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Zeitschrift für Polizeiausbildung und Polizeiforschung Revue de formation et de recherche policières Rivista di formazione e di ricerca di polizia
2023
magazine
Regards sur la police Blicke auf die Polizei Sguardi sulla polizia
Das magazine – Zeitschrift für Polizeiausbildung und Polizeiforschung – ist die erste Schweizer Zeitschrift, die sich der angewandten polizeilichen Forschung widmet. Ihr Ziel ist es, die Verbindung zwischen der Forschung und der Praxis im polizeilichen Umfeld herzustellen und damit zur Entwicklung und Erhaltung einer qualitativ hochwertigen Ausbildung für alle Schweizer Pomagazine behandelt insbesondere folgende lizeien beizutragen. Das Themen: – sozialwissenschaftliche Forschung zu polizeilichen Tätigkeiten sowie zur Polizei als Organisation;
magazine – Revue de formation et de recherche policières est la première revue suisse consacrée à la recherche policière appliquée. Son objectif est d’établir un lien entre la recherche et la pratique dans le milieu policier et ainsi de contribuer au développement et au maintien d’une formation de haute magazine traite notamment les qualité pour toutes les polices suisses. sujets suivants : – recherche en sciences sociales portant sur les activités policières et sur la police en tant qu’organisation ; – analyses, comptes rendus et discussions portant sur les approches pédago-
magazine – Rivista di formazione e di ricerca di polizia è la prima rivista svizzera consacrata alla ricerca applicata in ambito di polizia. Il suo obiettivo è stabilire un legame tra la ricerca e la pratica in ambito di polizia e contribuire allo sviluppo e al mantenimento di una formazione di alta qualità per magazine affronta in particolare le tematiche tutte le polizie svizzere. seguenti: – ricerca nelle scienze sociali che verte sulle attività di polizia e sulla polizia come organizzazione; – analisi, resoconti e discussioni sugli approcci pedagogici, sui metodi e sulle
Umschlag / Couverture / Copertina : ©Keystone / Patrick B. Kraemer Im vorliegenden format magazine wurde versucht, durchgängig beiden Geschlechtern gerecht zu werden. Dans ce numéro de format magazine, nous nous sommes efforcé∙e∙s d’utiliser systématiquement l’écriture inclusive. Impressum : Verlag / Éditeur / Editore : Institut Suisse de Police (ISP), Avenue du Vignoble 3, CH-2000 Neuchâtel Tel. : +41 (0)32 723 81 00 www.institut-police.ch isp@ne.ch
– Untersuchungen, Berichte und Diskussionen zu pädagogischen Ansätzen, Methoden und anderen Themen der polizeilichen Grund- und Weiterbildung; – innovative Forschung zu Führung und Management in der Polizei. magazine veröffentlichten Artikel werden meistens von Die im Praktikern/-innen aus dem Polizeiumfeld sowie akademischen Forschern/-innen verfasst, die sich mit polizeinahen Thematiken beschäftigen (Polizei als Organisation, Polizei und Gesellschaft, polizeiliche Ausbildung). Gerne nehmen wir aber auch Beiträge von politischen Akteuren oder anderen Spezialisten/-innen an.
giques, méthodes et autres thématiques en lien avec la formation policière de base et continue ; – recherche innovante consacrée à la conduite et à la gestion de la police. magazine sont, pour la plupart, rédigés par Les articles publiés dans des praticien∙ne∙s issu∙e∙s du milieu policier ainsi que par des chercheuses et chercheurs académiques se consacrant à des thématiques liées à la police (police en tant qu’organisation, police et société, formation de la police). Nous acceptons également volontiers les contributions d’acteurs politiques et autres spécialistes.
altre tematiche in relazione con la formazione di base e continua in ambito di polizia; – ricerca innovativa consacrata alla condotta e alla gestione della polizia. magazine sono Nella maggior parte dei casi, gli articoli pubblicati su redatti da persone con esperienza pratica nel settore della polizia e da ricercatori accademici che si dedicano a tematiche ad essa legate (la polizia come organizzazione, polizia e società, formazione di polizia). Accettiamo volentieri anche contributi di attori politici e di altri specialisti.
Redaktionskomitee / Comité de rédaction / Comitato di redazione : ALBERTINI Gianfranco, Chef Kriminalpolizei, Kantonspolizei Graubünden AUGSBURGER-BUCHELI Isabelle, Docteure en droit, Professeure HES, Doyenne de l'ILCE – Directrice suppléante de la HEG Arc, de 2000 à 2020 FROIDEVAUX Didier, Direction de la Stratégie – Chef du Service des Études stratégiques, Police cantonale Genève GOBBI Norman, Consigliere di Stato, Repubblica e Cantone Ticino
Chefredaktion / Rédaction en chef / Capo redazione : AMBERG Cyril PEDROZO Silvana, silvana.pedrozo@ne.ch Redaktionsteam / Équipe de rédaction / Team di redazione : ANGERER Barbara DEYGAS Ariane LADINE Julie PINEDO Arancha PORCU Marco SCHNETZLER Céline STIEGER Christiane TIESSEN Barbara TSCHAN Sarah
Druck / Impression / Stampa : Imprimerie de l’Ouest SA, Avenue Beauregard 34, CH-2036 Cormondrèche
KÜNZLI Jörg, Ordinarius für Staats- und Völkerrecht, Universität Bern
www.institut-police.ch/de/wissen/format-magazine
LEHMANN Fritz, Vizepräsident des Stiftungsrats SPI
www.institut-police.ch/it/sapere/format-magazine
Auflage / Tirage / Tiratura : 1600
MEYER Michaël, Docteur en sociologie, Université de Lausanne – Chargé de cours, EPFL
Preis / Prix / Prezzo : CHF 22 ISSN 1664-6789
ROMANELLI-NICOLI Manuela, Responsabile di progetto, IUFFP
www.institut-police.ch/fr/savoir/format-magazine
Inhalt / Sommaire / Indice Editorial / Éditorial
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Cyril Amberg et/und Silvana Pedrozo
DOSSIER – B licke auf die Polizei / Regards sur la police / Sguardi sulla polizia I. THEMENBEZOGENE ARTIKEL / ARTICLES THÉMATIQUES / ARTICOLI TEMATICI La police française à l’épreuve de la publicité
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Guillaume Le Saulnier
Kriminalpolizei, Verkehrspolizei, … «Unterhaltungspolizei»? Die polizeiliche Nutzung sozialer Medien im Spannungsfeld zwischen Information und Unterhaltung
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Gizem Yilmaz
Niedliche Welpen oder gefährliche Kampfmaschinen. Polizeiliche Hundedarstellungen auf Instagram und ihr Veränderungspotenzial für polizeiliche Kommunikation
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Tabea Louis
Regard rétrospectif sur le processus de création d’un documentaire à l’épreuve de la réalité policière
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François Yang
Smartphone-Angriff: Wie Bildaufnahmen die Handlungsfähigkeit von Einsatzkräften tangieren
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Christoph Inhelder
De l’enquête à l’écriture : quand la fiction et l’imagination ouvrent des perspectives
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Fabio Benoit
Drones policiers en Suisse : une redéfinition du regard aérien
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Silvana Pedrozo
II. ARTIKEL AUSSERHALB DES THEMENSCHWERPUNKTS / ARTICLES HORS THÈME / ARTICOLI FUORI TEMA Évolution des Centres de coopération policière et douanière suisses dans l’architecture sécuritaire européenne
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Charles Marchon
Situation criminelle : quoi, pourquoi, comment ?
58
Simon Baechler
Bandes rivales : perspectives opérationnelles d’un observatoire auprès de la Police cantonale fribourgeoise
66
Blaise Genoud
Le futur du contrôle biométrique à la frontière en Suisse
74
Sabine Brückner
Cop Culture versus Polizeikultur
80
Christian Münger
Proaktive Massnahmen zur Bekämpfung digitaler Kriminalität
86
Damian Broger
Techniken und Adressaten der Deeskalation in der polizeilichen Fortbildung in Europa
92
Clemens Lorei, Kristina Balaneskovic, Kerstin Kocab, Hermann Gross
Formation policière dans le domaine numérique : une stratégie à trois niveaux
101
Sami Hafsi, Sébastien Jaquier
Lectures / Literatur / Letture / Reviews
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EDITORIAL
Editorial Cyril Amberg Silvana Pedrozo Rédaction en chef format magazine Chefredaktion format magazine
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La police, objet de tous les regards ?
Alle Augen auf die Polizei?
Tout un imaginaire entoure le travail de la police, qui semble omniprésent dans le champ médiatique tout comme dans la fiction. Le présent numéro de format magazine s’intéresse aux regards que portent différents acteurs externes sur la police, ainsi qu’à des perceptions internes de la police. Dans sa contribution, Guillaume Le Saulnier se penche sur la police française, particulièrement visible dans l’espace médiatique, et sur les rapports difficiles qui existent entre la police et la presse en France. Il aborde également la professionnalisation qu’a connue la communication policière au cours des dernières décennies. Au-delà de la presse écrite ou de la télévision, une part importante de la médiatisation et de la communication policières se déroulent aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Comme le montrent Gizem Yilmaz et Tabea Louis, les polices suisses et allemandes ont largement investi le champ des réseaux sociaux, et ce afin de renforcer leur communication directe avec le public. Si Gizem Yilmaz s’intéresse de manière comparative aux pratiques des polices suisses sur les réseaux sociaux, Tabea Louis analyse la manière dont les chiens de police sont mis en scène par la Police de BasseSaxe et leur impact médiatique potentiellement ambivalent dans la communication policière. Sortant du champ communicationnel et médiatique, le présent numéro se consacre aussi aux regards artistiques portés sur la police. Dans une démarche rétrospective, François Yang se penche ainsi, avec un recul de 17 ans, sur un documentaire qu’il avait consacré à trois jeunes policiers romands fraîchement engagés, avec le désir d’aller au-delà de l’uniforme et de s’intéresser au vécu et au ressenti de ces « bleus ». Fabio Benoit, cadre de police
Um die Arbeit der Polizei, die in den Medien wie auch in der Fiktion allgegenwärtig zu sein scheint, rankt sich ein ganzes Fantasiegebilde. Die vorliegende Ausgabe des format magazine widmet sich der Frage, wie die Polizei von verschiedenen externen Akteuren, aber auch intern wahrgenommen wird. Guillaume Le Saulnier befasst sich in seinem Artikel mit der im medialen Bereich besonders präsenten französischen Polizei und dem schwierigen Verhältnis zwischen Polizei und Presse in Frankreich. Dabei geht er auch auf die Professionalisierung ein, die sich in der Polizeikommunikation in den letzten Jahrzehnten vollzogen hat. Ein Grossteil der polizeilichen Berichterstattung und Kommunikation findet heute – abseits von Presse und Fernsehen – in den sozialen Netzwerken statt. Gizem Yilmaz und Tabea Louis zeigen auf, dass die Polizei in der Schweiz und in Deutschland inzwischen verstärkt auf Social Media setzt, um die direkte Kommunikation mit der Öffentlichkeit zu fördern. Während Gizem Yilmaz die Praktiken der Schweizer Polizeien in den sozialen Netzwerken vergleichend betrachtet, analysiert Tabea Louis, wie die niedersächsische Landespolizei ihre Diensthunde in der polizeilichen Kommunikation einsetzt und welche potenziell ambivalente mediale Wirkung dies erzeugt. In dieser Ausgabe geht es aber auch um die Darstellung der Polizei in der Kunst. Regisseur François Yang befasst sich in einem Rückblick mit seinem Dokumentarfilm, in dem er vor 17 Jahren drei junge Westschweizer Polizisten kurz nach ihrer Anstellung porträtierte. Er geht dabei auf die Erfahrungen und Eindrücke dieser Polizisten ein, die damals von dem Wunsch geleitet waren, mehr als nur Uniformierte zu sein. Fabio Benoit widmet
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EDITORIAL
expérimenté et auteur de plusieurs romans policiers, s’intéresse au processus créatif de l’écriture qui lui permet d’intégrer son expérience d’enquêteur dans des scénarios fictionnels crédibles et précis, tout en ne négligeant pas le maintien d’une distance nécessaire entre réalité et fiction. Un autre type de regard est celui des drones policiers qu’analyse Silvana Pedrozo dans sa contribution. Outils technologiques multifonctions, les drones permettent d’élargir le champ de vision de police en offrant un nouveau regard aérien sur les terrains des opérations de police. Au-delà des nouvelles possibilités opérationnelles, les drones soulèvent aussi, en Suisse et ailleurs, des questions sociétales liées à la surveillance de l’espace public par des outils technologiques. Pour les polices elles-mêmes, l’utilisation des drones s’accompagne également de défis liés à la formation et à l’harmonisation des pratiques. Au niveau opérationnel toujours, Christoph Inhelder étudie le phénomène désigné par le terme SmartphoneAngriff ou « attaque par smartphone », à savoir la perturbation des opérations de police par des personnes filmant les forces de l’ordre sans leur consentement. Il en découle différentes implications, y compris en matière de droit à l’image ou de protection de la sphère privée des policières et policiers impliqués. À cela s’ajoutent cette année une belle sélection d’articles issus de travaux de fin d’études de la volée 2021–2022 du CAS CEP ainsi que deux contributions rédigées par les derniers récipiendaires du prix à l’innovation Reto Habermacher, décerné au travail de diplôme de l’Examen professionnel supérieur jugé le plus innovant. À titre plus personnel, Cyril Amberg, rédacteur en chef depuis 2017, passe aujourd’hui le témoin à Silvana Pedrozo, qui a coordonné avec lui le présent numéro. Il remercie l’ensemble des auteur·e·s de format magazine, le comité et l’équipe de rédaction et bien évidemment toutes les lectrices et tous les lecteurs de notre revue.
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sich in seinem Artikel dem kreativen Schreiben. Als Polizeikader und Autor mehrerer Kriminalromane lässt er seine Ermittlungserfahrung in glaubwürdige fiktive Szenarien einfliessen, wahrt dabei aber stets die nötige Distanz zwischen Realität und Fiktion. Silvana Pedrozo analysiert in ihrem Beitrag den Einsatz von Polizeidrohnen. Als multifunktionale technologische Instrumente erweitern Drohnen das Blickfeld der Polizei, indem sie polizeiliche Einsatzgebiete aus der Vogelperspektive abbilden. Neben den neuen Einsatzmöglichkeiten werfen Drohnen in und ausserhalb der Schweiz jedoch auch gesellschaftliche Fragen im Zusammenhang mit der technologiegestützten Überwachung des öffentlichen Raums auf. Doch auch die Polizei selbst stellt der Einsatz von Drohnen mit Blick auf die Ausbildung und Harmonisierung der Praktiken vor Herausforderungen. Im Fokus von Christoph Inhelder steht das Phänomen der sogenannten Smartphone-Angriffe, bei denen Polizeikräfte während des Einsatzes ohne ihr Einverständnis gefilmt werden. Dies wirft rechtliche Fragen auf, insbesondere mit Bezug auf das Recht am eigenen Bild und den Schutz der Privatsphäre der betroffenen Einsatzkräfte. Hinzu kommen dieses Jahr interessante Beiträge zu Abschlussarbeiten des CAS CEP aus dem Jahrgang 2021–2022 sowie zwei Beiträge der letzten Gewinner des Innovationspreises Reto Habermacher, der jedes Jahr im Rahmen der höheren Fachprüfung für die innovativste Diplomarbeit verliehen wird. Nun noch eine persönliche Information: Cyril Amberg, seit 2017 Chefredaktor, übergibt heute das Steuer an Silvana Pedrozo, die mit ihm für die Koordination der vorliegenden Ausgabe zuständig war. Er dankt allen Autorinnen und Autoren des format magazine, dem Redaktionskomitee und -team und natürlich auch den Leserinnen und Lesern unserer Zeitschrift.
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LA POLICE FRANÇAISE À L’ÉPREUVE DE LA PUBLICITÉ
La police française à l’épreuve de la publicité
Guillaume Le Saulnier Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Cérep, Université de Reims Champagne-Ardenne Chercheur associé au Carism, Université Paris-Panthéon-Assas
Résumé
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La police française est une institution parmi les plus visibles, tant dans l’espace urbain que dans l’écosystème médiatique. Partant, il s’agira ici d’examiner le rapport que l’institution et ses membres entretiennent avec la « publicité » (au sens de rendre public) à laquelle ils donnent matière dans les médias d’information. D’une part, des enquêtes statistiques démontrent que la grande majorité des fonctionnaires de police partagent le sentiment d’avoir mauvaise presse, intériorisé au cours de leur
socialisation professionnelle. Des entretiens réalisés auprès de policiers et de policières de la région parisienne donnent accès, plus précisément, aux raisons et aux arguments qui soutiennent cette opinion collective. D’autre part, une enquête ethnographique menée au sein du Service d’information et de communication de la police (SICoP) permet de décrire la structuration et la professionnalisation de la communication, qui s’accélèrent à partir des années 2000 dans la force publique.
En France, peu d’institutions sont réputées aussi secrètes et opaques que la police nationale. Comme si Joseph Fouché, emblématique ministre de la Police Générale du régime napoléonien et instigateur d’un réseau de « mouchards », devait incarner l’essence du pouvoir policier et l’inscrire irrémédiablement dans le domaine de l’opacité (Le Quang, 2022). Pourtant, la force publique constitue une institution parmi les plus visibles, aussi bien dans l’espace urbain que dans les médias d’information et les industries culturelles (Meyer, 2012). Elle nourrit un imaginaire foisonnant, depuis les faits divers et les contenus d’actualité jusqu’aux récits fictionnels en tout genre, en passant par les divertissements populaires et les contre-cultures urbaines. Cette visibilité est encore décuplée par la démocratisation de l’internet, qui élargit à une échelle sans précédent les dimensions de l’espace public. À cette aune, la présente contribution examinera, au moyen d’une sociologie compréhensive, le rapport
que l’institution et ses membres entretiennent avec la « publicité » à laquelle ils donnent matière. Le concept de publicité désigne ici le produit d’une publicisation, c’est-à-dire l’action de rendre public ; plus précisément, cette action consiste à convertir un fait social en événement ou en problème public, au sens où il mérite l’attention du plus grand nombre et, éventuellement, appelle une réponse institutionnelle. Les médias d’information, en particulier, représentent une scène et un acteur essentiels de l’espace public contemporain, et partant de la publicité consacrée à la force publique, ses segments et ses activités, ses usages et ses mésusages. Ils produisent, diffusent, commentent, en flux continu et à une vaste échelle, les informations policières, c’est-à-dire l’ensemble des actualités qui concernent les activités et les réalités de la police. Cette publicité émane également, dans une large mesure, de la communication orchestrée par la police nationale, et, plus spécifiquement, des « relations presse » opérées auprès des médias
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LA POLICE FRANÇAISE À L’ÉPREUVE DE LA PUBLICITÉ
d’information. En effet, l’institution développe des techniques de « management de l’information » (Schlesinger & Tumber, 1994), en vue d’influencer le travail des journalistes et le contenu des médias d’information, et d’obtenir ainsi une couverture médiatique avantageuse. Il s’agira, dès lors, de considérer les fonctionnaires de police comme consommatrices et consommateurs des informations policières, dans la réception des médias, mais aussi comme (co)productrices et (co)producteurs de ces mêmes informations, dans la communication de l’institution. D’une part, comment ses membres pensent et vivent leur médiatisation ? Comment ces personnes se perçoivent-elles au prisme de l’actualité ? Comment évaluent-elles le travail des journalistes ? D’autre part, comment émerge la communication de l’institution ? Quels moyens se donne-t-elle pour contrôler sa représentation dans l’espace public ? Comment est-elle parvenue à se constituer comme un acteur et une « source » de premier plan dans la fabrication des informations policières ? Pour répondre à ces questions, nous exposerons les résultats de deux enquêtes ethnographiques. La première enquête, réalisée en 2008 au sein de deux commissariats et d’une sûreté départementale de la région parisienne, concerne la réception des informations policières parmi les services policiers. Elle se fonde sur 58 entretiens approfondis, précédés par la passation de questionnaires sur la consommation des médias. La seconde enquête se déroule sur deux sites : en 2015–2016, auprès des membres du Service d’information et de communication de la police
(SICoP), entité rattachée au cabinet du directeur général de la police nationale (DGPN) ; depuis 2015, auprès des formatrices et formateurs qui animent les stages de media training destinés aux commissaires de police, au sein de l’École nationale supérieure de la police (ENSP). Mauvaise presse Dans l’œil du viseur : c’est ainsi que se décrivent les fonctionnaires de police français·es qui manifestent revêtu·e·s d’une cible lors des mobilisations policières. Les forces de l’ordre entendent ainsi dénoncer publiquement « la haine anti-flics », qui nourrit selon elles des agressions verbales et physiques de plus en plus fréquentes et violentes. Ce symbole, exhibé pour attirer l’attention des médias d’information et toucher un vaste public, est aussi un reproche qui leur est adressé. En effet, les dépositaires de la force publique se considèrent comme des parias auprès de larges segments de la population ; et, à leurs yeux, les journalistes font figure de parfait·e·s coupables pour expliquer leur stigmatisation. Deux enquêtes statistiques établissent le sentiment d’avoir mauvaise presse en vigueur dans la profession. L’étude longitudinale de Catherine Gorgeon et Dominique Monjardet, réalisée de 1992 à 2002 auprès d’une promotion de 1167 élèves en école de police1, souligne l’« adhésion progressive, et massive » à cette opinion, laquelle est intériorisée et consolidée
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Voir les données brutes en ligne : http://nesstar.sciences-po.fr/webview/index.jsp
Illustration 1 : « Champigny-sur-Marne : des policiers se rassemblent “contre la haine anti-flics” », Le Parisien (YouTube), 12 octobre 2020. URL : https://www.youtube.com/watch?v=VxCi6ZEbeEw
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LA POLICE FRANÇAISE À L’ÉPREUVE DE LA PUBLICITÉ
au cours de la socialisation professionnelle des recrues (Monjardet, 1996, p. 160). En effet, 74,1 %, 89 % puis 93,6 % d’entre elles estiment que les médias « donnent une image de la police plutôt défavorable », respectivement en début, en cours et en fin de formation ; ce score s’élève à 96,6 % après une année de service actif. De même, plus de la moitié des recrues (59,4 %) désignent « l’influence des médias (presse, télévision, radio) » comme la première cause des critiques envers la police, loin devant « les comportements de certains policiers » (17,5 %) ou « les préjugés du public » (11 %). Ces constats sont confirmés par une seconde enquête par questionnaire, effectuée entre mai 2011 et janvier 2012 auprès d’un échantillon d’environ 6000 fonctionnaires de police2 : 53,6 % sont « tout à fait d’accord » et 33,5 % sont « d’accord » avec la proposition selon laquelle « la presse tend à dévaloriser le rôle des policiers ». « Un policier mort, tout le monde s’en fout, à part nous » La présomption d’une publicité négative représente donc le trait le plus saillant et le plus fédérateur de la culture professionnelle policière (Monjardet, 1996). L’enquête par La présomption d’une publicité entretiens menée auprès de négative représente[...] le trait le fonctionnaires de police de la plus saillant et le plus fédérateur de région parisienne (tous corps, la culture professionnelle policière. grades et services confondus) permet d’identifier les raisons et les arguments qui soutiennent cette opinion collective. Par principe méthodologique, on rappellera que seules comptent leur existence et leur prégnance, indépendamment de leur validité. Cela posé, les énoncés collectés sont remarquablement stables d’un discours à l’autre, dans une profession pourtant tout sauf uniforme. Plus précisément, trois leitmotivs se dégagent. D’abord, les journalistes sont présenté·e·s comme une menace potentielle pour l’action policière : elles et ils seraient des témoins gênant·e·s dans les interventions sur la voie publique et dans les opérations de maintien de l’ordre, tandis que les révélations des faits-diversiers3 et des journalistes spécialisé·e·s pourraient compromettre instantanément les enquêtes de police judiciaire.
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Source : Molines, M., Étude sur le management et le stress au travail. CRM (UMR 5303 CNRS) – Alliance Police Nationale. Synthèse des premiers résultats (rapport), p. 22–23.
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Autrement dit, les journalistes affecté·e·s à la section des faits divers.
Ensuite, les personnes enquêtées insistent sur le caractère inégal, sinon caricatural, de leur médiatisation. Les médias d’information feraient la part belle aux services spécialisés et aux unités d’élite, en particulier dans les formats sensationnalistes. Par contraste, les fonctionnaires en tenue du « service général » seraient au mieux ignoré·e·s, au pire dénigré·e·s. Ce parti pris supposé en faveur des services de pointe et des « interventions musclées » occulterait des pans entiers du travail policier, à l’instar du secours aux personnes ou de la rédaction des procédures : « Quels sont les services policiers les plus montrés dans les médias d’information ? – Les gros services, toujours : le RAID, le GIPN, les interventions, la BRI… Et pour nous, c’est vrai que nous ils s’en foutent un peu des gardiens de la paix. Après c’est aussi tous les services judiciaires, ils les montrent beaucoup aussi. – Et les brigades de roulement ? – Ça, j’ai jamais entendu parler des bridages de roulement, sauf pour parler du flic qui tire sur sa femme. » (Entretien avec un gardien de la paix, homme, 28 ans, commissariat) Enfin, la publicité consacrée aux violences policières concentre tous les griefs. Elle se trouve au cœur de l’« antagonisme chronique » (Cubaynes, 1980) qui oppose la police et la presse. Elle est présentée comme injuste, car nettement disproportionnée et biaisée. Cette obsession médiatique pour les « bavures » et les brutalités policières est imputée tantôt à une quête d’audiences, dans une logique mimétique de marchandisation de l’information et de course au scoop, tantôt à un « parti pris anti-police » plus ou moins assumé. Pareille partialité contredirait les normes d’objectivité revendiquées par les journalistes. Elle résiderait pareillement dans un « deux poids, deux mesures », selon lequel les fonctionnaires de police mis·es en cause seraient aussitôt « cloué·e·s au pilori », tandis que les délinquant·e·s seraient décrit·e·s avec prudence et indulgence. Comble de l’injustice, les violences dont les forces de l’ordre sont victimes seraient minorées, voire ignorées : « Les violences policières, ça fait vendre quoi, nous faire passer pour des bouchers, des SS, c’est fou, c’est complètement stupide. […] Parce qu’il y a ce côté reportage, où c’est réaliste, où c’est l’information brute, et ce côté où on nous casse du sucre sur le dos, vous voyez, en présumant que, alors que pour n’importe quel condamné, il faut attendre qu’il soit jugé avant de dire quoi que ce soit. Comme ça ils prennent plus de pincettes avec les mis en cause, qu’avec les policiers. […] En plus,
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LA POLICE FRANÇAISE À L’ÉPREUVE DE LA PUBLICITÉ
il vaut mieux parler d’un policier violent que d’un policier mort. Un policier mort, tout le monde s’en fout, à part nous. » (Entretien avec un gardien de la paix, homme, 31 ans, commissariat) Le rapport à la publicité et la socialisation professionnelle des fonctionnaires de police sont étroitement enchevêtrés. Plus précisément, la réception des informations policières, élaborée et partagée au sein du groupe de pairs, traduit et construit à la fois la « condition policière » (Monjardet, 1996). À savoir la conscience d’appartenir à une communauté stigmatisée, en proie à un dénigrement incessant et à une suspicion tous azimuts. Les médias d’information sont ainsi suspectés d’entretenir le « malaise policier »4. Si la visibilité médiatique est pensée et vécue comme une vulnérabilité, elle est aussi façonnée, dans une large mesure, par l’institution policière, au moyen d’une communication de plus en plus étoffée. « Gagner la bataille de la communication » Dès la seconde moitié du 19e siècle, la préfecture de police de Paris construit des relations étroites avec les industries de la presse, alors en plein essor, en vue de mieux contrôler la fabrication des informations, mais aussi les émotions et les troubles déclenchés par les récits de crimes et les rumeurs en tout genre (Deluermoz, 2012). Il s’agit également de promouvoir la police en uniforme, instaurée à Paris en 1854, dont la « visibilité » publique est donnée comme un gage de professionnalisme. L’institutionnalisation de la communication devient effective dans les années 1970, avec l’émergence des premiers services de « relations publiques ». Elle s’accélère dans les années 2000, sous l’impulsion du très médiatique ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. En 2004, la Délégation à l’information et à la communication (DICOM) remplace ainsi le Service de l’information et des relations publiques (SIRP) au sein du Secrétariat général du ministère de l’Intérieur. Cette délégation assume la communication transversale de l’ensemble des services du ministère, outre la fonction de porteparolat. Créé en décembre 2005, le Service d’information et de communication de la police (SICoP) élabore et orchestre, plus spécifiquement, la communication de la police nationale sur l’ensemble du territoire. En 2013, une réforme organisationnelle consacre le SICoP comme « service unique » de communication de la police nationale ; à l’exception notable de la préfecture de police de Paris, qui possède son
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propre Service de la communication (SERCOM). La police nationale dispose bientôt d’une porte-parole officielle, secondée à partir de 2021 par douze « porte-paroles adjoint·e·s », censé·e·s représenter et incarner la force publique. Entre-temps, les instructions se succèdent pour exhorter les cadres policières et policiers à aller audevant des médias d’information pour « gagner la bataille de la communication5 ». La communication est consacrée comme une opportunité et, plus encore, comme une nécessité. Il s’agit de faire voir et valoir l’action et les résultats des services policiers, notamment dans le cadre de la « politique du chiffre » prônée par le pouvoir exécutif. Il s’agit aussi, en écho aux doléances de la profession, de défendre « l’institution et ses personnels lorsqu’ils sont injustement attaqués ou mis en cause6 ». Dans cette « bataille », l’institution entend reprendre la main face aux syndicats policiers, lesquels se sont imposés comme des interlocuteurs privilégiés auprès des médias d’information. La professionnalisation de la communication La communication de la police nationale est désormais l’œuvre d’un service spécialisé, doté de ses propres ressources et objectifs, dont découlent des « publics cibles », des canaux et des messages spécifiques. De surcroît, la communication s’intensifie et se professionnalise, via une série de changements organisationnels. À commencer par un accroissement des moyens alloués à cette fonction. De 2008 à 2016, il y a ainsi un doublement des effectifs du SICoP, qui passent de vingt à quarante membres. En outre, le service s’appuie sur un réseau d’environ 350 « chargé·e·s de communication », réparti·e·s dans les services centraux et territoriaux. Néanmoins, la grande majorité de ces personnes se consacrent à la communication à temps partiel, et leur poste pâtit d’un taux de renouvellement du personnel élevé. Consécutivement, le SICoP diversifie ses activités : il assume une communication multicanale et multimodale, des relations presse aux médias sociaux, en passant 4
Ces constats font écho à ceux établis dans le Rapport de la Commission indépendante sur les relations entre la presse et les forces de l’ordre, publié le 2 avril 2021.
5
« Les chargés de communication de la sécurité publique », note de service à destination des directrices et directeurs départementaux de sécurité publique, 1er octobre 2003.
6
« Doctrine relative à la communication de la Police nationale », 5 octobre 2017, p. 4.
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par l’événementiel et la communication interne. En particulier, la police nationale ouvre des comptes officiels sur Facebook et Twitter dès 2012, en vue de devenir « un média à part entière ». Cette diversification s’accompagne d’une spécialisation des activités, lesquelles sont distribuées au sein de différents « pôles » où sont capitalisées les compétences et les expériences. Cette spécialisation réside surtout dans les recrutements opérés parmi les métiers de l’information et de la communication. Sur la période observée, le pôle « Médias et relations presse » se compose ainsi de fonctionnaires « officières et officiers de presse », mais aussi d’une ex-journaliste professionnelle, tandis que la « Communication digitale » est élaborée par une spécialiste des réseaux sociaux (Huré & Le Saulnier, 2019). Les recrues externes (tous statuts confondus) représentent aujourd’hui près de la moitié des effectifs du SICoP. La formation constitue un levier essentiel de la professionnalisation. L’offre pédagogique en communication se densifie, la cadence des formations s’accélère. Parmi lesquelles les stages de media training (« face caméra »), développés sur trois jours et animés par quatre journalistes de télévision. Les commissaires de police s’y exercent aux interviews, préparées ou « à chaud », sur un plateau de télévision intégré à l’école. Ils se familiarisent avec les techniques d’interview, mais aussi avec celles de cadrage de l’information. Les chargé·e·s de communication territoriaux, pour leur part, suivent une formation éponyme, d’une durée de cinq jours. Ces employé·e·s ont récemment obtenu la certification de leur activité, attestée par la validation d’un bloc de compétences. Enfin, la « Doctrine relative à la communication de la Police nationale », éditée en octobre 2017, définit en détail les finalités et les modalités de la communication institutionnelle, dans toutes ses déclinaisons. Ce référentiel est complété par une profusion de textes prescriptifs et de « guides » pédagogiques, archivés sur une plateforme numérique à l’usage des chargé·e·s de communication. Fer de lance de la communication de l’institution, le SICoP s’est ainsi imposé comme une source d’information légitime et routinière auprès des médias d’information. Le pôle « Médias et relation presse » reçoit et traite, en moyenne, entre 3500 et 4000 demandes de presse par an. Il mène également une communication dite « proactive », qui consiste pour l’essentiel à promouvoir les « belles affaires » de la police judiciaire, au diapason des priorités édictées par le ministre de l’Intérieur. Toutefois, la professionnalisation de la communication
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achoppe sur les marges de liberté très réduites dont le SICoP dispose, tant les informations policières sont surveillées comme le lait sur le feu et les relations presse étroitement contrôlées par le cabinet du ministre (Le Saulnier, 2012). La tentation du repli À l’ère des chaînes d’information en continu, de la démocratisation des smartphones et des réseaux sociaux, l’« œil du pouvoir » se sent épié de toutes parts. En réponse, la force publique développe une communication de plus en plus élaborée, en vue de mieux contrôler sa représentation dans l’espace public, de (r)établir le consensus social autour de ses usages, et de (ré) affirmer la compétence et la probité de ses dépositaires. Il en va de la confiance des publics, dont dépend leur propension à faire appel aux services policiers. Il en va, tout autant, de l’existence d’une police démocratique, dont la publicité est une condition essentielle. Les services policiers se perçoivent comme une « forteresse assiégée » (Monjardet, 1996, p. 191), notamment face à la médiatisation dont ils sont à la fois l’objet et le sujet. Le sentiment intériorisé d’avoir mauvaise presse pourrait renforcer et justifier la tentation d’un repli corporatiste, au risque de nourrir un cercle vicieux. Le soutien actif des syndicats policiers majoritaires en faveur de l’article 24 (devenu l’article 52) de la loi dite « Sécurité globale » du 25 mai 2021, pénalisant la diffusion « malveillante » d’images des forces de l’ordre en opération et finalement censuré par le Conseil constitutionnel, signale combien cette tentation existe.
Bibliographie Cubaynes, M.-H. (1980). La police et la presse, des institutions et des hommes (Thèse de doctorat de science politique, Université Toulouse 1, CERP). Deluermoz, Q. (2012). Policiers dans la ville. La construction d’un ordre public à Paris (1854-1914). Paris : Publications de la Sorbonne. Huré, I., & Le Saulnier, G. (2019). Le discours institutionnel de la force publique sur les réseaux sociaux numériques. Entretien avec Charlotte Pasco, community manager de la police nationale. Semen, 46, 127–139. Le Quang, J.-L. (2022). Une « police officieuse » ? Le rôle des mouchards dans le contrôle du Paris napoléonien. Revue d’ histoire moderne & contemporaine, 69, 61–85. Le Saulnier, G. (2012). La police nationale au défi des relations presse. Une information sous contrôle ?. Mots. Les langages du politique, 99, 129–142. Meyer, M. (dir.) (2012). Médiatiser la police. Policer les médias. Lausanne : Éditions Antipodes. Monjardet, D. (1996). Ce que fait la police. Sociologie de la force publique. Paris : Éditions La Découverte. Schlesinger, P., & Tumber, H. (1994). Reporting Crime: The Media Politics of Criminal Justice. Oxford : Oxford University Press.
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LA POLICE FRANÇAISE À L’ÉPREUVE DE LA PUBLICITÉ
Zusammenfassung Die französische Polizei und die öffentliche Berichterstattung Die französische Polizei ist eine der sichtbarsten Institutionen überhaupt. Dies gilt sowohl für den städtischen Kontext als auch für die Medienlandschaft. In diesem Artikel wird die Beziehung untersucht, die diese Institution und ihre Mitglieder mit der öffentlichen Berichterstattung in den Informationsmedien unterhalten. Einerseits zeigen statistische Umfragen, dass die grosse Mehrheit der Polizeibeamtinnen und -beamten das Gefühl hat, in der Presse nicht gut dargestellt zu werden – ein
Gefühl, das sich bei den meisten während der Berufssozialisation verinnerlicht hat. Interviews mit Polizistinnen und Polizisten des Grossraums Paris zeigen konkret die Gründe und Argumente, auf die sich diese kollektive Meinung stützt. Andererseits ermöglicht eine an der Polizeilichen Informationsund Kommunikationsstelle (Service d’information et de communication de la police, SICoP) durchgeführte ethnografische Untersuchung, die Strukturierung und Professionalisierung der Kommunikationsarbeit zu beschreiben, die seit den 2000er Jahren im öffentlichen Dienst an Tempo gewinnen.
Riassunto La polizia francese e la dimensione pubblica La polizia francese è tra le istituzioni con la maggiore presenza, sia nello spazio urbano sia in quello mediatico. Il presente articolo mira pertanto a esaminare il rapporto che questa istituzione e i suoi membri intrattengono con la «dimensione pubblica», a cui si espongono nei media di informazione. Da una parte, alcuni indagini statistiche dimostrano che la grande maggioranza dei funzionari di polizia condivide la sensazione di essere oggetto di critiche da parte della stampa; questa sensazione viene interiorizzata nel corso della loro socializzazione professionale.
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Alcune interviste realizzate con agenti di polizia della regione parigina permettono di svelare in maniera particolare le ragioni e le argomentazioni alla base di questa opinione collettiva. Dall’altra parte, una ricerca etnografica portata avanti presso il Servizio di informazione e di comunicazione della polizia (Service d’information et de communication de la police, SICoP) permette di illustrare la strutturazione e la professionalizzazione della comunicazione, due fenomeni sempre più presenti nelle forze dell’ordine a partire dagli anni 2000.
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KRIMINALPOLIZEI, VERKEHRSPOLIZEI, … «UNTERHALTUNGSPOLIZEI»?
Kriminalpolizei, Verkehrspolizei, … «Unterhaltungspolizei»? Die polizeiliche Nutzung sozialer Medien im Spannungsfeld zwischen Information und Unterhaltung Gizem Yilmaz Wissenschaftliche Projektmitarbeiterin, Institut für Multimedia Production, Fachhochschule Graubünden Doktorandin in Publizistik- und Kommunikationswissenschaft, Freie Universität Berlin
Zusammenfassung Die Nutzung sozialer Medien durch die Polizei hat in den letzten Jahren zugenommen. Diese neuen Kanäle sind zu einem wichtigen polizeilichen Kommunikationsinstrument geworden und ermöglichen es den Polizeibehörden, direkt mit der Bevölkerung zu kommunizieren und Informationen schnell und ansprechend zu verbreiten. Allerdings bergen sie auch Herausforderungen für die Polizeibehörden, denn es geht nicht mehr nur um klassische
Information, sondern auch um Unterhaltung. Darüber hinaus wird die polizeiliche Öffentlichkeitsarbeit durch diese schnelllebigen Kanäle und Entwicklungen sehr viel fordernder und muss an die Bedürfnisse der Bevölkerung angepasst werden. Mit qualitativen Experteninterviews und einer Onlinebefragung wurde erfasst, wie Schweizer Polizeibehörden soziale Medien einsetzen, wie sie sich dazu positionieren und welche Themen sie aktuell beschäftigen.
Einleitung «Wir können irgendein Ereignis polizeilich optimal bewältigen, aber wenn wir die Kommunikation nicht gut machen, dann haben wir verloren» (Interview SVSP). Die Polizei als Teil der exekutiven Gewalt und somit «Wir können irgendein Ereignis der öffentlichen Verwaltung ist verpflichtet, die Bevölkepolizeilich optimal bewältigen, rung auf angemessene Weise aber wenn wir die Kommunikation zu informieren. Jedoch stellt nicht gut machen, dann haben die Digitalisierung hier eine wir verloren.» Herausforderung dar, da zum einen Unsicherheit herrscht, wie der digitale Raum zur polizeilichen Kommunikation genutzt werden kann (Rüdiger, 2019, S. 23), und zum anderen digitale Kommunikation eine stetige Anpassung der Kommunikationswege in der Polizeiarbeit erfordert. Oft fehlt es auch an einer übergeordneten Strategie, die die Struktur und den Inhalt der Kommunikation im digitalen Raum regelt. Der Einsatz von digitaler Kommunikation und insbesondere sozialen Medien kann die Polizeiarbeit in vielen Bereichen jedoch wirksam unterstützen, wie
u. a. aus der Studie Best Practice in Police Social Media Adaptation (Denef et al., 2012) hervorgeht. Hervorgehoben wird vor allem das hohe Potenzial zur Vertrauensbildung zwischen Polizei und Bevölkerung, denn «Vertrauen in den Staat und seine Institutionen kann nur dort entstehen, wo der Kontakt mit dem Bürger möglich ist und gepflegt wird» (Breyer-Mayländer & Zerres, 2021, S. 141). Obwohl dies zeigt, dass soziale Medien für die Polizeiarbeit hohe Relevanz besitzen können, fehlt es bislang an systematischen Untersuchungen darüber, inwiefern dieses Potenzial genutzt wird. Insbesondere zur Schweiz gibt es noch kaum Untersuchungen. Zur Polizeikommunikation im deutschsprachigen Raum gibt es bisher hauptsächlich journalistische Beiträge und einzelne Erfahrungsberichte (z. B. Polizei Berlin, 2013; Wirz, 2012; Löbbecke, 2014), jedoch zeichnen diese Aktivitäten noch kein klares Bild. Es fehlen aussagekräftige Erkenntnisse über Strategien und Ziele aus polizeilicher Sicht.
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KRIMINALPOLIZEI, VERKEHRSPOLIZEI, … «UNTERHALTUNGSPOLIZEI»?
Dieser Forschungslücke nimmt sich mein Dissertationsprojekt an, das folgende Forschungsfrage beantworten soll: Wie setzt die Polizei in der Schweiz soziale Medien ein, welche regulatorischen Rahmenbedingungen existieren, wer produziert die Inhalte und wie werden diese produziert? Die Studie untersucht, (1) was bei der polizeilichen Kommunikation in sozialen Medien in der Schweiz erlaubt ist, d. h. wie frei die Polizei in ihren Entscheidungen ist, was zur Informationspflicht gehört (2) und inwiefern die Polizei unterhaltend sein darf. Neben den rechtlichen und politischen Aspekten wirft sich ausserdem die Frage auf, (3) welche personellen und organisatorischen Anpassungen erfolgen müssen, um die Zuständigkeiten in der Nutzung von Social Media in der Polizeiarbeit klären zu können (Bruhn, 2019, S. 73; Breyer-Mayländer & Zerres, 2021, S. 148), d. h. wer die Inhalte produziert, was in welcher Form produziert wird und auf welchen Kanälen diese Inhalte veröffentlicht werden. Dies ist ein wichtiger Teil der Arbeit, denn um das «Spannungsfeld zwischen behördlichen Organisationslogiken und den Funktionslogiken (der) soziale(n) Medien» (Kocks et al., 2020, S. 3) zu beherrschen, müssen gezielt Kompetenzen aufgebaut werden (Breyer-Mayländer & Zerres, 2021, S. 150). Konzeptioneller Ansatz In demokratischen Gesellschaften ist die staatliche Kommunikation von grosser Bedeutung, weil die Meinungsbildung und Beteiligung der Bevölkerung in Entscheidungsprozessen ermöglicht werden soll (Neuroni & Trappel, 2006). Aus diesem Grund haben staatliche Akteure die Pflicht, zu kommunizieren und die Bevölkerung über gesellschaftliche und politische Themen zu informieren. Dabei können jedoch verschiedene öffentliche und private Interessen kollidieren, weshalb die Regierung und andere Teile der exekutiven Gewalt, wie z. B. die Polizei, auf politische und rechtliche Hürden stossen. Bei der polizeilichen Kommunikation handelt es sich um eine spezifische Form von staatlicher Kommunikation bzw. Behördenkommunikation: Verwaltungskommunikation muss die Bevölkerung «möglichst umfassend über die verschiedenartigen Tätigkeiten der Polizei» informieren, weshalb wir hier auch von Öffentlichkeitsarbeit sprechen. Öffentlichkeitsarbeit bezeichnet in der vorliegenden Arbeit das Informations- und Aufklärungshandeln staatlicher Institutionen, die geleistet wird, um die Öffentlichkeit über aktuelle und künftige Themen zu informieren. Obwohl dieses Handeln
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sachgerecht und objektiv gehalten wird, hat es einen «wesentlichen Einfluss auf die Willensbildung des Volkes» (Bilsdorfer, 2019, S. 35–36). Polizeiliche Öffentlichkeitsarbeit ist kein neues Phänomen. Bereits in den 60er Jahren machte Hunold (1968, S. 248–249) darauf aufmerksam: Aufgrund der durch die Polizei ausgeführten, manchmal unbeliebten Massnahmen könne es vorkommen, dass die Gesellschaft gegenüber der Polizei negativ eingestellt ist. Durch gezielte polizeiliche Öffentlichkeitsarbeit könne dies aber verhindert und ein Vertrauensverhältnis aufgebaut werden. Auch heute sind die Einschätzungen von Hunold noch relevant für die Beziehung zwischen der Bevölkerung und der Polizei, die insbesondere aufgrund der Popularität von sozialen Medien stärker gepflegt werden muss, um die Polizei «sichtbar und auf niederer Schwelle ansprechbar» (Casanova, 2005, S. 24) zu machen. Methodik Um die aufgeführte Forschungsfrage beantworten zu können, wurde ein multimethodisches Forschungsdesign mit der Verbindung dreier qualitativer und quantitativer Methoden gewählt: Erstens wurde eine Dokumentenanalyse über die rechtlichen und organisatorischen Rahmenbedingungen der Polizeikommunikation durchgeführt. Zweitens wurden qualitative Experteninterviews mit den Kommunikationsverantwortlichen der Konferenz der Kantonalen Polizeikommandantinnen und -kommandanten der Schweiz (KKPKS) und der Schweizerischen Vereinigung städtischer Polizeichefs (SVSP) durchgeführt. In den Interviews ging es um Fragen zur Funktion der KKPKS und der SVSP, um das Spannungsfeld zwischen der behördlichen Kommunikation und der Kommunikation über soziale Medien und um die behandelten Themen sowie um Vertrauen, Community Policing und die verschiedenen Möglichkeiten und Herausforderungen von neuen Kommunikationskanälen. Diese Interviews dienten als Grundlage für die dritte Methode, die quantitative Onlinebefragung aller 26 Kantonspolizeikorps und 78 Mitglieder der SVSP, d. h. Stadt-, Gemeinde- und Regionalpolizeikorps. Die Mitgliederliste der SVSP war der einfachste und schnellste Weg, die Stadt-, Gemeinde- und Regionalkorps zu erreichen. Um die Motivation zur Teilnahme zu steigern, wurden die Polizeikorps über die KKPKS und SVSP angeschrieben. Im Folgenden werden erste Ergebnisse dieser quantitativen Onlineanalyse sowie ein Themenaspekt aus den Experteninterviews präsentiert.
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KRIMINALPOLIZEI, VERKEHRSPOLIZEI, … «UNTERHALTUNGSPOLIZEI»?
Analyse: Ambivalenzen in der polizeilichen Nutzung sozialer Medien Die grundlegende Schwierigkeit, die die Nutzung von sozialen Medien in der öffentlichen Verwaltung mit sich bringt, beruht auf rechtlichen Einschränkungen bei der Veröffentlichung von Inhalten (Breyer-Mayländer & Zerres, 2021, S. 142). Denn alles, was mit staatlichen Angelegenheiten zu tun hat, kann schnell einen gesellschaftlichen oder rechtlichen Diskurs auslösen, weshalb es sowohl in der staatlichen Öffentlichkeitsarbeit (Bilsdorfer, 2019) als auch in der Verwaltungskommunikation Grenzen gibt [A]lles, was mit staatlichen (Raupp et al., 2018; Kocks Angelegenheiten zu tun hat, et al., 2020). Rechtlich bekann schnell einen gesellschaftlichen trachtet hat die Schweiz für oder rechtlichen Diskurs auslösen, die Nutzung von sozialen weshalb es sowohl in der staatlichen Medien jedoch kein speziÖffentlichkeitsarbeit als auch in der elles Gesetz. Die physisch Verwaltungskommunikation geltenden Regeln werden unmittelbar auf das Internet Grenzen gibt. übertragen. Alles, was Social Media betrifft, wird in internen Richtlinien, in Kommunikationskonzepten oder in den «Guidelines» der Stadt- oder Kantonsverwaltung festgehalten. Diese Dokumente heissen oft «Social Media Konzept» oder «Social Media Strategie» und werden manchmal als Leitfaden oder Leitlinien bezeichnet oder in breiter gefasste Richtlinien eingebettet, wie das Informations- und Kommunikationskonzept des Kantons Solothurn. Diese Grenzen werden zu einer grossen Herausforderung, wenn die Polizeien versuchen, spannende Beiträge Social-Media-konform und unterhaltsam aufzubereiten, um die Aufmerksamkeit ihres Zielpublikums (also ihrer Follower) zu gewinnen. Einerseits sollen die Beiträge authentisch und kreativ sein, andererseits ist gut zu überlegen, wie weit gegangen werden darf. «Es ist nirgendwo geregelt, dass die behördliche Kommunikation nicht witzig sein darf. Es ist vor allem geregelt, dass es nicht Propaganda sein darf, wenn es z. B. um Abstimmungen geht, und vor allem auch, dass die Kommunikation faktenbasiert sein muss und dass eine Behörde vor allem kommuniziert, um zu informieren und nicht einfach zur Unterhaltung» (Interview SVSP). Die Polizei versucht ihren Auftrag, die Bevölkerung zu informieren, mit neuen Kanälen wie Instagram und TikTok zu erfüllen, um bestimmte Zielgruppen besser zu erreichen. Diese Kanäle sind
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jedoch mehrheitlich auf Unterhaltung ausgerichtet. Unterhaltung könnte schnell in die falsche Richtung gehen (Stichwort: «Sauglattismus») oder Kritik auslösen: «Es ist ein schmaler Grat zwischen Unterhaltung und ‹Sauglattismus›. Also muss ein Polizist neben einem Polizeiauto tanzen? Müssen wir einen aktuellen Trend mitmachen? Unser Auftrag ist es, das Gesetz durchzusetzen und für Sicherheit zu sorgen. Da ist die Frage, wo wir mitmachen oder nicht. Es könnte dann die Reaktion kommen: Hat die Polizei nichts Besseres zu tun? Was machen die mit unseren Steuergeldern?» (Interview KKPKS). Eine weitere Ambivalenz betrifft das Community Policing, d. h. die Beziehung zur Bevölkerung (Interview KKPKS). Der Polizei ist es ein grosses Anliegen, bürgernah zu sein, Probleme schnell zu erkennen und zu lösen. Das setzt zwei Dinge voraus: niederschwellige Erreichbarkeit und Vertrauen. Heutzutage kann Community Policing nicht mehr so stark wie früher an öffentlichen Orten, wie z. B. in der Beiz einer Gemeinde, betrieben werden (Interview KKPKS). An dieser Stelle helfen soziale Medien weiter, um mit direkter Kommunikation bestimmten Bevölkerungsgruppen gezielt Einblick in den Polizeialltag zu gewähren (Interview SVSP). «Um die Leute zu erreichen, sind wir heute gezwungen, Social Media zu nutzen. Social Media sind in der Polizeiarbeit mittlerweile aus verschiedenen Aspekten nicht mehr wegdenkbar» (Interview SVSP). Gleichzeitig kann die Polizei durch ihre Bürgernähe in den sozialen Medien, z. B. in einem Debattenfall, schnell ihre Souveränität verlieren, wie ein aktuelles Beispiel der Zürcher Stadtpolizei zeigt (Baumgartner & Rey, 2023; Huber, 2023). Ein Polizist äusserte sich auf Twitter verbissen über einen umstrittenen Einsatz beim Frauenstreik und verwickelte sich somit in einen Shitstorm. Wie diese Beispiele zeigen, ist die Polizei in ihrer Kommunikation mit zahlreichen Ambivalenzen konfrontiert und muss den Spagat zwischen interner Kultur und externen Erwartungen meistern und dabei für beide Seiten den Sinn von sozialen Medien in der Polizeiarbeit erkennbar machen (Interview SVSP). Ergebnisse der Onlinebefragung Von den insgesamt 104 angeschriebenen Schweizer Polizeien haben 96 an der Umfrage teilgenommen, was für eine Organisationsbefragung eine sensationell hohe Teilnahmequote ist. Allerdings haben 32 Teilnehmende die Umfrage nur teilweise ausgefüllt,
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Legitimität / Vertrauen 79 %
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Transparenz 75 % 18 Personalgewinnung 75 % 18 KRIMINALPOLIZEI, VERKEHRSPOLIZEI, … «UNTERHALTUNGSPOLIZEI»? Bekanntheit 67 % 16 Kollaboration 50 % 12 Sonstige 4% 1
weshalb sie nicht in der vorliegenden Analyse berücksichtigt werden konnten. Die 64 Polizeikorps, die die Umfrage vollständig ausgefüllt haben und die in der Analyse berücksichtigt werden, bestehen aus 20 Kantons- und 44 Stadt-, Gemeinde- und Regionalpolizeien. Social-MediaPlattform Facebook Instagram Twitter LinkedIn YouTube TikTok Sonstige
Anzahl Antworten 28 24 18 18 6 5 2
25 20 15 10 5 0
Prozent 78 67 50 50 17 14 6
Tabelle 1: Regelmässig gepflegte Social-Media-Kanäle (n=36; Mehrfachauswahl)
56 % der Befragten gaben an, dass sie für die Kommunikation mit der Bevölkerung soziale Medien einsetzen, wobei Facebook (78 %) und Instagram (67 %) auf den ersten Plätzen stehen, gefolgt von Twitter (50 %) und LinkedIn (50 %) (s. Tabelle 1). Wie damit ersichtlich wird, liegt der Fokus der Kommunikationsarbeit bei der Polizei in den sozialen Medien auf Facebook und Instagram. Die nachfolgenden Ausführungen beziehen sich auf die Unterhaltungsplattformen Instagram und TikTok – Instagram als eine der meistgenutzten und TikTok als eher neue Plattform mit hohem Zukunftspotenzial. Bei der Frage nach den Zielen des Einsatzes der verschiedenen sozialen Medien (s. Grafik 1), gaben alle Befragten an, dass Instagram hauptsächlich für die Imagearbeit genutzt wird, aber auch für Präventionsarbeit (88 %) und die Interaktion mit der Bevölkerung (88 %) sowie als Informationskanal (83 %). Es fällt jedoch auf, dass Instagram vielen weiteren Zielen dient, nämlich, um das Vertrauen zwischen der Polizei und der Bevölkerung sowie die Legitimität zu steigern (79 %), um gegenüber der Öffentlichkeit transparent aufzutreten (75 %), um Personal zu rekrutieren (75 %) sowie um Eigenmarketing (67 %) zu betreiben, jedoch weniger, um bei polizeilichen Angelegenheiten (z. B. ein Aufruf an die Bevölkerung bei Zeugensuche) mit der Bevölkerung zu kollaborieren (50 %). Die Zielsetzung bei der Nutzung von TikTok unterscheidet sich leicht von jener bei Instagram. 80 % der TikTok-Nutzenden gaben an, dass sie via TikTok mit der Bevölkerung interagieren,
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Instagram Einsatzziele 30
Anzahl Antworten
Grafik 1: Instagram Einsatzziele (n=24, Mehrfachauswahl)
das Vertrauen und die Legitimität steigern, Präventionsarbeit betreiben sowie neues Personal rekrutieren. TikTok dient zudem der Information über wichtige polizeiliche Angelegenheiten (60 %), dem Eigenmarketing (40 %) sowie der Imagearbeit (40 %). Die sozialen Medien scheinen für die Rekrutierung eine wichtige Rolle zu spielen: «Die Zielgruppe, die wir ansprechen, sind Personen zwischen Zielgruppen Anzahl Antworten Prozent 20 und 30 Jahren. Diese lesen heutzutage nicht mehr 18–29 Jahre 23 96 % die NZZ, sondern sind mehrheitlich auf den sozialen Am Medien präsent» (Interview KKPKS). Dies bestätiPolizeiberuf 20 83 % Interessierte gen die Ergebnisse zur Frage über die Zielgruppen Öffentlichkei (s. Grafik 2), denn 18 75 % 96 % der Befragten möchten mit t 30–64 Jahre 15 63 % ihren Aktivitäten auf Instagram Personen im frühen 14–17 Jahre 13 54 % Medien 8 33 %erreichen, d. h. 18- bis 29-Jährige. Erwachsenenalter ab 65 Jahren 5 21 % Neben diesen spricht ein Grossteil der Befragten in Politik 5 21 % Öffentliche Linie Personen mit Interesse am Polizeiberuf erster 0 0% Verwaltung Sonstige 0 0% (83 %) an. Instagram Zielgruppen 25 20 15 10 5 0
Anzahl Antworten
Grafik 2: Instagram Zielgruppen (n=24, Mehrfachauswahl)
Auf TikTok sieht es ein wenig anders aus: Dort werden hauptsächlich Jugendliche zwischen 14 und 17 Jahren (100 %) angesprochen sowie Personen, die am Polizeiberuf interessiert sind (60 %). Sowohl auf Instagram (75 %) als auch auf TikTok (60 %) wird locker und persönlich kommuniziert, bei TikTok spielt jedoch auch Humor eine grosse Rolle (s. Grafiken 3 und 4). Doch während die Befragten
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KRIMINALPOLIZEI, VERKEHRSPOLIZEI, … «UNTERHALTUNGSPOLIZEI»?
sich auf TikTok trauen, eine «freche» bzw. fordernde Haltung einzunehmen, wird auf Instagram einfühlsamer vorgegangen. Tonalität Anzahl Prozentvorhanden, denn im Berufsalltag Content istAntworten genug Locker / enthusiastisc 18 75 % der Polizei kann bereits ein kleines Ereignis spannend h sein. Jedoch muss dieser auch in einer den sozialen Respektvoll / wertschätzen 16 67 % Medien entsprechenden Sprache aufbereitet und d spannend kommuniziert werden: «Die Frage ist dann Sachlich 15 63 % Lustig / 13 54 % eben, humorvoll wie machen wir das, wie setzen wir das um. Ernst / % eine lustige Art und Weise oder Machen wir das6 25auf formell Frech / 1 4 %und prägnant?» (Interview KKPKS). sachlich, aber kurz dominant Instagram Tonalität 20 18
Tonalität Anzahl Antworten Prozent 16 Lustig / 14 3 60 % humorvoll 12 Locker / 10 enthusiastisc 3 60 % 8 h6 4 Frech / 2 40 % 2 dominant 0 / Ernst 1 20/ % Sachlich Locker / Respektvoll formellenthusiastisch wertschätzend
Lustig / humorvoll
Ernst / formell Frech / dominant
Respektvoll / Anzahl Antworten wertschätzen 1 20 % d Grafik 3: Instagram Tonalität (n=24, Mehrfachauswahl) Sachlich
0 0%
TikTok Tonalität 4 3 2 1 0
Lustig / humorvoll
Locker / Frech / dominant Ernst / formell enthusiastisch
Respektvoll / wertschätzend
Sachlich
Anzahl Antworten
Grafik 4: TikTok Tonalität (n=5, Mehrfachauswahl)
Die Social-Media-Inhalte werden mehrheitlich von einem Team produziert, das zumeist aus den Personen aus der Kommunikationsabteilung (78 %) sowie aus Polizistinnen und Polizisten (67 %) besteht, wobei die Produktion bei den meisten in der Kommunikation (64 %) angesiedelt ist. Als weitere Ansiedlungsstellen wurden Medien (6 %), PR (3 %) und Kommando (8 %) genannt. Nur wenige werden dazu von externen Personen (6 %) und Agenturen (3 %) unterstützt. Unter «Sonstiges» wurden zudem die Kommunikationsabteilung der Stadtverwaltung und die Informatikabteilung erwähnt. Die Aufteilung der Social-Media-Aufgaben fällt sehr unterschiedlich aus. Teilweise ist das Stellenprozent für Social-Media-Aktivitäten nicht genau bezifferbar bzw. wird bedarfsorientiert und situativ bestimmt. Das Pensum reicht von 1 bis 400 %, eine verantwortliche Person oder aufgeteilt auf mehrere Personen. Dies hängt insbesondere von der Grösse der Korps und den Personalressourcen der jeweiligen Stadt- oder Kantonspolizeien ab und weist ausserdem sprachregionale Unterschiede auf.
