Conception graphique : cedricramadier.com Relecteur historique : Guillaume Picon © 2010 Albin Michel Jeunesse 22, rue Huyghens, 75014 Paris – www.albin-michel.fr Loi 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse Dépôt légal : second semestre 2010 – N° d’édition : 18978 ISBN-13 : 978 2 226 20922 1 Imprimé en France par Pollina s.a.
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Le MONDE au MÊME MOMENT
Un tour du monde au Moyen Âge Imaginé et écrit par Laurence Quentin et Catherine Reisser Illustré par Christelle Enault
Albin Michel Jeunesse
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SOMMAIRE
CARTE DU XII e SIÈCLE
PORTRAIT ..................................................... 6 Frédéric II de Hohenstaufen, empereur du Saint Empire romain germanique
LE MONDE AU MÊME MOMENT ...... 30 Architecture Maisons de sel et citadelles
IMAGES .......................................................... 8 Croisades en Orient PORTRAIT ................................................... 32 Sundjata Keita, le mansa du Mali DOSSIER ....................................................... 10 Louis IX et son royaume de France La famille royale / Nobles et manants / La vie à Paris / La puissance de l’Église
LE MONDE AU MÊME MOMENT ...... 34 Esclavage Esclaves blancs, esclaves noirs
LE MONDE AU MÊME MOMENT ....... 18 Châtiments Crimes et punitions
PORTRAIT ................................................... 36 Baybars, le « seigneur tigre » d’Égypte
PORTRAIT ................................................... 20 L’Inca Sinchi Rocca
IMAGES ........................................................ 38 Invasions mongoles
LE MONDE AU MÊME MOMENT ...... 22 Beauté Beauté et joli teint
DOSSIER ...................................................... 40 Kubilaï Khan, un Mongol empereur de Chine Kubilaï, ses femmes, ses enfants et ses concubines / Une nouvelle capitale / Un empereur mongol chez les Chinois / Steppes et palais
LE MONDE AU MÊME MOMENT ...... 24 Hygiène Toilette et bain de vapeur
IMAGES ........................................................ 26 Batailles et ruses de guerre LE MONDE AU MÊME MOMENT ...... 28 Le peuple juif
LE MONDE AU MÊME MOMENT ...... 48 Sciences Savoirs et savants
LE MONDE AU MÊME MOMENT ...... 50 Vêtements Parures et guenilles
IMAGES ........................................................ 52 Voyages et transports Les voyageurs du monde
DOSSIER ...................................................... 54 Marco Polo, les aventures d’un marchand vénitien La vie à Venise / Les marchands vénitiens / La famille de Marco Polo / Des voyageurs de père en fils / Marco Polo, conseiller de Kubilaï Khan / Le retour de Marco Polo
LE MONDE AU MÊME MOMENT ...... 62 Maladies et médecines Fièvres et potions
IMAGES ........................................................ 64 Bestiaire Des animaux fabuleux
PORTRAIT ................................................... 66 Takezaki Suenega, un samouraï au Japon
LE MONDE AU MÊME MOMENT ...... 68 Nourriture Diètes et festins
IMAGES ........................................................ 70 Jeux candides et jeux cruels LE MONDE AU MÊME MOMENT ...... 72 Arts Enluminures et troubadours
LE MONDE AU MÊME MOMENT ...... 74 Anecdotes historiques Nouvelles du monde CARTE DU XIV e SIÈCLE
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PRÉFACE
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Si le Moyen Âge occidental s’étale sur mille ans*, nous avons choisi de vous présenter le monde au XIIIe siècle, de 1200 à 1299, siècle dominé par de grandes
figures. Bien plus tard, on évoquera en France le « siècle de Saint Louis », qualifié d’« âge d’or ». Les rencontres, les explorations, les découvertes techniques, les échanges y sont multiples et cette période est riche en événements. Personne, alors, ne se pense être au « Moyen Âge », puisque le mot, apparu en latin en 1469, ne sera utilisé en Occident qu’un siècle après. De même, le mot « Europe » n’existe pas, les pays ne sont pas exactement ceux d’aujourd’hui et ils ne portent pas les noms que nous utilisons actuellement. Qu’importe ! Avec le vocabulaire et le regard du présent, nous avons juxtaposé les personnages marquants, les habitudes, les savoirs, les croyances et les évolutions de peuples éloignés, vivant au même moment, souvent sans se connaître : les Occidentaux ignorent tout des Amériques et de leurs brillantes civilisations, le monde pour eux se limitant à l’Europe, l’Asie et l’Afrique. La vision présentée dans cet ouvrage est synoptique et permet de mêler des disciplines comme l’histoire, les arts, les sciences, la vie sociale… Ce tour du monde n’est pas exhaustif et nous avons mis en lumière certains faits et personnages célèbres, car les documents d’archives évoquent les rois et les puissants plus que les gens du peuple, les hommes plus que les femmes et les enfants, et que nous avons accès à des informations sur l’Occident plus nombreuses que sur les autres parties du globe. Mais nous avons pu réunir de nombreuses informations passionnantes et inhabituelles. Cette plongée au XIIIe siècle, partout dans le monde simultanément, permet de changer le point de vue égocentrique, d’apprécier et de comparer, de suivre des chemins de traverse, et, loin des jugements, de s’émerveiller sur le * Pour certains historiens, le Moyen Âge passé et les mille et une manières de vivre. Les iconographies d’archives qui illustrent l’ouvrage sont, le plus souvent possible, d’époque et les dessins de Christelle Enault sont inspirés de documents historiques.
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occidental commence en 312 avec l’édit de Constantin christianisant l’Empire romain ; pour d’autres en 476, par la déposition de Romulus Augustule, alors considéré comme le dernier empereur romain d’Occident. Pour la fin, deux dates principales sont retenues : 1453, année de la chute de Constantinople, ou 1492, année de l’exploration européenne de l’Amérique.
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PORTRAIT
Frédéric II de Hohenstaufen, « Stupor Mundi »
Frédéric II de Hohenstaufen, empereur du Saint Empire romain germanique Frédéric est le fils de Constance de Sicile et de l’empereur Henri VI, surnommé « le Cyclope » à cause de son œil crevé. En 1198, un an après la mort de son père, Frédéric est couronné roi de Sicile à Palerme ; il a quatre ans. Sa mère meurt quelques mois plus tard et le petit garçon se retrouve seul. UN AGNEAU PARMI LES LOUPS
À sept ans, Frédéric se sent intouchable ; aussi, le jour où ses ennemis essayent de l’enlever pour prendre le pouvoir en Sicile, il se débat avec une telle rage que ses assaillants renoncent à l’emmener. Le petit roi, choqué par ce manque de respect, écrit cette lettre à tous les princes du monde chrétien : « Si vous n’intervenez pas rapidement pour mettre fin aux odieux traitements dont je suis l’objet, il sera trop tard. Ma vie est intolérable, je suis environné de périls comme un agneau parmi les loups. » À PALERME
LE PAPE ET L’EMPEREUR
Qui est le maître du monde, le pape ou l’empereur ? Le pape exerce le pouvoir sur tous les chrétiens, mais l’empereur Frédéric II refuse d’obéir au pape. Cette discorde envenime la mésentente qui divise déjà le royaume : il y a d’un côté les défenseurs de Frédéric II, dits les « gibelins », et de l’autre les défenseurs du pape, dits les « guelfes ». Le pape Grégoire IX exige de Frédéric II qu’il parte combattre les musulmans en Terre sainte afin de leur reprendre Jérusalem. Mais au lieu de guerroyer, l’empereur négocie avec son ami le sultan Al Khamil, qui lui cède la ville en 1229. Cette alliance pacifique est un crime aux yeux du pape. L’ORDRE DES CHEVALIERS TEUTONIQUES
L’ordre des chevaliers Teutoniques est fondé vers 1198. Les chevaliers sont des moines-soldats dont le rôle est de défendre la Terre sainte et d’aider les malades. Ils portent un grand manteau blanc en signe de pureté, avec une croix dont la couleur noire représente l’humilité.
