Le télétravail a de l'avenir

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JEUDI 19 MAI 2011 LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE

Vie d'entreprise

Loiret

VIE DE BUREAU ■ 31 % des salariés parents aimeraient travailler chez eux

■ EN BREF FONDS PUBLICS ■ Le contrat de projets Etat­Région révisé

Le préfet de la région Centre et le président du conseil régional du Centre ont signé la version révisée du con­ trat de projets Etat­Région 2007­2013. Il détermine les priorités d’intervention des 303 millions d’euros restant à programmer d’ici 2013. Cet exercice de révision a permis d’actualiser la liste des opérations qui seront mises en œuvre, en prévoyant, à titre d’exemple, la rénovation et extension du musée Gi­ rodet à Montargis. Il a également été mis à profit pour ajuster à la marge le grand projet agricole et surtout procéder au redéploie­ ment sur le volet territorial de 3 millions d’euros pour la création de nouvelles maisons de santé pluridisciplinai­ res ­ le Centre étant l’une des toutes dernières régions françaises en terme de démographie médicale ­ et de 7,5 millions d’euros pour amorcer la couverture en in­ frastructures de communication très haut débit. Le contrat de projets révisé prend en compte les évolu­ tions et confirme les contributions budgétaires initiales, soit un total d’un peu plus de 745 millions d’euros. Les ajustements opérés doivent permettre de program­ mer d’ici 2013 les 303 millions d’euros restant au bénéfi­ ce de l’innovation, de la compétitivité et de l’attractivité de la région Centre. ■

CONJONCTURE ■ Net recul en France pour la création d’entreprises en avril

Le nombre de créations d’entreprises hors auto­entre­ preneurs a chuté de 22,8 % en avril en comparaison du mois précédent à 18.456 unités et de 18,3 % à 42.984 en prenant en compte les demandes de créations sous le statut d’auto­entrepreneur, d’après les données commu­ niquées par l’Insee. Sur les trois derniers mois, le nom­ bre de créations d’entreprises est également en repli de 18,7 % en comparaison de la même période de l’année 2010. Sur les 12 derniers mois, les créations ont reculé de 7,7 %. Sur les quatre premiers mois de l’année 2011, les auto­entreprises représentent toujours un peu plus de la moitié des créations, précise encore l’institut national de la statistique. ■

VOTRE ARGENT DÉCLARATION D’IMPÔT

Enfant majeur : rattachement ou déduction d’une pension ? Au moment d’établir votre déclaration d’impôt sur le revenu, un choix s’impose entre le rattachement d’un enfant ou la déduction d’une pension alimentaire. Les deux solutions ne sont pas cumulables.

En acceptant la demande de rattachement de votre enfant majeur, vous pour­ rez bénéficier : ­ d’une majoration de votre quotient familial (demi­part supplémentai­ re) ; ­ de l’abattement pour enfant à charge en matière de taxe d’habitation. Mais attention, en con­ trepartie du rattachement, vous devez déclarer les re­ venus de votre enfant sur votre déclaration d’impôt sur le revenu. Si au contraire vous op­ tez pour la déduction d’une pension alimentaire, vous pouvez sous certai­ nes conditions déduire de votre revenu global la pen­ sion alimentaire qui lui est versée. Cette déduction est auto­ risée lorsque votre enfant :

en partenariat avec l'

­ n’est pas compté à char­ ge ; ­ est dans un état de be­ soin. Cet état de besoin est apprécié au cas par cas. Généralement, il est reconnu lorsque les en­ fants poursuivent des étu­ des, sont au chômage ou à la recherche d’un premier emploi, etc. La déduction des som­ mes versées, sous réserve de pouvoir les justifier, est limitée à 5.698 € par an. Toutefois, l’administration admet également la dé­ duction des dépenses de nourriture et de logement lorsque vous vous acquit­ tez de votre obligation ali­ mentaire en recueillant durant toute l’année civile sous votre toit votre en­ fant majeur. Cette déduc­ tion, est admise dans la li­ mite de 3.359 € et vous n’avez pas à produire de justifications du montant des dépenses. ■

è Attention ! Le montant de la pension alimentaire versée par les parents devra être déclaré par l’enfant bénéficiaire.

Le télétravail a de l’avenir 22 % des entreprises autoriseraient 7 % des salariés français à oeuvrer de chez eux. C’est le cas, dans le Loiret, d’Alcatel et de France Télécom Orange. Carole Tribout

S

ctribout@larep.com

i 7 % des salariés français ont la possi­ bilité de travailler chez eux plutôt qu’au bu­ reau, le pourcentage sem­ ble moindre dans le Loi­ ret. Georges Tron, secrétaire d’État à la Fonction publi­ que, en déplacement sur ce thème lundi dernier, a effectivement fort à faire pour promouvoir cette pratique dans l’adminis­ tration, encore plus en re­ tard que le privé. Les ser­ vices départementaux ne semblent, effectivement, pas dépasser les 1 % de fonctionnaires exerçant à domicile : ni la préfecture régionale, ni la ville d’Or­ léans, par exemple, n’en sont promoteurs.