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Fazit Um verstehen zu können, wie die polizeiliche Kommunikation in den sozialen Medien funktioniert, musste zunächst ein Verständnis von Struktur und Rolle der Polizei geschaffen werden. Anhand der Dokumentenanalyse und der zwei Interviews mit Experten der KKPKS und der SVSP wurden die Rahmenbedingungen sowie Organisationsstrukturen der Schweizer Polizeikorps untersucht. Dabei wurde deutlich, dass Community Policing ein wichtiger Begriff ist, der aktuell aufgrund sozialer Medien eine neue Bedeutung annimmt. Heute ist die Polizei direkt ansprechbar und reagiert viel schneller auf Anliegen als früher. Dies wirkt sich positiv auf das Vertrauen der Bevölkerung in die Polizei aus, stellt aber auch eine grosse Herausforderung für die Polizei dar, denn sie muss sowohl behörden- als auch Social-Media-konform kommunizieren und dabei ansprechend, unterhaltsam, jedoch auch informativ für ihre Zielgruppen sein. Anhand der Onlinebefragung über die Nutzung sozialer Medien in der Polizeikommunikation wurden zudem grundlegende Informationen wie genutzte Social-Media-Kanäle, Einsatzziele, Zielgruppen, Tonalität, Team-Zusammensetzung etc. ermittelt. Es fällt auf, dass die Polizeikorps mit ihren Aktivitäten in den sozialen Medien mehrheitlich Personen mit Interesse am Polizeiberuf ansprechen, weshalb viele auf Instagram setzen, um eine junge Zielgruppe zu erreichen. Die Befragung zeigte aber auch, dass Facebook immer noch die meistgenutzte Social-Media-Plattform ist, gefolgt von Instagram. Bei TikTok fehlt noch die Erfahrung, weil es eine Plattform ist, die viel mehr Ressourcen erfordert, die viele Polizeikorps nicht aufbieten können. Die Ergebnisse zeigen, dass die Polizei in der Schweiz versucht, dort zu sein, wo ihre Zielgruppen sind. Es geht nicht mehr nur um Information und klassische Öffentlichkeitsarbeit, sondern sie versucht, auf einer anderen, emotionalen und unterhaltsamen Ebene eine Nähe zur Bevölkerung zu schaffen und Vertrauen aufzubauen. Demnach befindet sich die polizeiliche Öffentlichkeitsarbeit in einem Prozess der Veränderung und Anpassung an die Bedürfnisse der Bevölkerung. Die bisherige Forschung im Rahmen dieser Arbeit beantwortete nur einen Teil der oben aufgeführten Forschungsfrage. In einem nächsten Schritt sind weitere qualitative Experteninterviews geplant. Diese finden mit ausgewählten Polizeikorps statt, um die Strategien in der Nutzung sozialer Medien besser verstehen und daraus Best Practices herausarbeiten und Fehler erken-
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nen zu können. Mit einer anschliessenden qualitativen Inhaltsanalyse werden die Posts und dessen Kommunikationselemente während eines bestimmten Zeitraums genauer untersucht. Literaturverzeichnis Baumgartner, F. & Rey, C. (2023). Frauen-Streik: Stadtpolizei Zürich twittert sich in Shitstorm. Neue Zürcher Zeitung. https://www.nzz.ch/zuerich/ frauen-streik-stadtpolizei-zuerich-twittert-sich-in-shitstorm-ld.1743204 Bilsdorfer, M. C. (2019). Polizeiliche Öffentlichkeitsarbeit in sozialen Netzwerken. Nomos. https://doi.org/10.5771/9783748904434 Breyer-Mayländer, T. & Zerres, C. (2021). Social Media im kommunalen Sektor. Springer Fachmedien. https://doi.org/10.1007/978-3-658-32820-7 Bruhn, M. (2019). Marketing, Grundlagen für Studium und Praxis (14. Aufl.). Springer Gabler. https://doi.org/10.1007/978-3-658-24473-6 Casanova, R. (2005). Die Bedeutung der Kommunikation im Community Policing. In Konferenz der Städtischen Polizeidirektorinnen und Polizeidirektoren KSPD & Polizeidepartement der Stadt Zürich (Hrsg.) (2004), Community Policing, Modelle für eine vernetzte Polizeiarbeit in der Schweiz, Referate der Tagung vom 10.September 2004. Schriftenreihe der KSPD. Band 2. Schulthess Juristische Medien AG. Denef, S., Kaptein, N., Bayerl, P. S. & Ramirez, L. (2012). Best Practice in Police Social Media Adaptation. COMPOSITE Project. https://www. fit.fraunhofer.de/content/dam/fit/de/documents/COMPOSITE-socialmedia-best-practice.pdf
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Résumé Police judiciaire, police de la circulation, … « police du divertissement » ? Le recours aux réseaux sociaux par la police : entre information et divertissement Ces dernières années, les polices ont amplifié leur utilisation des réseaux sociaux. Devenus un outil de communication essentiel pour la police, ces nouveaux canaux permettent aux corps de police de communiquer directement avec les citoyennes et citoyens et de diffuser rapidement et adéquatement les informations. Ils supposent toutefois des défis, car
au-delà de la transmission d’informations, ils servent aussi aux fins de divertissement. En outre, la rapidité de transmission de ces canaux et de leur évolution rend le travail de relations publiques de la police bien plus complexe. Il s’agit de les adapter aux besoins de la population. Au travers d’entretiens avec des expert·e·s ainsi que d’un questionnaire en ligne, les polices suisses ont été interrogées sur leur utilisation des réseaux sociaux, leur positionnement par rapport à ces derniers et les thématiques qui les préoccupent.
Riassunto Polizia giudiziaria, polizia della circolazione, … «polizia dell’intrattenimento»? L’utilizzo dei social media da parte della polizia, tra informazione e intrattenimento Negli ultimi anni si riscontra un utilizzo accresciuto dei social media da parte della polizia. Questi nuovi canali di comunicazione sono diventati importanti strumenti comunicativi per la polizia e consentono alle relative autorità di comunicare direttamente con la popolazione e di diffondere informazioni in modo veloce e accattivante. I social media nascondono tuttavia anche alcune sfide per
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la polizia, dato che non contengono solo informazioni in senso classico, ma anche elementi di intrattenimento. Inoltre, attraverso questi canali e questi sviluppi in rapida evoluzione, le relazioni pubbliche della polizia diventano un lavoro molto più impegnativo, che deve essere adeguato alle esigenze della popolazione. Attraverso interviste qualitative con esperti e un questionario online, si è proceduto a rilevare il modo in cui le autorità svizzere di polizia utilizzano i social media, le loro opinioni al riguardo e i temi che attualmente le impegnano maggiormente.
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Niedliche Welpen oder gefährliche Kampfmaschinen Polizeiliche Hundedarstellungen auf Instagram und ihr Veränderungspotenzial für polizeiliche Kommunikation
Tabea Louis Wissenschaftliche Mitarbeiterin, Universität Hamburg
Zusammenfassung Im Rahmen des «Digital Community Policings» (DCP) werden Beiträge auf personalisierten offiziellen Instagram-Accounts der niedersächsischen Landespolizei veröffentlicht, um mehr Ansprechbarkeit und Transparenz für Bürger/-innen im digitalen Raum zu schaffen. Teil dieses inszenierten Bildes, das die Landespolizei steuert und gestaltet, sind Accounts, welche die Arbeit von Polizeihundeführerinnen und -führern und ihren Hunden zeigen. Dieser Artikel befasst sich mit der Frage, wie die
Einleitung Im Zuge der zunehmenden Einbindung von sozialen Netzwerken wie Facebook, Twitter, Instagram und TikTok in die Öffentlichkeitsarbeit deutscher Polizeidirektionen nimmt die Darstellung von Hunden eine immer prominentere Rolle ein. Hunde werden sowohl als niedliche Welpen dargestellt, welche Zuschauende unterhalten oder Empathiegefühle auslösen, als auch als actiongeladene Energiebündel, die faszinieren und Respekt hervorrufen sollen. Die Präsenz der Polizei auf digitalen Kommunikationsplattformen führt zu einer Anpassung des Kommunikationsstils an die Dynamiken sozialer Netzwerke, was eine grundlegende Veränderung der polizeilichen Kommunikation zur Folge hat. Denn herkömmliche Öffentlichkeitsarbeit ist auf soziale Netzwerke schwer übertragbar: Aus Pressearbeit wird SocialMedia-Management. Algorithmische Anordnungen, ein popkulturelles Umfeld, profitorientierte Marketingstrategien und kompetitive Aufmerksamkeitsökonomien sind neue Treiber polizeilicher Kommunikation und wirken
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Plattformdynamiken von Unterhaltung und Marketing polizeiliche Kommunikation auf sozialen Netzwerken verändern und welchen Beitrag die Polizeihundedarstellungen dabei leisten. Am Beispiel von zwei Kurzvideos wird die Frage behandelt, wie sich popkulturelle Elemente der Niedlichkeit und Gefährlichkeit in die Aussendarstellung der Polizei und in ihre Marke als Sicherheitsakteurin und Arbeitgeberin einschreiben.
sich so auch auf die Beziehung zwischen Bürger/-in und Polizei aus. Das neue Medienumfeld beeinflusst die Botschaften, die versendet werden können – ganz im Sinne der Beobachtung des kanadischen Medientheoretikers Marshall McLuhan: «the media is the message » (McLuhan 1964: 7). Diese Veränderung muss vor dem Hintergrund elementarer medialer Transformation verstanden werden, ist das gegenwärtige digitale Medienumfeld doch von Referenzialität und Dezentralität gekennzeichnet (Bucher, 2012; Burgess & Green, 2009; Merrin, 2014). Immer seltener sind unilaterale Senderpositionen aufzufinden, die Informationen verbreiten, ohne auf Kommentare und direktes Feedback reagieren zu müssen. Im vorliegenden Beitrag werden zwei Kurzvideos des offiziellen Accounts der Polizei Niedersachsen «diensthundfuehrerin_hannah» analysiert, die als Anschauungsbeispiel für die Popkulturalisierung der Polizei-Bürger-Beziehung dienen. Dabei stehen neue
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Wirkweisen polizeilicher Kommunikation auf sozialen Medien im Zentrum und wie sich Hundedarstellungen in diese integrieren. Es geht dabei auch um die Frage, welche Funktionen Hundedarstellungen dabei übernehmen und welche Qualitäten sie verkörpern sollen. Polizei auf sozialen Netzwerken Dass Popkulturalität und Unterhaltung in Polizeidarstellungen vorkommen, betrifft als Phänomen nicht ausschliesslich soziale Netzwerke. Viele Forschungsstränge haben das voyeuristische und emotionalisierende Potenzial von Kriminalität und ihrer Bekämpfung schon erforscht. Auch popkulturelle Darstellungen von Polizistinnen und Polizisten in Unterhaltungsmedien wie Filmen, Serien und Fernsehshows waren bereits Gegenstand der Forschung (Donovan & Klahm, 2015). Neu ist, dass die Polizei mittlerweile Bilder von actionreichen Verfolgungsjagden (Polizei Hamburg, 2019) sowie Waffen und Kampfmontur (Polizei Berlin, 2023) im Rahmen von flächendeckenden Personalgewinnungskampagnen selbst strategisch einsetzt, um ihren Beruf ansprechend darzustellen. Ob diese Bilder der Wahrheit entsprechen, scheint dabei unerheblich zu sein, da die Präzision der Darstellung den Rekrutierungszielen untergeordnet wird. Die Polizei Niedersachsen ist seit 2019 auf Instagram präsent, nachdem 2017 die Koordinierungsstelle «Soziale Medien» eingerichtet und Instagram 2018 für die öffentliche Pressearbeit zugelassen wurde. Die personalisierten Instagram-Accounts der Landespolizei Niedersachsen, die von der Polizei selbst «Instacops» genannt werden, versuchen, bürgernahe Polizeiarbeit in den digitalen Raum zu verlagern. Unter dem Begriff des «Digitalen Community Policings» (Polizei Niedersachsen, 2020) hat die niedersächsische Polizei den Versuch gestartet, die Präsenz auf sozialen Netzwerken mit der Vorstellung einer transparenten Polizei zu verknüpfen. Dieser vermeintliche Anspruch muss im Angesicht der intensivierten Image-Arbeit, die über das Kommunikationshandeln der Polizei vollzogen wird, als eine Verwischungsstrategie verstanden werden, denn mehr Kommunikation bedeutet nicht automatisch mehr Transparenz (Agoropoulos et al., 2021). Plattformlogiken sozialer Netzwerke Instagram ist ein junges soziales Netzwerk, das sich durch reziproke Kommunikationsstrukturen visueller Inhalte auszeichnet. Der Begriff «soziale Netzwerke»
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(Grassl, 2023, S. 93) ist in diesem Zusammenhang als spezielle Form von sozialen Medien zu verstehen. Spezifische Merkmale sind der hohe Vernetzungs- und Selbstinszenierungsgrad der Plattformen (Pille, 2016, S. 90). Zahlreiche Die personalisierten InstagramPlattformen, die den sozialen Accounts der Landespolizei Netzwerken zuzuordnen sind, Niedersachsen [...] versuchen, folgen ähnlichen Dynamiken, um digitale soziale Interaktion bürgernahe Polizeiarbeit in den zu gestalten; Hauptziele sind digitalen Raum zu verlagern. dabei Vernetzungsgrad und Generierung von Aufmerksamkeit (Grassl, 2023, S. 93). Beide Ziele hängen dabei stark zusammen, denn je besser Accounts vernetzt sind, desto öfter werden die Posts gesehen, geteilt und geliked und desto mehr Userinnen und User konsumieren sie. Instagram bietet dabei die Möglichkeit, eigene Inhalte zu veröffentlichen und Inhalte von anderen zu bewerten und zu kommentieren. Dabei stehen Mechanismen der Referenzierung durch Verlinkung und Hashtags im Vordergrund. Die technische Infrastruktur legt so die Grundlage für einen spezifischen Kommunikationsstil, und darüber hinaus entwickelt sich eine besondere Plattformkultur. Rahmenbedingungen bei Instagram Verschiedenen sozialen Medien werden unterschiedliche Charakteristika und Zielgruppen zugeordnet. Auf Twitter ist die Geschwindigkeit verhältnismässig hoch und ermöglicht fast Echtzeit-Kommunikation. Die Limitierung der Zeichenzahl trägt ausserdem dazu bei, dass sich persönliche Narrative nur schwer tiefgehend aufbauen lassen (Deges, 2018, S. 57) und daher personengebundene Accounts weniger oft vorkommen. Wie bei Instagram stehen bei Twitter Humor und Tierbilder zwar auf der Tagesordnung, doch wird die Polizei hier von einer kritischen, politischen Öffentlichkeit beobachtet. Instagram hingegen spricht ein sehr viel jüngeres und unkritischeres Publikum an. Die Posts auf der Plattform basieren auf Bildern, die zwar mit einem Text eingerahmt werden können, aber nicht primär aus Text bestehen. Es geht also stärker darum, eine Stimmung durch Bildlichkeit zu erzeugen und an eine bestehende visuelle Ästhetik aus Subkulturen und Internettrends anzuschliessen. Instagram als soziales Netzwerk ist massgeblich von Personenzentrierung (Neuberger, 2011, S. 44), insbesondere durch Influencer-Marketing, bestimmt. Dieser Stil hat sich angelehnt an Storytelling und persönliches Branding entwickelt und erstreckt sich
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nun von privaten Werbepersönlichkeiten (Nymoen & Schmitt, 2021) auch auf Organisationsidentitäten öffentlicher Administrationen (Knobloch, 2018). Personen sprechen (für ihr Unternehmen) direkt in die Kamera, erzählen eine vermeintlich persönliche Geschichte und verbinden so ein individualisiertes Narrativ mit der darzustellenden Marke, in dem Fall mit der Marke Polizei. Diese Marke wirkt symbolisch sowohl auf die Personen, die die Polizei schützen soll, als auch auf potenzielle Mitarbeitende der Polizei. Die Polizei ist auf Instagram auf drei verschiedene Arten sichtbar. Eine Form sind offizielle BehördenAccounts, über die ganze Polizeidirektionen mit der Instagram-Community kommunizieren. Die zweite Form sind personalisierte, öffentliche Accounts, wie die genannten «Instacops», die in der vorliegenden Forschungsarbeit untersucht werden. Drittens gibt es nicht von der Polizei unterhaltene, private Accounts, die polizeiliche Inhalte verhandeln und bei denen (nicht regulierte) Image-Effekte auf die Polizei entstehen können (R. T. L. Online, 2021). Neue Anforderungen an polizeiliche Kommunikation Die typischen Regeln des polizeilichen Kommunikationshandelns im deutschen Kontext orientieren sich an den Prinzipien Neutralität, Ordentlichkeit und Sachlichkeit. Popkultur und Unterhaltung unterwandern aber den Anspruch der Neutralität, da zahlreiche popkulturelle Referenzen auf andere Kulturprodukte aufbauen und zudem häufig Elemente von Satire und Ironie aufweisen, wodurch eine sachliche Kommunikation unmöglich wird. Denn allgemein gilt: Wer neutral kommuniziert, ist langweilig und bekommt keine Wer neutral kommuniziert, ist Aufmerksamkeit. Damit es für langweilig und bekommt keine die Polizei zielführend ist, ihre Aufmerksamkeit. Präsenz als Exekutivorgan auf Instagram auszubauen, muss sie Reichweite generieren, um eine signifikante Anzahl an Bürgerinnen und Bürgern zu erreichen. Auch sie ist der Gefahr ausgesetzt, unsichtbar zu sein («threat of invisibility», Bucher, 2012), und steht unter dem Druck, sich im digitalen Medienumfeld zu behaupten. Der Zugzwang, unterhaltsame Inhalte zu liefern, um überhaupt durch den plattforminternen Algorithmus «aufgewertet» und sichtbar zu werden, steht somit im starken Gegensatz zu den Grundlagen polizeilicher Kommunikation. Diese Problematik betrifft aber nicht nur die deutsche Polizei, sondern lässt sich prinzipiell bei der Kommunikation deutscher Behörden beobachten (Knobloch, 2018)1. Am vorgestellten Forschungsge-
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genstand lassen sich personalisierte Branding-Strategien nachzeichnen. Die individuellen Profile der Polizistinnen und Polizisten stellen ein vermeintlich persönliches Narrativ her und erfüllen so das Kampagnenziel, der Polizei «ein Gesicht zu geben» (Polizei Niedersachsen, 2020). Das Argument des Brandings kann mit Bezug auf Hunde durch das sogenannte «Dog Marketing» erweitert werden, wie im nächsten Teil anhand des ersten KurzvideoBeispiels erläutert wird. Hunde als Teil polizeilicher Selbstdarstellung Hunde kommen nicht nur in Bildern auf Instagram vor, sondern auch in Kurzvideos, die auf Instagram «Reels» genannt werden. Hier werden nun zwei Reels des Accounts «diensthundfuehrerin_hannah» analysiert, eines offiziell betriebenen, aber persönlich dargestellten Accounts der Landespolizei Niedersachsen. Die Analyse der zwei Reels ist durch die Frage motiviert, welche Qualitäten der Marke Polizei durch den Einsatz von Hunden angeheftet werden sollen. Dabei stehen zwei Aspekte im Zentrum: die Darstellung der Polizei als sorgende Akteurin einerseits und als kontrollierende Akteurin andererseits. Die Hunde bilden die Negativfolie zu dieser Selbstdarstellung, sie sind die Umsorgten und die Kontrollierten. Dabei verschwimmen sie teilweise sowohl mit dem polizeilichen Gegenüber als auch mit der Polizei selbst. Die zwei Reels stellen den Diensthund mit zwei thematischen Klammern vor: zum einen als niedlichen, kleinen Welpen und zum anderen als gefährlichen, ausgewachsenen Schutzhund. «K9 Groll als Welpe» Das erste Reel2 wurde am 7. November 2020 hochgeladen und bis August 2023 76 600 Mal angeschaut. Es zeigt einen kleinen Hund, der sich tapsig bewegt und dabei einen bemitleidenswerten und hilflosen Eindruck macht. Er schleppt einen viel zu grossen Schuh herum (s. Abb. 1), er schläft, er jagt einen Einkaufswagen und er interagiert mit einem ausgewachsenen Hund. Die Beschreibung des Posts lautet: «K9 Groll as a puppy. Sie wachsen einfach viel zu schnell.» Der Beschreibungstext ist mit
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Interessant ist dabei, dass unter den beschriebenen Umständen oft interne Unternehmenskulturen sichtbar werden, da dort direkte Anschlüsse an popkulturelle Aushandlungsprozesse interner Konfliktlagen bestehen (Polizei Memes, o. J.).
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https://www.instagram.com/reel/CHTXD8AhtSF/ (Die Autorin des Beitrags verfügt über das Originalmaterial und stellt dieses auf Anfrage gerne zur Verfügung.)
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Im Umkehrschluss stellt die Polizei sich so als sorgende Akteurin dar, die sich um den Hund kümmert. Dabei profitiert die Marke Polizei von einer unterkomplexen Dichotomie, die auf Beschützer- und Opfernarrationen basiert und der Polizei die Möglichkeit gibt, sich als starke, schützende und sorgetragende Sicherheitsagentin zu inszenieren. Darauf aufbauend identifizieren sich die Zuschauenden mit dem Schutzauftrag gegenüber dem niedlichen Hund und werden so an der schützenden Rolle der Hundeführerin und gleichzeitig an der polizeilichen Perspektive beteiligt.
Abb. 1: «K9 Groll als Welpe»
23 Hashtags mit Hundebezug, Instagrambezug, Polizeibezug und Hundeartenbezug ergänzt. Im Hintergrund singt eine sehr kindliche Stimme wiederholt denselben Text: «That’s just my baby dog.» («So ist halt mein Hundebaby.»)3 Sowohl die Darstellung des tapsigen Hundes als auch die hinterlegte Musik verweisen auf Niedlichkeit und schliessen an Beobachtungen von Cramers zu «Dog Marketing» an: «Gut gemachte Welpen-Accounts sind allerseits beliebt – sie sind einfach süss! Zudem sind sie universell markenfreundlich, weshalb es nachvollziehbar ist, dass Werbetreibende überall auf dem Globus mit ihnen arbeiten»4 (Cramers, 2019). Mit «brand friendly» ist gemeint, dass sie positive Emotionen mit einer Marke verbinden, wobei die niedliche Darstellung keine primär inhaltliche Komponente zu haben scheint. Hundewelpen sind süss, viele Menschen können eine direkte Beziehung zu ihnen aufbauen, sie werden dabei unterhalten und entwickeln Zuwendung zu ihnen. Diese Zuwendung wird in der bestehenden Forschung zu Niedlichkeit unter dem Aspekt der elterlichen Fürsorge, aber auch der Erniedrigung des niedlichen Hundes beleuchtet. Plourde schreibt dazu, dass diese hilflosen Geschöpfe ein Abhängigkeitsverhältnis suggerieren, indem sie die Aufmerksamkeit auf ihre eigene Ohnmacht und ihr Bedürfnis nach elterlicher Fürsorge lenken (Plourde, 2018, S. 5). Die Elternrolle fällt in diesem Fall der Hundeführerin zu, was gleichermassen in der Textunterschrift anklingt: «Sie wachsen einfach viel zu schnell.» Das Verhältnis ist somit von Zuwendung, Verantwortungsübernahme und Sorge für die grundsätzlichen Bedürfnisse des niedlichen Hundes geprägt.
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«Leg’ dich nicht mit dem K9 an» Im zweiten Reel5 wird die Kampfbereitschaft und Gefährlichkeit des Polizeihundes dargestellt. Es erschien am 23. Oktober 2020 und erhielt 32 800 Views (Stand August 2023). Der Hund sitzt mit aufgestellten Ohren neben einem schwarzen Transporter und trägt eine Weste und Pfotenschoner (s. Abb. 2). Die Kamera bewegt sich zunächst auf den Hund zu, um sich dann rückwärts im Lauftempo vom Hund wegzubewegen. Währenddessen ist in der Musik der Befehl «Run!» zu hören. Der Hund läuft also auf die filmende Person zu, springt nach einigen Metern Richtung Kamera und beisst zu. Die Bildunterschrift lautet: «Don’t mess with the K9.» Daneben ist sowohl ein lachender Smiley als auch ein Smiley mit Sonnenbrille zu sehen, der Gelassenheit ausdrücken soll. Die Darstellung des Hundes folgt einer typischen Darstellung des Polizeihundes als gefährliches Einsatzmittel, doch auf welchen Aspekten baut diese Gefährlichkeit auf? Der Effekt, dass der Biss unmittelbar vor der Kamera stattfindet, macht das Anschauen des Videos fast zu einer immersiven, körperlichen Erfahrung. Die filmende Person, von der anzunehmen ist, dass es sich um die Diensthundeführerin handelt, nimmt als Kameraführerin selbst zahlreiche Rollen ein. Im ersten Teil des Videos inspiziert sie den Hund, er folgt der Kamera mit seinen Augen. Dann beginnt die Kamera, sich in steigendem Tempo vom sitzenden Hund wegzubewegen, 3
Die Originaltonspur wurde nach einiger Zeit vom Social-MediaTeam entfernt, vermutlich weil die Polizei strikteren Regularien in Bezug auf Urheberrecht und Datenschutz unterliegt.
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Eigene Übersetzung aus dem Englischen: «Everyone loves a good puppy account ‒ they’re adorable! But they’re also universally brand friendly ‒ so it makes sense that advertisers all over the world love working with them» (Cramers, 2019).
5 https://www.instagram.com/reel/CGsupKCBaOD/ (Die Autorin des Beitrags verfügt über das Originalmaterial und stellt dieses auf Anfrage gerne zur Verfügung.)
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wodurch der Eindruck einer fliehenden Person entsteht. Der Befehl an den Hund, loszurennen, scheint ausserdem aus der Musik zu kommen. Er könnte an den Hund adressiert sein, da dieser losrennt und man das Laufen der kameraführenden Person nur mittelbar mitbekommt, doch es scheint wahrscheinlicher, dass der Befehl (auch) auf die fliehende Person bezogen ist. Die Stimme ist tief, männlich und klingt ausdruckslos und bedrohlich. Nach dem Befehl sind sowohl die Kamera als auch der Hund in Bewegung, bis der Hund zubeisst. Die Darstellung des Hundes ist eine Drohgebärde (mit Augenzwinkern), wie auch an der Bildunterschrift abzulesen ist. Das Video ist jedoch nicht nur eine Demonstration von potenzieller Gefahr, sondern auch von Unterwerfung. Der Hund scheint in der Sitzposition zwar angespannt, aber keineswegs aggressiv. Dass er in Richtung der Kamera rennt und zubeisst, passiert augenscheinlich nur aufgrund eines Befehls. Die Polizei macht sich somit die Gefährlichkeit des Hundes zunutze, entkoppelt diese aber von der Gefährlichkeit, die der Hund als eigenständiges Wesen entfalten würde. Die Bedrohung resultiert aus der Kombination aus Unterwerfung und tierischer Waffe. Die Angst vor dem Hund wird entscheidend über die Angst vor der befehlenden Polizistin und somit der Polizei vermittelt. Erst wenn sie das Zeichen zum Angriff gibt, wird es für das polizeiliche Gegenüber gefährlich. Die Gefährlichkeit des Hundes entsteht nicht aus den Qualitäten von Wildheit, Unkontrollierbarkeit und Autonomie (wie das beim Wolf der Fall wäre), sondern der Polizeihund ist gefährlich, weil er kontrolliert und in menschliche Gewaltverhältnisse eingehegt ist. In diesem Video zeigt sich eine komplexe Beziehung zwischen Kamera, Jagendem, Gejagtem und Kontrol-
lierendem. Sowohl die zuschauende Person als auch die Kameraführerin werden von dem Hund in eine Angriffssituation verwickelt, der Hund stellt so eine explizite, wenn auch visuell vermittelte Bedrohung für das Gegenüber und die kameraführende Person dar. Im ersten Teil der Szene wird der Hund aber von der Polizei inspiziert und kontrolliert. Die zuschauende Person schaut durch die Kamera den Hund an und ist somit in die Unterwerfung des Hundes eingebunden. Der Hund wird aber gleichzeitig auch wieder Symbol für das polizeiliche Gegenüber, das mit der Polizei in einem Inspektions- und Kontrollverhältnis steht. Die Polizei nutzt in diesem Beispiel die Gefährlichkeit des Hundes für ihre Sicherheitsanliegen und ihr Image: Sein spezielles Unterwerfungsverhältnis wird genutzt, um die Polizei als gefährliche Akteurin darzustellen. Fazit In diesem Beitrag ging es darum, die Popkulturalisierung und Kommerzialisierung polizeilicher Kommunikation als Beispiel für eine grundlegende Veränderung der Beziehung zwischen Bürger/-in und Polizei auf sozialen Netzwerken zu veranschaulichen. Dazu wurden zwei Instagram-Reels analysiert. Die Markenbotschaften der beiden Kurzvideos richten sich sowohl an mögliche zukünftige Mitarbeitende als auch an die breite Öffentlichkeit. Interessant ist dabei, wie Hunde als Gegenüber der Polizei in den multimedialen Darstellungen eine Stellvertreterfunktion für das zu kontrollierende polizeiliche Gegenüber einnehmen. Innerhalb der Klammer des Marketings werden sie als Abbildungsfläche für alle Qualitäten genutzt, welche die Polizei verkörpern möchte, nehmen gleichzeitig aber auch die Rolle des polizeilichen Gegenübers ein. Die Analyse versuchte zu zeigen, wie ein neues Medienumfeld, das erfolgreiche Kommunikation an Unterhaltsamkeit und Popkultur misst, eine klare Verschiebung hin zu Marketing- und Branding-Strategien begünstigt, weil dies der einzige Weg ist, sich als polizeilicher Akteur in einem kompetitiven Umfeld zu etablieren und die angestrebte Sprechposition als Exekutivorgan zu erlangen und zu konsolidieren. Diese Entwicklung ist insofern problematisch, als polizeiliche Sicherheitsproduktion nicht in den Anstrengungen aufgehen sollte, ein gutes Image zu erhalten. Es scheint ausserdem, dass sich durch die Nutzung sozialer Netzwerke neue Zielsetzungen herauskristallisieren, welche die Darstellung von Strafverfolgung über der tatsächlichen Strafverfolgung priorisieren.
Abb. 2: «Leg’ dich nicht mit dem K9 an»
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Literaturverzeichnis Agoropoulos, A., Hundertmark, B., Janssen, J., & Louis, T. (2021). #instacops. Strategien und Narrative digitaler Polizeiarbeit am Beispiel des Digitalen Community Policings der Polizei Niedersachsen. In Sammelband zur Nachwuchstagung Empirische Polizeiforschung (Bd. 27, S. PREPRINT: 1–14). Verlag für Polizeiwissenschaft. Bucher, T. (2012). Want to be on the top? Algorithmic power and the threat of invisibility on Facebook. New Media & Society, 14(7), 1164–1180. https://doi.org/10.1177/1461444812440159 Burgess, J., & Green, J. (2009). YouTube: Online video and participatory culture. Polity. Cramers, T. (2019, August 7). Animal Influencers Around the Globe. The Tilt. https://www.thetilt.com/content/animal-influencers-around-the-globe Deges, F. (2018). Quick Guide Influencer Marketing: Wie Sie durch Multiplikatoren mehr Reichweite und Umsatz erzielen. Springer Gabler. https://doi. org/10.1007/978-3-658-22163-8 Donovan, K. M., & Klahm, C. F. (2015). The Role of Entertainment Media in Perceptions of Police Use of Force. Criminal Justice and Behavior, 42(12), 1261–1281. https://doi.org/10.1177/0093854815604180 Grassl, M. (2023). Polizeikommunikation auf Social Media: Ziele, Strategien, Inhalte. Springer Fachmedien Wiesbaden. https://doi.org/10.1007/978-3658-41263-0 Knobloch, T. (2018). Zielgruppenkommunikation auf Augenhöhe – Wie flexibel können Behörden sein? In Digitalisierung als Treiber von Wandel – Chancen und Barrieren moderner Gesundheitskommunikation und ihrer Organisation. Beiträge zum Werkstattgespräch mit Hochschulen am 16.November 2017 in Köln (Bd. 22, S. 91). Bundeszentrale für gesundheitliche Aufklärung.
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Résumé Chiots adorables ou machines de combat dangereuses. Les représentations canines de la police sur Instagram et leur potentiel impact sur la communication policière Dans le cadre du « Digital community policing » (DCP), des contributions sont publiées sur des comptes Instagram officiels personnalisés de la police du Land de Basse-Saxe afin de renforcer la disponibilité et la transparence dans l’espace numérique vis-à-vis des citoyennes et citoyens. Conçus et gérés par le corps de police, ces comptes mettent notamment en scène le travail de la brigade canine et de chiens policiers.
Le présent article s’intéresse à la question de savoir comment les dynamiques de ces plateformes de divertissement et de marketing modifient la communication de la police sur les réseaux sociaux et quel est l’apport des images et vidéos montrant des chiens policiers. L’étude de deux courtes vidéos vise à déterminer comment des éléments de la « pop culture », tels que l’aspect mignon et le côté dangereux de ces animaux, s’inscrivent dans l’image publique de la police et dans sa spécificité en tant qu’acteur de la sécurité et qu’employeur.
Riassunto Teneri cuccioli o pericolose macchine da combattimento. Rappresentazione dei cani di polizia su Instagram e relativo potenziale di cambiamento per la comunicazione di polizia Nel quadro della «Digital Community Policing» (DCP), alcuni account Instagram – ufficiali e personalizzati – della polizia della Bassa Sassonia pubblicano contributi per generare maggiore reattività e trasparenza nello spazio digitale, a beneficio dei cittadini. Parte di questa visibilità, diretta e plasmata dalla polizia stessa, prevede l’utilizzo di account che mostrano il lavoro degli agenti della cinofila e
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dei relativi cani. Il presente articolo mira a capire il modo in cui le dinamiche della piattaforma legate all’intrattenimento e al marketing alterino la comunicazione della polizia sui social media, e a determinare il contributo fornito a questo fenomeno dai video e dalle immagini dei cani di polizia. Sulla base di due brevi video, si è cercato di comprendere come la tenerezza e il pericolo, due elementi della cultura pop, si iscrivano nella rappresentazione esterna della polizia e nel suo marchio, in quanto attore attivo nell’ambito della sicurezza e datore di lavoro.
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REGARD RÉTROSPECTIF SUR LE PROCESSUS DE CRÉATION D’UN DOCUMENTAIRE À L’ÉPREUVE DE LA RÉALITÉ POLICIÈRE
Regard rétrospectif sur le processus de création d’un documentaire à l’épreuve de la réalité policière François Yang Réalisateur
Résumé
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Issu d’une recherche en immersion à l’Académie de police de Savatan, puis d’un tournage sur une durée de plus de six mois, le documentaire Des bleus dans la police suit les premiers pas de trois aspirants. Réalisé dans des conditions indépendantes, il avait pour objectif de montrer le ressenti de ces recrues sans jugement ni commentaire, au plus proche du réel. Cette confrontation à la réalité révèle
des problématiques sociétales profondes et interroge la vocation de ces jeunes. Or filmer cette réalité policière se heurte intrinsèquement au travail des agent·e·s. Pourtant, les intérêts a priori opposés des policières et policiers et du « filmeur » peuvent converger. Plus de 17 ans après, que sont devenus les trois « bleus », autrefois motivés par des désirs de justice et d’engagement ?
1. Introduction Des bleus dans la police est un documentaire issu d’un travail de recherche d’une année au sein de plusieurs corps de police en Suisse romande, puis d’un tournage de six mois à la Police genevoise. Sous l’angle de leur ressenti, j’ai suivi les premiers pas de trois jeunes policiers. L’objectif initial était de faire vivre aux spectatrices et spectateurs ces moments délicats où ces « bleus » confrontent à la réalité leur désir de justice et leur soif de reconnaissance. Dès la mise en production, le documentaire a suscité de nombreux questionnements d’ordre technique, éthique et juridique sur la manière de représenter le monde policier. À la recherche d’une forme accessible au public et d’une proximité avec les protagonistes, le repérage préalable a été déterminant. Mais une fois sur le terrain, comment est-il possible de représenter le travail policier sans l’altérer ? Comment trouver la bonne distance pour transmettre au mieux les émotions et les enjeux que ces jeunes traversent ? Aujourd’hui, quel regard portent les protagonistes du documentaire sur cette période formatrice ? Ce documentaire, produit par la société Les Productions JMH et coproduit par la Radio Télévision Suisse (RTS), a pu être réalisé en totale indépendance, sur un temps de création relativement long.
Le documentaire a ensuite été présenté au festival Visions du Réel, à Nyon, avant une diffusion sur la RTS (Temps présent) et sur TV5 Monde. 2. Défis méthodologiques Ayant étudié la réalisation audiovisuelle et le cinéma à l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL), je souhaitais avant tout raconter un récit initiatique sur un ton à la fois sensoriel et humaniste. La productrice, Florence Adam, avait une amie gardienne de la paix en banlieue parisienne et celle-ci lui avait fait part de son quotidien. Son témoignage hors du commun m’interpella. Au même moment, une nouvelle académie destinée à la formation des policières et policiers se mettait en place. De mon côté, j’avais découvert un documentaire de Raymond Depardon, Faits divers, qui avait pour décor un commissariat de police de Paris. J’avais aussi en tête le film L.627 de Bertrand Tavernier et j’avais lu l’ouvrage qui l’avait inspiré Lettres à un jeune flic de Michel Alexandre. Le film de fiction de Xavier Beauvois, Le Petit Lieutenant, avait été remarqué à cette période pour son approche intimiste et documentée sur le parcours d’un jeune policier. C’est ainsi que je me suis intéressé à ce sujet, a priori éloigné de moi. En effet, j’entretenais une image plutôt négative de ce milieu professionnel, ayant moi-même été témoin de contrôles discriminatoires
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effectués sur certaines populations. Je devais donc mettre de côté mes a priori pour m’immerger dans ce milieu. 2.1 Problématiques initiales Très vite, je me suis rendu compte que le travail documentaire dans un corps de police est intrinsèquement problématique, car le processus de filmage et le travail des policières et policiers s’opposent par leurs objectifs et leurs méthodes de travail : – Les policières et policiers ont une méfiance naturelle envers les médias. Quelques agentes et agents s’étaient sentis trahis par des journalistes qui les avaient déjà suivis auparavant. Le premier défi a été de gagner la confiance de ces fonctionnaires et des autorités, afin de les faire parler à titre personnel et non pas au nom de l’institution. – Les auteur·e·s de délits interpellé·e·s acceptent rarement d’être montré·e·s à visage découvert. La présence trop visible de la caméra peut exacerber les réactions de ces personnes, parfois sous emprise de stupéfiants ou d’alcool, dénaturant la scène et mettant en danger la sécurité des agent·e·s et de l’équipe de tournage. – Le délit ou l’affaire en cours filmée est protégé par le secret professionnel et judiciaire. Les droits de la personnalité de la personne prévenue et la présomption d’innocence doivent être respectés. La liberté de la presse telle que définie en Suisse a ses limites ; les affaires que je filmais ne revêtaient pas un « besoin pour le public d’en être informé ». En 2005, un journaliste, Arnaud Bédat, avait d’ailleurs été condamné à une amende dans le canton de Vaud pour avoir divulgué des informations sur une affaire judiciaire en cours. – Les victimes prennent parfois la caméra à témoin et modifient la tournure de l’événement. Finalement, ni les agent·e·s ni les personnes interpellées n’ont la volonté ni l’intérêt de se dévoiler. Le travail de repérage et de recherche se révéla pour cette raison fondamental. En effet, en m’immergeant dans ce milieu et en saisissant ses problématiques, j’ai pu instaurer une relation de confiance mutuelle. 2.2 Recherche du point de vue et positionnement personnel Une semaine par mois, j’ai suivi la formation des aspirant·e·s à la nouvelle Académie de police de Savatan. Il s’agissait pour moi de trouver un angle,
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un point de vue sur ce sujet et des personnages. Le responsable de l’enseignement, M. Rolf Stolzenhahn, m’avait confié qu’« on ne raconte jamais ce que vit le policier de l’intérieur, ce qu’il endure, en tant qu’être humain. » Cette phrase m’a marqué, tant elle était le dénominateur commun de tous les entretiens que j’avais menés. J’ai commencé à lire des études sur le stress post-traumatique vécu par certain·e·s fonctionnaires de police. Dans une étude menée aux États-Unis, les problèmes de sommeil « On ne raconte jamais ce que vit concernaient 45 % des effectifs. le policier de l’intérieur, ce qu’il En Belgique francophone, endure, en tant qu’être humain. » 40 % des membres de police souffrent de stress post-traumatique, selon une étude récente. Lors du tournage, j’ai également été sujet, dans une moindre mesure, à un stress persistant et à des insomnies. Durant le temps de recherche d’un an, j’avais le désir de toucher aux limites de l’expérience humaine d’un jeune policier, a priori plus candide et plus à même d’être impacté par le terrain. Un des cours auquel j’ai assisté m’avait marqué à ce sujet. Un entrepreneur de pompes funèbres était venu sensibiliser les aspirant·e·s à la manière dont il fallait se comporter lors d’une levée de corps et d’une annonce de décès. Il touchait indirectement à la question de l’impact émotionnel que la policière ou le policier était amené·e à supporter durant sa carrière : la confrontation répétitive à sa propre mort. C’est dans cet esprit, face aux enjeux humains et moraux inhérents au métier de police, que le film a été réalisé. 2.3 Des personnalités mises en avant Je souhaitais que les protagonistes répondent à différents critères, notamment la capacité de communiquer les émotions qu’ils vivaient. Étant donné leur statut de « débutants » face à leur hiérarchie policière, ils devaient avoir une personnalité et un sens critique affirmés pour s’exprimer librement. De plus, ils devaient accepter de dévoiler une part de leur vie privée. Lors d’un stage de maintien de l’ordre où étaient réuni·e·s plus de 200 policières et policiers en formation, j’ai repéré les trois personnages du film : Laurent, Hervé et Lucas, provenant de Genève. Généralement plus âgés que leurs camarades d’autres cantons, ils paraissaient
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avoir une expérience de vie professionnelle, un regard plus mûr, plus distancié. Ils appréhendaient chacun leurs nouvelles fonctions sous un angle différent. Laurent avait des origines haïtiennes, Hervé des origines italiennes. Ces spécificités culturelles m’intéressaient, car elles présageaient un regard particulier sur la société multiculturelle et sur les questions de racisme et de discrimination. J’avais également choisi une jeune femme dans la vingtaine, Nathalie, de Fribourg, qui avait accepté de participer. Malheureusement, son maître de stage a fait pression pour qu’elle se désiste après deux jours de tournage.
à parler de ce qu’ils vivaient. Je leur ai demandé de répéter, de reformuler, d’approfondir les pensées qui leur venaient à l’esprit. J’ai également modifié la composition des équipes de patrouille, selon les personnalités des policiers, dans des configurations où ils se sentent à l’aise pour se livrer davantage. Cet exercice où les protagonistes posent un regard sur leur propre travail et extériorisent ce qu’ils vivent en permanence face à moi est devenu naturel pour eux au fil du temps. J’étais une sorte de psychologue recueillant méticuleusement leurs actes et propos. Ce regard critique permettait également à ces professionnels de progresser dans leurs fonctions.
3. Le tournage À la différence d’un reportage journalistique, mon choix initial était d’attendre que les événements se produisent, de suivre, de Mon choix initial était d’attendre filmer sans commenter la que les événements se produisent, de situation, sans la provoquer, suivre, de filmer sans commenter la comme un documentariste situation, sans la provoquer. animalier attendrait l’animal sortir de sa tanière. Pour appréhender les interventions, j’ai utilisé deux méthodes selon le degré d’urgence, de violence et de danger lié à la situation : – Filmer en caméra cachée, avec une distance suffisante pour ne pas influencer la réalité. Le port de microphones sans fil sur les protagonistes est crucial, afin d’enregistrer le son au plus près de la scène. L’inconvénient est que cela provoque parfois un sentiment de distance. La situation devient alors confuse. Cette méthode soulève des questions de droit à l’image. À moins d’obtenir une autorisation écrite par la suite, il n’y a pas d’autres moyens que de flouter, modifier la voix ou de placer les personnes interpellées hors du cadre. – Faire participer les protagonistes au processus. Les policiers demandaient la permission de filmer lorsque cela était possible, avec le risque d’altérer la réalité. L’avantage évident était que le dispositif, assumé, permettait de montrer les visages et d’être dans une relation plus directe et plus équilibrée avec les protagonistes et les personnes interpellées. Cette seconde méthode a été privilégiée.
3.2 L’épreuve du terrain Le jour, j’ai été témoin d’affaires banales, de plaintes de voisinages, d’infractions routières plutôt répétitives. La plupart des interpellations graves se déroulaient le soir ou la nuit, pour des raisons inhérentes au train de vie humain. Les personnes se retrouvent confinées chez elles ou dans des établissements plus propices aux conflits ou aux agressions, l’alcool et la drogue étant souvent des facteurs aggravants. Nous avons dès lors décidé de filmer davantage la nuit. Néanmoins, cette décision a affecté nos conditions de tournage. La fatigue physique est un facteur indéniable, puisque nous débutions vers 19 heures pour terminer parfois à 6 heures du matin. Le travail policier lui-même déteint sur l’équipe de tournage. Il est difficile de ne pas éprouver une certaine angoisse ou une montée d’adrénaline lorsque nous nous retrouvions dans des lieux inconnus au milieu de la nuit, à la recherche de délinquant·e·s. Le fait que les événements étaient imprévisibles et qu’à tout moment une situation pouvait dégénérer nous mettait en alerte. Le port du gilet pare-balles nous rappelait sans cesse cette notion de danger. La tension et les sensations d’angoisse perduraient en nous bien après le tournage.
3.1 La nécessité de la subjectivité Si je n’ai pas eu d’emprise sur les interventions en tant que telles, j’ai pu en avoir sur ce qui se passait avant et après. J’ai amené mes protagonistes
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3.3 Mise en scène : équilibre entre l’intime et le spectaculaire Durant les interventions, je devais décider s’il fallait filmer ou ne pas filmer. Or il y a une impossibilité à prévoir la tournure des événements. Cela explique la quantité d’heures de tournage nécessaire pour parvenir à capter des scènes intéressantes. Parfois, un incident banal devient soudain captivant, en révélant une profondeur émotionnelle et humaine
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inattendue des personnages. Je pense par exemple à une simple interpellation d’un voisin trop bruyant qu’Hervé et son coéquipier tentent de raisonner, visible dans le film. Au contraire, un événement plus spectaculaire, comme une émeute en pleine nuit, se révéla dénué de sens à l’image, tellement la confusion régnait. La durée prolongée de l’immersion permet de faire tomber les masques et de comprendre la réalité de l’intérieur. Au bout de quelques mois, j’ai pu reconnaître des motifs dans les interpellations et dans les cas qui se présentaient à nous. Par exemple, je me suis retrouvé à des heures indues, dans un appartement sinistre, témoin d’une affaire de violence conjugale où la femme était en larmes. La réalité brute ainsi filmée revêtait un caractère voyeur et difficilement visionnable que je ne pouvais assumer en tant que réalisateur. J’ai décidé de ne pas inclure cette scène dans le film. Mais comme ce type d’intervention s’avère fréquent dans le travail policier, je souhaitais qu’elle figure sous une autre forme. Cette situation s’est réitérée plus tard, lorsqu’une femme d’âge moyen, de « tempérament latin » a déposé plainte contre son époux. En filmant le témoignage de cette violence au poste de police, plutôt que la scène elle-même, j’avais trouvé une solution pour thématiser la question de la violence conjugale en évitant le voyeurisme, mais en conservant l’aspect émotionnel. C’est en effet au moment du montage que s’effectue véritablement la construction du récit, du film, les choix narratifs, éthiques et signifiants des séquences filmées, afin de relater cette expérience sur le terrain avec et sans caméra. 4. Personnages : des « bleus » au « blues » J’ai constaté que le métier, tel qu’exercé par ces jeunes policiers, transforme l’individu et le façonne. À la fin du film, lorsque le bilan de stage est énoncé, il s’agit non seulement de résultats liés à des objectifs, mais aussi d’un regard posé par le maître de stage sur l’attitude, le comportement, la manière de réagir des policiers. C’est l’essence de chacun qui est critiquée, décortiquée, mise à plat. Je voulais que cette mise à distance par le maître de stage révèle cette évolution, au-delà des mots, par un échange de regards. Le jeune assume alors sa nouvelle identité liée à sa fonction, ses forces et ses faiblesses.
