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Heri Man. Henry: RDC: Félix Tshisekedi pour la création d’un fonds de garantie pour financer les jeunes. A quoi s’attendre ?

RDC :

encourage la création d’un fonds de garantie pour les jeunes, explications. Félix Tshisekedi

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Le taux des jeunes chômeurs, en République Démocratique du Congo essentiellement composé des universitaires, augmente chaque année avec chaque graduation.

Ils sont nombreux, ceux qui ont des diplômes de différentes facultés telles que médecine, sciences économiques, santé publique, droits, sciences sociales, politiques et administratives, sciences agronomiques, polytechnique, sciences mathématiques, etc. Pourtant tous ces secteurs ont du mal à se développer ou à se mettre au service du bien être de la population congolaise. Ce pays panafricaniste de Lumumba est l’un des pays jeunes en terme de démographie et ayant beaucoup de jeunes universitaires cependant il est le dernier en terme de développement économique. Faudrait-il changer de système politique, celui parlementaire ayant fait ses preuves ?

De nouvelles initiatives, voire promesses, sont faites, telle au mois de juillet 2019, le Chef de l’Etat congolais a exposé sa vision sur «l’entrepreneuriat pour une Afrique rayonnante et prospère qui offrira des opportunités d’emplois aux jeunes» (congolais en particulier), dans l’esprit d’entreprise. C’est à Lagos, au Nigeria, lors de la 5ème édition du Forum sur l’entreprenariat en Afrique, qu’il a exprimé la volonté de créer un fonds de garantie pour financer les jeunes porteurs des projets susceptibles de créer des emplois dans son pays. Monsieur Felix Tshisekedi a attiré la sympathie des jeunes en général même de ceux politisés affichés comme étant opposants à sa politique. Il a reçu le soutien tous azimuts de ceux pour qui rendre le Congo un pays où il fait bon vivre est un devoir. Nombreux sont ceux qui sont au chômage, estimés à 80% de la population congolaise, diplômés n’ayant jamais travaillés et toute autre personne ayant perdu l’emploi pour x et y raisons. Quid de la réalisation du projet d’un fond de garantie que rien ne permet de croire en sa praticabilité dans un pays où le chômage touche le plafond ? Chaque année, nous constatons dans le quotidien que les jeunes universitaires sont déployés sur le marché, mais la création d’emplois reste très faible. Un fond de garantie pour financer les jeunes ferat-il un miracle ou c’est de la peinture sur un bâtiment fissuré ?

En attente de l’effectivité de cette promesse dans la réalité des idées entrepreneuriales des jeunes, «Congo positif », un parti politique du regroupement « Front commun pour le Congo (FCC)», avait salué l’initiative du Président congolais, tout en soulignant que la création d’un fond de garantie est un pas de géant vers la résolution de l’une des difficultés majeures que rencontrent les jeunes congolais; il a encouragé les jeunes de son regroupement à s’associer afin de se lancer dans l’entrepreneuriat. Car pour se lancer dans le business, les jeunes se heurtent aux obstacles liés à l’accès aux capitaux devenant un frein à la matérialisation de leurs idées de créer des entreprises génératrices de richesses et d’emplois. Cependant, la formation politique FCC semble s’opposer à l’idée de donner les fonds aux banques, estimant que ces « garde-monnaies » font toujours montre de l’incapacité de faire le suivi de l’exécution des projets financés. Elle propose plutôt, la création d’une société nationale pouvant garantir ces fonds, soutenant que cette société nationale créera d’autres emplois pour les jeunes dans toutes les provinces où leurs directions se verront implanter. Une structure budgétivore de plus pour la république !

En août 2019, plusieurs mouvements des jeunes se sont fait entendre dans la capitale congolaise à ce sujet. C’est le cas notamment du « Mouvement des jeunes sans emploi » qui sensibilise la population sur le respect et l’application de l’article 12 et 58 de la Constitution réclamant l’égalité et la jouissance des richesses nationales. Tout gouvernant devrait avoir en tête de sa liste comme soucis que le travail est un droit pour la force vive de sa population et que c’est un de ses devoirs sacrés d’en fournir à chaque congolais.

