ? Y aurait-il de bons et de mauvais matériaux …? La réalité est à l’évidence bien plus complexe.

Aussi, il nous a semblé salutaire de relocaliser le propos, en restant ancrés au département du Var. Quel matériau, emblématique du patrimoine varois, associe à la fois production locale, savoir-faire ancestral, durabilité, tout en restant résolument tourné vers l’avenir ? La pierre, bien sûr !

À l’heure où les bâtiments sont sommés de faire face aux enjeux climatiques, la pierre présente des avantages techniques notables : production locale, pérennité, réemploi possible, propriétés d’inertie thermique et d’hygrométrie, la positionnant juste derrière le bois, et loin devant le béton en terme de cycle de vie. Oui, la pierre reste décidément vivante !

Au-delà de la pierre, c’est la question de l’usage d’un matériau jugé marginal par les méthodes constructives industrielles qui se pose. Comment ne pas penser au pisé, à la terre crue, au béton de site, au béton de chanvre, à la paille… ? Autant de procédés constructifs que le bon sens (constructif, bioclimatique, économique) met en avant comme des solutions écologiquement viables.

Et très vite, de fil en aiguille, de marteau en burin, deux noms ont émergé, quasi indissociables dans nos esprits … En premier lieu, celui de l’Abbaye du Thoronet, érigée il y a presque 800 ans, dont les pierres furent extraites à même le site, et dont les volumes et les lignes, véritable leçon d’architecture, font cohabiter de manière éclatante austérité et beauté, la seconde se nourrissant, vorace et insatiable, de la première. « La lumière et l’ombre sont les haut-parleurs de cette architecture de vérité » dira, bien des siècles plus tard, Le Corbusier au sujet du Thoronet. Bien d’autres en seront, et en sont encore, inspirés.

En second lieu, celui de l’architecte Fernand Pouillon. Au tournant des années soixante, période durant laquelle l’usage de la pierre tend à disparaître en France au profit du béton, Fernand Pouillon, qui aura consacré l’essentiel de sa production architecturale à ce matériau, rédige Les pierres sauvages, roman dans lequel il imagine à la première personne la construction du Thoronet au XIIème siècle. Le texte, empreint de poésie, met non seulement magnifiquement en lumière l’édifice dont il relate la construction, mais il résonne également de manière très juste avec d’autres édifices en pierre, aussi bien patrimoniaux que résolument modernes.

C’est donc à travers les admirables clichés d’Aldo Amoretti accompagnés d’extraits des Pierres Sauvages que nous vous invitons à un panorama non exhaustif, en deux temps, des constructions en pierres dans le Var. La première section autour de la rue des Arts, intitulée «Première Pierre», prend comme assise l’Abbaye du Thoronet. Puis, traversant les âges du néolithique au XXIème siècle, la seconde section «Matière Première» installée au CAUE Var présente un aperçu de l’histoire de ce matériau dans le département.

« Entrez dans la pierre, et soyez vous-mêmes comme des pierres vivantes » (F. Pouillon)

Véronique Hours et Fabien Mauduit, architectes installés à Nice depuis 2016, ont fondé le collectif A.P.ARTs ayant pour objectifs de promouvoir la création interdisciplinaire entre l’architecture, le paysage et l’art.

La philosophie du collectif se base sur le fait que l’architecture n’est pas une pratique isolée et que l’échange entre plusieurs disciplines enrichit le projet. Leur démarche se nourrit donc des spécificités du projet et des rencontres qu’elle fait naître. Chaque projet est développé sur mesure pour répondre de manière précise aux besoins programmatiques ou contextuels.

A.P.ARTs réalise des projets aux thèmes et échelles variables, et développe également des sujets de recherche concernant la production architecturale moderne et contemporaine.