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4.1 La lune de miel des bleus et l’amertume des années En toile de fond du récit initiatique de jeunes policiers, j’ai découvert une réalité triste, la fracture sociale des laissé·e·s-pour-compte d’un pays riche. J’ai été témoin de situations tendues, d’histoires de vie qui n’ont pas toutes trouvé leur place dans le documentaire, mais qui m’ont profondément marqué. Encore aujourd’hui, je repense parfois à certaines situations tragiques ou désespérées, difficilement imaginables. J’ai pris conscience que cette réalité affectait profondément le moral de certain·e·s agent·e·s au Parfois, un incident banal devient fil des années. Lors d’une soudain captivant, en révélant une projection, des policiers plus anciens m’ont confié qu’on ne profondeur émotionnelle et humaine ressentait pas suffisamment inattendue des personnages. l’amertume et les désillusions de la profession qu’ils vivaient après plusieurs années de carrière. Néanmoins, je pense que ce sentiment transparaît à travers l’attitude particulière d’un des coachs. 4.2 Les trois protagonistes du documentaire aujourd’hui Interrogés plus de 15 ans après la réalisation du film, les protagonistes témoignent que la réalité perçue dans le documentaire est toujours d’actualité, le cœur du travail de police reste similaire. Ce sont leurs regards et la manière d’appréhender leur métier qui ont évolué. Un seul d’entre eux a gardé l’uniforme. Après plusieurs années dans le quartier des Pâquis, il a rejoint la Brigade routière et accidents en 2014 et est devenu chef de groupe, encadrant une dizaine de collaboratrices et collaborateurs. Il apprécie ce mélange de travail d’enquête, de relevé technique et le côté humain lorsqu’il doit prendre en charge les victimes et les auteur·e·s d’accident. Rétrospectivement, il estime que ces premiers moments de stage ont été « un socle qui a bâti l’ensemble de sa carrière ». Il a pu se construire une identité, autant au niveau éthique que moral, et il continue à transmettre ces valeurs aux nouveaux aspirants et aspirantes. Ayant été promu au sein de la Brigade, il éprouve toujours le même désir de servir. Le second a définitivement quitté la police à la suite d’événements difficiles liés à sa profession. Il n’a pas souhaité témoigner, bien qu’il garde un excellent souvenir du tournage. Quant au dernier, il a quitté la Police genevoise après 11 ans de service à la suite de problèmes de
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santé. Il a ensuite officié au service des migrant·e·s, où il a appris à mieux comprendre cette réalité et dit avoir revu son jugement sur ces personnes. Finalement, il a rejoint la Police fédérale (fedpol), où il accompagne désormais divers projets informatiques et de collaboration internationale. Par rapport à son expérience en tant que policier, il estime que ce métier comporte « de nombreuses contraintes et un potentiel de frustration, mettant en jeu sa santé mentale et physique, ainsi que sa sécurité ». Au fil des années, il ne supportait plus de se « confronter au pire ». En effet, dit-il, « avoir ce feu sacré de rendre service durant de longues années, c’est difficile. On se fatigue. On a beau être formé, c’est difficile de sortir de ce filtre de négativité qu’on voit, cet instinct de flic ». Aujourd’hui, il se sent épanoui. Il n’éprouve ni rancœur ni regret, mais surtout un « immense respect » envers les policières et policiers ainsi que les urgentistes sur le terrain. 5. Conclusion Une telle immersion sur le long terme permet de rendre compte à la fois du travail de police sur le terrain, mais aussi d’une réalité sociologique méconnue, auprès d’un public plus large, de politicien·ne·s et de dirigeant·e·s parfois éloigné·e·s de la pratique. Tandis que les statistiques rendent compte d’une réalité objective, mais intangible, ce type d’immersion sans contrainte ni commentaire permet de concrétiser les tenants et aboutissants de l’action policière, ainsi que l’impact sur ses agent·e·s. Le dispositif choisi cherchait à décrire le quotidien de quelques jeunes policiers au caractère affirmé, sans chercher la polémique ni la dérive. La spectatrice ou le spectateur, pouvant se mettre à la place des policiers, expérimente avec son propre jugement toute la complexité du travail humain, parfois maladroit, mais nécessaire de ces jeunes recrues face à des problèmes sociétaux qui les dépassent. Ce documentaire a tendu aux policiers impliqués un miroir pour progresser et se perfectionner, prônant indirectement auprès du public une meilleure acceptation de leur action au sein de la société.
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Information Le documentaire peut être visionné à partir du lien suivant (vidéo à la demande) : https://www.artfilm.ch/fr/des-bleus-dans-la-police ainsi que dans des bibliothèques universitaires. Bibliographie Alexandre, M. (1994), Lettres à un jeune flic. Paris, France : Jacob Duvernet. Le Saulnier, G. (2012) La police nationale au défi des relations presse. « Une information sous contrôle ? », Mots. Les langages du politique, Vol. 99(2), 129-142, p. 132, https://journals.openedition.org/ mots/20700 Lebel, H. (2002), Policier, panique et stress post-traumatique, consulté le 25 août 2023, http://www.psychomedia.qc.ca/posttraumatique/2002-02-10/policiers-panique-et-stress-post-traumatique Meyer, M. (2012), Médiatiser la police, policer les médias, Lausanne : Antipodes. Office fédéral de la justice (2016), La condamnation de Bédat n’a pas violé la CEDH, consulté le 23 août 2023, https://www.admin.ch/gov/ fr/start/documentation/communiques.msg-id-61149.html Pichonnaz, D. (2013), Communication policière et discours sur la déviance. Une expertise marquée par des enjeux professionnels et corporatistes, Politiques de communication, Vol.1(1), 127-150, p. 129, https://www.cairn.info/revue-politiques-de-communication-2013-1page-127.html Université de Mons (2023), Deuxième journée d’ étude à l’UMONS sur le vécu émotionnel des policiers : quatre policiers sur 10 affectés par le stress post-traumatique, consulté le 25 août 2023, https://web. umons.ac.be/fr/deuxieme-journee-detude-a-lumons-sur-le-vecuemotionnel-des-policiers-quatre-policiers-sur-10-affectes-par-le-stresspost-traumatique/ Films de fiction Beauvois, X. (2005), Le Petit Lieutenant [film] Why not productions. Desplechin, A. (2019), Roubaix, une lumière [film] Why not productions. Tavernier, B. (1992), L. 627 [film], Little Bear. Films documentaires Cornioley, S. (2009), Au-delà de l’urgence [film], Police municipale de Lausanne. Depardon, R. (1983), Faits divers [film], Films A2 et Copyright Films. Sibilla, R. (2001), 117, Police secours, [film] CAB Productions, RTS. Yang, F. (2007), Des bleus dans la police, [film], Les Productions JMH, Temps présent RTS. Émissions radio Chollet, M. (2023). Que fait la police ? – Les Échos de Vacarme, [Émission / podcast], RTS Radio Télévision Suisse, https://www. rts.ch/audio-podcast/2023/audio/les-echos-de-vacarme-que-fait-lapolice-26135625.html
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Zusammenfassung Rückblick auf den Entstehungsprozess eines Dokumentarfilms aus Perspektive der Polizeirealität Der aus einer Immersionsrecherche an der Polizeiakademie Savatan und nach sechsmonatigen Dreharbeiten entstandene Dokumentarfilm Des bleus dans la police begleitet drei Aspiranten auf ihren ersten Schritten in den Polizeiberuf. Die freie Produktion verfolgte das Ziel, die Erfahrungen der drei Rekruten urteils- und kommentarlos und so realitätsnah wie möglich abzubilden. In dieser Konfrontation mit der Realität werden tiefgreifende
gesellschaftliche Probleme freigelegt und die Berufung der jungen Polizisten wird hinterfragt. Obwohl das Filmen dieser Polizeirealität naturgemäss im Konflikt mit der Arbeit der Polizisten steht, können die im Grunde genommen entgegengesetzten Interessen der Polizisten und des filmenden Gegenübers konvergieren. Dieser Artikel geht der Frage nach, was 17 Jahre danach aus den drei Uniformierten in Blau und ihrem Wunsch nach Gerechtigkeit und Dienst an der Gesellschaft geworden ist.
Riassunto Analisi retrospettiva sul processo di creazione di un documentario in confronto con la realtà della polizia Il documentario Des bleus dans la police, risultato di una ricerca immersiva all’Accademia di polizia di Savatan e di più di sei mesi di riprese, segue i primi passi di tre aspiranti. Si tratta di un documentario indipendente realizzato con l’obiettivo di mostrare il vissuto dei tre aspiranti senza giudizi né commenti, restando il più vicino possibile a quanto da loro
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realmente vissuto. Questo confronto con la realtà rivela problematiche sociali profonde e rimette in questione la vocazione dei tre giovani. Filmare questa realtà della polizia si frappone intrinsecamente al loro lavoro, ma gli interessi apparentemente opposti degli agenti e del «film-maker» possono convergere. Più di 17 anni dopo, cosa ne è stato dei tre aspiranti, al tempo motivati dal desiderio di giustizia e di potersi impegnare in prima persona?
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SMARTPHONE-ANGRIFF: WIE BILDAUFNAHMEN DIE HANDLUNGSFÄHIGKEIT VON EINSATZKRÄFTEN TANGIEREN
Smartphone-Angriff: Wie Bildaufnahmen die Handlungsfähigkeit von Einsatzkräften tangieren Christoph Inhelder Stv. Dienstleiter Sicherheitspolizei, Polizei Basel-Landschaft
Zusammenfassung Der vorliegende Artikel beruht auf einer Semesterarbeit, die im Rahmen eines Masterstudiums an der Universität Freiburg verfasst wurde, und beschäftigt sich mit den Auswirkungen sogenannter SmartphoneAngriffe auf die Handlungsfähigkeit der Einsatzkräfte von Blaulichtorganisationen. Im Rahmen dieser Arbeit wurde im Herbst 2021 bei den Schweizer Polizeikorps eine Umfrage durchgeführt, die mit 581 Teilnehmenden als repräsentativ angesehen
werden kann und stellvertretend für die rund 25 000 Angestellten der Polizeikorps (KKPKS, 2021) steht. Aus der Umfrage geht u. a. hervor, dass lediglich 25,8 % der Befragten bezüglich des Rechts am eigenen Bild geschult sind und 85,2 % bereits gegen ihren Willen gefilmt wurden. Diese und andere Umfrageergebnisse wurden ausgewertet und Lösungsansätze für die Praxis abgeleitet.
Einleitung Einsatzkräfte von Blaulichtorganisationen werden vermehrt bei Einsätzen gefilmt und fotografiert. Oft handelt es sich bei den Bildaufnahmegeräten um Smartphones, die einen direkten Zugriff auf soziale Medien bieten. Die Aufnahmen werden [Smartphone-Angriffe schränken die] meist gegen den Willen der Einsatz- und Handlungsfähigkeit Einsatzkräfte getätigt, nicht des Personals [ein], da die [...] selten auch in der Absicht, Ressourcen für die Bewältigung den Einsatz zu stören. Die eines weiteren Teilproblems Einsatz- und Handlungsfäumorganisiert werden müssen. higkeit des Personals wird eingeschränkt, da die vorhandenen Ressourcen für die Bewältigung eines weiteren Teilproblems umorganisiert werden müssen. Die Bildaufnahmen können zudem die Persönlichkeitsrechte der Einsatzkräfte verletzen und diese (und ihr Umfeld) ungewollt in den Fokus der Öffentlichkeit rücken. Um diese Aspekte prägnant auf den Punkt zu bringen, wurde der Begriff «Smartphone-Angriff» kreiert.
Bachelorarbeit intensiv mit der Wirkung von Bodycams. Eine wichtige Erkenntnis war, dass Bodycams eine präventive Wirkung haben, da sie das Verhalten des polizeilichen Gegenübers beeinflussen. Zum anderen wurde auch der Autor bereits mehrfach ohne sein Einverständnis gefilmt und so bei der Durchsetzung von Massnahmen behindert. Besonders eingeprägt hat sich ihm auch die Aussage einer Einsatzkraft bei einem Debriefing, dass sie gezögert habe, Gewalt anzuwenden, um einem Kollegen Notwehrhilfe zu leisten, da die Handlungen von etlichen Smartphones dokumentiert wurden. Sie erklärte, sie habe sich davor gefürchtet, dass die Aufnahmen so geschnitten würden, dass die Handlungen gegen sie und die Polizei verwendet werden könnten. Smartphone-Angriffe beeinflussen somit das Verhalten der Einsatzkräfte. Sie können ein sicherheitsrelevantes Ausmass erreichen, die Handlungsfähigkeit gefährden und sich negativ auf den Eigenschutz auswirken. Im Rahmen einer Semesterarbeit im Masterstudiengang der Rechtswissenschaften an der Universität Freiburg wurde das Thema Smartphone-Angriff vom Autor vertieft bearbeitet. Dank wertvoller Kontakte mit den unterschiedlichsten Polizeikorps sowie der Unterstützung der Leitung der Polizei Basel-Landschaft und anderer Polizeikorps konnten die Reichweite der
Relevanz für die Einsatzkräfte Das Thema Smartphone-Angriff gelangte aus zwei Gründen ins Zentrum der Aufmerksamkeit des Autors: Zum einen beschäftigte sich dieser im Rahmen seiner
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SMARTPHONE-ANGRIFF: WIE BILDAUFNAHMEN DIE HANDLUNGSFÄHIGKEIT VON EINSATZKRÄFTEN TANGIEREN
Umfrage erhöht und empirische Daten von mehrheitlich deutschsprachigen Betroffenen erhoben werden (s. Abb. 1).
Osnabrück, 2021). Zudem gibt es – auch in der Schweiz – Websites, auf denen die Bevölkerung aktiv dazu aufgerufen wird, die Polizei zu filmen, und die auch rechtliche Hinweise erteilen (s. Abb. 2). Oft werden solche Videos anschliessend überarbeitet und mit Vorwürfen gespickt im Internet veröffentlicht. Die Polizistinnen und Polizisten werden dabei im Gegensatz zu den anderen abgebildeten Personen selten verpixelt (Policethepolice, 2021; American Civil Liberties Union of Connecticut, 2021).
Abb. 1: Anstellungskantone der Umfrageteilnehmenden (n=581)
Recht am eigenen Bild Das Recht am eigenen Bild steht jeder Person zu. Dieses Recht wird aus Art. 28 ZGB1 abgeleitet. Es gibt jedoch auch Rechtfertigungsgründe, welche dieses Recht einschränken können. Sobald nicht anonymisierte Bildaufnahmen von Einsatzkräften veröffentlicht werden, auf denen sie auch von Dritten klar identifiziert werden können, die Einsatzkraft vielleicht sogar portraitiert wird und das Bild nicht als Situationsübersicht zur Information der Öffentlichkeit gewertet werden kann, ist allerdings von einer Grenzüberschreitung auszugehen. Bildaufnahmen von Einsatzkräften werden zwar mehrheitlich spontan von Anwesenden gemacht, jedoch versuchen extremistische Strömungen, mit diesen Aufnahmen gezielte Störungen zu bewirken. Dazu gehören auch die etwaige Überarbeitung und Veröffentlichung von Bildaufnahmen für die eigenen ideellen Zwecke, wie sie schon öfter vorgekommen sind (Landesgericht München, 2019; Oberlandesgericht Köln, 2021; Inhelder, 2023; Kronen-Zeitung, 2021). Aufgrund der Intensität solcher Aufnahmen und der durch den anhaltenden Wertewandel zu erwartenden Zunahme an Fällen werden sich auch die Schweizer Gerichte vermehrt mit der Problematik auseinandersetzen müssen. Die aktuelle Rechtsprechung aus Deutschland und Österreich deutet darauf hin, dass die Persönlichkeitsrechte der Einsatzkräfte nicht einfach mit der Begründung des Überwiegens des öffentlichen Interesses abgehandelt werden können (Oberlandesgericht Köln, 2021; Oberlandesgericht Frankfurt, 2021; Landesgericht Frankenthal, 2020; Landesgericht München, 2019; Landesgericht 1
SR 210
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Abb. 2: Die Polizei filmen – so geht’s! (Policethepolice, n. d.)
Kriminalpolitischer Hintergrund Öffentliche Sicherheit und staatliche Eingriffe sind Themen, welche für die Bürgerinnen und Bürger von Interesse sind. Dies führt unweigerlich zu Bildaufnahmen, die gegen den Willen der Einsatzkräfte erstellt werden. Die Meinungen, ob und wann die Staatsgewalt, meist in Form der Polizei, eingreifen sollte, und ob der Eingriff korrekt, zu hart oder zu lasch war, gehen weit auseinander. Die eigene Meinung gilt hier nicht selten als die einzig Richtige. Welche Extreme dabei aufeinandertreffen können, zeigen uns die Ereignisse der letzten Zeit immer wieder, sei es der Krieg zwischen Russland und der Ukraine, die COVID19-Pandemie oder auch die «Klimakleber». Fakt ist, dass sich die Unzufriedenheit aufgrund psychischer Belastung und Frustrationserlebnissen in der Regel entlädt, auch gegen den Staat. Als Erklärungsansatz kann u. a. Mertons Anomietheorie als erste Variante der allgemeinen Stressbelastungstheorie hinzugezogen werden. Die erhöhte Belastung in Krisenzeiten lässt sich in der polizeilichen Kriminalstatistik (PKS) unter «Widerstandshandlungen» herauslesen und wurde z. B. auch im Jahresbericht 2021 der Oberstaatsanwaltschaft Luzern festgehalten (Oberstaatsanwaltschaft Luzern, 2022).
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2010
2013
2016
2019
2021
2022
Gewalt und Drohung gegen Behörden und Beamte (Art. 285)
Schweiz
Ausführungsgrad - Total
2 258
2 776
2 764
3 251
3 557
3 090
Hinderung einer Amtshandlung (Art. 286)
Schweiz
Ausführungsgrad - Total
1 798
2 031
2 583
2 896
3 093
2 996
Ungehorsam gegen amtliche Verfügungen (Art. 292)
Schweiz
Ausführungsgrad - Total
3 708
3 787
3 830
4 391
4 587
4 680
Abb. 3: Strafbare Handlungen gegen die öffentliche Gewalt (Bundesamt für Statistik, 2023)
Strafrecht In den Parlamenten auf Kantons- und Bundesebene werden bezüglich Gewalt und Drohung gegen Behörden und Beamte (Art. 285 StGB2) immer wieder Vorstösse eingebracht. Diese Forderungen stützen sich auch auf Zahlen der Kriminalstatistik, in welcher die Delikte gegen die öffentliche Gewalt tendenziell zunehmen (s. Abb. 3). Nicht selten wird eine Strafverschärfung angestrebt. «Moderne» Angriffsformen wie Smartphone-Angriffe waren bisher jedoch nur selten Gegenstand der geführten Diskussionen. Strafrechtliche Sanktionierung von SmartphoneAngriffen Durchaus möglich ist es, dass aufgrund des SmartphoneAngriffs die Bestimmungen von Art. 286 StGB3, Hinderung einer Amtshandlung, zur Anwendung gelangen. Der Gesetzestext der Norm lautet wie folgt: «Wer eine Behörde, ein Mitglied einer In den Parlamenten auf Kantons- Behörde oder einen Beund Bundesebene werden bezüglich amten an einer Handlung hindert, die innerhalb ihGewalt und Drohung gegen Behörden rer Amtsbefugnisse liegt, und Beamte immer wieder wird mit Geldstrafe bis zu Vorstösse eingebracht. 30 Tagessätzen bestraft.» Detaillierter betrachtet handelt es sich beim geschützten Rechtsgut der Hinderung einer Amtshandlung um das reibungslose Funktionieren der staatlichen Organe. Das Angriffsobjekt ist laut Art. 286 StGB nicht primär die handelnde Beamtin oder der handelnde Beamte, sondern die Amtshandlung als solche (BGE 120 IV 136; Obergericht des Kantons Zürich, 2011; Wiprächtiger, 1997, S. 212). Der Tatbestand beinhaltet jede Amtshandlung, welche als rechtmässig bezeichnet werden kann (Wiprächtiger, S. 212). Als Beamtin oder Beamte werden in der Praxis sämtliche Personen berücksichtigt, welche eine öffentlich-rechtliche Funktion ausüben
30
2
SR 311.0
3
SR 311.0
bzw. öffentlich-rechtliche Aufgaben erfüllen (Trechsel & Vest, 2021, S. 1482, N. 3; Wiprächtiger, 1997, S. 212). Alle öffentlich-rechtlichen Organe aus Legislative, Exekutive und Judikative sind im Begriff «Behörde» inkludiert (Donatsch, Thommen & Wohlers, 2017, S. 394). Bei der Hinderung einer Amtshandlung handelt es sich um ein Erfolgsdelikt, welches Vorsatz – wobei Eventualvorsatz genügt – voraussetzt (Heimgartner, 2018; Donatsch, Thommen & Wohlers, 2017, S. 407; Trechsel & Vest, 2021, S. 1497, N. 8). Dies bedeutet allerdings nicht, dass die Handlung der Einsatzkraft verunmöglicht werden muss. Der Tatbestand ist bereits erfüllt, wenn die Ausführung der Amtshandlung erschwert, verzögert oder behindert wird (BGer 6B_132/2008; BGE 127 IV 115; Donatsch, Thommen & Wohlers, 2017, S. 405 ff.; Stratenwerth & Bommer, 2013, S. 346, N. 9; Trechsel & Vest, 2021, S. 1495, N. 1). Dazu gehören z. B. das Verursachen eines Gerangels, das Rudern mit den Armen oder Händen, das Festklammern an einem Pfosten oder auch das Zudrücken einer Tür (BGer 6B_672/2011; BGer 6B_701/2009; Heimgartner, 2018; Donatsch, Thommen & Wohlers, 2017, S. 406; Stratenwerth & Bommer, 2013, S. 346, N. 8; Trechsel & Vest, 2021, S. 1495, N. 2). Die Widersetzung muss somit in einem gewissen Umfang ein aktives Tun aufweisen (BGE 124 IV 127; Donatsch, Thommen & Wohlers, 2017, S. 405; Trechsel & Vest, 2021, S. 1496, N. 3). Auch das Anfertigen von Bildaufnahmen von sich im Einsatz befindenden Polizistinnen und Polizisten, die sich aufgrund des Eigenschutzes von dem Bildaufnahmegerät wegdrehen oder wegschauen, und woraus eine Vernachlässigung der Sicherungsaufgabe resultiert, kann als Hinderung einer Amtshandlung betrachtet werden (Obergericht des Kantons Bern, 2019; Eymann & Borer, 2019). Der passive Widerstand wird von Art. 286 StGB erfasst, wenn dieser ein gewisses aktives Störverhalten aufweist, welches die Amtshandlung erschwert (BGer 6B_701/2009; Heimgartner, 2018; Donatsch, Thommen & Wohlers, 2017, S. 405). Dazu gehört
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SMARTPHONE-ANGRIFF: WIE BILDAUFNAHMEN DIE HANDLUNGSFÄHIGKEIT VON EINSATZKRÄFTEN TANGIEREN
auch die Flucht ohne Leistung von Widerstand, wenn dies die Amtshandlung der Beamtin oder des Beamten behindert (BGE 85 IV 142). Völlige Passivität nach einer amtlichen Aufforderung (z. B. einem Platzverweis) und der damit verbundene Ungehorsam erfüllen den objektiven Tatbestand der Hinderung einer Amtshandlung nicht (Trechsel & Vest, 2021, S. 1497, N. 5). Diese müsste unter Beizug des Übertretungstatbestands von Art. 292 StGB (Ungehorsam gegen amtliche Verfügungen) subsidiär geprüft werden (Heimgartner, 2018; Donatsch, Thommen & Wohlers, 2017, S. 406; Trechsel & Vest, 2021, S. 499, N. 10). In Zusammenhang mit der Hinderung einer Amtshandlung ist zu erwähnen, dass durch Smartphone-Angriffe (Video- oder Tonaufnahmen) Schutznormen des Geheim- und Privatbereichs verletzt werden können. Schwerpunktmässig sind diesbezüglich die Art. 179bis StGB (Abhören und Aufnehmen fremder Gespräche) und Art. 179quater StGB (Verletzung des Geheim- oder Privatbereichs durch Aufnahmegeräte) zu nennen (BGE 146 IV 126; Landesgericht München I, 2019; Godenzi, 2012; Trechsel & Lehmkuhl, 2021). Beantwortung der Forschungsfragen Im Folgenden werden die verschiedenen Forschungsfragen aufgeführt und ausgewertet. Anhand von Grafiken werden die Erkenntnisse auch visuell untermauert. Für die Gesamtansicht und weitere Informationen wird auf die Semesterarbeit des Autors (Inhelder, 2021) verwiesen, welche über das CentreDoc des SPI bestellt werden kann. Forschungsfrage 1: Inwieweit sind Polizeieinsatzkräfte mit ungewollten Bildaufnahmen und deren Auswirkungen konfrontiert? Aus den Umfrageergebnissen geht hervor, dass ein Grossteil der polizeilichen Einsatzkräfte ungewollten Bildaufnahmen und deren Auswirkungen ausgesetzt ist (s. Abb. 4). Operative Polizeieinsatzkräfte sind solchen Aufnahmen signifikant häufiger ausgesetzt als nicht operative Polizeieinsatzkräfte, wobei weibliche und männliche Einsatzkräfte gleichermassen betroffen sind. Zudem ist der Trend erkennbar, dass operativ tätige Polizeieinsatzkräfte öfter einem absichtlichen «Störer-Motiv» ausgesetzt sind als nicht operative Einsatzkräfte. Die Bildaufnahmen haben negative Auswirkungen auf die Einsatz- und Handlungsfähigkeit der
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Abb. 4: Bildaufnahmen gegen den Willen (n=581)
Einschränkung der Handlungsfähigkeit Anteil
Auswirkung
20.4 %
Fokuswechsel auf Bildaufnahmeproblematik
19.4 %
Zusätzlicher Stress
14.8 %
Auftragserfüllung eingeschränkt
12.6 %
Verstärkung musste beigezogen werden, um die Auftragserfüllung sicherzustellen
11.5 %
Gefühl der Unsicherheit
10.3 %
Frustration
6.2 % 1.8 % 1.6 %
1.5 %
Kurzfristige Blockade eigener Handlungsfähigkeit (<30 Sekunden) Andere Mittellange Blockade eigener Handlungsfähigkeit (>30 Sekunden) Längere Blockade eigener Handlungsfähigkeit (<60 Sekunden)
Abb. 5: Einschränkung der Handlungsfähigkeit (n=305)
Abb. 6: Auswirkung auf Privatleben (n=495)
Einsatzkräfte (s. Abb. 5). Die Frage, ob sich diese Auswirkungen auch im Privatleben bemerkbar gemacht haben, verneinten 376 der 495 Befragten (76 %). 119 Befragte (24 %) gaben jedoch an, auch im Privatleben Auswirkungen erlebt zu haben (s. Abb. 6). Darüber hinaus zeigte sich, dass sich
31
SMARTPHONE-ANGRIFF: WIE BILDAUFNAHMEN DIE HANDLUNGSFÄHIGKEIT VON EINSATZKRÄFTEN TANGIEREN
Beeinflussung zukünftige Handlungsweisen Anteil
Auswirkung
16.8 %
Es beeinflusst meine Art zu Arbeiten nicht
15.8 %
Es löst Frust in mir aus, da ich nichts daran ändern kann
15.7 %
Ich sorge selbst dafür, dass meine Identität gewahrt bleibt
14.8 %
Ich werde vorsichtiger agieren
11.6 %
Hauptfeld
11.1 %
Ich ziehe frühzeitig Verstärkung bei
9.0 %
Mich begleitet ein Gefühl der Unsicherheit
5.2 %
Mein Persönlichkeitsschutz ist mir wichtiger als die Auftragserfüllung
Forschungsfrage 2: Sind die polizeilichen Einsatzkräfte in der Schweiz bezüglich der Persönlichkeitsrechte und des Rechts am eigenen Bild geschult oder bestehen diesbezüglich Dienstvorschriften/ Handlungsanweisungen? Diese Forschungsfrage muss abschlägig beantwortet werden, da von 581 Umfrageteilnehmenden lediglich 150 (25,8 %) eine Schulung bezüglich der Persönlichkeitsrechte und des Rechts am eigenen Bild erhalten haben. Von diesen 150 Personen waren 86 (57,3 %) der Meinung, dass die Schulung ausreicht, um im Ereignisfall handeln zu können. 64 Personen (42,7 %) fühlten sich hingegen ungenügend geschult. Von 581 Umfrageteilnehmenden war 205 Personen (35,3 %) eine Handlungsanweisung oder Dienstvorschrift zum Thema Persönlichkeitsrechte oder Recht [E]in Grossteil der polizeilichen am eigenen Bild bekannt. Einsatzkräfte [ist] ungewollten 132 davon (64,1 %) waren der Meinung, dass die vorBildaufnahmen und deren handenen HandlungsanAuswirkungen ausgesetzt. weisungen genügen, um im Ereignisfall reagieren zu können. Die verbleibenden 74 Personen (35,9 %) verneinten dies. Forschungsfrage 3a: Welche Massnahmen können bei Smartphone-Angriffen zum Schutz des Mitarbeitenden getroffen werden? Zu dieser Frage gingen von 280 Umfrageteilnehmenden Freitextantworten ein. Diese wurden mittels einer zusammenfassen-
32
Einsatzkräfte gesetzlich schützen
51
Rückhalt durch Polizeikorps
22
Sensibilisierung der Bevölkerung
15
Personalnummer
69
Schulung und Handlungsanweisungen
62
Ausrüstung
38
Bodycam
34
Abstand und Sichtschutz
16
Rechts- und verhältnismässiges Handeln
4
Sanktionierung von Grenzüberschreitungen
31
Sicherstellung von Aufnahmegeräten
15
Deanonymisierung von Störern
6
Werkzeuge für den Einsatz
Abb. 7: Beeinflussung zukünftige Handlungsweisen (n=495)
die Bildaufnahmen zu 83,2 % auf zukünftige Handlungs- und Verhaltensweisen der Einsatzkräfte auswirken (s. Abb. 7). Trotzdem wurde nur in 36 % der Fälle ein Debriefing durchgeführt.
Anzahl Erwähnungen
Prävention und Unterstützung
Ich trete mit dem Gegenüber schneller/ intensiver in den Dialog
Themenbereich
Repressive Massnahmen
Abb. 8: Massnahmen zum Schutz der Einsatzkräfte
den Inhaltsanalyse nach Mayring ausgewertet. Dabei konnten drei Hauptfelder konstruiert werden (s. Abb. 8). Forschungsfrage 3b: Welche Massnahmen können bei Smartphone-Angriffen zur Verunsicherung der «Störer» getroffen werden? Diese Frage beantworteten 269 Umfrageteilnehmende mit Freitextantworten. Diese wurden ebenfalls mittels einer zusammenfassenden Inhaltsanalyse nach Mayring ausgewertet. Auch hier konnten drei Hauptfelder konstruiert werden (s. Abb. 9). Implikationen aus der Umfrage Schlussendlich obliegt es jedem Polizeikorps selbst, zu entscheiden, wie mit der Thematik der SmartphoneAngriffe umzugehen und welcher Stellenwert ihr einzuräumen ist. Jedoch ist jedes Polizeikorps gut damit beraten, sich mit der Thematik auseinanderzusetzen und wo nötig auch die politischen Partner und Personalverbände zu involvieren. Für die Erhebung der spezifischen Bedürfnisse der Polizeikorps wird der Fragekatalog auf Anfrage gerne zur Verfügung gestellt. Aus der Umfrage und insbesondere auch aufgrund der Inputs der Umfrageteilnehmenden
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Hauptfeld
Themenbereich
Anzahl Erwähnungen
Sensibilisierung der Bevölkerung
11
Personalnummer
3
Politischer Rückhalt
3
Medienverantwortung
2
Schulung
2
Prävention und Unterstützung
Werkzeuge für den Einsatz Bodycam
76
Antsprache
31
Sicherstellung
30
Personenkontrolle
23
Platzverweiss
22
Technische Massnahmen/ Hilfsmittel
8
Verstärkung beiziehen
6
Situation aushalten
5
Absperrung
2
Sanktionierung von Störern
36
Sanktionierung mittels Ordnungsbusse
20
Gesetzliche Grundlagen schaffen
18
Gesetzliches Verbot, Einsatzkräfte zu filmen
7
Offizialisierung bei Bildveröffentlichung
5
Löschung von Aufnahmen
4
Gesetzliche Voraussetzungen schaffen
Abb. 9: Massnahmen zur Verunsicherung der Störer
bei den Freitextfragen 3a und 3b (s. Abb. 8 und 9) konnten folgende Thematiken für die Praxis abgeleitet werden: Schutz der Einsatzkräfte und Sanktionierung von Störern durch gesetzliche Grundlagen Die Umfrageteilnehmenden wünschen sich einen besseren Schutz der Einsatzkräfte und die Sanktionierung von Grenzüberschreitungen. Dies könnte durch gesetzliche Anpassungen erfolgen, z. B. durch die Einführung von Mindestabständen für Unbeteiligte zu akuten Einsatzgeschehen. In der Analogie kann hier an den Mindestabstand von 100 m gedacht werden, welcher beim Folgen von vortrittsberechtigten (Einsatz-)Fahrzeugen gemäss Art. 16 Abs. 2 aVRV4 eingehalten werden muss. 4
SR 741.11 vom 01.06.2015
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Ausschöpfen der vorhandenen möglichen Massnahmen Zur Unterstützung der Einsatzkräfte vor Ort sollte die Einsatzleitung die gesetzlichen Grundlagen vorweisen können. So besteht oft die Möglichkeit, gestützt auf die kantonalen Polizeigesetze einen Platzverweis gegen Störer auszusprechen, damit die Einsatzkräfte unbehelligt weiterarbeiten können. Im Idealfall kann die Einsatzleitung hier auf «freie Ressourcen» zugreifen, um diese verhältnismässigen «Sperrbereiche» durchzusetzen. Ausrüstung der Einsatzkräfte Die operativen Einsatzkräfte wünschen sich Klarheit bezüglich des Tragens von Namensschildern, lieber würden sie jedoch darauf verzichten und anhand einer Personalnummer identifizierbar bleiben. Besonders aber für heikle Einsätze wünschen sie sich eine gesetzliche Vorschrift, aufgrund derer das Namensschild abgelegt und falls nötig auch ein ID-Schutz (z. B. in Form einer Gesichtsmaske) getragen werden kann. Handlungsanweisungen und Schulungen Schulungen und Handlungsanweisungen erlauben es polizeilichen Einsatzkräften, situativ richtige und verhältnismässige Entscheide zu fällen. Zudem können die Polizeikorps so das Risiko minimieren, Mitarbeitende aufgrund von Schulungen und Handlungsanpotenziellem Amtsmissbrauch weisungen erlauben es polizeilichen zu verlieren. Die UmfrageerEinsatzkräften, situativ richtige gebnisse liessen ausserdem und verhältnismässige erkennen, dass das Fehlen von Handlungsanweisungen und Entscheide zu fällen. Schulungen zu Eigenaktionen der Einsatzkräfte führen kann. So nannten Polizeikräfte das Löschen von Bildaufnahmen von fremden Geräten, das «Gegenfilmen», aber auch den Einsatz von Taschenlampen mit der Strobo-Funktion als geeignete Reaktionen auf Smartphone-Angriffe. Bei einer bestehenden rechtlichen Grundlage mögen diese Handlungen durchaus gerechtfertigt sein, in den meisten Fällen fehlt diese Grundlage jedoch. Bei allfälligen Beschwerden oder Anzeigen ist zu prüfen, ob eine rechtswidrige Handlung der Einsatzkraft vorliegt. Debriefings Es gibt nützliche Strategien, um die Auswirkungen von Smartphone-Angriffen zu reduzieren. Besonders hilfreich und zugleich mit wenig Aufwand
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Debriefing-Kontakt
hilfreich bis sehr hilfreich
gar nicht hilfreich
keine Thematisierung
mit Patrouillenpartner(in)
91.0 %
5.6 %
3.4 %
mit dir. Vorgesetztenstelle
70.8 %
8.4%
20.8 %
mit höherer Vorgesetztenstelle
29.2 %
12.9 %
57.9 %
mit Fachperson
18.5 %
6.7 %
74.7 %
Abb. 10: Debriefing-Kontakte (n=178)
Filmaufnahmen durch die Polizei Die Umfrageteilnehmenden sehen in der Bodycam ein wertvolles Werkzeug, um präventiv zu wirken, eine Verhaltensänderung beim Gegenüber auszulösen und Sachbeweise für die allfällige Strafverfolgung und/oder Beschwerdeverfahren zu liefern. In der Schweiz konnten diesbezüglich bereits wertvolle Erfahrungen gemacht werden. Die Pilotversuche wurden meist auch wissenschaftlich begleitet wie z. B. bei der Stadtpolizei Zürich (Baier und Manzoni, 2019). Ein Zusammenzug diverser Studien kann u. a. der Bachelorarbeit des Autors entnommen werden (Inhelder, 2019).
verbunden sind sogenannte Debriefings, die auch nach anderen Einsätzen durchgeführt werden. Lediglich bei 178 der Befragten (36 %) fand nach einem Smartphone-Angriff ein Debriefing statt. Der Mehrheit der Umfrageteilnehmenden (64 %) wurde die Möglichkeit eines Debriefings nicht angeboten oder sie nahmen diese nicht selbstständig wahr. Hier liegt somit ein hohes Potenzial, insbesondere da 91 % der Befragten das Debriefing mit der Patrouillenpartnerin resp. dem Patrouillenpartner als sehr wertvoll empfanden (s. Abb. 10).
Literaturverzeichnis Baier, D., & Manzoni, P. (2019). Die Einstellung von Polizistinnen und Polizisten zu Bodycams. SIAK-Journal, (01), S. 23–38. Donatsch, A., Thommen, M., & Wohlers, W. (2017). Strafrecht IV: Delikte gegen die Allgemeinheit (5. Aufl.). Schulthess Verlag. Eymann, S., & Borer, Y (2019). Legal filmen, legal löschen. Polinews (6), S. 3. Godenzi, G. (2012). Strafbare Beweisverwertung? (S. 1253). AJP. Heimgartner, S. (2018). Kommentar zu Art. 286 StGB. In Niggli, M., & Wiprächtiger, H. (Hrsg.), Basler Kommentar, Strafrecht (4. Aufl., N. 5, 8, 10 und 12). Helbing Lichtenhahn Verlag. Inhelder, C. (2019). Einführung von Body-Cams bei der Polizei Basel-Landschaft: Erfahrungen und Erwartungen aus der Sicht involvierter Stakeholder [unveröffentlichte Bachelorarbeit]. S. 17–32. Europäische Fernhochschule Hamburg. http://catalog.institut-police.ch/search/notice?noticeNr=25088 Inhelder, C. (2021). «Smartphoneangriff»: Wie Bildaufnahmen die Handlungsfähigkeit von Einsatzkräften tangieren [unveröffentlichte Seminararbeit]. Rechtswissenschaftliche Fakultät Universität Freiburg. http://catalog.institut-police.ch/search/notice?noticeNr=25089
34
Inhelder, C. (2023). Das Phänomen der Reichsbürger, deren Vernetzung und deren Gewaltpotenzial. [unveröffentlichte Masterarbeit]. S. 35. Rechtswissenschaftliche Fakultät Universität Freiburg. http://catalog.institut-police.ch/search/notice?noticeNr=25091 Stratenwerth, G., & Bommer, F. (2013). Schweizerisches Strafrecht, Besonderer Teil II: Straftaten gegen Gemeininteressen (7. Aufl.). Stämpfli Verlag. Trechsel, S., & Lehmkuhl, M. (2021). Kommentar zu Art. 179bis StGB. In Trechsel, S., & Pieth, M. (Hrsg.). Schweizerisches Strafgesetzbuch Praxiskommentar (4. Aufl., S. 1037, N. 1 ff.). Dike Verlag. Trechsel, S., & Vest, H. (2021). Kommentar zu Art. 286 StGB. In Trechsel, S., & Pieth, M.(Hrsg.), Schweizerisches Strafgesetzbuch Praxiskommentar (2. Aufl.). Dike Verlag. Wiprächtiger, H. (1997). Gewalt und Drohung gegenüber Beamten oder Angestellten im öffentlichen Verkehr unter besonderer Berücksichtigung des Bahnpersonals. SJZ.
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Internetquellen
Urteilsverzeichnis
American Civil Liberties Union of Connecticut. Know your rights: Recording the police. Letzter Zugriff am 31.08.2023, auf https://www.acluct.org/sites/default/files/field_documents/know_your_rights-_ recording_the_police_11.pdf
BGE 85 IV 142, E. 2
Bundesamt für Statistik. Strafbare Handlungen gegen die öff. Gewalt. Letzter Zugriff am 10.10.2021, auf https://www.pxweb.bfs.admin.ch/pxweb/de/px-x-1903020100_101/pxx-1903020100_101/px-x-1903020100_101.px/table/tableViewLayout2 KKPKS (2021). Facts & figures Polizeibestände 2021. Letzter Zugriff am 30.10.2021, auf https://www.kkpks.ch/de/meldungen/polizeibestaende-2021-250
BGE 120 IV 136, E 2.a BGE 124 IV 127, E. 3.a, S. 130 f BGE 127 IV 115, E. 2., S. 117 BGE 146 IV 126, E. 3.2, S. 130 f BGer 6B_132/2008 vom 13.05.2008, E. 3.3 BGer 6B_672/2011, vom 30.12.2011, E.3.3 BGer 6B_701/2009, vom 14.12.2009, E.1.3. und E. 104 Landesgericht Frankenthal, Beschluss 7 Qs 311/20, vom 17.12.2020
Kronen-Zeitung (2021). Kärntner Polizist klagt Tausende Facebook-User [sic]. Letzter Zugriff am 28.08.2023, auf https://www.krone.at/2511227
Landesgericht München I, Urteil 25 Ns 116 Js 165870/17, vom 11.02.2019
Oberstaatsanwaltschaft Luzern (2022). Jahresbericht 2021. Letzter Zugriff am 25.09.2023, auf https://staatsanwaltschaft.lu.ch/Download
Obergericht des Kantons Bern, Beschluss BK 19 157, vom 03.07.2019
Policethepolice (n. d.). Die Polizei Filmen – So geht’s!. Website nicht mehr verfügbar. Letzter Zugriff am 22.10.2021, auf https ://policethepolice.ch/ ?page_id=336
Landesgericht Osnabrück, Beschluss 10 Qs 49/21, vom 24.09.2021 Obergericht des Kantons Zürich. Urteil UE110156-O/U, E. 1.2 c, vom 23.09.2011 Oberlandesgericht Frankfurt, Urteil 13 U 318/19, vom 19.05.2021 Oberlandesgericht Köln, Urteil 1 RVs 175/21, vom 08.10.2021
Résumé Attaques par smartphones : comment les prises de vues affectent-elles la capacité d’action des forces d’intervention Le présent article se base sur un travail de semestre rédigé dans le cadre d’un master à l’Université de Fribourg et traite des conséquences des attaques par smartphones sur la capacité d’action des forces d’intervention des organisations feux bleus. Aux fins de ce travail, une enquête a été menée en automne 2021 auprès des corps de police suisses.
Comptant 581 participant·e·s, elle peut être considérée comme représentative des quelque 25 000 employé·e·s des corps de police (CCPCS, 2021). Il en ressort notamment que seulement 25,8 % des personnes sondées ont reçu une formation sur le droit à l’image et que 85,2 % ont déjà été filmées sans leur accord. Les résultats de cette enquête ainsi que d’autres ont été analysés et des pistes de solutions ont été identifiées pour la pratique.
Riassunto Attacchi via smartphone: come l’acquisizione di immagini può avere un impatto sulla capacità operativa delle forze di intervento Il presente articolo si basa su una tesina redatta nel quadro di un master all’Università di Friburgo e affronta l’impatto degli attacchi via smartphone sulla capacità operativa delle forze di intervento delle organizzazioni delle luci blu. Nel contesto di questa tesina, nell’autunno del 2021 è stato realizzato un
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sondaggio presso i corpi di polizia svizzeri; con i suoi 581 partecipanti, si può ritenere che lo studio sia rappresentativo dei circa 25 000 dipendenti dei corpi di polizia (CCPCS, 2021). Dallo studio si evince ad esempio che solo il 25,8% degli intervistati è formato sul diritto all’immagine e che l’85,2% è già stato filmato contro la sua volontà. Questi e altri risultati sono stati analizzati e se ne sono dedotte proposte di soluzione per la pratica.
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DE L’ENQUÊTE À L’ÉCRITURE : QUAND LA FICTION ET L’IMAGINATION OUVRENT DES PERSPECTIVES
De l’enquête à l’écriture : quand la fiction et l’imagination ouvrent des perspectives Fabio Benoit Chef Formation Police judiciaire, Office fédéral de la police (fedpol) Écrivain de romans policiers
Résumé Quels parallèles peuvent être faits entre la rédaction de rapports de police et l’écriture de polars ? Leurs natures sont-elles foncièrement antagonistes ? Partant de sa double identité policière et littéraire, l’auteur livre quelques réflexions intimes sur son parcours atypique ayant conduit « le flic » d’alors sur le terrain du roman policier. Il analyse les imbrications possibles entre fiction et réalité, postulant que ce qui n’est pas possible aujourd’hui le sera peut-être demain. La fiction a souvent une longueur d’avance
sur certains dogmes, particulièrement tenaces dans le milieu policier. À l’inverse, les attentes du public se trouvent parfois biaisées par les images fantasmées du métier d’enquêtrice ou d’enquêteur véhiculées par des scénarios trop bien ficelés. La porosité de la frontière entre les deux mondes peut amener une influence positive, pour autant que les forces de l’ordre s’autorisent à considérer créativité et imagination comme motrices de perspectives nouvelles.
Alertée par des voisins1 qui ont entendu des cris et plusieurs coups de feu, la police se rend dans un immeuble locatif où elle découvre le cadavre d’un homme. Des témoins fournissent le signalement d’un individu qui a pris la fuite au moyen d’une voiture. Grâce au dispositif mis en place, à une diffusion L’ image du travail des forces de l’ordre rapide des informations, et de la justice est ainsi faussée aux le véhicule est localisé et intercepté. Un pistolet avec yeux du public qui peut avoir des le chargeur non totalement attentes disproportionnées et ne pas munitionné, ainsi que comprendre les contraintes de la police. trois kilos de cocaïne sont découverts à l’intérieur de l’automobile. L’analyse du téléphone portable du suspect le localise sur les lieux du crime. L’historique du GPS de la voiture révèle l’adresse de la victime. Des témoins reconnaissent le suspect comme étant l’individu ayant pris la fuite après les coups de feu. Le sang retrouvé sur ses vêtements correspond à celui de la victime. Le suspect admet le meurtre, dû à une transaction de stupéfiants qui a mal tourné. Il est déféré devant le Tribunal des mesures de contrainte qui ordonne sa détention. L’ADN, prélevé et analysé, relie le prévenu à la commission de plusieurs vols et brigandages à main armée.
La fiction, une vision de l’avenir ? L’enquête est menée en un temps record, sans aucun incident. Ce genre de situation arrive très souvent… du moins à la télévision ou au cinéma ! La réalité est évidemment tout autre. L’image du travail des forces de l’ordre et de la justice est ainsi faussée aux yeux du public qui peut avoir des attentes disproportionnées et ne pas comprendre les contraintes de la police. Cette discrépance avec la réalité irrite habituellement les policières et les policiers. Mais la fiction ne serait-elle pas une vision de l’avenir ? Ne pourrait-elle pas tôt ou tard nous rattraper et s’immiscer dans la réalité ? Au cours d’une petite introspection, je prends conscience qu’il y a 32 ans, alors que je rejoignais la police un peu par hasard, l’ADN était une notion totalement inconnue. Il en va de même avec des actions aujourd’hui tout à fait banales, comme l’échange d’informations au niveau mondial, l’analyse criminelle opérationnelle, le traitement de données de masse,
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Contrairement à l’usage habituel dans format magazine, l’écriture épicène n’a volontairement pas été appliquée de manière systématique dans cet article, notamment dans les passages fictifs, afin de ne pas dénaturer le style littéraire.
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DE L’ENQUÊTE À L’ÉCRITURE : QUAND LA FICTION ET L’IMAGINATION OUVRENT DES PERSPECTIVES
la téléphonie mobile, l’Internet, les traces de semelles, la photogrammétrie, la reconnaissance faciale, l’infiltration de moyens de communication avec des logiciels espions, la cybercriminalité, la sonorisation de véhicules ou de logements, l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, l’odorologie, etc. Il y a 32 ans, les possibilités d’identification étaient bien moins nombreuses. Le flagrant délit, les empreintes digitales, les témoignages incriminants ou encore les aveux étaient les uniques moyens permettant de confondre une suspecte ou un suspect. Ce qui semble tout à fait commun de nos jours était totalement inconcevable hier. Le monde s’est métamorphosé, les frontières se sont ouvertes, la coopération internationale facilite les échanges et la mondialisation a changé le rapport à l’économie. Le travail de la police est filmé et immédiatement relayé via les réseaux sociaux, la société s’est judiciarisée et des infractions sont même commises dans la réalité virtuelle. Avec Internet et l’intelligence artificielle, le savoir s’est démocratisé. Comme la nature, la criminalité a horreur du vide. Elle a aussi évolué et déniché de nouvelles opportunités. Donner sa place à la créativité La police est composée de femmes et d’hommes qui doivent continuellement développer des compétences pour faire face à l’ingéniosité de la partie adverse ainsi qu’à l’émergence de nouveaux phénomènes et modes opératoires. Il convient ainsi d’évoluer et de faire preuve d’imagination. Une véritable gageure, car la police ressemble plutôt à une vieille dame avec des idées conservatrices, peu ouverte à l’anticonformisme et au changement. Et pourtant, la créativité est l’une des clés essentielles pour tenter de résoudre de nouveaux problèmes sociétaux. Ce qui n’a par contre pas changé, c’est que tout acte d’enquête doit toujours être documenté de manière structurée. Les rapports de police se basent sur des faits, sans juger et sans laisser transparaître des avis personnels ou des émotions. Pourtant, les émotions sont toujours présentes. Normales et humaines, elles happent policières et policiers, télescopent leurs certitudes. Si elles ne sont pas ventilées, elles peuvent les faire vaciller, les rendre insensibles ou cyniques. À l’image des cancérologues qui ne sont confronté·e·s qu’à des tumeurs, policières et policiers affrontent des situations extrêmes et répétitives qui échappent
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à toute norme. Comment alors se protéger face à certains drames toujours connectés à l’humain et ses dérives ? L’expérience est certes indispensable, mais les années peuvent aussi modifier leur motivation et les rêves qui les animaient au début de leur carrière. Devoir d’introspection et vertus de l’empathie Avec un fort devoir d’exemplarité, « le flic » peut négliger ses besoins et être incapable de mettre des mots sur ses propres émotions. Ressentir quelque chose mais le refouler ou ne plus arriver à l’expliciter crée un conflit intérieur. Grâce à des prises de conscience, à l’amélioration du recrutement, à Grâce à des prises de conscience, des formations plus adaptées, le à l’amélioration du recrutement, management policier est devenu à des formations plus adaptées, moins rigide et plus à l’écoute. Il n’est plus honteux aujourd’hui le management policier est devenu pour une policière ou un policier moins rigide et plus à l’écoute. d’oser avouer son mal-être, de faire part de ses doutes, de demander de l’aide ou d’annoncer son souhait de réorienter sa carrière. En ne rédigeant que des rapports juridiques, harmonisés et factuels, l’imagination du personnel policier est bridée. Sans elle, il devient difficile de s’adapter, de percer ses propres motivations et d’anticiper ses réactions. Quelles sont en effet les raisons qui ont poussé un individu à commettre l’irréparable ? Quel a été l’élément déclencheur et pourquoi ce jour-là précisément ? Cette personne a-t-elle ou non des remords ? Et si j’étais à sa place, qu’est-ce qui me pousserait à me dévoiler et à risquer une condamnation ? S’interroger soi-même avant de poser des questions, voilà déjà ce que la créativité peut apporter. Se mettre à la place de l’autre, c’est faire un pas dans sa direction, non pour excuser certains actes mais pour tenter de mieux les comprendre. La rigueur des procédures ainsi que la pression du temps asphyxient la créativité dans le milieu policier avec des collaboratrices et des collaborateurs qui développent de plus en plus de compétences techniques, sécuritaires et juridiques, parfois au détriment des compétences sociales. Tôt ou tard, la policière ou le policier devra demander quelque chose à quelqu’un. Et ce jour-là, si l’empathie n’est pas au rendez-vous, elle ou il se contentera d’un échange formel où, après s’être assuré·e que les droits essentiels aient été respectés, les questions et les réponses s’enchaîneront mécaniquement comme dans une partie de ping-pong.
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DE L’ENQUÊTE À L’ÉCRITURE : QUAND LA FICTION ET L’IMAGINATION OUVRENT DES PERSPECTIVES
Des rapports de police au roman policier Nous avons tous besoin d’évasion, de rêves et de perspectives. Peu importe qu’elle soit réaliste ou non, la fiction permet de réaliser un voyage qui ressource et qui fait oublier les soucis du quotidien. Dans une série TV, un flic fait un lien entre un cadavre et un suspect en retrouvant sur les habits de celui-ci des traces de pollens ayant permis de situer la scène du crime. Pour qu’un tel scénario soit possible, tous les arbres et fleurs de New York auraient dû au préalable être recensés dans une banque de données. Inconcevable aujourd’hui, mais qu’en sera-t-il dans le futur ? Là encore, la fiction pourra-t-elle rattraper un jour la réalité ? L’écriture « flic » reste technico-juridique. En rédigeant un rapport, la policière ou le policier établit et dénonce les faits. Sobre et utilitaire, l’écrit vise à relater ce qui s’est passé et quelles ont été les démarches entreprises. L’écriture scientifique, criminologique, analytique ou juridique se base L’ écriture « flic » reste sur des recherches, des technico-juridique […]. L’ écriture d’un expériences, des lois ou des recommandations et roman est diamétralement opposée. demeure plutôt technique. Elle plonge lectrices et lecteurs dans L’écriture d’un roman est de fausses pistes et leur fait découvrir diamétralement opposée. de nouvelles aventures. Elle plonge lectrices et lecteurs dans de fausses pistes et leur fait découvrir de nouvelles aventures. Elle cherche à leur faire tourner les pages toujours plus vite, à capter leur attention pour les immerger dans un univers où l’identification à des décors, à des situations et à des personnages visualisés mentalement selon les propres schémas de pensée se fait naturellement. Cette écriture romanesque associe des expressions et un vocabulaire bien plus colorés et imagés. Face à un horizon sans fin et à l’immensité du pouvoir des mots, l’auteur·e de romans s’impose un véritable défi. La création lui permet de s’affranchir des barrières ou des procédures et de gambader dans l’univers du tout possible. Cette liberté n’est pas simple à canaliser, car les idées se chevauchent et il s’agit d’essayer de les prioriser. Elles doivent cohabiter et se structurer afin de respecter la trame. Comme dans les rapports de police, il y a aussi une forme d’organisation et de logique, mais qui se déploie bien différemment. Comment et pourquoi devient-on écrivain·e ? Les raisons sont bien sûr individuelles. Ma première
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expérience avec une maison d’édition remonte à la publication, avec feu Olivier Guéniat (ancien Chef de la Police judiciaire du canton de Neuchâtel), de l’ouvrage « Les secrets des interrogatoires et des auditions de police » (Benoit & Guéniat, 2011). Celui-ci avait pour but d’étudier et de recenser les meilleures pratiques en les illustrant d’exemples vécus afin d’améliorer la formation des policières et des policiers. De la noirceur peut aussi naître la lumière Dans mon activité d’officier de police, bien qu’ayant été confronté à de nombreuses reprises à la mort et à des situations dramatiques, j’étais toujours parvenu à dissocier ce qui se passait dans ma vie professionnelle et privée. Mais, en 2017, le décès abrupt d’Olivier, avec qui nous projetions l’écriture d’un nouvel ouvrage de criminologie, m’a totalement ébranlé. Au fil des semaines, je ressentais une tristesse et une douleur qui s’amplifiaient. Dans l’incapacité à exprimer ce qui m’animait, quelque chose d’inconnu m’emprisonnait dans une noirceur qui s’insinuait toujours plus profondément. Le chagrin me submergeait, il me vidait de toute énergie. Pour ne pas continuer à sombrer, pour ne plus visualiser cette dernière image d’Olivier ainsi étendu de manière définitive, pour ne plus me poser de questions qui n’amenaient aucune réponse, je devais agir et remonter la pente. Ne pouvant me résoudre d’écrire notre projet sans lui, l’idée d’une fiction m’est soudain apparue. Avec une écriture quasi maniaque, durant cinq semaines, jours et nuits, « Mauvaise personne » (Benoit, 2018) était né. L’énergie destructrice qui me dévorait s’était peu à peu transformée en une forme de fécondité qui m’ouvrait les yeux sur un monde nouveau. Cette écriture-là était radicalement différente de ce que j’avais connu. Elle était libératoire, une véritable catharsis. Épuisé mais retrouvant le sourire et la joie de vivre, j’ai peaufiné mon texte et me suis mis en quête d’un éditeur. Les Éditions Favre à Lausanne m’ont magnifiquement accompagné et soutenu. « Mauvaise personne » a remporté le prix littéraire Valora des kiosques suisses et m’a valu d’être nommé parmi les personnalités de Suisse romande au Forum des 100. En écrivant, je ressentais une force créatrice d’une puissance indescriptible. Je percevais mon environnement avec d’autres lunettes de lecture et découvrais un monde fascinant. Cela m’a incité à continuer avec « Mauvaise conscience » (Benoit, 2019) et « L’ivresse des flammes »
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DE L’ENQUÊTE À L’ÉCRITURE : QUAND LA FICTION ET L’IMAGINATION OUVRENT DES PERSPECTIVES
(Benoit, 2020), qui a obtenu le 2e prix du polar suisse. Après de nouvelles recherches, j’ai revu et adapté « Les secrets des interrogatoires et des auditions de police ». Prochainement, un article scientifique sera publié chez Helbing Lichtenhahn sur le thème de l’aveu. Contrairement à « Mauvaise personne », qui m’a arraché à la mélancolie et permis de faire mon deuil, ces écritures-là ont été réalisées dans un état d’esprit totalement différent, beaucoup plus positif. Un esprit en état d’alerte permanent On écrit une fiction pour soi, pas pour plaire aux autres. C’est un acte fondamentalement égoïste qui me plonge dans une galaxie qui n’appartient qu’à moi, où l’inspiration prend le dessus et ne me lâche que péniblement. C’est pourquoi je suis toujours muni d’un petit carnet où je note rapidement les diverses idées qui me traversent, car, craintives, elles ont toujours tendance à vouloir prendre la fuite. Durant la période d’écriture, l’esprit devient alerte, les sens se développent. À part mes personnages, personne ne peut s’introduire dans cette bulle. Lorsque le roman est terminé, qu’il est soumis à l’éditeur, un autre processus s’enclenche avec une phase de doutes et de deuil, car l’histoire ne m’appartient plus. L’égoïsme s’évapore et une nouvelle période prend place, celle du partage et des échanges avec les lectrices et lecteurs, les journalistes ou les libraires. Les dédicaces, les interviews et les conférences s’enchaînent. Un nouveau cycle qui offre un décor et des contacts avec des clientes et clients bien différents de ceux de la police. L’écriture, tout comme la lecture, ouvre des champs de vision, amène de nouvelles perspectives et améliore la capacité d’écoute. En écrivant, bien que happé par la création, je deviens alerte à tout ce qui m’entoure. Cette énergie m’aide à être moins pressé, à ne pas être axé que sur le résultat final, à mieux percevoir chaque sens et à être plus attentif. Il peut d’ailleurs y avoir des situations saugrenues où soudain, dans un établissement public, je remarque un client avec un visage ou des gestes si particuliers que je dois absolument me les remémorer. Cela en devient obsessionnel. Il est impératif que je le décrive dans mon carnet, car il pourrait parfaitement correspondre à un personnage de mon histoire. L’écoute se développe et cela se répercute au travers des dialogues qui animent mes romans.
