Service d'information no 3042

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Les médias et la presse, un secteur en (r)évolution Service d’information

16 juin 2015 / no 3042


Service d'information Publication hebdomadaire Rédacteur responsable : P.-G. Bieri, Centre Patronal

16 juin 2015 / N° 3042

Les médias et la presse, un secteur en (r)évolution La presse connaît depuis plusieurs années une évolution difficile et incertaine. Certaines réponses doivent venir de la branche elle-même. D’autres peuvent dépendre de choix politiques – où l’on retrouve la nécessité d’un débat sur le service public dans le domaine des médias.

Des habitudes de consommation qui changent On a beaucoup entendu dire que la révision de la loi sur la radio et la télévision aurait dû être précédée d’une discussion de fond sur le rôle du service public dans le domaine des médias. Si ce reproche n’est pas infondé, on doit cependant admettre que le verdict tombé ce dimanche en faveur du nouvel impôt radio-TV n’empêche nullement de poursuivre la nécessaire réflexion sur ce thème. Cela est notamment souhaité par un certain nombre de journalistes de la presse écrite, restés relativement discrets durant la campagne, mais qui constatent que le débat sur le service public s’imbrique désormais étroitement avec celui, plus général, sur l’avenir des moyens d’information.

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Le monde de la presse et des médias, on le sait, se trouve confronté à un bouleversement rapide, entraînant autant d’incertitudes que d’instabilité. Une partie importante des «consommateurs» délaisse aujourd’hui le papier pour se tourner vers l’électronique. La presse suit le mouvement en développant sa présence sur internet, en partie gratuitement, en partie contre paiement; mais les économies d’exploitation que recèle l’électronique se font désirer, car le papier conserve encore de nombreux adeptes, ce qui empêche de l’abandonner sans suffire à le rentabiliser. De plus, les

contenus internet payants peinent à s’imposer face à l’énorme masse d’informations gratuites. La tendance à s’informer via internet implique une autre évolution: la convergence du texte, du son et de l’image. Les médias électroniques qui publient leurs séquences audio ou vidéo sur internet peuvent facilement y ajouter du texte, produit par eux-mêmes ou récupéré d’autres sources. Quant à la presse écrite, elle réalise désormais l’intérêt d’ajouter à ses articles des contenus audiovisuels. Des produits qui étaient auparavant distincts deviennent ainsi concurrents. Rompre avec l’illusion de la gratuité Cette concurrence s’exerce non seulement face au public, mais aussi face aux annonceurs publicitaires. Ceux-ci s’intéressent désormais davantage à d’autres canaux de diffusion que le papier, ce qui implique une diminution sévère des recettes publicitaires de la presse, laquelle voit simultanément diminuer son lectorat, malgré la croissance de la population. La transformation du marché de la presse peut se comparer à celle que d’autres branches économiques ont connue et connaîtront encore. Une partie de la réflexion doit être menée au sein de la presse elle-même. Suite au verso


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Il serait opportun de rompre avec l’illusion de la gratuité d’internet et de trouver une méthode de paiement suffisamment simple, pratique et rapide pour être acceptée et utilisée à large échelle, y compris pour la lecture d’articles isolés.

Peut-être faudra-t-il opérer une distinction plus nette, par exemple, entre l’information brute – que tout le monde recherche mais qu’on trouve à de multiples endroits et qui a donc une valeur ajoutée plus faible – et celle triée, vérifiée, analysée et mise en perspective (si possible sans a priori idéologique), qui représente davantage de travail mais qui est aussi plus facile à valoriser, même si elle s’adresse à un public un peu moins nombreux. Pour ce travail méritoire, il serait certainement opportun de rompre avec l’illusion de la gratuité d’internet et de trouver une méthode de paiement suffisamment simple, pratique et rapide pour être acceptée et utilisée à large échelle, y compris pour la lecture d’articles isolés qui a tendance à prendre le pas sur les abonnements. Quelques rôles mesurés pour les pouvoirs publics Mais au-delà de la manière dont la branche affrontera et maîtrisera ces transformations, on peut comprendre la frustration des acteurs de la presse privée lorsqu’ils se voient confrontés à un service public qui propose des contenus de plus en plus comparables aux leurs, sur des supports similaires, en bénéficiant à la fois d’un financement public considérable et d’une part persistante d’un «gâteau publicitaire» non extensible. Le débat sur le service public et ses limites apparaît ainsi indispensable pour que la

concurrence se déroule selon des règles vraiment équitables. Cette question ne mériterait-elle pas d’être reliée aux réflexions menées depuis plusieurs années par la Confédération dans le but de «soutenir la presse»? Puisqu’on évoque les pistes étudiées par l’Etat fédéral pour encourager la diversité de la presse, on rappellera qu’un soutien financier direct à certains titres, idée régulièrement citée, constituerait un choix particulièrement déplaisant. En revanche, le rôle particulier joué par l’Agence télégraphique suisse (ATS), qui est presque un rôle de service public, pourrait éventuellement justifier qu’on entre en matière sur une aide publique. On se permettra enfin de rappeler que les pouvoirs publics, cantonaux cette fois, peuvent aussi œuvrer utilement en faveur d’une presse vivante en garantissant que l’école éveille, chez les enfants qu’elle instruit, la capacité et le goût de la lecture, une large curiosité et un sens critique aiguisé. Qui s’intéresserait à la presse sans cette base solide? Pierre-Gabriel Bieri


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