Marché du logement : éviter des interventions à contre-courant
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13 septembre 2017 N° 3155
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Marché du logement: éviter des interventions à contre-courant Le nombre de logements vacants augmente régulièrement depuis plusieurs années, dans toute la Suisse et dans tous les types d’habitation, grâce à de nombreuses nouvelles constructions. Face à ce constat en soi réjouissant, l’Etat devrait s’abstenir de mener des politiques visant à orienter le marché immobilier, ou au contraire à le freiner.
Une croissance dans toute la Suisse… de publier son enquête annuelle sur les logements vacants. Cette statistique prend en compte l’ensemble des logements habitables (meublés ou non) destinés à la location durable ou à la vente, inoccupés au 1er juin de l’année de référence. Cette année, le nombre de logements vacants en Suisse a atteint 64'893 unités, soit 1,47% du nombre total des logements. La hausse par rapport à 2016 est de 8375 unités, ce qui représente une augmentation de près de 15%. L’OFS souligne que c’est la huitième année consécutive où l’on constate un tel phénomène, lequel a tendance à s’accélérer.
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Géographiquement, la c roissance du nombre des logements v acants se retrouve dans toutes les sept gr andes régions statistiques de Suisse. L’augmentation la plus fort e est constatée au Tessin, avec 969 logements vacants supplémentai res (+34,6%) et un taux passant de 1,2% à 1,6%. La cr oissance la plus faible se trouve dans le cant on de Zurich (+451 unités, +7,3%) où le taux passe de 0 ,8% à 0,9%. La limite de 1% est désormais dépassée dans dix-neuf cantons (contre dix-huit en 2016). Les taux de logements vacants les plus élevés sont enregistrés dans les cantons de Soleure (2,9%), d’Appenzell Rhodes-Intérieures (2,36%) et
d’Argovie (2,34%). Les valeurs les plus faibles apparaissent dans les cantons de Zoug (0,43%), Bâle-Ville (0,5%) et Genève (0,51%). Dans la région lémanique, où le marché du logement est réputé tendu, on dénombre 10'445 logements vacants, soit 1800 unités supplémentaires (+20,8% en une année); le taux passe de 1% à 1,19%. … et dans tous les types d’habitation Le phénomène touche aussi tous les types d’habitations, y compris les maisons individuelles (+262 inoccupées, soit +4%) et les logements neufs (+1296 inoccupés, soit +15%). Parmi les logements à louer, 53'327 sont vides (+7823 unités, +17%); parmi ceux à vendre, on en dénombre 11'566 (+552 unités, +5%). On peut encore ajouter que toutes les tailles de logements sont concernées, la hausse variant entre +6% pour les logements de six pièces ou plus, et +19% pour les deux pièces. La plupart des logements vacants sont des trois pièces (20'820 unités au 1er juin 2017, +18,3%) et des quatre pièces (19'317 unités, +12,4%). contraste singulièrement avec certains discours convenus, catastrophistes, sur la pénurie les besoins de la population. Certes, il est encore rare de trouver l’appartement de ses rêves à bas prix et en une semaine… Mais la Suite au verso
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situation de réelle pénurie que plusieurs régions ont connue il y a quelques années est en passe de se corriger, grâce notamment à l’arrivée sur le marché de nombreux nouveaux logements de diverses catégories; progressiles prix à la baisse. Des mesures étatiques à contre-courant une situation qui contraste singulièrement avec certains discours convenus, catastrophistes, sur la pénurie de logements et l’inadéquation de de la population.
Cette évolution en soi réjouissante, et qui va certainement se poursuivre, devrait aussi attirer l’attention sur le caractère au mieux inutile mais généralement nuisible des interventions publiques dans un domaine tel que celui du logement. Certains cantons tentent de mener des politiques volontaristes pour lutter contre la thésaurisation du sol et forcer la construction, ou pour privilégier certaines catégories de logements. Mais de telles mesures interviennent presque toujours à contre-courant, en retard sur les cycles économiques, risquant port à la demande et donc des constructions non rentables. La Confédération, malgré de nombreuses sollicitations, a plutôt adopté jusqu’ici une certaine retenue en matière de promotion immobilière. En revanche, elle a cédé à la tentation
inverse – tout aussi inopportune – en imposant des mesures restrictives au travers de la loi sur l’aménagement du territoire (LAT). que la LAT a bloqué et retardé diverses constructions. Le marché n’est peut-être pas en mesure de résoudre tous les problèmes aussi rapidement que chacun le souhaiterait. Mais les pouvoirs publics le sont encore moins, et se révèlent caces dans ce domaine. Le mieux que l’Etat puisse faire est de créer des conditions cadres favorables au développement immobilier, voire à la propriété immobilière. Pierre-Gabriel Bieri