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Ne pas mélanger les genres On n’invente rien, on part toujours de quelque chose ! Même si l’écriture d’un roman est différente de celle d’un rapport de police, mon métier de base d’enquêteur n’est jamais très loin. La rédaction d’un polar commence par un détail, un vécu ou des recherches sur des thématiques bien précises. Pour « L’ivresse des flammes », je me suis documenté sur les pyromanes afin de mieux déchiffrer leurs pulsions et les raisons de leur passage à l’acte. Je suis allé visiter le berceau du banditisme sarde où, sans divulguer ma profession, j’ai posé çà et là quelques questions. C’est ainsi que j’ai pu recueillir le témoignage d’un homme qui m’a décrit le kidnapping avec demande de rançon subi par son oncle, me permettant d’illustrer le phénomène des enlèvements. L’aspect historique de l’île a été développé pour mieux saisir l’essor du banditisme qui y était à l’époque prégnant. Dans un des dialogues, j’ai repris la méthode de l’entretien cognitif entre une enquêtrice et une profileuse pour faire raviver certains souvenirs. Sans être flic, cela serait plus difficile à réaliser. L’expérience exerce une forte influence et le métier d’enquêteur donne de la crédibilité. Il s’agit néanmoins de ne pas mélanger les genres. La fiction doit rester présente et offrir un voyage qui Un roman qui n’évoquerait que interroge et marque les esprits. des contraintes procédurales trop Un roman qui n’évoquerait que précises et le temps réellement des contraintes procédurales trop nécessaire pour mener une enquête précises et le temps réellement nécessaire pour mener une ne permettrait pas aux lectrices et enquête ne permettrait pas aux lecteurs de véritablement s’évader. lectrices et lecteurs de véritablement s’évader. Chaque écrivain·e a sa méthode. Comme je souhaitais d’abord travailler sur les personnages et les rendre vivants, un style devait être développé afin que le lecteur puisse s’immerger dans leurs têtes. Je me suis mis à lister les noms des personnages, leurs descriptions physiques, leurs caractères. Mais aussi leurs penchants et prédispositions, leurs forces et leurs faiblesses. C’est ainsi que le style choral s’est rapidement imposé avec une répartition de la narration de chacun des personnages à chaque chapitre. De cette manière, le cerveau des lectrices et lecteurs pouvait découvrir les pensées des uns et des autres et aborder différents points de vue. Je tente de duper avec des rebondissements pour découvrir comment la police parvient à piéger des criminel·le·s avec des méthodes parfois difficiles à justifier dans la vie d’un flic.
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La formidable échappée offerte par le roman policier La noirceur et les actes criminels sont édulcorés par une forme d’humour décalé. Comme avec un incident ou une petite chose absurde qui peut déclencher quelque chose d’énorme et qui devient incontrôlable. C’est ainsi que peuvent d’ailleurs naître certaines trajectoires criminelles. Je garde cette volonté de chasser toute idée arrêtée du bien et du mal, d’explorer les doutes, de balayer des certitudes et de comprendre les motivations de certains salauds qui, malgré les horreurs commises, peuvent avoir un côté attachant. L’écriture d’un roman est une formidable échappée. Il est possible d’y détailler des caractères ciselés dans la pâte humaine et de préciser les émotions ressenties par les personnages. Ce qui serait impensable dans un rapport de police, comme avec cet exemple tiré de « L’ivresse des flammes » : « Le vert de ses iris est si intense que je crois y voir une prairie irlandaise au printemps. Un paysage arrosé d’une pluie qui déborde de son regard désespéré » (Benoit, 2020). Pour décrire un individu qui ment ou un criminel de grande envergure, je ne pourrais jamais évoquer : « Pour un flic, la mauvaise foi est comme un immonde furoncle sur le nez d’un mannequin, tout simplement insupportable ! » – « Pour la première fois de sa vie de crapule, il va prendre conscience qu’il n’est pas tout en haut de la chaîne alimentaire » (extraits de « Mauvaise conscience », Benoit, 2019). Une policière ou un policier doit s’intéresser à la partie adverse, savoir comment elle raisonne pour saisir comment et pourquoi elle a agi. Pour y parvenir, la créativité est de mise et il faut oser pénétrer dans des territoires inconnus en s’adaptant à chaque nouvelle situation. En m’immergeant dans les raisonnements de mes personnages pour déchiffrer leurs doutes, leurs peurs et leurs mobiles, j’apprends à mieux me mettre à la place de l’autre et garde conscience qu’il suffit parfois d’un tout petit rien pour basculer. Cette approche est un soutien face aux drames qu’un flic peut rencontrer. Durant mes années d’activité à la police, j’ai pu constater à quel point la fiction pouvait, au fil du temps, rattraper la réalité. Il suffit par exemple de penser à l’interconnectivité des objets, des véhicules ainsi que des moyens de communication pour vite réaliser les champs d’investigation extraordinaires qui bientôt verront le jour.
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La fugue par la lecture et l’écriture a l’avantage de rappeler que chaque individu est bousculé par des perceptions différentes. Le métier de flic n’est pas qu’utile, il est indispensable. Pour le réaliser convenablement et avec conviction, il ne faut jamais devenir une personne monomaniaque qui ne voit dans le monde que des horreurs. Gardons une âme d’enfant, ne tuons pas notre imagination et ne refusons pas la fiction. Aussi invraisemblables et fertiles qu’elles puissent sembler, toutes deux ouvrent des perspectives, nous aident à mieux vivre et à gagner en humanité.
Bibliographie Benoit F. (2020). L’ ivresse des flammes, Lausanne : Éditions Favre. Benoit F. (2019). Mauvaise conscience, Lausanne : Éditions Favre. Benoit F. (2018). Mauvaise personne, Lausanne : Éditions Favre. Benoit F. & Guéniat O. (2011). Les secrets des interrogatoires et des auditions de police : traité de tactiques, techniques et stratégies : deuxième édition. Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes (EPFL Press).
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Zusammenfassung Von der Ermittlungsarbeit hin zum Schreiben: Wenn Fiktion und Fantasie neue Perspektiven eröffnen Welche Parallelen könnte es zwischen dem Verfassen von Polizeiberichten und dem Schreiben von Krimis geben? Stehen diese Aktivitäten von Natur aus im Widerspruch? Ausgehend von seinem Doppelleben als Polizist und Schriftsteller gewährt der Autor dieses Artikels sehr persönliche Einblicke in seinen untypischen Lebensweg vom «Bullen» an der Front zum Krimiautor. Er analysiert die möglichen Überschneidungen zwischen Fiktion und Realität, aufbauend auf dem Postulat, dass das,
was heute noch nicht möglich ist, es immer noch werden kann. Dabei ist die Fiktion gewissen dogmatischen Überzeugungen, die sich im Polizeimilieu besonders hartnäckig halten, häufig eine Nasenlänge voraus. Im Umkehrschluss stehen die Erwartungen der Öffentlichkeit häufig unter dem Einfluss des fantasiereich konstruierten Ermittlerbildes aus Büchern und Filmen. Die Durchlässigkeit zwischen diesen zwei Welten kann sich jedoch auch positiv auswirken, vorausgesetzt, man lässt auf polizeilicher Seite zu, dass Kreativität und Fantasie den Antrieb für neue Perspektiven liefern können.
Riassunto Dall’indagine alla scrittura: nuove prospettive grazie alla narrativa e all’immaginazione Quali sono i parallelismi tra la redazione di un rapporto di polizia e la scrittura di un giallo? Si tratta di due attività intrinsecamente opposte? Partendo dalla sua doppia identità poliziesco-letteraria, l’autore illustra alcune riflessioni personali sul suo percorso atipico che ha portato il «poliziotto» di allora verso il romanzo poliziesco. L’autore analizza i possibili intrecci tra narrativa e realtà, sostenendo che ciò che oggi è impossibile potrebbe non esserlo domani.
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La narrativa è spesso all’avanguardia relativamente a certi dogmi che sono particolarmente persistenti nella polizia. Al contrario, le attese del pubblico sono talvolta influenzate dall’immagine fantasiosa della professione di inquirente veicolata da alcune sceneggiature troppo romanzate. Tuttavia, la porosità della divisione tra questi due mondi permette talvolta un’influenza positiva, a patto che le forze dell’ordine accettino di considerare la creatività e l’immaginazione come forze trainanti di nuove prospettive.
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DRONES POLICIERS EN SUISSE : UNE REDÉFINITION DU REGARD AÉRIEN
Drones policiers en Suisse : une redéfinition du regard aérien Silvana Pedrozo Docteure en géographie Collaboratrice scientifique Recherche, Institut Suisse de Police
Résumé
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Les années 2000 sont marquées par une digitalisation plus forte des activités policières à une échelle internationale. Les drones – aéronefs sans pilote à bord – participent à cette évolution sans précédent, qui transforme la manière de sécuriser l’espace public au travers de nombreuses missions telles que la recherche de personnes, la gestion de crise et la surveillance. En Suisse, de plus en plus de polices cantonales déploient des drones, ce qui redéfinit le regard aérien de ces acteurs. Le présent article cherche dès
lors à analyser comment les pratiques aériennes se sont progressivement transformées à partir d’une enquête de terrain menée auprès du Groupe de travail Drones (GT-Drones) de la Police neuchâteloise (Suisse) entre 2015 et 2019. Pour cela, cette étude analyse les particularités du regard aérien en se focalisant sur son caractère mobile, flexible et distant afin de saisir comment l’usage de drones redéfinit les pratiques policières contemporaines, au travers de nouvelles relations que la police entretient avec le territoire.
1. Introduction Parmi les institutions publiques à vocation sécuritaire, la police est la plus affectée par le développement des technologies numériques. Si la technicisation des pratiques policières n’est pas un phénomène nouveau puisqu’il se manifeste dès la fin du XIXe siècle, les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont accéléré ce processus depuis les années 2000 (Dupont, 2004). Avec une fréquence d’utilisation très variante selon les pays et régions, ces engins sont principalement utilisés pour sécuriser l’espace public depuis les airs. Grâce aux images aériennes qu’ils captent ainsi qu’aux autres données produites, ils servent à mieux visualiser les scènes d’accidents, rechercher des personnes disparues, localiser des personnes suspectes ou surveiller les manifestations (sportives, politiques, etc.), les routes et les frontières (Bracken-Roche, 2016 ; Pedrozo, 2020). Leur potentiel est donc grand et grandissant, bien que ces engins détiennent également leurs limites et leurs potentiels risques. En abordant cette problématique, le présent article s’inscrit dans une littérature interdisciplinaire qui discute des spécificités du regard aérien à
des fins de sécurité publique. Il contribue en particulier aux recherches portant sur les nouvelles technologies numériques (drones, satellites, etc.) qui jouent un rôle dans la manière de sécuriser l’espace public depuis les airs (Klauser, 2017). En effet, le recours aux technologies numériques par différentes institutions publiques (p. ex. police ou armée) vise à mieux gérer et contrôler le monde globalisé marqué par des flux d’humains et d’objets toujours plus croissants. La récolte et l’exploitation de données numériques par les acteurs publics de la sécurité se trouvent dès lors au cœur de nouvelles relations de pouvoir qui affectent les interactions entre les forces de l’ordre et les acteurs (usagers et non-usagers) qui l’entourent (Klauser, 2017). Le cas spécifique des drones policiers suisses illustre bien la complexité que pose le déploiement d’une technologie aérienne pour sécuriser l’espace public. Alors que les drones policiers sont quotidiennement utilisés dans certains pays tels que les États-Unis (Sandvik, 2016), l’Angleterre (White, 2020) ou la Chine (Hamm, 2019), leurs usages en Suisse sont réservés à certaines missions (p. ex. relevé de traces, observation aérienne et recherche de personnes)
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DRONES POLICIERS EN SUISSE : UNE REDÉFINITION DU REGARD AÉRIEN
(Pedrozo, 2020). De fait, bien que les premiers usages de drones policiers suisses datent de 2007 (dans le canton de Berne), l’évolution est progressive et propre à chaque canton. Le cas de la police de Neuchâtel (PONE) recèle toutefois des particularités à l’échelle nationale. En effet, la PONE est la première police romande à acquérir deux drones en 2013–2014. En 2015, elle a ensuite mis sur pied un groupe de travail (GT-Drones) chargé de mener une réflexion sur l’usage de drones policiers à l’avenir. En 2018, ce groupe de travail a rendu possible l’achat d’un mini-drone d’intérieur ainsi que d’un drone de hautes performances de plus de CHF 50 000. D’un point de vue théorique et afin d’analyser comment le regard aérien et policier affecte la manière de sécuriser l’espace public, cet article considère le drone comme un médiateur qui a la capacité d’agir, de rendre les relations possibles, mais également de les délimiter (Raffestin, 1984). Le drone est également considéré comme un système sociotechnique (Latour, 2014), ce qui permet de prendre en compte le rôle des multiples « actants » (Latour, 2014) qui interviennent et influencent leurs usages. Partant de ces considérations, cet article propose une réflexion sur la manière dont les drones policiers modifient les pratiques sécuritaires et (re)définissent les relations qu’entretient la police avec le territoire. Pour cela, nous structurons cet article en nous focalisant sur le caractère mobile, flexible et distant du regard aérien. Le matériel empirique utilisé pour appuyer notre fil argumentatif se base sur des entretiens semi-directifs, des observations de terrain et l’analyse de documents récoltés entre 2015 et 2019. Une actualisation des données a également été réalisée en 2023 auprès de la PONE. Dans un premier temps, l’article présente le terrain étudié et la méthodologie retenue. Dans un deuxième temps, nous proposons une analyse découpée en trois parties ciblant les spécificités du regard aérien. La première porte sur son caractère mobile. La seconde partie se concentre sur son caractère flexible et la troisième partie examine les particularités relatives à sa mise à distance. Avant de conclure, une section discute également de la formation policière en matière d’utilisation de drones. Les enseignements proposés dans la conclusion permettent de comprendre comment le regard aérien produit par les drones modifie les pratiques policières contemporaines.
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2. Terrain d’étude et méthodologie : étudier le « passage » aux drones policiers Le présent article se base sur une étude de terrain approfondie menée entre 2015 et 2019 auprès de la PONE ainsi que sur une actualisation des données récoltées au travers d’un entretien avec un adjudant spécialisé en matière de drones de ce corps de police en avril 2023. L’intérêt d’enquêter dans ce milieu policier porte sur trois points. En premier lieu, il convient de rappeler que la PONE est la première police en Suisse romande à La PONE est la première police avoir acquis des drones en en Suisse romande à avoir acquis 2013–2014. Elle a ensuite mis des drones en 2013–2014. sur pied un groupe de travail (GT-Drones) que nous avons Elle a ensuite mis sur pied pu suivre durant plus de quatre un groupe de travail (GT-Drones). ans. Ce groupe de travail a permis l’acquisition d’un nouveau drone de hautes performances en 2018–2019, ce qui a offert un contexte de recherche inédit permettant de saisir le processus d’acquisition, d’utilisation et de formation d’une « nouvelle » technologie aérienne et numérique. Deuxièmement, le choix de cette étude de cas découle des débats sur les drones à des fins de sécurité publique. En effet, leurs usages entraînent toute une série de débats politiques et sécuritaires qu’il conviendrait de mieux documenter et analyser lorsque l’on parle de drones policiers, et non militaires, par exemple. Finalement, l’intérêt pour ce terrain d’étude se justifie par l’émergence d’une réflexion plus globale relative aux usages de drones policiers à une échelle suisse et internationale. Alors que leur acquisition dépend de la compétence de chaque canton, on constate des efforts de coordination et de collaboration à une échelle nationale. Cette étude de terrain s’est dès lors déroulée à un moment clé marquant « le passage » aux drones policiers en Suisse. Concernant l’étude de cas réalisée, la PONE nous a donné accès à l’ensemble des activités (p. ex. rencontres, documents, formations) du GT-Drones. Durant l’étude de terrain, trois méthodes qualitatives ont été menées : (1) les entretiens semi-directifs, (2) l’observation de terrain et (3) l’analyse de documents. Au total, une dizaine d’entretiens semi-directifs ont été réalisés, enregistrés et retranscrits dans leur totalité. Ils ont été réalisés auprès de six policières et policiers d’entités différentes (la police judiciaire, de la circulation, des accidents, de la sécurité des entreprises horlogères, des sciences forensiques
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DRONES POLICIERS EN SUISSE : UNE REDÉFINITION DU REGARD AÉRIEN
et le Groupe Intervention). Nous avons également procédé à des observations de terrain lors des séances du GT-Drones ainsi que lors d’engagements et de démonstrations des drones policiers. Ces observations de terrain ont également permis de récolter des données lors de rencontres avec d’autres acteurs publics tels que le service d’archéologie, le service du feu ainsi que les commerces privés de drones. Une analyse de documents officiels (policiers et politiques) a également été réalisée. Enfin, plusieurs échanges ont été menés avec un ancien membre du GT-Drones afin d’actualiser les données. 3. Analyse : Vers une meilleure compréhension des spécificités policières du regard aérien 3.1 Un regard mobile Fondamentalement mobiles (Graham & Hewitt, 2013), les drones font désormais partie des « nouvelles » technologies très convoitées par les forces de l’ordre. Outils de production, de transmission et de traitement de l’information spatiale venant accroître la localisation des individus et des objets ainsi que la visibilité du territoire, ils surplombent le territoire afin Leurs déplacements et leur regard de maximiser la récolte aérien ouvrent de nouvelles possibilités de données numériques. d’exploiter des données sur les objets Leurs déplacements et leur regard aérien ouvrent et les individus et d’ainsi tracer et trier dès lors de nouvelles les mobilités toujours plus croissantes possibilités d’exploiter des de la société contemporaine. données sur les objets et les individus et d’ainsi tracer et trier les mobilités toujours plus croissantes de la société contemporaine (Jensen, 2016). En Suisse, la mobilité des drones policiers est un atout de taille pour gérer certaines missions se déroulant dans l’espace public. En particulier, elle permet de mieux contrôler et gérer les individus et objets qui se trouvent dans le territoire national, qui le traversent, entrent ou en ressortent (Pedrozo, 2020). À la PONE, les drones servent en particulier à observer verticalement les (grandes) zones urbaines ou rurales, à suivre des individus et des objets, ainsi qu’à rester parfois immobile au-dessus d’un point fixe (Rapport final du GT-Drones, mars 2017). L’intérêt de cette technologie pour la police porte également sur sa rapidité, sa furtivité et son coût moins élevé que le déploiement d’un hélicoptère pour des missions analogues (p. ex. observation aérienne, recherche de personnes).
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Il convient de mentionner que le caractère mobile des systèmes de drones a été un critère décisif dans l’acquisition des derniers engins de la PONE (entretiens, groupe technique, accidents, 28.06.2016). De ce fait, l’achat de nouveaux drones en 2018 a ouvert la voie à de nouvelles missions telles que la traçologie ou l’observation à plus longue distance (Rapport final du GT-Drones, mars 2017) et a permis d’augmenter la disponibilité du dispositif (24h/24h). En résultent des pratiques aériennes plus régulières, bien que non systématiques, dont découlent un développement et un prolongement des zones d’action. La visibilité aérienne et les données numériques sur les espaces à sécuriser ont ainsi laissé la place à une nouvelle manière de gérer l’espace depuis le haut. En pratiquant l’espace aérien, la police accède désormais au tridimensionnel. Le regard technomédiatisé depuis les airs crée dès lors un nouveau rapport aux espaces observés grâce aux données numériques qui en sont extraites. Les capteurs et caméras des systèmes de drones vont dès lors viser des points précis dans l’espace, observer des lignes de séparation ou de connexion ou couvrir des surfaces plus larges afin de sécuriser le territoire. Ces trois composantes – le point, la ligne et la surface (Raffestin, 2019) – sont complétées par une quatrième composante, celle de l’air, qui rend possible une observation aérienne plus zonale et « volumineuse ». C’est précisément cette observation aérienne plus zonale et « volumineuse » qui bouleverse les relations que la police entretient avec le territoire. Effectivement, notre analyse suggère que l’usage de drones peut renforcer les relations au territoire grâce à une nouvelle présence aérienne plus mobile géographiquement. Ainsi, les déplacements aériens augmentent la récolte et l’analyse de données numériques sur les zones d’action observées, ce qui redéfinit potentiellement les stratégies d’engagements de la police. 3.2 Un regard flexible La littérature sur les drones discute passablement de la flexibilité spatiale du regard offert par cette technologie (Blackmore, 2005). Sont souvent évoquées les capacités des drones à surveiller à différentes échelles géographiques (au moyen d’un zoom), de manière simultanée et en combinant différentes logiques spatiales (Klauser, 2013), telles
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que l’observation continue d’objets mobiles en vol ou la surveillance des frontières fixes. À cela s’ajoute la capacité des drones à porter de nombreuses entités (senseurs, caméras, etc.) placées sur l’appareil et interconnectées à d’autres technologies (Wall & Monahan, 2011), ce qui rend leurs usages toujours plus adaptables aux besoins des utilisatrices et utilisateurs. Les drones offrent ainsi une flexibilité tant spatiale que fonctionnelle, souvent décrite comme étant au cœur de leurs développements. La flexibilité des drones de la PONE se caractérise par la relative petite taille des engins, leurs caméras (infrarouges), leur retour d’images, leurs capteurs thermiques ainsi que par leur capacité de charges transportables (p. ex. un téléphone, un médicament, un message). Selon nos interlocutrices et interlocuteurs, la modulabilité de ces différents éléments est un réel atout technique qui offre une visibilité inédite et des données sur mesure qui n’étaient pas (ou difficilement) récoltées auparavant. Ces dernières sont perçues comme un soutien important pour certaines missions telles que le relevé de traces d’accidents (figure 1), la cartographie (de prisons, centres commerciaux, stades), l’appui à d’autres acteurs de la sécurité publique (p. ex. les services du feu) (figure 2) ou encore la recherche de personnes (au-dessus des forêts et des lacs) (figure 3). Comme le démontrent les figures 1 à 3, les drones actuels de la PONE sont régulièrement déployés pour toutes sortes de missions dans lesquelles le regard
aérien apporte une plus-value conséquente pour les professionnel·le·s du terrain. En effet, en fonction des besoins spécifiques de la mission, les policières et policiers ont ainsi accès à des informations ciblées et sur mesure leur permettant d’anticiper des actions sur le terrain, d’organiser l’engagement tout en ciblant les potentiels risques (humains, matériels) ainsi que de stocker des données afin de garder des traces après l’événement. Déployer les drones en faisant appel à tout leur panel de fonctionnalités conduit la police à développer de nouvelles compétences techniques et tactiques. Les forces de l’ordre sont amenées à utiliser
Figure 1 : Traçologie (PONE, 2023)
Figure 3 : Utilisation de la caméra thermique dans un port (PONE, 2023)
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Figure 2 : Soutien au service du feu (PONE, 2023)
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Figure 4 : Pilotage de drone I (PONE, 2015)
Figure 5 : Pilotage de drone II (PONE, 2015)
un (nouvel) outil technologique quotidiennement qui redéfinit leur manière d’agir. Le regard aérien de points et zones d’action pratiquées améliore ainsi les connaissances des environnements fréquentés désormais depuis les airs. C’est donc l’utilisation régulière de cette technologie qui a permis aux membres du GT-Drones d’acquérir une familiarisation essentielle non seulement avec l’engin, mais également avec les espaces à sécuriser.
l’appareil qui ne s’éloigne dès lors qu’à une faible distance. On en déduit dès lors que la PONE a été séduite par la possibilité d’utiliser un outil sécuritaire mis à distance pour plusieurs raisons. La première raison concerne la possibilité de redéfinir les tactiques d’engagements. En effet, un regard distant offre des atouts non négligeables qui permettent de mieux gérer des situations. Dans le cas d’un incendie, par exemple, le regard aérien permet de mieux déterminer l’étendue du feu et les zones d’action plus à risques. Deuxièmement, l’usage de drones permet de réduire certains risques humains et matériels lors de missions périlleuses pour la vie des policières et policiers. Enfin, n’oublions pas qu’il s’agit d’une technologie numérique pouvant être mise en relation avec d’autres outils mis à distance (GPS, smartphones, etc.), ce qui peut être très utile lorsque les événements à gérer se situent à différentes échelles géographiques (p. ex. actes terroristes interconnectés). Si la mise à distance détient de nombreux avantages, certains auteurs (Williams, 2015 ; Wall & Monahan, 2011) y voient aussi des risques. En effet, la littérature scientifique sur le sujet évoque la déconnexion possible entre la ou le pilote et la machine dont découlent des risques sécuritaires, éthiques, mais aussi psychologiques pour les policières et les policiers qui se trouvent éloigné·e·s des zones d’intervention. Il s’agit toutefois de contextes internationaux (USA, Brésil, Chine) très différents du contexte suisse, dans lesquels les polices utilisent des drones plus autonomes et performants qui se trouvent éloignés de leur pilote. Dans notre cas précis, la proximité reste de mise et est souhaitée
3.3 Un regard distant Le drone suppose une mise à distance avec les personnes qui l’emploient et les non-usagères et non-usagers qui l’entourent (Wall & Monahan, 2011). Certain·e·s auteur·e·s le définissent comme une « technologie distante » qui engendre une distance non seulement physique et sociale, mais également mentale (Pedrozo & Klauser, 2018). Au même titre que les caméras de vidéosurveillance, les drones offrent dès lors la possibilité de reléguer la régulation des espaces publics à des technologies et à des individus qui sont spatialement éloignés. Utiliser des drones invite dès lors à exercer des pratiques sécuritaires renouvelant les méthodes plus classiques telles que le contrôle « face-to-face » requérant une coprésence humaine et directe des individus (Pedrozo, 2020). Dans notre étude de cas, ce constat mérite d’être relativisé. En effet, la distance qui sépare la ou le pilote de l’appareil est limitée en fonction de l’autonomie du drone. À la PONE, celle-ci est d’environ une heure, ce qui suppose des vols à proximité de la ou du pilote. Comme en témoignent les illustrations suivantes (figures 4 et 5), un contact visuel est – la plupart du temps – maintenu avec
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par la police afin de pouvoir intervenir rapidement sur le terrain. Précisons également que les drones de la PONE sont utilisés au-dessus d’environnements connus et parcourus régulièrement, ce qui diminue les risques liés à la virtualisation et à la déshumanisation des pratiques policières. 3.4 Une formation harmonisée à l’échelle nationale ? L’introduction d’un nouveau dispositif aérien mobile, flexible et distant dans le milieu policier demande une formation spécifique pour le personnel. Si nous nous intéressons à cet aspect, c’est que les choix et les moments de formation sont des facteurs clés qui influencent également la manière dont les policières et policiers vont utiliser le regard aérien et donc modifier leurs pratiques professionnelles au quotidien. Au travers de notre enquête de terrain, nous nous sommes donc demandé comment la PONE avait progressivement formé ses pilotes et assistant·e·s au pilotage de drones. Premièrement, nous observons que la PONE a fait le choix de mettre en place une formation initiale en faisant appel à des acteurs privés ainsi qu’aux connaissances personnelles de ses policières et policiers expérimenté·e·s et parfois passionné·e·s d’aéromodélisme. En ce qui concerne les acteurs privés mandatés, il s’agit d’une école de pilotage de drones qui offre un bagage principalement pratique et technique sur cinq jours. Durant cette formation, les professionnel·le·s s’exercent à piloter des drones pour les missions le plus fréquentes telles que la recherche de personnes ou la photogrammétrie. Après la formation de base, l’entraînement se poursuit à la PONE, durant le temps de travail. Il s’agit dès lors de mieux maîtriser le dispositif en s’exerçant ainsi qu’en intégrant les drones dans des missions du quotidien. Les exercices sont ainsi de plus en plus variés et spécifiques aux environnements du canton de Neuchâtel. En nous informant sur les formations suivies par d’autres polices cantonales, nous observons qu’en Suisse, la formation de base n’est pas harmonisée. Bien que certains corps de police partagent parfois leurs contacts et expériences, au final, chaque police cantonale décide où, comment et à qui elle fait appel pour former ses effectifs. Cela s’expliquerait par le fait que les drones policiers ont été introduits progressivement dans les polices cantonales et que les types de drones diffèrent d’un corps de police à l’autre
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(entretien avec la PONE, 2023). À cela s’ajouteraient également des questions de disponibilité du personnel pouvant déployer des drones, d’intérêt et d’habitude de faire appel à ce genre de technologie. Des enjeux budgétaires influenceraient également les choix de formation et matériel. En ce qui concerne la formation continue, elle dépend également de la volonté de chaque corps de police. Pour l’heure, aucune directive n’exige un perfectionnement ou une spécialisation liés au pilotage de drones. Il convient toutefois de mentionner que l’Institut Pour l’heure, aucune directive Suisse de Police propose – une n’exige un perfectionnement ou fois par an – une journée de perfectionnement en Suisse une spécialisation liés au pilotage alémanique pour les pilotes de drones. visant à consolider leur expérience et à actualiser leurs connaissances. Un « workshop Drone » de trois jours est également en train d’être mis sur pied en Suisse romande. La première édition est prévue fin 2024. Ces cours de perfectionnement contribuent à proposer une formation « continue » institutionnalisée mise à disposition des polices. En conclusion, les données récoltées ne nous permettent pas de cerner davantage l’impact spécifique des formations sur les pratiques policières quotidiennes. Toutefois, ce que démontre notre analyse, c’est que les corps de police sont encore en train de « passer » aux drones dans leurs institutions et que les formations initiales reçues par les policières et les policiers divergent passablement d’une institution à l’autre, puisqu’elles dépendent essentiellement des choix de formation prise à l’interne. Il semble néanmoins que cela soit amené à changer ces prochaines années. Un alignement au règlement européen est à prévoir pour la Suisse. En résulterait dès lors la mise en place d’une formation de base (voire continue) exigée et homogénéisée à l’échelle nationale dans des centres ou instituts de formation reconnus par la Confédération. 4. Conclusion : un regard aérien qui redéfinit les pratiques policières L’objectif de cet article était de saisir comment l’accès à un (nouveau) regard aérien redéfinit certaines pratiques policières contemporaines. Afin de structurer notre argumentation, nous avons discuté des caractéristiques principales du regard aérien, c’est-à-dire, sa mobilité, sa flexibilité et sa
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mise à distance. L’analyse de ces trois particularités a permis de tirer plusieurs enseignements. En premier lieu, la mobilité du regard aérien offre une observation plus zonale et volumineuse qui n’était pas disponible auparavant. Plus spécifiquement, l’utilisation de drones permet d’élargir les zones d’action (p. ex. lieu d’un événement), de cibler des points précis (p. ex. un immeuble), et de suivre des lignes (p. ex. réseaux routiers) (Raffestin, 1984). Sont ainsi enregistrées, triées et stockées davantage de données numériques qui ouvrent le champ à de nouvelles possibilités d’intervention et d’analyses. L’accès quotidien à une visibilité inédite du territoire depuis les airs offre à la police l’opportunité de se (ré)approprier les espaces (in)connus. Notre analyse a ensuite porté sur la flexibilité du regard aérien. Les caméras mobiles performantes placées sur l’appareil rendent le regard des drones très flexible en fonction de son utilisatrice ou utilisateur. L’observation aérienne devient plus spontanée et sur mesure, bien qu’elle puisse également générer une masse de données considérables à gérer et interpréter par des spécialistes en la matière. La police détient dès lors des données et traces très précises, enregistrées et stockées qui favorisent une plus grande pratique et connaissance du territoire. En s’intéressant à ce que la distance implique pour le regard aérien, notre analyse démontre que la mise à distance reste relativement limitée en raison de la faible autonomie des drones. Si certaines études suggèrent que l’usage d’une technologie aérienne mise à distance peut engendrer une virtualisation et/ou une déshumanisation des pratiques sécuritaires, notre analyse n’arrive pas aux mêmes conclusions. En effet, dans notre cas précis, les drones policiers sont utilisés non loin des officières et officiers qui connaissent bien le terrain et peuvent intervenir dans de courts délais. Ici, le regard aérien distant participe à une meilleure connaissance des environnements pratiqués tout en minimisant les risques humains et matériels. La problématique de cet article permet de tirer de nouveaux enseignements concernant l’impact du regard aérien sur les pratiques policières ; complétant ainsi une littérature académique émergente sur la manière dont les forces de l’ordre sécurisent l’espace public depuis les airs. Il offre notamment de premiers éléments de réponse en matière de formation aux drones et relève les enjeux d’harmonisation à l’échelle nationale pour l’avenir.
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Cet article initie également une réflexion sur les (nouveaux) régimes de visibilités et dynamiques sociospatiales (Pauschinger & Klauser, 2020). Les résultats de nouvelles études scientifiques portant notamment sur le « air policing », la (ré)utilisation et l’interprétation des données récoltées par drones ou encore, sur les processus de formation et d’apprentissage, permettraient de devancer les besoins des polices et de développer des pistes innovantes pour les défis futurs. Remerciements et informations L’auteure tient à remercier Francisco Klauser, Professeur à l’Institut de géographie de l’Université de Neuchâtel, pour avoir mené ce terrain d’étude conjointement. L’auteure remercie également la Police neuchâteloise (PONE) de lui avoir permis de mener sa recherche auprès du Groupe de Travail sur les Drones (GT-Drones) et d’effectuer des entretiens avec ses membres. En particulier, l’auteure tient à adresser ses chaleureux remerciements à l’adjudant Michel Girardet (PONE) pour son soutien, sa disponibilité et ses précieuses informations depuis 2015 à aujourd’hui. L’auteure remercie chaleureusement Sarah Tschan de l’Institut Suisse de Police pour la relecture de l’article ainsi que toute l’équipe du service de traduction. Les données récoltées détenant de forts enjeux politiques et sécuritaires, l’auteure s’engage à respecter la charte de confidentialité signée avec la PONE et à ne pas publier les données sensibles liées à ce terrain d’étude. Cet article est une version partiellement révisée et réécrite à partir de la thèse de doctorat de l’auteure (Pedrozo, 2020) ; thèse soutenue et financée par le Fonds national suisse pour la recherche (FNS).
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Zusammenfassung Polizeidrohnen in der Schweiz: Eine Neudefinition der Luftperspektive Die 2000er-Jahre sind von einer stärkeren Digitalisierung der Polizeiarbeit auf internationaler Ebene geprägt. Drohnen – unbemannte Luftfahrzeuge – sind Teil dieser beispiellosen Entwicklung, welche die Sicherung des öffentlichen Raums in zahlreichen Bereichen – von der Personenfahndung über das Krisenmanagement bis hin zur Überwachung – von Grund auf verändert. In der Schweiz setzen immer mehr Polizeien Drohnen ein, wodurch sie eine ganz neue Luftperspektive erhalten. Anhand
einer Feldforschung, die von 2015 bis 2019 bei der Drohnen-Arbeitsgruppe der Neuenburger Polizei durchgeführt wurde, geht dieser Artikel der Frage nach, wie sich diese Luftperspektive nach und nach gewandelt hat. Zu diesem Zweck analysiert die Studie die Besonderheiten dieser Luftperspektive und konzentriert sich auf deren Merkmale Mobilität, Flexibilität und Distanz, um zu verstehen, wie der Einsatz von Drohnen die moderne Polizeipraxis über eine Neudefinition der Verhältnisse zwischen Polizei und Territorium verändert.
Riassunto Droni di polizia in Svizzera: una ridefinizione delle immagini panoramiche dall’alto A livello internazionale, gli anni duemila sono segnati da una maggiore digitalizzazione delle attività di polizia. I droni – aeromobili senza pilota a bordo – contribuiscono a questo inedito sviluppo che trasforma il modo di garantire la sicurezza nello spazio pubblico attraverso missioni come la ricerca di persone, la gestione di crisi e la sorveglianza. In Svizzera, sempre più polizie cantonali utilizzano i droni, e ciò ridefinisce la loro possibilità di acquisire
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immagini panoramiche dall’alto. Il presente articolo cerca di analizzare come queste immagini si siano progressivamente trasformate, partendo da un’indagine sul terreno svolta presso il gruppo di lavoro Droni della Polizia di Neuchâtel (Svizzera) tra il 2015 e il 2019. A tal fine, il presente studio analizza le particolarità di questo tipo di immagini concentrandosi sulle loro caratteristiche di mobilità, flessibilità e distanza, così da capire in che modo l’utilizzo dei droni ridefinisca le attuali pratiche di polizia attraverso nuove relazioni tra la polizia e il territorio.
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CAS CEP 2021–2022
Sélection de contributions issues des travaux de fin d’études CAS CEP 2021–2022 Depuis 2011, l’ISP propose, en collaboration avec l’Institut de Lutte contre la criminalité économique (ILCE), une formation menant au Certificate of Advanced Studies pour la Conduite des Engagements de Police à l’échelon d’officière / officier (CAS CEP), articulée autour des modules Droit et éthique policière, Médias et Tactique. Les participant·e·s à ce cursus suivent en outre le cours ISP Compétences relationnelles et rédigent un travail de fin d’études (TFE). Le large éventail de sujets abordés dans ces TFE illustre la diversité, la richesse mais aussi la complexité de l’activité policière. Combinant intérêt scientifique et utilité pratique, ces recherches appliquées constituent des références qui facilitent l’approche, la compréhension ou la résolution de problèmes spécifiques à la police. magazine félicite les diplômé·e·s de cette sixième volée et propose cette année, en accord avec la direction du CAS CEP, les synthèses de quatre travaux du cursus 2021–2022 qui se sont particulièrement distingués. Il s’agit des travaux de M. Simon Baechler, Mme Sabine Brückner, M. Blaise Genoud et M. Charles Marchon. Les TFE sont accessibles par l’intermédiaire du catalogue CentreDoc (http://catalog.institut-police.ch/) pour un usage policier.
Auswahl von Abschlussarbeiten des CAS CEP 2021–2022 Seit 2011 bietet das SPI in Zusammenarbeit mit dem Institut zur Bekämpfung von Wirtschaftskriminalität (ILCE, Institut de Lutte contre la criminalité économique) einen Lehrgang für Personen mit Offiziersstatus an, der mit dem Certificate of Advanced Studies pour la Conduite des Engagements de Police (CAS CEP; entspricht dem CAS Führung im Polizeieinsatz, CAS FIP) abgeschlossen wird. Das Herzstück dieser Ausbildung sind die Module zu den Themen Polizeiethik, Polizeirecht, Medien und Taktik. Die Teilnehmenden besuchen ausserdem den SPI-Kurs Compétences relationnelles (Zwischenmenschliche Kompetenzen) und verfassen eine Abschlussarbeit. Die in den Abschlussarbeiten behandelten Themen spiegeln den Facettenreichtum und die Fülle, aber auch die Komplexität des Polizeiberufs wider. Durch die Kombination von wissenschaftlichem Interesse und praktischem Nutzen bietet diese angewandte Forschung Anhaltspunkte, welche die Herangehensweise an spezifische Probleme im Kontext Polizei, deren Verständnis oder deren Lösung erleichtern. magazine gratuliert den Absolventinnen und Absolventen des sechsten Jahrgangs ganz herzlich und präsentiert in der vorliegenden Ausgabe in Absprache mit der Leitung des CAS CEP vier Zusammenfassungen herausragender Arbeiten des Studiengangs 2021–2022. Es handelt sich dabei um die Abschlussarbeiten von Simon Baechler, Sabine Brückner, Blaise Genoud und Charles Marchon. Die Abschlussarbeiten sind im CentreDoc-Katalog (http://catalog.institut-police.ch/) verfügbar und dürfen in einem polizeilichen Kontext verwendet werden.
Selezione di contributi tratti dai lavori di fine studi CAS CEP 2021–2022 In collaborazione con l’ILCE (Institut de Lutte contre la criminalité économique), l’ISP propone dal 2011 una formazione articolata su tre moduli («Diritto ed etica di polizia», «Media» e «Tattica») volta al conseguimento del Certificate of Advanced Studies pour la Conduite des Engagements de Police à l’échelon d’officier (CAS CEP). I partecipanti a questa formazione seguono inoltre il corso ISP Compétences relationnelles e redigono un lavoro di fine studi. L’ampio ventaglio di tematiche affrontate in questi lavori di fine studi mostra la diversità, la ricchezza ma anche la complessità dell’attività di polizia. Grazie alla combinazione tra interesse scientifico e utilità pratica, queste ricerche applicate costituiscono validi punti di riferimento che facilitano l’approccio, la comprensione o la risoluzione di problemi specifici alla polizia. La nostra rivista tiene a rivolgere le migliori congratulazioni a tutti i diplomati di questa sesta edizione della formazione. Inoltre, d’intesa con la direzione del CAS CEP, magazine propone quest’anno i riassunti di quattro lavori del ciclo di formazione 2021–2022 che si sono particolarmente distinti. Si tratta dei lavori di fine studi di Simon Baechler, Sabine Brückner, Blaise Genoud e Charles Marchon. I lavori di fine studi sono accessibili tramite il catalogo del CentreDoc (http://catalog.institut-police.ch/) ai fini d’utilizzo in un contesto di polizia.
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ÉVOLUTION DES CENTRES DE COOPÉRATION POLICIÈRE ET DOUANIÈRE SUISSES DANS L’ARCHITECTURE SÉCURITAIRE EUROPÉENNE
Évolution des Centres de coopération policière et douanière suisses dans l’architecture sécuritaire européenne Charles Marchon Chef de la division Coopération policière opérationnelle, Office fédéral de la police (fedpol)
Résumé La sécurité a toujours été un élément du puzzle de la construction européenne. La coopération Schengen, à laquelle la Suisse est associée depuis 2008, en est l’illustration. La Commission européenne a lancé une série de travaux en 2019 dans le but « d’aboutir à une véritable Sécurité de l’Union ». Une piste de réflexion était de transformer les Centres de coopération policière et douanière (CCPD) en postes de police binationaux. À défaut de suivre la Commission sur ce point,
le travail de fin d’études présenté ci-après encourage l’élargissement du réseau suisse de CCPD et la mise en place de brigades opérationnelles mixtes selon le modèle franco-genevois, sans les subordonner aux CCPD. Le but est de disposer de structures uniformes, aux processus standardisés et aux prestations équivalentes sur l’ensemble de la frontière. Une révision flexible et évolutive du droit les régissant, avec une mise à jour régulière, est également suggérée.
Introduction et problématique L’amélioration des prestations des Centres de coopération policière et douanière (CCPD) est un objectif constant de l’Union européenne (UE). Il n’en va pas autrement lorsque, le 3 juillet 2019, la Commission européenne (ci-après Commission) entame une série de travaux visant à examiner la manière dont la sécurité de l’UE peut être consolidée. Un potentiel d’optimisation est notamment mis en exergue : celui de confier aux CCPD davantage de prérogatives opérationnelles. La Commission évoque des postes de police binationaux à même d’enquêter conjointement, rapidement et de manière plus cohérente entre États voisins. La Suisse est concernée par des phénomènes de criminalité similaires aux États qui l’entourent. Une étroite coopération policière et douanière internationale entre services compétents est indispensable. Les structures de lutte contre la criminalité transfrontalière doivent être collectives, structurées, leurs processus standardisés et les informations qu’elles génèrent documentées, tout en restant adaptées aux besoins des services en charge de faire appliquer la loi. Bien qu’elle ne soit pas contraignante, l’association de la Suisse à l’Espace Schengen implique en
règle générale la transposition à l’échelle nationale des recommandations européennes. Le cadre légal régissant la lutte contre la criminalité transfrontalière, notamment les accords de coopération policière et douanière, doit répondre à l’évolution sociétale, dont la criminalité est un élément, et au besoin de sécurité des citoyennes et citoyens.
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Théorie et approche conceptuelle L’hypothèse de recherche de ce travail de fin d’études (TFE) était que la transformation des CCPD européens en postes de police binationaux, souhaitée par la Commission, est nécessaire pour le développement de l’architecture sécuritaire européenne, et qu’il s’agit pour la Suisse de s’y rallier en vérifiant le statut et le rôle de ses propres CCPD à l’intérieur de cet ensemble. L’approche conceptuelle a été de comprendre les ambitions de l’UE quant au statut et rôle qu’elle souhaitait accorder aux CCPD européens lorsqu’elle évoque leur évolution opérationnelle, de procéder à une analyse de l’acuité, de l’efficacité et de la faisabilité d’une telle intention et de vérifier si la Suisse peut ou doit répondre à de telles exigences.
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Méthodologie Des sources primaires ont essentiellement été utilisées, entretiens individuels, extraits de procèsverbaux officiels, expérience de l’auteur dans différents domaines de la coopération policière internationale. Il a également été puisé dans la littérature disponible. Le suivi des travaux de la Commission et des États membres de l’UE ou associés à Schengen entamés à l’été 2019 s’est révélé indispensable. La Suisse y Les États participants reconnaissent étant conviée, c’est de l’intérieur que les activile rôle tangible des CCPD tés ont pu être observées. dans la lutte contre la criminalité Le témoignage d’un spétransfrontalière [...]. cialiste des questions de la Commission à Bruxelles et des pièces issues des travaux européens ont apporté une précieuse dimension et permis de saisir les enjeux des négociations. Un autre axe a été celui de s’intéresser à la résonance aux travaux européens en Suisse et dans certains États voisins, avec des interlocutrices et interlocuteurs au fait de la thématique en Allemagne, en France, en Italie de même qu’au Liechtenstein. Bien que ne les engageant qu’à titre personnel, leur éclairage quant à l’évolution des CCPD européens et des brigades opérationnelles mixtes selon leur spécialisation s’est révélé précieux. Les propositions et la conclusion de ce TFE sont le résultat des travaux précités. Analyse Évaluations Schengen, le baromètre Si la Convention d’application de l’Accord de Schengen (CAAS) est l’assise de la coopération policière européenne, ce sont bien les Acquis de Schengen qui en déterminent les règles, avec la particularité de laisser aux États membres ou associés une marge de manœuvre dans l’implémentation des dispositions. Ces dernières sont souvent émises en termes de recommandations ou de textes non contraignants à l’image de bonnes pratiques ou de lignes directrices. Outre la Commission dans un rôle de rapporteuse et d’émettrice des recommandations qui en résultent, les évaluations Schengen sont réalisées par un groupe d’expert·e·s provenant des États membres et associés. Elles ont pour but de vérifier la mise en œuvre des Acquis de Schengen par les États. Chaque pays est inspecté en moyenne tous les cinq ans. Tout en convenant que les accords de coopération bilatéraux entre États sont la plaque tournante de la
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coopération policière transfrontalière, les évaluations Schengen mettent régulièrement en évidence le fait que lesdits accords génèrent des différences marquées dans la coopération entre États. Les évaluations Schengen se rejoignent régulièrement pour relever que les CCPD sont des instruments déterminants dans l’échange d’un grand nombre d’informations policières et douanières en lien avec le crime transfrontalier et dans la facilitation de la coopération entre autorités de poursuite pénale de pays voisins. Elles mettent toutefois en lumière plusieurs manquements dont les CCPD – ou certains d’entre eux – souffrent. Le défaut d’un système de gestion des affaires permettant de retracer efficacement l’information, des lacunes en termes de connectivité entre les CCPD et leur Single point of contact (SPOC) national avec un risque de perte de l’information, l’absence d’une interface permettant d’accéder à toutes les bases de données utiles et le manque d’une analyse des risques et d’une évaluation de la menace en termes de crime transfrontalier, laquelle permettrait une planification plus proactive d’opérations conjointes, sont ainsi régulièrement cités. D’intention à recommandation Au terme des travaux entamés le 3 juillet 2019, les États participants reconnaissent le rôle tangible des CCPD dans la lutte contre la criminalité transfrontalière mais ont une réticence à suivre la Commission quant à leur évolution en postes de police binationaux. Ils proposent de mettre en exergue le rôle de facilitateurs des CCPD et non pas celui d’exécutants d’opérations transfrontalières conjointes. Le Conseil de l’Union [européenne] émet, le 9 juin 2022, sa recommandation finale 2022/915 relative à la « coopération opérationnelle des services répressifs », laquelle suggère aux États d’adopter les meilleures pratiques, sur une base bilatérale ou multilatérale, notamment par l’intermédiaire de commissariats communs ou de CCPD. Ce mot de deux lettres (« ou ») résume la différence fondamentale entre l’intention originelle à l’été 2019 et l’achèvement des travaux au printemps 2022. Il ne lie plus les termes « postes de police binationaux » et « CCPD ». À noter que la recommandation ne se limite pas à la seule coopération au niveau des CCPD ; elle poursuit un objectif d’harmonisation et de renforcement de la coopération transfrontalière et de levée des obstacles dans plusieurs domaines.
