Un jour Un territoire - Bienvenue en Loire-Atlantique créative. Edition 2015

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Un jour un territoire Bienvenue en Loire-Atlantique crĂŠative


Le sommaire

p. 4 à 33 Retour sur une­ année de ­conférences

p. 34 à 45 Vision d'avenir 2035

p. 46 à 56 Prospective Passerelle Citoyenneté p.57 à 67 Prospective Passerelle Associations et ­pouvoirs publics p. 68 à 79 Prospective Passerelle Logement p. 80-81 L'envers du décor

p. 82 à 85 Le coin des jeux


L'édito

La révolution numérique : humanisme repensé ou nouvelle barbarie ? Par Patrick Mareschal - Président du conseil de développement de Loire-Atlantique Le citoyen à l’heure du numérique a été en 2014-2015, le thème central de nos réflexions collectives au sein du conseil de développement. Sept experts de premier rang, par leurs expériences et leurs écrits, sont venus nous aider dans cette réflexion, avec des approches complémentaires, originales, parfois dérangeantes, toujours stimulantes : En quoi le numérique peut-il modifier l’engagement citoyen ? Avec internet, la vie privée a-t-elle encore un sens, et si oui, comment la protéger ? Et peut-on se " désintoxiquer " de l’envahissement de nos vies par les réseaux sociaux ? Le développement des robots et des objets connectés va-t-il programmer nos vies ? Comment apprendre à s’approprier les technologies numériques pour " faire ensemble " ? Sur notre territoire, est-ce que le numérique va isoler ou rassembler et quel est le rôle des élus et des autres décideurs face à " l'uberisation " de la société et aux pratiques collaboratives ? Nos élites sont-elles bien préparées à comprendre les paradigmes de l’économie numérique et à résister à ses nouveaux barbares ? L’invention de l’imprimerie au 15e siècle n’aurait pu être qu’un outil (plus commode que le manuscrit) aux seules mains d’un petit nombre de clercs et de lettrés ; il en a été autrement grâce au développement de l’alphabétisation et de la scolarisation du plus grand nombre. Mais il aura fallu des siècles et la tâche est loin d’être achevée dans le monde. L’ère du numérique pose, en accéléré, un enjeu de même nature. Pour nos conférenciers et dans nos échanges, les mots de formation, d’appropriation, de vigilance et de maitrise sont revenus sans cesse. C’est à chacun d’entre nous, ici et maintenant, d’apprendre à apprivoiser et à dominer cette formidable révolution numérique au service des valeurs humanistes et démocratiques.

À l'aube d'une nouvelle civilisation Par Emmanuelle Gélébart Souilah - Directrice du conseil de développement de Loire-Atlantique

Cette année 2014-2015 nous aura permis de tirer au clair un enseignement : nous sommes à l’aube d’une nouvelle civilisation, celle du numérique. Comme nous avons pu le voir, les gouvernements au niveau mondial oscillent entre stratégies de blocage, d'adaptation ou encore d’innovation face à ce tsunami numérique. Alors que la période que nous vivons est charnière, de plus en plus d’individus se lèvent pour dire : non, il n’y aura pas de retour possible. Alors, autant essayer d’en tirer le meilleur ! Au CDLA c’est le parti que nous avons décidé de prendre. Confiance et prise de risque nous ont amenés à vous inviter à prendre toujours plus la main : des choix des sujets des groupes de réflexion prospective Passerelle, aux formats de restitution jusqu’à la production des contenus. Nous avons la chance de vivre une période historique, riche et extrêmement stimulante. Certes, cette vitesse fulgurante de changement laisse un certain nombre d’entre nous perplexe, voire pantois. Pourtant ce numérique redistribue du pouvoir à l'échelle humaine ! Longue vie à la démocratie de ­proximité !

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Les conférences : le citoyen à l'heure du numérique


Tendances

n° 36

★ Alexandre Jardin ★ Bleu Blanc Zèbre : aux actes citoyens ! SEPTEMBRE 2014

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BIO

Homme de livres et réalisateur de films, Alexandre Jardin est aussi homme de convictions et joyeux acteur du changement. Depuis quelques mois, il revient sur le devant de la scène démocratique avec la plateforme bleublanczebre.fr. Dans un rôle de catalyseur, il définit cette nouvelle initiative comme un " gouvernement civil qui soigne l’ensemble des difficultés de notre pays ". Les nombreu­ ses initiatives mises en œuvre par les " zèbres ", ces " citoyens actifs qui réenchantent leur pays ", y sont rendues visibles. Il s'agit d'une nouvelle expérimentation pour cet auteur de best-sellers qui s’est toujours attaché à ne pas laisser ses mots sans voix.

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Les Français ont la réputation d’être de grands râleurs, parfois à juste titre, mais que font-ils pour faire bouger les lignes ? Avec Bleu Blanc Zèbre, plus d’excuses ! Grâce à cette plateforme numérique, tout un chacun est désormais capable d’agir, de faire du politique sans la politique, comme le dit Alexandre Jardin, célèbre auteur mais aussi fondateur de ce mouvement zébré. BBZ permet de rassembler les " faiseux " de tous bords, ceux qui sont déterminés à passer à l’acte et à aider à la transformation du pays. Avec Alexandre Jardin en porte-parole de luxe, les Zèbres et Zèbrillons s’apprêtent à ruer dans les brancards. Préparez-vous !

LES ZÈBRES, QUI SONT-ILS ?

Selon Alexandre Jardin, toute personne prête à faire bouger les lignes rapidement est candidat à la zébrure, il suffit de remplir trois conditions : passer à l’action, être joyeux et accepter la différence de l’autre. Passer à l’action est l’élément déclencheur. Un zèbre, par la finalité de son action qui propose une solution d’intérêt gé-

néral, transforme notre pays avec une solution concrète qui fonctionne. La gaieté est également essentielle, les grincheux ne sont pas les bienvenus chez les zèbres ! Enfin, la tolérance est primordiale pour pouvoir intégrer la joyeuse tribu d’Alexandre Jardin.


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D'INFOS

B http://bleublanczebre.fr/ B @Alexandrejardin B Facebook : bleublanczebre et bleublanczebre44

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Alexandre Jardin est une célébrité, nous le savions, mais la vitesse à laquelle les 250 places de ce piquenique citoyen se sont envolées a ­ montré à quel point l’auteur et son mouvement suscitent de l’intérêt. Sur internet, plus de 5 000 internautes ont suivi en direct l’intervention de l’écrivain-citoyen et " l’effet J­ardin " ne s’est pas arrêté là puisqu’ils étaient plus d’une vingtaine, candidats à la zébrure, zèbres confirmés ou volontaires, tous acteurs du changement pour ancrer le collectif BBZ en LoireAtlantique, deux semaines seulement après la conférence d’Alexandre ­Jardin.

BBZ offre un espace de collaboration inédit entre des gens de cultures politiques différentes, aux savoir-faire extrêmement variés. Entreprises, associations, agents de service public, simples citoyens ou élus, les zèbres sont des faiseux de tous poils. Les uns proposent des solutions, les autres relaient et facilitent l’implantation dans leurs territoires.

“ Quelque chose doit avoir lieu, il faut que quelque chose ait lieu, on n'a pas trop le choix, sinon on va dire quoi à nos enfants ? " DANS L’URGENCE

Alexandre Jardin part du principe que la France est malade, et qu’il faut la soigner. Les citoyens ont perdu confiance dans les systèmes actuels et leurs représentants. Le cadre d’action utilisé actuellement étant " périmé ", les zèbres proposent d’en sortir, d’essayer de

nouvelles façons de faire. Et c’est avec une ambition non dissimulée que les zèbres se lancent à la conquête des territoires. Ils se sont donné vingt-quatre mois, deux ans pour faire des zèbres un mouvement national en mesure de faire repartir le pays, à partir de la base.

DES ZÈBRES EN LOIRE-ATLANTIQUE

Un orchestre symphonique pour enfants en difficulté, un " café des pères " pour papas isolés, une plateforme pour trouver de bons professionnels de l’immobilier ou une boulangerie solidaire, quels liens ? Aucun, à première vue,

ET

DEMAIN ?

En Loire-Atlantique, le mouvement s’organise, se consolide. Il appartient aux zèbres de ne pas tomber dans les tra­vers classiques des organisations qui, en se structurant, perdent de l’agilité. D’autre part, au-delà de la question du relais politique, la question du modèle économique de ces initiatives locales est également posée. 5


★ La Parole ★ EST À sauf que ce sont tous des zèbres de Loire-Atlantique. Leurs domaines sont parfois aux antipodes les uns des autres, mais ils œuvrent tous contre la fatalité. Tous sont convaincus que les solutions de demain ne sont pas dans les modèles connus, éculés et inefficaces. Envie de participer à ­ cette dynamique ? Des cafés zèbres sont organisés régulièrement en Loire-Atlantique. Si vous avez une idée et que vous souhaitez la faire partager au plus grand nombre, n’hésitez plus, allez prendre un café avec les zèbres ! Au-delà des zèbres, Alexandre Jardin a ouvert la voie à une action citoyenne utilisant de nouveaux canaux. Le numérique permet d'élargir cette action en ajoutant plus de transversalités sur les territoires. Si cette transversalité existe déjà entre les acteurs du terrain, elle se retrouve encore trop peu dans la sphère publique. L'objectif du mouvement est donc d'identifier des chasseurs de zèbres au sein même des collectivités terri­to­riales pour obtenir un mouvement décloisonné et global.

VOUS !

génial ! L'avis de Samuel Tiercelin Directeur d' Open Odyssey " La conférence d’Alexandre Jardin " Bleu Blanc Zèbre, aux actes citoyens " organisée par le CDLA m’a vraiment bien plu. Tout d’abord parce qu’elle a été organisée symbo­ liquement au sein même du monde institutionnel (en l’occurrence sur le parvis du conseil départemental), qui, de manière générale doit impérativement opérer sa révolution pour intégrer beaucoup plus dans ses décisions ce qui vient du bas à l’initiative de celles et ceux qui font (les faiseux). Ensuite, parce que ce temps fort a été l’occasion de décloisonner et de réunir de nombreux acteurs locaux de tous horizons qui doivent unir leur force et fonctionner moins en silo pour aider à impulser une dynamique citoyenne positive. Bravo au CDLA de contribuer à ce travail de décloisonnement, si essentiel, mais ô combien difficile à faire  ! "

Peut mieux faire L'avis de Jean-Achille Cozic Médecin gériatre

“ Actuellement, nous ­d evr­ions être en capacité de changer notre système sans devoir couper des têtes. C’est ce que nous ess­a­yons de faire modestement en entraînant le pays dans une dynamique ­positive "

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" Le numérique est un outil, un formidable outil, un outil qui devient indispensable, mais ce n’est qu’un outil. La volonté exprimée de remplacer les " penseurs et diseurs " par des " faiseurs " si elle a l’avantage de re­donner de l’espoir au dernier, ne fait qu’accélérer le mouvement de balan­cier qui existe toujours entre la pensée et l’action. Ce mouvement et cette orientation me font penser à une sorte de poujadisme des bénévoles. Je n’y ai vu ni trouvé quoi que ce soit concernant l’environnement de la France. Quid du problème des réfugiés ? Des SDF ? De façon plus pragmatique, dans le discours d'Alexandre Jardin on parle de résister à la fatalité, ce qui doit faire l’unanimité. Pourtant, lors­que l’on approfondit les choses et que, par exemple, sur le site Bleu Blanc Zèbre (très bien fait, très communicant, très… marketing) on cherche différentes propositions, on peut avoir quelques désappointements. J'ai pris contact avec deux porteurs de projets dans le domaine de la santé il y a quinze jours. Devinez quoi ? Eh bien aucun ne m’a répondu ! "


el num★érique modifie l'engagement

? Alexandre JARDIN :

" On voit le numérique modifier l’engagement citoyen de­ puis, il est vrai, un certain nombre d’années. L’évolution du digital a permis à beaucoup de citoyens de se fédérer. On l’a vu à des évènements assez importants comme les pigeons, ou avec des auto-entrepreneurs. On a lancé une pétition avec les poussins, donc c’est très important, le digital, dans la capacité des gens de se fédérer ensemble sur des projets très précis, mais si nous sommes là, à Nantes, aujourd’hui, c’est parce que le digital ne changera pas l’ordre des choses. Ce qui est important, c’est d’aller sur le terrain et de voir les gens, de se fédérer, mais aussi de rencontrer, d’échanger, et pas seulement virtuellement, de façon très physique, parce que c’est comme ça que la con­fiance se crée. Tous les évènements digitaux de révolte proviennent de personnes qui veulent changer les choses mais qui sont en incapacité souvent très réelle d’y arriver sur le terrain. Nous, on est avec le mouvement Bleu Blanc Zèbre pas du tout dans cet esprit-là, puisqu’on est un do tank joyeux et enthousiaste, on fait des choses très concrètes, et pour faire des choses, c’est pas sur le digital que ça se joue, c’est sur le terrain, près des gens, c’est pour ça que l’on remercie beaucoup le conseil départemental de nous inviter pour parler, pour échanger, parce que c’est ici, à Nantes, comme partout en France, que l’on arrivera à réenchanter le pays et à faire que les Français se saisissent de leur avenir." 7


Tendances

n° 37

★ Jean-Marc Manach ★ La vie privée et internet, un problème de vieux cons ? OCTOBRE 2014

LA

BIO

Jean-Marc Manach est un journaliste d’investigation français spécialiste d’Internet et des questions de surveillance et de vie privée. Il collabore entre autres avec " Envoyé spécial ", il blogue pour le monde.fr (Bug ­Brother). Il est également coauteur de Big Brother Awards : les surveillants surveillés et de La vie privée, un pro­ blème de vieux cons ? Son cheval de bataille est la sécurité informatique et la protection des sources et des données. Il s’intéresse, entre autres, aux thèmes de la vie privée, de la régulation d’internet, de la cyberdélinquance, mais aussi aux problématiques liées aux spams, aux logiciels libres, ou encore à la propriété intellectuelle.

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On y joue, on y achète, on y discute… le web est une deuxième planète, virtuelle, sur laquelle beaucoup pensaient, il y a encore peu de temps, qu’ils pouvaient y surfer de façon anonyme. Sauf qu’aujourd’hui nous sommes presque plus anonymes en marchant dans la rue qu’en naviguant sur Internet. Depuis Edward Snowden et ses révélations, plus personne ne serait en sécurité derrière son écran. Serionsnous en train de virer complètement paranos ? Jean-Marc Manach, spécialiste des questions de surveillance sur le net, remet les pendules à l’heure et nous livre quelques conseils pour naviguer en toute quiétude…

Jean-Marc Manach et Internet, c’est une histoire de hasard deve­ nue une histoire de passion. À une époque où les polémiques et les investigations sur le web sont inexistantes, ce journaliste s’y intéresse et va peu à peu grenouiller dans l’univers des hackers, fervents défenseurs des libertés sur la toile. Aujourd’hui, avec son expérience, Jean-Marc Manach peut

briser plusieurs clichés qui ont la vie dure. Non, Internet n’est pas dangereux, la NSA n’est pas derrière chacun d’entre nous et il n’y a pas que des pédophiles et des nazis sur la toile… Pour lui, c’est avant tout un formidable outil qui gagnerait à être mieux utilisé. Prêt(e) à découvrir la face cachée d'Internet ?


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D'INFOS

B http://bugbrother.blog. lemonde.fr B www.faimaison.net B www.laquadrature.net B www.pgpi.org

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Atypique, mais néanmoins passionnante. Voilà comment l’on pourrait décrire la conférence de Jean-Marc Manach. Le ton, le support de présentation (Prezi), l’auditoire… il y avait de la nouveauté partout. De plus, cette conférence a bénéficié d’une retransmission en direct sur internet grâce à la présence et l’implication de l’association FAI Maison (fournisseur d'accès internet local). Un live Tweet assidu a également été mis en place et alimenté tout au long de la conférence par des internautes militants. La dernière partie de l'intervention de JM. Manach concernant les différentes options pour sécuriser sa navigation a été des plus appréciées.

LES PETITS CONS ŒUVRENT POUR LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Quand ils ne montrent pas leurs fesses sur Facebook, les " petits cons " du web peuvent mener des combats d’un autre niveau. Fervents défenseurs de la li­ berté d'expression, certains de

“ Internet devrait être utilisé pour faire la paix. Pour la première fois, les belligérants. ont un moyen de communication commun " ces jeunes les plus " hacktivistes " montent régulièrement au créneau quand ils sentent une volonté de prise de contrôle sur leur terrain d’expression favori.

AVEZ-VOUS LU LES CGU* ?

Au-delà de la liberté d’expression, l’autre cheval de bataille des défenseurs d’un internet libre est la protection de la vie privée. De ce côté, il y a encore du travail, et les

*Conditions générales d'utilisation

choses ne vont pas vraiment dans le bon sens. Si Facebook et Twitter, pour ne citer qu’eux, sont bien des espaces publics numériques, les messageries, SMS et clouds sont des espaces à caractère privé. Depuis l’affaire Snowden, le grand public a pris conscience que tout ce qui se passait sur internet pouvait être espionné. Pourtant, nos courriels et conversations " privées " sont depuis longtemps scannés par les géants du web pour nous proposer des publicités toujours mieux ciblées. Car il faut bien avoir cons­ cience que Google n’est pas qu'un moteur de recherche et que

ET

DEMAIN ?

Après une prise de conscience, certes un peu brutale, suite à l’affaire Snowden, les services visant à renforcer la sécurité sur internet se multiplient. La hantise des multinationales est le vol de données personnelles, comme cela a pu arriver avec Sony. Apple s’engage actuellement dans le cryptage des données de leurs utilisateurs… 9


★ La Parole ★ EST À ­ acebook n’est pas qu'un réseau F social, ce sont tout simplement de gigantesques régies publicitaires auxquelles nous consentons à donner de nombreux renseignements sur nos souhaits, goûts et habitudes de consommation en échange d’espace de stockage alloué gratuitement. Un projet est en cours au Parlement européen, visant à contraindre les géants américains du web à res­ pecter les normes européennes en matière de protection de la vie privée. La tâche n’est pas simple compte tenu de l’énorme lobby qui est déjà à l’œuvre…

SURFEZ COUVERTS !

Chaque connexion de votre ordinateur fournit une quantité impressionnante de données aux sites que vous visitez. Afin de vous protéger tout en gardant accès aux contenus proposés sur Internet, il est nécessaire de régler les paramètres de votre navigateur. Par exemple, vous pouvez refuser les cookies récoltant des informations personnelles, installer PGP, un logiciel de cryptage sur votre messagerie, ou utiliser un coffre-fort numérique (toutes les banques en proposent) pour vos documents " sensibles ", comme les pièces d’identité, les justificatifs de domicile, etc.

“ Si nous sommes de plus en plus exposés sur la Toile, nous avons aussi de plus en plus de moyens pour sécuriser nos informations et bénéficier de notre quart d’heure d’anonymat "

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VOUS !

génial ! L'avis de Kheops Hacktivist

" À l'heure où les atteintes à la vie privée sont de plus en plus pressantes tant du fait de services en lignes commercia­lisant nos données personnelles que de la dérive sécuritaire des États, Jean-March Manach nous rappelle à juste titre qu'il faut éviter d'en devenir paranoïaque. C'est en effet cette peur qui nourrit en premier lieu le développement d'une surveillance de plus en plus intrusive, et qui plus généralement entrave la confiance nécessaire à une société fonctionnant sereinement. En examinant rationnellement le fonctionnement et l'histoire d'Internet ainsi que certains des risques liés, Jean-March Manach tourne efficacement en ridicule les motivations justifiant certaines lois sécuritaires, tout en critiquant certains fantasmes présents dans la société civile concernant les activités des services de renseignements. Il nous encourage ainsi à adapter nos pratiques et outils en réponse à des menaces concrètes pour notre vie privée : pour la plupart d'entre nous, se protéger d'un(e) conjoint(e) jaloux(se) peut être dans l'immédiat plus important que de craindre la NSA et sa collecte massive de données. "

génial ! L'avis de Gwenaëlle Le Bourhis Chargée d'études

" Internet est un formidable outil pour relier d'études les individus et favoriserChargée les pratiques collaboratives. Pourtant, la médiatisation récente de vols de données personnelles ou de surveillances organisées a amplifié la méfiance collective. Jean-Marc Manach, journaliste d’investigation, dissèque avec pertinence ces craintes, en recherchant les éventuels fondements, pour très souvent les dissiper. Certes, il met en garde contre les systèmes informatiques distribués qui vont décider à notre place (voitures autonomes et villes intelligentes). Mais il propose de nombreuses solutions, notamment le développement des logiciels libres. Il invite aussi à " avoir son quart d’heure d’anonymat ". Se déconnecter quotidien­nement, disparaître temporairement des réseaux, retrouver le plaisir d’adresser et recevoir des messages écrits à la main constituerait-il un art de vivre plus serein ? Cette ultime invitation de Jean-Marc Manach, renouvelée sur son blog (bugbrother), annonçait déjà l’appel à la " désintoxication ", lancé à la même tribune par un autre journaliste, Guy Birenbaum. "


el num★érique modifie l'engagement

? Jean-Marc MANACH :

" Qui aurait pu croire qu'un clone de Copain d'avant, lancé par un étudiant en 2004, contribuerait au printemps arabe en 2011, et verrait plus d'un milliard d'internautes s'y connecter en une seule et même journée, en 2015 ? On dit que les gens s'informent de moins en moins, ou délaissent les médias, mais ils n'avaient jamais autant partagé d'informations, et de pétitions, que sur Facebook. Le slacktivisme (littéralement " activisme paresseux ", mot-valise formé par la fusion du terme anglais slacker " fainéant " et du mot " activisme ") ne fera pas la révolution, et ne changera pas le monde, mais il peut y contribuer. Internet privilégie le bottom-up sur le top-down, les réseaux horizontaux sur les hiérarchies descendantes, et bouleversera donc aussi la sphère politique et militante, tout comme le sont les sphères culturelles, médiatiques ou économiques. Certains parient sur la démocratie liquide, cette forme de gouvernement où le pouvoir de vote est confié à un délégué plutôt qu'à un représentant, d'autres tablent sur l'économie participative et collaborative, qui bouleverse d'ores et déjà le secteur mar­chand, et offre de nouvelles formes d'engagement. En tout état de cause, ce n'est qu'un début."