L’empereur Frédéric II est surnommé « Stupor Mundi », « la stupeur du monde ». À sa mort, en 1250, son fils Manfred de Sicile écrit à son frère : « Le soleil du monde qui brillait sur les peuples s’est couché. » LE CORTÈGE IMPÉRIAL
Pour son prestige, Frédéric II de Hohenstaufen se déplace en cortège à travers son immense royaume. Les guerriers musulmans sont en tête, puis ce sont les chameaux et les danseuses orientales qui défilent, suivis par les troubadours, les jongleurs et les musiciens. L’empereur, en tenue d’apparat, chevauche en compagnie de ses chefs, de ses pages et de ses serviteurs. Des chars tendus d’étoffes rouges transportent les hommes de sciences devant l’éléphant offert par le sultan Al Khamil. Puis arrivent les faucons blancs posés sur les mains gantées des fauconniers, les meutes de chiens et les dompteurs avec leurs panthères. Les fiers chevaliers Teutoniques ferment le défilé. LES QUATRE COURONNEMENTS DE FRÉDÉRIC II
1198 : roi de Sicile, à Palerme (il est âgé de quatre ans).
Frédéric, dont le royaume est sous la tutelle du pape Innocent III, vagabonde dans les rues ensoleillées de Palerme la cosmopolite. Il aime ses palmiers, ses jardins ombragés, ses palais, ses mosquées, ses églises, son port et ses habitants. Les Arabes de Palerme, restés nombreux depuis l’invasion des Normands, en 1061, sont si touchés par la solitude de cet enfant roi qu’ils s’occupent de son éducation. Avec eux, il apprend l’arabe, la logique, la géographie et les mathématiques. En 1208, à quatorze ans, Frédéric a l’âge de gouverner la Sicile et prend le pouvoir.
Le grand maître de l’ordre des chevaliers Teutoniques, Hermann von Salza, est le meilleur ami de Frédéric II de Hohenstaufen.
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Frédéric II de Hohenstaufen, « Stupor Mundi »
PORTRAIT
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1212 : roi de Germanie et empereur, à Mayence (il ne parle pas allemand). 1220 : roi des Romains et couronné empereur du Saint Empire romain, à Rome. 1229 : il épouse une jeune fille de quatorze ans, Isabelle II, reine de Jérusalem, et devient roi de Jérusalem. Il se couronne lui-même dans l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem, construite à l’endroit où l’on aurait déposé le corps de Jésus après l’avoir descendu de la croix. PÈRE ET FILS
Henri II de Souabe, le fils aîné de l’empereur Frédéric II, devient roi des Romains en 1220. Ce jeune homme de vingt ans gouverne comme bon lui semble et rejette tous les conseils de l’empereur. Il ose même proposer aux Lombards du nord de l’Italie de lutter avec eux contre son père. C’est une trahison insupportable pour Frédéric II, qui le fait arrêter puis juger en Allemagne, dans la ville de Worms. Le jeune roi est condamné à être enfermé à vie dans une forteresse. Cette sanction est approuvée par l’empereur ; pourtant, quand son fils se suicide, après plusieurs années de détention, son chagrin est immense. L’AVALANCHE HUMAINE
En 1241, les terribles cavaliers mongols, qui manient leurs arcs avec une grande habileté et ne laissent que des ruines sur leur passage, déferlent aux portes de Vienne. Frédéric II demande à tous les souverains de l’Occident de s’unir contre la terreur barbare. C’est aussi le moment où les Mongols décident de rentrer chez eux. L’Europe est sauvée.
En 1212, Frédéric II de Hohenstaufen est couronné empereur en Allemagne dans la cathédrale de Mayence ; il a dix-huit ans.
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IMAGES
Croisades en Orient
Les croisades en Orient Quand le pape Urbain II apprend que les musulmans empêchent les pèlerins chrétiens d’accéder aux lieux saints de la ville de Jérusalem, il demande aux fidèles d’aller se battre en Orient. En 1096, la première croisade part de France et d’Allemagne. Les croisés prennent Jérusalem et fondent en Orient quatre États latins : le comté de Tripoli, la principauté d’Antioche, le comté d’Édesse et le royaume de Jérusalem. En 1144, le Turc Zengi reprend le comté d’Édesse. La deuxième croisade a pour but de le récupérer, elle échoue. En 1188, le chef musulman Saladin reconquiert Jérusalem. La troisième croisade part délivrer la Ville sainte, c’est un échec ! Mais la reconquête de Saint-Jean-d’Acre permet de restaurer momentanément un État latin.
1202-1204 QUATRIÈME CROISADE Les croisés, partis de France pour Jérusalem, font halte à Venise pour prendre livraison des navires qu’ils ont commandés à l’arsenal. Comme ils n’ont pas assez d’argent pour payer la totalité de la flotte, le doge Dandolo leur propose d’assiéger la ville de Zara, sur la côte adriatique, en échange de leur dette. Les croisés passent également par Constantinople, qu’ils pillent et saccagent en 1204.
Les « croisés » sont des pèlerins chrétiens armés. Ils doivent leur nom à la croix de tissu rouge qui est cousue sur l’épaule gauche de leur vêtement. Le pape promet à tous ceux qui partent en croisade le pardon de leurs péchés.
1212 CROISADE DES ENFANTS Le prêche de deux jeunes garçons, Nicolas en Allemagne puis Étienne en France, entraîne des milliers de filles et de garçons à partir en Terre sainte. C’est un désastre : la plupart meurent en route et les survivants qui arrivent à Marseille pour s’embarquer sont vendus comme esclaves.
Les chrétiens appellent les musulmans ces « chiens de mécréants » et les musulmans appellent les chrétiens ces « cochons d’infidèles ».
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Croisades en Orient
1217-1221 CINQUIÈME CROISADE Le projet des croisés allemands, français, espagnols, anglais et italiens est de prendre la ville de Damiette, en Égypte, afin de l’échanger contre Jérusalem. Les croisés prennent la ville, mais la négociation avec le sultan d’Égypte, Al Khamil, échoue. Les armées croisées capitulent en 1221.