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Illustration 1 : Tableau des CCPD européens – Source: European Commission, PCCCs & EU police cooperation legal framework, Workshop on the future of law enforcement cooperation, Brussels, 3 July 2019
Regard sur la Suisse L’UE ne différencie pas les CCPD des États membres de ceux des États partenaires sur le territoire européen lorsqu’il s’agit de considérer l’architecture sécuritaire européenne et le rôle de ces instruments dans la lutte contre la criminalité transfrontalière. Plus de 60 CCPD sont en activité sur le territoire européen, y compris dans les Balkans occidentaux. La Suisse en dispose de deux, l’un franco-suisse à Genève (2002) et l’autre italo-suisse à Chiasso (2003). Les accords de coopération policière et douanière voire judiciaire avec nos États voisins que sont l’Allemagne, l’Autriche, la France, l’Italie et le Liechtenstein permettent tous l’instauration de centres de coopération communs en zone transfrontalière. L’évolution de l’architecture sécuritaire suisse avec des CCPD sur toute la frontière s’inscrirait dans une logique de structure identique, de compétence claire et uniforme, d’unité d’action opérationnelle et de standardisation des processus. Un frein pourrait à contrario être la nécessité pour les autorités compétentes de dégager des ressources financières et humaines supplémentaires pour l’instauration de nouveaux CCPD, sans omettre l’argument souvent avancé de la simplicité, de la rapidité et de l’efficacité de la coopération bilatérale directe, dont le risque est toutefois le manque de traçabilité du renseignement. Pourquoi une telle approche ? La réalité est que le CCPD de Genève est géographiquement éloigné de
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l’agglomération trinationale de Bâle pour ce qui est de la coopération avec la France. La Suisse n‘a pas de CCPD avec l’Allemagne, l’Autriche et le Liechtenstein, où des Bureaux de liaison de l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF) assurent, à Bâle et Schaanwald, l’échange de l’information. Bien que performants, ils disposent d’une marge de manœuvre limitée, car ils n’opèrent pas en mode 24/7 et ne sont pas prédestinés à échanger l’information de nature policière en dehors de la zone transfrontalière. CCPD à la frontière Est (lac de Constance) ? Le besoin d’un CCPD dans la zone transfrontalière avec l’Autriche, le Liechtenstein et la Suisse n’a pas, tout du moins récemment, été signalé. Trois raisons semblent l’expliquer, même si une consultation formelle des autorités compétentes permettrait de le vérifier. La première pourrait être celle de la typologie de criminalité, les auteur·e·s transitant autant qu’opérant dans la zone transfrontalière, l’impactant dans une moindre mesure qu’à Genève, à Bâle ou au Tessin. Cette considération incite toutefois à la prudence car la plus-value d’un CCPD n’est pas uniquement liée aux infractions commises dans la zone transfrontalière mais au renseignement qu’il génère au-delà de cette dernière dans un contexte harmonisé et structuré de lutte contre la criminalité transnationale. Le deuxième argument a trait à la bonne coopération policière bilatérale directe de part et
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de s’engager sur une telle piste, une préférence allant au renforcement progressif de la coopération avec le Bureau de liaison de l’OFDF à Bâle, concrétisée à un certain point avec le raccordement « peer-to-peer » de cet office au système sécurisé d’échange de l’information policière (SIENA) d’Europol, donnant la possibilité aux services centraux de prendre connaissance des informations échangées. Illustration 2 : L’Eurodistrict Trinational de Bâle Source : www.agglo-saint-louis.fr
d’autre de la frontière. Le troisième aspect est très certainement celui des ressources qui devraient être dégagées pour un tel CCPD, même s’il convient de le relativiser dans le sens où un CCPD quadripartite (incluant l’Allemagne) équivaudrait aussi à une économie des moyens. CCPD dans la région trinationale de Bâle ? Plus de 900 000 personnes vivent dans l’agglomération trinationale de Bâle, au sud de la région du Rhin supérieur, incluant Soleure, l’Argovie, Bâle-Campagne et Bâle-Ville pour la Suisse. En 2015 déjà, certaines autorités de justice française et suisse de la zone avaient appelé de leur vœu à la création d’un CCPD trinational franco-germano-helvétique dans leur secteur, en raison du développement de la criminalité dans cette agglomération mais aussi en raison de la distance avec le CCPD de Genève. Les consultations préliminaires réalisées au niveau suisse de même qu’avec l’Allemagne et la France n’avaient pas été concluantes au point
Brigades opérationnelles mixtes, une pensée en zone et non en frontière L’intérêt de disposer d’une brigade opérationnelle mixte est étroitement lié à la définition d’une zone territoriale connaissant une activité criminelle intense par-delà la frontière. Le bassin de population d’Annemasse et le canton de Genève, environ 900 000 habitant·e·s, entre dans cette catégorie. Une brigade opérationnelle mixte y est déployée sur la base d’un arrangement administratif entre le ministère de l’Intérieur français et la République et canton de Genève (2014). Son siège se trouve au commissariat d’Annemasse. Binationale, elle est composée d’enquêtrices et d’enquêteurs de la Police nationale française et de la Police cantonale genevoise. Juridiquement, la souveraineté nationale prévaut au sens du code de procédure pénale de chaque État selon le territoire d’intervention, préservée par la mixité des équipes. Opérationnellement, la brigade recherche le renseignement et remplit des tâches de police judiciaire, principalement dans les champs de criminalité que
Illustration 3 : La zone transfrontalière entre la France et la Suisse s’étend à six départements français et huit cantons suisses et couvre 572 kilomètres de frontière ; un seul CCPD – Source CCPD Genève
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Illustration 4 : Zone transfrontalière entre l’Italie et la Suisse – Source CCPD Chiasso (en rouge, mis en évidence par l’auteur, ce que pourrait être – au titre d’exemple – le territoire d’activité d’une brigade opérationnelle mixe italo-suisse)
sont les cambriolages, les vols, les stupéfiants et le recel, les escroqueries et les violences. À relever qu’à la différence de leurs collègues en France, qui se voient attribuer des dossiers d’enquête pour l’instruction pénale, la partie suisse ne judiciarise pas ses actes mais remet l’affaire à l’autorité de poursuite pénale compétente. Territorialement, l’unité déploie son activité, en France dans la zone de sécurité prioritaire (ZSP) d’Annemasse-Ambilly-Gaillard, et en Suisse sur le territoire cantonal genevois. La pertinence d’une brigade opérationnelle mixte pourrait également être examinée dans l’agglomération de Bâle – Mulhouse (également ZSP en France). Si elle devait se justifier, une telle unité devrait être subordonnée à une autorité de police compétente dans la zone territoriale d’activité, tout en coopérant étroitement avec le CCPD de Genève. Un système de gestion des affaires unique et accessible à chacune d’entre elles, de même qu’un système sécurisé d’échange de l’information seraient indispensables. Le CCPD devrait avoir connaissance des activités de la brigade opérationnelle mixte afin de pouvoir disposer de tout renseignement pertinent concernant l’actualité criminelle dans la zone transfrontalière, et de pouvoir procéder aux recoupements utiles. Et la brigade opérationnelle mixte devrait pouvoir bénéficier du renseignement ainsi produit par le CCPD. Autre espace géographique à densité de population susceptible de pouvoir bénéficier d’une brigade opérationnelle mixte afin de lutter contre la criminalité transfrontalière : celle du sud du Tessin à partir
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de Lugano, et de l’Italie du Nord avec les provinces et villes de Como et de Varese, qui comptent un bassin de population de 360 000 côté tessinois et de près de 1,5 mio de personnes sur le versant italien. Nombre de bandes criminelles actives dans la région de Lugano ont un port d’attache dans les deux villes transalpines, qu’il s’agisse d’un lieu de résidence ou d’un appui logistique. Leur va-et-vient au-delà de la frontière pourrait avoir de quoi justifier l’étude de l’instauration d’une telle unité italo-tessinoise. Une condition est toutefois indispensable pour toute brigade opérationnelle mixte : une base légale qui autorise une coopération policière et judiciaire rapide et flexible. À condition que les prérogatives soient suffisamment étendues, la présence dans les accords de coopération bilatéraux entre États d’une disposition relative à l’assistance en cas d’urgence permet à une telle unité d’offrir ce genre de prestations au profit de toute autorité de poursuite pénale, police et/ou justice, comme une telle disposition donne la possibilité au CCPD de soutenir, dans son rôle de facilitateur, des mesures opérationnelles transfrontalières rapides et efficaces. Conclusion La réponse au postulat de départ est que le développement des CCPD en postes de police binationaux n’est pas indispensable pour assurer une sécurité efficace en zone transfrontalière. Elle est en même temps illusoire aujourd’hui au vu de la souveraineté à laquelle les États tiennent. Malgré cela, et bien que
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la recommandation 2022/915 du Conseil de l’Union ne nécessite pas de la Suisse de mesure immédiate, le potentiel d’optimisation existe. Viser à terme une symétrie des structures de lutte contre la criminalité transfrontalière en disposant d’un CCPD sur chaque frontière d’État voisin est non seulement cohérent avec l’intention de l’UE de renforcer son architecture sécuritaire, mais optimiserait notre propre filet national de sécurité. Elle tendrait à une concordance des moyens avec des CCPD dans un rôle de centres de compétences, présents 24/7, dotés de spécialistes à même d’avoir un rôle de catalyseurs de la coopération, de canalisateurs de l’information et de générateurs du renseignement. Même si elle ne correspond pas exactement à l’ambition initiale de la Commission d’intégrer des Le développement des CCPD en postes unités opérationnelles de police binationaux n’est pas in- aux CCPD, la mise en place de brigades opédispensable pour assurer une sécurité rationnelles mixtes dans efficace en zone transfrontalière. des zones transfrontalières particulièrement criminogènes, surtout urbaines, serait un complément valable des CCPD. En Suisse, celles-ci devraient être placées sous le commandement d’une police cantonale pour une raison de souveraineté. La délimitation de la compétence territoriale devrait, tout en étant bien arrêtée, éviter un découpage de territoires qui mettrait les unités en mode alternatif. Son extension devrait également être pragmatiquement réalisable selon l’évolution de la criminalité. Brigades opérationnelles mixtes et CCPD devraient enfin disposer d’un système informatique leur permettant d’accéder conjointement à leurs renseignements et de profiter de l’analyse qui en serait ainsi issue. Même si une certaine flexibilité est possible avec la signature de conventions d’application, une révision flexible et évolutive des accords de coopération bilatéraux, avec une mise à jour régulière, devrait être un autre objectif. Elle conduirait à une coopération transfrontalière plus agile, adaptée à l’évolution sociétale et à une mobilité accrue, permettant de penser en zones d’agglomération de population plutôt que de frontière. En l’espèce, la Suisse fait figure de bonne élève depuis l’introduction en 2020, dans sa loi fédérale sur les Offices centraux de police criminelle de la Confédération et les centres communs de coopération policière et douanière avec d’autres États (art. 1a), d’une disposition autorisant le Conseil
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fédéral à conclure seul des traités internationaux de coopération policière et fedpol à conclure seul des conventions d’ordre opérationnel, technique ou administratif avec des autorités de police étrangères. Techniquement, chaque révision d’accord bilatéral de coopération policière, douanière, voire judiciaire avec des États partenaires est déjà examinée sous la loupe de l’évolution de la criminalité et des nouveaux instruments qu’elle nécessite. Développements possibles Il conviendrait d’évaluer une couverture uniforme de la frontière au moyen de centres de coopération policière et douanière travaillant selon les mêmes standards, qu’ils concernent la structure, la compétence, l’action opérationnelle ou les processus. Une évaluation préliminaire de ce que pourrait représenter une harmonisation des structures que sont les CCPD et les Bureaux de liaison de l’OFDF pourrait être un premier pas. Le but serait de disposer d’une base de réflexion quant à la direction à prendre en termes d’architecture sécuritaire sur la frontière. L’intensification de la présence opérationnelle dans certaines zones transfrontalières d’intérêt avec le concours de brigades opérationnelles mixtes pourrait en parallèle être évaluée, si elles l’estiment appropriée, par les autorités territorialement compétentes.
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Bibliographie Accord (1999) entre la Confédération suisse et la République fédérale d’Allemagne relatif à la coopération transfrontalière en matière policière et judiciaire (RS 0.360.136.1).
Conseil de l’Union européenne (2022), Recommandation (UE) 2022/915 du Conseil du 9 juin 2022 relative à la coopération opérationnelle des services répressifs.
Accord (2007) entre le Conseil fédéral suisse et le Gouvernement de la République française relatif à la coopération transfrontalière en matière judiciaire, policière et douanière (RS 0.360.349.1).
Convention (1990) d’application de l’accord de Schengen (CAAS).
Accord (2012) entre la Confédération suisse, la République d’Autriche et la Principauté de Liechtenstein concernant la coopération policière transfrontalière (RS 0.360.163.1). Accord (2013) de coopération policière et douanière entre le Conseil fédéral suisse et le Gouvernement de la République italienne (RS 0.360.454.1). Arrangement administratif (2014) relative à la création d’une brigade opérationnelle mixte franco-suisse au sein de la zone de sécurité prioritaire d’Annemasse entre la République et Canton de Genève et le ministère de l’Intérieur de la République française. Conseil de l’Europe, Note de la présidence aux délégations, COM (2021) 780 final 5837/22, 1er février 2022. Conseil de l’Europe, Note de la présidence aux délégations, COM (2021) 780 final, 5838/22, 1er février 2022.
Convention (2014) relative à l’exploitation nationale des centres communs de coopération policière et douanière (CCPD) de Genève et de Chiasso (RO 2014 1863). EU Commission (2019), Workshop on the future of law enforcement cooperation, Police and Customs Cooperation Centres and the EU police cooperation legal framework, Room Document, 3 July 2019, Brussels. Office fédéral de la police (fedpol) (2015), Réponse au Procureur général de la Cour d’appel de Colmar et au Procureur général de Bâle-Ville, 30 mars 2015. Les zones de sécurité prioritaires (ZSP) | Gouvernement.fr, https://www.gouvernement.fr/action/les-zones-de-securite-prioritaires-zsp Loi fédérale sur les Offices centraux de police criminelle de la Confédération et les centres communs de coopération policière et douanière avec d’autres États.
Zusammenfassung Entwicklung der Schweizer Polizei-Kooperationszentren innerhalb der europäischen Sicherheitsarchitektur Sicherheit ist seit jeher ein wichtiges Puzzleteil im europäischen Aufbau. Ein Beispiel ist die Schengener Zusammenarbeit, an der sich die Schweiz seit 2008 beteiligt. 2019 hat die Europäische Kommission eine Reihe von Arbeiten aufgenommen, um eine echte Sicherheit der Union zu erreichen. So wurde etwa darüber nachgedacht, die bestehenden Polizei-Kooperationszentren an den Grenzen in binationale Polizeiposten umzuwandeln. Ohne der
Kommission in diesem Punkt zu folgen, bringt die hier präsentierte Abschlussarbeit Argumente für eine Ausweitung des Netzwerks von Schweizer Polizei-Kooperationszentren und die Einrichtung gemischter Polizeieinheiten nach französischgenferischem Modell ohne Einordnung unter die Kooperationszentren vor. Ziel sind dabei einheitliche Strukturen mit standardisierten Abläufen und gleichwertigen Leistungen entlang der gesamten Landesgrenze. Eine flexible und anpassungsfähige Revision der entsprechenden rechtlichen Grundlagen, die regelmässig aktualisiert werden, wird ebenfalls empfohlen.
Riassunto Evoluzione dei centri di cooperazione di polizia e doganali svizzeri all’interno dell’architettura della sicurezza europea La sicurezza è sempre stata un elemento della costruzione europea. La cooperazione nel quadro di Schengen, a cui la Svizzera è associata dal 2008, ne è un chiaro esempio. La Commissione europea ha lanciato una serie di lavori nel 2019 allo scopo di ottenere sicurezza all’interno dell’Unione europea. Una pista su cui si è riflettuto consisteva nel trasformare i centri di cooperazione
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di polizia e doganale (CCPD) in posti di polizia binazionali. Scostandosi da questa riflessione, il lavoro di fine studi qui presentato incoraggia l’ampliamento della rete svizzera di CCPD e la creazione di brigate operative miste secondo il modello franco-ginevrino, senza subordinarle ai CCPD. Lo scopo è disporre di strutture uniformi con processi standardizzati e prestazioni equivalenti lungo tutta la frontiera. Si suggerisce anche una revisione flessibile ed evolutiva del diritto alla loro base, con un aggiornamento regolare.
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SITUATION CRIMINELLE : QUOI, POURQUOI, COMMENT ?
Situation criminelle : quoi, pourquoi, comment ?
Simon Baechler Commissaire principal, chef du domaine traces et analyse criminelle, Chef de la police judiciaire (dès le 1er janvier 2024), Police neuchâteloise
Résumé
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Les policières et policiers – des agent·e·s de terrain jusqu’au commandement – prennent sans cesse des décisions dans un contexte d’incertitude. Une meilleure connaissance de la situation leur permet de réduire ce facteur d’incertitude et, de ce fait, d’optimiser la décision prise ainsi que son impact. Mais qu’entend-on par « situation » ? Le présent article résume la démarche et les résultats d’une recherche s’appuyant sur des données issues d’entretiens avec une trentaine d’actrices et acteurs, d’une recension bibliographique, d’une étude des produits de situation
criminelle existants en Suisse, ainsi que d’une mise en pratique au sein de la Police neuchâteloise. Face à la grande diversité de perceptions et de pratiques, nous proposons ici une définition de la notion de situation afin de poser les bases d’une approche plus harmonisée. Des bonnes pratiques ainsi que des propositions sont en outre formulées à l’intention des polices suisses. L’analyse de la situation permet ainsi une prise de conscience de la présence et de l’ampleur des problèmes, facilitant la prise de décision et le passage à l’action.
I. Introduction Les policières et policiers, indépendamment de leur fonction, sont amené·e·s à prendre continuellement des décisions (Aepli et al., 2011). Celles-ci peuvent aller du choix du secteur de patrouille vers lequel l’agent·e va se diriger, à la décision de l’enquêtrice ou de l’enquêteur quant au dossier à prioriser parmi les affaires en cours, le choix de la cheffe ou du chef d’engagement de privilégier une approche préventive plutôt que répressive ou encore à la décision d’un·e commandant·e de fermer ou non le poste de police d’une région périphérique. Toutes ces décisions se prennent dans un contexte d’incertitude, c’est-à-dire sans avoir la maîtrise complète de l’environnement, des circonstances, des facteurs et variables en présence ni de l’étendue des possibilités d’action et de leurs impacts potentiels (Desportes, 2011). On postule par conséquent qu’une meilleure connaissance de la situation1
permet aux policières et policiers de réduire l’incertitude qui règne dans leur travail, et par là même, participe à optimiser les prises de décision et leurs impacts (von Clausewitz, 1832 ; Ratcliffe, 2008). Dans ce contexte, le concept de « situation » joue un rôle important. Mais que signifie réellement le fait d’avoir une « connaissance de la situation » ? Ce postulat et cette question ont été les points de départ d’un travail de fin d’études ayant ponctué le Certificate of Advanced Studies pour la Conduite des engagements de police à l’échelon d’officier (CAS CEP), conduit entre 2021 et 2022, et dont la démarche et les résultats principaux sont résumés dans le présent article. Les objectifs de cette étude visaient premièrement à étudier et définir la notion de situation, puis à examiner les profits à en espérer.
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Comprise tout au long de cet article dans le sens de « situation criminelle ».
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Dans un second temps, le travail s’est attaché à envisager une mise en œuvre harmonisée de ce concept au sein des corps de police suisses pour, au final, proposer une série de bonnes pratiques ainsi que des recommandations. II. Le concept de situation De nombreuses activités et thématiques policières font référence à ce concept, notamment la sécurité publique, la sécurité de proximité, la criminalité, la sécurité routière, la sécurité de l’État ou encore la situation de la police elle-même. Le champ d’études possible est donc très vaste. Pour cette recherche, nous nous sommes limités au concept de situation dans le domaine de la situation criminelle. La notion de situation apparaît répandue dans le monde policier suisse alémanique – et plus largement germanophone – sous l’appellation de Lage ou Lagebild. Elle a, en revanche, beaucoup moins imprégné les milieux policiers romands et francophones où elle reste plus diffuse et peu formalisée, bien que souvent utilisée au sein des corps de police. Cette différence entre régions linguistiques se reflète par exemple dans la nette disproportion de travaux de fin d’études CAS CEP, publiés depuis près de vingt ans, qui se focalisent sur cette notion2. Ces travaux et l’examen rapide des missions et prestations des centres de situation (Lagezentren) des différentes polices d’outreSarine montrent néanmoins que la compréhension et les façons d’appréhender la « situation » sont plurielles et inégales. Dans notre pays, on constate ainsi non seulement une diversité de perceptions quant au concept, mais aussi une absence de définition ou de consensus sur ce que doivent être les objectifs de la situation, les méthodes mises en œuvre pour l’élaborer et les produits de renseignement par lesquels celle-ci est communiquée. Cette diversité de compréhension et la pluralité des pratiques interrogent alors même qu’une telle analyse répond à un problème de priorisation auquel tous les services de police sont confrontés de la même façon dans un contexte limité en ressources. C’est du moins ce qu’affirment plusieurs modèles conceptuels de la police3. Une bonne connaissance de la situation profiterait ainsi à la prise de décision de la police et à sa performance globale, d’autant que la priorisation d’un dossier plutôt qu’un autre doit idéalement être rationnelle, efficace, défendable et transparente.
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III. Méthode Le travail a été mené selon une démarche exploratoire combinant plusieurs méthodes de recherche et sources d’informations. L’association des approches théorique, empirique et pratique visait à capter la plus grande diversité possible d’opinions au sujet de la définition de la notion de situation. Concrètement, quatre axes de recherche ont été privilégiés : 1. Une revue de la littérature a été premièrement effectuée et analysée en français, allemand et anglais. 2. 32 entretiens informels ont ensuite été menés avec des représentant·e·s d’une quinzaine de polices cantonales de différentes régions suisses ainsi que de l’Office fédéral de la police (fedpol). Certains de ces entretiens se sont déroulés en bilatéral alors que d’autres se sont faits en groupe. La nature informelle et non directive de ces entretiens a été privilégiée afin de profiter d’un discours spontané et libre, facilitant l’expression d’opinions parfois criUne bonne connaissance de la tiques, voire très tranchées. Les personnes interrogées situation profiterait à la prise occupent des fonctions de décision de la police et à sa telles que commandant·e·s, performance globale, d’autant que chef·fe·s de police judiciaire, la priorisation d’un dossier plutôt officières ou officiers, res- qu’un autre doit idéalement être ponsables de centres de sirationnelle, efficace, défendable tuation ou de services d’anaet transparente. lyse criminelle, analystes criminel·le·s, coordinatrices ou coordinateurs. À noter que l’ensemble de ces interlocutrices et interlocuteurs sont soit en charge d’élaborer des situations, soit en sont les bénéficiaires. 3. Une analyse critique des produits de renseignement relatifs à la situation criminelle et publiés par les corps de police a été réalisée. Cette étude a permis de comparer les pratiques existantes et d’en examiner la convergence, respectivement la diversité, ainsi que les forces et faiblesses. La démarche ne visait pas à porter un jugement sur les produits spécifiques de chaque service ou corps de police, mais plutôt à dégager des tendances et des constats généraux. Ainsi, 31 produits de 2
Gschwend, 2004 ; von Gunten, 2010 ; Dumont, 2010 ; Holdener, 2011 ; Schmucki, 2011 ; Köppel, 2012 ; Baumgartner, 2014 ; Telli, 2019.
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Voir notamment le modèle de la « police conduite par le renseignement » (Ratcliffe, 2008).
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situation4 publiés en février et en août 2022 par quinze services différents ont été collectés via la communauté « Situation policière CH », accessible sur la plateforme FARCO publiée par fedpol depuis le 1er juillet 2021. Cette analyse vise donc une certaine représentativité des produits de situation criminelle existants en Suisse. 4. Dernier axe de recherche : une expérimentation et une mise en pratique ont été conduites au sein de la Police neuchâteloise (PONE). Dans le cadre de sa fonction professionnelle, le soussigné – auteur du présent article – a notamment pour tâche de dresser un état de la situation criminelle dans et hors du canton de Neuchâtel et de renseigner régulièrement à ce sujet les acteurs de la sécurité. Cette mission s’inscrit dans le concept d’une police conduite par le renseignement (Baechler et al., 2020a ; Baechler et al., 2020b). Cette nouvelle foncIl n’existe pas de définition tion au sein de la PONE a de la notion de situation qui fasse nécessité l’établissement des méthodes, outils et autorité. Ce qui est compris sous ce pratiques afin de rendre terme n’est le plus souvent pas identifié compte de la situation cricomme un sujet en tant que tel. minelle. Elle a aussi offert une dimension pratique, et expérimentale au travail de fin d’études ; dimension qui s’est révélée complémentaire aux autres méthodes de recherche précédemment énoncées. Elle a permis de confronter certaines idées ou observations à la réalité du terrain, de tester en conditions réelles des pistes de solutions, de collecter des exemples et études de cas, ou encore de recueillir au quotidien nombre de feedbacks des collaboratrices et collaborateurs du corps de police et des services partenaires. IV. Analyse et résultats Une sélection des résultats les plus marquants ressortis de ce travail de fin d’études CAS CEP sont présentés ci-après, ainsi que les bonnes pratiques associées. La mise en pratique au sein de la PONE permet d’en illustrer certaines. Comment définir la « situation » ? Il n’existe pas de définition de la notion de situation qui fasse autorité. Ce qui est compris sous ce terme n’est le
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Par « produits de situation » sont entendus dans cet article les supports d’information produits par le corps de police pour rendre compte de la situation criminelle actuelle.
plus souvent pas identifié comme un sujet en tant que tel. Cette notion se voit indirectement abordée au travers d’autres thèmes connexes, tels que la conduite opérationnelle, l’analyse criminelle ou la surveillance. La terminologie utilisée varie en fonction des sources et le périmètre du concept est rarement défini explicitement. Les données récoltées ne permettent d’observer que peu de convergence sur la façon de l’aborder. La notion de situation est tour à tour considérée sous l’angle du produit, du processus, ou alors du service qui l’élabore. Forts de nos recherches, nous proposons par conséquent la définition suivante : « La situation criminelle est le renseignement résultant d’une démarche analytique et d’interprétation appliquée à des données qualitatives et quantitatives relatives à la criminalité, qui offre aux actrices et acteurs du corps de police une image et une meilleure maîtrise des circonstances passées, actuelles et à venir de sorte à orienter leurs décisions pour en maximiser l’impact. Elle vise à apprendre, faire connaître et informer afin de catalyser la prise de conscience, puis faciliter le passage aux moyens d’action. La situation requiert un suivi régulier de l’environnement, des phénomènes, tendances, répétitions et événements qui concernent de près ou de loin le corps de police. Elle se matérialise en un produit de renseignement. » Quels domaines sont concernés ? La situation criminelle peut a priori traiter de tous les domaines relatifs à la criminalité. L’analyse révèle néanmoins la claire prépondérance, voire quasiexclusivité, des infractions au patrimoine dans les situations criminelles élaborées actuellement par les corps de police suisses. 70 % des produits examinés n’évoquaient que le seul thème des infractions au patrimoine. 13 % supplémentaires évoquaient d’autres thèmes, mais de façon secondaire. Nos recherches et entretiens menés à propos du trafic de stupéfiants révèlent la quasi-absence de pratiques – et par conséquent aussi de produits – visant à relater la situation dans ce domaine de criminalité. Il ne semble pas se dégager un consensus sur le besoin de disposer d’une situation en la matière. Cela peut pourtant conduire à passer à côté de phénomènes pertinents sur le plan régional ou national, tels que la recrudescence de la consommation de crack en Suisse. Plutôt que de multiplier les produits spécifiques de situation (un traitant des infractions au patrimoine, un autre des violences, un troisième de la cybercri-
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minalité, etc.), la bonne pratique consisterait donc à élaborer une situation couvrant le plus largement possible les champs criminels. Une vue d’ensemble met les menaces et donc les priorités en regard les unes des autres. La situation criminelle hebdomadaire introduite à la PONE peut par exemple livrer simultanément des renseignements sur des effractions en série de distributeurs automatiques de billets, sur de la petite délinquance créant de l’insécurité dans un secteur circonscrit d’une ville du canton, sur l’activité criminelle de bandes de motards. À qui revient-il d’élaborer la situation ? S’il n’y a pas de consensus en Suisse sur quel service doit élaborer la situation en général, pour ce qui est de la situation criminelle, les convergences sont fortes. Il s’agit pour ainsi dire toujours de services d’analyse criminelle ou de centres de situation, parfois rattachés à la police judiciaire, parfois à des services de conduite opérationnelle ou des services centraux. Ces convergences n’empêchent toutefois pas l’extrême inhomogénéité des produits de situation. Ceux-ci présentent des formats variés (entre 1 et 27 pages avec une médiane de 3 pages) et portent sur des représentations et des indicateurs fort différents. En l’état, notre étude révèle que les produits existants en Suisse ne peuvent pas être agrégés. Il n’est donc pas possible de construire une vue nationale de la situation en fusionnant ou en additionnant les produits élaborés, constat qui est déjà ressorti dans de précédentes analyses (Köppel, 2012). Sur quel espace doit porter la situation et à qui doitelle s’adresser ? En restreignant l’analyse aux produits publiés par des polices cantonales, on observe que 90 % d’entre eux se limitent à évoquer la situation de leur seul canton. Une bonne pratique serait d’élargir, voire de systématiser les analyses en tenant compte des situations criminelles établies par les autres corps de police ou fedpol et d’y intégrer des éléments pertinents pour sa propre perspective. L’analyse montre que la quasi-totalité des produits de situation s’adresse aux échelons tactique (20 %) et opérationnel (80 %). Les échelons stratégiques et politiques ne sont étonnamment concernés que par une infime minorité d’entre eux. Dans le cadre de la mise en pratique à Neuchâtel, un produit de situation s’adressant à l’échelon tactique a été développé.
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Sous l’appellation « PONExpress », il vise à orienter les policières et policiers au moment de leur prise de service. À côté de cela, la « Situation criminelle hebdomadaire » est un second produit qui influence le pilotage opérationnel (Keller & Baechler, 2020). Enfin, un troisième produit, le « Tableau de bord de la politique criminelle », a été créé pour renseigner l’échelon stratégique et politique, à savoir le chef de département, le procureur général et la direction du corps de police. Quel périmètre temporel ? La situation criminelle ne se contente pas d’être un récit du passé ou une rétrospective (Baumgartner, 2014). Elle cherche fondamentalement à orienter la décision qui, par définition, intervient dans le présent ou l’avenir. La situation criminelle revêt ainsi un caractère proactif, prédictif et prospectif qui la distingue de nombreux autres produits et documents. Il ressort de ce qui précède la bonne pratique de formuler le contenu de la situation en se tournant vers l’avenir plutôt que de faire le résumé du passé. À titre d’exemple, l’indication suivante : « Une vague de vols à la tire affecte La Chaux-de-Fonds depuis mi-décembre, en particulier les weekends. Elle pourrait se poursuivre ce weekend et le suivant. » est largement préférable à la formulation : « Il y a eu une vague de vols à la tire ces deux dernières semaines à La Chaux-de-Fonds, en particulier les weekends. » qui ne livre aucune prédiction. L’analyse montre néanmoins que cette orientation vers l’avenir n’est que minoritaire, observée dans 20 % des produits de situation étudiés. La dimension prédictive est parfois implicite : un phénomène est mentionné et on comprend entre les lignes qu’il a toutes les chances de se poursuivre. Mais elle gagnerait à être explicitée en précisant autant que possible la prédiction. Faut-il se contenter de dépeindre la situation ? La situation a vocation à faciliter la décision et le passage à l’action. Il peut paraître dès lors évident que les produits de situation comprennent des recommandations. Pourtant, cela ne va pas de soi. Seuls 29 % des produits étudiés formulent des recommandations d’action. Lorsqu’il y a des recommandations, elles sont parfois rédigées en termes très généraux et se retrouvent mot pour mot à plusieurs mois d’intervalle, ce qui interroge sur leur caractère ciblé et donc utile pour orienter l’action policière.
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Les vols dans les véhicules poursuivent leur hausse, atteignant 20 cas sur la semaine écoulées. Ils se concentrent toujours sur le Littoral entre le centre-ville de Neuchâtel (parkings bords de lac), Cortaillod et Boudry. A côté des introductions clandestines dans des véhicules laissés non verrouillés par les lésés, il y a également un certain nombre de cas par bris de vitre – Présence accrue des patrouilles dans le secteur susmentionné; Action de prévention à poursuivre (réseaux sociaux, flyers et affichage sur les parkings concernés) Figure 1 : Exemple de recommandation d’actions (en italique, couleur rouge) formulée en regard d’un élément de criminalité relaté dans la situation criminelle hebdomadaire de la Police neuchâteloise
Au même titre que plusieurs références, nous invitons à présenter autant que possible des recommandations dans les produits de situation, qui ne sont pour autant pas des substituts à la décision5. Dans la pratique neuchâteloise, lorsque la situation évoque, par exemple, un lieu qui concentre les délits, il est recommandé d’y accroître la présence policière ou de procéder à une action de prévention, comme l’illustre la figure 1. La situation criminelle est-elle perçue comme utile par ses destinataires (potentiels) ? Le besoin de disposer d’une situation Le besoin de disposer criminelle est aujourd’ hui apprécié fort d’une situation criminelle est aujourd’hui apdifféremment, à plus forte raison précié fort différemment, s’ il est question d’une situation à plus forte raison s’il est sur le plan national. question d’une situation sur le plan national. Certaines policières et certains policiers, jusqu’à l’échelon de commandant·e, jugent un tel outil nécessaire pour mieux guider leurs décisions et piloter leurs activités sur une base objectivée, rationnelle et défendable. Ils et elles voient pour l’essentiel également l’intérêt de consolider les situations sur différents niveaux géographiques, car la criminalité ne connaît pas de frontière. À l’inverse, d’autres craignent que la situation serve aux actrices et acteurs politiques, aux procureur·e·s, voire aux médias pour imposer des missions à la police. D’autres encore ne semblent pas percevoir la nécessité de disposer d’une situation, en particulier sur le plan intercantonal, s’estimant suffisamment servi·e·s et armé·e·s pour prendre leurs décisions sans cet outil. Quelques autres ignorent simplement le potentiel d’aide à la décision. V. Conclusion À l’issue de nos travaux, sept propositions ont été formulées. La première vise à remédier à l’absence
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d’évaluation de la contribution et de l’apport de la situation criminelle, tant à Neuchâtel qu’ailleurs. Il s’agit d’un exercice certes délicat, mais indispensable. En ce sens, un travail académique a été amorcé par la PONE en collaboration avec l’École des sciences criminelles de l’Université de Lausanne pour procéder à l’évaluation formelle de l’impact et de la performance de la situation criminelle sur la prise de décision, d’une part, et sur les problèmes de sécurité et de criminalité, d’autre part. La seconde proposition appelle à créer en Suisse, à court terme, une « communauté de pratique » autour de la situation criminelle. Pour ce faire, il y a lieu de pérenniser la conférence « Situation policière CH » organisée annuellement par fedpol, qui s’est tenue par deux fois depuis 2021, ainsi que de stimuler l’utilisation de la plateforme FARCO mentionnée plus haut. Nous proposons également d’intégrer la notion de situation dans les réflexions plus générales menées actuellement en matière d’analyse criminelle, domaine qui offre un référentiel pour partie reconnu et harmonisé au niveau suisse. Les produits de situation élaborés aujourd’hui par les corps de police sont si divers et variés qu’il n’est pas possible de les combiner ou de les fusionner. Notre quatrième proposition expose donc deux modèles complémentaires, l’un centralisé, l’autre agrégé, pour construire une analyse nationale efficiente de la situation à partir des données dont disposent les polices. Dans cette ligne, la cinquième proposition suggère de tirer plus avantage de systèmes d’information nationaux existants pour alimenter la situation criminelle, tels que IPAS6, les
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National Criminal Intelligence Service, 2000 ; Evans, 2009 ; United Nations Office on Drugs and Crime, 2011.
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Système informatisé de gestion et d’indexation de dossiers et de personnes de fedpol.
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banques de données nationales ADN et d’empreintes digitales, ou encore KasewareCH. L’ambition de développer des solutions sur le plan national doit cependant tenir compte de l’appréciation aujourd’hui très variable du besoin de disposer d’une situation criminelle. La Suisse n’est évidemment pas la seule à faire face à ce type de défi. Notre sixième proposition invite à explorer plus avant les pratiques existantes en matière de situation à l’étranger, notamment au Royaume-Uni qui fait office de pionnier, en Belgique ou encore en Allemagne. Enfin, notre dernière proposition porte sur l’enjeu de la formation. Il apparaît nécessaire de (mieux) sensibiliser et former les cadres à l’importance et à l’intérêt des produits de situation pour guider leur prise de décision. Une telle formation peut prendre place au sein de cursus existants, par exemple celui des aspirantes et aspirants de police ou la formation judiciaire. La situation devrait aussi trouver sa place dans la formation continue au sein des corps de police. Remerciements L’auteur tient à remercier toutes celles et tous ceux qui ont contribué de près ou de plus loin à cette recherche.
Bibliographie Aepli P., Ribaux O. & Summerfield E. (2011). Decision making in policing – operations and management. EPFL Press. Baechler S. (2022). Situation criminelle : quoi, pourquoi, comment ? Travail de fin d’études CAS CEP. Institut Suisse de Police. Baechler S., Keller I. et Hafsi S. (2020). Police neuchâteloise : vers une police conduite par le renseignement. Revue Militaire Suisse, (5), pp. 38–39. Baechler S., Hafsi S et Keller I. (2020). Domaine Traces et Analyse Criminelle : élément-clé d’une police conduite par le renseignement. Revue Militaire Suisse, (5), pp. 40–42. Baumgartner R. (2014). Effizienzsteigerung der Kriminalanalyse im Konkordat Zentralschweiz. Seminararbeit CAS FIP. Schweizerisches Polizei Institut. Desportes V. (2011). Décider dans l’incertitude (2e éd.). Economica. Dumont G. (2010). Lagebild – Ein wichtiger Prozess im Rahmen der Führung. Seminararbeit FLG III. Schweizerisches Polizei Institut. Evans R.M. (2009). Influencing decision-makers with intelligence and analytical products. In: Ratcliffe J. (Eds.), Strategic thinking in criminal intelligence, (2nd ed., chapter 11). The Federation Press. Gschwend E. (2004). Das Lagebild als Führungsinstrument. Seminararbeit FLG III. Schweizerisches Polizei Institut. Holdener U. (2011). Die tägliche Lagedarstellung im Intranet der Stadtpolizei Zürich: Beurteilung und Optimierung der Produkte. Diplomarbeit der Höheren Fachprüfung für Polizistin / Polizist. Schweizerisches Polizei Institut. Keller I. et Baechler S. (2020). Pilotage des opérations à la Police neuchâteloise : un défi multifacette. Revue Militaire Suisse, (5), pp. 43–45. Köppel T. (2012). Strategisches Lagebild für die Schweizer Polizeien: Erwartungen der Kantonspolizeien an den Nachrichtendienst des Bundes, Datenbasis und rechtliche Grenzen. Seminararbeit CAS FIP. Schweizerisches Polizei Institut. National Criminal Intelligence Service (2000). The National Intelligence Model. NCIS Corporate Communications. Ratcliffe J. (2008). Intelligence-led policing. Willan Publishing. Schmucki O. (2011). Etablierung und Zukunftsstrategie des Lagezentrums bei der Stadtpolizei St. Gallen. Diplomarbeit. Schweizerisches Polizei Institut. Telli R. (2019). Schaffung eines zentralen kriminalpolizeilichen Lagebüros bei der Schaffhauser Polizei: Analyse und Erarbeitung von Optimierungsmöglichkeiten zur Zusammenführung aller kriminalpolizeilicher Erkenntnisse. Diplomarbeit der Höheren Fachprüfung für Polizistin / Polizist. Schweizerisches Polizei Institut. United Nations Office on Drugs and Crime. (2011). Criminal intelligence: manual for analysts. United Nations. von Clausewitz C. (1832). On war. Princeton University Press. von Gunten J. (2010). Das Lage- und Analysezentrum der Eidgenössischen Zollverwaltung (LAZ EZV): Der Aufbau einer gemeinsamen nationalen Risikoanalyse durch den Zivilen Zoll und das Grenzwachtkorps. Seminararbeit FLG III. Schweizerisches Polizei Institut.
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Zusammenfassung Kriminalitätslagebild: Was, warum, wie? Polizistinnen und Polizisten – von Uniformierten an der Front bis hin zur Kommandoleitung – treffen pausenlos Entscheidungen in von Unsicherheit geprägten Situationen. Ein detailliertes Lagebild ermöglicht, diesen Unsicherheitsfaktor zu verringern und dadurch die getroffenen Entscheidungen und deren Auswirkungen zu optimieren. In diesem Artikel werden Methodologie und Ergebnisse einer Studie präsentiert, die sich auf Daten aus Interviews mit etwa 30 Akteurinnen und Akteuren, aus einer bibliografischen Recherche, aus einer Untersuchung der in der Schweiz vorhandenen Produkte zur
Abbildung der Kriminalitätslage und aus einer praktischen Anwendung bei der Neuenburger Polizei stützt. Was versteht man aber unter dem Begriff «Lagebild»? Angesichts der Vielzahl an Auffassungen und Praktiken wird in diesem Artikel eine Definition dieses Begriffs vorgeschlagen, um so die Grundlagen für einen harmonisierten Ansatz zu legen. Ausserdem werden bewährte Praktiken und Empfehlungen für die Schweizer Polizeien vorgestellt. Die Analyse des Lagebilds ermöglicht auch eine Bewusstmachung über das Vorhandensein von Problemen und über deren Ausmasse, wodurch die Entscheidungsfindung und das Tätigwerden automatisch erleichtert werden.
Riassunto Situazione criminale: chi, perché, come? Il personale di polizia – da quello sul terreno fino ai comandanti – deve prendere continuamente decisioni all’interno di un contesto di incertezza. Una migliore conoscenza della situazione permette di ridurre questa incertezza e, di conseguenza, di ottimizzare le decisioni prese e il loro impatto. Il presente articolo riassume lo svolgimento e i risultati di una ricerca basata su dati estratti da interviste con una trentina di attori del settore, da una recensione bibliografica, da uno studio sui supporti informativi prodotti dai corpi di polizia in Svizzera per avere una
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panoramica sulla situazione criminale e dall’applicazione pratica all’interno della polizia di Neuchâtel. Ma che cosa si intende con «situazione»? Di fronte alla moltitudine di interpretazioni e pratiche, l’autore propone una definizione di questo concetto al fine di gettare le basi per un approccio più armonizzato. L’articolo presenta inoltre buone pratiche e proposte rivolte alle polizie svizzere. L’analisi della situazione permette così di conoscere la presenza e la portata dei problemi, facilitando la presa di decisione e il passaggio all’azione.
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CyberPie – Formations pour les polices La plateforme numérique CyperPie recense l’ensemble des formations suisses destinées aux spécialistes cyber. Une matrice de compétences a été développée en tenant compte des compétences spécifiques aux métiers de police. Ainsi, les personnes intéressées obtiennent en quelques clics une vue d’ensemble des formations existantes sur le marché et ciblant au mieux leurs besoins. CyperPie est accessible via la Plateforme nationale de formation policière (PNFP) ou directement sur https://cyberpie.edupolice.ch.
CyberPie – Ausbildungen für die Polizei Auf der digitalen Plattform CyperPie sind alle nationalen Kurse für Cyber-Spezialistinnen und -Spezialisten erfasst. Unter Berücksichtigung polizeispezifischer Kompetenzen wurde für die Nutzerinnen und Nutzer der Plattform eine Kompetenzmatrix entwickelt. Mit wenigen Klicks erhalten Interessierte so eine Übersicht über die in der Bildungslandschaft verfügbaren und auf ihre Bedürfnisse ausgerichteten Ausbildungen. Zugang zu CyperPie erhalten Sie über die Nationale Bildungsplattform Polizei (NBPP) oder über folgenden Link: https://cyberpie.edupolice.ch.
Cyberpie – Formazioni per le polizie La piattaforma digitale Cyperpie raccoglie tutte le formazioni svizzere destinate agli specialisti cyber. Una matrice di competenze, basata sulle competenze specifiche alle professioni di polizia, permette agli interessati di accedere in pochi clic a una panoramica delle formazioni presenti sul mercato e più adeguate alle loro esigenze. Si può accedere a Cyperpie attraverso la Piattaforma nazionale della formazione di polizia (PNFP) o direttamente sul sito https://cyberpie.edupolice.ch.
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BANDES RIVALES : PERSPECTIVES OPÉRATIONNELLES D’UN OBSERVATOIRE AUPRÈS DE LA POLICE CANTONALE FRIBOURGEOISE
Bandes rivales : perspectives opérationnelles d’un observatoire auprès de la Police cantonale fribourgeoise Blaise Genoud Chef des unités spéciales, Police cantonale Fribourg
Résumé
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La problématique des bandes rivales s’est intensifiée et radicalisée de manière préoccupante ces dernières années. Or, ce phénomène reste difficilement détectable et mesurable ; sa perception repose sur quelques faits, mais essentiellement sur des critères plus subjectifs. Un récent sondage de délinquance autoreportée et de victimisation a révélé l’étendue et la gravité du phénomène ; plus d’un·e élève du canton de Fribourg sur dix se considère comme étant membre d’une bande délinquante. L’impact des multirécidivistes est quant à lui considérable ;
une minorité de jeunes délinquant·e·s sont responsables d’une majorité des infractions commises. Un observatoire dédié et un monitoring spécifique permettront d’évaluer de façon tangible « la température » du moment et d’amener périodiquement un renseignement consolidé, de même que des propositions stratégiques et opérationnelles. Ils permettront également d’échanger avec un grand nombre d’intervenant·e·s externes et de renforcer, de fait, les partenariats.
Introduction Un événement tragique et révélateur Le samedi 14 novembre 2020, un jeune mineur neuchâtelois décédait accidentellement, happé par un train en gare de Sugiez. Au-delà de la tragédie, cet événement a soudainement révélé la problématique inquiétante des bandes rivales, notamment en Suisse romande. En effet, bien qu’accidentel, ce décès est intervenu en marge d’une confrontation, empêchée par la police, quelques heures auparavant. Les jours suivants ont quant à eux illustré toute l’ampleur du phénomène des bandes rivales ; la presse a largement couvert l’événement et a parlé ouvertement d’une « guerre des gangs ». Pour la Police cantonale fribourgeoise, cet événement permit d’identifier quelques enseignements : • un renseignement opérationnel faiblement partagé ; • une connaissance limitée du phénomène et l’absence d’un vocabulaire commun ; • l’absence d’un réseau intercantonal prédéfini et d’un monitoring spécifique.
Situation en Suisse romande durant les années 2020 et 2021 Ces dernières années, la délinquance juvénile a non seulement augmenté, mais elle est aussi et surtout devenue plus violente. De nombreux délits ont alerté la justice et les services de police. Mais c’est surtout une large couverture médiatique qui a révélé l’ampleur et la gravité du phénomène des groupes et bandes. Début 2021, l’émission « Quartier des bandes », du magazine Temps Présent, a dressé un portrait alarmant de la situation en Suisse romande (Radio Télévision Suisse [RTS], 2021). En fin d’année, celle du magazine Mise au Point « Moussa, mort, au Flon, à cause de la guerre des gangs » (Radio Télévision Suisse [RTS], 2021) a révélé aux auditrices et auditeurs romands l’ampleur et l’origine du phénomène, ainsi que la tristesse des familles et l’angoisse de représailles. Un phénomène difficilement perceptible et quantifiable La problématique des bandes rivales est complexe et s’avère difficilement définissable et identifiable.
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De plus, ce phénomène est relativement volatil, parfois éphémère, à l’image du sentiment d’appartenance des jeunes qui l’animent. Cependant, les études montrent que l’influence du groupe agit directement et significativement sur les taux de prévalence et d’incidence dans la commission d’actes illégaux, mais également dans la victimisation des membres du groupe (Haymoz & Milani, 2022). Méthodologie Objectifs et hypothèses de travail Face à cette problématique, il semble important de définir les objectifs suivants : • comprendre, de façon élargie, le phénomène des bandes rivales ; • définir les termes et les critères permettant l’observation et la perception consolidée de ce phénomène ; • identifier des perspectives opérationnelles et stratégiques d’un observatoire dédié. La délinquance juvénile en général, ainsi que la problématique des bandes rivales, est difficilement chiffrable ; par ailleurs, cette perception subjective est grandement influencée, voire brouillée par une couverture médiatique qui se veut souvent polémique et sensationnelle. Dès lors, une approche pluridisciplinaire ou groupée, à l’instar d’un état-major, doit permettre de thématiser le phénomène des bandes rivales et de l’appréhender avec efficacité. • Face au phénomène des bandes rivales, que fautil définir, observer et monitorer ? • Comment créer un observatoire dédié et quelles perspectives opérationnelles pourrait-il apporter ? La compréhension du phénomène et la démarche de recherches Afin d’être en mesure de les détecter, de les quantifier et de les évaluer, il apparaît important de comprendre les comportements et la dynamique sociale entourant ces agissements problématiques. Cette démarche de compréhension du phénomène s’est faite au travers de nombreux articles de presse, reportages et documentaires télévisés, des résultats de l’enquête autoreportée ISRD-4 (Marshall, 2020–2022) ainsi que d’un ouvrage de référence (Haymoz, 2010). Certains aspects ont été approfondis lors d’une interview avec l’auteure de ce dernier ouvrage.
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La comparaison entre différents cantons s’est faite par le biais d’un questionnaire et lors de séances du groupe de travail « Bandes rivales ». Plusieurs entretiens semi-directifs ont permis d’établir un état des lieux structurel et organisationnel, s’agissant notamment de la collecte et de la gestion du renseignement, de l’observation des groupes détectés et de leur monitoring. Les perspectives opérationnelles ont été explorées et réfléchies notamment lors de discussions bilatérales avec des collègues concerné·e·s par le phénomène, ainsi que lors de deux focus groups (tables rondes), le 18 mars 2022 à Grangeneuve et le 13 mai 2022 à La Chaux-de-Fonds. Analyse, développement et réflexions Le phénomène des bandes rivales lié à la délinquance juvénile Le phénomène des groupes et des bandes de jeunes est intimement lié à la délinquance juvénile (Office fédéral de la justice [OFJ], 2010), il est même indissociable de cette dernière. Depuis quelques années, la délinquance juvénile est en progression constante. En une seule année, de 2019 à 2020, « les jugements pour mineurs mentionnant une infraction Le phénomène des groupes et des au Code pénal (CP)1 ont augbandes de jeunes est intimement lié menté de 10 % ; les infractions à la délinquance juvénile [...]. violentes ont augmenté de 23 % » (Office fédéral de la statistique [OFS], 2021). Cette tendance à la hausse s’est poursuivie en 2021 avec une augmentation de 7,5 % par rapport à l’année précédente (Office fédéral de la statistique [OFS], 2022). Les mineur·e·s et jeunes adultes, notamment les 15–19 ans, sont des acteurs très actifs en termes d’infractions au CP ; s’agissant des sujets masculins, cette tranche d’âge est même la plus prépondérante. Les sondages de délinquance autoreportée et de victimisation ISRD La statistique policière de la criminalité (SPC) « ne porte en l’occurrence que sur les infractions dont celle-ci a connaissance, soit la criminalité connue. Elle ne contient, par contre, pas d’informations sur le chiffre noir, la criminalité qui n’est pas connue de la police. » (Office fédéral de la statistique [OFS], 2022)
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Figure 1 : Personnes prévenues d’infractions au CP selon l’âge et le genre (OFS, 2022)
Les sondages de délinquance autoreportée et de victimisation permettent d’obtenir des indicateurs supplémentaires ; ils sont considérés comme les meilleurs indicateurs, fiables et valides, pour mesurer la délinquance juvénile (Aebi & Jaquier, 2008). La quatrième édition de cette enquête internationale a été menée de 2021 à 2022 dans 55 pays. Pour la Suisse, quelque 11 000 élèves âgé·e·s d’environ 14 ans ont été invité·e·s à répondre à un questionnaire en ligne, durant les heures de classe. Les sujets devaient indiquer, de façon anonyme, s’ils avaient commis ou non certains actes délictueux, et s’ils
avaient été victimes ou non de méfaits similaires, au cours des douze derniers mois. • Un faible pourcentage de 5 % d’adolescent·e·s commettent des infractions à répétition ; ces jeunes multirécidivistes sont à l’origine de 77,1 % des infractions commises. • 12,5 % des élèves du canton de Fribourg (11,3 % en Suisse) se considèrent comme étant membres d’une bande délinquante. • L’appartenance à une bande influence également de façon significative la victimisation de leurs membres, comme l’indique le graphique suivant :
Figure 2 : Prévalence de la victimisation au cours des douze derniers mois selon l’appartenance à une bande juvénile dans le canton de Fribourg (Haymoz & Milani, 2022)
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Figure 3 : Pourcentage de membres de groupe / bande en fonction du nombre de facteurs de risque (Haymoz et al., 2013)
La définition Il est difficile de définir les bandes rivales, que ce soit en mots de vocabulaire ou en critères d’appartenance et d’identification, car ces derniers sont souvent supposés, subjectifs et parfois éphémères. Parmi les définitions trouvées dans la littérature académique, trois peuvent être citées : • « Groupe de personnes perturbant l’ordre public et la sécurité » (Witvrouw et al., 2015) • « Any durable, street oriented youth group whose involvement in illegal activity is part of its group identity » (Klein et al., 2001) • « Groupe de trois personnes ou plus existant depuis au moins un mois et qui se livre régulièrement à des activités criminelles » (Wortley, 2010) La plupart de ces définitions font une distinction entre les critères « définisseurs » et les critères « descripteurs ». Il n’existe cependant aucune définition consensuelle. Afin de favoriser la compréhension et l’échange d’un renseignement partagé, les membres du GT « Bandes rivales » de la CCG RBT2 ont retenu la terminologie et les définitions génériques et consensuelles ci-après ainsi que leur usage pour l’ensemble des polices cantonales et municipales du concordat : Groupe de jeunes : Groupe d’appartenance de jeunes dont l’identité repose notamment sur l’acceptation ou la participation à des activités de rue illégales. Bande rivale : Groupe de jeunes en conflit (opposition supposée, détectée ou établie) avec un groupe adverse.
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Conférence des commandant·e·s de gendarmerie de Suisse romande, de Berne et du Tessin
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Sous rare réserve de conditions essentielles et constitutives, soit une hiérarchie pyramidale renforcée et un intérêt lucratif prédominant, ce terme de « gang » ne sera volontairement pas utilisé dans des cas relevant de la délinquance juvénile, même en cas d’événement grave tel qu’un homicide. Les facteurs de risque Toujours dans une démarche de compréhension, il semble également important de s’intéresser aux facteurs de risque ; qu’est-ce qui incite un·e jeune à rejoindre un groupe de délinquant·e·s et à commettre, ou tolérer, des activités délictueuses ? Cette analyse des facteurs de risque a eu pour objectifs, dans le cadre de cette recherche : • de favoriser une approche empathique ; • de définir les critères d’identification de membres de groupe de jeunes ; • d’orienter et de cibler les axes de prévention et les perspectives opérationnelles. Cinq groupes de facteurs de risque d’affiliation sont généralement admis (Haymoz, 2010) : • Facteurs de risque familiaux • Facteurs de risque individuels • Facteurs de risque scolaires • Facteurs de risque communautaires ou liés au voisinage • Facteurs de risque liés aux pairs Ces facteurs de risque sont nombreux et ont une influence établie sur l’affiliation à un groupe ou à une bande. C’est principalement le cumul et la convergence de plusieurs facteurs qui vont inciter un·e jeune à rejoindre un groupe ou une bande. Des études révèlent également que si un·e jeune présente
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des facteurs de risque dans plusieurs catégories, la probabilité qu’elle ou il adhère à un gang est encore plus forte (Wyrick & Howell, 2004). Influence du groupe ou de la bande Durant l’adolescence, le besoin et le sentiment d’appartenance, ainsi que l’influence du groupe, et principalement des pairs, sont cruciaux pour les jeunes ; cependant, comme ils interviennent durant La lutte contre la délinquance une phase d’apprentissage, de changements et en général, et juvénile en particulier, de réflexions, cette apparest l’affaire de toute policière tenance est paradoxaleet de tout policier. ment instable et volatile. Il est donc d’autant plus difficile, pour les proches et les instances, de la détecter. Au-delà de l’influence sur l’individu et les comportements personnels, la présence d’un groupe ou d’une bande entraîne de manière significative une augmentation des activités illégales de rue dans le quartier ou secteur concerné. De nombreuses recherches l’ont démontré, la délinquance juvénile est en grande partie commise en groupe. Cette relation se traduit dans les chiffres : • 80 % des jeunes qui comparaissaient devant la cour pénale de Chicago avaient commis leurs délits avec d’autres complices (Shaw & McKay, 1942). • 73 % des actes délinquants commis par les jeunes sont perpétrés en groupe (Warr, 1996). Perspectives et propositions L’analyse, le développement et les réflexions du chapitre précédent permettent d’entrevoir quelques perspectives et de formuler les propositions suivantes. Rédaction et publication d’un document interne sous la forme d’une directive opérationnelle (DOP) « Groupes et bandes rivales » Ces types de documents sont des références internes à la Police cantonale fribourgeoise ; ils ont pour objectifs d’émettre des lignes directrices, de fixer un cadre, de formaliser des actes métiers, de synthétiser une multitude d’informations et de faciliter l’apprentissage du métier pour les nouvelles collaboratrices et les nouveaux collaborateurs. Ainsi, pour le phénomène qui nous occupe, ce document fixera les buts suivants : • présenter le contexte général et les enjeux ; • convenir d’un langage commun ;
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• faciliter la compréhension et permettre la détection ; • fixer les missions, tâches et responsabilités des différent·e·s intervenant·e·s ; • permettre le monitoring et le suivi du phénomène. Fonction « Répondant·e délinquance juvénile » La lutte contre la délinquance en général, et juvénile en particulier, est l’affaire de toute policière et de tout policier. Cependant, une spécialisation de certain·e·s agent·e·s permettra de renforcer la collecte et la diffusion du renseignement, l’échange d’informations et le partage des réflexions et moyens de résolution. Ces répondant·e·s constitueront ainsi un réseau de proximité couvrant l’ensemble du territoire. Observatoire auprès de la Police cantonale fribourgeoise Un observatoire a pour objectifs, de façon générale, de rendre intelligible un phénomène et d’apporter une représentation vérifiée (Le Marec & Belaën, 2012) ; il peut aussi créer une interface d’échange entre acteurs et partenaires. La problématique de la délinquance juvénile commise en groupe ou en bande est complexe ; sa détection et sa perception sont difficiles et reposent sur quelques faits mais aussi beaucoup d’indicateurs à évaluer. De plus, les solutions doivent être discutées et construites dans une cohérence cantonale avant d’être proposées et déployées avec les partenaires de proximité. La constitution d’un observatoire permettra : • de réunir les acteurs et les compétences de la Police cantonale ; • d’améliorer le renseignement ; • de favoriser les échanges et la formation ; • de proposer des efforts ou des actions ; • d’offrir une plateforme d’échange et d’œuvrer avec différents partenaires ; • de rapporter ponctuellement la situation à la hiérarchie et aux autorités. Outils de monitoring Une « heat map » de la délinquance juvénile commise en groupe En reprenant certaines données déjà disponibles, il a été possible d’obtenir une représentation visuelle des infractions commises en groupe, soit par plus de deux personnes, dont au moins une d’elles était âgée de 10 à 25 ans au moment des faits. Nous obtenons ainsi d’excellents indicateurs d’intensité et de localisation de la délinquance juvénile commise à plusieurs.
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Cet outil permet ainsi à un·e responsable de secteur d’identifier les points « chauds » et de cibler les présences et les actions sur le terrain.