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Tendances

n° 38

★ Michel Briand ★ La République Numérique, 7 raisons pour changer d'ambition DÉCEMBRE 2015

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BIO

Michel Briand est direc­ teur adjoint à Télécom Bretagne et membre du Conseil National du Numérique. Il est également vice-président sortant de Brest Métropole Océane, en charge de l’économie sociale et solidaire et de l’aménagement numérique du territoire. Acteur et animateur de nombreux réseaux coopératifs, ci­ toyens, et de l’internet créatif, il est convaincu, et convainc à son tour par l’action. Reconnu comme l'un des plus grands défenseurs français de la démocratisation des pratiques numé­ riques sur les territoires, Michel Briand a pour cheval de bataille l'utilisation du numérique comme levier de déve­ loppement et d'e-inclusion.

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Internet, c’est devenu notre quotidien, la fracture numérique s’estompe plus vite dans les faits que dans les discours et le web s’impose comme une exigence, voire comme une opportunité pour réinventer la démocratie. Bien au-delà de la question de l’accès, la transition numérique est globale et conduit à une véritable métamorphose de notre société. Afin d’accompagner ce changement de paradigme le mieux possible, cette transition doit se faire collectivement, avec ambition, au moyen des outils numériques. Michel Briand nous expose ici 7 bonnes raisons pour que cette mutation prenne vie sur nos territoires.

LE NUMÉRIQUE : REMÈDE MIRACLE ?

Travail, loisirs, famille… le numérique fait partie de notre vie et, à de nombreux niveaux, il la facilite grandement. Pour autant, le numérique est-il le remède à tous les maux des sociétés actuelles ? S'il est vrai que ces outils permettent des choses extraordinaires, encore faut-il les voir comme des leviers et non comme

une fin en soi. Quelles ressources numériques devons-nous utiliser pour tendre vers une plus large égalité des chances sur nos territoires ? Selon Michel Briand, tout est question d’appropriation pour parvenir à une société plus juste et inclusive. Visite guidée des facteurs de changement avec un expert du " faire ensemble ".


PLUS B B B B B

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D'INFOS

www.a-brest.net/ www.innovation-pedagogique.fr/ www.bretagne-creative.net/ www.cnnumerique.fr/ http://atlas.loire-atlantique.fr/

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Toujours juste, passionné et passionnant, Michel Briand, c’est une valeur sûre ! Les conférences au cours desquelles il est intervenu ont toutes rencontré un franc succès. Le réseau de cet éternel optimiste du numérique collaboratif est tel qu’il a toujours de nouvelles initiatives à mettre en avant ou des start-up à peine sorties de l'œuf à présenter. Son discours sur la formation des gouvernants a particulièrement intéressé les élus et les agents administratifs présents. Le temps réservé aux questions s'est révélé très dense, montrant l’intérêt de l’auditoire pour les pratiques innovantes et contributives.

UNE NOUVELLE ÈRE ÉCONOMIQUE

Utilisez-vous encore des CD ? Peut-être, mais bientôt ils seront relégués au même rang que les fameuses cassettes vidéo des années 80. La production de valeur économique se déplace sur la chaîne, et tous les secteurs vont

“ L ’expérience littéraire collaborative " Anarchy.fr " est un formidable exemple du web contributif : 2 633 auteurs ont écrit ensemble une histoire pendant cinquante jours " être touchés (cf Tendances Nicolas Colin). À l’heure du web 3.0, tous les internautes sont devenus des contributeurs potentiels sur tous les sujets possibles et imaginables, bousculant ainsi les codes de l'information.

COLLABORER !

Inutile de présenter Wikipédia ou Open Street Map, deux très bons ­exemples de ce que la collaboration en ligne, sans transaction monétaire, peut produire. Ces deux géants de la contribution sont des " communs " qui ont aujourd’hui fait des petits dans le secteur de la création de services, y compris de services publics. Un apprentissage est souvent nécessaire pour devenir un bon collaborateur, mais Michel Briand vous aura prévenu, une fois qu’on y a goûté, on ne peut plus s’en passer ! Le pouvoir est désormais à celui qui partage la connaissance. Ce changement de

ET

DEMAIN ?

Faire percevoir l’outil numérique comme une solution et non comme un pro­ blème, voilà une mission qui pourrait être attribuée aux acteurs sociaux. Œuvrant au quotidien aux côtés de personnes en quête d’une meilleure inclusion sociale, ces travailleurs pourraient agir comme des médiateurs numériques ayant pour objectif d’augmenter le pouvoir d’agir des population en marge. 13


★ La Parole ★ paradigme aura indéniablement des conséquences sur la gouvernance, mais aussi au sein des entreprises du secteur privé. Former les agents administratifs, les élus, mais aussi les dirigeants d'entreprise sur les enjeux politiques, écono­miques et sociaux liés au numérique, sous forme de MOOC bien sûr, pourrait être une première étape intéressante.

4 LEVIERS D’ACTIONS

Pour que numérique rime enfin avec développement durable et égalité des chances sur nos territoires, le Conseil National du Numérique propose depuis la fin de l'année 2013 d'actionner quatre leviers : • faire de l’accès à ces outils un droit • répondre aux besoins croissants en médiation numérique • développer des bouquets de compétences nouvelles et évolutives • reconnaître pleinement le pouvoir d’agir des citoyens en valo­ risant ce qu’ils font et partagent

C’EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS

Connaissez-vous Open Data ou l’Atlas de Loire-Atlantique ? Sinon, allez y faire un tour, ces plateformes proposent des milliers de jeux de données publiques ainsi qu’un atlas interactif vous permettant de créer des cartes personnalisées à l’échelle de votre département.

“ La coopération est une expérience irréversible. Une fois que vous y aurez goûté, vous ne pourrez plus vous en passer ! "

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EST À

VOUS !

génial !

L'avis de Pierre-Yves Huan

Directeur associé de DataForPeople " Le travail de vulgarisation qu'a effectué Michel Briand est primordial pour comprendre l'environnement dans lequel nous sommes et vers lequel nous nous dirigeons. Les avancées technologiques et numériques évoluent et s’adaptent à la demande des consommateurs pour une amélioration d’usages et d’expériences utilisateurs. Il est important de rappeler que nous ne sommes encore qu'au début d’une ère numérique et qu'il est indispensable de maîtriser et de comprendre ce que nous prenons et transmettons sur la Toile. Le numérique est un outil qui apporte une amélioration de la communication, de la connaissance et de la relation avec le monde. "

Peut mieux faire L'avis de Frédéric Crance

Nouveau Bricoleur

" J'ai assisté tout au long de l'année à des conférences sur le thème du numérique organisé par le CDLA, elles nourrissent ma réflexion et mon témoignage. Plutôt qu'une critique, j'apporterais quelques précisions sur des axes de développement à privilégier dans une République Numérique. Tout un écosystème émerge autour des Fab Cities. Les Fablabs " Ateliers de fabrication " contribuent à faire émerger les signaux faibles. Ceux-ci, couplés aux entreprises, aux pôles de compétitivités et aux associations, créeraient un maillage, des effets de réseaux vertueux, chers à Nicolas Colin, à fort effet de levier. Ces tiers lieux permettent un investissement plus horizontal, souple, et aux collectivités publiques de réaliser de véritables investissements adaptables sur le long terme. Cela contribue également à éveiller les citoyenne-s les plus sensibles au po­pu­lisme vivant encore dans l'ancien monde actuellement sans perspectives des possibles du présent et de l'avenir. "


el num★érique modifie l'engagement

? Michel BRIAND :

" Alors, à " engagement " je préfère le mot " implication " c'est-à-dire que, si on regarde la réalité des choses, à travers des projets comme Wikipédia, cette encyclopédie collaborative, des milliers d’habitants se sont impliqués pour réaliser quelque chose qui n’a pas été décidé d’en haut, qui n’est pas soutenu par l’État, ni les collectivités. Des exemples comme celui-là, on en aura des dizaines, donc on est dans une société où des personnes, des groupes ou associations, s’impliquent en utilisant le pouvoir d’agir augmenté permis par le numérique. Dès lors, la position de la collectivité, des acteurs des services publics doit changer, parce qu’ils ne sont pas simplement à définir une politique publique, ils sont aussi à passer de prescripteurs à animateurs. L’implication des habitants, des associations, est indispensable pour que de la richesse soit produite. Comment favoriser l’innovation sociale, comment créer des lieux, des espaces de co-working, comment permettre véritablement que ce soit dans les entreprises, à l’école ou au conseil départemental que des gens qui ont envie de proposer une amélioration du service puissent le faire avec autonomie et confiance ? Une fois la confiance établie, la diffusion et le donner à voir doivent suivre au sein du réseau de ces acteurs de l’innovation sociale."

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Tendances

n° 39

★ Eric Sadin ★ L'humanité augmentée, vers des vies programmées ? JANVIER 2015

LA

L’innovation est un train à très grande vitesse qui ne s’arrête jamais, c’est d’autant plus vrai dans le domaine du numérique. Les quantités de données issues du Big Data1 deviennent des supports d’innovation dans tous les domaines. Médecine, services publics, quantification de soi… qu’il s’agisse d’un progrès déterminant pour l’avenir ou d’un simple gadget, le numérique infuse chaque jour un peu plus notre société. Si certaines avancées peuvent prêter à sourire, d’autres risquent de faire grincer des dents. Taxis autonomes, banquiers robotisés ou journalistes virtuels seront peut-être au menu de notre avenir numérique. Prêts pour une rencontre du 3e type ?

BIO

Éric Sadin est écrivain et philosophe. Cet intellectuel plutôt atypique intervient dans de nombreuses universités et centres de recherche en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Plusieurs de ses livres explorent l’état contemporain de nos rapports aux technologies numériques. L’Humanité augmentée - L’administration numérique du monde (Ed. L’échappée, 2013) a remporté notamment le prix Hub Award 2013 de l’essai de l’année " le plus influent sur le digital ".

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Le Big Data, cette masse de données en perpétuelle circulation, est difficilement quantifiable, la planète en générerait 2,5 trillions d'octets quotidiennement. Ces données peuvent provenir d’objets connectés, capteurs, mails, vidéos, etc. Le Big Data, c’est surtout d’incroyables opportunités dans de multiples domaines, notamment celui de la santé.

SANTÉ 3.0

La médecine, la vraie, a devant elle des possibilités d’évolution infinies, mais ce dont on parle le plus actuellement, c’est de la médecine " faite maison ", la quantification de soi. Surveiller sa santé soi-même est devenu le hobby de bon nombre de geeks. Jawbone, Withings ou Fitbit, vous connaissez ? Ces objets connectés, eux, vous connaissent très bien.

Big Data : Littéralement, les " grosses données ", désigne des ensembles de données qui occupent un tel volume qu'ils en deviennent difficiles à travailler avec des outils classiques de gestion de base de données.

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B www.ericsadin.org

EN

OFF

Si le personnage d’Eric Sadin a pu en dérouter plus d’un, ce philosophe a provoqué de très nombreuses réactions au sein de l’assemblée. Si certains nous ont fait part de leur enthousiasme face à cet emballement technologique, beaucoup d’entre vous ont fait part de leur crainte d’un avenir sous surveillance, dirigé par les machines, un avenir métallique. La foi en la capacité de résilience de l’être humain suffira-t‑elle pour surmonter cette révolution dans la façon de vivre de l’humain ? L’assemblée présente lors de cette conférence était clairement mitigée.

Ce que vous avez mangé, combien de temps vous avez dormi, marché, etc. À quoi servent réellement ces données ? À part en dire chaque jour un peu plus sur leurs propriétaires aux firmes produisant ces objets, pas grand-chose à vrai dire. Le bénéfice santé de ces petits ap-

“ 47 % des professions pourraient être remplacées par des robots d’ici à 2050. La planète compterait alors plus d’1,5 million de robots, soit la population de la ­Loire-Atlantique !" pareils est loin d’être prouvé et leur durée de vie est d’ailleurs plus que limitée puisqu’ils finissent leur carrière de traqueur au fond d’un tiroir en six mois environ. Au-delà de l’aspect ludique des objets connectés, leur développement pose de plus larges questions, relatives aux

libertés individuelles et à la protection de la vie privée.

ROBOT 1 - HUMAIN 0

Après les appareils de quantification un peu gadgets, place à des robots qui font moins sourire, car ils pourraient bien vous piquer votre emploi… Le secteur de la robotique ne connaît pas la crise. Nous connaissons le robot chirurgien, le robot aspirateur, nous ne sommes qu'à l’aube d’une robotisation massive annoncée de notre quotidien. L’objectif principal de ces machines est, bien sûr, de soulager (voire de remplacer) l’homme pour atteindre

ET

DEMAIN ?

Quantification et robotisation investissent peu à peu nos sociétés, la prochaine étape serait-elle le transhumanisme ? Des humains à la carte ? Demain, sans lois bioéthiques strictes, il sera techniquement faisable de choisir le sexe, l’apparence physique, les capacités intellectuelles, etc. d’un être humain. Allons-nous vers une standardisation génétique ? 17


★ ★! EST La À Parole VOUS EST À une productivité inégalée, en laissant sur le carreau de nombreux travailleurs. Si la robotisation de la société a ses détracteurs, elle a aussi ses défenseurs. Alors que certains annoncent la mort de l’économie telle que nous la connaissons aujourd’hui, d’autres prévoient la naissance de nouveaux métiers, créés directement ou indirectement par cette industrie en plein essor.

LE DROIT À L’ERREUR

Ces différentes innovations nous prouvent une chose : l’humain entre dans une nouvelle ère, où il va déléguer, de plus en plus. L’erreur humaine fera bientôt partie du passé, car une machine, ça ne se trompe pas. Quid des formidables innovations nées d’une erreur de manipulation ? L’omniprésence des robots risque de mettre aussi à mal notre libre arbitre, notre spontanéité et le hasard. Devant tant d’incertitude, le mieux est sans doute de parier sur la capacité de résilience de l’être humain, qui saura, espérons-le, trouver le bon programme pour cohabiter avec les machines.

VOUS !

génial ! L'avis de Louis Savary Délégué GDF

" La conférence d’Éric SADIN, ce philo­ sophe singulier qui s’intéresse aux conséquences des nouvelles technologies numériques, nous amène à réfléchir, avec son discours froid et lucide, à la mutation profonde de notre monde. Éric SADIN met en évidence le poids des métadonnées et des calculateurs de plus en plus puissants qui bouleversent nos sociétés et qui impactent chaque individu, y compris dans le champ de sa santé. Cette conférence m’a intéressé parce que décalée, qui pose la question d’un monde en basculement par des mutations numériques profondes et qui interroge sur la capacité à maîtriser ce Big Data. Il souligne avec force que, peu à peu, nous abandonnons notre pouvoir et le déléguons à des flux électroniques intelligents. Éric SADIN nous interpelle ainsi sur la question : Que faisons-nous de nos li­bertés individuelles et collectives ? "

Peut mieux faire L'avis de Jean-Pierre Elloy

Professeur à l'université de Nantes

“ Dans un monde peuplé d’humains bioniques, que devien­nent les hommes et les femmes aux capacités physiques et intellectuelles ­" ­naturelles " ? "

18

" Ce que j’attends de la conférence d’un philosophe n’est pas un catalogue de prouesses technologiques du moment, présentées implicitement comme abouties (ce qui est faux), et assénées comme notre avenir inéluctable (on connaît la valeur de ce genre de prévision). Ce n’est pas non plus un faire-valoir d'informations scoop (accessibles en revues spécialisées), et dont l’analyse de la portée frise l’empilement de lieux communs. Ce que j’attends, c’est une analyse personnelle de l’orateur sur le tissu social que cela pourrait engendrer, qui évoque le devenir de l’homme des lumières dans cet environnement nouveau, qui s’engage sur le type d’humanité qui pourrait en naître, sur la révolte que cela pourrait (devrait ?) provoquer. Un philosophe, me semble-t-il, pourrait projeter sa connaissance de l’homme et de sa soif de vrai bonheur pour extrapoler, même aventureusement, sur ces sujets, en se questionnant face à son auditoire. Seuls les bons auteurs de science-fiction auraient-ils cette audace ? "


el num★érique modifie la

? Eric SADIN :

" La complaisance des politiques à l’égard du technopouvoir est probléma-

tique. Ils se soumettent aux diktats des géants d’Internet en se rendant à l’argument de la création de richesse et d’emplois. Il est impératif que le pouvoir politique reprenne l’initiative, affirme certaines exigences fondamentales et les maintienne dans le droit. C’est pourquoi j’en appelle à un "Parlement transnational" des données qui serait chargé de veiller à nos libertés numériques. Car, ce sont nos valeurs démocratiques les plus élémentaires qui sont minées : le respect de l’intégrité de la personne humaine, celui des biens communs, la libre décision par la délibération et le choix consenti des individus. Quand je vois un gouvernement, supposé de gauche, vanter en continu la "French Tech", et affirmer le soutien de l’État aux start-up, je vois aussi une forme de naïveté coupable à l’égard de ce qu’est vraiment le techno­pouvoir. Le story-telling de la "Net Economy" opère un effet d’aveuglement. Mais le projet de civilisation, porté par les géants du numérique, est extrêmement inquiétant, car strictement utilitariste et marchand. L’open data illustre à merveille cette collaboration entre secteur public et privé, visant à récolter un maximum d’informations sur les comportements des individus et ainsi à mener une politique de " régulation algorithmique " se substituant à toute délibération démocratique, laquelle est sacrifiée sur l’autel de l’urgence de réagir, d’adapter les politiques publiques pour permettre une efficience maximale des individus et des services publics proposés aux citoyens, dans une logique de compétition économique internationale. Le pouvoir n’est plus réellement détenu par la classe politique ou les législateurs, mais bien davantage par les figures emblématiques du technopouvoir : des ingénieurs qui conçoivent les dispositifs technologiques de captation et d’analyse de données, formatant ainsi les possibilités d’usages offertes par ces dispositifs. " 19


Tendances

n° 40

★ P hilippe Vidal ★ Et mon territoire à l’heure du numérique ? FÉVRIER 2015

LA

BIO

Philippe Vidal est enseignant-chercheur en géographie et aménagement à l’université du Havre. Il codirige la revue Netcom journal et est directeur adjoint du laboratoire IDEES-Le Havre UMR 6266. Depuis une quinzaine d’années, Philippe Vidal analyse les politiques publiques françaises en matière de numérique territorial, dans des domaines aussi variés que le tou­ risme, le vieillissement, l’habitat péri­urbain, le handicap, ou encore les " néoruralités ". Notre conférencier s’attache ainsi à produire un nouveau cadre ­ explicatif de la diffusion des TICS au regard des conséquences spatiales variant singulièrement d’un territoire à l’autre.

20

Le numérique rassemble peut-être autant qu’il isole. Si les espaces de coworking, les drive fermiers ou évènements nés sur les réseaux sociaux rassemblent et favorisent le collectif, d’autres pratiques, comme les achats en ligne, sont plus individuelles. Nos appropriations du numérique ne sont pas sans conséquences sur nos façons de vivre le territoire et cela soulève quelques interrogations, notamment quant à l’aisance des décideurs sur ces questions. Déterminés ? Curieux ? À la traîne ? Où en sont nos élus ? Et le citoyen ? Quel rôle peut-il ou doit-il prendre dans cette ère du tout numérique ?

DÉCIDEURS, PRENEZ LE TRAIN !

Si la question du numérique se limitait aux infrastructures d’accès à internet, ce serait presque trop simple. Il ne suffit pas de disposer des bons outils ni de bons tuyaux, encore faut-il savoir bien les utiliser. La quantité exponentielle de données produites et échangées par les citoyens transforme peu à peu notre façon de vivre et de nous approprier nos territoires. Certains

acteurs publics sont précurseurs et mènent une politique volontariste pour encourager la production et l’utilisation de ces données, alors que d’autres semblent regarder le train passer sans réellement comprendre l’importance de ce qui est en train d'arriver. Pour cette se­ conde catégorie, pas de panique, en numérique il est parfois trop tôt, mais jamais trop tard pour rattra­ per le retard.


PLUS

i

D'INFOS

B www.cirtai.org B www.netcom-journal.com B www.collporterre.org B www.toutacote.fr B http://lesincroyablescomestibles.fr

EN

OFF

Une conférence animée et qui a eu le mérite de ne pas enfoncer des portes ouvertes, mais de poser de vraies questions. Philippe Vidal, avec son accent du Sud fort sympathique, n’a pas eu peur de mettre sur la table les sujets qui dérangent, particulièrement à propos du rôle des collectivités, et c’est tant mieux car celles-ci étaient bien représentées. La contribution au débat d’Amandine Piron et de Gwendal Briand a été très appréciée, leur initiative Collporterre, une étude de deux ans en Bretagne historique sur la consommation collaborative a pu apporter des éclairages supplémentaires très enrichissants.

DES ADMINISTRATEURS DANS LE TRIP " Bienvenue à Nantes, vous ai­me­ riez profiter de 50 % de réduction sur votre dîner ce soir ? " Quel acteur public serait en mesure de m’accueillir sur son territoire aussi bien que Trip Advisor ? " C’est ainsi que Philippe Vidal, notre conférencier, a ouvert sa conférence.