1248-1254 SEPTIÈME CROISADE Depuis 1244, Jérusalem est de nouveau aux mains des musulmans. Louis IX, le roi de France, qui avait fait le vœu de partir en croisade, quitte le port d’Aigues-Mortes en 1248. Arrivés en Égypte, les croisés prennent la ville de Damiette (1249), mais sur la route du Caire, le sultan mamelouk Baybars arrête l’armée et fait prisonniers le roi et les Templiers, ces soldats qui protègent les chrétiens et les lieux saints. Louis IX, libéré contre une rançon, rentre en France.
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IMAGES
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1228-1229 SIXIÈME CROISADE L’empereur germanique Frédéric II de Hohenstaufen négocie avec le sultan d’Égypte, Al Khamil, qui lui cède Jérusalem pour une période de dix ans par le traité de Jaffa. Frédéric II devient roi de Jérusalem en 1229.
1270 HUITIÈME CROISADE Quand Louis IX apprend que le sultan mamelouk Baybars menace de détruire ce qui reste des États latins d’Orient, il repart en croisade. À Tunis, le 2 août, son fils Jean Tristan meurt de dysenterie. Le roi, malade lui aussi, meurt à son tour le 25 août 1270. Les croisés quittent Tunis.
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DOSSIER
Au temps de Louis IX
Louis IX et son royaume de France
Le 8 novembre 1226, Louis VIII, le roi de France, meurt de dysenterie. Son fils aîné, Louis de Poissy, âgé de douze ans, est alors sacré roi sous le nom de Louis IX. Parce qu’un « roi illettré est un âne couronné », l’héritier du trône reçoit à Paris une éducation stricte et une instruction solide, qui le préparent aussi à protéger l’Église et à suivre ses conseils. Ce roi très chrétien, populaire pour son amour de la justice, est canonisé en 1297 par l’Église catholique sous le nom de Saint Louis.
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Au temps de Louis IX
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DOSSIER
Au temps de Louis IX
Louis IX a vingt ans quand il se marie, le 27 mai 1234, avec Marguerite de Provence, une jeune fille de treize ans. Le lendemain, elle est couronnée reine de France. Ils auront onze enfants.
La famille royale L’enfant Louis grandit entouré d’adultes sans faiblesse. L’année de sa naissance, en 1214, son grand-père, le roi Philippe Auguste, gagne une bataille contre l’empereur Otton de Brunswick à Bouvines, dans le nord de la France. Son père, Louis VIII, surnommé « le Lion », est un guerrier courageux et sa mère, Blanche de Castille, a la force de sa foi chrétienne. L’ÉDUCATION DU PETIT LOUIS Le jeune Louis habite à Paris dans le palais de l’île de la Cité, avec sa mère, la reine Blanche de Castille, ses quatre jeunes frères, Robert, Alphonse, Philippe-Dagobert et Charles, et sa petite sœur, Isabelle. Des valets, des nourrices et des chambrières s’occupent de leur bien-être. Blanche de Castille, quant à elle, initie ses enfants à la prière et à l’amour
de Dieu. Elle les emmène chaque jour entendre la messe, puis les confie aux précepteurs qui leur enseignent la lecture, l’écriture, le latin et le calcul. Les jeunes princes sont aussi éduqués pour être des chevaliers guerriers. Ils s’exercent à l’équitation, à la lutte, au saut, à la course, au lancer du javelot et au tir à l’arc. Ils aiment participer aux tournois, s’occuper des chevaux, des chiens, des faucons et chasser au bois de Vincennes en compagnie des nobles de la cour. UN ENFANT DE DOUZE ANS EST SACRÉ ROI DE FRANCE En novembre 1226, après les funérailles de son père, le jeune Louis part pour Reims avec sa mère. C’est le lieu où les saintes huiles, qui servent au sacre des rois de France, seraient miraculeusement tombées du ciel pendant le baptême de Clovis, en 498. En passant par Soissons, Louis est adoubé
chevalier, car pour être sacré roi de France, il faut d’abord être chevalier. Enfin, le 29 novembre, dans la cathédrale de Reims, il reçoit le manteau, le sceptre et la couronne, mais aussi l’onction des saintes huiles, qui symbolise le lien entre Dieu et le peuple de France. Le petit Louis devient le roi Louis IX et sa mère Blanche de Castille devient la régente du royaume. LOUIS IX ÉDUQUE SES ENFANTS AU MÉTIER DE ROI Avant de se coucher, Louis réunit ses enfants et demande à chacun d’être charitable envers les pauvres, d’éviter la guerre et d’honorer les gens d’Église. Il leur raconte comment agissent les bons princes et les bons empereurs, leur explique comment les princes trop avides de richesses perdent leurs royaumes et les prévient : « Un roi injuste est un tyran contre lequel il est permis de se révolter. »
Ce roi sage et pieux, qui a voulu une même justice pour chacun, meurt le 25 août 1270, à Tunis, pendant sa deuxième croisade. Son fils aîné, qui est à ses côtés, est proclamé roi de France sous le nom de Philippe III. Ce jeune homme de vingt-cinq ans hérite d’un royaume unifié et d’un pouvoir royal très fort. Après la mort de Louis IX, l’Église enquête pour savoir si ce bon roi chrétien doit être sanctifié. Le pape Boniface VIII accepte sa canonisation en 1297 et Louis IX devient « Saint Louis ».