Figure 4 : Quartier des Dailles, Fribourg
Codification spécifique des événements et de l’activité par un mot-clé Sur la base du mot-clé défini, tous les événements et toute l’activité en lien avec le phénomène peuvent être codifiés (tagués) dans les documents internes permettant le suivi de l’activité. Cette codification facilite grandement le monitoring, permettant ainsi le suivi des événements, le déploiement de la présence policière et la portée de ses actions sur la durée. Pour que cette codification soit efficace, le terme choisi ne devra pas être utilisé couramment, permettant ainsi une recherche ciblée et rapide de l’information par un seul mot-clé. Recensement des membres Le recensement des membres de groupe ou de bande, que leur appartenance soit établie ou supposée, devra se limiter aux personnes actives et à celles qui l’étaient encore récemment. Un recensement officiel, annoncé et cadré, permet de : • centraliser l’information ; • respecter les contraintes légales en lien notamment avec la protection des données. Perspectives en matière de formation La compréhension du phénomène, du besoin d’appartenance et des raisons qui poussent certain·e·s jeunes à commettre des infractions favorise non seu-
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lement la détection et l’identification des groupes et des bandes de jeunes délinquant·e·s, mais elle permet également d’agir en amont et de développer des modules de formation suivants : • Modules de formation spécifique durant l’école de police : 1. Empathie et perception intergénérationnelle 2. Initiation psychosociale : troubles du comportement chez l’adolescent·e, etc. 3. ROB3 face aux jeunes : stratégies d’intervention et de communication (Granger, 2018) 4. Connaissances des instances cantonales et du réseau des partenaires sociaux fribourgeois • Formation de base des répondant·e·s en délinquance juvénile ; • Stages réciproques des étudiant·e·s de la HETS FR4 et des répondant·e·s délinquance juvénile de la Police cantonale fribourgeoise ; • Formation continue des policières et policiers, notamment lors de la publication de la directive opérationnelle idoine. Perspectives opérationnelles Sur la base des facteurs de risque définis, une vingtaine de mesures envisageables ont été identifiées, par exemple : • annoncer systématiquement à la Justice de paix toute situation familiale défavorable constatée, toute présence nocturne récurrente de jeunes mineur·e·s dans la rue, toute toxicomanie des parents, etc. ; • favoriser le dialogue et encourager la participation aux démarches de médiation pénale pour les mineur·e·s lorsque les agentes et agents dénonciateurs et/ou plaignants y sont invités ; • sensibiliser les élèves à la thématique des bandes rivales et du risque de victimisation lors de l’intervention des chargé·e·s de prévention dans les cycles d’orientation ; • adapter les présences spécifiques de la police : 1. Patrouilles mixtes constituées d’inspectrices et d’inspecteurs ainsi que de gendarmes 2. Éventuellement en civil, pour déconstruire les préjugés et tenter le rapprochement
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Rules of behaviour (règles de comportement)
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Haute école de travail social Fribourg
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3. En intégrant occasionnellement et selon l’opportunité des éducatrices et éducateurs ou des pairs influents « positifs » : grand frère, artiste ou personnalité sportive, etc. • identifier les multirécidivistes et les pairs influent·e·s au sens négatif du terme ; • prononcer ou solliciter de l’autorité compétente des mesures d’éloignement lorsque cela est nécessaire : 1. Renvoi et interdiction d’accès signifiés par la police 2. Établissement éventuel de nouveaux périmètres d’interdiction 3. Interdiction de contact et géographique, par l’autorité de jugement (art. 16a al. 2 DPMin5) • constituer une task force en cas de situation dégradée persistante. Conclusion Dans les corps de police, la problématique des bandes rivales est perçue avec justesse, mais parfois sur la base de critères et de définitions personnelles, subjectives, rendant une représentation du phénomène diffuse. Il apparaît dès lors indispensable que les définitions et les notions essentielles soient vulgarisées, expliquées et diffusées. Sur le plan de la statistique, les infractions commises par plus de deux personnes, dont au moins une est âgée de 10 à 25 ans, constituent un très bon indicateur de la délinquance juvénile commise en groupe, laquelle peut être ainsi cartographiée. Sur la base d’un monitoring spécifique, un observatoire constitué de cadres et d’agent·e·s spécialisé·e·s permettrait de recouper des informations chiffrées avec Dans les corps de police, d’autres critères d’appréla problématique des bandes rivales ciation, plus subjectifs. Il est perçue avec justesse, mais parfois est dès lors possible d’apsur la base de critères et de définitions porter une perception et personnelles, subjectives, rendant une une représentation consoreprésentation du phénomène diffuse. lidée. De plus, un observatoire permet : • Un partage dans la réflexion et la diffusion de l’information • Des lignes directrices communes pour une action coordonnée • Une force de proposition et de mise en œuvre de l’action policière • Une plateforme d’échange avec les partenaires 5
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Loi fédérale régissant la condition pénale des mineurs ; RS 311.1
L’analyse des raisons intrinsèques et des facteurs de risques qui forgent cette appartenance néfaste au groupe permet d’entrevoir plusieurs perspectives opérationnelles, auxquelles viendront sans nul doute s’ajouter de nouvelles actions futures proposées par l’observatoire.
Bibliographie Aebi, M. F., & Jaquier, V. (2008). Les sondages de délinquance autoreportée : origines, fiabilité et validité. Déviance et Société, 32(2), 205–227. https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2008-2-page-205.htm Boehlen, M. (1975). Kommentar zum schweizerischen Jugendstrafrecht. (No Title). Verlag Stämpfli. Cusson, M. (2007). Traité de sécurité intérieure : de l’action de sécurité. Éditions Hurtubise. Département fédéral de justice et police (DFJP). (2008). Violence des jeunes. Confédération suisse. https://www.bj.admin.ch/bj/fr/home/publiservice/ publikationen/berichte-gutachten/2008-04-11.html Granger, J.-M. (2018). Tensions et violences entre jeunes et forces de l’ordre lausannois. Institut Suisse de Police. Haymoz, S. (2010). Les gangs en Suisse : délinquance, victimisation et facteurs de risque. Université de Lausanne (UNIL), École des sciences criminelles. Haymoz, S., Maxson, C., & Killias, M. (2013). Street gang participation in Europe: A comparison of correlates. European Journal of Criminology, 11(6), 659–681. https://journals.sagepub.com/doi/ abs/10.1177/1477370813511385 Haymoz, S., & Milani, R. (2022). La délinquance juvénile et la victimisation dans le canton de Fribourg. Haute école de travail social de Fribourg (HETS FR). Heat map. (2021, 13 juillet). In Wikipédia. http://fr.wikipedia.org/w/index. php?title=Heat_map&oldid=184604742 Klein, M. W., Kerner, H.-J., Maxson, C. L., & Weitekamp, E. G. (2001). The Eurogang Paradox: Street Gangs and Youth Groups in the U.S. and Europe. Springer Dordrecht. Le Marec, J., & Belaën, F. (2012). La création d’un observatoire : que s’agit-il de représenter ?. Communication & langages, (1), 29–45. https://doi. org/10.4074/S0336150012011039 Marshall, I. H. (2020–2022). ISRD4. International Self-Report Delinquency Study: https://isrdstudy.org/isrd-4/ Office fédéral de la justice (OFJ). (2010). Agissements en bande. Campagne de sensibilisation et adaptation du droit pénal. Département fédéral de justice et police DFJP. Confédération suisse. https://www.bj.admin.ch/bj/fr/ home/publiservice/publikationen/berichte-gutachten/2010-01-11.html Office fédéral de la statistique (OFS). (2021). Jugements pénaux des mineurs et exécution des sanctions en 2020. Confédération suisse. https://dam-api.bfs. admin.ch/hub/api/dam/assets/17924840/master Office fédéral de la statistique (OFS). (2022). Jugements pénaux des mineurs et exécution des sanctions en 2021. Confédération suisse. https://dam-api.bfs. admin.ch/hub/api/dam/assets/22907376/master Office fédéral de la statistique (OFS). (2022). Statistique policière de la criminalité 2021. Confédération suisse. https://www.bfs.admin.ch/ news/fr/2022-0372 Radio Télévision Suisse (RTS). (2021, 4 février). Quartier des bandes [Vidéo]. Play RTS. https://pages.rts.ch/emissions/temps-present/11842783quartier-des-bandes-04-02-2021.html?anchor=11950001#timeline-anchor-integral-11842785 Radio Télévision Suisse (RTS). (2021, 19 décembre). Moussa, mort, au Flon, à cause de la guerre des gangs [Vidéo]. Play RTS. https://www.rts.ch/ play/tv/-/video/-?urn=urn:rts:video:12771400 Rédaction 20 Minutes. (2020, 15 novembre). Ado décédé à Sugiez (FR) : « Ils ont dû passer 30 minutes à essayer de le réanimer ». 20 Minutes (Suisse). https://www.20min.ch/fr/story/ils-ont-du-passer-30-minutes-a-essayer-dele-reanimer-915349125256
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Shaw, C., & McKay, H. (1942). Juvenile delinquency and urban areas: A study of rates of delinquency in relation to differential characteristics of local communities in American cities. The University of Chicago Press. Tourrette, C., & Guidetti, M. (2018). Les changements de l’adolescence. In Introduction à la psychologie du développement : Du bébé à l’adolescent (4e éd., pp. 245–286). Dunod. https://doi.org/10.3917/dunod. tourr.2018.01.0245 Warr, M. (1996). Organization and Instigation in Delinquent Groups. Criminology, 34(1), 11–37. American Society of Criminology. https://doi. org/10.1111/j.1745-9125.1996.tb01193.x
Witvrouw, L., Born, M., & Glowacz, F. (2015). Bandes urbaines et groupes délinquants en Belgique : Représentations et savoirs. Criminologie, 48(2), 39–63. Presses de l’Université de Montréal. https://www.jstor.org/stable/24582331 Wortley, S. (2010). Identification Des Gangs De Rue : Dilemmes à propos de la définition et répercussions sur les politiques. Sécurité publique Canada. https://www.securitepublique.gc.ca/lbrr/archives/cn25200792-fra.pdf Wyrick, P., & Howell, J. (2004). Strategic Risk-Based Response to Youth Gangs. Juv. Just., 9, 20. https://heinonline.org/HOL/LandingPage?handle=hein.journals/juvejstc9&div=6&id=&page=
Zusammenfassung Rivalisierende Banden: Operationelle Perspektiven einer Beobachtungsstelle bei der Kantonspolizei Freiburg In den letzten Jahren ist eine besorgniserregende Zunahme und Radikalisierung von rivalisierenden Banden zu beobachten. Doch bleibt dieses Phänomen schwierig zu erkennen und zu messen. Seine Wahrnehmung gründet auf isolierten Fakten, aber noch stärker auf subjektiven Kriterien. Eine jüngste Täter- und Opferbefragung bringt das Ausmass und die Schwere des Phänomens ans Licht: Mehr als eine oder einer von zehn Schülerinnen und Schülern des Kantons Freiburg geben an, Mitglied einer
kriminellen Bande zu sein. Dabei haben Intensiv-Täter/-innen einen erheblichen Anteil: Eine Minderheit junger Straftäter/-innen ist für die Mehrheit der verübten Straftaten verantwortlich. Eine dem Problem gewidmete Beobachtungsstelle und ein entsprechendes Monitoring helfen, diese Dynamik anhand einer regelmässigen Lagebeurteilung sichtbar zu machen. In diesem Rahmen werden auch strategische wie operationelle Vorschläge erarbeitet und der Austausch mit zahlreichen externen Fachpersonen wird gefördert, wodurch Partnerschaften gestärkt werden.
Riassunto Bande rivali: prospettive operative di un osservatorio della polizia cantonale Friburgo La problematica delle bande rivali si è intensificata e radicalizzata in maniera preoccupante negli ultimi anni. Questo fenomeno resta difficilmente rilevabile e misurabile, dato che la sua percezione si basa essenzialmente su criteri soggettivi e solo su pochi dati. Un recente sondaggio sull’autosegnalazione della delinquenza e la vittimizzazione ha rilevato l’estensione e la gravità del problema: nel Cantone di Friburgo, più di un alunno su dieci
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si considera membro di una banda delinquente. L’impatto delle recidive è considerabile: una minoranza dei giovani autori è responsabile della maggior parte dei reati commessi. Un osservatorio dedicato e un monitoraggio specifico permetteranno di valutare in modo tangibile «la temperatura» del momento e di fornire periodicamente informazioni affidabili e proposte stategico-operative. Consentiranno inoltre di confrontarsi con molti attori esterni e quindi di rafforzare i partenariati.
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LE FUTUR DU CONTRÔLE BIOMÉTRIQUE À LA FRONTIÈRE EN SUISSE
Le futur du contrôle biométrique à la frontière en Suisse Sabine Brückner Cheffe Identification et Value Stream Manager adjointe Sécurité et passage de la frontière, Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières
Résumé
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La numérisation progresse et ce n’est qu’une question de temps avant que cela touche également le domaine des contrôles aux frontières. Ce travail modélise, dans l’optique d’un voyage sans couture, un possible futur processus de contrôle aux frontières qui sera ensuite « challengé » par des groupes de personnes directement et indirectement impliquées dans ledit processus. Le modèle très simplifié, dont l’élément central est l’identité digitale, est généralement bien accueilli par les parties prenantes et est
en principe considéré comme réalisable. Néanmoins, il est souligné qu’à ce niveau de développement, le modèle ne répond pas encore à de nombreuses questions centrales. Même si une première pierre a été posée avec la prise de conscience qu’une évolution numérique est imminente en ce qui concerne les processus de contrôle aux frontières, il reste encore d’innombrables obstacles à surmonter avant la phase de transition – comme le montrent les récents événements au niveau national ou européen.
1. Introduction À l’heure actuelle, la digitalisation prend une place assez conséquente dans plusieurs aspects de nos vies. De plus, la désormais quasi omniprésence du téléphone portable rend cette digitalisation dans la sphère privée également encore plus simple qu’elle ne l’a jamais été. Dans le domaine de la finance, des loisirs, de la santé ou des voyages, des développements importants ont déjà pu avoir lieu. Pourquoi devraient-ils s’arrêter ici et ne pas s’appliquer aux préoccupations sécuritaires et plus concrètement aux contrôles aux frontières1. Le travail dont cet article traite vise à jeter un coup d’œil dans un possible futur et à évaluer des potentiels travaux préparatoires afin de se préparer à ces éventuels développements. Le point de départ pour le présent travail a été marqué par une étude sur le futur de la biométrie ainsi que sur son intégration dans des systèmes de contrôles aux frontières, laquelle a été menée par l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex (2021)2. Le but du travail était d’imaginer et d’esquisser, à partir de cette étude Frontex, un scénario possible
concernant les développements et la mise en place des futurs contrôles biométriques aux frontières helvétiques. Ensuite, celui-ci a été présenté à plusieurs parties prenantes qui ont exprimé leur opinion au vu de leur place dans le processus de contrôle aux frontières. Confronter ce scénario aux « stakeholders » a finalement résulté en une collection d’éléments-clés à prendre en compte lors d’éventuelles futures décisions stratégiques ou opérationnelles. 2. Élaboration de la situation de départ Pour dresser l’image de la situation de départ, il a été fait appel, d’une part, aux connaissances accumulées lors de la participation à l’étude Frontex et, d’autre part, aux éléments découlant de la recherche et de l’étude de littérature. En outre, les connaissances personnelles sur le sujet ont été également mises à profit.
1
Il s’agit, ici, des frontières externes de l’espace Schengen auxquelles des contrôles de personnes se font de manière systématique.
2
Frontex – European Border and Coast Guard Agency (Hrsg.). (2021). Technology Foresight on Biometrics for the Future of Travel.
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Tout d’abord, dans le contexte des contrôles aux frontières, la Suisse, est soumise, en tant qu’État associé à Schengen, aux exigences de l’acquis de Schengen. Celles-ci encadrent, parmi d’autres, la manière d’implémenter et de réaliser des processus opérationnels et précisent la marge de manœuvre à disposition en vue de l’utilisation de nouvelles technologies. Puis, en se plongeant dans le sujet des voyages, de la sécurité et de l’identité, il est rapidement constaté qu’il n’est pas possible de s’écarter du concept du voyage sans couture (Wyman, 2020)3. En effet, cette idée représente apparemment un désir d’une grande partie des personnes impliquées dans cette branche d’activités relative aux frontières. En résumé, ce concept propose que pendant son voyage, une passagère ou un passager ne doive ni présenter des documents relatifs à sa personne (p. ex. passeport) ni des documents relatifs au trajet effectué (p. ex. carte d’embarquement). Il suffirait donc simplement de confirmer, voire de vérifier son identité à travers des éléments biométriques. Pour arriver à ce stade, il est également défini que l’existence d’une identité digitale est une condition primordiale. Voici quelques recommandations ou « best practice » qui permettraient l’utilisation d’une identité digitale sur l’intégralité d’un voyage. Les plus pertinentes sont listées ci-après : • Création d’une seule identité digitale pour chaque voyageuse ou voyageur avec la possibilité d’être vérifiée via la biométrie par toutes les personnes confrontées à cette identité digitale (État, partenaires publics ou privés) • Création de cette identité le plus tôt possible afin d’en profiter au maximum le long du trajet • Gestion de l’identité de manière décentralisée afin que la voyageuse ou le voyageur puisse avoir accès à ses données De plus, les nouvelles technologies relatives aux contrôles aux frontières seront sans doute explorées dans toutes les parties du monde. Un regard sur les deux aéroports d’Aruba4 et de Dubaï5 a permis de relever des éléments intéressants du point de vue des développements en cours en matière de contrôles biométriques. Des projets de voyage sans couture ont pu être réalisés en permettant à des personnes préenregistrées de se déplacer librement à l’aéroport du check-in jusqu’à l’embarquement en s’identifiant seulement à l’aide de leur biométrie. La possibilité d’autonomiser le flux de passagères et passagers rend celui-ci plus efficace. Des exemples d’une
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implémentation d’un tel système à large échelle (couvrant par exemple un pays entier) n’ont cependant pas été observés. Finalement, étant donné que la mise en service du Entry−Exit−System (EES) de l’Union européenne a dû être repoussée déjà à plusieurs reprises, la complexité d’un tel système à large échelle peut uniquement être imaginée. Ce nouveau système La possibilité d’autonomiser ne vise par contre pas à soutenir le flux de passagères et passagers le voyage sans couture, mais à augmenter la sécurité de l’espace rend celui-ci plus efficace. Schengen. Il existe néanmoins des parallèles concernant le type et la masse de données à gérer. En effet, le système EES remplacera par exemple les timbrages physiques dans les passeports des voyageuses et voyageurs des États tiers par des timbres électroniques. Pour ce faire, il a été défini que les dossiers de voyage devront inclure les données biométriques au sein des données biographiques de la personne. 3. Établissement du « modèle 2040 » En se basant sur le savoir accumulé grâce aux recherches préparatoires, le modèle 2040 représentant un futur possible du processus de contrôle aux frontières a été développé. Le cœur de ce modèle encore simplifié consiste en une identité digitale, laquelle devra être obligatoire pour toute personne voyageant dans l’espace Schengen. L’émission de cette dernière doit être faite par une autorité de confiance, de manière comparable aux processus connus aujourd’hui pour l’émission de passeports / visas. Le modèle 2040 vise à réduire au maximum le processus de contrôle visible pour les passagères ou passagers. Ainsi cela répondrait au désir de voyage sans couture et permettra dans un même temps, de répondre à des chiffres croissants personnes en transit et de rendre plus efficaces les contrôles aux frontières (cf. figure 1 ci-après). L’identité digitale permettra à la passagère ou au passager de mettre à disposition son identité aux autorités, non seulement au moment même du passage frontalier comme aujourd’hui, mais également en avance. Par conséquent, cette personne sera, lors du franchissement de la frontière, déjà connue des
3
Wyman, O. (2020). Global Guidelines for Safe & Seamless Traveller Journey (World Travel & Tourism Council, Hrsg.).
4
Aruba Happy Flow ‒ Automated Border Control Project at Aruba’s Reina Beatrix Airport, o. J.
5
«Emirates Unveils Biometric Path at Dubai Airport for ‚contactless‘ Journeys», 2021; Godinho, o. J.
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LE FUTUR DU CONTRÔLE BIOMÉTRIQUE À LA FRONTIÈRE EN SUISSE
Figure 1 : Fonctionnement du « modèle 2040 » utilisant l’identité digitale
autorités. Les recherches dans les banques de données pourront déjà être terminées et il suffira de s’identifier avec une caractéristique biométrique auprès d’une La confiance dans les données guérite automatique par personnelles est primordiale pour exemple. Cette dernière étape permettra de relier la l’ établissement d’un tel modèle. personne passant la frontière à l’identité digitale utilisée auparavant (clarifications, banques de données, etc.) pour finalement savoir si elle est autorisée à entrer sur le territoire. La confiance dans les données personnelles est primordiale pour l’établissement d’un tel modèle. Cela demanderait donc la collecte de la biométrie en présentiel ainsi que l’émission de l’identité digitale par une autorité fiable et reconnue. 4. Le challenge Afin de mieux cerner le modèle 2040, voire même d’être en mesure de l’améliorer, ce dernier a été soumis à différents « stakeholders » pour qu’il puisse être mis à l’épreuve. Comme parties prenantes ont été identifiés les organes responsables des contrôles aux frontières, les responsables des opérations aux aéroports, différents offices fédéraux, voire internationaux ainsi que des voyageuses et voyageurs. Lors des entretiens, le modèle 2040 a été présenté à des représentant·e·s des groupes cités ci-dessus afin de recevoir des retours sur : leurs premières impressions ; le réalisme du modèle ; ses opportunités, risques, avantages, faiblesses ; ses éventuels points d’amélioration et points d’interrogation. La possibilité d’une discussion ouverte a également été laissée afin de clore chacun des entretiens.
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Les premières impressions sont quasi unanimes sur le fait que le modèle est intéressant, qu’il est en adéquation avec les grands développements ayant cours aujourd’hui, qu’il a du sens et qu’il possède un potentiel indéniable en matière de contrôles aux frontières efficaces. Cependant, il a été relevé que la politique n’est pas toujours alignée avec les évolutions technologiques, ce qui peut rendre le développement du futur des contrôles aux frontières difficile. En effet, le monde dans lequel une décision est prise (politique) et le monde dans lequel une telle décision doit être appliquée (opérationnel) sont assez éloignés l’un de l’autre. Les personnes interrogées se rejoignent sur le fait que le modèle 2040 est tout de même réaliste. Elles sont toutes d’avis que ce modèle est convaincant, économique et adapté aux besoins futurs en faisant remarquer que le modèle 2040 possède un grand nombre de similitudes avec le processus actuel d’établissement des visas notamment. Parmi les opportunités qu’offre le modèle, sont nommées l’optimisation, la standardisation, l’accélération et la simplification de nombreux processus. Ceux-ci comprennent par exemple l’échange de données, la gestion du flux de passagères et passagers ou encore le temps de traitement. L’augmentation de la sécurité et la réduction du personnel (aspects économiques) sont également citées à plusieurs reprises. Le modèle 2040 propose que l’identité digitale soit décentralisée, ce qui se traduit parmi les personnes interviewées tantôt par de l’approbation (protection des données, accessibilité « offline », confiance), tantôt par de la réticence (accessibilité par des autorités, « recherchable » à tout moment, interopérabilité).
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Une grande partie des risques soulevés concerne tout ce qui a trait aux données. En particulier celles qui se retrouveront dans l’identité digitale et qui seront transférées à un moment donné aux autorités. En plus, les voyageuses et voyageurs ne doivent plus impérativement se présenter devant un·e gardefrontière. Ainsi, un filtre important pourrait tomber et par conséquent impliquerait que des « persona non grata » puissent potentiellement entrer dans l’espace Schengen. Les avantages du modèle sont reconnus notamment d’un point de vue commercial, plus spécifiquement par les aéroports. En effet, de leur côté, il est préférable que les passagères et passagers attendent en dépensant leur argent dans des commerces de l’aéroport plutôt qu’en faisant la file devant les contrôles à la frontière. De leur côté, voyageuses et voyageurs voient leur expérience améliorée avec un temps d’attente réduit pour franchir la frontière. D’autres retours mentionnent que l’aspect sécuritaire pendant le contrôle peut être augmenté avec ce modèle, car il devient plus difficile de masquer son identité. Finalement, selon d’autres personnes interviewées, ce modèle semble répondre entièrement aux besoins des futures personnes en transit. Parmi les faiblesses nommées le plus souvent, on retrouve notamment la dépendance du système. C’est-à-dire que le système reste, même dans le futur, vulnérable à toutes sortes d’attaques et nécessite qu’une réflexion sur les ressources électriques à disposition soit menée. Il est en outre nécessaire d’établir une procédure si le système entier ou une partie de ce dernier ne répond plus et, finalement, il apparait qu’il repose sur des algorithmes qui ne sont peut-être pas encore aussi performants que souhaités. L’éventualité que la passagère ou le passager ne se comporte pas comme prévu (stress du voyage, intelligence collective, etc.) a aussi été relevée comme étant une des faiblesses du modèle, tout comme sa simplicité qui pourrait avoir négligé un aspect important du contrôle à la frontière. Il est évident qu’un premier modèle ne peut pas répondre à tous les détails et éventualités. C’est pour cette raison que, pendant les interviews, des discussions intenses et intéressantes à propos du modèle ont eu lieu. Le niveau de détail des différents retours était très différent, c’est pourquoi, seuls quelques points d’amélioration sont présentés ici. Premièrement, le modèle manque d’interactions entre les passagères et passagers et les garde-frontières. Ces interactions sont d’ailleurs jugées très importantes
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dans le contexte de l’évaluation des risques. On pourrait par exemple imaginer un échantillonnage aléatoire ou un contrôle approfondi par défaut si c’est le premier voyage dans l’espace Schengen. Deuxièmement, les compagnies aériennes et leurs partenaires disposent déjà de systèmes très interconnectés en ce qui concerne la gestion des données (réservations, programmes de fidélité). Il serait alors intéressant d’approfondir de ce côté et d’identifier d’éventuelles synergies. Troisièmement, l’identité digitale est considérée comme un bon départ, mais on devrait aller plus loin pour que l’identité devienne beaucoup plus complexe et ainsi plus difficile à falsifier6. Cependant, afin de garantir un système crédible et fiable, il serait indispensable d’avertir la personne à chaque fois que son identité est demandée, transférée ou utilisée. Parmi les questions relevées pendant l’échange avec les parties prenantes, on retrouve D’autres retours mentionnent des sujets ayant trait à l’acceptation que l’aspect sécuritaire pendant le d’un tel projet par la société, contrôle peut être augmenté avec ce la compatibilité des systèmes pendant la phase transitoire d’une modèle, car il devient plus difficile durée probablement importante de masquer son identité. ainsi que la gestion des pannes ou des piratages. Ce dernier point a gagné beaucoup en attention au début de l’été dernier, lorsqu’un partenaire des institutions policières et étatiques a été victime d’un piratage, suivi de la publication des données sur le dark web. 5. Conclusion Au vu des développements politiques, géopolitiques et économiques actuels, il apparait comme très probable que les contrôles aux frontières perdurent à long, voire très long terme. Il est également hautement probable que la manière dont ils sont réalisés va être amenée à changer à l’avenir. Il reste néanmoins à définir la période et l’étendue de ces changements. L’expérience de ces dernières années a bien montré que la société peut rapidement changer sans en connaître véritablement l’impact. Il est ainsi préférable de commencer à préparer les variantes pour le futur déjà aujourd’hui. Malgré le fait que le travail se soit basé sur un modèle futuriste relativement simple, les discussions avec les différentes personnes impliquées dans ces processus 6
De plus en plus, nous « transférons » notre vie (carte de crédit, médias sociaux, contrats, voyages, billets, etc.) sur notre téléphone portable. Il faudrait explorer davantage et pousser le concept de l’identité digitale plus loin en combinant tous ces éléments.
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LE FUTUR DU CONTRÔLE BIOMÉTRIQUE À LA FRONTIÈRE EN SUISSE
ont permis d’identifier les grandes pistes à explorer, de reconnaitre quelques tendances futures et également quelques questions ou problèmes à résoudre. Un premier grand chantier concerne les processus. En effet, en raison de l’automatisation des contrôles aux frontières, les processus devront logiquement être adaptés. Cependant, on s’attend ici à une évolution et non à une révolution. L’être humain va rester un élément primordial dans les processus futurs, ce qui implique de combiner au mieux les compétences humaines avec les avantages des systèmes technologiques futurs. Un deuxième grand pan s’articule autour de l’identité digitale. Le fait que les tendances futures vont dans cette Bibliographie Aruba Happy Flow − Automated Border Control Project at Aruba’s Reina Beatrix Airport. (o. J.). Consulté le 14 juin 2022, von http://www.arubahappyflow.com/ Emirates unveils biometric path at Dubai airport for «contactless» journeys. (2021, Januar 17). Globetrender. https://globetrender. com/2021/01/17/emirates-biometric-path-dubai-airport-contactlessjourneys/
direction n’est pas vraiment à discuter. Cependant, beaucoup de questions encore ouvertes restent à clarifier. Le dernier point névralgique identifié à la fin du travail dont cet article rend compte regroupe les aspects sociaux et politiques. Si de tels développements venaient à ne pas être acceptés par le public ou par la politique, il apparait difficile de continuer dans cette voie. Il y a donc des efforts importants d’éclaircissement à entreprendre dans ce domaine également. Afin d’être préparé·e au mieux aux évolutions à venir, il convient d’initier les discussions sur ces sujets dès à présent et non demain.
Frontex – European Border and Coast Guard Agency (Hrsg.). (2021). Technology Foresight on Biometrics for the Future of Travel. Wyman, O. (2020). Global Guidelines for Safe & Seamless Traveller Journey (World Travel & Tourism Council, Hrsg.).
Zusammenfassung Die Zukunft der biometrischen Grenzkontrolle in der Schweiz Die Digitalisierung ist in vollem Gange und so wird es wohl nur eine Frage der Zeit sein, bis sie auch im Bereich der Grenzkontrollen Einzug halten wird. Diese Arbeit modelliert unter dem Aspekt des nahtlosen Reisens einen möglichen künftigen Grenzkontrollprozess, welcher im Anschluss von direkt und indirekt am Prozess beteiligten Personengruppen auf seine Umsetzbarkeit geprüft wird. Das stark vereinfachte Modell, dessen zentrales Element die digitale Identität ist,
findet bei den Stakeholdern Anklang und wird im Grundsatz als realisierbar bewertet. Gleichzeitig wird hervorgehoben, dass das Modell in dieser noch geringen Maturität zahlreiche zentrale Fragen noch nicht zu beantworten vermag. Auch wenn mit dem Bewusstsein, dass in Bezug auf Grenzkontrollprozesse wohl eine digitale Evolution bevorsteht, ein erster Grundstein gelegt wurde, so sind bis zur Übergangsphase noch unzählige Hürden zu bewältigen – wie auch die jüngsten Ereignisse auf nationaler oder europäischer Ebene aufzeigen.
Riassunto Il futuro del controllo biometrico alla frontiera in Svizzera La digitalizzazione si sviluppa costantemente e prima o poi interesserà anche il settore del controllo alle frontiere. Nell’ottica di un viaggio senza soluzioni di continuità, il presente lavoro propone un modello di un possibile processo futuro per il controllo alle frontiere, che verrà poi messo alla prova da gruppi di persone direttamente o indirettamente coinvolti. Il modello è molto semplificato e ruota attorno
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all’identità digitale; è generalmente accolto con favore dalle parti interessate e in linea di principio viene considerato realizzabile. Tuttavia, si sottolinea che al presente stadio di sviluppo il modello non fornisce ancora risposta a molte questioni centrali. Anche se con la comprensione dell’imminenza dello sviluppo digitale nei processi di controllo alle frontiere è stata posta una prima pietra, restano enormi ostacoli da superare prima dalla fase di transizione, come dimostrano i recenti eventi a livello nazionale ed europeo.
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EPS HFP 2021–2022
Sélection de contributions ayant reçu le Prix à l’Innovation (EPS) Reto Habermacher en 2021 et 2022 Le Prix à l’Innovation (EPS) Reto Habermacher, renommé en mémoire de l’ancien directeur de l’ISP, est décerné au meilleur travail de diplôme consacré à une activité policière au niveau fédéral, cantonal ou communal, sans distinction d’importance, qui atteint les objectifs suivants : innovation, rapport avec des thèmes sociétaux, potentiel de développement et d’amélioration ou positionnement du profil de la profession. L’Examen professionnel supérieur (EPS) atteste des compétences d’une policière ou d’un policier dans le domaine de la conduite et de la formation du personnel, ainsi que dans un secteur technique particulier, qui lui permettront d’assumer les tâches du premier niveau de direction. Les policières et policiers prouvent, par l’obtention du diplôme sanctionnant les Examens professionnels supérieurs, leur volonté accrue de s’engager en faveur de la qualité, du développement et de l’innovation dans leur travail. magazine félicite les diplômé·e·s et propose cette année les synthèses de deux travaux du cursus EPS ayant reçu le Prix à l’Innovation Reto Habermacher. Il s’agit de ceux de Messieurs Christian Münger et Damian Broger. Les travaux EPS précités sont accessibles par l’intermédiaire du catalogue CentreDoc (http://catalog.institut-police.ch/) pour un usage policier.
Diplomarbeiten HFP, die 2021 und 2022 mit dem Innovationspreis Reto Habermacher ausgezeichnet wurden Der Innovationspreis HFP Reto Habermacher, der zum Gedenken an den ehemaligen Direktor des SPI benannt wurde, wird für die beste Diplomarbeit verliehen, die sich mit einer polizeilichen Tätigkeit auf Bundes-, Kantons- oder Gemeindeebene befasst und folgende Kriterien erfüllt: Innovation, Bezug zu Gesellschaft, Entwicklungs- und Verbesserungspotenzial oder Positionierung des Berufsbildes. Die höhere Fachprüfung (HFP) bescheinigt Polizistinnen und Polizisten, dass sie in den Bereichen Personalführung und -ausbildung sowie in einem bestimmten Fachbereich über die nötigen Kompetenzen verfügen, um Aufgaben auf der ersten Führungsstufe zu übernehmen. Mit dem erfolgreichen Abschluss einer höheren Fachprüfung zeigen Polizistinnen und Polizisten ihre Bereitschaft, sich vermehrt für Qualität, Weiterentwicklung und Innovation in der Polizeiarbeit einzusetzen. magazine gratuliert allen Absolventinnen und Absolventen der HFP ganz herzlich und präsentiert in der vorliegenden Ausgabe die Diplomarbeiten der Preisträger 2021 und 2022: Christian Münger und Damian Broger. Die vollständigen Diplomarbeiten HFP sind im CentreDoc-Katalog (http://catalog.institut-police.ch/) verfügbar und dürfen in einem polizeilichen Kontext verwendet werden.
Selezione di contributi insigniti del Premio all’innovazione (EPS) Reto Habermacher nel 2021 e nel 2022 Il Premio all’innovazione (EPS) Reto Habermacher, dedicato all’ex direttore dell’ISP venuto a mancare qualche tempo fa, è attribuito al miglior lavoro di diploma su un’attività di polizia a livello federale, cantonale o comunale, senza distinzione di importanza. Il lavoro premiato deve essere contraddistinto dagli elementi seguenti: innovazione, rapporto con tematiche sociali, potenziale di sviluppo e di ottimizzazione o posizionamento del profilo della professione. L’esame professionale superiore (EPS) attesta le competenze degli agenti di polizia nel settore della gestione e della formazione del personale, oltre che in un ambito tecnico particolare, necessarie a svolgere i compiti del primo livello direttivo. Con il conseguimento del diploma EPS, gli agenti di polizia possono dimostrare la loro spiccata volontà di impegnarsi a favore della qualità, dello sviluppo e dell’innovazione nel loro lavoro. magazine si congratula con i diplomati e quest’anno propone i riassunti di due lavori di diploma EPS insigniti dal Premio all’innovazione Reto Habermacher, quelli di Christian Münger e Damian Broger. I lavori di diploma citati sono accessibili tramite il catalogo CentreDoc (http://catalog.institut-police.ch/) ai fini d’utilizzo in un contesto di polizia.
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COP CULTURE VERSUS POLIZEIKULTUR
Cop Culture versus Polizeikultur1
Christian Münger Gruppenchef / Bezirkschef Stellvertreter Regionalpolizei Bern, Stationierte Polizei Ost
Zusammenfassung Das Thema Cop Culture hat eine grosse Relevanz für den Polizeiberuf, da es einen Grossteil der Faszination für dieses Berufsbild ausmacht. Dieser Artikel und die Diplomarbeit, auf der dieser basiert, sollen dazu beitragen, innerhalb der Polizeikorps ein Bewusstsein für Cop Culture zu schaffen und dieses Phänomen zum Thema zu machen. Dazu wird die Nutzung von bestehenden und auch
neuen Gefässen empfohlen, insbesondere durch die Umsetzung von Schulungen zum Thema. Darüber hinaus werden Empfehlungen zur Stärkung des gegenseitigen Vertrauens vorgebracht, die zur Minimierung der Differenzen zwischen Polizeikultur und Polizistenkultur beitragen sollen. In dieser Hinsicht sind insbesondere das Führen durch Vorbild sowie eine gute Feedback- und Fehlerkultur gefragt.
Das Thema Cop Culture taucht häufig in den Medien auf, und oftmals werden dabei die negativen Ausprägungen beleuchtet. Dabei wird gerne ausser Acht gelassen, dass Cop Culture durchaus positive Auswirkungen auf die Polizeiarbeit hat. Doch worum geht es bei Cop Culture und was bedeutet dieser Begriff eigentlich? Der Begriff Cop Culture (Polizistinnen- und Polizistenkultur) wird in der Literatur folgendermassen umschrieben: «Wir Polizisten bilden eine Art Schicksalsgemeinschaft. Gemeinsam stehen wir ein für eine gute Ordnung und kämpfen gegen das Unrecht in der Gesellschaft. Wir sind dabei überzeugt, auf Obwohl Polizistinnen und Poli- der richtigen Seite zu kämpzisten in erster Linie der Bevöl- fen. Wir bewegen uns im Spannungsfeld zwischen der kerung dienen, sind sie oft bereit, heilen Welt und der Welt des die Extrameile gerade auch für die Verbrechens. Diese Wirren Kolleginnen und Kollegen zu gehen. und Spannungen halten wir oftmals nur aus, weil wir uns als Teil der Familie – Polizei – sehen. Der Kerngehalt der Verbundenheit dieser Familie ist die Gefahr und der Glaube an die Gerechtigkeit» (Behr, 2006).
In einem harmonischen Klima mit einem guten Einvernehmen zwischen Mannschaft und Führung dient Cop Culture als soziales Schmiermittel innerhalb der Organisation. Durch Cop Culture kann ein positives Wir-Gefühl entstehen. Diese Art von gelebter Kultur unter den Mitarbeitenden führt zu einem einzigartigen Zusammengehörigkeitsgefühl. Obwohl Polizistinnen und Polizisten in erster Linie der Bevölkerung dienen, sind sie oft bereit, die Extrameile gerade auch für die Kolleginnen und Kollegen zu gehen. Sie achten aufeinander und zeigen echtes Interesse an Kolleginnen und Kollegen, das weit über das Berufliche hinausgeht. Das Gefühl der Verbundenheit untereinander ist gerade in schwierigen Situationen eine wichtige Ressource, auf die Polizistinnen und Polizisten zurückgreifen können. Dass Polizisten/-innen bei Fehlverhalten einer Kollegin oder eines Kollegen nicht einschreiten, zeigt das traurige Beispiel der Tötung von George Floyddurch Polizisten am 25. Mai 2020 in Minneapolis (USA). Es stellt einen der traurigen Höhepunkte in der jüngeren Geschichte zum Thema dar. Der am
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Der vorliegende Artikel basiert auf einer vom Autor für die Höhere Fachprüfung Polizistin / Polizist eingereichten Diplomarbeit (Münger, 2021).
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COP CULTURE VERSUS POLIZEIKULTUR
Boden liegende 46-jährige Afroamerikaner George Perry Floyd wurde vom weissen Polizeibeamten Derek Chauvin in aller Öffentlichkeit getötet, indem dieser neun Minuten und 29 Sekunden lang mit vollem Körpergewicht auf dem Hals von Floyd kniete. Trotz zahlreicher Bitten des Opfers und umstehender Zeugen drückte der Polizist Floyd bis zu seinem Tod die Atemluft ab. Drei weitere beteiligte Polizisten schritten nicht ein. Dabei zeigen Vorfälle wie diese die Relevanz der Thematik überdeutlich auf. Es geht dabei nicht nur um Polizeigewalt, sondern auch um Cop Culture, die sich insbesondere auch im Aussageverhalten von Polizistinnen und Polizisten zeigt. In diesem Zusammenhang ist häufig die Rede von der «blue wall of silence», «der blauen Wand des Schweigens», die von Polizistinnen und Polizisten um ihre Kolleginnen und Kollegen in Uniform hochgezogen wird: Laut Wikipedia handelt es sich dabei um eine Art ungeschriebenes Gesetz unter Polizeiangehörigen, nicht über Fehler, Fehlverhalten oder Verbrechen von Kolleginnen und Kollegen zu berichten, auch nicht über Polizeibrutalität (Blue wall of silence, 2023). Auch wenn die Verhältnisse in der Schweiz nicht mit jenen in den USA vergleichbar sind, ist das Thema Cop Culture auch für die Schweizer Polizei von Relevanz. Eine kritische Auseinandersetzung mit diesem facettenreichen Thema kann auch hierzulande Aufschluss über verschiedene Aspekte des Polizeiberufs geben – und dies nicht nur über die negativen Auswirkungen, sondern auch über die positiven Seiten des Phänomens. Ziele und Fragen Der vorliegende Artikel beleuchtet die verschiedenen Facetten der Cop Culture anhand der Ergebnisse einer vom Autor für die Höhere Fachprüfung Polizistin / Polizist erstellten Diplomarbeit (Münger, 2021). Die Arbeit verfolgte das Ziel, ein Bewusstsein für Cop Culture zu schaffen, das Phänomen zu thematisieren und Best Practices sowie Empfehlungen zu erarbeiten. Dazu wurden folgende Fragen untersucht: • Ist bei der Regionalpolizei Bern eine Cop Culture vorhanden und wie ausgeprägt zeigt sich diese? • Welche Problemfelder stellen sich bezüglich Cop Culture versus Polizeikultur in Bezug auf Zusammenarbeit, Verständnis und Vertrauen? • Existiert eine Abgrenzung («Lehmschicht») zwischen Cop Culture und Polizeikultur und, wenn ja, was sind die Treiber dafür?
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• Was wird im Polizeikorps schon alles umgesetzt, um das Verständnis zwischen den beiden Kulturen zu fördern und allfällige Differenzen zu minimieren? • Sind Unterschiede zwischen weiblichen und männlichen Angehörigen der Polizei bezüglich Cop Culture vorhanden und wenn ja, welche und wo zeigen sich diese? • Inwieweit spielen das Dienst- oder das Lebensalter bei diesem Thema eine Rolle? • Gibt es bezüglich Cop Culture Unterschiede zwischen den verschiedenen Abteilungen sowie urbanem und ländlichem Einsatzgebiet? • Inwieweit beeinflusst eine gewisse Diversität (Dienstalter/Geschlecht) innerhalb einer Gruppe die Cop Culture? Angewandte Theorie und Methodik Um Antworten auf diese Fragen zu erhalten, wurden die vorhandene Fachliteratur, Fachzeitschriften und das Internet beigezogen. Beide Kulturen stehen in einem Der weitaus grösste Teil der In- arbeitsteiligen Verhältnis zueinander formationen wurde durch eine und ermöglichen so die Erfüllung quantitative Umfrage unter den der eigentlich «paradoxen» Aufgabe Mitarbeitenden und qualitative der Polizei – den gesellschaftlichen Interviews sowie Fachgespräche mit einer Polizeioffizierin Frieden notfalls mit Gewalt und Polizeioffizieren gewon- durchzusetzen. nen. Als weitere Grundlagen dienten zudem das Leitbild, die Führungsgrundsätze sowie die Wertecharta der Kantonspolizei (Kapo) Bern. Zudem konnte der Autor auf seine über 25-jährige Erfahrung im Polizeiberuf zurückgreifen. Die quantitative Umfrage unter den Mitarbeitenden der Kapo Bern sollte aufzeigen, welche Relevanz Cop Culture hat und ob ein Bewusstsein für dieses Thema vorhanden ist. Um einen Vergleich zwischen den verschiedenen Abteilungen sowie urbanem und ländlichem Einsatzgebiet ziehen zu können, wurden die urbane Region Bern und die eher ländliche Region Berner Oberland miteinander verglichen. Zudem wurde die Kriminalabteilung miteinbezogen, um einen Vergleich zwischen den verschiedenen Abteilungen zu ermöglichen. Bei der Auswahl der Befragten wurde darauf geachtet, dass der Frauenanteil, der Kaderanteil und die Altersstruktur des Korps abgebildet wurden. Die Teilnehmenden wurden anhand dieser Parameter durch die Personalabteilung selektioniert.
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Die qualitativen Interviews wurden mit einer Polizeioffizierin und zwei Polizeioffizieren durchgeführt, die aus ihrer eigenen Erfahrung berichteten. Zum einen standen der stellvertretende Kommandant der Kapo Bern und zum anderen ein Bereichsleiter der Stationierten Polizei für ein Interview zur Verfügung. Das dritte Interview fand mit der Co-Leiterin des psychologischen Dienstes der Kapo Bern statt. Unterschiede zwischen den Kulturen Um die Unterschiede zwischen Polizeikultur und Cop Culture zu verstehen, ist es hilfreich, die Vision und die Wertecharta der Kapo Bern beizuziehen, die zusammenfassen, welche Werte die Polizeikultur in diesem Polizeikorps prägen sollen. Bezüglich der Unterschiede zwischen diesen zwei Kulturen führt Behr (2006) folgendes aus: «Dort wo die Leitbilder nicht den Handlungsmustern der Polizistinnen und Polizisten entsprechen, besteht ein gewisses Konfliktpotenzial.» Diese Handlungsmuster nennt Behr auch «Klugheitsregeln der Strasse». Sie entsprechen oftmals nicht den Idealvorstellungen der Polizeikultur, allerdings sind damit beispielsweise alltagstaugliche Routinen möglich, die Polizistinnen und Polizisten unter anderem vor Überlastung schützen (Behr, 2006). Die Faszination des Polizeiberufs besteht unter anderem darin, dass an jedem Tag etwas Aussergewöhnliches passieren kann. Gleichzeitig müssen Polizistinnen und Polizisten jederzeit richtig handeln. Oft müssen gerade auch die jüngsten Mitarbeitenden, da sie im Patrouillendienst eingesetzt werden, unter hohem Zeitdruck die richtigen Entscheidungen treffen. Behr (2006) ist diesbezüglich der Auffassung, dass sich die Cop Culture mit dem «Destruktiven der Gesellschaft» beschäftigt, dies tut die Polizeikultur eher nicht. Die Cop Culture nimmt sich des konkreten Vollzugs des Gewaltmonopols im Alltag an. Beide Kulturen stehen in einem arbeitsteiligen Verhältnis zueinander und ermöglichen so die Erfüllung der eigentlich «paradoxen» Aufgabe der Polizei – den gesellschaftlichen Frieden notfalls mit Gewalt durchzusetzen. Allerdings beschäftigt sich Cop Culture nicht ausschliesslich mit dem «Destruktiven der Gesellschaft». Auch schwierige Such- oder Rettungseinsätze, gemeinsame Nachtdienste – selbst ohne Vorkommnisse – schweissen zusammen und prägen die Cop Culture.
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Umfrage bei der Kapo Bern Der Fragebogen wurde an 160 Mitarbeitende der Kapo Bern versandt. Insgesamt haben 147 Personen an der Umfrage teilgenommen, von denen 136 alle Fragen beantwortet haben. Insgesamt kann man sagen, dass nahezu allen Befragten die Zugehörigkeit zum Polizeikorps wichtig ist und sie stolz darauf sind, Polizistinnen und Polizisten zu sein. Ausnahmslos alle legen grossen Wert auf Zusammenhalt und Solidarität innerhalb der Gruppe. Ein überwiegender Teil (ca. 81 %) der Befragten sieht die Kolleginnen und Kollegen und sich selbst als eine Art «Gefahrengemeinschaft», und für rund 88 % spielen Konformität und Gleichheit eine wichtige Rolle. Knapp 80 % der Befragten sind der Meinung, dass im Dienst unbedingte Solidarität gilt und Konflikte intern gelöst werden sollten (s. Abb. 1). Mehr als 90 % sind mit der Aussage einverstanden, dass Polizistinnen und Polizisten die «Guten» sind und in brenzligen Situationen das Richtige tun. Rund 83 % ist die Kontrolle über negative Gefühle wichtig. Im Dienst gilt unbedingte Solidarität. Konflikte werden intern gelöst und interne Angelegenheiten geheim gehalten. Trifft nicht zu 2.1% Trifft absolut zu 18.6%
Trifft zu 56.4%
18.6%
22.9%
Trifft eher nicht zu 22.9%
56.4%
Abb. 1: Umfrageergebnisse zu Solidarität, Konfliktlösung und Handhabung interner Angelegenheiten
Auch bezüglich einer allfälligen Distanz zwischen Mitarbeitenden und Kadern brachte die Umfrage wertvolle Erkenntnisse. So gibt es in Bezug auf das mittlere und obere Kader geteilte Meinungen. Über die Hälfte der Befragten ist der Auffassung, dass sich das mittlere und obere Kader genügend um die Belange der Mitarbeitenden kümmert und auch ansprechbar für diese ist. Etwas weniger als die Hälfte findet hingegen, dass das mittlere und obere Kader nicht ausreichend über die Anliegen der Mitarbeitenden informiert ist (s. Abb. 2). In Bezug auf den Einfluss der Diversität innerhalb der Gruppen ergab die Umfrage, dass diese dem subjektiven Empfinden nach ein wichtiger Faktor ist. Schaut man sich aber die Ergebnisse der Umfrage bezüglich der spezifischen Merkmale von Cop Culture
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Das mittlere und obere Kader (KS 2/3/4) weiss, mit welchen Problemen sich Polizisten/-innen an der Front konfrontiert sehen.
7.9%
Trifft absolut zu 2.2%
Trifft nicht zu 7.9%
38.1% Trifft zu 51.8%
Trifft eher nicht zu 38.1%
51.8%
Abb. 2: Umfrageergebnisse zur gefühlten Nähe der oberen Kader
im Vergleich an, so stellt man fest, dass es offenbar kaum Unterschiede zwischen den Geschlechtern, dem Stationierungsort oder den Abteilungen gibt. Qualitativer Ansatz: Interviews Um auch qualitative Aspekte zu berücksichtigen, wurden drei Interviews geführt. Alle drei Interviewpartner/-innen sind sich darin einig, dass sie die Kapo Bern als eine Art Gemeinschaft erleben, in der man zueinander schaut. Ebenfalls einig ist man sich in der Auffassung, dass sich die Polizeikultur in den letzten Jahren verändert hat. Aufgrund des bestehenden hierarchischen Gefälles und des fehlenden Bewusstseins für die Thematik herrscht ausserdem Einigkeit darüber, dass es neue Gefässe brauchen wird, um über das Thema Cop Culture zu sprechen. Trotz ihres hohen Status als Polizeioffizierin und -offiziere sehen sie sich als Teil der Polizeifamilie und unterstreichen, dass dies einer der Gründe sei, weshalb sie bei der Polizei arbeiteten. Sie sind zudem der Meinung, dass die guten Anteile der Cop Culture überwiegen würden.
beruf nicht irgendein Beruf ist. Vielmehr bedeutet er für etwas über 86 % der Befragten auch Identität. Das Wir-Gefühl sei einzigartig und man fühle sich als Teil einer grossen Gemeinschaft. Obschon diese Verbundenheit nicht so einfach zu erklären ist, ist ein wichtiger Aspekt davon unbestritten das Konzept der Gefahrengemeinschaft (s. Abb. 3), wie dies auch in der Fachliteratur beschrieben wird (Behr, 2006). Diese gründet zu einem grossen Teil darauf, dass man im Polizeiberuf nie weiss, was einem beim nächsten Einsatz erwartet. Man muss sich auf seine Partnerin, seinen Partner verlassen können, da im äussersten Fall das eigene Leben davon abhängt. Ich sehe meine Arbeitskollegen/-innen als eine Art «Gefahrengemeinschaft» (Bewusstsein, mit Gewalt konfrontiert zu werden, ggf. Gewalt auszuüben). Trifft nicht zu 2.9% Trifft absolut zu 30%
30%
15.7%
Trifft eher nicht zu 15.7%
51.4%
Trifft zu 51.4%
Abb. 3: Umfrageergebnisse zum Konzept der Gefahrengemeinschaft
Die Interviews und die Umfrage deuten darauf hin, dass die negativen Aspekte von Cop Culture bei der Kapo Bern aus interner Sicht wenig ausgeprägt sind und dagegen die positiven Aspekte dieses Phänomens überwiegen. Dennoch kommt man bei genauer Betrachtung zum Schluss, dass eine Auseinandersetzung mit diesem Thema notwendig ist. Gerade auch im Hinblick auf das hierarchische Gefälle zwischen dem oberen Kader und der Mannschaft wäre dies eine
Analyse der Resultate und Schlussfolgerung Aufgrund der durchgeführten Interviews und der Umfrage kann gesagt werden, dass Cop Culture bei der Kapo Bern zurzeit kaum ein Thema ist, über das aktiv gesprochen wird. So wusste nur rund die Hälfte der Befragten, worum es sich dabei handelt, und nur ein ganz geringer Anteil war entsprechend geschult worden. Doch im weiteren Gespräch zeigte sich meist, dass zumindest intuitiv ein Verständnis dessen besteht, worum es bei Cop Culture geht, und die meisten Befragten konnten sowohl positive als auch negative Beispiele dafür nennen. Sowohl die Interviewpartner/-innen als auch die Befragten waren sich darin einig, dass der Polizei-
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Chance. Eine bewusste Auseinandersetzung mit dem Thema könnte dazu beitragen, ein Bewusstsein dafür zu entwickeln, was es heisst, Vorurteile abzubauen und gegenseitiges Vertrauen zu stärken. Schulungen zum Thema Es braucht Gefässe, um über Cop Culture zu sprechen. Ein wichtiger Schritt in diese Richtung ist die Thematisierung in den Weiterbildungen nach der Polizeischule. Seit der Veröffentlichung dieser Diplomarbeit gab es positive Entwicklungen in dieser Hinsicht: Im Frühjahr 2023 wurde in Absprache mit dem Polizeikommando anlässlich eines Kaderkurses erstmals eine entsprechende Schulung des obersten und mittleren
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Kaders durchgeführt, die sehr gut aufgenommen wurde. Auch eine Schulung im Lehrverband, in dem die Schulabgängerinnen und -abgänger nach Absolvieren der Interkantonalen Polizeischule Hitzkirch (IPH) ein weiteres Jahr praxisbezogen geschult werden, ist dieses Jahr geplant. Mit der Schulung wird erreicht, dass die Teilnehmenden ein Verständnis für die Thematik entwickeln. Insbesondere sollen sie auch die verschiedenen Diskurse mit ihren jeweiligen Inhalten einordnen können. Die persönliche, kritisch reflektierte Auseinandersetzung mit dem Thema ist für die Teilnehmenden bereichernd, zumal damit generell die kritische Reflektion berufsbe-
zogen inspiriert und trainiert werden kann. Der Unterricht ist so zu gestalten, dass die Teilnehmenden in einen Austausch untereinander und mit den Lehrenden kommen können. Dabei ist es entscheidend, dass trotz des teilweise grossen hierarchischen Gefälles ein authentischer Dialog ermöglicht wird. Neben den Schulungen ist es sinnvoll, wenn das Thema durch eine offene und transparente Feedbackkultur in den Berufsalltag integriert wird. So kann sichergestellt werden, dass das Thema Cop Culture nichts Abstraktes bleibt, sondern zu einer Thematik wird, die in konkreten Einsatzerfahrungen systematisch reflektiert und auch diskutiert wird.
Literaturverzeichnis Behr, R. (2006). Polizeikultur. Routinen – Rituale – Reflexionen. Bausteine zu einer Theorie der Praxis der Polizei. Springer.