“ Un bel exemple de dyna­ mique territoriale provenant des acteurs eux-mêmes : à Bordeaux, pendant une journée, le service de Vtc Uber a livré gratuitement les burgers du restaurant Upper : un succès ! Avec la montée du web 1.0 puis 2.0, les institutions ont commencé à partager leur rôle de diffusion de l'information puis ont vu rétrécir leurs sphères d’influence et ont perdu en quelques années le mo­ nopole des services de proxi­mité au

citoyen. Si certains deces services apportent une valeur ré­elle au territoire, comme les AMAPS, d’autres sont plus personnels, telles certaines initiatives controversées de l'économie collaborative comme Airbnb ou Uber… Enfin, certaines pratiques comme les drives des grandes enseignes vont jusqu'à retirer de la valeur au territoire, ne payant pas de taxe commerciale. Ces usages sont néanmoins utiles car ils apportent une réponse aux habitants dont le temps est toujours plus contraint. Le citoyen pourrait donc se débrouiller tout seul dans le futur ? L’acteur public

ET

DEMAIN ?

Allons-nous bientôt tous vivre dans les fameuses smart-cities ? Sujet très en vogue en ce moment, la ville hyperconnectée relève aujourd’hui beaucoup plus de pressions industrielles que de la réa­ lité. En France, des modèles hybrides, adaptés à l’urbain autant qu’au rural, sont encore à inventer. Il y a donc une place à prendre pour les différentes collectivités ! 21


f­ erait bien de s’activer un peu, mais comment ? Proposer des solutions implique de bien appréhender les tenants et les aboutissants des usages que le numérique apporte aux internautes. Ces usages gagnent parfois brutalement du ­ terrain. Ils modifient durablement les façons de vivre, de consommer et de se déplacer des habi­ tants du territoire. Il est nécessaire d'en identifier les conséquences ainsi que les réponses qui pourront être apportées, notamment par les insti­tutions.

LA PLACE DES DÉCIDEURS : ENTRE ACCOMPAGNATEURS ET LEADERS Les décideurs doivent-ils se cantonner à créer les conditions favorables à la participation des acteurs sur le territoire ou bien se positionner comme animateurs de ces nouvelles relations et dynamiques ? Se mettre au numérique n’est pas si compliqué qu’il y paraît. Une fois les citoyens et les élus formés aux outils et pratiques, chaque territoire peut tracer sa propre et tenter pour certains, de passer les différentes étapes menant au statut tant convoité de territoire intelligent.

LA LOIRE-ATLANTIQUE, DÉPARTEMENT INTÉLLIGENT Chez nous, la question de l’appro­ priation des outils et usages du numérique ne se pose plus. Notre département est bientôt maillé à 100 % en haut débit. La métropole nantaise vient d’être labellisée French Tech et organise deux évènements majeurs en matière de numérique : le Web2day et la Digital Week. Quant aux citoyens du département, ils ont soif d’initiatives ! 125 AMAPs en LoireAtlantique, des drive ruraux ou fermiers, le ­e-commerce chez vos com­merçants locaux ­(­­toutacôté.fr)… le territoire est en ébullition ! À ce propos, l’association Collporterre lance une réflexion collective inti­ tulée " Programme Domino ". À bon entendeur… 22

★ La Parole VOUS ! ★ EST À

VOUS !

génial ! L'avis de Nolwenn Diler

Animatrice conseil de développement " En tant que chargée de mission, j’ai découvert et apprécié l’intervention d’Amandine PIRON et Gwendal BRIAND, de l’association COLLPORTERRE. Aussi, quand un mois plus tard, j’ai appris qu’ils recherchaient un territoire pilote pour participer à une recherche-action à l’échelle BretagnePays de la Loire sur le thème des pratiques collaboratives, s’interrogeant sur le fait que ça puisse être un levier de vie durable sur les territoires, je les ai rencontrés. La candidature du Pays de Châteaubriant, via le conseil de déve­ loppement, a été retenue pour être territoire pilote dans le cadre de ce programme DOMINO. Nous allons ainsi travailler sur ce thème pendant les dix-huit mois à venir. L’objectif est de mobiliser les acteurs locaux et de pouvoir faire remonter des éléments de compréhension en direction des élus et décideurs du territoire. La conférence a été véritablement l’élément déclencheur de cette démarche. "

Peut mieux faire L'avis de Karine Niego Fondatrice de Green Raid

" Quand Philippe Vidal dit que ce n’est pas au citoyen de faire la politique publique, je ne suis absolument pas d’accord. La collectivité a, au contraire, tendance à inscrire de plus en plus le citoyen dans le débat public. C e t t e démarche participative se développe et correspond aux nouvelles gouver­nances, moins verticales. Le citoyen a envie de participer à la vie publique, surtout si cela le concerne directement. Les outils digitaux permettent aujourd’hui d’ouvrir le débat et d’entendre les propositions de chacun. La condition sine qua non à l’adhésion par le citoyen est qu’il se dise que sa participation a été prise en compte, entendue, qu’elle a contribué au débat public, qu’il a donc sa place dans la communauté. Je n’adhère pas non plus au système de récompenses destinées aux citoyens impliqués, vanté par Philippe Vidal. C’est assez old school ! Les mouvements citoyens n’existent pas car il y a quelque chose à gagner. Je pense que plus le citoyen verra que sa participation est prise en compte, que sa voix est entendue et plus il reprendra confiance dans sa relation à l’acteur public. "


el num★érique modifie l'engagement

? Gwendal BRIAND (Collporterre) :

" Alors, selon moi, le numérique permet de revisiter l’engagement citoyen pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le numérique permet de rendre visibles de nombreuses initiatives, ça permet aussi d’accéder à des informations, de la connaissance auxquelles on ne pouvait pas avoir accès avant, et c’est déjà un premier point. Deuxième point, le numérique permet aussi de renseigner, de rendre visible et d’expliciter son idée, son initiative, et de la rendre accessible à tout le monde. Il permet de valoriser les gens, c'est-à-dire que, lorsqu’une initiative citoyenne est lancée, on peut facilement la donner à voir à tout le monde et de fait, valoriser les personnes, les collectifs. Progressivement, au travers du " donner à voir ", le numérique transforme les aspirations et l’implication des gens, à l’image des groupes Facebook ou autres réseaux sociaux. Il est désormais possible de s’impliquer de façon ponctuelle dans des projets. Si l'on prend l’exemple des incroyables comestibles, on voit que les gens, même si ce n'est pas à l’initiative unique du numérique, transposent les codes, les façons de faire, les méthodologies issues de cette sphère virtuelle dans la vie quotidienne. De nouvelles formes d'implication émergent, typiquement liées à la société du numérique. "

23


Tendances

n° 41

★ Guy Birenbaum ★ Réseaux sociaux & dépendance de l’intox à la détox AVRIL 2015

LA

BIO

À 53 ans, Guy Birenbaum a travaillé dans l’édition, la presse, la radio… Il n’y a pas si longtemps, ce journa­ liste médiatique était l’un des rois du web. Il bloguait, tweetait, commentait jusqu’au bout de la nuit… pour mieux recommencer à l’aube. Il a fini par se faire aspirer par la spirale de l’immédiateté, le flux d’informations continu, et par la peur de manquer quelque chose (le syndrome du FOMO1). Aujourd’hui, il a repris pied dans la vie réelle et le raconte dans son livre Vous m’avez manqué, histoire d’une dépression française, aux éditions les Arènes, 2015.

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1 FOMO : La peur de manquer quelque chose (acronyme de l'anglais Fear of missing out)

Des journées qui commencent à 4h30 et qui se terminent à minuit. Le cerveau branché en permanence sur les réseaux sociaux, guettant le moindre bruissement sur Twitter. C'était ça, la vie de Guy Birenbaum, avant. Avant de sombrer dans une dépression 2.0 qui lui a fait prendre conscience qu'Internet et particulièrement les réseaux sociaux sont à consommer avec modération. En mai 2015, Guy Birenbaum est venu nous raconter cette période trouble de sa vie, l'aspect addictif des réseaux sociaux, la violence du web, le racisme… et la façon dont il en est sorti. Rencontre avec Guy Birenbaum, un rescapé du web.

L'ATHLÈTE DU WEB

Un rythme de travail effréné avec deux émissions par jour, une chronique pour le Huffington Post, sans oublier sept kilomètres de jogging quotidien, Guy Birenbaum était un athlète, et pas seulement dans le bois de Boulogne. C'était un athlète au travail, enchaînant rendezvous, prises d'antenne et articles,

twee­tant parfois 20 fois par jour, publiant également sur Facebook et Instagram. Les moments de d­ éconnexion étaient plutôt rares puisque même le trajet pour l'école de ses enfants était prétexte à consulter messages, courriels, pushs et autres diversions dont nos smartphones ont le secret. Et puis, peu à peu, l'athlète craque.

Push : message d’alerte envoyé par un serveur (qui “pousse” de l’information) à un utilisateur par le biais d’une application mobile.

2


PLUS

i

D'INFOS

B http://guybirenbaum.com/ B Twitter : @guybirenbaum B www.franceinfo.fr/ emission/l-autre-info

EN

OFF

Vous étiez nombreuses et nombreux à suivre Guy Birenbaum à la radio, à la télé ou sur les réseaux sociaux les semaines précédant la conférence. Cela explique peut-être le grand succès de cet évènement, la conférence affichait complet ! Le débat qui a suivi le témoignage de Guy Birenbaum s'est révélé très riche et parfois clivant. Si certains se sont montrés frileux quant à l'informatisation totale des écoles, d'autres souhaitaient au contraire faire de l'école un lieu de formation pri­vi­ légié aux outils numériques. Le point qui a mis tout le monde d'accord est sans doute la nécessité de savoir se déconnecter pour, comme le dit si bien Guy Birenbaum, se reconnecter à la vie réelle.

Des symptômes physiques d'abord, puis psychiques. Un brin hypocondriaque, Guy Birenbaum est alors persuadé de cumuler plusieurs cancers et de ne pas finir l'année. Après une salve d'examens, le verdict tombe : burn-out, ou dépression pour être plus lucide.

“ J'ai repris la maîtrise du temps, la maîtrise de mon temps, je ne me suis pas déconnecté, je me suis reconnecté à la vie"

a jailli d’Internet. De la violence, du racisme, de l’antisémitisme, deve­ nus récurrents depuis quelques années sur les réseaux sociaux. Sa dépression n’est pas née d’une hyperconnexion, mais en était un révélateur flagrant.

LE TEMPS DE LA RÉMISSION

Après un hiver cloîtré, isolé, à ne plus avoir envie de rien, la machine s'est doucement remise en route. Des médicaments, une psychothérapie et surtout un soutien de son entourage sans faille, Guy Birenbaum sort enfin la tête de l'eau. Il est temps pour lui de remettre

ET

DEMAIN ?

DU BUZZ AU BUG

Grâce à son psychothérapeute, il a pu faire le lien entre son histoire familiale et son état psychique. Ses parents, Juifs, ont été cachés par des Justes pendant la Seconde Guerre Mondiale. Guy Birenbaum comprend alors que le trop d’infos, le trop de web, le trop de travail, le trop de tout… cachait en fait un homme qui avait peur. Cette peur

Faites-vous partie de la tribu des têtes baissées ? Si vous marchez dans la rue les yeux vissés sur votre écran ou si vous ne supportez plus d'attendre le bus sans sortir votre petit compagnon numérique de votre poche, oui, vous en faites parti. Pourtant, un minimum de bon sens permet de retrouver quelques moments "déconnectés" pour enfin relever la tête. 25


★ La Parole ★ EST À les choses à plat et de prendre de nouvelles habitudes de vie. Hors de question pour lui de " replonger ".

UNE VIE EN MODE HORS CONNEXION

Pas de recette miracle pour rester raisonnable quand on est un ancien addict, le seul remède qui marche, c'est l'autodiscipline. Guy Birenbaum a donc mis en place ­plu­­­­­­­s­i­eurs astuces pour bien vivre avec internet. Tout d'abord, plus de pushs et autres notifications sur son téléphone. Être au courant le premier n'apporte finalement... rien ! Ensuite, il s'octroie quotidiennement des plages de détente, sans téléphone, du temps de vie réelle, seul ou à plusieurs, qui ne finira pas forcément sur Instagram.

DIGITALS NATIVES À LA DÉRIVE

Si Guy Birenbaum semble être sur la bonne voie, il s'inquiète notamment du comportement de la jeune génération. Même si celle-ci est née avec, elle n'a pas forcément les bons réflexes et se laisse souvent absorber par la spirale numérique. Les " dépressions Facebook " et autres maux liés au net croissent de façon exponentielle. Comment enrayer ce phénomène ? Pour lui, la formation est le seul moyen pour que nous ne fassions pas tous partie de la " tribu des têtes baissées ".

VOUS !

génial ! L'avis de Catherine Mahéo

Directrice El Sistema France

" C’est l’histoire d’un homme aspiré par le virtuel qui a fini par s’écrouler dans le réel, mais pas que… C’est l'histoire d’un homme hyper connecté qui bloguait, textotait, facebookait, tweetait, instagramait de 4 heures du matin jusqu’au milieu de la nuit, mais pas que ... C’est comme cela que je l’ai connu, moi qui tweete, facebooke, textote pour faire connaître El Sistema-France, le programme d’inclusion sociale par la musique pour les enfants en difficulté. Mais le jour où vous écoutez, sans entendre, vos enfants, votre famille, vos collaborateurs, sans voir le coucher de soleil, les pousses de printemps, les flocons de neige, le SDF en bas de votre immeuble, le burn-out est proche. Je le sais, il y a 5 ans, je suis passé par là. Écrire a sauvé Guy Birenbaum. Dans son livre, il raconte sa descente aux enfers dans les affres d’une maladie tristement banale, que près de 9 millions de Français ont déjà connue dans leur vie, la dépression. Il a en fait un livre pour ceux qui se croient dans le noir, qui s’imaginent accros à Internet et qui trouveront là, la preuve qu’une cure de détox numérique s’impose. Aujourd’hui, je fais comme Guy Birenbaum : Je tweete moins, je prends le temps de vivre, je redécouvre la lecture, je m’occupe des autres et je tricote une écharpe à ma petite fille. (Si, si, c’est vrai !). Merci Guy. "

Peut mieux faire L'avis de Christelle Joly

Chargée de mission communication

“ Sur le web on ne peut rien interdire sauf si on s’appelle la Chine ou l’Iran... moi je n'ai pas envie de vivre en Chine où on peut aller en tôle à vie pour un tweet " 26

" J'ai assisté à la conférence de Guy Birenbaum, Réseaux sociaux & dépendance, de l’intox à la détox. C'est sans conteste un bon orateur, il livre très humainement son témoignage et sait toucher les gens. C'est un témoignage utile qu'il porte. Il a le bénéfice de donner des conseils pratiques à tout un chacun, par contre j'ai été déçue car, bien qu'étant au cœur des discussions, les réseaux sociaux me sont apparus n'être que circonstanciés. Sa descente aux enfers a eu comme toile de fond les réseaux sociaux, mais il m'aurait expliqué que cela avait été provoqué par l'alcool ou la drogue que cela n'aurait pas changé grand-chose, La problématique de l'addictologie a pris le pas sur les réseaux sociaux. "


el num★érique modifie l'engagement

? Guy BIRENBAUM :

" Alors, la question de l’engagement du citoyen et de la modification de l’engagement des citoyens via le numérique est une question centrale. On a vu dans de nombreux pays, grâce encore une fois aux réseaux sociaux, grâce au numérique, grâce au web, que des progrès considérables sont faits, donc, que je me fasse bien comprendre, je n’incrimine jamais internet, je n’incrimine jamais le web. Ce que je crains ce sont de mauvaises pratiques et de mauvais usages. Donc il est évident que ces modifications sont fondamentales. Celles-ci sont positives, mais chacun doit apprendre à se servir de ces outils, car ce ne sont que des outils. N’oublions jamais que nous parlons de tuyaux, ce sont des tuyaux, à nous d’y mettre les bons contenus de la bonne manière."

27


Tendances

n° 42

★ Nicolas Colin ★ Les barbares attaquent L.A ! Décryptage de l’assaut numérique JUIN 2015

LA

BIO

Cofondateur et 3e associé de The Fa­ mily, la bonne fée des start-up françaises, Nicolas Colin est également écrivain, Ingénieur télécom, inspec­ teur des finan­ ces et entrepreneur. Cet entrepreneur-blogueur visionnaire décrypte et prend position d’une manière assez décapante. Son but : faire grandir la société dans un monde nouveau, post-révolution industrielle. Sa reconnaissance est multiple. Il la doit d’abord à ses écrits, notamment L’essai L’âge de la multitude : entreprendre et gouverner après la révolution numérique. Il la doit également à son action aux côtés des start-up.

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Une application I-santé d’Apple, une course avec Uber, une voiture autonome Tesla et la planète Mars. Quel rapport ? Ce sont toutes des attaques en cours menées par des barbares. Des barbares ? Où ça ? Eh bien, partout ! Les barbares, ces entrepreneurs du numérique, balaient toutes les conventions et investissent tous les domaines, tous les systèmes, industries comme institutions. Notre monde opère une mue sans précédent à grands coups de gigabits. Ces barbares n'ont pas la même langue, pas la même culture ni les mêmes règles que les entreprises dites traditionnelles, comment les comprendre ? Grâce à Nicolas Colin, décryptons ce tournant de notre histoire.

Selon Nicolas Colin, la loi de l'économie numérique est on ne peut plus claire, elle est binaire : avoir tout le marché ou ne rien avoir du tout. C'est la loi du plus fort, du plus rapide, mais aussi celle du réseau. Satisfaire les consommateurs en permanence, pousser le service à l'ultrapersonnalisation et surtout innover, encore et encore,

c'est ainsi que l'économie numérique fonctionne. Des initiatives émergent tous les jours. Un seul mot d'ordre : se débrouiller seul. Les starts‑up ne comptent plus sur un modèle dépassé pour se déve­ lopper, elles ne comptent que sur la multitude, c'est-à-dire nous, les contributeurs, qui avons gagné une influence inégalée.


PLUS

i

D'INFOS

B http://barbares.thefamily.co B les fossoyeurs de l'innovation

EN

OFF

Adeptes de la vieille école, passez votre chemin ! Une chose est sûre, la vision ultra-libérale de l'économie numérique présentée par Nicolas Co­ lin a provoqué quelques émois dans l'assemblée ! Entre les personnes qui se sentent plus en sécurité dans le modèle " à l'ancienne " et les supporters du numérique partout et pour tous, il y avait un large fossé. Pour autant, tous se sont accordés à dire que l'intervention de Nicolas Colin était d'une grande qualité, elle a sans doute permis une prise de hauteur et de conscience chez bon nombre d'entre nous qui ne voient même plus cette révolution, tant ils en font partie.

GOOGLE BLESS AMERICA1

La vallée de la Sillice, tout simplement la mecque de tout bon geek qui se respecte, est surtout l'un des meilleurs endroits pour chercher des capitaux ou pour trouver une

“ La 2e vague de barbares tente sa chance du côté de secteurs que l’on croyait intouchables : nucléaire, agriculture, santé... " start-up à financer. Depuis les années 90, on ne compte plus le nombre d'entreprises, parfois gigantesques comme Google ou Facebook, qui en sont sorties.

UNE FRANCE ­POURQUOI ?

À

LA

TRAÎNE,

En France, la protection de la vie privée passe avant la satisfaction du consommateur. Ensuite, notre culte pour la technologie nous enferme. Le numérique, ce n’est pas que de la technologie. Nos ingénieurs,

tout comme les sociétés pour lesquelles ils sont formés et destinés, excellent dans l’optimisation et non dans l’innovation de rupture, exigée par l’économie numérique. Ceci est bien dommage, car, à n'en pas douter, ce sont techniquement les meilleurs. De plus, dans la Silicon Valley, chaque euro gagné est réinvesti. En France, cet euro sera soit placé dans l'immobilier, soit mis à l'abri à l'étranger, de préférence dans un pays à la fiscalité plus attractive que celle de l'hexagone. En résumé, le numérique c’est avant tout une affaire d’alliances.

ET

DEMAIN ?

Un décalage énorme se forme entre l'économie numérique et les institutions. Couverture sociale, fiscalité, éducation, formation... Il est temps de prendre le train en marche et de repenser le modèle social pour ne sacrifier aucune génération. Comme au temps du taylorisme, avec le numérique, tout change, il faut donc tout réinventer, et vite.

Google bless America : Google bénit l'Amérique, en référence à God bless America, une chanson patriotique américaine

1

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★ La Parole ★ LE NUMÉRIQUE C'EST BINAIRE : TOUT OU RIEN

Le nerf de la guerre dans l'économie numérique c'est la qualité du service. Il doit être irréprochable pour entretenir la fidélisation des utilisateurs et ainsi renforcer l'effet réseau sur lequel tout le marché repose. À partir du moment où un entrepreneur commence à s’allier à la multitude, c’est la multitude qui l’emmène vers le monopole. Par contre, dans cette nouvelle ère, au moindre faux pas, c'est la chute, et c'est irréversible.

DES BARBARES DANS NOS INSTITUTIONS

Si l'on devient de plus en plus intransigeants face à la qualité des services proposés par La Poste ou bien par la SNCF, c'est que nous sommes de plus en plus habitués à la qualité du service numérique que Google ou qu'AirbnB peuvent nous fournir. Le citoyen ne comprend plus pourquoi ses services publics ne sont pas aussi efficients que ces plateformes privées. Les freins ? Trop de frilosité, de craintes sur l'utilisation des données personnelles, sans compter les problématiques des pertes d'emplois, sujet très sensible en France. L'engagement des citoyens pourraient rendre les politiques publiques plus dynamiques, plus personnalisables et être, in fine, moins chères, plus performantes et, étant coélaborées, plus consensuelles.