Pour ce mouvement, le chômage touchant plus les jeunes est devenu endémique en RDC. Une situation qui débouche sur des conséquences multiples au plan social, entre autres, la naissance du phénomène « Kuluna » (des jeunes qui se transforment en bandits avec armes blanches, et ensuite sèment troubles et désolations en milieu urbain), des érosions familiales, la non-scolarisation des enfants et l’augmentation des grossesses non désirées chez les jeunes filles, ainsi que l’augmentation du taux des marchés pirates, de mendicité, de criminalité, de vol et tant d’autres méfaits sociaux. Dans le même ordre d’idées, les représentants de la jeunesse parlementaire, à la suite de son analyse de la situation de la jeunesse sur le marché de l’emploi en RDC s’est constitué partie prenante de la délégation des jeunes avec les représentants des mouvements citoyens et du Conseil national de la jeunesse pour présenter les desiderata de la jeunesse congolaise au premier ministre. Ils ne se sont pas fait prier pour exposer leur vision du développement du pays. Cependant, monsieur Ilunga Ilunkamba, ayant été attentif leur a réservé la réponse suivante : « Il faut que les mouvements citoyens puissent participer dans la création des richesses, car la lutte doit être menée non contre les individus mais pour le développement de ce pays, en vue de l’éradication de la pauvreté et autres vices qui gangrènent notre société. » Faudra-t-il s’en tenir à ce discours pour espérer la création de ce fonds de garantie ou c’est une vision du chef de l’État qui n’entre pas dans la gestion de l’exécutif dans ses attributions et priorités ?

Et si le chômage des jeunes était un business pour les politiques ?

caractérise le législateur une fois élu et le ministre une fois nommé. Les rhétoriques développées et défendues lors de la campagne électorale comme lors des consultations pour nomination n’ont plus de sens. La construction comme la reconstruction ou l’assainissement de voies de communication attendra un autre démagogue que les mêmes jeunes devront entendre sur les mêmes maux d’ici cinq voire dix ans. Comptant sur un avenir meilleur, les jeunes contribuent largement à la réussite des politiques portant leurs espoirs. Ils ont toujours été à leurs côtés et certains gardent encore des vives cicatrices après les affrontements pré et post électoraux dans l’indifférence de ces politiciens qui une fois assermentés s’installent dans les bureaux tandis que les jeunes retournent dans leur vie quotidienne, « le chômage », aucun espoir pour l’avenir. Il revient à chaque jeune de s’interroger sur le mandat qu’il donne au politique, à qui, pour qui et pourquoi?

Dans la perspective où la jeunesse congolaise compte sur le fonds de garantie comme un air frais permettant à certains et de sortir du chômage et de contribuer à la vie économique du pays, la création de ce fonds soulève nombre de questions sur son effectivité. Les jeunes fondant ses espoirs sur ce fonds de garantie se demandent toute fois si le chef de l’état aurait compris que les jeunes étaient oubliés ou négligées quant à leur contribution à la gestion de la res publica? Sans se voiler les yeux de la conscience, l’Etat seraitt-il en difficulté pour créer lui-même des emplois pour les jeunes ? Loin de croire que c’est une innovation, les jeunes se demandent pourquoi une amélioration ne peut pas être apportée à ce qui existe, étant donner que certains jeunes réussissent à échapper au chômage avec l’aide des effets néo-patrimoniaux tels que la corruption, le tribalisme, le copinage qui colle tout citoyen ayant un imperium quelconque.

Certes, le projet de développement du pays du chef de l’état met à contribution les jeunes au travers ce fonds de garantie, nous attendons évaluer la situation d’ici trois ans en constituant le profil des premiers jeunes bénéficiaires de ce fonds. Défis d’investissement pour les jeunes entrepreneurs congolais

Il est à considérer qu’il est indispensable pour la RDC de séduire les jeunes entrepreneurs en vue d’accroître et de diversifier son économie. En effet, « Si les sources d’investissement des autres pays provenaient de plus en plus, des sociétés implantées à l’étranger et des multinationales, il faudrait se questionner sur la production régulière des entreprises congolaises pour se faire l’idée sur l’entrepreneuriat des jeunes en RDC». Ouvrir les pays à plus d’investisseurs étrangers est une nécessité incontournable en cette ère de la mondialisation tout en envisageant d’imposer des limites et d’examiner la politique d’investissement soutenant l’économie locale comme clé de reconstruction du pays non négligeable. Toutefois, les exigences de l’implantation d’une entreprise étrangère en RDC peu importe le domaine d’activités devrait être connu afin de l’évaluation par la population de leur effectivité sur le sol congolais et de leur participation au social du lieu dans lequel elles sont implantées. La concurrence qu’elles occasionnent face aux entreprises nationales permet la performance et l’émulation des entreprises locales. Dès lors que cette concurrence des entreprises étrangères sur les entreprises nationales est considérée comme une source de pauvreté pour l’économie congolaise, contribuant à l’éclosion de la corruption, à la fuite des capitaux vers l’étranger, à la création d’emplois à faible revenus, à la création d’emplois précaires, ces entreprises étrangères ne devraient pas être soumises à des règles différentes et de complaisance en sol congolais en plein essor de la mondialisation du capitalisme. En RDC où l’économie est faible et l’industrie presque inexistante, il est urgent de redéfinir les règles d’exercice des entreprises étrangères en vue de susciter l’accroissement des activités commerciales locales. Si non, le chômage aura du mal à disparaitre dans le pays et la création d’un fonds de garantie pour financer les jeunes une promesse de plus qui dénote de l’indifférence du politicien face au manque d’infrastructures et à la paupérisation continue de la population.

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