Entrez dans la pierre, et soyez vous-même comme des pierres vivantes [...]. p. 20

Sous les voûtes de l’église, fraîche en toutes saisons, lieu où les sons s’élèvent, se brisent, se multiplient dans une grave résonance, l’âme s’illuminera autant par les effusions de la prière que par l’envoûtement d’un paradis de pierres. p. 23

L’architecture d’un monastère ne se compose pas en assemblant des bâtiments, mais bien comme une sculpture, dans un bloc plein, massif. p. 23

L’architecture est mouvante. Notre marche engendre ainsi le mouvement des formes, notre tête articulée fait basculer les lignes, et notre regard perçoit la mobilité infinie des reliefs. p. 23

La plupart des pierres seront traitées rudement, grossièrement : nous gagnerons ainsi du temps. Le soleil accrochera les facettes, les éclats, et fera précieuse la matière scintillante. p. 39

Le temps, l’argent : soucis continus de tout bâtisseur. Pour l’édification de notre abbaye, le luxe inutile sera sévèrement apprécié. Heureusement pour nous la beauté reste l’enfant de la nécessité. p. 41

Tous les matins, nos visites aux carrières nous permettent d’imaginer comment seront nos murs et nos voûtes [...]. Avec anxiété nous approchons de ces pierres. C’est bien la première fois que je me trouve en présence d’un matériau semblable. Ces blocs durs, cassants, irréguliers, rongés de cavernes, conditionnent la matière des architectures. p. 42

Personne n’imagine encore que la rudesse, la difficulté de taille, l’irrégularité des pierres, seront le chant et l’accompagnement de notre abbaye. p. 42

Notre pierre est au calcaire de Fontvieille ce que le nougat aux amandes est au beurre ; cassante, incertaine, pleine de fils, de défauts : bancs douteux, brisés dans un instant de colère divine. p. 54

À l'intérieur les parements seront lisses, aussi réguliers que possible. Les blocs, posés en assises horizontales, réglés à l'aide des cales en bois de un dixième de pouce, seront abreuvés à la chaux bien mouillée, presque liquide, coulée à l'aide d'une écuelle dans les joints verticaux et horizontaux. p. 69

Nous avons décidé que la finesse du travail serait adaptée à la fonction des salles de l’abbaye, que les plus belles pierres seraient réservées pour l’intérieur de l’église. p. 70

Ce procédé [de pose à joint sec], rarement employé, était classique dans l’antiquité ; de nos jours il reste exceptionnel même pour des pierres fines. Il exige tant de soins ! p. 70

[...] faces parfaitement dressées sur les assises horizontales. Joints de l’épaisseur d’un trait, mise en place difficile qui oblige la retaille sur place des aspérités concordantes. p. 70

Si pour les intérieurs et l’église, les joints garnis, les surfaces lisses, ajoutent de la douceur dans la pénombre, en plein soleil les joints abreuvés, garnis et bourrés ôteraient tout raffinement à cette matière taillée en éclat, comme des pierres précieuses enchâssées. p. 71

Nos façades de monastères, pleines et droites, réclament ardemment la plus belle des peaux. p. 71

Maintenant, elle [la pierre] fait partie de moi-même de notre œuvre, elle est l’abbaye. Je la caresse dans mes songes, le soleil se couche sur elle, la retrouve le matin dans son réveil de pierre, lui donne ses couleurs, la pluie la fait briller en l’assombrissant. p. 81

De toutes mes recherches ce sera de la proportion de l'abside et des absidioles, du mur oriental du transept, des baies et oculi que je dirai : cette vision sera la plus émouvante de toutes les églises abbatiales. p. 139

Le plan est réglé par un tracé : l'origine est la source et celle-ci en est le résultat. Les échos du pavillon du lavabo se répercutent sur la composition. p. 160

L'hexagone, la construction des tracés, les axes et les diagonales, les modules et les arcatures sont le principe et la fin. Le cloître en est l'origine mère et aussi l'aboutissement. p. 160

les galeries sont atrium de lumière violente opposée à la sombre pénombre. Le mystère du soleil précède celui de l'eau. Les colonnes massives, les épais piliers, les oculi du symbole, filtrent et découpent la variété infinie des taches ensoleillées. p.161

Le chantier commence par le mur septentrional de l'église et le retour des absidioles au levant : là sont répartis les deux chèvres, les mâts, et tout le long, au plus près, la pierre. p. 170