“ Tant que le capital sera­ ­pri­sonnier, les entreprises françaises seront incapables de déverrouiller leur marché local " 30

EST À

VOUS !

génial ! L'avis de Anne-Cécile Sued Michelet Fondatrice de Locomokidz

" Une analyse intéressante des bouleversements qui secouent le monde économique - et, au-delà, la société occidentale dans son ensemble - avec l'arrivée des "barbares" du numérique. Une lecture optimiste qui rafraîchit, au coeur de la morosité ambiante où l'on ne cesse de répéter que " tout est foutu ". Une réalité qu'on peut de moins en moins nier quand, joli hasard du calendrier, Nicolas Colin intervenait à Nantes alors que, dehors, les taxis " traditionnels " grondaient face aux " barbares " d'Uber. L'ancien inspecteur de finances - devenu startuper entre 1 000 autres choses - m'a régalée de sa fine lecture de l'actualité. Bien rodé et riche en exemples concrets, son discours est accessible, même aux moins initiés. Tout n'y est pas nouveau pour qui s'intéresse régulièrement au sujet, mais il le dit très bien. Et puis, constater que c'est au Conseil départemental qu'il était invité est une autre note d'espoir ! Toutes les collectivités ne sont donc pas coincées au siècle dernier. Certaines ont noté le changement et, plutôt que de l'ignorer, tentent au mieux de l'accompagner. Tant mieux ! "

Peut mieux faire L'avis d'Agathe Delimèle

Créatrice d'entreprise

" Encore une conférence enrichissante qui dévoile clairement les évolutions de notre monde. J’ai pu mieux percer l’importance du numérique aujourd'hui et son évolution. Grâce à la maîtrise de Nicolas Colin, son savoir de transmission pour rendre le numérique plus accessible, les enjeux du numérique et son influence ont été mis en lumière. Le seul regret que je peux émettre est la volonté de cloisonner cette opportunité aux start-up purement numériques. Or, la révolution numérique, déjà en marche depuis quelque temps, concerne tout entrepreneur qui souhaite trouver sa place dans ce monde de plus en plus numérisé. Les possibilités d’évolution, d’autonomie qu’offre le numérique donnent à chacun l’opportunité de créer son environnement d’évolution professionnelle, comme l’a indiqué Nicolas Colin. Or, le cloisonnement formé par le rassemblement de start-up exclusivement numériques, exclu de fait une partie de la population. "


el num★érique modifie l'engagement

? Nicolas COLIN :

" Le numérique change tout, il change aussi la vie démocratique et il offre d’extraordinaires opportunités pour l’engagement du citoyen. On commence à deviner ce qu’est une démocratie numérique quand on observe les quelques dirigeants en politique dans certains pays qui ont commencé à s’emparer activement des outils mis à disposition par le numérique, ce qui leur permet de créer un lien privilégié avec les citoyens. Ce lien pri­vilégié est souvent vu de prime abord en top-down par le politique qui se dit que grâce au numérique, il va pouvoir arroser ses administrés, ses concitoyens, de sa pensée du jour, de son communiqué de presse, etc. Donc ils utilisent le numérique comme les médias anciens et puis progressivement ils s’aperçoivent, et certains rentrent dans le jeu, qu'en fait le numérique c’est une puissante boule de rétroaction. En effet, les citoyens, arrosés par ces messages en top-down réagissent et les dirigeants politiques qui apprennent à écouter, qui apprennent à interagir au quotidien de cette façon avec les citoyens, rentrent dans un cercle vertueux. Ils sont notamment en mesure de développer une très grande sensibilité à la réalité quotidienne expérimentée par les citoyens et donc d'identifier ceux qui peuvent être des relais, des inspirateurs des objecteurs et qui peuvent les guider dans leur action au quotidien, dans l’action publique. De fait, cela renouvelle complètement les formes d’engagement du citoyen. En effet, le citoyen peut s’impliquer de façon différenciée selon les inspirations de chacun. Il y en a que ça n’intéresse pas du tout, il y en a que ça intéresse beaucoup, il y a les empêcheurs de tourner en rond, il y a ceux qui sont là pour aider, etc., mais en fait ce que permet le numérique, c’est de créer un lien personnel avec chacun de ceux-là. Globalement c’est plutôt un gain net, parce que l’engagement de certains va venir améliorer les politiques publiques, les rendre plus dynamiques, leurs permettre de s’adapter aux besoins personnels et de différencier chaque segment de la population. Le résultat ? Des services publics moins chers, qui marchent mieux, qui sont plus consensuels, mieux acceptés politiquement, d’autant plus qu’ils associent les citoyens à la conception et à la mise en œuvre. " 31


" Certains voient les choses comme elles sont et se disent pourquoi. D’autres voient les choses comme elles pourraient être et se disent pourquoi pas "

Marc Twain " Ne mettez jamais en doute le fait qu’un petit groupe de citoyens réfléchis puisse changer le monde. En fait rien d’autre n’y est jamais parvenu "

Margaret Mead

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Passerelle Cette année, les membres des groupes de réflexion prospective Passerelle reviennent de loin ! Ces bénévoles, plus créatifs que jamais, sont de retour d'un voyage en 2035 ! Leur parcours les a conduits au cœur de deux avenirs : le pire et le meilleur. Vous aurez le loisir d’en découvrir quelques scènes dans les pages qui suivent. Ces citoyens venus d’horizons variés ont inventé décors et person­ nages pour mieux y projeter leurs espoirs et leurs craintes. C’est la méthode développée pour Passerelle 2015. Notre démarche s’applique à soustraire au mieux les réflexions communes de nos schémas de pensée habituels. Cette année aussi, le choix des membres du conseil de dévelop­ pement de Loire-Atlantique s’est arrêté sur trois sujets : " Être ci­toyens tous les jours ", " Réinventer les partenariats entre associations et pouvoirs publics " et " Réussir le pari du logement pour tous ". Le vote aura définitivement transformé ces préoccupations en défis. C’est ainsi qu’a démarré notre aventure Passerelle 2015. Cette démarche créative peu commune doit permettre à la Loire-Atlantique de garder un coup d’avance pour les générations futures réfléchissant aux enjeux à long terme et imaginant des solutions aux défis à venir. Une fois que vous aurez découvert ces trois dossiers et les recom­ mandations qui vous sont proposées, il ne tient qu’à nous toutes et tous de nous les approprier et de les faire vivre. Sous quelle forme ? Initiatives citoyennes, démarches professionnelles, poli­ tiques publiques innovantes, mais, si possible, un astucieux mix de ces trois voies sera, à n’en pas douter, le plus bénéfique pour la Loire-Atlantique. Cette année enfin, malgré le sérieux de la démarche, plusieurs fous rires ont jalonné ce beau voyage. Beaucoup d’esprit et de bien­veillance étaient présents à chacun des ateliers. Ces ingré­ dients sont les seuls à pouvoir faire émerger cohésion de groupe et intelligence collective sur des sujets en demande de réponse. Parcourez donc sans plus attendre ce document, telle une invita­ tion à faire germer ces graines d’idées sur votre chemin, une invi­ tation vers une appropriation collective la plus large possible.

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Passerelle

Le sommaire

Visions d’avenir 2035

Pour entamer votre lecture, voici vos billets pour un voyage en 2035 vers deux destinations : l’utopique et la chaotique. Ces dimensions du futur en provenance directe de l’imaginaire des membres Passerelle vous sont présentées dans cette section par des personnages portant les trois thématiques de cette année.

BB p.38 BB p.42

Et si votre pire cauchemar devenait réalité ? Et si vous viviez dans un monde idéal ?

Prospective Passerelle 2015 : 3 dossiers à parcourir

À chaque groupe son dossier ! Ce compte-rendu de leur exploration vous permettra de vous emparer de leurs recommandations et de passer à l’action.

BB p.46 BB p.57 BB p.68

Citoyenneté : la belle affaire ! Associations et pouvoirs publics : le vent tourne ! Logement pour tous : histoire d’un défi charpenté !

DANS CHAQUE DOSSIER, RETROUVEZ QUELQUES RUBRIQUES EMBLÉMATIQUES

L'essentiel à tout instant

Cette rubrique présente une synthèse du dossier et un survol des recommandations du groupe.

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J ’irai dormir en 2035 chez…

Cette série d’articles met en lumière un des personnages du scénario chaotique. Tout comme le fait Antoine de Maximy dans la célèbre émission télévisée " J’irai dormir chez vous ", entrez à ­ votre tour, en 2035, dans l’intimité du personnage, son chez-lui, son univers et ses idées.

BB p.50-51

BB p.64-65 BB p.74-75

Chez Fatima, sur la question de citoyenneté et d’une large sensibilisation véhiculée grâce à l’émotion et la culture Chez Sabrina, sur la instauration de nouveaux partenariats entre associations et pouvoirs publics Chez Mohamed, éco-boueur, rêvant aux caractéristiques de son futur logement

L’inconnu(e) de l’hyperloop

Cette série d’articles met en lumière un des personnages du scénario utopique. Le format, inspiré du blog nantais www.inconnudutramway.fr, est une invitation à une rencontre en 2035, à bord d’un hyperloop, train supersonique. Découvrez ce qui anime le quotidien de ces personnages en toute simplicité !

BB p.54

BB p.61

BB p.79 BB p.55

Louis, en train de tester un nouveau format d’application mobile du passeport citoyen " tous-citoyens44.com " Pauline, qui porte une nouvelle forme de partenariats entre élus et associations et présente quelques changements au niveau des mandats électifs Julien, qui incarne plusieurs possibilités de logements plus solidaires et vous présente son nouveau métier : le socio@moteur de quartier Le coup de cœur de la Rédac pour en savoir plus sur l’inconnu du tramway

Les petits plus du groupe

Au fil des dossiers, flashez les QR codes ! Ils vous conduiront sur des pages web. Vous y découvrirez les animations proposées par les groupes Passerelle. Vous pourrez également vous plonger dans la veille Scoop.it réalisée pour chaque groupe, proposée et alimentée par les membres, au fur et à mesure de l’année.

L’envers du décor

p.80

Les ingrédients pour sortir du cadre

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Vision d'avenir

Et si votre pire cauchemar devenait réalité ? CES PERSONNAGES QUI NOUS INSPIRENT

P. 5

-7

74

1

P.

5 0-

5

MOHAMED

MATEO

SABRINA

P. 5

-6

64

40 ans, médecin informaticien

FATIMA

LEA

32 ans, mairesse de Naoned

LOUISE

32 ans, commandante de bord chez Airplanet

CHARLIE

19 ans, stagiaire, M2 Fertile

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SYNOPSIS Entrez dans une fiction tout à fait noire. Tout y est chaos. Explosion nucléaire, réchauffement climatique, dictature au pouvoir, les pires cauchemars dont on nous parle depuis plusieurs années se sont tous concrétisés. La technologie ne semble en rien améliorer notre sort, notre survie. Le repli sur soi impose sa loi. " Liberté, égalité, fraternité " ne sont que des souvenirs d’un temps ancien enseveli sous un niveau moyen des mers plus haut de 6 mètres. Comment se relever de notre pire cauchemar quand citoyen rime avec rien, citoyenneté avec futilité ? Comment le citoyen reprendra-t-il possession de sa propre vie alors que toutes les libertés ont été réduites à néant dans un contexte de démobilisation généralisée? Peut-on encore parler de partenariats entre un pouvoir extrémiste et des associations qui, de toute façon, ne doivent leur survie qu’au bon vouloir du système en place ? Et que dire du logement pour tous quand l’intégrité et la sécurité des habi­ tants sont remises en question ? La pénurie est généralisée : eau, air, matériaux, aliments et même humains fertiles. Comment transmettre des valeurs humanistes et des savoir-faire et savoir-être ancestraux quand l’intérêt collectif se réduit à celui d’une élite ? Ce subtil mélange dystopique n’est pas sans nous rappeler quelques scènes de Bienvenue à Gattaca , 1984 ou plus récemment Divergente. Repensez un instant à chacun des défis que portent les membres Passerelle 2015. Que feriez-vous à la place des personnages qu’ils ont créés? La résistance souterraine s’appuie rapidement sur des combines astucieuses pour répondre à l’enjeu urgent de réveil citoyen. Ces quelques indices vous mènent vers cet univers où rien ne va plus. Vous aurez froid dans le dos. En ressortirez-vous ?

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Vision d'avenir

«« «« «« «« «« «« ««

38

Taux de pauvreté 24 % en Loire-Atlantique (10 % en 2009) Espérance de vie : 67 ans Taux de chômage : 19 % en Loire-Atlantique (8,6 % en 2014) 1 réfugié climatique pour 70 habitants en 2034 Vente légalisée de parties du corps Parcelle de nature à des fins alimentaires mise sous cloche, nourriture saine réservée aux enfants fertiles Départ, tous les mois, d’un voyage ou deux vers une exoplanète


Univers 2035 / Galerie d’art chaotique

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Communautarisme exacerbé Citoyens classés dans des catégories. Apatrie possible Territoire à l’écart de l’Europe Pouvoir dictatorial : des " élus " qui ne sont plus élus ! Plus de transports en commun : pas assez d’énergie Eau saturée en perturbateurs endocriniens Terres agricoles irradiées Informations en continu, mais contrôlées

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Vision d'avenir

Et si vous viviez dans un monde idéal ? CES PERSONNAGES QUI NOUS INSPIRENT

76 P.

P.

54

ALINE

P. 61

74 ans, présidente du collectif " Entre nous "

JULIEN

ARNAUD

LOUIS

43 ans, chef d'entreprise, participant aux groupes découverte " Explore "

PAULINE DOMINIQUE

43 ans, artiste altruiste

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SYNOPSIS Entrez cette fois-ci dans une fiction tout à fait utopique. La société est devenue beaucoup plus ouverte face à la diversité et à la différence. Les actions s’inscrivent dans la recherche du bonheur pour toutes et tous. L’intérêt collectif passe devant les intérêts individuels dans chaque projet. Certains territoires sont d’ailleurs en complète autorégulation. Chaque citoyen suit une éducation qui lui donne les outils et les moyens de ses choix. Il a acquis une autonomie réelle dans ses actions. Le citoyen prend aussi désormais pleinement ses responsabilités face aux enjeux de solidarité ou encore écologiques. Les prises d’initiatives sont d’ailleurs largement facilitées par les services publics. Tout y est lumière, pourrait-on dire ! Enfin presque. Comme dans l’œuvre de Thomas More (Utopia, 1516), l’organisation est basée sur la stricte égalité entre les individus. Pour assurer cette égalité, il n’existe ni propriété ni argent. Avec tous ces changements, l’attractivité de la Loire-Atlantique a redoublé depuis 2015. Victime de son succès, comment offre-t-elle un accès à la citoyenneté et même un logement pour toutes et tous alors que la démographie est au bord de l’explosion ? Dans un décor où tout semble facile, comment encourager la prise de risque dans les débats et l’action ? Comment stimuler le renouvellement d’idées nécessaire à l’innovation pour l’avenir de la société ? Comment garantir le bien commun ? Dans un contexte probable de pénurie de logements et de mobilité accrue, comment gérer le déséquilibre massif et soudain dû aux mouvements mal anticipés de populations ? Comment éviter le mal-logement des nouveaux arrivants ? Comment leur permettre de s’insérer dans un territoire pacifié ? Repensez un instant à chacun des défis que portent les membres Passerelle 2015 : citoyenneté au quotidien, partenariat entre associations et pouvoirs publics, logement pour tous. Là encore, que feriez-vous à la place des personnages qu’ils ont créés? Ces quelques indices vous mènent vers un univers où, même si toutes les règles de vie semblent apaisées, l’action reste primordiale pour faire avancer la société. Qu’en conclurez-vous ?

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Vision d'avenir

«« «« «« «« «« «« «« «« «« «« ««

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Recherche de l’action par et pour le bonheur de tous Parité complète Diminution des interlocuteurs sur les territoires Autorégulation sur certaines communes Simplification administrative effective depuis 2022 Les services publics garantissent l’équité et la mise en œuvre des valeurs d’épanouissement de la société Aucun jugement porté sur les choix de vie Mixité intergénérationnelle garantie Plus aucun échange d’argent dans la vie locale Production reterritorialisée Deux sources de rémunération : salaire et crédit temps, monnaie locale en échange de bénévolat


Univers 2035 / Galerie d’art utopique

«« Le recul nécessaire et le temps de réflexion ont été rallongés dans le traitement de l’information

«« Éducation rime avec flexibilité et apprentissages en mode projet, pédagogie transversale

«« Compétences fondamentales enseignées : ouverture d’esprit et esprit critique

«« Reconversions professionnelles triennales facilitées tout au long de la vie

«« Autosuffisance énergétique :

circuits courts et énergies renouvelables

«« Nouvelles formes de transport en commun en test : tyrolienne géante, trampoline…

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Citoyenneté

LA BELLE AFFAIRE !

Penser le citoyen acteur de la Cité. Quelle drôle d’idée ! Quelle mouche les a donc piqués ? " Eux ", ce sont les membres Passerelle du groupe " Être citoyen tous les jours ". Et tout compte fait, c’est à des hyménoptères qu’ils se sont frottés ! Hyméquoi ? Une abeille, celle qui butine les expériences hors normes et les fait éclore ? Ou un frelon, si vous préférez, celui qui conduit le citoyen aux urnes ou dans les rues. Ou encore un bourdon : celui qui nous révèle, à nous citoyens de 4 à 99 ans, la bienveillance qui nous habite. À l’image de la diversité d’espèces qui composent cette famille d’insectes volants, la citoyenneté se doit de rester diverse et variée ! Chacun y trouvera son compte ! Dans cette aventure en Loire-Atlantique, l’essentiel reste de partager, protéger, diffuser les valeurs communes qui nous soudent. Ce sont elles qui forgent notre identité collective. Mais nous semblons parfois l’oublier. Amnésie passagère sans doute, la citoyenneté est l’affaire de toutes et de tous ! La routine nous emporte, mais quoi que l’on fasse, notre avenir sera commun. Le citoyen en est l’acteur principal. " Tout le monde n’est pas obligé d’être engagé, mais au moins ne restons pas neutres ! " Le groupe Passerelle donne le ton à l’unisson ! C’est le coup d’envoi pour ce défi de taille : trouver de quoi déclencher en Loire-Atlantique un art de vivre, celui du vivre-ensemble. Citoyens, êtes-vous prêts ?

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UNE ENVIE QUI PRESSE ! Penser la citoyenneté, c’est essentiel ! Beaucoup s’y sont attelés et s’y attellent encore. Une devise commune nous rallie : " Liberté, Égalité, Fraternité ". À cela s’ajoutent, pour les membres Passerelle, civisme, respect, diversité, solidarité ou encore préservation de dame Nature… et la liste n’est pas finie. La curiosité en est une aussi. Finalement, elle se révèle ne pas être un si vilain défaut ! Elle nous ouvrirait l’esprit, nous aiderait à connaître l’autre, à y être attentif et à grandir avec. Être citoyen repose, sans trop de doutes pour le groupe, sur des droits et des devoirs. C’est notre cadre : celui de la démocratie, un brin trop juridique pour s’y pencher chaque matin. Mais c’est aussi le meilleur pour exprimer librement sa citoyenneté. Une question arrive vite sur la table : celle des élections. Les débats – mouvants – sont vifs, le café est froid. Normal. La confiance se fait rare de nos jours. Pourtant, le groupe se détourne rapidement du cadre de la démocratie représentative. Il pique au cœur du système : le citoyen lui-même. Le nœud du problème ? Peut-être. La clé de toutes les solutions ? C’est certain ! Être ­ci­to­yen tous les jours, c’est s’emparer de son pouvoir d’agir, ses libertés et ses responsabilités. C’est agir sur ce que l’on a vraiment envie de faire. C’est agir aussi pour soi et pour les autres pourvu que l’on respecte le choix de chacun ! Les marges de manœuvre sont larges ! Qu’est-ce qui fera que nos actions quoti­diennes permettront un changement à grande échelle ? La reconnaissance ! Une 1re étape pour rejoindre un nouveau cap. Ça presse !

★ L'essentiel ★ À TOUT Apporter une définition commune sur la citoyenneté n’est pas une mince affaire ! Changements climatiques, sécurité alimentaire, isolement ou encore fragilité économique sont des défis énormes. Tous différents, ils ont au moins deux points communs. Le premier, c’est que ces défis ont déjà trop attendu. Le second, c’est que la réponse doit être puisée en chacun de nous. " Penser global, agir local ." Nous connaissons cet­te formule par cœur. Elle circule depuis plus de quarante ans main­tenant. Du noyau familial au tour du mon­de, en passant par les amis, le collège ou le milieu professionnel, passer à l’action est incontour­nable, une action positive répandue tel un " gentil virus ". Bonne nouvelle : la résistance des citoyens existe déjà, pacifique, locale, invisible. Elle est masquée

INSTANT même, par la colère ambiante. Elle a pourtant lieu, alors stop au silence ! Comment pourrionsnous faire pour passer de gang d’inconnus à territoire de superhéros ? La première étape semble incontournable : travailler sur la reconnaissance à grande échelle des petits riens, ces bienfaits qui alimentent une chaîne précieuse, celle du vivre-ensemble. Bien sûr, faire équipe pour changer le monde, c’est toujours mieux. Mais ce dont nous ne sommes pas conscients, c’est que chacun chez soi en fait déjà beaucoup pour les autres ! Le cap est donné par le groupe : " Réveillons-nous, mais pas juste en sursaut ­! " Tout en y prenant du plaisir, encourageons notre citoyenneté. Surprenonsnous et valorisons-la pleinement dès le plus jeune âge. N’attendons 45


★ Le plus★ DU GROUPE

PASSERELLE

La campagne de sensibilisation clé en main a été imaginée par l’agence CQFD Communication sur la base des idées écrites collectivement par les membres du groupe. Partant pour donner vie à la plateforme www.tous-citoyens44.com ? Levez la main !

Affiches pages 53, 66-67, 79.

plus la majorité pour considérer les habitants de Loire-Atlantique comme des citoyens. Lisons et reconnaissons l’expérience citoyenne et bénévole à sa juste mesure, jusque dans nos curriculum vitae ! Voici les recommandations du groupe pour parvenir à leur idéal. Au menu : humanisme, énergie positive et émotions, comme celles qui ont bercé ces réflexions.