Blue wall of silence. (2023, 23. Juni). In Wikipedia. https://en.wikipedia.org/wiki/Blue_wall_of_silence
Behr, R. (2008). Cop Culture – Der Alltag des Gewaltmonopols. VS Verlag für Sozialwissenschaften.
Münger, Ch. (2021). Polizistenkultur (Cop Culture) versus Polizeikultur [unveröffentlichte Diplomarbeit]. Höhere Fachprüfung Polizistin / Polizist. Kantonspolizei Bern.
Behr, R. (kein Datum). Intimität oder Abschottung – warum Polizisten am liebsten unter sich sind. Ein Essay zu den Ambivalenzen im polizeilichen Selbstverständnis. https://akademie-der-polizei.hamburg.de/resource/blob/490186/156ca a685f0fa9cb9a4e05e54f84f6c4/intimitaet-oder-abschottung-data.pdf
Résumé Cop culture versus culture policière La question de la cop culture, ou « culture flic », revêt une grande importance pour le métier de police car c’est ce qui explique en grande partie la fascination à l’égard de cette profession. Le présent article et le travail de diplôme dont il est tiré entendent contribuer à sensibiliser à la cop culture à l’intérieur des corps de police et à intéresser à ce phénomène. Dans cette optique, il est recommandé d’employer
des structures tant existantes que nouvelles, en organisant notamment des formations autour de cette thématique. Le travail fournit par ailleurs des recommandations en vue de renforcer la confiance mutuelle tout en aidant à atténuer les différences entre culture policière et culture flic. C’est là qu’entrent en jeu tout spécialement la conduite par l’exemple ainsi qu’une bonne culture du feedback et de l’erreur.
Riassunto Cop Culture vs. cultura della polizia Il tema della Cop Culture è molto importante per la professione della polizia, perché è uno dei motivi principali di attrazione verso questo lavoro. Il presente articolo, così come il lavoro di diploma alla sua base, mirano a contribuire a creare consapevolezza sulla Cop Culture all’interno dei corpi di polizia e a tematizzare questo fenomeno. A questo scopo,
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viene raccomandato di utilizzare sia metodi già esistenti, sia metodi nuovi, in particolare formazioni mirate. Inoltre, si sollevano raccomandazioni per rafforzare la fiducia reciproca, così da diminuire le differenze tra la cultura della polizia e la cultura degli agenti. In questo senso, sono in particolare necessari una buona cultura del feedback e dell’errore e l’abitudine di gestire il personale dando il buon esempio.
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COP CULTURE VERSUS POLIZEIKULTUR
Police de proximité – manuel de formation de base 4e édition – 2023, classeur A4, prix : CHF 69, ISBN 978-2-940551-49-1 Police de proximité Manuel de référence pour l’examen professionnel fédéral de Policier / Policière
La police de proximité constitue à la fois une méthode et une philosophie de travail. Elle vise la résolution durable des problèmes dans une coopération au cas par cas entre la police, la population et les divers partenaires. Sous la direction du Dr Kurt Hügi, directeur de l’école de police de Zurich (ZHPS), le matériel pédagogique Police de proximité a été actualisé et complété. Comme dans la 3e édition, les trois premiers chapitres présentent les bases de la police de proximité, abordent les partenariats et les compétences et expliquent les différentes approches de la prévention et de la répression. Les chapitres « Compétence interculturelle », « Enregistrement d’une plainte » et « Approche méthodique des engagements de police » ont été ajoutés au matériel pédagogique.
Institut Suisse de Police Avenue du Vignoble 3 Case postale 146 CH-2009 Neuchâtel Tél. 032 723 81 00 www.institut-police.ch isp@ne.ch
Au-delà de sa fonction de support de formation, le classeur Police de proximité propose les éléments essentiels d’une unité de doctrine nationale.
Community Policing – Lehrmittel für die Grundausbildung 4. Auflage – 2023, A4-Ordner, Preis: CHF 69, ISBN 978-2-940551-50-7 Community Policing Grundlagendokument für die eidgenössische Berufsprüfung Polizist/Polizistin
Community Policing bezeichnet gleichzeitig eine Arbeitsmethode und -philosophie. Es zielt darauf ab, in einer fallbezogenen gemeinsamen Zusammenarbeit zwischen der Polizei und den unterschiedlichsten Partnern eine nachhaltige Problemlösung zu erreichen. Unter der Leitung von Dr. Kurt Hügi, Direktor der Zürcher Polizeischule, wurde das Lehrmittel Community Policing (CP) aktualisiert und ergänzt. In den ersten drei Kapiteln werden wie schon in der 3. Auflage die Grundlagen des CP dargestellt, es wird auf Partnerschaften und Kompetenzen eingegangen und die verschiedenen Ansätze der Prävention und Repression werden erläutert. Neu hinzugefügt wurden dem Lehrmittel die Kapitel «Interkulturelle Kompetenz», «Entgegennahme einer Anzeige» und «Methodisches Vorgehen im Polizeieinsatz».
Schweizerisches Polizei-Institut Avenue du Vignoble 3 Postfach 146 CH-2009 Neuchâtel Tel. 032 723 81 00 www.institut-police.ch isp@ne.ch
Das Lehrmittel Community Policing ist eine wichtige Grundlage für die Ausbildung und legt gleichzeitig die wesentlichen Elemente für eine nationale Unité de doctrine fest.
Polizia di prossimità – manuale di formazione di base 4a edizione – 2024, classificatore A4, prezzo: CHF 69, ISBN 978-2-940551-51-4 Polizia di prossimità Manuale di riferimento per l’esame professionale federale di Agente di polizia
La polizia di prossimità incarna contemporaneamente un metodo e una filosofia di lavoro. Mira a risolvere i problemi in modo duraturo grazie alla collaborazione mirata tra la polizia, la popolazione e i vari partner. Il manuale Polizia di prossimità è stato adeguato e completato sotto la direzione del dott. Kurt Hügi, direttore della scuola di polizia di Zurigo (ZHPS). Come nella terza edizione, i primi tre capitoli illustrano le basi del lavoro di polizia di prossimità, i partenariati e le competenze, spiegando anche i diversi approcci della prevenzione e della repressione. Sono stati aggiunti tre capitoli, relativi alle competenze interculturali, alla gestione di denunce e all’approccio metodico degli interventi di polizia. Oltre a essere un aiuto alla formazione, il manuale Polizia di prossimità definisce i principali elementi che costituiscono un metodo di apprendimento uniforme a livello nazionale. La versione italiana sarà pubblicata a inizio 2024.
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PROAKTIVE MASSNAHMEN ZUR BEKÄMPFUNG DIGITALER KRIMINALITÄT
Proaktive Massnahmen zur Bekämpfung digitaler Kriminalität1 Damian Broger Stv. Leiter IT-Forensik & Cybercrime (IFC) Leiter Gruppe Cyberermittlungen / Datenanalyse (IFC1) Kantonspolizei St. Gallen
Zusammenfassung Bei der Bearbeitung von Fällen digitaler Kriminalität dringt seit geraumer Zeit immer mehr die Erkenntnis durch, dass der Fokus von repressiven auf proaktive Massnahmen gelenkt werden muss. Letztere zielen darauf ab, die Täterschaft über die klassische Ermittlungsarbeit hinaus vor bzw. während der Tatausführung zu stören und so weitere Straftaten zu verhindern. Die aktuelle Fokussierung auf Repression bei aus dem Ausland handelnden Kriminellen
Delikte der digitalen Kriminalität steigen kontinuierlich an. So ergab eine repräsentative telefonische Umfrage von Dezember 2021 bei rund 1000 privaten Internetnutzenden in Deutschland, dass 79 % der Befragten innerhalb der letzten 12 Monate von kriminellen Vorfällen im Internet betroffen waren (Bitkom, 2021). Bei Unternehmen zeigt eine Befragung von 2712 RisikomanagementExperten/-innen zu den grössten Geschäftsrisiken 2022, dass Cyber-Vorfälle und Geschäftsunterbrechungen mit je 34 % der Antworten weltweit als grösstes Risiko angesehen werden (Allianz, 2023, S. 2–17). Von den 56 befragten Unternehmen aus der Schweiz gaben sogar 57 % an, dass Cyber-Vorfälle aktuell das grösste Geschäftsrisiko darstellen (Allianz, 2023a, S. 14). Digitale Kriminalität ist aber nicht nur in der Wahrnehmung der Internet-Nutzenden auf dem Vormarsch. Seit drei Jahren werden sämtliche Straftaten nach Strafgesetzbuch (StGB), die eines oder
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erzielt nur eine geringe Wirkung. So gelingt es den Strafverfolgungsbehörden mangels effizienter Amtsbzw. Rechtshilfe lediglich in Einzelfällen, die Täterschaft der Strafverfolgung zuzuführen. Dieser Artikel fasst die wichtigsten Erkenntnisse aus der vom Autor für die Höhere Fachprüfung Polizistin / Polizist (HFP) verfassten Diplomarbeit zusammen, stellt zweckdienliche proaktive Massnahmen vor und zeigt das Entwicklungspotenzial in diesem Bereich auf.
Vergleich digitale Kriminalität national
Abb. 1: Vergleich der nationalen Fallzahlen im Bereich der digitalen Kriminalität über drei Jahre (Quellen: BFS, 2021; BFS, 2022; BFS, 2023)
mehrere Cybercrime-Phänomene betreffen, in der polizeilichen Kriminalstatistik (PKS) national erhoben und als digitale Kriminalität ausgewiesen. Bei der Analyse dieser statistischen Daten wurde ersichtlich, dass es im Jahr 2021 gegenüber 2020 zu einer Zunahme von 24,3 % kam. Im Folgejahr wurde ein weiterer Zuwachs um 9,8 % ermittelt (s. Abb. 1). Der Mehrjahresvergleich zwischen den Jahren 2020 und 2022 ergab bei der digitalen Kriminalität einen
Der vorliegende Artikel basiert auf einer vom Autor für die Höhere Fachprüfung Polizistin / Polizist eingereichten Diplomarbeit (Broger, 2022). Er wurde mit der redaktionellen Unterstützung von Barbara Angerer, Übersetzerin Deutsch am SPI, verfasst.
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PROAKTIVE MASSNAHMEN ZUR BEKÄMPFUNG DIGITALER KRIMINALITÄT
Anstieg um 36,7 % (BFS, 2021; BFS, 2022; BFS, 2023). Demgegenüber steht im gleichen Zeitraum bei analogen Delikten nach StGB «nur» ein Anstieg um 7 %. Somit weist die digitale Kriminalität eine über fünf Mal höhere Steigerungsrate aus. Das «zerbrochene Web» Ein Erklärungsansatz für diese rapide Verbreitung von Straftaten im digitalen Raum liefert die Theorie des «Broken Web». Damit beschreibt Thomas-Gabriel Rüdiger ausgehend von der Broken-WindowsTheorie von Wilson und Kelling (1982) und der Routine-Activity-Theorie von Cohen und Felson (1979) das Phänomen, dass durch offen begangene Delikte im digitalen Raum, auf die keine sichtbare normenkontrollierende Reaktion erfolgt, ein Verstärkungseffekt eintritt (Rüdiger, 2017). Im Kern geht es also darum, dass die Hemmschwelle zur Verübung von Straftaten umso niedriger ist, je geringer das Risiko eingeschätzt wird, für einen Gesetzesverstoss auch zur Verantwortung gezogen zu werden. Bei der digitalen Kriminalität ist der Repressionsdruck tatsächlich viel zu gering. Verstärkend kommt hinzu, dass die Tatausführung im digitalen Raum kein Handeln am Erfolgsort erfordert, weshalb Kriminelle wiederum von jedem Ort der Welt aus tätig werden können. Die damit verbundene fehlende physische Konfrontation zwischen Täter und Opfer erfordert von der Täterschaft auch weniger Mut zur Tatbegehung. Geringer repressiver Effekt bei aus dem Ausland verübten Delikten Die Ermittlungen zur Identifizierung der Täterschaft zeigen, dass ein Grossteil der Cyber-Wirtschaftskriminalität aus dem Ausland verübt wird. Mit modernen Ermittlungsmassnahmen und dank internationaler Zusammenarbeit gelingt es den CyberErmittelnden zwar häufig, die jeweilige Tat in einem konkreten Land zu verorten und teilweise sogar die tathandelnden Personen oder deren Gehilfen zu identifizieren. Bei den für die Folgeermittlungen in Rechts- oder Amtshilfe angefragten Behörden der Herkunfts- und/oder Aufenthaltsländer mangelt es jedoch oftmals an Kooperationsbereitschaft und staatsvertraglichen Verpflichtungen. Weil statistische Daten fehlen, wurde im Rahmen der HFP-Diplomarbeit eine quantitative Online-Umfrage bei den Ansprechpersonen (SPOC) der im Netzwerk Digitale Ermittlungsunterstützung
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Internetkriminalität (NEDIK) vertretenen Polizeikorps durchgeführt. Dabei wurde neben Informationen zu den in den entsprechenden Korps eingesetzten oder angedachten proaktiven Massnahmen insbesondere erfragt, wie gross die Erfolgsaussichten von repressiven Ermittlungshandlungen zu aus dem Ausland handelnden Täterschaften sind. Bei der Auswertung wurde nachfolgendes Bild ersichtlich: • Bei 87 % aller Fälle von digitaler Kriminalität handelt die Täterschaft aus dem Ausland. • In 41 % aller Fälle kann die Täterschaft einem konkreten Land zugeordnet werden. • In lediglich 2,3 % aller Fälle kann die Täterschaft mittels internationaler Amts- oder Rechtshilfe identifiziert werden (Name, Vorname, Geburtsdatum, Wohnort). • Nur in 0,3 % aller Fälle kann die ausländische Täterschaft der Strafverfolgung zugeführt werden. Diese Ergebnisse machen deutlich, dass die aktuelle Ausgestaltung der Repression insbesondere bei international agierenden Täterschaften der digitalen Kriminalität nur einen sehr geringen Effekt erzielt. Von Prävention und Repression hin zu proaktiven Massnahmen Einerseits ist bei aus dem Ausland handelnder Täterschaft eine Erhöhung des Repressionsdrucks derzeit nicht möglich. Andererseits stossen Präventionsmassnahmen an ihre Grenzen, so etwa, wenn bekannte Lücken Konkret geht es darum, bei Exchange-Servern trotz den Kriminellen ihre Arbeit verfügbarer Patches von den so schwer wie möglich zu machen. potenziell angreifbaren Unternehmen selbst nach mehrfacher Mahnung des Nationalen Zentrums für Cybersicherheit (NCSC) nicht geschlossen werden (Maron, 2022). Da also Repression und Prävention nur eine geringe Wirkung erzielen, braucht es andere Möglichkeiten, um die Ausführung solcher Taten zu ver- oder zumindest zu behindern. Hier setzen proaktive Massnahmen an. Proaktive Massnahmen umfassen Initiativen, mit denen Straftaten verhindert werden bzw. die Täterschaft bei der Ausführung derselben gestört wird. Konkret geht es darum, den Kriminellen ihre Arbeit so schwer wie möglich zu machen. So sollen beispielsweise die polizeilich bekannten täterischen Adressierungselemente zeitnah an von der Täterschaft genutzte Dienstleister (z. B. Banken, Provider, Internet Service Provider,
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Hoster) weitergeleitet werden, sodass diese die betroffenen Accounts prüfen und nötigenfalls sperren können. Ein Einsatz von proaktiven Massnahmen ist besonders dann angezeigt, wenn seitens Polizei keine verdeckten Überwachungen laufen und die Wahrscheinlichkeit einer erfolgreichen Identifizierung und Zuführung der Täterschaft zur Strafverfolgung nur gering ist. Die Frage ist nun: Welche proaktiven Massnahmen sind geeignet, um aus dem Ausland agierende Cyberkriminelle bei der Ausübung von Delikten zu hindern, respektive sie frühzeitig zu stören? Methodik Im Rahmen der HFP-Diplomarbeit wurden die Anforderungen und Erwartungen hinsichtlich der proaktiven Bekämpfung digitaler Kriminalität bei der Kantonspolizei St. Gallen sondiert. Darauf folgte eine Bestandsaufnahme der in den Korps bereits bestehenden oder künftig geplanten proaktiven Massnahmen. Dazu wurden vier Massnahmen vom Autor neu entwickelt. Diese proaktiven Massnahmen wurden schliesslich mittels Nutzwertanalyse anhand von im Vorfeld festgelegten Beurteilungskriterien zur Gewichtung der geeigneten proaktiven Massnahmen bewertet. Weil gewisse proaktive Massnahmen einer vertieften Abklärung der bestehenden rechtlichen Grundlagen bedürfen, wurden zwei verschiedene Nutzwertanalysen mit abweichenden Gewichtungskriterien vorgenommen. So konnten sowohl schnell umzusetzende Massnahmen («Quick Wins») wie auch effektive Alternativen hervorgehoben werden, für die es einer vertieften rechtlichen Prüfung bzw. der Schaffung von zusätzlichen Rechtsgrundlagen bedarf. Rechtliche Gegebenheiten Staatliches Handeln ist nur dann legitim, wenn eine Rechtsgrundlage dafür Gerade für proaktive Massnahmen existiert (Legalitätsprinzip, gegen verschiedene Deliktsformen Art. 5 Abs. 1 Bundesder digitalen Kriminalität braucht verfassung2). Genau hier es aber entsprechende rechtliche liegt das Problem neuer Grundlagen, damit die Deliktsformen der digitaproaktive Polizeiarbeit auf einer len Kriminalität: Die berechtsstaatlichen Grundlage stehenden Gesetze sind nicht oder nur ansatzweigeschehen kann. se auf die Bekämpfung dieser Delikte ausgelegt. Der Umstand, dass eine Täterschaft zwar identifiziert, jedoch nicht geahn-
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det werden kann, ist bei physischen Delikten eher eine Randerscheinung – ausser es handelt sich um niederschwellige analoge Delikte, bei denen die Inanspruchnahme von internationaler Rechtshilfe unverhältnismässig wäre. Entsprechend musste der Gesetzgeber bislang auch keinen Fokus auf die Schaffung konkreter Rechtsgrundlagen für diese speziellen präventiven Zwecke legen. Gerade für proaktive Massnahmen gegen verschiedene Deliktsformen der digitalen Kriminalität braucht es aber entsprechende rechtliche Grundlagen, damit die proaktive Polizeiarbeit auf einer rechtsstaatlichen Grundlage geschehen kann. Bisher bewegt sich die Polizei bei der Durchführung von proaktiven Massnahmen im Spannungsfeld zwischen dem Grundauftrag der Gefahrenabwehr (Prävention) und dem Schutz des Amtsgeheimnisses bzw. dem Datenschutz. Es ist unbedingt nötig, dass die kantonalen Polizeigesetze konkrete Massnahmen wie die polizeiliche Datenübermittlung an für Straftaten genutzte Dienstleister erlauben, um diese Spannungen zu beseitigen. Die Grundsatzfrage zu bereits bestehenden bzw. ausreichenden Rechtsgrundlagen der kantonalen Polizeigesetze (z. B. im Rahmen der polizeilichen Generalklausel) bzw. zum Datenschutzgesetz ist sowohl bei Juristen/ -innen als auch Praktikern/-innen der Polizeikorps umstritten. Lediglich zwei Kantone (Graubünden und Schwyz) verfügen aktuell in ihren Polizeigesetzen über Passagen, die den Informationsaustausch mit Dritten zum Zweck der Prävention bzw. Gefahrenabwehr vorsehen: Art. 29 Abs. 1 PolG Graubünden vom 20.10.20043 sowie Art. 2 Abs. 2 und Art. 4 Abs. 1 lit. b PolG Schwyz vom 22.03.20004. Proaktive Massnahmen: Übersicht Proaktive Massnahmen sollten mindestens in einem der drei nachfolgend beschriebenen Bereiche eine Wirkung bei der Täterschaft erzielen. So zeichnen sich Massnahmen im Bereich Kommunikation dadurch aus, dass der Täterschaft der Zugang zu Kommunikationsdienstleistungen abgeschnitten oder zumindest erschwert wird (beispielsweise durch Sperrung der genutzten Domains oder E-Mail-Konten). Massnahmen im Bereich Finanztransaktion sollen es
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SR 101
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BR 613.000 (Polizeigesetz [PolG] des Kantons Graubünden vom 20.10.2004)
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SR 520.110 (Polizeigesetz [PolG] vom 22.03.2000)
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Abb. 2: Übersicht verschiedener proaktiver Massnahmen (neu erarbeitete sind mit einem Stern gekennzeichnet [*]; Quelle: eigene Darstellung)
der Täterschaft erschweren, unrechtmässig generierte finanzielle Erlöse auf andere Konten zu überweisen. Zielführend sind hier insbesondere die Zusammenarbeit mit Finanzintermediären oder Financial Intelligence Units (FIU). Zum dritten Bereich gehören Massnahmen zur Störung der Reputation oder des Vertrauens. Dies kann durch gezieltes Abwerten von täterischen Produkten oder der Erschütterung des Vertrauens in den Erfolg einer täterischen Kampagne geschehen. Abbildung 2 enthält eine Übersicht über diese drei Kategorien und die dazugehörigen proaktiven Massnahmen. In den nachfolgenden beiden Absätzen werden zwei im Rahmen der HFP-Diplomarbeit neu erarbeitete Massnahmen detailliert vorgestellt. Zu den anderen Massnahmen finden sich die relevanten Informationen im Cyberwiki, der nationalen Wissensplattform der schweizerischen Cyber-Ermittelnden und IT-Forensiker/-innen. Proaktive Massnahme: Polizei gibt sich als Money Mule aus Bei digitaler Kriminalität hat die Täterschaft oftmals das Motiv, eine Verschiebung von Vermögen von den Geschädigten zur Täterschaft zu erzielen. Der Anstieg der Fallzahlen sowie die immer höher werdenden Deliktssummen führten dazu, dass Finanzintermediäre Massnahmen zur Betrugsprävention einführten. Auch potenzielle Geschädigte sehen eine Zahlung auf ein ausländisches Konto zunehmend kritisch. Auf diese Entwicklung reagier-
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te die Täterschaft mit dem Einbau von inländischen Zwischenstellen, sogenannten Money Mules. Es sind dies Privatpersonen, die deliktisch erwirtschaftetes Geld ins Ausland transferieren sollen (Straftatbestand Geldwäscherei). Durch den Einsatz von Money Mules wird den Geschädigten eine inländische Zahlung suggeriert – und gleichzeitig die Analyse des Geldflusses erschwert. Erkenntnisse zum täterischen Einsatz eines Money Mules liegen oftmals in einem frühen Stadium der polizeilichen Ermittlungen vor. Polizeiliche Ersuchen um sofortige Sperrung und Edition der betreffenden Konten an die Staatsanwaltschaft werden jedoch oftmals zurückhaltend oder erst mit einem erheblichen Zeitverzug bearbeitet. Häufig werden die betreffenden Konten auch lediglich ediert (Auskunft der wirtschaftlich Berechtigten), auf eine Kontosperre wird jedoch verzichtet. Dies führt dazu, dass diese Konten über einen längeren Zeitraum für weitere deliktische Zahlungen missbraucht werden können. Als proaktive Lösung für dieses Problem empfiehlt der Autor einen verdeckten polizeilichen Einsatz auf Basis des kantonalen Polizeigesetzes. Indem die Polizei auf diverse, potenziell täterische Anzeigen zur Rekrutierung von Money Mules reagiert, sich anwerben lässt und deliktische Zahlungen auf legendierte polizeiliche Konten zulässt, erzielt sie gleichzeitig zwei gewünschte Effekte: Einerseits kann der Zahlungsfluss unterbrochen und das Geld den Geschädigten zurücktransferiert werden, andererseits kann bei den Rekrutierenden der Money Mules die
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Reputation bzw. bei deren Kunden (Täterschaft) das Vertrauen vermindert werden. Daher ist es auch kein Problem, sondern sogar wünschenswert, wenn die Täterschaft von verdeckten Einsätzen der Polizei als Money Mule erfährt. So kann sie sich beim Rekrutieren von neuen Money Mules nicht mehr sicher sein, ob es sich um die Polizei oder wirklich um eine ahnungslose Privatperson handelt. Proaktive Massnahme: Schlechte Bewertungen für täterische Angebote Besonders im Bereich des Hightech-Crime organisiert sich die Täterschaft oftmals arbeitsteilig. Es existiert ein weitverzweigtes Netz von Partnern und Playern mit eigenen Spezialisten und klar definierten Aufgabenbereichen (Hostettler & Cornelius, 2022, S. 79). Die jeweiligen Leistungen werden vor allem im Darknet in Foren oder auf Marktplätzen angeboten. Abgesehen vom Angebot an Waren und Dienstleistungen unterscheiden sich Darknet-Marktplätze nicht von einem klassischen legalen Online-Shop (z. B. Amazon). Meist existiert für Käufer/-innen wie auch Verkäufer/-innen ein Bewertungssystem. Zudem können die Angebote oftmals nach Land der Lieferung oder Erbringung der Dienstleistung gefiltert werden. Dies eröffnet der Polizei die Möglichkeit, durch die Abgabe von schlechten Bewertungen für illegale Angebote die Reputation der Verkäufer/-innen nachhaltig anzugreifen (vgl. Sebagh et al., 2022). Nutzwertanalyse A: «Quick Wins» Bei der Nutzwertanalyse A liegt der Fokus auf der Rechtsgrundlage und schnellen Initialisierung. Die Quick-Win-Massnahmen «Domainsperre Schweiz», «Meldung Phishing Domain an GovCERT für Blacklist ISP» und «Posten Phishing-URL auf antiphising.ch» schnitten erwartungsgemäss am besten ab. Bei allen drei proaktiven Massnahmen geht es um die zeitnahe Blockierung täterisch genutzter Domains. Die Vorteile liegen in der klaren Rechtsgrundlage und der verhältnismässig einfachen Umsetzung. An vierter Stelle folgt die neu erarbeitete Massnahme «Polizei gibt sich als Money Mule aus», die etwas komplexer in der Umsetzung ist und einen höheren internen Ressourcenaufwand aufweist.
«Zusammenarbeit mit Cybera Global AG» ab, bei der täterische Spuren der Hauptbereiche Kommunikation (E-Mail-Adressen, Telefonnummern, URLs etc.) wie auch Finanztransaktion (IBAN, Kryptowährungsadressen etc.) in einer Watchlist eingetragen werden. Der Echtzeitzugriff auf die Datenbank für alle Kunden/ -innen, die mögliche Direktintegration in bestehende Bankensoftwares, die automatische Weiterleitung von missbräuchlich genutzten Domains sowie die Möglichkeit, eine Straftat mit Bezug zu digitaler Kriminalität international zu melden, sind weitere Vorteile dieser Massnahme. Insgesamt schnitten Massnahmen zur Unterbrechung des Finanzflusses an die Täterschaft am besten ab. Fazit Bei der Bekämpfung der digitalen Kriminalität ist bei ausländischer Täterschaft rein repressives Handeln häufig nicht zielführend. Entsprechend wird den Polizeikorps empfohlen, die Ressourcen nebst der Repression auch für proaktive Massnahmen zur Verhinderung von weiteren Delikten sowie zur Störung der Täterschaft einzusetzen. Dabei sollen insbesondere Massnahmen eingesetzt werden, welche eine grosse Reichweite (internationale Ausrichtung) haben und idealerweise in mehreren Bereichen (z. B. Geldfluss und Reputation) eine Wirkung bei der Täterschaft erzielen. Zur Umsetzung der meisten proaktiven Massnahmen bedarf es im Vorfeld öffentlich-privater Partnerschaften mit denjenigen Dienstleistern, deren Plattformen zur Ausübung der Straftaten genutzt werden. Zwecks Übermittlung von täterischen Daten an diese Dienstleister ist eine Prüfung von bestehenden bzw. das Anstossen des politischen Prozesses zur Schaffung von neuen Rechtsgrundlagen nötig.
Nutzwertanalyse B: Fokus auf grösstem Effekt Bei der Nutzwertanalyse B liegt der Fokus auf dem grössten Effekt. Am besten schnitt hier die Massnahme
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Literaturverzeichnis Allianz. (2023). Allianz Risk Barometer 2023. https://www.agcs. allianz.com/content/dam/onemarketing/agcs/agcs/reports/AllianzRisk-Barometer-2023.pdf
Cohen, L. E, & Felson, M. (1979). Social Change and Crime Rate Trends: A Routine Activity Approach. American Sociological Review, 44(4), 588–608.
Allianz. (2023a). Allianz Risk Barometer. Results appendix 2023. https://www.agcs.allianz.com/content/dam/onemarketing/agcs/agcs/ reports/Allianz-Risk-Barometer-2023-Appendix.pdf
Hostettler, O., & Cornelius, A. (2022). Underground Economy: Wie Cyberkriminelle Wirtschaft und Staat bedrohen. NZZ Libro.
Bitkom. (2021). Vertrauen und Sicherheit in der digitalen Welt. https://www.bitkom-research.de/sites/default/files/2023-03/Bitkom_ Vertrauen%26ITSicherheit2021.pdf Bundesamt für Statistik (BFS). (2021). Polizeiliche Kriminalstatistik (PKS). Jahresbericht 2020 der polizeilich registrierten Straftaten. https://www.bfs.admin.ch/bfs/de/home/aktuell/neue-veroeffentlichungen.assetdetail.16464401.html Bundesamt für Statistik (BFS). (2022). Polizeiliche Kriminalstatistik (PKS). Jahresbericht 2021 der polizeilich registrierten Straftaten. https://www.bfs.admin.ch/bfs/de/home/aktuell/neue-veroeffentlichungen.assetdetail.22164350.html Bundesamt für Statistik (BFS). (2023). Polizeiliche Kriminalstatistik (PKS). Jahresbericht 2022 der polizeilich registrierten Straftaten. https://www.bfs.admin.ch/bfs/de/home/aktuell/neue-veroeffentlichungen.assetdetail.24545217.html Broger, D. (2022). Proaktive Massnahmen zur Bekämpfung der Digitalen Kriminalität bei der Kantonspolizei St. Gallen. Erarbeiten von behördlichen Massnahmen zur Verhinderung von weiteren Delikten sowie Störung von international agierenden Täterschaften, welche der Strafverfolgung nicht zugeführt werden können [unveröffentlichte Diplomarbeit]. Höhere Fachprüfung Polizistin / Polizist. Kantonspolizei St. Gallen.
Keller, C., Braun, F., & Roggenkamp, J. D. (2020). Cybercrime. Verlag Deutsche Polizeiliteratur GMBH, Buchvertrieb. Maron, H. J. (2022, 17. Mai). NCSC ärgert sich weiterhin über ungepatchte Exchange-Server. Inside IT. https://www.inside-it.ch/ncscaergert-sich-weiterhin-ueber-ungepatchte-exchange-server-20220517 Rüdiger, T.-G. (2017). Das Broken-Web-Phänomen. Der Wirtschaftsführer für junge Juristen, 50‒53. http://formularservice-online.de/ sixcms/media.php/605/wifue-2-2017.pdf Sebagh, L., Lusthaus, J., Gallo, E., Varese, F., & Sirur, S. (2022). Cooperation and distrust in extra-legal networks: a research note on the experimental study of marketplace disruption. Global Crime, 23(3). https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/17440572.202 2.2031152 Wilson, J., & Kelling, G. L. (1982). Broken Windows: The Police and Neighbourhood Safety. The Atlantic Monthly, March 1982. 29‒38. https://www.theatlantic.com/magazine/archive/1982/03/brokenwindows/304465/
Résumé Mesures proactives permettant de lutter contre la cybercriminalité Dans le traitement des cas de cybercriminalité, il est, depuis un certain temps, devenu clair que l’accent doit être mis sur des mesures proactives plutôt que répressives. Au-delà du travail d’enquête classique, ces mesures visent à perturber l’auteur·e avant ou pendant la commission de l’infraction, afin d’empêcher que d’autres infractions soient perpétrées. Se concentrer comme c’est le cas actuellement sur la répression n’a que peu d’effet
sur les criminel·le·s agissant depuis l’étranger. Ainsi, faute d’une entraide administrative ou judiciaire efficace, les autorités de poursuite pénale ne parviennent que dans de rares cas à engager des poursuites contre les auteur·e·s. Cet article résume les principales conclusions du travail de diplôme rédigé par l’auteur en vue de l’obtention de l’Examen professionnel supérieur de Policière / Policier (EPS), tout en présentant des mesures proactives pertinentes et en mettant en évidence le potentiel de développement dans ce domaine.
Riassunto Misure proattive per la lotta alla criminalità digitale Nel trattamento dei casi di criminalità digitale, da un certo tempo si diffonde sempre più la consapevolezza che l’attenzione principale deve passare dalle misure repressive a quelle proattive. Queste ultime mirano a ostacolare gli autori, tramite il lavoro classico di indagine, prima o durante l’esecuzione dell’atto e quindi a evitare ulteriori reati. L’attenzione rivolta attualmente alla repressione di atti compiuti
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dall’estero porta solo a risultati limitati. Le autorità di perseguimento penale, a causa dell’assenza di assistenza giudiziaria e amministrativa efficienti, riescono solo in pochi casi a condurre in tribunale gli autori. Il presente articolo riprende i risultati principali del lavoro di diploma per l’esame professionale superiore di agente di polizia (EPS) redatto dall’autore, presenta misure proattive appropriate e mostra il potenziale di sviluppo in questo ambito.
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TECHNIKEN UND ADRESSATEN DER DEESKALATION IN DER POLIZEILICHEN FORTBILDUNG IN EUROPA
Techniken und Adressaten der Deeskalation in der polizeilichen Fortbildung in Europa1
Clemens Lorei 2
Kristina Balaneskovic 3
Kerstin Kocab 4
Hermann Gross 5
Zusammenfassung Bürgerorientierte Polizeiarbeit fordert Deeskalation als Standard polizeilichen Handelns zur Prävention von Polizeigewalt und Gewalt gegen die Polizei. Für die vorliegende Studie wurden zu Beginn des Jahres 2022 die Innenministerien von 26 EU-Mitgliedstaaten gebeten, einen Fragebogen bez. der Fortbildung des allgemeinen Streifendienstes im Bereich
Eigensicherung zu bearbeiten. Für Deutschland lagen diese Daten bereits vor. Bei einem Rücklauf von 13 verwertbaren Antworten und mit den Daten aus Deutschland kann festgestellt werden, dass die Fortbildungen die wesentlichen Zielgruppen von Deeskalation berücksichtigen und der Grossteil von ihnen Deeskalationsstrategien für Alltagseinsätze umfasst.
1. Einleitung Die Polizei hat sowohl die Kompetenz als auch das Recht zur Gewaltausübung (Gross, 2019). Dieses Recht muss verantwortungsvoll und sorgfältig eingesetzt werden, da diesbezüglich zweifelhafte Polizeieinsätze gravierende Folgen sowohl für Individuen als auch für die Gesamtbevölkerung haben können (Campbell, 2021; Skoy, 2020; Bauernfeind, 2022; DPA, 2022). Im Zusammenhang mit Polizeigewalt, aber auch zum Schutz vor Gewalt gegen Einsatzkräfte
(Rau & Leuschner, 2018) wird dann Deeskalation gefordert. Dabei wird Kommunikation als das wichtigste Einsatzmittel zur Erfüllung polizeilicher Aufgaben angesehen, wie es z. B. in Deutschland der Leitfaden 371 zur Eigensicherung (Hessisches Ministerium des Innern und für Sport, 2003) definiert, die deutsche Polizeidienstvorschrift 100 (Hessisches Ministerium des Innern und für Sport, 2012) verlangt und auch in den USA als Handlungsmaxime formuliert wird (IACP, 2017, S. 3).
1
3
Kristina Balaneskovic, wissenschaftliche Mitarbeiterin an der Hessischen Hochschule für öffentliches Management und Sicherheit (HöMS)
4
Kerstin Kocab, Professorin für Psychologie und Einsatztraining an der Hessischen Hochschule für öffentliches Management und Sicherheit (HöMS)
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Hermann Gross, Fachhochschullehrer an der Hessischen Hochschule für öffentliches Management und Sicherheit (HöMS)
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Die vorliegende Arbeit ist Teil des Forschungsprojekts AMBOSafe «Angriffe auf Mitarbeiter*innen und Bedienstete von Organisationen mit Sicherheitsaufgaben». Dieses stellt ein im Rahmen der Förderlinie «Anwender – Innovativ: Forschung für die zivile Sicherheit II» des Bundesministeriums für Bildung und Forschung in Deutschland mit Förderkennzeichen 13N15396 bis 13N15398 gefördertes Verbundprojekt des Bayerischen Roten Kreuzes, der Kriminologischen Zentralstelle und der Hessischen Hochschule für öffentliches Management und Sicherheit dar. Clemens Lorei, Professor für Psychologie und Einsatztraining an der Hessischen Hochschule für öffentliches Management und Sicherheit (HöMS)
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TECHNIKEN UND ADRESSATEN DER DEESKALATION IN DER POLIZEILICHEN FORTBILDUNG IN EUROPA
2. Grundlagen polizeilicher Deeskalation in Alltagseinsätzen Polizeiliches Handeln in alltäglichen Einsätzen6 ist meist auf ein sogenanntes polizeiliches Gegenüber ausgerichtet. Da man in Interaktionssituationen allgemein und somit auch in polizeilichen bekanntermassen nicht nicht kommunizieren kann (Watzlawick et al., 1969), findet auch in vielen Alltagseinsätzen der Polizei Kommunikation statt. Geht man davon aus, dass jegliche Kommunikation im polizeilichen Einsatzkontext einen Aspekt der Deeskalation beinhaltet, wird also auch stets eskaliert oder deeskaliert. Damit beginnt Deeskalation also nicht erst irgendwann im Laufe einer polizeilichen Massnahme, sondern findet bereits bei Einsatzbeginn statt. Unter Deeskalation in polizeilichen Alltagseinsätzen wird ein Verhalten (verbale und nonverbale Kommunikation, taktische Massnahmen etc.) verstanden, welches in Konfliktsituationen eine Entwicklung in Richtung des Austragens dieses Konfliktes mit Gewalt stagnieren lässt oder umkehrt (Lorei, 2021; IACP, 2017, S. 2). Es sind also alle Massnahmen eingeschlossen, die dies erreichen können. Falsch verstanden wäre dies als passiv-ertragendes Verhalten (Schmalzl, 2011). Auch wird mitunter befürchtet, dass Deeskalation Polizeibeamtinnen und -beamten einer erhöhten Gefahr aussetze und damit die Gewaltkriminalität gegen die Polizei ansteige (Schmalzl, 2011; Engel et al., 2020; White et al., 2021). Dem widersprechen jedoch Evaluationen von Deeskalationstrainings (Goh, 2021; Engel et al., 2022) sowie Forschungsergebnisse zu Gewalt gegen Polizeibeamtinnen und -beamte (Ellrich und Baier, 2015). Dort findet sich, dass eine stärkere Bürgerorientierung, welche gerade kommunikative Aspekte der Polizeiarbeit betont, mit einem geringeren Gewaltrisiko einhergeht, während Beamtinnen und Beamte mit einer eher autoritären Haltung häufiger Gewalt im Einsatz erleben (Ellrich und Baier, 2015). Deshalb müssen Teilnehmende in Schulungen von der Wirksamkeit verschiedener
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Hier und im Folgenden wird sich auf Deeskalation in Alltagseinsätzen fokussiert. Als Alltagseinsätze werden alle Arten von Einsätzen verstanden, die Streifenteams ohne jegliche Spezialisierungen alltäglich mehr oder minder routiniert bearbeiten. Dies sind z. B. Einsätze im Rahmen von häuslicher Gewalt, die Bearbeitung von Verkehrsunfällen und -delikten, alle möglichen Arten von Streitschlichtungen, repressive Massnahmen bei Straftaten, Prävention und Behebung von Störungen usw. Dies ist von Deeskalation in Grosslagen wie Demonstrationen oder Verhandlungen bei Geiselnahmen etc. abzugrenzen.
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Deeskalationstechniken überzeugt werden (White et al., 2021). Dies ist essentiell, da die Wichtigkeit dieser Strategien zwar akzeptiert wird, ihre Wirksamkeit jedoch angezweifelt und befürchtet wird, dass Deeskalation die Sicherheit von Polizeibeamtinnen und -beamten reduzieren könnte (White et al., 2021). 3. Techniken zur Deeskalation in Alltagseinsätzen Polizeien setzen verschiedene Techniken und Strategien ein, um zu deeskalieren. Diese lassen sich in Kategorien zusammenfassen (s. Tabelle 1 auf S. 96). Dabei werden die verschiedenen Techniken von Polizistinnen und Polizisten unterschiedlich gesehen. Strategien, bei denen es primär um die Sicherheit der Beamtinnen und Beamten geht, werden als wichtiger angesehen als andere (White et al., 2019). 4. Adressaten polizeilicher Deeskalation Als Adressat von Deeskalation kommen alle möglichen Personengruppen in Frage, mit denen Polizeibeamtinnen und -beamte im täglichen Dienst zu tun haben. Deeskalation [beginnt…] nicht erst Professionelles polizeiliches irgendwann im Laufe einer polizeiHandeln erfordert es auch, sich lichen Massnahme, sondern findet auf Spezifika des Gegenübers bereits bei Einsatzbeginn statt. einzustellen. Im Zusammenhang mit dem Einsatz von Gewalt und der Dienstwaffe scheinen psychisch kranke Personen oder Personen in psychischen Ausnahmesituationen besonders betroffen zu sein (Feltes & Alex, 2020). Polizeibeamtinnen und -beamte müssen deshalb um diese Gruppen besonders wissen und ihr deeskalierendes Verhalten entsprechend anpassen können. In Studien zur Gewalt gegen die Polizei fallen vor allem Personen unter Drogen- oder Alkoholeinfluss als Täterinnen und Täter auf (Rau & Leuschner, 2018), weshalb diese ebenso ein regelmässiges Ziel von Deeskalationsversuchen sind. Doch auch die Interaktion mit Jugendlichen hat ihre Besonderheiten, weshalb auch hier spezifische Trainings existieren (Herz, 2001; Aalsma et al., 2018; Mehari et al., 2021). Trainings zum Umgang mit speziellen Gruppen zeigen dabei nicht nur Wirkung auf den Einsatz kommunikativer Techniken (Herz, 2001; Compton et al., 2014), sondern können auch die Einstellungen gegenüber diesen Personengruppen verbessern und ein selbstbewussteres Interagieren bewirken (Compton et al., 2014; Aalsma et al., 2018; Krameddine & Silverstone, 2015; Mehari et al., 2021).
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TECHNIKEN UND ADRESSATEN DER DEESKALATION IN DER POLIZEILICHEN FORTBILDUNG IN EUROPA
Technik
Beispielhandlungen
Quellen
Zielgerichtet handeln
Mentale Vorbereitung und Absprache mit Kollegen/-innen; eigene Handlungen bewusst planen.
Hücker, 2017; Lorei, 2020
Stressmanagement
(Relativ) entspannt sein und Ruhe ausstrahlen; ruhig sprechen; sich Zeit nehmen; anderen Zeit lassen; Atementspannung; Entschleunigung der Situation; Stressoren ausschalten.
Schmidt, 2007; Richter, 2006; Price & Baker, 2012; Richmond et al., 2012; Todak & James, 2018; White et al., 2019; Pfeiffer, 2014
Empathie
Verständnis für Emotion des Gegenübers haben und zeigen; Übernahme der Perspektive des Gegenübers.
Price & Baker, 2012; White et al., 2019; Ayhan & Hicdurmaz, 2020; Pontzer, 2021; Todak & James, 2018, 2019
Interesse
Dem Gegenüber Interesse an seiner Situation signalisieren; auf Fragen des Gegenübers eingehen.
Lorei, 2020
Transparenz
Das eigene Verhalten erklären; Erwartungen an den anderen erklären und begründen; Massnahmen ankündigen.
Temme, 2011; Richmond et al., 2012; Todak & James, 2018; Pfeiffer, 2014; Zaiser & Staller, 2015
Dem Gegenüber die Möglichkeit geben, sich selbst zu erklären.
Lorei, 2020
Grundsätze der Eigensicherung beachten; Blickkontakt aufrechterhalten, Distanz halten.
Richmond et al., 2012; Ayhan & Hicdurmaz, 2020; Oliva et al., 2010; White et al., 2019; Richter, 2006; Price & Baker, 2012
Akzeptanz schaffen
Lösungsangebote machen; nach Lösungsvorschlägen des Gegenübers fragen, Lösungsalternativen anbieten.
Zaiser & Staller, 2015; Price & Baker, 2012; Richmond et al., 2012; Todak & James, 2018; Todak & White, 2019; White, Mora & Orosco, 2019; Tränkle, 2020
Nonverbale Kommunikation
Bewusster Einsatz nonverbaler Kommunikation.
Richter, 2006; Spielfogel & McMillen, 2017; Price & Baker, 2012; Richmond et al., 2012
Beziehungsarbeit
Aufbau einer kommunikativen Beziehung; Aufzeigen von Gemeinsamkeiten.
Price & Baker, 2012
Humor zeigen (keinen Sarkasmus / keine Ironie).
Lorei, 2020
Höflich sein; Respekt erweisen; ausreden lassen.
Zaiser et al., 2021; Richter, 2006; Ayhan & Hicdurmaz, 2020; Todak & James, 2018; Todak & White, 2019; Tränkle, 2020
Status des anderen beachten, anderen nicht blossstellen.
Schmidt, 2007; Price & Baker, 2012; Hücker, 2017
Geduldig mit dem Gegenüber umgehen; sich Zeit nehmen; dem Gegenüber Zeit lassen.
Mangold, 2011; Richmond et al., 2012; White et al., 2019; Tränkle, 2020
(Aktiv) zuhören und ausreden lassen; nachfragen; Gesagtes in eigenen Worten wiederholen; Aufmerksamkeit signalisieren.
White et al., 2019; Zaiser & Staller, 2015; Zaiser et al., 2021; Richter, 2006; Spielfogel & McMillen, 2017; Price & Baker, 2012; Mangold, 2011; Richmond et al., 2012; Ayhan & Hicdurmaz, 2020; Oliva et al., 2010; Todak & James, 2018; Todak & White, 2019
Über Kommunikation reden; kommunikative Situation verdeutlichen.
Lorei, 2020
Wertungsfreie Ausdrucksweise; Vermeidung von Vorwürfen; professioneller Umgang mit Provokationen; Lösungsorientierung.
Lorei, 2020
Taktische Massnahmen
Tausch der Interaktionspartner bei festgefahrener Kommunikation.
Potzner, 2021; Lorei, 2020
Zielgruppenadäquate Kommunikation
Sprachniveau dem Gegenüber entsprechend wählen; kein Amtsdeutsch; geringe Informationsmenge; Zeit lassen.
Schmidt, 2007; Richmond et al., 2012; Ayhan & Hicdurmaz, 2020; Todak & James, 2018; Todak & White, 2019; White et al., 2019
Ernsthaftigkeit Eigensicherung
Humor Respekt Gesichtswahrung Geduld
Zuhören Metakommunikation Sachlichkeit
Tabelle 1: Überblick über die verschiedenen Strategien zur Deeskalation (nach Lorei, 2020, 2021)
Wichtig kann dabei tatsächlich sein, dass die Trainierten bezüglich des Einsatzes von Deeskalationstechniken selbstbewusster werden, da dies die Wahrscheinlichkeit erhöht, dass auch deeskaliert wird (Tränkle, 2020). Ebenso bedeutsam sind die
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Einstellungen zum Gegenüber. Eine misstrauische oder sogar feindliche Haltung kann in polizeilichen Routinehandlungen zu einer self-fulfilling prophecy führen (Merton, 1948; Hermanutz, 2015) und die Wahrscheinlichkeit von Gewalt erhöhen. Zaiser und
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TECHNIKEN UND ADRESSATEN DER DEESKALATION IN DER POLIZEILICHEN FORTBILDUNG IN EUROPA
Staller (2015) bzw. Zaiser, Staller und Koerner (2021) fordern in diesem Zusammenhang sogar eine mentale Wende von Polizeibeamtinnen und -beamten: Sie sollen ihr polizeiliches Gegenüber nicht als Gegnerin oder Gegner ansehen, sondern als Mitbürgerin oder -bürger, mitunter als hilfsbedürftige Person und/oder Mensch in einer Krise. Auch Richmond et al. (2012) sehen Einstellung, Verständnis und Empathie für das Gegenüber, in ihrem Kontext hoch erregte Psychiatriepatientinnen und -patienten, als die wichtigsten Voraussetzungen für Deeskalation an. 5. Forschungsfragen Deeskalation ist ein wesentlicher Teil alltäglicher Polizeiarbeit weltweit. Kommunikative Fertigkeiten und nicht-kommunikative Techniken sind in Aus- und Fortbildung zur Sicherheit von Polizeibeamtinnen und -beamten wie auch Bürgerinnen und Bürgern zu lernen und zu üben – auch wenn die Effektivität von Strategien und Schulungen bisher nur annähernd belegt ist (Engel et al., 2020; Goh, 2021; Engel et al., 2022) – und dies geschieht auch (Lorei et al. 2023a,b). Die Inhalte der Fortbildungen zur Deeskalation sind dabei besonders bedeutsam. Damit stellt sich die Frage, welche Techniken der Deeskalation und welche Adressatengruppen in der Fortbildung der Polizei in Europa trainiert werden: • Welche besonderen Gruppen von polizeilichen Gegenübern/Adressaten werden bei der Fortbildung zur Deeskalation berücksichtigt? • Welche Deeskalationsechniken stehen bei der Fortbildung zur Deeskalation im Mittelpunkt? 6. Methode Anfang Februar 2022 wurden die Innenministerien von 26 Ländern der EU angeschrieben7 und um Unterstützung im Forschungsprojekt AMBOSafe8 «Angriffe auf Mitarbeiter*innen und Bedienstete von Organisationen mit Sicherheitsaufgaben» gebeten, indem sie einen Fragebogen zur Fortbildung im Bereich Eigensicherung für den alltäglichen, allgemeinen Streifendienst beantworten. Nach einer Erinnerung Anfang Mai 2022 konnten Ende Juli 2022 die Antworten von 17 Ländern (Bulgarien, Estland, Italien, Kroatien, Lettland, Litauen, Luxemburg, Malta, Niederlande, Österreich, Polen,
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Für Deutschland erfolgte eine detaillierte Erhebung für alle Bundesländer (Lorei et al., 2023a). Diese wurde den Ergebnissen der übrigen Länder der EU zusammengefasst hinzugefügt.
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Siehe Fussnote 1
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Portugal, Rumänien, Slowakei, Slowenien, Ungarn und Zypern) ausgewertet werden, jedoch waren nur 13 davon verwertbar: Zusammen mit den Daten aus Deutschland (Lorei et al., 2023a) liegen damit für ungefähr die Hälfte der EU-Staaten (14 von 27 = 51,9 %) Informationen über das Thema Deeskalation in der Fortbildung vor. Von neun Staaten der EU (Belgien, Dänemark, Finnland, Frankreich, Griechenland, Irland, Schweden, Spanien und Tschechien) erfolgte keine Antwort auf das Anschreiben. Auffällig ist hierbei, dass alle skandinavischen Mitgliedsländer den Fragebogen nicht beantwortet haben und mit Frankreich und Spanien zwei grosse EU-Staaten, deren Polizeien einer (para)militärischen Tradition verhaftet sind. 7. Ergebnisse 7.1 Adressaten polizeilicher Deeskalation in der Fortbildung Kommunikation und insbesondere Deeskalation finden immer in Situationen Anwendung, an denen eine oder mehrere Personen beteiligt sind. Mitunter ist es sinnvoll, die eingesetzten Techniken und Strategien an möglichen Besonderheiten des polizeilichen Gegenübers auszurichten bzw. diese in eine Lageeinschätzung einzubeziehen. In Deeskalation ist ein wesentlicher Fortbildungen, die das TheTeil alltäglicher Polizeiarbeit ma Deeskalation behandeln, weltweit. kann auf diese Personengruppen und ihre Besonderheiten eingegangen werden. Nach diesem Fokus wurde entsprechend gefragt (Antwortmöglichkeiten: intensive Thematisierung und Schwerpunkt, explizite Thematisierung, Thema angesprochen, Thema beiläufig behandelt, Thema nicht behandelt). Am intensivsten scheint in den Fortbildungen der befragten Polizeien auf als gewaltbereit bekannte Personen eingegangen zu werden (bei 21,4 % intensiv thematisiert und Schwerpunkt; bei 50 % explizit thematisiert; bei 21,4 % angesprochen). Nur geringfügig weniger von Bedeutung sind die Normalbürgerinnen und -bürger (bei 14,3 % intensiv thematisiert und Schwerpunkt; bei 35,7 % explizit thematisiert; bei 42,9 % angesprochen) und gleichermassen psychisch Kranke (bei 14,3 % intensiv thematisiert und Schwerpunkt; bei 42,9 % explizit thematisiert; bei 28,6 % angesprochen; bei 7,1 % beiläufig erwähnt). Dem folgen Situationen mit Kommunikationseinschränkungen (bei 14,3 % intensiv thematisiert und Schwerpunkt; bei 35,7 % explizit thematisiert; bei 28,6 % angesprochen; bei 14,3 %
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keine Angabe
wird intensiv geschult
wird etwas geschult
wird nur erwähnt
1 7,1%
6 42,9%
6 42,9%
1 7,1%
Stressmanagement
6 42,9%
8 57,1%
Empathie
5 35,7%
6 42,9%
3 21,4%
Strategie Zielgerichtet handeln
Interesse
1 7,1%
6 42,9%
6 42,9%
1 7,1%
Transparenz
1 7,1%
5 35,7%
7 50,0%
1 7,1%
Ernsthaftigkeit
1 7,1%
7 50,0%
6 42,9%
9 64,3%
4 28,6%
1 7,1%
Eigensicherung Akzeptanz schaffen
1 7,1%
4 28,6%
7 50,0%
2 14,3%
Nonverbale Kommunikation
1 7,1%
7 50,0%
4 28,6%
2 14,3%
Beziehungsarbeit
1 7,1%
4 28,6%
8 57,1%
1 7,1%
Humor
1 7,1%
2 14,3%^
5 35,7%
4 28,6%
Respekt
1 7,1%
6 42,9%
6 42,9%
1 7,1%
Gesichtswahrung
1 7,1%
3 21,4%
8 57,1%
1 7,1%
Geduld
1 7,1%
5 35,7%
6 42,9%
2 14,3%
9 64,3%
4 28,6%
1 7,1%
Zuhören Metakommunikation
1 7,1%
7 50,0%
3 21,4%
3 21,4%
Sachlichkeit
1 7,1%
8 57,1%
4 28,6%
1 7,1%
Taktische Massnahmen
1 7,1%
11 78,6%
1 7,1%
1 7,1%
Zielgruppenadäquate Kommunikation
1 7,1%
6 42,9%
6 42,9%
1 7,1%
Sonstiges
9 64,3%
3 21,4%
wird nicht geschult
1 7,1%
1 7,1%
2 14,3%
Tabelle 2: Bedeutung unterschiedlicher Deeskalationstechniken in den verschiedenen Fortbildungen (Antworten auf die Frage: «Wie wichtig sind die nachfolgenden Deeskalationsstrategien im Rahmen Ihrer Fortbildungen?»)
beiläufig erwähnt), Personen in psychischen Ausnahmesituationen (bei 57,1 % explizit thematisiert, bei 21,4 % angesprochen, bei 14,3 % nur beiläufig bzw. auf Nachfragen angesprochen) sowie Personen unter Alkohol- oder Drogeneinfluss (bei 35,7 % explizit thematisiert, bei 57,1 % angesprochen). Am wenigsten stehen Jugendliche als spezifische Interaktionspartner im Fokus, wobei die Länder hier sehr heterogen verfahren (bei 7,1 % intensiv thematisiert und
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Schwerpunkt; bei 14,3 % explizit thematisiert; bei 42,9 % angesprochen; bei 21,4 % beiläufig erwähnt; bei 7,1 % nicht erwähnt). 7.2 Strategien der Deeskalation in Fortbildungen Am meisten Einigkeit bez. der Bedeutung der Deeskalationsstrategien besteht bei den taktischen Massnahmen, der Eigensicherung und dem Zuhören (s. Tabelle 2). Ernsthaftigkeit, nonverbale Kommuni-
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kation, Metakommunikation und Sachlichkeit werden als fast genauso bedeutsam angesehen und entsprechend geschult. Etwas disparater ist die Bedeutung der folgenden Deeskalationsstrategien: zielgerichtet handeln, Stressmanagement, Empathie, Interesse zeigen, Transparenz schaffen, Akzeptanz für Massnahmen schaffen, Beziehungsarbeit, Respekt zeigen, Gesichtswahrung ermöglichen, Geduld üben, zielgruppenadäquate Kommunikation. Humor stellt das Schlusslicht der geschulten Strategien dar. Drei Länder führen darüber hinaus noch an, dass sie weitere Strategien intensiv schulen würden. Diese lassen sich unter andere Strategien subsumieren bzw. beinhalten diese.
dies auch massiv in der Aus- und Fortbildung niederschlagen. Die übrigen fehlenden Länder scheinen in ihrer Bevölkerungsgrösse wie auch Polizeidichte keine Spezifika zu haben (vgl. z. B. Lorei & Balaneskovic, 2020b). Andererseits könnte das Ausbleiben der Antwort auch ein Ausdruck der Polizeikultur sein und damit auch einen Bezug zur Bürgerorientierung haben, was sich wiederum auf die Bedeutung der Deeskalation auswirken kann. Insgesamt wird jedoch davon ausgegangen, dass mit den dokumentierten Ergebnissen die Fortbildung der Polizei in Europa zur Deeskalation mindestens tendenziell beschrieben werden kann. Dennoch kann dies nur ein Anfang sein, dem weitere Studien mit detaillierter Betrachtung folgen sollten.