Louis IX
Marguerite de Provence
Blanche
Isabelle
Louis
1240-1243
1242-1271
1244-1260
Philippe III
Jean
Jean Tristan
1245-1285 (roi en 1270)
1247-1248
1250-1270
Pierre
Blanche
1251-1284
1253-1323
Marguerite
Robert
1254-1271
1256-1318
Agnès 1260-1327
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Au temps de Louis IX
Nobles et manants Il y a dans le royaume de France ceux qui travaillent, ceux qui prient et ceux qui font la guerre. « Telle est la volonté de Dieu », déclarent les gens de l’Église chrétienne. Les artisans comme les paysans travaillent sans relâche pour le bien-être des religieux, qui « prient pour eux », et des chevaliers, qui les « protègent ». LES NOBLES Les nobles, ou « gentilshommes », sont les seigneurs, les barons, les comtes et surtout les chevaliers. Ils sont au service du roi et bénéficient de larges privilèges. Ils peuvent servir à la cour ou dans l’administration, mais leur vocation première reste la guerre. Pour se divertir, ils boivent et mangent des mets délicats dans une ambiance de fête, dansent en couple ou en groupe, jouent aux dés, aux échecs ou aux boules. Aux beaux jours, les seigneurs chassent le gibier sur leurs terres et les dames se joignent à eux pour la chasse au faucon. Le petit garçon noble reçoit très tôt une éducation chevaleresque. À dix ans, il quitte le château de son
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père pour devenir page chez un autre seigneur. À treize ans, il est écuyer au service d’un chevalier, il le suit partout, même à la guerre. À dix-neuf ans, il jure fidélité à son seigneur et reçoit son épée de chevalier des mains de celui qui lui a appris à être un cavalier habile, loyal et courageux : c’est l’adoubement. La cérémonie se passe devant sa famille, ses camarades et de nombreux invités. Le jeune chevalier exercera ses talents dans les tournois ou à la guerre. Les tournois se déroulent comme une guerre : deux camps s’affrontent sur de grands espaces. Le but n’est pas de tuer l’adversaire, mais de le capturer. Les embuscades contre l’autre camp se préparent
dans les bosquets et les forêts ; les batailles se déroulent sur les champs moissonnés. Les vainqueurs gagnent les chevaux et les armes des vaincus, mais aussi l’admiration des jeunes dames. FLEURS DE LYS Philippe Auguste, le grand-père de Louis IX, est le septième roi de France de la dynastie des Capétiens. Pendant son règne, il choisit la fleur de lys comme emblème de la royauté. Le pétale du milieu représente la foi chrétienne ; de chaque côté, les deux pétales identiques symbolisent la sagesse et la chevalerie. L’union des trois fait la force du royaume de France. LES MANANTS Les manants sont des paysans qui travaillent sur la terre d’un seigneur. Ils sont aussi appelés « vilains » par les nobles, qui les jugent grossiers et sans éducation. Ils vivent avec leur famille et leurs animaux dans une seule pièce, dorment ensemble sur
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Le bleu de France est la couleur du pouvoir. la même paillasse, se lèvent au chant du coq pour aller travailler et se couchent avec le soleil. Les enfants aident leurs parents aux travaux des champs ou gardent les troupeaux. L’hiver, ils ont un peu de temps pour aller à l’école. Dans les villes, les enfants d’ouvriers sont domestiques chez les riches bourgeois. À douze ans, ils peuvent entrer en apprentissage chez un artisan qui les loge, les nourrit et paye juste leurs souliers. Les filles seront brodeuses, lingères ou couturières et les garçons deviendront forgerons, charpentiers ou cordonniers pour quelques sous. Les plus pauvres sont si misérables qu’ils ne peuvent pas nourrir leurs enfants et les abandonnent aux portes des églises. Parfois, ceux qui mendient n’hésitent pas à déformer les membres de leurs bébés pour susciter la compassion et recevoir l’aumône.
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La vie à Paris Paris, la capitale du royaume de France, est entourée d’une muraille à créneaux. Le rempart, haut de sept mètres, possède un chemin de ronde. À l’intérieur de l’enceinte, la Seine entoure l’île de la Cité où se trouve le palais du roi. Deux ponts enjambent le fleuve, l’un relie l’île de la Cité au quartier « d’outre-grand pont », qui s’étend sur la rive droite, et l’autre au quartier « d’outre-petit pont », sur la rive gauche. LA TOUR DU LOUVRE À l’ouest, près du fleuve, devant le mur d’enceinte, le grand-père de Louis IX, Philippe Auguste, a fait construire la tour du Louvre pour surveiller l’arrivée des ennemis du royaume. Au rez-de-chaussée de ce donjon fortifié, un pontlevis permet de franchir la large fosse qui l’entoure, et des portes épaisses, bardées de fer et de serrures, protègent la salle d’armes, la salle du trésor royal et la prison. Autour du mur d’enceinte de Paris, il y a des jardins, des vignes, des champs et les maisons des vignerons et des paysans.
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À L’INTÉRIEUR DE L’ENCEINTE Les rues sont étroites, surpeuplées et couvertes de détritus. Ici, c’est la pluie qui nettoie… Chaque matin, le son de la trompette annonce aux Parisiens qu’ils peuvent sortir ; ils rentrent dès que les cloches sonnent le couvre-feu. La nuit, les habitants s’enferment à clé pour se protéger et personne ne sort sans l’autorisation du prévôt ; c’est lui le maître de la sécurité. Sur la rive gauche de la Seine, Robert de Sorbon fonde, rue Coupe-Gueule, un collège dans lequel les étudiants
pauvres sont nourris et logés. Ce côté du fleuve devient le « quartier latin », car les maîtres et les élèves se parlent en latin. Sur la rive droite, c’est le quartier des bourgeois et des commerçants. GRAND PONT ET PETIT PONT Sur le grand pont, les oiseleurs vendent des oiseaux, les changeurs vérifient le poids des pièces de monnaie et les orfèvres travaillent les métaux précieux. On y voit aussi les pêcheurs à la ligne, qui vendront leurs prises au marché aux poissons d’eau
Les activités commerciales sont intenses sur les ponts de Paris.
douce. Dessous, les moulins à eau des meuniers tournent nuit et jour pour moudre le blé des boulangers. Pour passer sur le petit pont, chacun doit payer une taxe. Mais le roi autorise ceux dont les spectacles enchantent le peuple à payer en « monnaie de singe ». Ainsi, le baladin passe s’il chante une chanson, le bateleur s’il fait grimacer son singe et le jongleur s’il exécute un tour devant le péager. L’UNIVERSITÉ Pour entrer à l’université, les garçons de quatorze ans doivent savoir lire et écrire le latin. Les jeunes étudiants parisiens ne dépendent pas de la justice ordinaire, mais de celle de l’université, et ils profitent joyeusement de ce privilège ! Ils sont parfois
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Au temps de Louis IX
si violents et si chahuteurs que les bourgeois de la ville se plaignent de leur attitude. En 1229, une bagarre meurtrière éclate entre eux. La reine Blanche de Castille, exaspérée, envoie aussitôt ses sergents royaux, qui, ne trouvant pas les coupables, corrigent violemment les premiers étudiants qui leur tombent sous la main. Devant tant d’injustice, les maîtres et leurs élèves décident d’interrompre les cours, puis de quitter Paris pour étudier à Orléans. Ils accepteront de revenir à Paris deux ans plus tard, quand le roi Louis IX les rappellera.
PARIS, LA NUIT Dès le couvre-feu, les sergents ferment les quinze portes de la ville et barrent l’entrée des rues avec des chaînes. Puis les cavaliers du guet royal et les sergents à pied commencent à patrouiller. Ils sont chargés d’arrêter tous ceux
qui sont dans les rues. Les voleurs et les assassins, eux aussi, sont de sortie, bien cachés, prêts à dérober la bourse et à couper la gorge du pauvre bougre qui s’aventure dans les rues noires et désertes de la capitale. S’ils se font prendre, ils finiront attachés au pilori sur
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la place du marché. Mais les brigands, alertés par le bruit de ferraille que font les armures des sergents du guet, ont souvent le temps de s’enfuir…
LE CIMETIÈRE Les Parisiens se précipitent en famille au cimetière des Innocents pour s’y promener et regarder passer les nombreuses processions organisées par l’Église. Cette foule attire toutes sortes de boutiquiers, comme les écrivains publics ou les fripiers, qui installent leurs étalages entre les tombes. Aux beaux jours, les jongleurs, les troubadours et les baladins donnent des spectacles à l’ombre des grands arbres plantés entre les pierres tombales. Quand la nuit tombe, le cimetière devient le repaire des gueux, des vagabonds et des voleurs. LA TAVERNE Dans les tavernes, les étudiants, les ivrognes, les sergents, les vagabonds, les voyageurs et les filles de joie s’amusent. Assis sur des ballots de paille qui recouvrent la terre battue, ils boivent de la cervoise et du vin, mangent du poisson fumé et jouent aux dés leurs quelques sous. L’esprit chauffé par l’alcool et les jeux de hasard, ils rient, se confient et reprennent en chœur les chansons d’amour des troubadours.