STOP AU SILENCE : DE LA PRISE DE CONSCIENCE À LA MISE EN PRATIQUE Organisons une large mobilisation citoyenne ! Le groupe se fixe pour objectif de donner envie à son entourage et de faire rêver de citoyenneté chaque habitant de Loire-Atlantique ! Il préconise :

«« Accélérons la prise de cons­

cience générale. Le groupe propose une campagne de sensi­bilisation pour la promotion du mouvement du " faire

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au quoti­dien " qui doit se mettre en marche, sans étiquette politique.

«« Mettons en place un réseau

informel de pollinisateurs. Par leur attitude positive conta­ gieuse, ils seront capables de transformer les petits riens en effet de masse. Ils susciteront du débat partout où ils se rendront pour inventer à plu­sieurs de nouvelles solutions.

Révélons notre parcours citoyen avec des outils de transition ! Pour prendre le relais de cette campagne, toutes les formes d’éducation à la citoyenneté seront intéressantes à mettre en œuvre. Pour alimenter l’envie de faire, il faut de la formation, mais surtout de l’action et de l’exemple. Pour cela, le groupe a quelques solutions à vous proposer :

«« Une plateforme collaborative qui propose et recense actions du quotidien, combines

astucieuses et permet de les transmettre au collectif. Elle offre également un espace de débat.

«« Un passeport citoyen à remet­

tre dès le collège. Il guide et s’adapte selon les âges pour créer un véritable parcours du citoyen de tous les jours. Grâce aux technologies, des formats d’outils très interactifs pourraient être envisagés.

«« Un kit de sensibilisation

ludique pour démontrer le pouvoir d’agir décliné selon différents thèmes couvrant la citoyenneté : démocratie, solidarité, écologie…

Et pourquoi n’imaginerions-nous pas une application dédiée à la citoyenneté de tous les jours en Loire-Atlantique qui réunirait ces trois solutions ? Ce site deviendrait la référence des petites attentions qui font du bien !


"Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends." Benjamin Franklin

Difficile de parler citoyenneté en 2015 sans évoquer les évènements du mois de janvier. Ils n’ont échappé à personne, leurs répercussions non plus. Il aura fallu un drame pour secouer la société. La multitude des regards que l’on a pu porter sur ce court message " Je suis Charlie " témoigne de la diversité et de l’intimité avec laquelle nous ressentons les questions de citoyenneté et de protection de nos valeurs. Quelques jours après les attentats contre Charlie Hebdo, les membres du groupe Passerelle se sont livrés à un débat riche en émotions, une expérience qui restera dans la mémoire collective de ce groupe. Pour ouvrir le débat, deux affirmations ont été soumises aux participants. " Les rassemblements des 10 et 11 janvier sont l’unique expression d’un sursaut citoyen." " Aujourd’hui, nous sommes tous Charlie. Demain, nous redeviendrons ce que nous étions." Retour sur cette séance avec quelques extraits de témoi­gnages.

TÉMOIGNAGES Sursaut de cabri ou réveil ­citoyen ?

" Le mot " sursaut " : c’est vraiment ça ! Quand je sursaute, c’est que, quelque part, je m’endors. J’entends un bruit et je me réveille, je n’étais pas là ! Le terme

Hommage à Charlie est plutôt bien choisi. Tout cela va sûrement rester dans l’histoire. Mais dans les consciences au quotidien, j’ai l’impression qu’il aurait fallu une claque six fois plus grosse. J’ai plutôt l’habitude de croire dans les individus. Mais là, si on ne va pas chercher les gens par la main, en leur disant " voilà ce que tu peux faire, " j’ai l’impression que cela va retomber." Suis-je Charlie ?

" Au moment où cela s’est produit, je suis sorti dans la rue. Les gens n’étaient pas plus, pas moins apathiques que d’habitude. Il y a eu quelque chose d’extrêmement personnel dans les réactions de chacun. Si je suis un peu sincère, j’accepte l’idée qu’on les [Charlie Hebdo] a un peu négligés durant toutes ces années. On était un peu dans le coton, alors que ces gens-là risquaient leur peau pour la liberté d’expression et ils l’ont payé cher. Je me suis abonné le lendemain. Mais si je veux continuer, il me faut un moyen de le faire. J’ai l’impression que " citoyennement " je suis un peu en mouvement, mais cela ne suffit pas. Je sais bien comment va la vie. J’ai besoin de stimulus. Ce n’est pas une affaire mémorielle, il faut me secouer."

La mobilisation, c’est essentiel, mais concrètement, comment ne pas en rester là ?

" Ceux [les citoyens des contrées démocratiques] qui ont le droit de prendre la parole ne sont pas les plus à plaindre. Cela n’a pas fini d’éclater et nous ne pourrons pas rattraper indéfiniment ces explosions. Mais c’est aussi à nous de nous laisser guider par l’espoir plutôt que par nos peurs." Après Charlie Hebdo, les réactions ont été énormes… puis plus rien ou presque. Les débats, ceux du laboratoire Passerelle comme tous les autres, se sont à peu près tous conclus sur cette question " Et après ? ", jusqu’à ce samedi matin du 22 août, lors de l’attaque du Thalys Amsterdam-Paris, ou ce mercredi 2 septembre, ce jour où le corps d'Aylan Kurdi, 3 ans, comme tant d’autres réfugiés syriens anonymes, a été découvert sur une plage turque. Comme lors de cet émouvant débat mouvant du mois de janvier, la balle est lancée pour ne pas en rester là, pour que l’humanité n’échoue pas. Les membres Passerelle l’ont saisie au rebond. Et vous ?

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★ En 2035 ★ J'IRAI DORMIR

CHEZ...

...FATIMA 2035/06/05 74 ans. Née le 23/02/1961. Ouvrière dans l’agroalimentaire. Habite le bloc 416, quartier 212.

Fatima, la doyenne du bloc 416, vous accueille. Les habitants de son bloc organisent une séance de bien­ venue aux nouveaux arrivants. Ils ont accès à la sphère collective 416. Même numéro que celui du bloc. " Asseyez-vous autour du feu. Il reste quelques places. Nous allons commencer… " Fatima se prépare et entame la rencontre. " J’avais une famille. Je les ai laissé partir de France en 2023. Ça allait trop mal ici. J’ai même dû payer pour leur départ. À cause de l’explosion nucléaire de Chinon, je suis malade, donc je suis restée ici. Dans le bloc 416. Je n’ai pas réussi à vendre d'organes pour financer mon billet. Mais au moins, j’ai du travail. Je mets des aliments moléculaires en capsules. J’assiste un humanoïde. Et puis j’ai réussi à marchander une nouvelle carte catégorie citoyenne 3. Je n’ai pas retrouvé le droit de voter ni l’accès à la sphère politique. Pour ça, il faudrait que je passe " caté-

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gorie 2 ". Au moins, j’ai accès aux discussions collectives 416 telles que celles que nous tenons ce soir. Les habitants, de tous âges, viennent débattre de ce qu’il y aurait à changer et de la manière dont nous pourrions changer effectivement les choses. Nous ne sommes pas entendus par les autorités, nous le savons bien. Par contre, nous sommes littéralement écoutés, enfin mis sur écoute, si vous voyez ce que je veux dire. Un semblant de démocratie citoyenne, en marge du système. Mais il faut aller plus loin et nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Nouveaux citoyens du bloc, je vous souhaite la bienvenue ! Peut-être pourrez-vous nous aider dans cette résistance positive dont nous rêvons ! Nous avons un devoir de réaction, tous, à tous les âges. Mais pour cela, nous devons nous organiser un réseau, tendre notre toile optimiste vers les autres blocs. "

NE PERDONS RIEN DU PASSÉ

Dans les dernières discussions du bloc 416, nous nous sommes dit que, par les temps qui courent,


Univers 2035 / Scénario chaotique

le défi suivant était prioritaire. Nous devons défendre nos valeurs humanistes et les transmettre. Retrouvons à tout prix empathie, solidarité, libre arbitre, imagination, intégrité et précautions pour notre environnement. Ces valeurs sont toutes ancrées en nous. Il faut les réveiller. Vous savez quoi ? Je crois que seule l’émotion sera capable de tout déclencher et de refaire naître confiance et cohésion entre nous, que nous soyons " pucés " ou non. Et quand on parle d’émotions, les arts et la culture sont des voies royales pour les raviver puisque notre système d’éducation est contrôlé.

ART ET CULTURE : PROTECTEURS DE L’HISTOIRE, PROPULSEURS D’AVENIR Tel un média des arts, la culture peut renaître de rien. Comme ce qui nous entoure en ce moment. C’est ce qui est magique et qui doit nous animer d’espoir ! Nous avons tout à perdre si nous ne protégeons pas notre mémoire, notre mémoire collective. C’est ce qui crée notre identité. Nous

devons en prendre soin. J’ai un exemple : il y a quelques mois, j’ai rencontré Louise, la commandante de bord de navette spatiale, vous savez celle qui a participé à la mise au point de l’Hyperloop. Vous la connaissez ? Elle est catégorie 2, bien sûr. Elle est présidente de l’association " Temps libre et solidaire " et nous a aidés à créer le collectif " À petits pas ", l’école de danse du quartier. Ça rentre dans les cases officielles, mais grâce à la danse comme prétexte, nous souhaitons rassembler nos voisins. Louise utilise son réseau et son association pour trouver une équipe et faire venir des troupes. Moi, j’apprends la danse, mais aussi je transmets mon histoire aux jeunes générations. Ne le dites à personne, mais de temps à autre, grâce à ses amis, nous arrivons à brouiller les pistes des puces des élèves et nous diffusons quelques messages pour réveiller les consciences."

" L’entourage et le monde ne changent pas. C’est nous-mêmes qui changeons notre point de vue ! " Fatima

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Envie de campagne ? " Ce qu’il faudrait pour réveiller notre fibre citoyenne, c’est un gros gros " coup de p­ rojecteur " sur nos actions quotidiennes, aussi marquant que l’a été la sortie de Royal de Luxe en son temps ! Ça nous scotche, ça nous transporte, ça nous fait rêver ! "

UNE PLATEFORME WWW.TOUS-CITOYENS44.COM, UNE APPLICATION ? De par son contenu informatif mais aussi interactif, l’outil imaginé par le groupe aurait pour mission de :

«« Valoriser les actions citoyen­

nes : les démystifier, de l’individuelle au projet associatif ; faire même de la place aux plus " petites " actions qui feront boule de neige.

«« Valoriser les personnes au

travers des bienfaits et des retombées positives que cela génère autour d’eux.

«« Renforcer le sentiment

d’appartenance à un même territoire : la Loire-Atlantique.

Parce que beaucoup d'entre nous se demandent comment agir, que beaucoup agissent déjà au quotidien, le groupe a imaginé les grandes lignes d’une campagne de sensibilisation pour donner envie encore davantage. Celle-ci permettrait de mettre la citoyenneté à la portée de toutes et de tous. Donner envie et faire parler, c’est bien ce qu’on attend tous de l’art de la communication. Oui, mais dans ce cas précis, il faut faire parler tout le monde ! De 4 à 99 ans et dans tous les foyers de Loire-Atlantique, voilà l’ambition projetée dans ce projet. Proximité et sensibilité sont deux piliers de cette aventure ! Ou comment dénicher le moindre recoin où le citoyen sera à l’écoute. Rue, marché, salle de sports, médiathèque, établissements scolaires, forum 50

des associations, boîte aux lettres, laissons aller la créativité ! Le sujet est grave et polémique, mais il peut être traité avec décalage et humour. Surprendre et créer une rupture avec le quotidien sera un moyen privilégié pour donner envie de faire et de faire rêver. Sur un ton humoristique, il faudra amener les citoyens dans un autre univers (le cirque, l’espace…). Reste à trouver le bon moment pour interpeller les citoyens. Deux pistes sont envisageables. Une première démarche, progressive, peut être retenue en déclinant la campagne en fonction des différentes personnes ciblées et diffusée à des moments-clés de leur vie. En fin de campagne de sensibilisation, il faudra imaginer un temps fort donnant une vue d’ensemble colorée de la palette complète de citoyenneté de LoireAtlantique. Une alternative à cette piste serait de lancer une campagne de sensibilisation au pouvoir d’agir ; en guidant les personnes

vers une plateforme, une application mobile, un outil qui mettrait rapidement chaque citoyen en action et/ou permettrait une reconnaissance de ce qui est déjà fait… En puisant dans ces idées collectives, l’agence CQFD a imaginé une campagne citoyenne qui pourrait être diffusée rapidement afin d’atteindre les premiers objectifs du groupe en Loire-Atlantique. La campagne sensibilisera et conduira vers une plateforme : tous-citoyens44.com. Pour que chacun puisse s’approprier les messages, pour des raisons qui lui sont propres, l’idéal serait que la paternité ne soit revendiquée par personne d’autre que les citoyens. Découvrez, entre chaque dossier présenté dans ce magalivre, une des affiches proposées. À partager sans modération dans l’espace public comme sur internet ! Êtes-vous partants pour créer le buzz ?


La citoyenneté, CES BIENFAITS

©

CQFD Communication Nantes - Paris. Crédit photos : Fotolia

pour nous !

.com

s44 n e y o t i c s www.tou

Pour cette plateforme, trois volets ont été imaginés : Expliquer ce qu’est la citoyenneté vue par le groupe Passerelle, des témoignages, mais aussi par l’exemple, avec un outil cartographique collaboratif localisant les actions du quotidien et à proximité. Créer une communauté autour de cette plateforme par une animation dynamique : la minute positive, l’action du mois, un projet collaboratif (exemple : la création du " passeport citoyen ", des témoignages : " La citoyenneté : qu’est-ce que vous en dites ? " " Ces bienfaits pour nous !"…) Proposer des kits de sensibilisation et d’éducation à la citoyenneté : en téléchargement libre à destination des enseignants ou des familles, sous la forme d’un jeu DIY* à imprimer ou d’une application mobile ludique… Cette section pourrait d’ailleurs repérer les sites existants proposant déjà des outils éducatifs. (ex : lespetitscitoyens.com, citoyendedemain.net, asso-grainedecitoyen.fr…).

*Do it Yourself, mouvement du " faire soi-même "

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Univers 2035 / Scénario utopique

★ L'inconnu ★ DE

L'HYPERLOOP

LE 5 JUIN 2035 - LOUIS Bonsoir à toutes et à tous, Au détour d’un wagon, je l’aperçois. Un peu en retrait, l’œil rivé sur son avant-bras. Il est plongé dans sa lecture sur son hologramme projeté. Je vous présente Louis, 19 ans, né un soir d’été 2016. Il habite Riaillé et finit tout juste ses études. Il est monté en gare d’Ancenis pour se rendre à Pornic. J’ai donc dix minutes pour discuter avec lui à bord de cet hyperloop. On est large ! Je lui demande ce qu’il lit. " Je consulte mon passeport citoyen ", me répond-il. " Ça fait huit ans que je grandis avec ! À vrai dire, à 11 ans, on n’y croit pas vraiment à cette histoire de passeport ! Mais aujourd’hui, c’est grâce à lui que je peux partir en Tanzanie à bord d’un avion Solar Impulse 7 ! " Ah, la Tanzanie ! Encore un jeune inconnu pas comme les autres, j’adore ! Pas question de descendre de ce train supersonique sans savoir pourquoi la Tanzanie. " C’est un voyage humanitaire. Je vais venir en aide aux déplacés du réchauffement climatique. Mon avion embarque des " briques UNICEF "*. Je vais les aider aussi à installer le système du MIT* pour dessaler l’eau souterraine. Ça marche avec l’énergie solaire. Je pars mardi prochain. " Puis notre discussion se recentre sur son passeport citoyen. Là encore, mon inconnu du jour se révèle un inconnu pas comme les autres. " Je fais partie de la 1re promo à vivre avec. C’est super bien fait ! C’est ludique ! Il y a des quiz, chaque jour de nouvelles suggestions pour une action et même des missions en réalité virtuelle qui ne peuvent se jouer qu’en réseau. Grâce à mon parcours citoyen, j’ai eu accès au fonds citoyen de participation à l’éducation citoyenne. Ce ne sont pas des blagues ! Et puis cette appli est très simple d’usage. Avec mon téléphone, je me localise, je coche vocalement " action écologique, solidaire, pacifique ou en faveur de la démocratie " et j’annonce combien de personnes ont bénéficié de mon action. Le passeport nous rappelle de façon intuitive et selon notre âge qu’un citoyen a ses droits, ses devoirs et ses res­ponsabilités envers la société. Il nous suggère différentes actions possibles selon notre âge. On peut les accomplir seul ou à plusieurs, mais toutes les actions sont mises en commun et révélées sur la plateforme tous-citoyens44. " C’est passionnant, mais nous n’avons plus beaucoup de temps. Pas si large que cela finalement. Je lui demande ce qu’il retient de cet outil. " Ça donne du fun au sens… ou du sens au fun ! Petit geste après petit geste, nous pouvons tous améliorer notre vie, celle de nos voisins, familles et amis. Tous les jours, à la maison, au travail ou dans un hyperloop, chacun peut poser un geste, puis un autre, qui deviendra d’ailleurs un réflexe. On partage direct les petites idées du quotidien qui fe­ront un grand avenir pour tous ! En parler autour de nous ? C’est trop hype ! Et puis enfin, mon carnet de bord touscitoyens44.com permet de valoriser des aptitudes développées en dehors de mon cursus professionnel. Pour moi, c’est vivre-ensemble, santé et consommation. Ce sont vraiment des questions qui me passionnent ! La Tanzanie me permettra d’y ajouter " diversité religieuse ". Je vais y apprendre quelques rituels animistes. Plus qu’une formation de terrain, mes heures bénévoles sont désormais reconnues par les recruteurs comme une véritable expérience. D’ailleurs, j’ai un job qui m’attend à mon retour de Tanzanie : je vais être désorganiseur professionnel ! Vous avez devant vous un futur expert en chaos ­organisé !" Pas le temps de lui demander ce qu’il n’aime pas. Ça n’est pas si grave. Ce jeune homme est un condensé d’optimisme ! Le mot de la fin : " merci pour nous, les inconnus ! " Merci Louis, pour cet entretien et bon voyage ! *Briques 3 en 1 construites par l’agence Psychic Factory en 2015. Elles arrivent pleines d’eau potable et de nourriture. Une fois ces denrées consommées, les briques s’assemblent tels des pièces de Legos pour bâtir des abris temporaires. *Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology ont mis au point une technologie utilisant le soleil pour alimenter un système ayant le potentiel de fournir suffisamment d’eau potable en dessalant l’eau souterraine, pour répondre aux besoins d’un village de 2 000 à 5 000 personnes.

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Le coup de cœur de la rédac' EN DIRECT DE 2015

Votre maman ne vous a jamais appris à ne pas dire bonjour à un inconnu ?! Si, bien sûr ! Mais voilà, le concept d’Allan Vador est irrésis­ tible et simple comme bonjour. Et l’inconnu, c’est vous ! Parce que lui, il ne l’est plus tant que cela ! Ce bonjour, chaque jour, ou presque, met en lumière en toute humilité et sympathie un usager du tram nantais " l’inconnu du tramway ". Allan n’a besoin d’aucun prétexte pour briser la glace. Il vous propose juste de participer à cette aventure humaine qui dure maintenant depuis deux ans et de lui parler de vous, enfin de nous parler de vous ! L’idée n’est pas de lui, elle vient d’un ancien blog parisien " l’inconnu du métro ". Il y apporte sa patte artistique en plus : celle des humeurs captées par l’objectif, au gré de ses rencontres. Derrière ce bonjour, vous rencontrerez ce blogueur accompagné de son

ami fidèle, un appareil reflex. Peu de blogueurs peuvent se targuer d’avoir 1 500 visiteurs par jour sur leur site. Mais Allan ne s’en vante pas, ce passionné de photographie est juste heureux de partager cette expérience. Sans rien attendre en retour, il fait sa part pour lutter contre un mal grandissant dans notre société : l’isolement. " On ne sait plus dire bonjour, les gens ne discutent plus, même s'ils se croisent pendant deux mois dans un même bus." Il lutte à sa manière contre l’idée selon laquelle nous ne saurions plus parler d’autre chose que de météo ! Il nous prouve même chaque jour le contraire. De plus en plus de Nantais le reconnaissent et le suivent sur Facebook. Contre toute attente, il recrée du lien et de la discussion, là où on ne les attendait plus. Comme dans cette classe, où les collégiens ont réagi à l’entrevue de la veille de leur

professeur de maths. De Marcel, l’animateur du périscolaire parti depuis peu en retraite, à Lionel, le métalleux quarantenaire s’en allant au Hellfest, en passant par Baidy 41 ans, Fanny 25 ans, Rankh ou Malo 27 ans, Solenn 18 ans, plus de 300 interviews sont désormais disponibles sur le blog. De quoi faire une belle expo d’inconnus ! " Les parcours sont variés et certains insoupçonnables […]. Ici, on ne juge pas, on ne manque pas de respect, on rigole et on commente. " En quelques minutes, le temps de 3-4 arrêts, Allan rentre dans le quotidien d’un inconnu pour lui tirer le portrait sur le net une fois sa propre journée terminée. " Un simple bonjour et les gens se livrent, mais il n’est pas toujours simple d’aborder des personnes en pleine heure de pointe ou encore à 6h du matin ", nous avoue Allan, qui essuie un refus pour deux entrevues. Votre lecture de ce soir est donc toute trouvée, mais qui sait combien de temps cela pourra durer ? En attendant, Allan paie ses tickets comme tout le monde pour aller travailler et continue de donner le sourire à notre tribu des têtes baissées du tramway nantais ! Ce dossier sur la citoyenneté au quotidien était une occasion toute trouvée pour vous le présenter ! D’ailleurs, vous l’aurez peut-être remarqué, nous nous en sommes inspirés. Les entrevues de Louis, Pauline ou encore Julien reprennent le ton et donne le change à ce blog.

www.inconnudutramway.fr 53


Le saviez-vous ? «« Aux actes citoyen-ne-s !!! C’est le slogan de campagne de sensibilisation organisée toute l’année 2015 par la Fédération des Amicales Laïques de Loire-Atlantique, dans le cadre des 80 ans de la Ligue de l’enseignement. Une invitation à nous réapproprier nos droits, nos devoirs et notre devise républicaine " Liberté, Égalité, Fraternité " à laquelle se greffe la laïcité. http://www.auxactescitoyens.org/ «« C’est aussi le credo de l’écrivain Alexandre Jardin, du mouvement " Bleu Blanc Zèbre " qu’il a créé en 2014 et de la plateforme bleublanczebre.fr. Le mouvement s’implante en Loire-Atlantique depuis la venue du romancier en septembre 2014, sur invitation du CDLA. Pour leur écrire : bleublanczebre44@gmail.com «« " Cap ou pas cap ? " Voici l'un des messages de sensibilisation discutés par le groupe. Inspirés par Dorothée, d’Antenne 2, avec sa chanson " T’es pas cap ? ", par le nom du parc d’accrobranche de Savenay, ou bien encore par la plateforme web d’initiatives citoyennes pari­siennes (CAP pour Comprendre et Agir à Paris) ? Qui sait quelle est vraiment la source d’inspiration des membres Passerelle ? Le dépassement de soi est possible ! Peu importe ! Chaque citoyen détient un pouvoir d’agir. Le consensus se fait plus large de jour en jour !