Un bon outil selon les salariés-parents

Dans le privé, des Orléa­ nais employés sur Paris le pratiqueraient fréquem­ ment. Mais ce n’est pas e n c o re e n t r é d a n s l e s mœurs de la plupart des entreprises départementa­ les. D’autant que cela ne concerne que le tertiaire. La proposition peut ce­ pendant être faite, à l’oc­ casion, à une femme en­ ceinte, ou à un salar ié

« BULLE ». Chez lui, Philippe Thuillier a aménagé une pièce pour en faire son bureau. immobilisé… C’est pourtant notre fu­ tur, comme le souligne une étude, sortie en no­ vembre 2009 par le Centre d’analyse stratégique. 40 à 50 % des emplois pour­ raient être concernés d’ici

■ Avantages et inconvénients Le télétravail ne présente pas que des avantages. S’il permet de mieux concilier vie personnelle et professionnelle, s’il limite les déplacements, les frais et la pollution, s’il favorise l’emploi de personnes exclues, s’il apporte de la souplesse et de la confiance dans le management, il peut aussi se traduire par une disponibilité généralisée (notamment quand la hiérarchie se trouve sur un autre continent), un sentiment d’isolement, des horaires extensibles… Le maximum de productivité, souligne le Centre d’analyse stratégique, est atteinte quand un minimum de 20 à 30 % des salariés télétravaillent un ou deux jours par semaine.

« Chez moi, je suis concentré à 100 % », témoigne Philippe

Philippe Thuillier est l’un des trente-sept salariés d’Alcatel-Lucent, à Ormes, qui télétravaillent.

Philippe Thuillier est chef de projet logistique chez Alcatel­Lucent à Or­ mes. Ce qui consiste sur­ tout à mener des rendez­ vous téléphoniques avec ses collègues ou ses four­ nisseurs à l’étranger. Une activité qu’il peut donc aisément mener de chez lui, à Germigny­les­ Prés, à 40 kilomètres de distance. « Cela permet des économies de carbu­ rant ! » Alcatel l’a équipé, com­ me tous les volontaires, d’un PC portable et d’un casque téléphonique. Il avait l’ADSL pour naviguer sur Internet, « même si parfois il y a des problè­ mes de connexion : dans ces cas­là, je vais à Or­ mes. » Il a choisi de rester chez lui le lundi et le vendredi. Le vendredi soir, il peut ainsi emmener son fils de 15 ans à son entraînement de natation. « En partant

à dix ans. Et ce, grâce au développement des tech­ nologies de la communi­ cation. Mais aussi au gré de la mondialisation et de l’éloignement des centres décisionnels. Même si, selon l’Insee, le

d’Ormes, je n’étais jamais sûr d’être à l’heure. » Pour autant, Philippe Thuillier prend bien soin de ne pas mêler vie privée et vie professionnelle : « Je conseille d’aménager un espace dédié. Sinon, on se ret ro u ve à t ravailler à n’importe quelle heure. »

Ce n’est pas le travail devant la télé !

Philippe est devant son portable dès 6 h 35 du ma­ tin. « Je prends mon petit­ déjeuner plus tard, en fa­ mille. » Il ne s’arrête que lorsque son épouse rentre déjeuner. Puis c’est reparti jusqu’à ce que son fils re­ vienne du collège. « Je travaille de façon plus efficace. Je ne suis pas dérangé, il n’y a pas de bruit. Même si je passe plus d’heures devant mon écran, je suis moins fati­ gué. » Depuis janvier 2008, il ne s’est autor isé que deux rendez­vous médicaux. Si­ non, c’est boulot boulot. « Le télétravail, ce n’est pas le travail devant la télé ! »

phénomène monte, avec 22 % d’entreprises ayant pratiqué le télétravail en janvier 2008, la France fait partie des pays les plus à la traîne : les Américains, Australiens, Néerlandais, Danois ou Finlandais comptent trois fois plus d’employés concernés. Pourtant, selon un son­ dage, publié par l’Obser­ vatoire de la parentalité en entreprise le 13 mai der­ nier, 31 % des salar iés ayant un enfant à domici­ le citent le télétravail com­ me un bon outil de conci­ liation entre vie professionnelle et vie fa­ miliale, une « préoccupa­ tion essentielle » pour 97 % d’entre eux. ■

è DEUX ENTREPRISES SIGNATAIRES ALCATEL-LUCENT ■ Éric Petit, délégué syndical CFDT chez Alcatel à Ormes dit la méfiance que le syndicat avait d’abord exprimée pour un fonctionnement qui éloigne le salarié du collectif. Un minimum de trois jours hebdomadaires sur le site a été imposé. Le matériel est fourni. L’entreprise participe à l’abonnement Internet. Sur les 45 volontaires ormois (sur 380 salariés), la direction a donné son accord à 37. Le télétravail fait plus d’émules sur les sites franciliens où les bureaux sont ouverts et communs, sans place attitrée : « Chez eux, les gens sont plus tranquilles et gagnent jusqu’à quatre heures de trajet. » FRANCE TÉLÉCOM ■ Selon Yves Scaviner, directeur régional de France Télécom Orange, environ 1 % des 2.800 agents régionaux télétravaillent suite à l’accord national signé en juin 2009. Une vingtaine de salariés pas plus, même si ce chiffre peut augmenter, en raison de l’exigence de proximité avec le client. « Ce n’est possible que pour des postes d’expertise, de soutien. Ils doivent passer au minimum deux jours par semaine en entreprise. Ils peuvent travailler chez eux (nous fournissons le matériel et la connexion), ou dans un local proche de chez eux. Cela nécessite une certaine discipline car il faut créer sa bulle pour travailler dans de bonnes conditions. Des formations sont possibles, et si cela ne va pas, le salarié peut toujours faire marche arrière ! »


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