Le maître et ses élèves. Les titres obtenus dans les universités parisiennes sont prestigieux.
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DOSSIER
Au temps de Louis IX
La puissance de l’Église L’invasion des Mongols représente pour les chrétiens l’arrivée de nouveaux démons qui seraient envoyés par Satan pour accabler les humains. « Le monde entier est presque en état de damnation », s’écrie le franciscain anglais Roger Bacon. Le roi Louis IX pense que le danger qui arrive aux portes de son royaume a pour cause profonde le péché, qu’il faut combattre. LES CATHARES Au nord de l’Italie et dans le sud de la France, des chrétiens déclarent qu’il existe deux dieux, celui
du Bien et celui du Mal. Ce sont les cathares. Pour eux, l’Église représente le dieu du Mal, avide et cruel comme Satan. En revanche,
le dieu du Bien, lui, ne punit jamais. Ils sont chrétiens, mais ils soutiennent que l’enfer est une invention, et la croix un instrument de torture. Les cathares ne mangent pas de viande, ne tuent pas les animaux, refusent le mensonge et la violence. « Ce n’est pas Dieu qui fait les belles récoltes, mais le fumier qu’on met dans la terre », déclarent-ils en riant. Le pape Innocent III, qui juge
leurs propos dangereux, demande aux seigneurs du Sud de les supprimer. Mais ces derniers refusent. En revanche, les chevaliers du nord de la France acceptent contre une grosse récompense. L’armée arrive le 22 juillet 1209 devant les remparts de la ville de Béziers et ordonne à la population de leur livrer les cathares. Comme les habitants s’y opposent, les guerriers massacrent toute la population, hommes, femmes et enfants, puis pillent et incendient la ville. C’est le début de la croisade, guerre sainte, contre les albigeois, qui se terminera en 1229. DES RELIQUES QUI PROTÈGENT La relique est une partie du cadavre d’un saint ou un objet lui ayant appartenu, et les chrétiens croient que Dieu protège la ville qui en possède une. Un matin de 1231, le saint clou de l’église Saint-Denis, avec lequel Jésus-Christ aurait été crucifié, disparaît… En apprenant cette nouvelle, le roi Louis IX, sa mère et les Parisiens se précipitent en larmes dans les églises pour prier. Sans cette protection, ils craignent une avalanche de malheurs, d’épidémies et la destruction du royaume. ENFER ET PURGATOIRE Les mères éduquent leurs enfants à être de bons chrétiens, elles les emmènent à l’église, leur apprennent à prier et à faire le signe de croix. Elles leur racontent, quand ils sont tout petits, les châtiments de l’enfer ; pour qu’ils en comprennent bien l’horreur, elles les invitent à regarder les pois qui tournent sans cesse
Les chevaliers du nord de la France font sortir les cathares devant les remparts de leur ville.
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Au temps de Louis IX
DOSSIER
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Les horreurs de l’enfer terrorise les chrétiens.
l’Église catholique, sont « contre la vérité » et font partie de la « famille du diable ». Ainsi, les lépreux, les juifs, les cathares, les musulmans, les jongleurs, les jeteurs de sorts, les fabricants de philtres d’amour, les vagabonds et beaucoup d’autres sont qualifiés d’hérétiques. Le pape établit le tribunal de l’Inquisition, où les « coupables » sont torturés, « avouent », puis sont emprisonnés, brûlés sur le bûcher ou emmurés vivants. La violence des Dominicains dans la chasse aux hérétiques attire la haine du peuple, mais les jeunes en quête de pureté sont séduits. Cet ordre religieux mendiant influence des troupes de filles et de garçons adolescents qui vivent volontairement dans la pauvreté et partent mendier sur les routes dans tout le royaume de France. L’APOCALYPSE En 1241, les Mongols arrivent aux portes de Vienne, en Autriche. Louis IX est terrorisé. Il pense que ces hordes violentes et destructrices sont les peuples de Gog et Magog, dirigés par Satan. Dans l’Apocalypse, un des livres de la Bible, ces peuples déclenchent les catastrophes qui annoncent la fin du monde. Le roi écrit à sa mère : « Courage, s’ils arrivent jusqu’à nous, ou bien nous les rejetterons dans leurs demeures infernales, ou bien c’est eux qui nous enverront au Ciel. » dans la marmite d’eau bouillante et les préviennent que le sort des âmes damnées ressemble à ces légumes qui cuisent. L’Église crée le purgatoire afin d’attirer plus de fidèles, car ce nouveau lieu, qui est situé entre l’enfer et le paradis, offre aux âmes les moins noires la possibilité de se purifier avant d’être envoyées au paradis pour l’éternité.
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LES PETITS MOINES De jeunes garçons ou filles, issus de familles pauvres, sont confiés à des moines qui les éduquent dans des monastères. Parce qu’ils ont été « offerts à Dieu », ils deviennent des oblats, et apprennent à lire, à écrire et à chanter. À sept ans, les garçons sont tonsurés, c’est-à-dire que leur chevelure est rasée en forme de couronne.
Les oblats sont soumis aux dures règles d’obéissance, de pauvreté et de chasteté. Pour les pauvres, c’est l’occasion d’une ascension sociale… sauf quand ils fuient cette vie qu’ils n’ont pas choisie. LE TRIBUNAL DE L’INQUISITION Le pape Innocent III déclare la guerre à ceux qui, d’après
Le poète Rutebeuf, qui n’aime ni le roi ni les ordres mendiants, déclare : « La pauvreté volontaire est un outrage à la misère, elle est à fuir comme la richesse. »
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LE MONDE AU MÊME MOMENT
Châtiments
Crimes et punitions Les hommes et les femmes sont punis pour les délits qu’ils commettent. Mais les châtiments sont différents selon le pays dans lequel ils vivent et la religion qui y règne.
en FRANCE Le tourmenteur
Le bourreau est formé pour tourmenter ceux qui sont reconnus coupables. Il doit savoir couper les oreilles, démembrer, flageller, écarteler, fouetter, brûler ou pendre les condamnés masculins. Sa compagne, elle, s’occupe des femmes. Les pendus restent au gibet jusqu’à ce que la corde casse, puis ils tombent sur les autres corps.
au JAPON La vie de famille
Dans sa maison, le chef de famille fixe les punitions qu’il donne à ses enfants et à ses serviteurs, mais il n’a pas le droit de les battre en public.