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Associations & pouvoirs publics LE VENT TOURNE !

Faut-il réinventer les partenariats entre institutions et associations ? La question est posée, la réponse immédiate et collective : " Oui, c’est urgent ! " Pour ce groupe Passerelle, l’enjeu est trop important si l’on veut que le dialogue ne s’éteigne pas avec les financements publics. Imaginez : la Loire-Atlantique compte plus de 25 000 associations pour 1,3 million d’habitants ! Débordant d'initiatives, ces forces citoyennes donnent un pouls définitivement humain au quotidien de notre territoire. Ces habitants engagés contribuent au bien-être collectif. Ils stimulent la solidarité par des actions utiles qu’aucun autre acteur du secteur public ou privé n’a su mener de façon aussi efficace auparavant. Alors, pourquoi l’énergie des 250 000 bénévoles et 44 000 salariés ­reste-­­t-elle encore trop peu reconnue et trop peu entendue ? Pourquoi sont-ils partout quand on a besoin d’eux et nulle part quand il s’agit de leur donner la pleine reconnaissance qu’ils méritent dans la construction de la société ? Sortir de la vision étriquée du pouvoir public seulement pourvoyeur est une piste pour rééquilibrer la donne entre ces deux interlocuteurs œuvrant au service de l’intérêt collectif. Quelle pourrait être la répartition des rôles dans les scénarios de demain ? Comment amorcer ce virage sans attendre une minute de plus ? Telles sont les explorations tentées par les membres Passerelle de ce groupe.

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PRÉPARER LE JOUR D’APRÈS Constater que les associations d’aujourd’hui n’ont plus grand-chose à voir avec celles du début du XXe siècle est une évidence. La mise en œuvre des politiques publiques également d’ailleurs. Les premières, confrontées à des difficultés sans précédent, ajustent tant bien que mal idées et projets. Elles le font grâce à des modes de financement de plus en plus variés (mécénat, épargne citoyenne... ), des pratiques innovantes ou encore un militantisme associatif, mais qui laisse parfois place à la consommation de services. Pour les institutions, un simple coup d’œil aux successions d’actes de décentralisation et aux mouvements de déconcentration de l’État suffit à imaginer les zones de flottement qui surgissent en continu. Petit à petit, les interactions évoluent tout doucement pour s’adapter aux réalités du terrain qui animent les deux sphères. Pour autant, aucun renouvellement profond des postures n’émerge à grande échelle. Entre le niveau des subventions qui continue de diminuer et la simplification administrative constatée qui tarde à venir, les points de friction et d’incompréhension sont nombreux. Difficile de ne pas jeter l’éponge. Résolument optimiste, ce groupe a su dépasser ces mésententes pour bâtir de nouvelles alliances et changer la donne. 56

★ L'essentiel ★

À TOUT

Les membres Passerelle de ce groupe sont arrivés avec des bagages bigarrés témoignant de leurs différents parcours d’une façon ou d’une autre au service de la collectivité. Pour autant, une vision commune s’est dégagée rapidement. " Et si les projets permettant de fédérer les attentes citoyennes étaient portés par des groupes misant sur l’éducation, l’humanisme, les réflexes de libre-penseur ? Tout en conservant leur libre arbitre, ces groupes indépendants seraient écoutés par les institutions." Voilà l’idéal porté par le groupe. En cours de route, celui-ci a souhaité mettre à l’épreuve la vision collective qu’il commençait à se forger. Ils ont

INSTANT

ainsi fait appel à deux témoins : Benoît Ferrandon et Emmanuelle de Pétigny (Cf. Clin d’œil). Réinventer les partenariats entre associations et pouvoirs publics est donc possible, souhaitable et même urgent ! Mais cela nécessite de préparer le jour où les changements seront effectifs, le jour d’après en quelque sorte. La prio­rité est d’agir pour modifier profondément certains comportements ou modes de fonctionnement. Et pour cela, il y a une étape obligée : rétablir la confiance entre ces deux parties et bâtir l’écoute nécessaire aux futures coopérations qu’elles devront envisager ensemble. Un pas de deux qui se prépare d’abord de chaque


Clin d'œil Deux témoins ont participé au 3e atelier du groupe. Acteurs de notre territoire, ils sont à la fois en prise directe avec les réalités du terrain et bien au fait des postures émergentes ou souhaitables pour l’avenir des partenariats.

côté de la berge. Pour couvrir ce thème, les propositions du groupe se s­ ituent donc à deux niveaux. Le premier se concentre sur la nature même des partenariats. Les autres recommandations portent davantage sur les conditions dans lesquelles ils pourront se réinventer. Le partenariat futur sera gagnantgagnant ou ne sera pas Au cours des débats mouvants, témoignages ou autres discussions, plusieurs pistes ont été identifiées comme base pour construire les partenariats du futur : «« La coécriture de l’appel à projets «« Du soutien public pluriannuel : un modèle de contrat à

««

dévelop­per, au-delà de l’aspect financier De la coconstruction et de la cogestion de politiques publiques

Préparer demain Pour favoriser le renouvellement des partenariats, le groupe propose plusieurs axes de changements : «« Structurer le tissu associatif en un réseau transverse à l’échelle de la Loire-Atlantique «« Imaginer les modalités de mandats électifs politiques renouvelés (…) «« Favoriser la concrétisation des idées citoyennes par une résistance active et positive

Benoit Ferrandon Chef du service Innovation, Direction Prospective au Département de Loire-Atlantique, Benoît Ferrandon est en veille permanente sur les innovations en cours au cœur des institutions publiques. Fervent défenseur de l’utilisation du design de services comme levier d’innovation dans les collectivités, il a d’ailleurs été responsable d’une méthode expérimentale au sein du Département de Loire-Atlantique. En savoir plus : Design de service public en collectivité locale, le passage à l’acte, ouvrage coréalisé par le département de Loire-Atlantique et l’École de design Nantes Atlantique, aux éditions la Documentation Française. Emmanuelle de Pétigny Conseillère municipale à la mairie d’Ancenis, Emmanuelle de Pétigny est également directrice du cabinet Alterm. Son quotidien, c’est coacher les associations. Elle les accompagne dans le renouvellement de leur modèle économique, dans les changements de postures pour devenir les interlocutrices crédibles qu’elles méritent d’être ! 57


Le partenariat du futur Dans la conduite du changement, il n’est pas rare d’employer ces 4C : " Changer ", " Communiquer ", " Collaborer " et " Créer ". Les membres du groupe auraient pu partir de là pour bâtir leurs recommandations. Après tout, ces 4C remettent aussi l’humain au cœur des relations. C’est tout ce que souhaite le groupe, autant pour les associations que pour les pouvoirs publics. Mais ce sont les valeurs humanistes qui priment dans les relations à réinventer, avec l’ensemble des acteurs (banques, partenaires privés, etc.). C’est pourquoi le virage vers 2035 devra s’amorcer par la quête de con­ fiance, de continuité, de crédibilité et de conviction. Ce sont les 4C rêvés à garder en tête pour définir les futurs partenariats. Du financement à la coconstruction de politiques et d’actions, voici un aperçu des solutions ayant retenu l’attention du groupe Passerelle.

CO-ÉCRITURE DES APPELS À PROJETS

Au-delà des traditionnelles subventions, l’appel à projets est un modèle instaurant un partenariat désormais bien connu des associations. Ces dernières inscrivent pleinement leur projet dans celui de la collectivité pour obtenir du financement. Le cahier des charges de l’appel à projets, rédigé par les institutions, semble parfois contraindre la force d’innovation des associations. Si, dans les faits, ce mode convient à bon nombre d’entre elles, il présente toutefois en pratique quelques ­écueils, comme celui d’affaiblir leur indépendance, si elles adoptent une posture de prestataires d’une politique publique. L’appel à projets change certaines pratiques associatives puisqu’il en met quelquesunes en concurrence entre elles, voire avec des entreprises. 58

SERA GAGNANT GAGNANT OU NE SERA PAS

­ omment porter son propre projet C dans ces conditions ? Pourquoi ne pas imaginer une rédaction collective des cahiers des charges ?

DU SOUTIEN PLURIANNUEL : UN MODÈLE DE CONTRAT À DÉVE­LOPPER ?

Les associations comprennent bien que les collectivités ne pourront plus autant subventionner qu’auparavant. Mais elles désirent aussi davantage de visibilité sur leurs partenariats. Comme en a témoigné Benoît Ferrandon, il existe en Loire-Atlantique un modèle récent de tout nouveau modèle de contrat. Sous l’impulsion de quelques associations, l’ADAPEI* notamment, le département de Loire-Atlantique a testé un mode de contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM). La collectivité s’engage sur cinq ans à soutenir le projet associatif, le financer, mais pas uniquement. Ce contrat est plus souple que ceux auxquels sont habituées les associations. Elles ont à remplir certains objectifs et doivent démontrer la vitalité de leur structure, mais gagnent en visibilité. De son côté, la collectivité, au-delà de la simplification administrative engendrée, appréhende mieux la vitalité des associations présentes. Ce suivi n’est, à l’heure des subventions annuelles, pas possible. Alors, pourquoi ne généraliserionsnous pas les CPOM dès lors qu’une

­ ssociation a une mission qui coïna cide avec les priorités du service public ?

CONSTRUISONS ENSEMBLE NOTRE TERRITOIRE Emmanuelle de Pétigny l’a confirmé. La plupart des élu(e)s ont conscience que, sans les associations, il y aurait un réel vide sur leurs territoires. Ils ne nient pas que leur connaissance du terrain permette d’affiner les actions de l’institution. Les associations sont en contact avec des populations qui s’éloignent de plus en plus des institutions. De la coconstruction en amont de l’élaboration des politiques publiques à la cogestion, comme dans le cas des Sociétés coopératives d’intérêts collectifs (SCIC), les possibilités de partena­ riats semblent nombreuses. Les associations, comme chaque citoyen d’ailleurs, doivent pouvoir participer plus largement à la cons­truction des politiques (­exemple réussi du débat " Nantes, Loire et nous ", la création du Pôle territorial de coopération économique (PTCE) du Pays d’Ancenis, la mise en place du Comité territorial de l’ESS sur le Pays d’Ancenis (COTESS), etc.). Des modèles émergent progressivement. En Loire-Atlantique, les opportunités sont d’autant plus fréquentes que notre territoire est, somme toute, habitué aux expérimentations de pratiques.

*Association de parents et amis qui milite en faveur des personnes handicapées mentales et de leurs familles.


Univers 2035 / Scénario utopique

★ L'inconnue ★ DE

L'HYPERLOOP

LE 10 FÉVRIER 2035 - PAULINE Bonsoir à tous, Ce soir, c’est sur le retour que j’ai croisé ma charmante inconnue, à l’arrêt de l’hyperloop Nort-sur-Erdre ! Je vous présente Pauline, 74 ans. Dans la vie, Pauline est élue, conseillère de la grande commune de Soulvache. " Je facilite, je coordonne et je soutiens les porteurs d’initiatives. Je les " marraine " en quelque sorte. Je les aide à monter leurs présentations à destination du conseil communautaire, par exemple. Les regards y sont variés et les décisions collaboratives. Vous ne le savez peut-être pas, mais le conseil est composé depuis cinq ans de président(e)s d’une dizaine de collectifs, associations et entreprises. Les mandats courent sur trois ans. " Ce que mon inconnue préfère dans sa mission du quotidien : " Les collectifs et associations une fois détectés, je les rencontre. On regarde ensemble quelles formes d’engagement seraient envisageables pour augmenter le nombre de bénévoles. Cela allège la charge et facilite l’équilibre entre vie privée, familiale, professionnelle et actions collectives. J’accompagne les bureaux d’associations pour qu’ils atteignent davantage de bénéficiaires. Et en fonction de cela, ils établissent leur projet que la commune subventionnera ou pas. " La devise de mon inconnue: " Instruisez-vous, parce que nous aurons besoin de toute votre intelligence. Agitezvous, parce que nous aurons besoin de tout votre enthousiasme. Organisez-vous, parce que nous aurons besoin de toute votre force. C’est d’Antonio Gramsci. " Concrètement, vous pensez à quoi comme action? " Consolidons sans plus tarder l’expérience associative de l’ensemble de la Loire-Atlantique ! Nous d ­ e­­­v­rions organiser un réseau solide, reconnaissant la diversité des acteurs associatifs et centrés sur les attentes des citoyens. Les bénéfices de cette mobilisation seront directs. La coopération entre les associations sera plus fluide. Elles apprendront à mutualiser leurs efforts, à réunir leurs énergies ponctuellement dans des projets communs et moteurs dans leurs communes de prédilection. ­ Les échanges de bonnes pratiques se feront encore plus naturellement, même entre associations dont les objets n’ont rien à voir. On peut même imaginer davantage de formations des salariés comme des béné­voles à proposer par ce réseau. " Une toute dernière question avant d’arriver au terminus de Fercé. Quelle serait la prochaine étape de changement dans les mandats des élus ? " Nos élus sont de moins en moins coupés de la réalité. La confiance revient ! Ça fait du bien ! Les citoyens y sont pour beaucoup, les derniers changements apportés aux modalités des mandats d’élus également. L’exercice de leur mandat se redéploie enfin dans un cadre citoyen " général ". Cela permet d’éviter le décalage entre la " vie d’élu(e) " et l’après-mandat. Cela réduit également la professionnalisation des politiques. Un exemple très simple : le salaire est versé par l’organisation pour laquelle il ou elle travaillait avant d’être élu(e). La collectivité rembourse à la structure les heures passées au service de l’intérêt collectif ! "

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Allez les assos ! UN #WORLDCAFÉ44 ?

#worldcafe44 Le groupe Passerelle ne veut pas attendre 2035 pour voir émerger la solution de Pauline. Il est résolu à mobiliser un maximum d’acteurs associatifs tout de suite. Il souhaite les convaincre de poser ensemble la première pierre du réseau dont il a esquissé les lignes. L’essayer, c’est l’adopter. 60

World café ? Ce terme vous dit quelque chose ? Ni Hardrock®, ni Starbucks® (Cf. Coup de filet), un " World café " est tout simplement un format stimulant de réunion ! Plutôt en vogue, efficace et très innovant, il est idéal lorsque l’on souhaite faire émerger d’un vaste groupe des idées novatrices.

Un " World café ", c’est avant toute chose une rencontre entre participants parfois nombreux. Ils partagent tous l’envie de développer des solutions concrètes à tester au plus vite. Le principe est d’y recréer l’ambiance conviviale de nos cafés, mais aussi l’authenticité des conversations auxquelles on s’y


★ Le plus★ DU GROUPE

adonne. Le processus invite chacun à la créativité. Il conduit à un dialogue dynamique. Les participants changent de tables à intervalles réguliers. L’hôte de la table reste et résume les conversations précédentes aux nouveaux venus. En somme, les 4C du groupe Passerelle sont les maîtres de céré-

monie d’un World café : confiance, crédibilité, continuité et conviction ! C’est tout naturellement que le groupe Passerelle s’est tourné vers cette solution. Plus une seule minute à perdre. L’objet du #WorldCafé44 est clair : créer ensemble le collectif qui se mettra au service de toutes les associations du territoire et animera un réseau de plus en plus solide. Si les entreprises et les artisans ont leur propre établissement fédérateur, pourquoi n’en serait-il pas de même pour les associations ? C’est un peu l’idée d’une solution " conçue au service de ", mais aussi " conçue par ". En creusant un peu plus loin, le groupe lui prête plusieurs fonctions : un centre de ressources et de formation, un incubateur d’initiatives citoyennes et une instance de médiation avec les pouvoirs publics et les structures de financement. Les asso­ ciations auraient leur porte-parole local pour les projets d’avenir de la Loire-Atlantique. Il faciliterait également la construction de politiques publiques en partant davantage d’initiatives citoyennes. Cette structure pourra ainsi faciliter le dialogue entre les associations et les financeurs. Vous l’aurez compris, le groupe souhaite ne pas perdre une mi­ nute ! Ses membres ont déjà pensé à quelques questions pour accueillir les participants au World Café. Vous êtes, vous aussi, responsable ou salarié(e) d’une association, d’une fédération ou encore béné– vole ? Vous pouvez d'ores et déjà commencer à réfléchir au fonctionnement optimal de cette solution, celle dont vous avez vraiment envie et besoin ! Manifestez votre intérêt ! Soute­ nez haut et fort l’organisation du #WorldCafé44 si vous aussi vous croyez en cette aventure !

PASSERELLE

Si tout se jouait en deux minutes ? Découvrez l’animation imaginée par le groupe et produite par l’agence Wow. Plus particulièrement adressées au monde associatif, trois séquences résument les défis rencontrés par de nombreuses associations, toutes tailles et domaines confondus. Objectif : convier le maximum d’associations de Loire-Atlantique à un " #Worldcafé44 " permettant de poser les bases d’une toute nouvelle solution, imaginée par et pour les associations. Cette vidéo est à partager sans modération.

Coup de filet ! " Allez les assos, un café !" est inspiré de l’opération "#AllezHoward unCafé ". Au mois de juin dernier, la PME Michel et Augustin n’a pas dérogé à sa règle de communication déjantée. Ils ont diffusé sur le net ce slogan pour en appeler à une manifestation massive de soutien, afin de provoquer un rendez-vous avec Howard Schultz, PDG de Starbucks®, le lundi matin. Branle-bas de combat ! En un weekend, les internautes se sont mobilisés pour porter ce défi à bout de bras. Happy ending à l’américaine : les petits biscuits français se retrouvent commercialisés dans plusieurs pays du réseau mondial Starbucks. #AllezHowardunCafé, ou comment un projet collectif permet de déplacer des montagnes ! Retrouvez toute l’histoire de " Quand Michel et Augustin rencontrent Starbucks® " sur YouTube. 61


★ En 2035 ★ J'IRAI DORMIR

CHEZ…

...SABRINA 2035/10/02 Née le 21 novembre 2003, trésorière d’association, Pornichet

" Vite, dépêchez-vous de rentrer, la milice arrive. Ce n’est pas chez moi ici, mais vous pouvez vous y réfugier pour la nuit. Mais surtout, surtout, décampez au petit matin. Vous vous feriez repérer et arrêter autrement. La brigade des corps sera là dès l’aube pour une semaine. Des jeunes vont louer leurs corps à des élites dans la cinquantaine. C’est une nouvelle mode de la catégorie 1, avant de partir en vacances. Ils en profitent pour rajeunir de trente ans en toute légalité et mieux supporter la chaleur caniculaire qui règne. L’année dernière, la mode, c’était le don de gamètes envoyés aux GAFA*. Je crois que certains " bailleurs " vendent aussi des organes. Autant vous dire qu’il ne fait pas bon traîner ici ". L’endroit fait froid dans le dos, déva­sté par les inondations à répétition depuis dix ans. Nous sommes le 2 octobre, il fait 30 degrés avec une brume noire épaisse. Les murs suintent d’eau polluée, les fenêtres en pleurent. Et dire qu’il y a vingt ans une famille vivait ici. Les rires des enfants ne sont plus qu’un écho lointain. Le lieu sert tantôt de QG éphémère pour résistants Meshnet, comme Sabrina, tantôt de refuge pour personnes " non utiles " ou encore de salle de dons en tout genre. " Il n’y a plus

*GAFA : Google, Apple, Facebook, Amazon

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grand monde ici. Ils sont tous allés se réfugier à Bouvron-en-Terre. Ils doivent être serrés là-bas. La ville de Pornichet, ou ce qu’il en reste, est devenu rurale. Le gouvernement ne s’en occupe plus, des espaces ruraux. Du coup, je peux rester dans les parages. Mais de­ puis deux semaines, tous les jours, des réfugiés climatiques, tous stériles, arrivent par la mer. Imaginez un Queen Mary 2 débarquant tous les jours sans que ses passagers repartent. La surveillance est un peu moins accrue pour le moment.