Un pan de mur monte à plus de quinze pieds, mais quel travail ces pierres ! Vous n'aurez pas fini avant des années. Un convers très adroit, Tiburce, a commencé, au levant, une chapelle arrondie ; chaque pierre est retaillée sur place, ce sera long. p. 183

Les Halles Municipales

Bormes-les-Mimosas

Ollioules Le Pradet

Draguignan
Carcès
Fréjus
Collobrières
Saint-Raphaël
Le Thoronet
Taradeau
Saint-Maximin
Ginasservis
La Seyne-sur-Mer
Trigance

La liberté permanente, sans préjuger du choix des matériaux, amène le maître d'œuvre à étudier toutes les techniques [...]. La pierre l'obligera aux rigueurs des calculs statiques. p. 78

Fraîchement taillée la pierre est claire, chaude, ocre jaune, avec le temps elle deviendra grise et dorée. La lumière semble y déposer tour à tour les couleurs du prisme, gris composé, imprégné de soleil. p. 20

la beauté ne peut exister sans équilibre, la technique sans matière, et, pour finir, l’équilibre sans beauté. p. 111

DOMAINE GAOU BÉNAT | JEAN AUBERT & ANDRÉ LEFÈVRE-DEVAUX

Après la grotte providentielle, le trou creusé dans l'arbre, l'abri de peaux de bêtes où il a exhalé ses relents de fauve, il construisit les refuges artificiels. p. 164

Sur un chantier, toute économie augmente l’efficacité. p. 44

Au pays de mon enfance, sous ce climat qui aime l’architecture, la défend par des armes de lumière, la glorifie par des gammes colorées, la fait ruisseler de pierreries sous le ciel bas d’un orage qui fuit, par les derniers rayons d’occident. p. 41

Cette nécessité [de s’abriter] est devenue belle, parce que cet homme avait sous ses yeux la nature et son ciel, la lumière et ses couleurs, les montagnes et leurs formes, les pierres et leur matière. p. 110

Elle [la pierre] est pour moi comme un loup mâle, noble et courageux, aux flancs creux, couverts de blessures, de morsures et de coups. Elle sera toujours ainsi, même bien rangée sur ses assises horizontales, domestiquée dans les efforts des voûtes. p. 80

Nous devons bien avouer que le chantier se réserve toujours de nous étonner, en bien ou en mal. L’architecture garde une partie de son mystère, ne le découvre que par fragments et ne le livre que lorsque tous les volumes ont occupé leur place. p. 119

Les formes, les volumes, les poids, les résistances, les poussées, les flèches, l’équilibre, le mouvement, les lignes, les charges et les surcharges, l’humidité, la sécheresse, la chaleur et le froid, les sons, la lumière, l’ombre et la pénombre, les sens, la terre, l’eau et l’air, enfin tous les matériaux sont, tous et toutes, contenus dans la fonction souveraine, dans l’unique cerveau de l’homme ordinaire qui bâtit. Cet homme sera tout : argile et sable, pierre et bois ; fer et bronze. p. 109

Curieux de tout, du ruisselet à la source, des bonnes terres à la garrigue, de la forêt aux falaises, j’étudie le parcours du soleil, les vents dominants, et, en vorace, les ressources de la chasse, le passage des insectes : je choisis mon terrain. p. 74

AQUEDUC ROMAIN DE MONS · ARCS SÉNÉQUIER | Ier SIÈCLE

La structure est tout, la forme est tout, la matière est tout. p. 110

MÉGALITHE DU DOMAINE DE LA PIERRE DE LA FÉE | NÉOLITHIQUE

L’œuvre est rarement montagne ou horizon immobile, elle se transforme sans cesse par le déplacement du regard. p. 23

Marc Lauriol

Conseiller Départemental · Président du CAUE Var · Directeur général de l’ODEL

Manon Fortias

Conseillère Départementale ·Vice-présidente du CAUE Var

Wilfrid Jaubert

Directeur Général du CAUE Var

remercient pour leur soutien, leur accompagnement, leur engagement :