Sous le règne de Kubilaï Khan, les voleurs de chevaux sont coupés en deux à l’épée, de haut en bas.
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au MEXIQUE
en FRANCE
en CHINE
La langue percée
Un mannequin condamné
Poison et crottes de chien
Lorsqu’un condamné à mort réussit à s’échapper, on fabrique un mannequin de paille avec un visage peint à son image. Le jour de l’exécution, son effigie est pendue, décapitée ou brûlée sur le bûcher à sa place.
Quand un bandit se fait attraper par les soldats de l’armée, il préfère avaler le poison qu’il cache sur lui plutôt que recevoir la bastonnade. Mais les soldats gardent toujours, dans une petite bourse, des crottes de chien qu’ils font avaler au brigand, qui vomit aussitôt le poison.
Celui qui commet un délit ou un meurtre doit se confier à un prêtre. Sa punition dépend de la gravité de sa faute : pour les petites fautes, il doit jeûner ; pour les plus grandes, il doit se percer la langue et garder dans le trou jusqu’à huit cents épines ou brins de paille.
L’Église chrétienne punit la gourmandise ! Après la mort, ce châtiment est réservé aux gourmands.
dans l’EMPIRE GERMANIQUE Les chevaliers Teutoniques
Ceux qui désobéissent à l’ordre des chevaliers commettent une faute impardonnable : ils sont condamnés à l’enfermement à vie.
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Châtiments
LE MONDE AU MÊME MOMENT
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Les Mongols ébouillantent les corps de leurs ennemis dans des souches d’arbres creusés. en ITALIE L’ordalie
D’après les chrétiens, Dieu ne se trompe jamais ! Il sait quand un homme est coupable ou innocent. Pour avoir son avis, les juges pratiquent l’ordalie, ou jugement de Dieu. L’ordalie par le fer rouge : l’accusé prend dans sa main un fer rougi par le feu. Si la main ne cicatrise pas dans les trois jours, il est coupable. L’ordalie par l’eau froide : l’accusé est jeté dans un lac attaché à une grosse pierre. S’il meurt, il est coupable, et s’il est vivant, il remercie Dieu ! En 1215, le pape Innocent III organise à Rome le IVe concile du Latran, où il annonce l’interdiction de l’ordalie.
au GHANA L’épreuve de l’eau
Pour connaître la vérité, le Kaya Maga, « celui qui rend la justice », fait boire à l’accusé une infusion piquante et très amère. S’il vomit le liquide, il est jugé innocent. Sinon, il est coupable.
en OCCIDENT Langue coupée
Celui qui insulte la religion chrétienne est coupable de blasphème. Pour le punir, on lui coupe la langue. En Suisse, sa punition est de circuler dans la foule avec une selle de cheval ou un chien sur le dos.
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au MEXIQUE
en MONGOLIE
en FRANCE
en CHINE
Enfants désobéissants
La souillure
Cochon pendu
La contrefaçon chinoise
Un garçon désobéissant est pieds et poings liés par son père, qui lui plante des épines d’agave sur les épaules. Les punitions des petites filles sont moins sévères : les mères ne leur piquent que les poignets. Les enfants paresseux reçoivent des coups de bâton. Les parents punissent aussi les enfants désobéissants en leur faisant respirer la fumée piquante de piments qui brûlent.
Quand un Mongol fait ses besoins volontairement sous la tente d’un autre, il est puni de mort. Si c’est un accident, le fautif demande à un sorcier de se rendre dans la tente souillée, afin de la purifier par le feu.
Un animal qui tue quelqu’un passe en jugement devant public. Ainsi, un taureau qui encorne un passant est lapidé et un cochon qui tue un enfant est pendu la tête en bas.
Un tisserand qui vend un tissu de qualité médiocre en le faisant passer pour de la soie est puni de soixante coups de bâton.
à SUMATRA Croqué vivant
en FRANCE Le martyre de la chaudière
Les faux-monnayeurs sont ligotés et jetés dans une marmite d’eau ou d’huile bouillante jusqu’à ce qu’ils soient « suffoqués et bouillis ».
Un Batak qui vole, attaque un village, une maison, une personne ou se marie avec quelqu’un de sa tribu est passible de la punition suprême : être croqué vivant par les autres Batak.
en ARABIE La Sharia
Dans le Coran, le livre sacré des musulmans, la loi islamique, ou Sharia, prévoit une punition pour chaque faute commise : – celui qui boit de l’alcool ou accuse de façon mensongère reçoit quatre-vingts coups de fouet ; – le voleur qui a tué est crucifié et décapité ; – le musulman qui renie ou abandonne sa religion est condamné à mort.
Louis IX dit qu’il est exagéré de couper la main des petits voleurs et interdit l’amputation de la main en 1261.
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PORTRAIT
Sinchi Rocca
L’Inca
Sinchi Rocca La légende raconte que le dieu Soleil a envoyé sur Terre ses enfants pour éduquer les êtres humains qu’il jugeait trop barbares. Deux d’entre eux, Manco Capac et sa sœur-épouse Mama Ocllo, s’installent à Cuzco, dans les Andes, où ils fondent la dynastie des Incas. Leur fils aîné, Sinchi Rocca, devient, vers 1230, le deuxième Inca souverain de Cuzco. LA CITÉ SACRÉE
Cuzco est située au Pérou, à 3 600 mètres d’altitude. Cette cité, réservée au souverain et à ses serviteurs, est protégée par une muraille bâtie avec des pierres grosses comme des bouts de montagne. À l’intérieur, les maisons, les palais et les temples consacrés au Soleil, à la Lune et aux étoiles sont construits en pierre et peints de couleurs vives. Les toits sont en paille et les rues sont pavées. L’Inca Sinchi Rocca réside au palais avec Chimbo-Urma, sa sœur, qui est aussi sa première épouse. Les momies de leurs parents reposent entourées d’objets d’or et d’argent dans le « palais des défunts ». Le peuple, lui, vit dans la montagne, tout autour de Cuzco.
de deux plumes d’oiseaux de la forêt tropicale. Sinchi Rocca fait construire de larges routes afin que les caravanes de lamas circulent facilement dans la montagne. Il fait creuser des canaux pour irriguer les champs et impose aux seigneurs de porter des boucles d’oreilles. Les caciques sont des petits chefs dont le rôle est de distribuer au peuple les corvées obligatoires. Les ouvriers travaillent en groupe, en chantant et en buvant la bière de maïs qui coule à flot. MOMIES ET BANQUETS
Le corps de celui ou de celle qui vient de mourir est « pomponné » et revêtu de ses plus beaux habits. Il est ensuite placé assis, les bras croisés et le menton touchant les genoux, dans un abri rocheux bien aéré afin qu’il se dessèche et se transforme en momie. La famille dépose à ses côtés les objets dont il a besoin pour continuer ses activités dans l’au-delà. Parfois, les vivants invitent les momies de personnages importants aux banquets de la cité. À cette occasion, les serviteurs les habillent avec des vêtements neufs, puis les alignent sur la place de Cuzco en compagnie d’autres momies. Les vivants et les morts mangent ensemble, la momie se nourrissant de la fumée du repas qui brûle sur un petit feu placé devant elle. LE « GRAND DEVOIR »
Si l’Inca souverain est en danger à cause d’une maladie, d’une guerre ou d’une éruption volcanique, chaque village apporte des
Le lama est le seul moyen de transport et fournit aussi la laine, la viande et la peau. La laine de l’alpaga, qui est plus fine, est réservée aux vêtements des seigneurs.