Univers 2035 / Scénario chaotique

Cela me permet de les rencontrer petit groupe par petit groupe, de réveiller les consciences et de leur donner envie de faire. Mais qui sait ce qui se trame encore. Surveiller, épier, contrôler, persécuter, c’est tout ce que le gouvernement sait faire. Tous les services ont été coupés. Il n’y a plus de protection sociale depuis quatre ans déjà. Oh, bien sûr, cela n’a pas été rayé dès leur arrivée. Tout comme pour les coupures budgétaires, ils ont attendu quelques mois pour subvenir aux quelques associations agréées

qui persistent encore. Je me suis immiscée à temps dans l’une d’entre elles à titre de trésorière. Nous sommes vraiment pris pour des pantins. Non mais allô ! Ils nous demandent de trouver des financements privés qu’on leur transfère gentiment après. Impossible de préserver les valeurs de proximité et d’impact social dans ces conditions. Mais appartenir à cette association environnementale me permet de rencontrer des membres d’autres communautés et parfois, des catégories citoyennes. Je repère quelques personnes de confiance et trouve des appuis chez certains politiques. Être trésorière me permet de recevoir une information en continu. Les notifications arrivent sur ma lentille gauche. J’ai échappé à la vague d’opérations " Service civique ". Je n’ai donc pas de puce implantée dans la nuque pour me tenir informée et me faire traquer. L’avantage aussi : mes émotions sont authentiques. Ma li­ berté d’expression est enfouie, mais ma liberté de pensée est intacte. Je me cache derrière une légende en quelque sorte, un personnage en construction pour que l’on puisse tous reprendre possession de nos vies. Alors, je m’infiltre là où je peux et je transmets ce en quoi je crois, au plus de monde possible.

" Favoriser la concrétisation des idées citoyennes par une résistance active et positive" Sabrina 63


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LA CITOYENNETÉ, CES BIENFAITS POUR NOUS !

www.tous-citoyens44.com

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“CES BIENFAITS ! S U O N R POU ”

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Un logement pour tous HISTOIRE D'UN DÉFI CHARPENTÉ !

Avoir un chez-soi et s’y sentir bien, c’est comme trouver son refuge. C’est instinctif, mais malheureusement pas à la portée de tout le monde. Surtout en ces temps de changement ! Temps et espace sont bousculés, et par conséquent, le logement aussi. En chercher un relève d’une quête individuelle ou familiale. Le concevoir est une aspiration beaucoup plus large. Dans les deux cas, ne négligeons aucune piste ! Le défi du logement pour tous est à la croisée de nombreux domaines : immobilier, social, sanitaire, écologique, et bien d’autres encore. Chaque professionnel y va de ses revendications pour bâtir le chez-soi des autres. Mais politesse oblige, on ne s’invite pas chez les gens sans frapper ! Sur les 700 000 logements qui seront disponibles d’ici peu en Loire-Atlantique, lesquels et combien répondront vraiment aux attentes et aux besoins des habitants de demain ? Si nous laissions le citoyen s’exprimer davantage sur ses rêves et ses besoins, un premier palier serait sûrement franchi. Comment, ensemble, grâce à nos méthodes et nos techniques pour concevoir le logement, pouvons-nous faire en sorte que chaque habitant de Loire-Atlantique ait demain un chez-lui et s’y sente bien ? Voici le défi lancé par le groupe Passerelle. Logement recyclable, économe en eau, plus solidaire et définitivement évolutif, le groupe vous révèle ses priorités pour ne pas trouver porte close ! 66


LE LOGEMENT DE DEMAIN : DES PLANS BÉTON ! Quatre murs et un toit ? Facile, la définition du logement. Mais peut-on résumer ainsi l'endroit où nous vivons ? Nous y dormons, y mangeons, y recevons nos amis et y élevons nos enfants, ce sont les théâtres de nombreux souvenirs, qu'ils soient bons ou mauvais. Bien au-delà, donc, de 4 murs et un toit, ces logements, nous les habitons. Les discussions sur ce thème ont souvent navigué entre les notions de logement et d'habitat, avec parfois même des considérations urbanistiques, car notre lieu de vie ne s'arrête pas sur notre palier. Entre enjeux globaux et désirs individuels, les réponses sont multiples. D'ailleurs, le renouvellement du parc de logements qui a lieu actuellement en Loire-Atlantique pourrait être une excellente opportunité d'expérimentation. Le logement tel que nous le connaissons aujourd'hui est mort. Découvrez les plans béton de l'habitat de demain, plus solidaire, favorisant la mobilité et mettant le bien-être collectif en première ligne.

★ L'essentiel ★ À TOUT Le groupe incarne lui-même sa 1re recommandation. L’équipe de conception des solutions, faite de divers regards, est prête pour du renouvellement d’idées en continu ! Les membres Passerelle sont au fait des mutations à l’œuvre : se détourner de la propriété au profit de l’usage, adopter de nouvelles formes de travail, intégrer les mobilités en tout genre et, définitivement, revisiter l’habitat avec bon sens ! Ces compagnons de travail n’ignorent pas non plus les pratiques existantes ni les innovations émergentes pour rendre plus performants les logements. Bien au contraire, ils ont visité avec appétit l’École Supérieure du Bois, le tout nouvel habitat groupé Escapades en lisière du nouveau quartier nantais Erdre Porterie et le domaine de la Garenne Lemot, à Gétigné.

INSTANT Ils se nourrissent au quotidien de veilles relatives à leurs passions respectives. Ils puisent dans les solutions les plus reconnues pour imaginer des schémas de conception définitivement transversaux. Découvrez ici un condensé de leurs propositions, celles qui mèneront aux changements de comportements et celles qui redessineront nos chaumières !

EN ROUTE VERS LA MAISON IDÉALE : PRISE DE CONSCIENCE À TOUS LES ÉTAGES

Sensibiliser est la première étape pour le renouvellement et le décloisonnement des façons de concevoir et " d’attribuer " des logements. La prise de conscience devrait atteindre les habitants de Loire-Atlantique, notamment les plus jeunes mais aussi les acteurs 67


du domaine et les décideurs. Voici trois pistes énoncées dans les discussions : «« Sensibiliser les ménages au coût global de leur logement «« Rendre désirables les formes d’habitat diverses et différentes, grâce à l’imagination des plus jeunes «« Inciter les décideurs à s’inspirer de pratiques provenant de secteurs très éloignés du leur.

QUATRE SOLUTIONS À ASSEMBLER POUR CONCEVOIR LE LOGEMENT DE DEMAIN POUR TOUS :

Les solutions imaginées représentent quatre caractéristiques prio– 68

ritaires pour concevoir un logement efficace pour demain en LoireAtlantique : «« Logement recyclable : un programme de déconstruction planifiée «« Logement économe en eau : du circuit court dans l’eau des chaumières «« Logement évolutif : ou comment jouer au Lego® tout au long de la vie «« Logement solidaire : le socio@ moteur, plus qu’un métier, une vocation Pour en apprendre davantage et passer à l’action, les prochaines pages sont faites pour vous !

★ Le plus★ DU GROUPE

PASSERELLE

Deux minutes pour interpeller ! Le groupe, en partenariat avec l’agence Thinkovery, vous propose une courte animation vidéo. Elle rassemble les messages clés, ceux sur quoi les membres se sont entendus. À consommer et à diffuser sans modération pour que vos idées prennent vie en Loire-Atlantique !


Le saviez-vous ?

En 2013, un groupe d’architectes newyorkais a imbriqué 55 legos® géants pour construire un immeuble en plein Manhattan et répondre à la demande urgente d’appartements de célibataires. L’espace privé présente 34 m². De multiples espaces communs sont prévus : jardin sur le toit, salle de remise en forme, café, espace de rencontre… Le projet en cours de construction s’appelle " My Micro NY " !

Dans le même ordre d’idées, l’Inde a inventé le concept de " Containscrapers ". Un projet de tours de 2 500 conteneurs empilés sur 400 m de hauteur pourrait voir le jour. Autant de logements temporaires à Mumbai (Bombay) pour accueillir près de 5 000 habitants.

Autre innovation incontournable, un pommeau de douche permet désormais de transformer l’eau en nuage. Rien de mieux n’existe pour réduire drastiquement la consommation en eau. Son financement participatif a été un véritable succès pour la start-up Nebia de la Silicon Valley. À quatre jours de la fin, le projet a récolté près de 3 M$ (sur 100 000 $ demandés), et ce auprès de plus de 8 000 contributeurs.

Sources : Soonsoonsoon ; Wedemain

Le voisinage tisse sa toile. Dormir dans le lit d’un inconnu est devenu courant avec l’application AirBnb. Manger ce que cuisine votre voisin pourrait être la prochaine vague, celle de la restauration collaborative. De manière plus générale, les réseaux sociaux de proximité se développent un peu partout et recréent des liens entre voisins qui ne se font plus toujours naturellement. Quelques sites à tester : ma-residence.fr, monptivoisinage. com, peuplade.fr, application Freemo…

L’architecte britannique Alastair Parvin, cofondateur de la communauté Wikihouse, a posé une autre question : et si n’importe quelle personne pouvait imaginer et construire sa propre maison ? Eh bien, sachez que vous pouvez imprimer en 3D les composants que vous aurez téléchargés en accès libre sur le net. Reste à installer une imprimante 3D dans votre salon. Cette piste devrait permettre à toute une frange de la population moins fortunée d’accéder à la propriété d’ici à quelques années.

Le designer italien A. Vittori a conçu un collecteur d’eau atmosphérique " Warkatour " qui transforme l’humidité en eau potable. Le dispositif serait en cours d’installation un peu partout en Éthiopie.

Près de chez nous Des chercheurs et des étudiants de Centrale Nantes planchent sur la réutilisation de déchets en tout genre comme composants de béton destinés aux constructions. Ces recherches se font en partenariat avec l’industriel vendéen VM Béton Services. De son côté, l’Irccyn (Institut de Recherche en Communications et Cybernétiques de Nantes) imprime déjà des maisons en 3D ! Les chercheurs ont mis au point InnoPrint 3D, l’habitation d’urgence humanitaire. 3 mètres de haut, 3 m2 au sol et 30 minutes d’impression.

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En route vers son foyer idéal UNE PRISE DE CONSCIENCE À TOUS LES ÉTAGES Évolutif, recyclable, économe en eau et solidaire. Aux yeux des membres Passerelle, le logement de demain devrait être conçu en intégrant en priorité ces quatre caractéristiques. Mais, comme dans tout projet de construction, il faut commencer par préparer le terrain ! Et dans ce cas, il s’agit de modifier quelques réflexes ancrés dans nos pratiques. Le groupe recommande d’emblée un décloisonnement des façons de concevoir logement et habitat pour offrir une réponse adaptée à chaque territoire de Loire-Atlantique. Le logement dépend de tellement de facteurs qu’une solution devra en intégrer un maximum pour être véritablement durable. Elle requerra donc l’effort du plus grand nombre d’intervenants et de spécialistes. Chacun apporte sa pierre à l’édifice commun en toute collégialité. Sensibiliser pour amener à cette prise de conscience est une étape incontournable pour le groupe. Elle doit se faire auprès des habitants de Loire-Atlantique, avec une attention particulière portée aux plus jeunes. La sensibilisation doit se faire également auprès des acteurs du domaine et des décideurs.

SENSIBILISER LES MÉNAGES AU COÛT GLOBAL DE LEUR LOGEMENT Le " logement pour tous " doit être un choix, celui d’habiter où bon nous semble. Avec le recul des dernières années, de nombreux ménages sont devenus propriétaires en basant leur choix d’emplacement sur de seuls critères financiers (liés à leur crédit immobilier). Pour certains, cela les a éloignés des centres d’activités urbains. Ils ont redynamisé certaines communes, certes, mais ces choix partiellement éclairés ont également transformé les conditions de vie de ces nombreux ménages à un point qu’euxmêmes n’avaient pas anticipé. Endettement, isolement, éloignement des bassins d’emplois et mixité parfois conflictuelle, autant de facteurs impactant la qualité de 70

vie des habitants. Loin de vouloir stigmatiser les espaces péri­ urbains en espace pathologique, le groupe souhaite éclairer l’aide à la décision des ménages. Il propose d’inciter les habitants à placer tous les éléments dans la balance au moment de choisir leur logement (frais de transport, fatigue, horaires à rallonge, éloignement des enfants…). LA POSE DE BRIQUE : éclairer la prise de décision et prendre en compte, entre autres, l’énergie dont on ne parle jamais : celle qui est nécessaire à l’acheminement des matériaux, à la construction (énergie grise) ou la démolition, ou encore l’énergie cachée liée aux déplacements quotidiens des habitants. Et si on instaurait un coef­ficient de déplacement à chaque

logement, un peu à l’image d’un Diag­nostic Performance Énergétique (DPE) ?

RENDRE DÉSIRABLES LES FORMES D’HABITAT DIVERSES ET DIFFÉRENTES GRÂCE À JUNIOR !

Initier les enfants aux enjeux du logement présente un double avantage : préparer nos générations futures et casser tout de suite les idées reçues des grands ! La parole et les questions des enfants remontent en général rapidement jusqu’aux adultes. De plus en plus de livres éducatifs sont mis à la disposition des équipes pédagogiques aussi bien qu’à celle des familles. Les lectures du soir permettent de lancer des discussions riches pour tout le monde au petit-déjeuner !


LA POSE DE BRIQUE : proposer aux " Ouka " de revenir sur la planète des hommes avec notre défi du " logement pour tous ". Ils chercheraient sûrement à savoir comment faire. Sachez que son auteure, Carole Stora-Calté, la joyeuse créatrice des Ouka, est partante pour réunir toutes les bonnes idées dans un nouveau

script. Elle n’attend que votre projet ! Pourquoi ne pas créer une suite après le premier épisode, " Sauvons le climat "?

INCITER LES DÉCIDEURS À OUVRIR LES FENÊTRES !

La sensibilisation des décideurs actuels est incontournable pour envisager le logement de demain. Ne pas oublier la relève, les étu­diants, est aussi un vecteur primordial. Ils sont appelés à ima­ giner de nouvelles formes conci­ liant espaces collectifs et aspirations individuelles, en impliquant davantage les habitants. Ils pourraient également concevoir des solutions d’usages de logement plutôt que la sacro-sainte acquisition des biens. Ces deux exemples de réflexion pourraient accélérer

l’adéquation du parc de logements aux attentes. Toute action permettant d’inciter les professionnels à concevoir le logement de manière plus intégrée et d’imaginer de nouvelles opportunités pour y accéder sera bénéfique. C’est une piste sérieuse pour relever le pari du logement pour tous en LoireAtlantique. LA POSE DE BRIQUE : le Motion Design, ce " Plus du groupe ", vous est proposé pourra servir comme outil déclencheur de débats en mode collaboratif.

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★ En 2035 ★ J'IRAI DORMIR

CHEZ...

...MOHAMED 2035/04/21 Né le 25/07/2016. Réfugié climatique, Éco-boueur à Saint-Nazaire

Sa place dans le foyer des jeunes travailleurs (FJT) de Saint-Nazaire, Mohamed la doit aux faux papiers avec lesquels il est arrivé en 2032. Il a pu obtenir un poste d’éco-boueur qu’il occupe depuis. Depuis quelques années, devant l’afflux massif de nouveaux arrivants démunis, les logements publics sont réservés aux nationaux. Alors, même si les Foyers sont loin d’être confortables, que les règles y sont si strictes et que toute forme de chaleur humaine est réduite à son minimum, c’est une chance pour ce réfugié climatique. Il compte bien la saisir comme un tremplin pour son avenir.

" Rentrez, rentrez, voyageurs de l’expédition LA2015, je vous fais la visite. " Mohamed vous ouvre sa chambre en apposant son doigt sur la poignée. Un détail vous saute aux yeux… quatre matricules, deux lits. " Bienvenue chez moi ! Ah oui, je vois. Oui, nous sommes quatre à dormir dans cette piaule. Mais vous le voyez, il n’y a que deux lits, alors on tourne. En ce moment, on a de la chance. Le nouveau travaille de nuit sur les chantiers Eolis. Il vient dormir quand, nous, on part au taf. Mais ça n’empêche que, quand c’est votre " tour de lit ", vous devez quand même pédaler une heure, toutes les quatre heures. C’est pour l’électricité des communs. Il y a aussi une éolienne sur le toit, mais elle ne fonctionne plus très bien. Peut-être

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que le petit nouveau pourra nous arranger ça. Ah, j’oubliais… si vous voulez recharger votre téléphone, il y a aussi quelques vieilles bornes individuelles de pédalage dans le conteneur B. Le bon côté, c’est que ça nous maintient en forme ! Je vous montrerai tout à l’heure. " Ce FJT est cons­truit par emboîtement de vieux conteneurs comme cela se faisait il y a vingt ans. Une relique du passé, encore du provisoire qui ne l’a pas été ! Par-ci par-là, la rouille refait surface, nous rappelant les mille passés en mer. Pas sûrs que nous puissions rester dormir ici ce soir. " Prêts à conti­nuer ? Par là, derrière ces portes, il y a, à droite, salle d’eau et toilettes, et à gauche, les cuisines. L’accès aux communs se fait comme dans les chambres, par lecteur d’empreinte,

mais nous ne pouvons y accéder qu’une seule fois par jour. Désolé, je ne vous ouvre pas, je tiens trop à ma douche de deux minutes et à mon grignotage du soir. Et puis, pour la cuisine, c’est comme la salle d’eau, on ne peut y aller qu’un par un. Vous voyez la lumière violette, là-haut ? Ça veut dire que c’est occupé. Mais, j’y pense, vous voulez voir mon projet ? " Moha­ med nous conduit par une échelle de meunier dans le conteneur du dessous, le B., celui des espaces communs. Enfin, les rencontres y sont autorisées trente minutes par jour, pas une seconde de plus. Accès contrôlé toutes les deux semaines, c’est un des seuls espaces de liberté des jeunes. C’est là où ils évacuent leurs frustrations. Mais Mohamed, avec son tempé-


Univers 2035 / Scénario chaotique

rament de battant, nous explique qu’il y va surtout pour tester quelques idées. Ils seront plu­ sieurs du FJT à devoir quitter les lieux dans quelques semaines et aller dans un autre bloc de la ville pour retrouver un toit. Il n’y aura pas de logements pour tout le monde, mais il existe un coin de terrain encore vide. Il est bien probablement contaminé ou inondable, peut-être même les deux, mais il y a urgence ! Mohamed compte construire un logement pour lui et qui soit accessible pour d’autres. Peu importe les efforts, il a de nombreuses envies et un mental d’acier. En tant qu’éco-boueur, il vide les poubelles de St-Nazaire, de Montoir-sur-Mer et de Trignacles-Flots. Il récupère le moindre

des matériaux valorisables pour les autorités (on ne parle plus vraiment de " collectivités " en 2035) qui soit les revendent à prix d’or, soit les gardent pour la maintenance de leur patrimoine. " Vous vous souvenez des boutons sur lesquels on pose nos doigts pour rentrer dans chaque pièce. Devinez d’où ils viennent ? Alors, une idée, voyageurs ? Ce sont tous ou presque des lecteurs d’empreintes de vos vieux iPhone et autres antiquités qui leur ont succédé. On réutilise tout ! Vous avez tellement consommé depuis le milieu du siècle dernier que nos matières premières les plus abondantes ne sont autres que vos déchets. Heureusement, vous en avez trié un peu !" Cette immersion dans l’univers

du tri, de la réutilisation et des ressources naturelles rares ou contaminées a conduit tout droit la créativité de Mohamed vers trois conceptions de logement qu’il souhaite assembler pour son projet : le logement recyclable, le logement économe en eau et le logement évolutif. Il l’avoue lui-même, il n’y a rien de révolutionnaire finalement. " Venez, rentrez, nous n’avons pas beaucoup de temps. En fait, je pense pouvoir assembler différentes idées, piochées de-ci de-là. Voici mes maquettes. Qu’en pensez-vous ? Vous ne connaîtriez pas quelqu’un avec qui je pourrais en discuter pour les tester ? "

" Ce ne sont pas les pierres qui bâtissent la maison, mais les hôtes" Proverbe indien 73


Des solutions pour franchir le pas... DE LA PORTE !

1 : PROGRAMME DE DÉCONS­ TRUCTION PLANIFIÉE. LOGEMENT RECYCLABLE Le logement passe en mode recyclage ! Imaginons un " cycle de vie " pour nos futures cons­ tructions, d’un bout à l’autre de la chaîne ! Surtout l’autre bout d’ailleurs, avec une démolition plus responsable. Elle serait rendue possible grâce à une traçabilité des bâtiments fournissant une connaissance précise et en temps réel de l’état de chacun, au composant près. Le réemploi des matériaux deviendrait un réflexe. L’idéal serait qu’il le soit sans transformation (dans l’état dans lesquels on les récupère). L’état global de performance et de stabilité du bâtiment serait alors connu et testé pour garantir la sécurité des habitants ! DU PAPIER AU CHANTIER ! «« Certifier le niveau global de recyclage de la construction, avec une mise à jour régulière grâce aux capteurs intégrés aux matériaux. «« Intégrer au coût de construction une éco-participation pour les frais de déconstruction. «« Créer le métier de " décons­ tructeur " pour gérer chaque programme de déconstruction. «« Homologuer les processus de recyclage des différents matériaux. «« Livrer à la remise des clés une notice de démontage en deux parties : la revue technique propre au modèle de série de l’immeuble et l’inventaire des matériaux utilisés pour calcu­ ler, en tout temps, le niveau de réutilisation de chaque pièce.

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2 : CIRCUIT COURT DANS L’EAU DE CHAUMIÈRE. LOGEMENT ÉCONOME EN EAU L’eau, c’est la vie ! Et même si, selon certains, il pleut souvent en Loire-Atlantique, ce n’est pas une raison pour en gaspiller une seule goutte. L’enjeu est majeur pour l’avenir de tous. L’eau emprunte plusieurs chemins dans nos logements. Nous la puisons, la buvons, la lavons, la rejetons propre, potable, grise ou usée… La manière dont nous gérons ces circuits a une répercussion importante sur les coûts et l’accès aux

services proposés à la population. Comment éviter la pollution de l’eau ? Comment gérer les réseaux d’eau ? Qu’est-ce qui relève de notre responsabilité individuelle ? Comment prendre en compte ces enjeux dans l’architecture des bâtiments et l’organisation de l’habitat ? Comment conduire le citoyen à adopter des réflexes gagnants ? Réduisons ensemble les chemins de l’eau ! DU PAPIER AU CHANTIER ! «« Interpeller davantage les habitants pour une utilisation de l’eau quotidienne plus économe :


3: JOUER AU LEGO® TOUT AU LONG DE LA VIE, ÇA VOUS DIT ? LOGEMENT ÉVOLUTIF Tout bouge, tout change. Depuis des millénaires, le logement n’échappe pas à ces mouvements et s’adapte. Les besoins des habitants évoluent en espace et en mobilité. Dès aujourd’hui, le logement doit atteindre un niveau d’évolutivité élevé. Du fait de la démographie dynamique de la Loire-Atlantique, c’est une des clés pour assurer un logement pour tous.