8. Diskussion 8.1 Methodische Beschränkungen Mit den Angaben von insgesamt 14 von 27 (= 51,9 %) Staaten der EU muss ein eingeschränkter Rücklauf festgestellt werden, in dem polizeipolitisch sensiblen Bereich der polizeilichen Eigensicherung erscheint er jedoch hoch. Auffällig ist dabei, dass sich verschiedene Staaten in Bereichen der Eigensicherung kaum äussern und eher eine sehr restriktive Informationspolitik betreiben (Lorei & Balaneskovic, 2020b; Timmer & Pronk, 2011; Osse & Cano, 2017). Problematisch für eine Repräsentativität der Ergebnisse für ganz Europa ist der beschränkte Rücklauf der Fragebögen, da zwischen den Ländern trotz ihrer Staatengemeinschaft und europäischen Kultur erhebliche Unterschiede in Bezug auf polizeipolitische wie auch polizeipraktische Aspekte zu finden sind (Lorei und Balaneskovic, 2020b). So unterscheiden sich die EU-Länder bereits im Anteil der Polizeibeamtinnen und -beamten an der Gesamtheit der Polizeibeamtinnen und -beamten, die dienstlich eine Schusswaffe führen. In Lettland und der Slowakei sollen dies 1–25 % der Polizeibeamtinnen und -beamten sein und in Schweden ca. die Hälfte, während es in der Mehrheit der anderen Länder annähernd 100 % sind (Lorei & Balaneskovic, 2020b). Ebenso ist neben der Schusswaffe die Bewaffnung mit Pfefferspray, Taser und Schlagstock sehr unterschiedlich (Lorei & Balaneskovic, 2020b). Diese Unterschiedlichkeit setzt sich z. B. auch in den Trainingshäufigkeiten und inhaltlichen Umfängen für das Schiessen fort (Lorei und Balaneskovic, 2020b). Problematisch sind auch fehlende Daten inbesondere von Staaten wie der Slowakei, in denen ein grosser Teil der Polizeibeamtinnen und -beamten ihren Dienst unbewaffnet verrichtet. Damit könnte sich
8.2 Welche besonderen Gruppen werden bei der Fortbildung berücksichtigt? Mitunter scheinen Besonderheiten oder Spezifika von Interaktionspartnerinnen und -partnern für das Deeskalieren bedeutsam, wie weiter oben bereits angedeutet wurde. Dies wird auch in entsprechenden Fortbildungen berücksichtigt, wie die Ergebnisse zeigen. Hier wird vor allem auf als gewaltbereit bekannte Personen sowie Normalbürgerinnen und -bürger fokussiert. Dabei kann die Fokussierung auf die Normalbürgerinnen und -bürger im Sinne einer bürgerorientierten Polizei (Ellrich & Baier, 2015) sehr positiv gewertet werden. Ebenso bedeutsam erscheinen in den Fortbildungen der EU psychisch Kranke. Dies entspricht den Studien zu Gewalt gegen die Polizei, laut denen dieser Personenkreis mitunter auffällig wird bzw. sich die Interaktionen mit psychisch Kranken als schwieriger erweisen, weshalb bisweilen speziell trainierte Kräfte wie Kriseninterventionsteams für Einsätze mit diesen eingesetzt werden (Compton et al., 2014; Steadman & Morissette, 2016; Oliva et al., 2010). Ebenso zeigen Analysen, dass diese Personengruppe in der Statistik zum polizeilichen Schusswaffengebrauch überrepräsentiert ist (Feltes & Alex, 2020). Dabei bleibt offen, wie die Thematisierung und der Bezug zu dieser Gruppe aussehen. Die Thematisierung könnte in einem eher einfachen Hinweis auf die potenzielle Gefährlichkeit und Unberechenbarkeit dieses Personenkreises bestehen und damit auf eine betonte Eigensicherung fokussieren oder aber auch detaillierte Hinweise zu Besonderheiten der Wahrnehmung, des Denkens und Handelns dieser Personen enthalten und mit entsprechenden deeskalierenden Massnahmen versehen werden. In Studien zu Gewalt gegen Einsatzkräfte fin-
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den sich neben psychisch kranken Menschen vor allem Personen, die unter Drogen- oder Alkoholeinfluss stehen (Rau & Leuschner, 2018). Diese werden auch in den Fortbildungen der an der Umfrage teilnehmenden EU-Staaten als bedeutsam angesehen, wenn auch ihr Stellenwert in den Schulungen geringer erscheint als der der oben genannten Personengruppen. Weniger im Fokus zu stehen scheinen Jugendliche, obwohl diesen immer wieder respektloses Verhalten gegenüber der Polizei vorgeworfen wird und sie damit ein besonderes Ziel von Deeskalation darstellen könnten. 8.3 Welche Deeskalationsechniken stehen bei der Fortbildung im Mittelpunkt? Wesentliche Inhalte bei der Vermittlung von Deeskalationsstrategien und -techniken in den Fortbildungen der befragten Polizeien in der EU sind zunächst die Eigensicherung, das Zuhören und das Anwenden taktischer Massnahmen. Dabei kann die insbesondere der Eigensicherung beigemessene hohe Bedeutung einerseits wie oben beschrieben als Ausgangsbasis für jegliches Deeskalieren angesehen werden, andererseits aber auch der vorhandenen Skepsis ihr gegenüber geschuldet sein (White et al., 2019). Ebenso kann dies Ausdruck des propagierten Missverhältnisses von gewaltbezogenen Trainings gegenüber deeskalierenden Fortbildungen sein (Dayley, 2016; Giacomantonio et al., 2019; Deveau, Wesentliche Inhalte bei der 2021). Als weitere Vermittlung von Deeskalationsstra- wichtige Deeskalategien und -techniken […] sind die tionsstrategie wird Eigensicherung, das Zuhören und das relativ einheitlich das Anwenden taktischer Massnahmen. Zuhören angegeben, welche auch in der Praxis häufig angewandt wird (Todak & James, 2018). Ähnlich wichtig sehen viele Länder die Ernsthaftigkeit, nonverbale Kommunikation, Metakommunikation und Sachlichkeit. Etwas uneiniger ist man sich bezüglich der Bedeutung von zielgerichtetem Handeln, Stressmanagement, Empathie, dem Zeigen von Interesse, dem Schaffen von Transparenz und Akzeptanz für Massnahmen, Beziehungsarbeit, dem Zeigen von Respekt, dem Ermöglichen der Gesichtswahrung, dem Üben von Geduld sowie der zielgruppenadäquaten Kommunikation. Diese Ergebnisse spiegeln mehr oder minder wider, wie diese Techniken in der Praxis eingesetzt werden (Todak & James, 2018). Kritisch gesehen werden kann die durchschnittliche, im Vergleich zu anderen Strategien jedoch geringer
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ausgeprägte Bedeutung von Geduld und Stressmanagement. Entweder wird davon ausgegangen, dass diese Strategien in anderen Fortbildungen oder der Ausbildung ausreichend geschult werden, oder aber deren Bedeutung in Einsatzlagen wird unterschätzt. Diese Fertigkeiten können in hektischen, hoch emotionalen und stressigen Lagen und bei allgemeinem Zeitdruck nämlich von hoher Relevanz sein. Auch stellt die Geduld und die damit verbundene Selbstkontrolle womöglich einen im Polizeialltag bedeutsamen Aspekt (Lorei et al., 2022) und entscheidenden Faktor beim Wechsel von Kommunikation zu unmittelbarem Zwang dar (Müller, 2016; Staller et al., 2017; Staller et al., 2019), der in der Fortbildung womöglich zu kurz kommt bzw. dem eine zu geringe Bedeutung zugemessen wird. Insgesamt findet sich keine sehr ausgeprägte Priorisierung bestimmter Techniken. Somit ist davon auszugehen, dass Schulungszeiten und die Wiederholung von Szenarien auf die verschiedenen Strategien und Techniken aufgeteilt werden (müssen). Dann stellt sich die Frage, ob der Trainingsumfang und die Wiederholungszahl praktischer Übungen ausreichen. Eine Priorisierung könnte z. B. anhand von Evaluationen vorgenommen werden, wenn diese z. B. Informationen zu einer heterogenen Effektivität liefern oder zeigen würden, welche Strategien bereits alltäglich eingesetzt werden und welche noch zu ergänzen wären. Auch wäre eine Priorisierung anhand eines Eingangstests bei der jeweiligen Fortbildung möglich, in der dann auf individuelle Stärken und Schwächen entsprechend eingegangen werden kann. 9. Fazit Insgesamt liefert diese Studie Informationen darüber, wie das Thema Deeskalation in der Fortbildung der befragten Polizeien in der Europäischen Union behandelt wird. Vieles bleibt dabei dennoch unklar und insgesamt ist ein doch sehr dürftiger Forschungsstand bezüglich Deeskalation zu reklamieren. So fehlen Evaluationen zur allgemeinen Effektivität sowie zu spezifischen Techniken im Polizeieinsatz und entsprechenden Trainings. Hierzu müssten die Schulungen auch auf empirischer Evidenz basieren und transparent beschrieben werden. Interessant wäre auch eine Analyse der Thematik Deeskalation im Zusammenhang mit Polizeiphilosophie und Polizeikultur in den EU-Mitgliedsstaaten. Hier wirken sich z. B. fehlende Informationen aus den skandinavischen Ländern im Sinne eines blinden Flecks aus.
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TECHNIKEN UND ADRESSATEN DER DEESKALATION IN DER POLIZEILICHEN FORTBILDUNG IN EUROPA
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Résumé Techniques et publics cibles de la désescalade dans la formation continue de la police en Europe La police de proximité prône la désescalade comme norme de l’action de la police pour prévenir à la fois la violence policière et la violence envers les forces de l’ordre. En vue de la présente étude, les ministères de l’Intérieur de 26 États membres de l’UE ont été invités à remplir un questionnaire au début de l’année 2022 sur la formation continue de l’ensemble des
services de patrouille dans le domaine de la sécurité personnelle. Ces données étaient déjà disponibles pour l’Allemagne. Les 13 réponses exploitables reçues et les données provenant d’Allemagne permettent de constater que les formations continues prennent en compte les principaux publics cibles de la désescalade et que la plupart d’entre elles comprennent des stratégies en matière de désescalade pour les interventions quotidiennes.
Riassunto Tecniche e gruppi target della de-escalation all’interno della formazione continua di polizia in Europa La polizia di prossimità impone la de-escalation come standard per l’operato della polizia. Il suo scopo è prevenire la violenza da parte della polizia e contro gli agenti. Per il presente studio, a inizio 2022 è stato chiesto ai ministeri dell’Interno di 26 Stati membri dell’UE di rispondere a un
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questionario sulla formazione continua in materia di sicurezza personale degli agenti che offrono il servizio generale di pattuglia. I dati tedeschi erano già disponibili. Sulla base delle 13 risposte valutabili e dei dati tedeschi, si può constatare che le formazioni continue prendono in considerazione i gruppi target principali per la de-escalation; la maggior parte di queste formazioni contiene strategie di de-escalation pensate per gli interventi quotidiani.
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FORMATION POLICIÈRE DANS LE DOMAINE NUMÉRIQUE : UNE STRATÉGIE À TROIS NIVEAUX
Formation policière dans le domaine numérique : une stratégie à trois niveaux Sami Hafsi Chef de la police judiciaire, Commandant de la Police neuchâteloise (dès le 1er janvier 2024) Sébastien Jaquier Doyen de l’Institut de lutte contre la criminalité économique (ILCE), Haute école de gestion Arc Haute école de Suisse Occidentale (HES-SO)
Résumé Face aux défis que représente la formation en matière de lutte contre la cybercriminalité, un modèle d’acquisition des connaissances à trois niveaux a été mis sur pied. L’e-learning ISP Cybercrime (e-CC) destiné à l’ensemble des forces de l’ordre et le cours ISP pour enquêtrices et enquêteurs constituent une réponse adaptée aux deux premiers niveaux axés sur les besoins des policières et policiers généralistes. Pour les spécialistes, une matrice de compétences
a été développée et mise en ligne sur la plateforme Cyberpie. Son rôle est de fournir une grille de lecture des formations cyber qui y sont proposées en tenant compte des compétences spécifiques aux métiers de police. Ce développement novateur offre une vue d’ensemble des formations en faisant le lien entre l’offre et les besoins. L’exercice met en lumière une nouvelle possibilité d’exploiter plus utilement les profils de compétences établis.
Une stratégie en matière de lutte contre la cybercriminalité L’interconnexion croissante des informations et des services influence notre société et questionne les autorités de poursuite pénale. Le modèle des 5V (volume, vélocité, variété, véracité, valeur) souligne également à quel point les données ne sont plus ce qu’elles étaient et combien l’environnement numérique se complexifie. Les enquêtrices et enquêteurs, magistrat·e·s, expert·e·s, mais aussi les chercheuses et les chercheurs sont confronté·e·s à des défis de taille, dont le premier est certainement le maintien et le développement des compétences. Face à l’évolution exponentielle de ce phénomène, la formation des professionnel·le·s constitue en effet un enjeu crucial pour l’ensemble des acteurs de la chaine pénale, mais également pour les hautes écoles et universités qui doivent proposer des programmes modulaires et adaptés pour répondre aux exigences d’un public cible dont les besoins sont très hétérogènes. Une décennie s’est écoulée depuis que les premiers jalons d’une stratégie de formation en matière
de lutte contre la cybercriminalité ont été posés en Suisse. Rapidement, le constat suivant s’est imposé : la composante numérique est omniprésente dans l’activité policière, il est donc essentiel de proposer une formation correspondant à la réalité du terrain à l’ensemble des policières et policiers suisses. L’approche privilégiée s’oriente vers un modèle à trois niveaux, dont le premier étage n’est autre que le socle de connaissances de base en matière de préservation des traces numériques pour l’ensemble des policières et policiers. Le niveau intermédiaire s’adresse aux enquêtrices et enquêteurs généralistes, dont les compétences d’investigation doivent aller audelà de la simple préservation des traces. Le sommet de cette pyramide de compétences couvre quant à lui le monde très vaste des formations spécialisées qu’il serait naïf de concevoir comme un simple prolongement des deux premiers niveaux. C’est uniquement en imaginant une approche flexible et sur mesure dédiée aux spécialistes des cyberenquêtes, des cyberanalyses et de l’investigation numérique que nous apportons une réponse cohérente à la diversité des besoins.
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FORMATION POLICIÈRE DANS LE DOMAINE NUMÉRIQUE : UNE STRATÉGIE À TROIS NIVEAUX
Spécialistes
www.cyberpie.ch (grille d’évaluation des formations)
Enquêtrices / enquêteurs
Cours cyber pour enquêtrices/enquêteurs II (cinq jours, ISP)
Ensemble des policières et policiers
e-CC (e-learning ISP Cybercrime)
Figure 1 : Stratégie de formation à trois niveaux avec le public cible défini (à gauche) et la réponse proposée (à droite)
Afin d’élaborer une réponse adaptée pour les métiers des trois catégories mentionnées ci-dessus, une matrice a été mise sur pied au sein du groupe de travail national « Formation Cybercrime » mis en place par la Conférence des commandantes et des commandants des polices cantonales de Suisse (CCPCS). Validée par la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP), cette matrice définit le niveau de maitrise de cinq profils (métiers) pour treize domaines de compétences1 et sert désormais de feuille de route à la mise en œuvre et au suivi de la stratégie globale de formation en matière numérique. Formation de base : la police aux avantpostes La formation policière intègre depuis de nombreuses années la composante numérique, aussi bien au niveau de la formation des aspirantes et aspirants que de la formation continue. L’e-learning Cybercrime (e-CC) publié par l’Institut Suisse de Police (ISP) et hébergé sur la Plateforme nationale de formation policière (PNFP) est à disposition de l’ensemble des personnels de police. Cette formation en ligne a pour objectif principal de sensibiliser et former les policières et policiers, quelles que soient leurs missions, en matière de cybercriminalité et de préservation de la trace numérique. Issue d’une formation pilote menée en présentiel dès 2016, elle se décline sous la forme d’un e-learning depuis 2018. Son contenu est adapté au fil du temps en tenant compte de l’évolution des phénomènes criminels en particulier. 1
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Par exemple : droit, protection des données, recherches sur internet, surveillance des télécommunications, analyse forensique de la téléphonie.
Cet outil fait à ce titre partie de la panoplie des ressources dont disposent les personnels des forces de police afin d’assurer la mise à jour de leurs connaissances pour le travail en première ligne. La formation e-CC s’inscrit pleinement dans la stratégie de formation policière en matière de lutte contre la cybercriminalité élaborée sous l’égide du groupe de travail « Formation Cybercrime ». Elle découle des besoins listés dans la matrice de compétences brièvement présentée précédemment pour le profil « Policière / policier de front ». Cours intermédiaires pour enquêtrices et enquêteurs Si l’ensemble des forces de police se doivent de disposer de connaissances minimales en matière de préservation de la trace numérique, c’est parce que la composante numérique est présente dans la plupart des infractions pénales. C’est ce constat qui justifie le développement de compétences de base en matière d’enquête sur le terrain clé du numérique. Contrairement à l’e-learning e-CC, le Cours cyber pour enquêtrices / enquêteurs se déroule en présentiel et s’adresse à l’ensemble des enquêtrices et enquêteurs de police judiciaire. Cette formation, initiée en 2017 déjà et dispensée
Figure 2 : Page d’accueil de la formation e-CC
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FORMATION POLICIÈRE DANS LE DOMAINE NUMÉRIQUE : UNE STRATÉGIE À TROIS NIVEAUX
sous l’égide de l’ISP, est également coordonnée par le groupe de travail « Formation Cybercrime ». Elle se déroule dans les trois régions linguistiques avec, pour chaque région, une direction de cours et une direction technique pilotant une équipe d’intervenant·e·s spécialisé·e·s, en général issu·e·s des forces de police. Il ne s’agit plus ici d’acquérir des connaissances de base en matière cyber, mais bien de développer un certain nombre de compétences au niveau de l’analyse et de l’exploitation de la trace numérique au service de l’enquête. L’évaluation continue de la formation conduit à une revue périodique des contenus enseignés. Il s’agit de résoudre une équation aussi complexe qu’essentielle, à savoir développer des compétences en intégrant l’évolution de la menace et le développement de la pratique policière tout en tenant compte des compétences des participant·e·s. Le Cours cyber pour enquêtrices / enquêteurs constitue la seconde étape de formation généraliste élaborée dans le cadre de la stratégie policière en matière de lutte contre la cybercriminalité.
Formations spécifiques destinées aux spécialistes L’investigation numérique, pour ne prendre que cet exemple, ne se résume pas à un champ étroit de compétences, mais touche un spectre extrêmement large de domaines tels que l’exploitation forensique des ordinateurs et supports de données, la téléphonie mobile, les systèmes embarqués, la surveillance des télécommunications, l’analyse ou encore l’engagement lié à un incident cyber. Ces compétences – aussi variées que spécifiques – touchent des activités qui sont elles-mêmes en constante évolution, si bien que leur maîtrise au fil du temps requiert une pratique intensive. Cette évolution explique que les spécialistes en investigation numérique se concentrent en principe sur un nombre limité de domaines. Il revient aux chef·fe·s de brigades d’investigation numérique ou aux responsables de la formation de constituer des équipes multidisciplinaires et complémentaires aptes à couvrir le spectre de ces domaines spécifiques. Partant du postulat qu’il n’est pas réaliste d’offrir une formation de pointe sur l’ensemble des treize domaines de compétences aux spécialistes en investigation numérique, en cyberanalyse et en cybe-
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renquête, plusieurs initiatives ont été lancées en vue de se doter d’un recueil de formations. Le groupe de travail « Formation Cybercrime » est rapidement arrivé à la conclusion que l’offre de formation devait non seulement être regroupée au sein d’un seul et même recueil, mais qu’elle devait également répondre à des besoins spécifiques en termes de contenu, de langue, de durée, de compétences, de prix et de qualité. Il est également apparu que ce catalogue devait être évolutif, Il ne s’agit plus ici d’acquérir doté d’une capacité de tri et des connaissances de base en matière disponible en source ouverte. cyber, mais bien de développer Ce dernier critère est important, un certain nombre de compétences car il agit sur deux niveaux. au niveau de l’analyse et de D’une part, il permet aux poli- l’exploitation de la trace numérique cières et policiers ainsi qu’aux au service de l’enquête. responsables de la formation de construire un plan de formation solide et cohérent. D’autre part, il permet aux hautes écoles et universités de détecter les besoins et de mettre sur pied les formations adéquates en veillant à une certaine complémentarité entre les institutions de formation.2 Le groupe de travail « Formation Cybercrime » a ainsi conceptualisé puis réalisé un outil en ligne intégrant la matrice de compétences précitée pour les formations proposées par les institutions de formation spécialisées. De cette initiative est né le site internet https://cyberpie.edupolice.ch hébergé sur la Plateforme nationale de formation policière (PNFP). Ce site ambitionne de réunir les institutions de formations susceptibles de proposer des offres pertinentes, d’un côté, et les responsables de formation et personnels cherchant à se former, de l’autre. L’offre apparaît sous la forme d’une liste classée par ordre de pertinence. La plateforme en ligne Cyberpie propose ainsi une lecture synthétique des contenus d’apprentissage des différentes formations au travers de la matrice de compétences liée au profil considéré. En d’autres termes, elle permet de déterminer dans quelle mesure une formation correspond au besoin et d’effectuer un tri de l’offre existante. L’intégration d’une fonctionnalité permettant l’évaluation des cours permet aux futur·e·s participant·e·s de tirer profit de l’expérience acquise par les volées précédentes.
2
Une étude finalisée en 2022 par le Réseau national de sécurité (RNS) a par exemple permis de réaliser un panorama des formations supérieures dans le domaine cyber en Suisse. Cette vue d’ensemble, même si elle n’ambitionne pas d’être exhaustive, a permis d’illustrer la richesse et la diversité de l’offre en la matière.
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FORMATION POLICIÈRE DANS LE DOMAINE NUMÉRIQUE : UNE STRATÉGIE À TROIS NIVEAUX
Figure 3 : Comparaison entre deux CAS pour cyberenquêtrices et cyberenquêteurs (source : https://cyberpie.edupolice.ch).
CAS CY-E, CAS Cybercriminalité option Cyberenquête
- Introduction au domaine spécialisé
7 POINTS
- Analyse forensique des ordinateurs et supports de données
0 POINTS
- Analyse forensique de la téléphonie mobile
0 POINTS
- Analyse forensique de réseaux
0 POINTS
- Surveillance des télécommunications
0 POINTS
- Recherches sur internet et les bases de données publiques («recherches open source»)
10 POINTS
- Domaines spécialisés
3 POINTS
- Analyse
0 POINTS
- Sécurité informatique (interne)
6 POINTS
- Droit applicable
6 POINTS
- Bénéficaire des prestations / partenaires
5 POINTS
- Sécurité informatique / protection des données / prévention (externe)
4 POINTS
- Engagement lié à un incident cybernétique
4 POINTS
Figure 4 : Détail des matières enseignées dans le cadre d’une formation (source : https://cyberpie.edupolice.ch)
Un modèle innovant et inspirant Si les cybercriminel·le·s font preuve d’une créativité débordante, les forces de l’ordre doivent également faire preuve de dynamisme et d’une grande capacité d’adaptation. C’est en mettant en place une structure de formation adaptée qu’elles y parviendront. La formation L’ intégration de plusieurs profils de en matière cyber nécescompétences au sein d’une matrice site un cadre permettant destinée tant à la police qu’aux à chaque policière et policier d’appréhender le vaste institutions de formation peut être éventail des situations dans considérée comme une solution lesquelles ces technologies innovante dans le paysage national. sont impliquées. Telle est la conséquence de l’évolution permanente des besoins et de la complexité de l’environnement dans le domaine. L’intégration de plusieurs profils de compétences au sein d’une matrice destinée tant à la police qu’aux institutions de formation peut être considérée comme
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une solution innovante dans le paysage national. Cette mise en commun d’informations présente de multiples avantages qui peuvent être classés en trois groupes. Premièrement, les responsables de la formation peuvent s’appuyer sur un outil qui offre une base d’orientation et de décision claire. Deuxièmement, le personnel à former acquiert une vue synthétique et pertinente de l’offre connue, triée et potentiellement évaluée par d’ancien·ne·s participant·e·s. Finalement, les instituts et écoles bénéficient d’une plateforme permettant de mettre en valeur leur offre d’une part et de la construire ou de la compléter d’autre part. Le projet Cyberpie démontre que l’on peut tirer plus de bénéfice des profils de compétences mis sur pied lorsqu’ils sont intégrés à un outil qui les rend concrets. Ce modèle pourrait être bénéfique à d’autres champs d’activités lorsque la complexité des formations et des besoins rend l’offre difficilement lisible.
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FORMATION POLICIÈRE DANS LE DOMAINE NUMÉRIQUE : UNE STRATÉGIE À TROIS NIVEAUX
Zusammenfassung Polizeiausbildung für den Cyberspace: Eine dreistufige Strategie Ausbildung und Training im Bereich der Bekämpfung von Cyberkriminalität sind ein eigenes Gebiet. Angesichts der damit verbundenen Herausforderungen wurde ein dreistufiges Lernmodell konzipiert. Das E-Learning Cybercrime (e-CC) des SPI, das allen Angehörigen der Polizei offensteht, und der SPI-Kurs für Ermittlerinnen und Ermittler sind eine Antwort auf die ersten zwei Stufen, die sich den Bedürfnissen von Polizistinnen und Polizisten ohne
Spezialisierung widmen. Für Spezialistinnen und Spezialisten hingegen wurde eine Kompetenzmatrix erstellt, die auf der Plattform CyberPie online zugänglich ist. Sie bietet eine Übersicht über alle auf der Plattform verfügbaren Cyber-Kurse unter Berücksichtigung polizeispezifischer Kompetenzen. So werden Kursangebot und Schulungsbedarf auf innovative Weise zusammengeführt und übersichtlich dargestellt. Dieser Ansatz richtet den Fokus darauf, wie sich die erstellten Kompetenzprofile besser nutzen lassen.
Riassunto Formazione di polizia in ambito digitale: una strategia a tre livelli Di fronte alle sfide della formazione in materia di lotta alla cybercriminalità è stato creato un modello a tre livelli sull’acquisizione delle conoscenze. L’e-learning ISP Cybercrime (e-CC), destinato a tutte le forze dell’ordine, e i corsi ISP per inquirenti costituiscono una risposta adeguata ai due primi livelli, basati sulle esigenze degli agenti di polizia generalisti. Per gli specialisti è stata invece sviluppata un’apposita
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matrice di competenze, che è stata poi pubblicata online sulla piattaforma Cyberpie. Il suo scopo consiste nel fornire una griglia di lettura delle formazioni proposte su Cyberpie tenendo in considerazione le competenze specifiche dei mestieri di polizia. Questo sviluppo innovatore offre una visione d’insieme sulle formazioni e collega al contempo domanda e offerta. L’esercizio mette in luce una nuova possibilità di sfruttare al meglio i profili di competenze.
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LECTURES
Lectures – Literatur – Letture – Reviews
Ariane Deygas 1
Céline Schnetzler 2
Sarah Tschan 3
Christiane Stieger 4
Barbara Angerer 5
Marco Porcu 6
Arancha Pinedo 7
Julie Ladine 8
INSTITUT NATIONAL DES HAUTES ÉTUDES DE LA SÉCURITÉ ET DE LA JUSTICE. (2017). POLICE ET POPULATION : DU CONFLIT À LA CONFIANCE. CAHIERS DE LA SÉCURITÉ ET DE LA JUSTICE (N° 40, DEUXIÈME TRIMESTRE 2017). LA DOCUMENTATION FRANÇAISE. Les articles regroupés dans ce quarantième numéro des Cahiers de la sécurité sont consacrés aux rapports entre la police et la population. Ces dernières années ont été ponctuées d’agressions subies par des représentant·e·s des forces de l’ordre, mais aussi de violences commises par des gardien·ne·s de la paix sur des citoyen·ne·s. Différentes stratégies visant à favoriser l’apaisement et le rapprochement avec la population sont exposées dans cette édition. Citons notamment la création du dispositif des délégué·e·s à la cohésion police-population en France, dont la mission, alliant prévention de la délinquance, recueil des attentes de la population et gestion des conflits, est de renforcer le lien entre la population et la police. Autre stratégie employée outre-Manche, par la Metropolitan Police Service de Londres : un sondage sur la police mené chaque année auprès de la population, permettant notamment de mesurer la confiance que celle-ci place en l’institution et d’identifier des problèmes qu’il s’agit d’aborder. La construction d’une relation de confiance entre la police et la population n’est certes pas sans difficulté, mais elle est plus que jamais au cœur des préoccupations.
1
Traductrice francophone, ISP
5
Übersetzerin Deutsch, SPI
2
Collaboratrice scientifique, ISP
6
Traduttore italofono, ISP
3
Collaboratrice scientifique, ISP
7
Traductrice francophone, ISP
4
Bereichsleiterin Stv. Bildungsstrategie und Produktentwicklung, SPI
8
Agente en information documentaire, ISP
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LECTURES
NIÑO, M. (2019). POLICE, AU SECOURS ! – TOME I : FACE AU MÉTIER & TOME II : FACE À L’HUMAIN. LES ÉDITIONS DU NET. Dans cet ouvrage divisé en deux tomes thématiques, l’auteur a recueilli le témoignage de 44 policières et policiers de tous âges, exerçant diverses fonctions et provenant de différents corps de police en France. Dans le tome I, les membres de la police s’expriment sur différents sujets d’actualité (attentats, « gilets jaunes », suicide, zones de non-droit, etc.), reviennent sur leurs parcours et jettent un regard sur l’avenir de leur profession. Le tome II, quant à lui, davantage tourné vers l’être humain, propose un regard plus personnel. Ce recueil passionnant offre aux lectrices et lecteurs un coup d’œil « de l’intérieur ». L’auteur interroge notamment les membres de la police sur leur vision du métier, exercé avec passion, mais qui suscite autant la peur que l’admiration, ainsi que sur l’image de l’institution dans la fiction, souvent noircie et associée à l’alcoolisme, que les représentant·e·s des forces de l’ordre jugent caricaturale, loin de la réalité et parfois drôle.
ARAJOL, J.-L. (2020). POLICE EN PÉRIL. LA GRANDE MAISON BRÛLE. LE CHERCHE MIDI. Rédigé par un ancien major de police retraité, cet ouvrage aborde le malaise important qui règne dans la police en France. Selon les analyses de l’auteur, le manque de reconnaissance de la profession, un système de management dépassé et inadapté, des ressources humaines et matérielles insuffisantes ainsi qu’un environnement peu propice à la prise de parole des policières et policiers composent cette situation. À cela s’ajoute un contexte sociétal complexe, souvent illustré par des failles en matière de cohésion sociale, des phénomènes de radicalisation, une tendance à l’augmentation de la délinquance chez les jeunes ou encore à la récurrence de discours d’incitation à la haine dans la sphère publique. Les policières et policiers sont, par conséquent, pris dans une double crise, comme en témoigne le nombre de suicides de membres des forces de l’ordre qui, depuis les années 1990, est alarmant. Appuyées par des témoignages anonymes, les analyses de l’auteur donnent l’occasion au grand public d’accéder à un quotidien policier qui n’est que peu abordé dans les médias et rarement évoqué dans l’opinion publique. Il propose aussi des pistes de solutions afin d’inverser la tendance.
MEYER, M. (DIR.) (2012). MÉDIATISER LA POLICE, POLICER LES MÉDIAS. ÉDITIONS ANTIPODES. Cet ouvrage explore les liens d’interdépendance qui existent entre deux entités, soit les médias et la police. Réunie sous la direction de Michaël Meyer, une quinzaine d’auteur·e·s ont analysé, d’une part, les représentations de la police transmises par les médias de divertissement et d’information et, d’autre part, la manière dont les institutions policières en font usage et les détournent à des fins stratégiques. Les lectrices et lecteurs intéressés sont invités à repenser les liens police-médias par le biais de thématiques très diverses : les enjeux autour de la vulgarisation du savoir criminalistique, le droit à l’image des membres des forces de l’ordre, le point de vue des représentant·e·s de la police quant à la médiatisation de leurs métiers, les stratégies communicationnelles policières, les métiers de communication au sein des polices, les liens tissés entre police et journalisme, la réappropriation de photos forensiques par la scène artistique / civile ou encore les représentations médiatiques ou cinématographiques de la police.
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LECTURES
BILHERAN, F., & NAUDIN, A. (2022). POLICE : LA LOI DE L’OMERTA. LE CHERCHE MIDI. Avec pour slogan choc : « Soit tu fermes ta gueule, soit tu fermes ta gueule » en couverture, cet ouvrage a de quoi interpeller. Six membres des forces de l’ordre françaises – dont les deux auteur·e·s – y décrivent sans détour des vécus professionnels parfois amers depuis leur entrée dans la profession. Briser le dôme de silence qui recouvre certaines pratiques institutionnelles préjudiciables à l’ensemble de la profession, telle est l’ambition de ce recueil de témoignages. Les fonctionnaires de la Police nationale dénoncent tour à tour des dysfonctionnements majeurs : tyrannie hiérarchique, sexisme, politique du chiffre, corruption ou encore discours racistes. Ce pavé dans la mare fait écho au mouvement de protestation « Mobilisation des policiers en colère » qui tente de mettre en lumière depuis 2016 des conditions de travail dégradées et un certain mal-être policier. Si les vocations restent fortes, la perte de sens professionnel les fait vaciller, mettant en danger tant les citoyen·ne·s que les professionnel·le·s de l’ordre public. Une remise en question organisationnelle paraît dès lors importante, si ce n’est indispensable.
DE MAILLARD, J., & SKOGAN, W. (DIR.) (2023). POLICE ET SOCIÉTÉ EN FRANCE. PRESSES DE SCIENCES PO. Après de nombreuses affaires tragiques (violences policières ou violences commises à l’encontre des représentant·e·s des forces de l’ordre), les tensions sociétales semblent de plus en plus cristalliser le malaise entre la population et la police. La question policière est régulièrement mise à l’agenda politique et médiatique. Mais quels regards les Françaises et les Français portent-ils sur « leurs polices » (police centralisée, civile ou militaire) ? Quelle est désormais sa « juste » place dans la société ? Devenue un domaine de recherche empirique pour les sciences sociales, l’institution policière dispose désormais de différents projecteurs permettant l’analyse de son évolution. Pour mieux appréhender les nombreux défis qui l’attendent dans le futur, il est nécessaire de comprendre les réformes institutionnelles qui ont participé et participent encore à son remodelage (notamment avec le nouveau management public). La polarisation entre des postures sociales antagonistes (défense des libertés publiques contre défense de l’action policière) ou encore le contexte des principaux conflits de la société française sont autant d’objets d’étude. Sous forme de synthèses des récentes recherches en la matière, seize chapitres nous éclairent sur ces enjeux.
Les ouvrages présentés sont disponibles au CentreDoc de l’Institut Suisse de Police (http://catalog.institut-police.ch).
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LITERATUR
PFISTER, S. (2021). VERTRAUEN IN DIE POLIZEI: SCHWEIZ – EUROPA – WELT. SPRINGER VS. Dieses Buch ist das Ergebnis einer vertieften Forschungsarbeit der Autorin zum Thema Vertrauen in die Polizei auf Makro- und Individualebene. Auf der Makroebene befasst sich Sabrina Pfister mit der wahrgenommenen Korruption, auf der Individualebene mit individuellen Werten sowie Migrationshintergründen als Erklärungsfaktoren für vorhandenes oder mangelndes Vertrauen in die Institution Polizei. Ausgehend von der Definition des Vertrauensbegriffs in Sozialpsychologie, Soziologie und Politikwissenschaften nähert sich die Autorin dem Phänomen des Vertrauens in die Polizei über individuelle und kontextuelle Erklärungsfaktoren und fokussiert anschliessend den Einfluss individueller Werte (nach Shalom H. Schwartz) auf das Vertrauen in die Polizei – eine Perspektive, die bisher kaum untersucht wurde. In einem umfassenden empirischen Teil wendet sich die Autorin der schweizerischen, der europäischen und der globalen Ebene zu und stellt einen Ländervergleich an. Ihr Ziel, einen Beitrag zum besseren Verständnis von Vertrauen in die Polizei zu leisten, erreicht Sabrina Pfister mit einer klar strukturierten Arbeit und verständlichen Sprache. Diese Abhandlung der zentralen Forschungsfrage «Wie lassen sich Vertrauensunterschiede in die Polizei zwischen Menschen im gleichen Land und zwischen verschiedenen Ländern erklären?» liefert dank ihrer empirischen Ausrichtung nicht nur Forschenden der Sozialwissenschaften wichtige Antwortansätze, sondern kann auch Laien mit einem Interesse für Fragen der polizeilichen Legitimität und der gesellschaftlichen Wahrnehmung der Polizei empfohlen werden.
GRASSL, M. (2023). POLIZEIKOMMUNIKATION AUF SOCIAL MEDIA. ZIELE, STRATEGIEN, INHALTE. SPRINGER VS. Michael Grassl beschäftigt sich in seiner Dissertation ausführlich mit der Frage, wie die Polizei in Deutschland auf Social Media kommuniziert und welche Ziele und Strategien sie damit verfolgt. Im ersten, theoretischen Teil seiner Arbeit verortet er zunächst die Polizei in der Gesellschaft und als Gegenstand wissenschaftlicher Untersuchungen. Mit der Einordnung der Polizeikommunikation zwischen PR und Journalismus wird Social Media als Teil der allgemeinen polizeilichen Öffentlichkeitsarbeit identifiziert und die komplexen Herausforderungen in der Stakeholder-Kommunikation der Polizei beschrieben. Auf die Betrachtungen der Polizei als Kommunikationsakteurin einer sich neu justierenden Öffentlichkeit und auf Social Media folgt schliesslich Grassls eigene empirische Untersuchung, welche den zweiten Teil der Arbeit darstellt. Darin greift er auf die gängigen Methoden der Kommunikationswissenschaft zurück: Teilstudie I enthält die Ergebnisse der von ihm mit 12 Social-Media-Verantwortlichen durchgeführten qualitativen Leitfaden-Interviews, während Teilstudie II aus einer quantitativen Inhaltsanalyse von über 1000 Posts auf Facebook, Twitter und Instagram besteht. Neben dem Fazit, in dem Grassl Facebook treffend als «den ausgeglichenen Allrounder», Twitter als «das informative Sprachrohr» und Instagram als «den verspielten Schönling» umschreibt, ist vor allem auch sein Ausblick interessant. So sieht er voraus, dass die Bedeutung von Polizeikommunikation auf Social Media einerseits weiter zunehmen und die fehlende Medienkompetenz andererseits zur grössten Herausforderung für die Polizeikommunikation auf Social Media werden wird. Grassls ansprechend erzählerischer Ton und die Aktualität des Themas machen diese Doktorarbeit auch für Nicht-Wissenschaftler/-innen zu einer äusserst zugänglichen Lektüre.
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LITERATUR
LOREI, C. & HALLENBERGER, F. (HRSG.) (2014). GRUNDWISSEN KOMMUNIKATION. (1. AUFL.). VERLAG FÜR POLIZEIWISSENSCHAFT. Im Buch Grundwissen Kommunikation lassen die Herausgeber Frank Hallenberger und Clemens Lorei verschiedene polizeiinterne Fachpersonen sowie externe Forschende zu Wort kommen. Der erste Teil «Grundlagen» führt in die wichtigsten Modelle der Kommunikation ein und legt deren Bedeutung im Polizeialltag dar. Neben verschiedenen Aspekten der nonverbalen und der geschlechtsspezifischen Kommunikation wird das Neuro-Linguistische Programmieren (NLP) vorgestellt. Im zweiten Teil werden anhand zahlreicher Beispiele vier verschiedene Kommunikationstechniken erläutert: Fragetechniken, aktives Zuhören, Ich-Botschaften und Feedback. Der letzte und umfangreichste Teil schliesslich widmet sich ausgewählten Aspekten der polizeibezogenen Kommunikation. Es werden Fragen aufgegriffen wie «Wie funktioniert kommunikative Deeskalation?», «Welche Reaktionsmöglichkeiten gibt es bei Provokationen?» oder «Wie verhält man sich bei einer Vernehmung richtig?» sowie der kommunikative Umgang mit psychisch anspruchsvollen Situationen (Umgang mit Opfern, Überbringen einer Todesnachricht, Interaktion mit Suizidanten) aufgezeigt. Die Herausgeber legten Wert darauf, ihren wissenschaftlichen Anspruch mit praktischer Umsetzbarkeit zu verbinden. So werden jeweils spezielle, polizeilich relevante Situationen aus kommunikativer Sicht beleuchtet. Jeder Beitrag schliesst mit Leseempfehlungen und/oder Hinweisen auf weiterführende Literatur.
KUBERA, T. (2011). GENDER MAINSTREAMING UND DIVERSITY MANAGEMENT IN POLIZEIORGANISATIONEN. VERLAG FÜR POLIZEIWISSENSCHAFT. Diese Aufsatzsammlung aus der Reihe «Polizei & Wissenschaft» befasst sich mit den Unternehmensstrategien Gender Mainstreaming und Diversity Management und deren Umsetzung im polizeilichen Umfeld. Auf grundlegende Ausführungen zu den beiden Strategien folgen Schilderungen zu ihrer Einbindung in einige Polizeiorganisationen Deutschlands und zur Praxis des «managing diversity» in der Polizei der Niederlande. Weitere Schwerpunktthemen sind die Implementierung von Gender Mainstreaming und Diversity Management in die Aus- und Weiterbildung von Polizistinnen und Polizisten, die Gender-Analyse im Bereich des behördlichen Gesundheitsmanagements, die Analyse des Kommunikationsverhaltens in der Polizei unter Genderaspekten sowie der Aufstieg von Frauen in Führungspositionen. Die einzelnen Kapitel sind auf der Grundlage der Seminararbeiten entstanden, die in einem diesem Thema gewidmeten Seminar des Landesamts für Ausbildung, Fortbildung und Personalangelegenheiten Nordrhein-Westfahlen von den Seminarteilnehmenden verfasst wurden. Sie bieten also eine realitätsnahe Abbildung der Lage in verschiedenen deutschen Bundesländern und sollen den Worten des Herausgebers nach all jenen helfen, «die auf der Suche nach […] dem richtigen Weg der Implementierung von Gender Mainstreaming und Diversity Management sind» (S. 15). Obwohl die Publikation des Sammelwerks schon einige Jahre zurückliegt, bietet insbesondere die darin enthaltene Diskussion des Gender Mainstreaming unter den Aspekten der polizeilichen Aus- und Weiterbildung und des Personalmanagements bei der Polizei interessante Anregungen für die (schon seit einiger Zeit angestrebte, aber auch heute noch mit Hindernissen gespickte) Feminisierung des Polizeiberufs.
Die vorgestellten Werke sind im CentreDoc des Schweizerischen Polizei-Instituts verfügbar (http://catalog.institut-police.ch).
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LETTURE
ANTONELLI, F., GIOBBI, L., MANISCALCO, M. L., & ROSATO V. (2013). PRODURRE SICUREZZA. AGENTI, ASSISTENTI E PRIMI DIRIGENTI DELLA POLIZIA DI STATO DI FRONTE A UNA SOCIETÀ IN CAMBIAMENTO. FRANCOANGELI. La presente opera illustra i risultati di una vasta indagine condotta dall’Università Roma Tre, che si concentra sull’evoluzione del ruolo e del lavoro della polizia nonché sulle conseguenze che ne derivano. La base di questa ricerca non è composta solo da dati formali, ma anche da opinioni e valutazioni degli agenti, in particolare di quello che viene definito un «know-how non formalizzato» emerso nel quadro dei corsi della Scuola Superiore di Polizia di Roma. L’opera è suddivisa in due parti: la prima parte si occupa dell’identità in mutamento della polizia, descrivendo valori comuni e identità sociale degli agenti, ma anche la rappresentazione della polizia da parte di mass media e opinione pubblica. La seconda parte è invece dedicata alla trasformazione delle pratiche della polizia. In particolare, per quanto riguarda il lavoro della polizia, viene illustrata la sempre maggiore predominanza della sicurezza a discapito dell’ordine pubblico, per poi concludere con un capitolo dedicato all’interazione con le polizie locali.
AUTORI VARI (2004). 1804–2004, POLIZIA CANTONALE. POLIZIA E IMMAGINE. PE-PARTECIPAZIONI EDITORIALI. Il presente volume, introdotto da una prefazione dell’allora comandante in carica Romano Piazzini e commissionato dalla polizia cantonale Ticino, raccoglie dodici contributi sul tema «polizia e immagine». I contributi, in forma di testi o di immagini, trattano sia tematiche più generali come la comunicazione, l’importanza della simpatia per veicolare un’immagine positiva e la comunicazione del rischio, sia questioni che presentano un legame più diretto con la polizia, ad esempio la sua rappresentazione nei film e in televisione, il suo ruolo passato da autorità repressiva a garante della sicurezza e il tema della sicurezza informatica. Gli autori sono esperti dei settori più disparati e comprendono direttori di imprese e di musei, psicologi, collaboratori della polizia cantonale Ticino, banchieri, professori universitari, presidenti di associazioni professionali ecc. L’opera fornisce quindi un punto di vista sfaccettato e variegato sul tema dell’immagine della polizia.
FONDAROLI D. (A CURA DI) (2011). NUOVE STRATEGIE DI POLIZIA PER UNA «SOCIETÀ APERTA». ATTI DELL’INCONTRO DI STUDIO SVOLTOSI IL 26 MARZO 2010 NELLA SEDE DI RAVENNA DELLA FACOLTÀ DI GIURISPRUDENZA DELL’ALMA MATER STUDIORUM – UNIVERSITÀ DI BOLOGNA. CEDAM. Il presente volume raccoglie spunti di riflessione e contributi emersi nel quadro della presentazione di un’opera sulla politica di polizia e illustra l’evoluzione del ruolo di questa istituzione. L’opera si apre con una presentazione dell’incontro di studio, in cui si sottolinea l’importanza della dimensione locale e municipale nella tutela della sicurezza, resa sempre più complicata alla luce delle necessità della popolazione che sono più sfaccettate e diversificate a causa dei mutamenti sociali degli ultimi decenni. Il corpo principale del volume affronta tematiche come la ricerca di una nuova immagine della polizia e le relative difficoltà, le politiche di polizia e di sicurezza, per poi soffermarsi sulla polizia municipale e sulla dimensione territoriale. In particolare, viene illustrato l’esempio del comune di Ravenna e la relativa riorganizzazione del corpo di polizia municipale volta ad adeguarlo alle nuove funzioni della polizia. Le pubblicazioni presentate sono disponibili presso il CentreDoc dell’Istituto Svizzero di Polizia (http://catalog.institut-police.ch).
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REVIEWS
SCHAAP, D. (2018). THE POLICE, THE PUBLIC, AND THE PURSUIT OF TRUST: A CROSSNATIONAL, DYNAMIC STUDY OF TRUST IN THE POLICE AND THE POLICE TRUST-BUILDING STRATEGIES. ELEVEN INTERNATIONAL PUBLISHING. As a democratic state institution, the police depends on the people’s trust to operate more effectively. Many studies underline that the more citizens trust the police, the more they will comply with the rules of the law and cooperate with the police. In this book, Dorian Schaap analyses the interactions between the police and the citizens in terms of trust, by comparing countries internationally. In the first part, the author underlines the elements that shape citizens’ trust. The second part focuses on police organisations in three countries (England and Wales, Denmark and the Netherlands) through three case studies. Using a more subjective approach, it highlights and compare their perception of the problems and their responses to improve citizens’ trust, in order to offer an overview of the solutions to enhance collaboration between the police and the public they serve.
REITER, H. (2022). WOMEN IN POLICING: BETWEEN ASSIMILATION AND OPPOSITION. NOMOS. Only recently have women been allowed to join the police force, an institution historically dominated by men, thereby establishing a male-dominated cop culture. Yet studies have shown the importance of women in law enforcement: by being more representative of the population, the police is perceived as less aggressive and less self-protective. The question remains: can the presence of women, complemented by non-discrimination policies and laws, really ensure the full integration of women into these male-dominated workplaces? By focusing on the subjective experiences of women in law enforcement in England and Wales and in Austria, this study aims to fill a gap in research and to highlight the imperative of feminising the police institution.
Reviewed publications are available at the CentreDoc Library of the Swiss Police Institute (http://catalog.institut-police.ch).
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Richtlinien für die Autoren/-innen 1) Texte, die zur Veröffentlichung im magazine eingereicht werden, müssen: – der Koordinatorin Silvana Pedrozo (silvana.pedrozo@ne.ch) in elektronischer Form (Word-Datei) zugestellt werden; – Originaltexte sein; – eine Zusammenfassung in der Beitragssprache beinhalten (1000 Anschläge inklusive Leerschläge). 2) Artikel zum Themenschwerpunkt einer Ausgabe sollten maximal 20 000 Anschläge inklusive Leerschläge lang sein (ohne Zusammenfassung und Literaturverzeichnis); für Artikel, die nicht zum Themenschwerpunkt gehören, gelten maximal 15 000 Anschläge inklusive Leerschläge. 3) Die Zitierweise entspricht den üblichen akademischen Regeln. Quellenangaben erscheinen im Haupttext und ein Literaturverzeichnis nach den geltenden APA-Richtlinien steht am Ende des Artikels.
4) Tabellen, Grafiken oder Illustrationen müssen elektronisch und mit einem Hinweis auf ihre Platzierung im Text eingereicht werden. 5) Namen, Vornamen, Funktionen sowie Post- und E-Mail-Adressen der Autoren/-innen müssen auf einer separaten Seite stehen. Zudem ist ein Porträtfoto als separate Datei mitzusenden. 6) Die Autoren/-innen treten ihre Rechte für die Veröffentlichung im magazine (gedruckte und elektronische Form) ab. 7) Die Autoren/-innen erhalten fünf Gratisexemplare der Ausgabe des magazine, in welcher ihr Beitrag veröffentlicht wurde. 8) Die Redaktion und das Redaktionskomitee behalten sich das Recht vor, eingereichte Artikel nicht zu veröffentlichen oder die Autoren/-innen vor der Veröffentlichung um Ergänzungen zu bitten.
Directives pour les auteur∙e∙s 1) Les contributions soumises pour publication dans magazine doivent être : – adressées à la coordinatrice Silvana Pedrozo (silvana.pedrozo@ne.ch) sous format électronique (fichiers Word) ; – des textes originaux ; – accompagnées d’un résumé en langue originale (1000 caractères espaces compris maximum). 2) La longueur des textes relatifs au dossier thématique du numéro doit être au maximum de 20 000 caractères espaces compris (hors résumé et bibliographie) ; pour les textes hors thème, compter 15 000 caractères espaces compris. 3) Le mode de références est conforme aux règles académiques usuelles. Les références apparaissent dans le corps du texte. Une bibliographie à la fin de l’article est indispensable et doit être rédigée selon les normes APA en vigueur.
4) Les tableaux, graphiques ou illustrations doivent être envoyés sous support informatique avec le renvoi exact à leur place dans le texte. 5) Les noms, prénoms, rattachements organisationnels, ainsi que les adresses postale et électronique complètes des auteur∙e∙s doivent figurer sur une page annexée. Une photo portrait est également jointe par fichier séparé. 6) Les auteur∙e∙s cèdent leurs droits pour la publication dans magazine (version imprimée et électronique). 7) Les auteur∙e∙s recevront cinq exemplaires du numéro de magazine dans lequel leur contribution aura été publiée. 8) La rédaction et le Comité de rédaction se réservent le droit de ne pas publier un article soumis ou de demander des compléments aux auteur∙e∙s avant publication.
Direttive per gli autori 1) I testi prodotti ai fini della pubblicazione in magazine devono essere: – consegnati alla coordinatrice Silvana Pedrozo (silvana.pedrozo@ne.ch) in formato elettronico (Word); – testi originali; – accompagnati da un riassunto in lingua originale (1000 caratteri spazi inclusi). 2) La lunghezza dei testi relativi al dossier tematico del numero in questione deve contare al massimo 20 000 caratteri spazi inclusi (senza riassunto e bibliografia); per gli altri testi, al massimo 15 000 caratteri spazi inclusi. 3) Le modalità di inserimento dei riferimenti bibliografici sono conformi alle regole accademiche usuali. I riferimenti appaiono nel corpo del testo. Una bibliografia alla fine dell’articolo è indispensabile e dev’essere redatta secondo le norme APA in vigore.
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4) Le tabelle, i grafici e le illustrazioni devono essere inviati su un supporto informatico con l’indicazione esatta del loro inserimento nel testo. 5) I nomi, i cognomi, le funzioni e gli indirizzi postali ed elettronici completi degli autori devono figurare su una pagina allegata. Inoltre, una foto ritratto dev’essere allegata tramite file separato. 6) Gli autori cedono i loro diritti per la pubblicazione in magazine (versione stampata o elettronica). 7) Gli autori ricevono cinque esemplari gratuiti del numero di magazine a cui hanno contribuito. 8) La redazione e il comitato di redazione si riservano il diritto di non pubblicare un articolo consegnato o di richiedere integrazioni agli autori prima della pubblicazione.
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Das Schweizerische Polizei-Institut fördert die angewandte Forschung und ermöglicht den Austausch mit internationalen Partnerorganisationen. L’Institut Suisse de Police favorise la recherche appliquée et facilite les échanges avec des organisations partenaires au niveau international. L’Istituto Svizzero di Polizia promuove la ricerca applicata e favorisce lo scambio con organizzazioni partner a livello internazionale.
ISSN 1664-6789
Institut Suisse de Police Avenue du Vignoble 3 CH-2000 Neuchâtel www.institut-police.ch