offrandes à Cuzco : des tissus précieux, de l’or, de l’argent, du bétail et de beaux enfants âgés d’une dizaine d’années. La cérémonie commence par la présentation des offrandes aux divinités et aux momies qui sont alignées pour l’occasion sur la place. Les fillettes et les petits garçons sont accompagnés de leurs mères. À l’heure du sacrifice, les prêtres droguent les enfants puis les tuent. Ensuite, ils arrachent leur cœur, qu’ils offrent aux dieux afin d’apaiser leurs colères : c’est le « Grand Devoir ». ÉTOFFES ET QUIPOU
L’or représente la sueur du Soleil et l’argent les larmes de la Lune ; pourtant, les Incas considèrent les étoffes comme la seule véritable richesse. Leurs habits sont comme des êtres vivants. Une tunique possède un cœur, une bouche, des fesses et des viscères. Aussi, on ne coupe jamais une pièce de tissu et chaque vêtement doit être tissé entièrement d’une seule pièce. Les Incas se servent d’un quipou pour écrire et compter. C’est une longue corde sur laquelle ils attachent des cordelettes de couleurs et de longueurs différentes, chaque cordelette portant des nœuds plus ou moins gros.
L’INCA, LES CACIQUES ET LE PEUPLE
Sinchi Rocca est considéré comme un intermédiaire entre les dieux et les hommes ; devant lui, même les seigneurs se présentent pieds nus avec une charge sur la nuque qui les oblige à se courber. Le souverain est somptueusement vêtu et porte sur la tête un bandeau de laine, orné d’une frange et d’un pompon rouges, la maskapaycha, et
Les Incas adorent le Soleil, la Lune et son cortège d’étoiles. Ils honorent des lacs, des grottes, mais aussi le vent, les éclairs, le tonnerre et la montagne.
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Sinchi Rocca
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PORTRAIT
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LE MONDE AU MÊME MOMENT
Beauté
Beauté et joli teint Les hommes et les femmes riches, qui portent des bijoux et des vêtements luxueux, paraissent plus beaux que les pauvres, mal habillés. Pourtant, le goût de chacun dépend aussi de sa religion et de sa culture. Les chrétiens aiment les cheveux clairs et les yeux bleus, qui leur font penser à un ciel pur, proche de Dieu. Pour les musulmans, ces couleurs sont celles du diable, ils teignent donc en noir les cheveux blonds de leurs esclaves blanches. g
au LAOS et en BIRMANIE au MOYENORIENT
Le corps tatoué
Un beau bouquet
au JAPON Dents noires
Les femmes se maquillent avec une pâte blanche à base de poudre de plomb, et pour que leur visage paraisse encore plus blanc, elles se teignent les dents en noir. Leurs sourcils sont rasés puis redessinés en forme de croissant.
au PÉROU Boucles d’oreilles
À la fin de leur éducation militaire, les jeunes nobles incas âgés de seize ans sont présentés au souverain, qui leur perce les lobes d’oreilles avec un poinçon d’or. Ce trou doit être assez grand pour recevoir les énormes pendants de l’ordre des Incas. Au fil du temps, le poids de cet ornement allonge le cartilage de l’oreille, qui arrive parfois jusqu’à l’épaule.
Au Pérou, avoir de longs lobes d’oreilles est un signe d’élégance.
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Les femmes musulmanes n’apparaissent en société que voilées. Ce sont donc les marieuses qui parlent aux hommes de leur future épouse. Une histoire raconte que l’une d’elles annonça à un homme que sa « promise » était « semblable à un bouquet de narcisses ». Le jour du mariage, après la cérémonie, l’homme souleva enfin le voile de sa femme et découvrit qu’elle était vieille et laide. Fâché, il se plaignit à la marieuse, qui lui répondit : « Voyons, son teint est jaune, ses cheveux sont blancs et ses jambes foncées ! »
au MOYENORIENT Beauté voilée
Le visage d’une jolie femme est comme « la pleine lune qui émerge des voiles et des colliers ». Elle est belle si ses cheveux et ses yeux sont noirs, si son front est large et son nez fin, ses joues ovales et ses bras potelés.
en OCCIDENT « Pouilles forfore »
Pour supprimer les pellicules, ou « pouilles forfore », qui apparaissent sur le cuir chevelu et pourrissent les cheveux, on fait bouillir dans du vinaigre des fleurs de genêt et une herbe appelée « ergot de coq ». On se lave ensuite la tête avec cette mixture.
Le marchand italien Marco Polo raconte qu’au Laos les gens se tatouent le corps à l’aiguille. Ils déposent sur la peau piquée une couleur fabriquée avec du noir de fumée ou de la cendre. En Birmanie, le peuple Wa se tatoue pour se protéger des dragons malveillants.
en CHINE
en OCCIDENT Un teint blanc lumineux
Dans le monde chrétien, le teint doit être blanc et lumineux, la bouche mince et les yeux doivent être bleus, de la couleur des fleurs de lin. Une femme séduisante a peu ou pas de sourcils, un front haut et des cheveux tirant sur le roux. Elle se farde légèrement, car pour les gens d’Église le maquillage est diabolique.
Des petits pieds pour les Chinoises
Une femme est dite belle si elle a le teint clair, des « pieds de lys » et la démarche légère d’une hirondelle volante. Les pieds d’une jeune fille de bonne famille ne doivent pas dépasser 15 centimètres de long. Aussi, pour que leur fille fasse un beau mariage, les mères leur replient les orteils sous la plante des pieds, puis les serrent avec des bandelettes. Les pieds, comprimés dès l’âge de quatre ans, grandissent peu. Cette mode, répandue dans les familles aisées chinoises, ne se pratique pas chez les Mongols de Chine.
en OCCIDENT Les chauves
Pour faire repousser leurs cheveux, les chauves passent sur leur crâne des œufs de corneille pondus en mai, calcinés, réduits en poudre et mélangés avec de l’huile d’olive.
en CHINE Les ongles teintés
Les Chinoises du Sud se colorent les ongles avec des feuilles de balsamine rouge pilées et mélangées à de l’alun, une sorte de sel qui fixe la couleur. Elles teignent aussi parfois en rouge le poil de leurs chats ou de leurs chiens.