«« Prépayer les compteurs d’eau «« «« «« ««

««

et les " sortir du placard ". Pédaler pour alimenter l’arrivée en eau potable. Se laver par brumisation. Utiliser au quotidien des produits biodégradables. Adopter des circuits collectifs courts de recyclage : récupération et réutilisation sur site – à l’image du compostage collectif. Conduire l’eau des douches tout droit vers un potager collectif garni en espèces sentinelles (baromètre de la qualité de l’eau et de l’air ambiant), en espèces purificatrices, voire en

plantes re-collectrices d’eau.

«« Faciliter l’épuration des eaux

««

««

usées en généralisant les systèmes collectifs autonomes de phytofiltration (à l’échelle d’un immeuble, d’un hameau…) ou une microstation. Planter un réseau de sentinelles naturelles végétales – espèces indigènes, tels que des aulnes – pour recycler la pollution de l’air par les feuilles et la pollution des sols par les racines. Récupérer les eaux de rosée, de brouillard ou de nuages, si nombreux par chez nous !

DU PAPIER AU CHANTIER ! «« Pour accueillir en urgence de nouveaux habitants, savoir imprimer des logements en 3D à partir de pneus broyés et de sciure de bois. «« Baser la construction sur l’usage et non sur la propriété. Construire les immeubles sur un principe de Lego®. Ima­ giner des espaces de logements complètement modulaires. Chaque ménage a des parts, un droit d’usage et un devoir d’entretien. Plusieurs configurations sont possibles en faisant des échanges de pièces à vivre entre voisins et du coup, les habitants ne sont plus obligés de déménager. «« Imaginer un arbre équipé de plateformes réglables (les branches) sur lesquelles on viendrait déposer des maisons mobiles. On peut imaginer des espaces partagés et collectifs prévus au pied et à la cime. «« Identifier avec les habitants en place et les enfants dans les écoles leurs usages des espaces et en imaginer de futurs.

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Univers 2035 / Scénario utopique

★ L'inconnu ★ DE

L'HYPERLOOP

//LOGEMENT SOLIDAIRE : LE SOCIO@MOTEUR, PLUS QU’UN MÉTIER, UNE VOCATION//

2035/04/21 - JULIEN Bonsoir à toutes et à tous, Aujourd’hui, j’ai croisé mon inconnu sur le trajet Guérande-Châteaubriant, à l’arrêt de Blain. Je vous présente Julien, 53 ans, et les cinq minutes de trajet que nous avons passées ensemble ont été extrêmement riches. Dans la vie, Julien est socio@moteur. Ne soyez pas étonnés, moi non plus je ne connais­ sais pas le concept. Julien est le 1er du Grand Ouest ! " Je suis en quelque sorte la porte d’entrée du quartier ! Le socio@moteur, c’est un ambassadeur, un médiateur. Avec l’association " ChatoSolidaire ", nous n’en sommes qu’aux prémices, nous expérimentons. Habitants, élus, agents et entreprises nous soutiennent dans cette démarche de mobilisation d'un réseau de médiateurs pour un habitat plus solidaire." Je lui demande de m'apprendre un truc sur son nouveau métier : " Je recrée au quotidien la proximité que pouvaient avoir les facteurs d’antan, mais sans le courrier ! Concrètement, j’accueille chaque habitant, pour la plupart " des locataires ", comme on disait avant. Les gens sont de plus en plus mobiles et on a tous besoin de repères dans ces cas-là. C’est humain. Alors, je facilite leurs arrivées. La plupart du temps, je leur parle des petites astuces de leur nouveau logement, des initiatives collectives du coin et des pratiques d’échanges en tout genre. Je les aide aussi à prendre en main l’application " 44voisinsjusteàcôté ". Toutes les infos utiles y sont localisées et recensées en temps réel. Pour les personnes plus isolées ou qui sont dans une période de transition, je gère aussi un hôtel-service. Ce sont des logements d’accueil sur quelques mois. Les personnes n’ont qu’à poser leurs valises sans se préoccuper des tracas administratifs. Ils n’en ont pas besoin dans cette période de leur vie. Puis, petit à petit, s’ils souhai­tent rester dans le secteur, je leur propose des logements à long terme qui se libèrent. Les logements temporaires peuvent aussi servir aux personnes en transit pour quelques nuits. " Où te sens-tu le plus utile ? " Je rencontre les propriétaires de logements vacants et je négocie pour trouver des places pour les personnes défavorisées. Je fais en sorte que les logements vacants le restent le moins longtemps possible. Nous en avons trop besoin ! Vous vous souvenez des initiatives, il y a quelques années, pour reloger des sans-abri ? Elles ont été reconnues d’utilité publique en 2020. Aujourd’hui, je prends le relais sur mon secteur. De toute façon, ça évite aux propriétaires une expropriation ou une réquisition forcée, qui coûtent cher à la société. " Eh oui, Julien aime que les gens se sentent bien chez eux, mais ça n’est pas tout. " Je suis aussi passionné d’urbanisme et féru des nouvelles formes d’habitat. Aussi, je collectionne les produits biomimétiques ! " Il n’aime pas : " le pessimisme ". Es-tu heureux aujourd'hui ? " Oui ! J’ai trouvé ma place ! " Le mot de la fin : « "Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts" C’est d’Isaac Newton ! » Merci Julien !

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LA CITOYENNETÉ,

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CES BIENFAITS POUR NOUS !

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L'envers du décor LES COULISSES DE PASSERELLE Sans vouloir dévoiler tous les secrets de la démarche Passerelle 2015, voici les temps forts qui ont ponctué cette aventure prospective au sein de ce laboratoire innovant de la participation citoyenne. «« Quatre ateliers pour des discussions de fond «« Un atelier pour définir le format de restitution de la recommandation que les membres Passerelle jugeaient prioritaires

DÉBAT MOUVANT

Deux ou trois affirmations clivantes énoncées en début de séance et 1 ballon feront l’affaire. Chaque participant se place d’un côté ou de l’autre de la salle pour répondre oui ou non. À tour de rôle, le porteur de ballon argumente puis le lance au " camp adverse ". Les + de cette activité : «« Mise en mouvement, regard décalé, parole et bonne humeur libérées «« Mise en commun des différents bagages des participants «« Base commune de discussion sur un thème et naissance du groupe

TÉMOIGNAGES

Le groupe " Réinventer les règles du jeu entre association et pouvoirs publics " a reçu deux témoins. La trame d’entretien a été réalisée au préalable collectivement.

DIFFUSION DERNIER CRI

Les participants Passerelle ont des idées pour faire bouger les lignes ! Pour convaincre le plus de ci­toyens, décideurs et relais possible, ils ont emprunté aux der­nières tendances de communication quelques techniques pour donner de la voix à leurs messages ! Tout cela à l’aide d’un professionnel de la communication.

RENTRÉE Vote des 3 sujets

ATELIER 1 Faisons connaissance et explorons le sujet

ATELIER 2 Sortons du cadre et organisons-nous pour mieux imaginer l’avenir

ATELIER 3 Détectons les enjeux de 2035

ATELIER 4 Écrivons nos recommandations

PASSERELLE SOCIAL CLUB Choisissons notre média

ATELIER 5 Préparons la diffusion de nos recommandations

ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE Diffusons et multiplions les appropriations en Loire-Atlantique

* Alain Moret, héros de l’ouvrage Avant la télé, Yvan Pommaux. Collection Archimède, Éditions L’École des Loisirs

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SORTIR DU CADRE

Quelques lignes et une vingtaine de minutes suffisent pour que les participants listent les principaux défis d’avenir de leur thème ainsi que les idées qu’ils ont pour les relever. Compiler tous leurs écrits a permis de constituer un socle commun de propositions ancrées dans la réalité actuelle pour mieux… les mettre de côté ! Oublier les réflexes ancrés en 2015 pour sortir du cadre et mieux innover : destination 2035 !

VOYAGE EN 2035

Tout a commencé en…1953, avec Alain Moret*, 8 ans. Bientôt, ses parents achèteraient leur 1re voiture. Leur appartement serait plus grand, avec un réfrigérateur et une télé. Bientôt, bientôt… Et nous, bientôt, que se passera-til de si révolutionnaire dans nos quotidiens ? Quoi de mieux qu’un voyage dans le passé pour mieux se projeter dans le futur ? Que racontera la génération actuelle d’enfants dans vingt ans ? Les parti­cipants ont imaginé un bout de chou de leur entourage de 8 ans. Ils lui ont raconté une histoire futuriste, son histoire avec deux visions diamétralement opposées. Grâce à ces décors, les participants se sont projetés en 2035. C’est dans ces univers qu’ils ont construit leurs recommandations.


Passerelle Social Club UNE FORMULE TOUTE FRAÎCHE POUR UNE RENCONTRE DES TROIS GROUPES DE LA SAISON

Quarante participants se sont réunis le 19 mai dernier pour démultiplier leurs idées. Du décalage, nous en avions promis de­ puis quelques mois déjà ! C’est au cœur du domaine de la Garenne Lemot, décor aux reflets d’Italie, lieu inhabituel pour nos réflexions pros­ pectives que s’est déroulée cette demi-journée créative. Récréative aussi, puisqu’elle s’est terminée par un pique-nique dans le parc. Une matinée sérieuse sans en avoir trop l’air ! Augmenter l’expérience de démo­ cratie participative était l’objectif de cette belle rencontre !

JOINDRE L’UTILE À L’AGRÉABLE

L’utile, c’est le défi à relever pour sortir, du laboratoire Passerelle, les idées les plus percutantes ou décalées de l’année. Le CDLA a invité pour l’occasion l’agence " Fin Août Début Septembre ". Cette séance de " stratégie de communication pour néophytes " a permis de proposer un panorama d’outils avant de conduire chaque groupe vers le choix du média de diffusion de ses messages clés. Objectif : sensibiliser ou inciter au changement ? Qui : monsieur tout le monde, madame la mairesse ou bien le promoteur immobilier ? Sur quel ton ? Et caetera, etc. Autant de questions servant à baliser les messages et à les mettre en lumière, et cela en une heure de discussions. Et une heure d’atelier, nos partici-

pants vous le confirmeront, c’est très court ! L’agréable ? La visite des lieux qui s’imposait. Le domaine de la Garenne Lemot est un parc arboré de 13 hectares, créé par François-Frédéric Lemot. Il souhaitait rendre hommage aux paysages et à l’architecture de l’Italie sur les bords de Sèvre. Ce lieu aux influences toscanes sert d’inspiration pour les artistes, alors pourquoi pas pour les membres Passerelle ? Le café ne venait pas de Rome, mais il a été apprécié, tout autant que le pique-nique pour clore la matinée. Bonne humeur et créativité étaient au rendez-vous de cette excursion pas comme les autres ! Pour en savoir plus sur le domaine, rendez-vous sur le site web de Grand Patrimoine de Loire-Atlantique.

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Le coin des jeux

This is the quiz ! 1. Que signifie MOOC ? a.  Micro Out of Connection b.  Mouvement des Octogénaires Obsédés par la Canicule c.  Massive Online Open Course

2. Qui a dit " Je ne suis pas déconnecté, je suis reconnecté à la vie " a.  Guy Birenbaum b.  Alexandre Jardin c.  Dominique Strauss-Kahn

3. L’œuvre Anarchy a pour auteur

6. Lequel de ces réseaux sociaux n’existe pas ? a.  Bloomer b.  Vine c.  Whatsapp

7. Qui a dit qu’il fallait " civiliser internet " a.  Patrick Sébastien b.  Jean-Marc Manach c.  Nicolas Sarkozy

8. Lequel de ces livres n’est pas d’Alexandre Jardin ?

c.  2 633 internautes

a.  Les Zèbres b.  Laissez-nous faire ! On a déjà commencé c.  50 nuances de Grey

4. Qu’était le projet SAFARI ?

9. Qu'est-ce qu'un pharmakon ?

a.  Une nouvelle version d’un

a.  Un pharmacien mal luné b.  Terme grec qui peut si­­­gn­i­fier remède, mais aussi poison c.  Un nouveau concept de pharmacie en libre service entièrement numérisé

a.  Marc Levy b.  Patrick Mareschal

navigateur internet b.  Un fichier centralisant les répertoires de plusieurs organismes publics c.  Une excursion du CDLA

5. Qu’est-ce que Share Captain ? a.  Une marque de poissons panés surgelés b.  Une application ludique de consommation collaborative c.  Un espace de coworking

10. Qui a dit " Je ne peux pas être enfermé dans mon bureau à écrire des romans alors que le pays est en train de valdinguer ! " ? a.  Philippe Grosvalet b.  Bernard-Henry Levy c.  Alexandre Jardin

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11. Quelle application mobile a fait beaucoup parler d’elle récemment ? a.  Airbnb b.  UberPop c.  Candycrush

12. Combien de jeux de données publiques sont présents sur le portail de l’open data du Département ? a.  170 000 b.  280 000 c.  630 000

13. Pour quelle radio Guy Birenbaum n’a-t-il pas travaillé ? a.  Europe 1 b.  Skyrock c.  France Info

14. Quelle est la particularité de l'application Snap Chat ? a.  Elle coûte très cher b.  C'est interdit aux plus de 30 ans c.  Les photos reçues sont éphémères

15. Quelle est la spécialité du robot phoque PARO ? a.  Il lit des histoires aux enfants b.  Il sait nager à reculons c.  Il anime des ateliers pour les malades atteints d’Alzheimer


16. Quelle invention est née du hasard ? a.  L’IPhone b.  Le velcro c.  Le trombone

17. À qui doit-on les révélations sur la surveillance du net par la NSA a.  Edward Snowden b.  Julian Assange c.  Jacquie et Michel

18. Michel Briand est reconnu comme expert dans le domaine du :

20. Pourquoi la Silicon Valley est-elle un lieu mondialement connu ?

23. Quelle initiative ont lancée Uber et les restaurants Upper dernièrement?

a.  C’est l’endroit du monde où se rencontrent le plus de start-up et de capitaux b.  C’est le lieu de naissance d’Amazon c.  C’est l’endroit au monde qui concentre le plus de chirurgiens esthétiques

a.  La livraison gratuite de sandwiches par Uber pendant 24h b.  Le prêt d'un chauffeur Uber pour déjeuner avec les clients seuls c.  La possibilité de déjeuner tout en se faisant conduire

21. Quelle technique Guy Birenbaum utilise-t-il pour se déconnecter ?

a.  Numérique collaboratif b.  Brushing c.  Transhumanisme

a.  Il récupère un Nokia 3310 b.  Il allume son téléphone dix minutes par jour c.  Il désactive tous les pushs

19. Parmi les métiers ci-dessous, lequel est le plus menacé par la robotisation ?

22. Un évènement très "connecté" va bientôt avoir lieu à Nantes, lequel ?

a.  Les sportifs b.  Les sages-femmes c.  Les journalistes

a.  La Digital Week b.  Le salon du chiot c.  La formathèque

24. Quel est le lien entre la start-up " Immodvisor ", " Un parrain, un emploi " et " Parrains par mille " ? a.  C’est de l’économie sociale et solidaire b.  Ce sont des zèbres, des faiseux issus de BBZ44 c.  Ce sont des initiatives réservées aux hommes

25. L'un de ces termes revient souvent dans Google, lequel ? a.  Ennui b.  Bonheur c.  Colère

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Mots croisés Les mots que vous retrouverez dans cette grille sont des termes clés, employés dans les réflexions des groupes Passerelle.

Horizontalement 1. Soutien financier privé. Son chez-soi. - 2. Cohabitation. - 3. Discussion parfois houleuse. - 4. Capacité. 6. Adaptable. - 7. Actions entreprises. - 9. Susceptible d'être exploitée. Suscite l'intérêt. - 11. Déplacements.13. Loi 1901. - 14. Faire. – 15. Rassemblement. - 17. Personne civique. - 18. Accessible à tous. - 19. Pris dans l'action. - 20. Bien de pierres. - 22. L'équivalent d'équivalence. - 23. Comme le sont le carton et le verre. - 25. De son fait. Verticalement 1. Interlocuteur impartial. Futur. - 3. Construire. Qualité d'un habitat moins consommateur de terrain. - 4. Précède les règlements. - 5. L'Homme au-dessus de tout. - 7. Entraide. Niveau. - 10. Dépense avec mesure. 12. Enseignement. Service non rémunéré. - 14. Durée. - 15. Regroupe des moyens. - 16. Pousser à. - 20. Adaptable. Milieu de conquête. - 22. Potable. - 23. Une aide. Fonds de dentelle. - 25. Éveillés. Solaire ou éolienne. Les lettres des 9 cases bleues forment ce mot. Pour vous aider à les remettre dans l'ordre, voici un petit coup de pouce. De la crainte et du doute, elle est à l'opposé, et si vous la donnez, alors donnez-la toute. Qui est-elle ? Mot mystère 82


Solutions 16. b. Le velcro 17. a. Edward Snowden 18. a. Le numérique collaboratif 19. c. Les journalistes 20. a. C'est l'endroit au monde où se rencontrent le plus de start-up et de capitaux 21. c. Il désactive tous les pushs 22. a. La Digital Week 23. a. La livraison gratuite de sandwiches par Uber pendant 24h 24. b. Ce sont des zèbres, des ­faiseux issus de BBZ 44 25. a. Ennui

1. c. Massive Online Open Course 2. a. Guy Birenbaum 3. c. 2 633 internautes 4. b. Un projet centralisant les répertoires de plusieurs organismes publics 5. b. Une application ludique de consommation collaborative 6. a. Bloomer 7. c. Nicolas Sarkozy 8. c. 50 nuances de Grey 9. b. Un terme grec qui signifie remède mais aussi poison 10. c. Alexandre Jardin 11. b. UberPop 12. b. 280 000 13. b. Skyrock 14. c. Les photos reçues sont éphémères 15. c. Il anime des ateliers pour les malades d'Alzheimer

*Edge : Réseau précédent la 3G et considéré aujourd'hui comme lent et obsolète

Moins de 10 points : citoyen encore en Edge* Oh là là, il va falloir de toute urgence une session de rattra­ page en lisant les dix der­niers numéros de Tendances du CDLA ! Vous avez de la chance, un résumé de ces numéros est présent au début de cette publication… Entre 10 et 20 points : Citoyen connecté Pas mal, vous avez assisté à plu­ sieurs des conférences du CDLA et vous intéressez au sujet du citoyen à l'heure du numérique. Pour combler vos quelques lacunes, replongez-vous dans les numéros de Tendances ou sur les vidéos "Paroles d'acteurs" de la chaîne YouTube du CDLA. Plus de 20 points : cybercitoyen Bravo ! Vous êtes sans doute un(e) habitué(e) des conférences du CDLA. Pour vous, rien à dire, à part… continuez comme ça !

Mot mystère

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N

F

I

A

N

C

E


NOTES

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Les conférenciers : Jean-Marc Manach, Alexandre Jardin, Philippe Vidal, Eric Sadin, Michel Briand, Nicolas Colin, Guy Birenbaum, Amandine Pirion, Gwendal Briand. Les membres des groupes Passerelle : Anne, Sarah, Lyse, Séverine, Gwénaëlle, Louis, Joël, Gérard, Noël, JeanLuc, Margot, Manuel, Joris, Agathe, Elisabeth, Bertrand, Fred, Nolwenn, Olivier, François, Nicolas, Frédéric, Christine, Gabriel, Marc, Sandrine, Patrick, Quentin, Sylvie, Adrien, Bernard, Françoise, Emmanuel, Michel, Eric, Fréderic, Sarah, Lyse, Thierry, Pascal, Nicolas, Jean-Achille, Denis, Catherine, Séverine, Guy, Isabelle, Mary, Gwénaëlle, Patricia, Catherine, Patrick, Elisabeth, Zohra, François, Gérard, Louis, Delphine, Joel, Marianne,Emmanuelle,Julie, Benoit, Samuel, Claude, Isabelle, Mary, Delphine, Christine, David, Matthieu, Marius, Roger, Frédéric, Elisabeth, Véronique, Carole, Robert, Olivier, Laurent, Raphaël, René, Elisabeth, Anne, Bastien, Véronique, Benoît, Virginie, André-Hubert, Michel, Marie-Claude, Marion, Françoise, Jean-Loïc, Joshua. L’Ecole du Bois et Grand Patrimoine, habitat groupé Escapades.

Merci !


http://cdla.loire-atlantique.fr

Conseil de développement de Loire-Atlantique Codirecteurs de la publication : Patrick Mareschal, Emmanuelle Gélébart Souilah Rédaction : Jessica Beauguitte, Céline Lopes, Emmanuelle Gélébart Souilah  Mise en page et illustrations : Céline Lopes  Crédits photos : Istock Photo, Christophe Turgis, Area architectes, Vincent Callebout architecture, École Supérieure du Bois, distractify.com, Jose Maria Fereira  Impression : Conseil départemental de Loire-Atlantique  Date de sortie : Octobre 2015  Adresse : Conseil de développement de Loire-Atlantique - 21 bd Gaston Doumergue 44 200 Nantes - Tél : 02 40 99 60 70 - Courriel : cdla@loire-atlantique.fr  Site internet : http://cdla.loire-atlantique.fr


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