Hubert Falco

Maire de Toulon · Président de la Métrople Toulon Provence Méditerranée · Ancien Ministre

Marc Giraud

Président du Conseil Départemental du Var

Hélène Audibert

Adjointe au Maire de Toulon

Audrey Pasquali-Cerny

Présidente Var Aménagement Développement, et le directeur, les collaboratrices & collaborateurs

Michaël Sebban & La Banque des territoires

SCI Equerre Semard développement, et les collaboratrices & collaborateurs

Les Carrières Proroch

Gary Gouri, Responsable de projets chez Carrières Proroch, et les collaboratrices & collaborateurs

Aldo Amoretti

Photographe

Véronique Hours & Fabien Mauduit

Architectes · Commissaires de l’exposition

L’équipe du CAUE Var

Alexandra, Christiane, Clémence, Cloé, Emmanuelle, Eric, Jocelyne, Julie, Maxime, Mireille, Pierre, Jérémie

La Préfecture du Département du Var · Le Ministère de la Culture · DRAC PACA · L’Inspection Académique du Var ·

La Fédération Nationale des CAUE · La Fédération Française du Paysage · Le Syndicat des Architectes du Var · Le PNR de la Sainte Baume · Le PNR du Verdon · Réseau Mistral · ESAD TPM · L’Abbaye du Thoronet · Le CNR du Pradet · BET EPR · Châteauvallon - Liberté Scène Nationale · Le Service des fêtes et cérémonies de la Ville de Toulon · Les Librairies Charlemagne · Manugraph Communication · Carrière de Bormes-lesMimosas · Carrière Cidale · Carrière de la Péjade · Carrières de Provence · Carrière de la Roche d’Espeil · Carrière St. Gens · Carrière de Sarragan · Carrière Serre Frères · Carrière de la Sine · Philippe Béboux · Stephanie Bender · Julien Berneron · Patrick Bouchain · Boris Bouchet · Grégoire Chailleux · Amélie Chamberland · Nicola Delon · Laure Dezeuze · Catherine Fleury · Eugénie Grandval · Estelle Hondier · Laurence Kimmel · Carina Kurta · Irène Lozano · Rafaël Magrou · Alain Masson · Yves Nacher · Jean Puget · Béatrice Rossi · Ève Roy · Catherine Sayen · Studio 1984 · Carl Fredrik Svenstedt · Léa-Catherine Szacka · Manuel Tardits · L’ensemble des propriétaires, maîtres d’œuvre et acteurs ayant participé à la réalisation de cette exposition.

Avec ENTREZ DANS LA PIERRE..., le CAUE Var participe à la vie culturelle du centre-ville de Toulon, de la politique culturelle à l’échelle de la Métropole TPM et du Département du Var.

Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement

Qui peut consulter le CAUE Var ?

Habitants, collectivités, enseignants, professionnels, acteurs de l’aménagement du cadre de vie qui recherchent une information, une aide dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement.

Pourquoi consulter le CAUE Var ?

Soucieux de la qualité de votre cadre de vie et de sa compréhension, vous recherchez le conseil d’un professionnel compétent et indépendant pour valoriser votre projet.

Quand consulter le CAUE Var ?

Le plus en amont possible de votre projet de construction, réhabilitation, aménagement, transmission culturelle et pédagogique.

Où trouver le CAUE Var ?

26 place Vincent Raspail 83000 Toulon contact@cauevar.fr 04 94 22 65 75 www.cauevar.fr

«L’architecture est une expression de la culture.»

loi N°77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture

L’équipe du CAUE VAR

Dans le Var la pierre nous accompagne depuis toujours. De l‘habitat troglodyte aux cathédrales gothiques, de l’épierrage des champs à l’aménagement des sols de nos villes, notre contact avec la pierre rappelle l’acte primitif de s’abriter, de cultiver, de bâtir, d’aménager.

Mettre la pierre en lumière au sein de notre Département raconte diverses manières « d’être au monde ».