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Beauté
LE MONDE AU MÊME MOMENT
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Élégamment vêtus, les jeunes filles et les jeunes garçons jouent ensemble aux échecs, un jeu de stratégie guerrière apporté par les Arabes.
en OCCIDENT Recettes pour s’embellir
au MOYENORIENT
au NIGER
Le bel homme
Les jeunes femmes yorubas se coupent finement la peau au-dessus des yeux, à l’emplacement des sourcils. Les cicatrices deviennent des ornements.
Un Arabe séduisant doit être mouvant et droit comme un cyprès, ses cheveux doivent être noirs, ses yeux chauds comme l’ambre et ses lèvres brillantes comme le rubis.
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– Crème à blanchir le teint : Délayer de la céruse, ou « blanc de plomb », dans de l’eau de rose. Battre le blanc d’un œuf. Faire fondre de la graisse de jeune porc dans une poêle et verser dessus de la poudre d’os de seiche. Mélanger le tout avec un peu de camphre. – Pour empêcher la repousse des sourcils : Plonger des grenouilles et des limaçons dans du vinaigre, les faire cuire, puis enduire les sourcils avec la graisse qui nage à la surface. – Pour s’épiler le front : Mélanger de la chaux vive avec de l’eau bouillante. Y plonger une aile d’oiseau : la mixture est prête quand les plumes tombent ! Enduire de cette pâte les cheveux jusqu’au haut du crâne et attendre. Attention ! Si on attend trop longtemps avant de rincer, la peau risque de tomber avec les cheveux.
Le visage sculpté
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LE MONDE AU MÊME MOMENT
Hygiène
Toilette et bain de vapeur Suivant l’endroit où l’on vit dans le monde, prendre un bain est un plaisir, un délit ou le signe d’une mort à venir ! Les Occidentaux se retrouvent dans les « maisons de bain » pour se détendre, les Mongols risquent la mort s’ils se mouillent, et chez les Aztèques, ceux qui sont choisis pour être sacrifiés doivent prendre un bain rituel avant de mourir.
Un cabaret-étuve. en AMÉRIQUE CENTRALE Les « tlaaltiltin »
Les prisonniers aztèques sont plongés dans l’eau pour un bain rituel avant d’être sacrifiés aux dieux. On les appelle les tlaaltiltin, « ceux qui ont été baignés ».
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en AFRIQUE et au MOYENORIENT Faire ses besoins chez les musulmans
Les musulmans se lavent à l’eau après avoir fait leurs besoins. Ils sont dégoûtés par les Chinois, qui s’essuient les fesses avec du papier.
en CHINE
en FRANCE
Le rituel du bain chinois
Les maisons de bain
Au Nord et dans les régions intérieures, les gens se lavent peu et sont envahis par les puces et les poux. Même les femmes élégantes débusquent avec rapidité les puces, qu’elles mangent. Tous les dix jours, les hauts fonctionnaires prennent un congé et rentrent chez eux pour un bain. La baignoire est en bois, en faïence ou en métal. Une servante met des pierres chaudes ou des pièces de métal brûlant dans l’eau pour la chauffer. Les autres jours, les hauts fonctionnaires se lavent le visage et les mains avec un savon liquide fait d’herbes et de poix et se passent un mouchoir sur les gencives après les repas. Les femmes cachent leur nudité derrière un paravent. Dans le Sud, en revanche, les gens se baignent en toute saison pour le plaisir et par hygiène.
Dans les grandes villes du royaume de France, chaque quartier possède une maison de bain. Au petit matin, le crieur informe les habitants que les bains sont prêts. Les hommes et les femmes se partagent les jours de la semaine pour se baigner soit dans un bassin, soit dans des baquets en bois à une ou deux places. À côté de la salle de bains, on prend des bains de vapeur dans la salle des étuves. Ces établissements sont interdits aux lépreux.
en MONGOLIE Faire ses besoins
Les Mongols, raconte un voyageur, mangent, boivent et font leurs besoins sans s’éloigner des autres, tout en continuant de parler.
en OCCIDENT Pour tuer les poux
On se lave les cheveux avec une décoction obtenue en faisant bouillir dans de l’eau deux plantes toxiques : l’ellébore, appelée aussi « rose de Noël », et la « staphisaigre ».
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Hygiène
en FRANCE Les cabarets-étuves
Pour agrémenter le plaisir du bain, certains établissements proposent aux baigneurs de dîner tout en se baignant ! Le maître du cabaret-étuve place alors une planche en bois au travers de la cuve à baigner et apporte le repas à ses clients.
en AMÉRIQUE Les bains de vapeur
Au Mexique, à côté de chaque maison, il y a un petit édifice en pierre où l’on peut prendre un bain de vapeur et se frictionner avec des herbes. Cela permet de se laver, de se purifier et de méditer. En Amérique du Nord, les bains de vapeur collectifs de certaines tribus indiennes sont censés purifier leur corps et leur esprit. Ils permettent aussi aux personnes de tisser des liens forts.
en CHINE Dans le Sichuan, les habitants détestent l’eau !
À l’ouest de la Chine, près du Tibet, les habitants s’essuient le visage avec une serviette s’ils transpirent. Ils ne sont lavés que deux fois dans leur vie, lors de deux bains rituels obligatoires, à leur naissance et à leur mort.
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LE MONDE AU MÊME MOMENT
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en AFRIQUE et au MOYENORIENT Les bains de vapeurs
Au Maroc, on se lave au ghassoul. Cette argile nettoie le corps et les cheveux ; elle est utilisée dans les hammams, des établissements publics où l’on prend des bains de vapeur. Au Yémen, en Égypte ou au Liban, les hommes et les femmes se retrouvent au hammam avec plaisir, mais jamais ensemble !
en OCCIDENT Recettes contre la puanteur…
– des dessous de bras : arracher les poils sous les aisselles et laver la zone avec un mélange de vin, d’eau de rose et de jus de la plante appelée « casseligne ». – du nez : mettre du pouliot, des roses et d’autres espèces aromatiques sur des charbons ardents puis inhaler les vapeurs. – de la bouche : mâcher des graines de fenouil, de cardamome et des petits morceaux de certaines écorces pour garder une haleine parfumée.
Un prince perse et sa cour au bain. en FRANCE
en MONGOLIE
Un sceau pour les savons
L’esprit de l’eau
À Paris, un sceau est obligatoire sur les savons pour éviter des imitations de mauvaise qualité. On peut aussi se laver avec la saponaire, une herbe à fleur rose et odorante dont le suc, dissous dans l’eau, fait de la mousse.
Les nomades des steppes pensent que l’eau est un élément vivant, habité par un esprit. Celui qui plonge ses mains dans un ruisseau, qui s’y baigne ou y lave ses vêtements en dérange l’esprit. Les Mongols ne lavent donc jamais leurs amples pantalons, qu’ils jettent quand ils sont crasseux.
en FRANCE Faire ses besoins
Quand une envie presse le roi de France, il s’assied sur sa chaise percée derrière une simple tenture. Les maisons modernes sont équipées de latrines, au-dessus d’un système d’évacuation qui se répand dans la rue ; sinon, un pot de chambre est posé dans une pièce.
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