L’Etat est-il capable de maîtriser les coûts de la santé ?
SI
Service d’information
20 septembre 2017 N° 3156
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L’Etat est-il capable de maîtriser les coûts de la santé? Face à l’augmentation régulière des primes d’assurance-maladie, les discours se suivent et se ressemblent, appelant la plupart du temps à de nouvelles interventions étatiques – responsabilité individuelle, fortement limitée depuis l’introduction de l’assurance obligatoire.
Des prix stables mais une croissance des prestations Le même scénario se répète chaque automne: le conseiller fédéral en charge de la santé publique annonce les hausses (massives) des primes d’assurance-maladie pour l’année suipositions d’interventions étatiques (pour une caisse unique, ou contre la médecine libérale), la presse désigne quelques coupables à la vindicte populaire et les citoyens expriment leur colère contre les assureurs. Les discours sont globalement les mêmes d’année en année.
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On admet volontiers que le système de santé suisse est un des meilleurs au monde, mais on ajoute aussitôt, comme un leitmotiv, qu’il est aussi un des plus chers et qu’il est urgent de faire des économies, par exemple en limitant le nombre des nouveaux cabinets médicaux, ou en diminuant le prix des médicaments. En disant cela, on néglige par exemple le fait que l’augmentation des coûts de la santé n’est pas due aux prix – qui restent stables, voire diminuent pour les médicaments – mais plutôt à la croissance «très nette» du nombre des prestations, comme M. Alain Berset l’a rappelé dans sa conférence de presse. On néglige aussi le fait que les prestations des cabinets médicaux ne représentent que 20% des coûts à charge de l’assurance-maladie, soit moins de 10% de l’ensemble des coûts du système de santé.
On néglige en outre ce que nous disent les statistiques internationales. En consacrant 11,4% de son PIB à la santé, la Suisse reste globalement au même niveau que des pays comme la France ou l’Allemagne – et très en dessous des Etats-Unis. Et si, au cours des deux dernières décennies, la croissance des dépenses de santé par habitant en Suisse a largement dépassé celle du PIB par habitant, le phénomène n’en est pas moins comparable dans presque tous les pays développés. Les ménages privés assument la majorité des coûts La particularité helvétique est qu’une partie importante des coûts (plus de 60%) est assumée «directement» par les ménages privés, à travers notamment les primes d’assurancemaladie, tandis que la part payée par les collectivités publiques est plus faible qu’à l’étranger. Cette situation s’accentue dans la mesure une partie des prestations stationnaires (en hôpital) vers la médecine ambulatoire; celle-ci coûte globalement moins cher… mais, contrairement aux hospitalisations, elle est entièrement payée par les assurances. En d’autres termes, on transfère une partie des charges ment à répercuter cette économie sur la assurances et donc vers les assurés. C’est là un aspect du problème. Suite au verso
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Cela étant, on peut résumer ce qui précède en disant que le système de santé suisse apparaît comme meilleur que les autres pour un coût vient de ce que les ménages paient davantage en primes d’assurance ce que leurs voisins étrangers paient surtout en impôts. Les prestations des cabinets médicaux ne représentent que 20% des coûts à charge de l’assurance-maladie, soit moins de 10% de l’ensemble des coûts du système de santé.
Il faut renforcer la responsabilisation des consommateurs Ce recours accru à l’assurance ne devrait-il pas contribuer, logiquement, à responsabiliser les consommateurs? Hélas, le système est faussé: il permet aux assurés de prendre conscience du prix élevé d’une santé de très haut niveau, mais il ne leur laisse que très peu de marge pour des choix individuels. Les personnes qui limitent raisonnablement leur consommation de prestations médicales ne sont pas récomformule d’assurance adaptée à leur choix et restent donc soumises aux lourdes primes «de base» destinées à couvrir un catalogue de prestations qui ne se limite pourtant pas aux seules interventions de première nécessité. Telle est la «solidarité» imposée depuis la création de l’assurance obligatoire dans les
années 1990. Le seul élément de responsabilisation des assurés réside dans le choix de diverses franchises; celles-ci doivent absolument être maintenues, sinon relevées. L’augmentation des coûts de la santé résulte d’un choix collectif de société, qu’on peut discuter mais qu’on doit accepter. Il est toutefois nécessaire de laisser une place aux choix individuels. La responsabilisation des consommateurs contribuera à limiter les prestations inutiles et donc à atténuer l’évolution des coûts, bien mieux que de multiples interventions étatiques qui se soldent à chaque fois par un échec. Pierre-Gabriel Bieri