Cet élément constitue le socle de nos paysages et les fondations de notre histoire commune. À travers les territoires varois, la pierre revêt une multitude de formes, de couleurs et d’aspérités. Le maquis sombre s’appose sur le granit roux et la garrigue lumineuse habille le calcaire éclatant. Du niveau de la mer jusqu’aux premiers massifs alpins, la roche est partout chez elle dans le Var.

Dès son extraction, elle devient matière à construire. Elle est le mur, premier élément de séparation et de protection face à l’extérieur, la limite entre l’univers de l’intime et l’ailleurs. Elle ouvre une porte, crée un passage, un seuil, une entrée vers un espace intérieur, un regard sur le monde. Par son accumulation, elle élève les hommes et leurs âmes vers le ciel, dialoguant avec les paysages environnants. Quand elle n’est pas abri, elle franchit les vallées, relie les sommets et retient les terres cultivables à flanc de colline.

Rare de nos jours, sa mise en œuvre se limite souvent au parement ou à la décoration. Au fil du temps, la pierre est devenue un simple témoin de l’immobilité, un symbole du passé. Pourtant, elle est porteuse d’inventivité et de créativité des architectes, paysagistes, artistes ou artisans ; son inertie thermique crée des climats de qualité, aux consommations énergétiques économes ; sa mise en œuvre et son entretien sont frugaux ; elle résiste mieux au temps et aux intempéries que la plupart des autres matériaux de construction. Cette ressource omniprésente de nos territoires répond aux enjeux écologiques de notre temps, et mérite d’être valorisée comme matériau d’avenir.

En entrant dans la pierre, le CAUE Var interroge le regard porté sur la matérialité de notre cadre de vie, faite de matériaux inertes ou vivants, locaux ou importés, durables ou éphémères.

L’exposition Entrez dans la pierre... s’inscrit dans les questionnements que nous animons avec tous nos publics : les manières d’habiter et d’être des acteurs, toutes et tous, de la transformation heureuse de nos paysages varois.

In the Var region, stone has always been with us. From cave dwellings to Gothic cathedrals, from stone removal to developing the ground surfaces of our cities, our contact with stone translates the primitive acts of seeking shelter, cultivating, building and developing.

Highlighting stone within our region tells the story of diverse ways of “being in the world.”

This element constitutes the basis of our landscapes and the foundations of our common history. Across the various areas of the Var, stone takes on a multitude of shapes, colors and textures. Dark bushland stands out against russet granite, while luminous Mediterranean scrub outfits blazing limestone. From the sea to the Alpine foothills, stone is at home in every corner of the Var.

As soon as it is quarried, stone becomes a building material. It becomes our walls, the first elements that separate and protect us from the outside, that form the boundaries between the private realm and everything else. Stone opens a door, creates a passage, a threshold, an entrance into interior space, a way of looking at the world. Its accumulation raises ourselves and our souls into the sky, in a dialog with the surrounding landscapes. When it is not a shelter, it reaches across valleys, connects summits and anchors cultivable lands to hillsides.

Rare these days, its use is often limited to façades and decorative elements. Over time, stone has become a simple witness to immobility, a symbol of the past. And yet, it responds to the inventiveness and creativity of architects, landscapers, artists and artisans. Its thermal inertia creates livable climates and offers energy efficiency; its implementation and maintenance are frugal. Against all sorts of weather conditions, it holds up better than most other building materials. This omnipresent resource in our region meets the ecological challenges of our times and deserves to be used as a material of the future.

By entering into stone, CAUE Var delves into the materiality of our living spaces, made up of inert or living materials that are local or imported, sustainable or ephemeral. The exhibit Entering into Stone... is part of the explorations we facilitate with all our audiences, such as how each one of us can live and be actors in the positive transformation of our Var landscapes.

ENTREZ DANS LA PIERRE...

UN RÉCIT D’ARCHITECTURES VAROISES DU 15 SEPTEMBRE 2022 AU 4 FÉVRIER 2023 · RUE DES ARTS · CAUE VAR · TOULON MATIÈRE PREMIÈRE

CONSEIL D’ARCHITECTURE D’URBANISME ET D’ENVIRONNEMENT DU VAR

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