Fil d'Iéna n°24

Page 1

www.lecese.fr – JANVIER 2014 –

LE

FIL DIENA ’

SPÉCIAL EXPO n° 24

mensuel du Conseil économique, social et environnemental

EXPOSITION ÉVÉNEMENT AU CESE 27.11.13/19.02.14

AUGUSTE

PERRET HUIT CHEFS D'ŒUVRE !/? Architectures du béton armé

Une exposition co-organisée par le Conseil économique, social et environnemental et Fondazione Prada



édito

3

Le CESE engagé dans la culture

M

ettre à l’honneur au Palais d’Iéna quelques semaines durant Auguste Perret ne se limite pas à rendre hommage au brillant concepteur du lieu où siège le Conseil économique, social et environnemental depuis 1959. Ni participer d’une glorification post mortem à la hauteur du talent que chacun s’accorde désormais à lui reconnaître. Je souhaite que cette Jean-Paul DELEVOYE exposition dépasse les deux objectifs précédemment cités, pourtant Président du CESE très ambitieux déjà. Elle doit pouvoir nous interroger sur ce qui fonde la modernité et traduit l’innovation en progrès. L’histoire de la famille Perret est singulière ; il paraît difficile d’imaginer que le parcours personnel des frères soit sans influence sur leur non moins singulière aventure professionnelle. À l’origine se trouve une éducation fondée sur le travail, un apprentissage précoce des techniques de construction, une construction intellectuelle forgée à l’école des Beaux-Arts. À l’origine se trouve un contexte économique et historique qui séparait résolument l’architecture de la réalisation technique. À l’origine se trouve un matériau nouveau, le béton, qui nourrit une vision nouvelle. À moins que ce ne soit l’inverse. À moins que les deux soient indissociables. C’est une vision ancrée sur de solides convictions qui nourrit le travail d’Auguste Perret. Une vision confrontée aux artistes et aux autres architectes de sa génération. Une vision à la fois amendée et confortée au fil des années. L’innovation ne peut se concevoir autrement que par la contestation du présent, d’un ordre établi, d’un système reposant sur ses certitudes et une forme de confort. Ce n’est qu’appuyée, sur un crédit et des compétences personnelles, sur une ouverture aux autres et au monde, sur une passion pour l’aventure collective et la ferme conviction que l’avenir est à construire et à imaginer, que cette contestation peut ouvrir la voie du progrès et d’un futur acceptable et enviable pour tous. Nos sociétés sont actuellement déboussolées, partagées entre la crainte de voir disparaître un monde ancien et l’incertitude d’un avenir dans lequel chacun peine à se projeter et trouver une place. Elles ont aujourd’hui besoin de retrouver confiance en leurs propres capacités et foi en l’avenir. La force de la France à travers son histoire a souvent résidé dans sa créativité. Or aujourd’hui notre système par ses normes et son absence de remise en cause stérilise l’initiative plus qu’il ne l’encourage. Cette exposition, organisée en collaboration avec Fondazione Prada, a vocation à rappeler que l’innovation est source de contestation mais surtout d’inspiration. Elle trouve donc toute sa place au Palais d’Iéna, comme un écho aux débats qui chaque jour au Conseil économique, social et environnemental confrontent des visions et des intérêts différents et participent à l’élaboration collective de l’avenir de la France.

JANVIER 2014 - numéro 24 - www.lecese.fr


une EXPOsition AMBITIEUSE

4

© Florian Kleinefenn - Fondazione Prada et CESE

Se distinguant des manifestations précédentes consacrées à Auguste Perret, cette exposition poursuit un objectif ambitieux : faire partager à un large public l’intimité d’une démarche créative qui compte parmi les plus élevées qu’ait produites la discipline architecturale. Il était naturel que cette exposition soit accueillie au Palais d’Iéna, une des réalisations majeures de l’architecte, le plus bel aboutissement du nouvel ordre classique inventé par Perret, comparable aux ordres antiques, mais dérivé des techniques modernes de construction – l’ordre du béton armé.

G

râce à une problématique théorique solide et à des moyens de production contemporains, l’exposition entend renouveler de fond en comble le regard porté sur cet intellectuel constructeur qu’était Auguste Perret, à travers huit édifices majeurs : à Paris, l’immeuble de la rue Franklin (1903), le Théâtre des Champs-Elysées (1913), l’église Notre Dame du Raincy (1923), la salle Cortot (1928), le Mobilier national (1934) et le Palais d’Iéna (1937) et au Havre, l’Hôtel de Ville (1950) et l’église Saint Joseph (1951). Ces huit édifices ont marqué, par leur mode d'élaboration inventif et leur rapport à la matière, un enrichissement décisif de l'architecture du XXe siècle. L’exposition prend place dans la salle hypostyle du Palais d’Iéna qui constitue la première œuvre révélée au visiteur. La scénographie de OMA AMO réutilise des dispositifs scéniques conçus par l’agence d’architecture pour Prada au Palais d’Iéna. En effet, depuis 2011,

OMA AMO explore l’espace du Palais d’Iéna en concevant des scénographies de défilés et d’événements culturels. La scénographie de l’exposition est un collage de ces différentes recherches, conçue comme des lectures contemporaines de l’architecture d’Auguste Perret. Cette installation temporaire, cette architecture dans une architecture, est profondément contextuelle et met en avant la force de la permanence de cette architecture de béton. L'exposition présente : - une sélection de dessins originaux issus, pour la plupart, du fonds Perret conservé aux Archives de l’architecture du XXe siècle de la Cité de l’architecture et du patrimoine, qui révèle l’univers de la conception des projets. - une collection de photographies produites par le Studio Chevojon, qui a entretenu pendant cinq décennies une relation privilégiée avec l’agence Perret, qui exprime la matérialité de la construction.

- un ensemble de maquettes analytiques provenant de la Cité de l’architecture et du patrimoine, du Musée des arts et métiers et des Archives municipales du Havre, cristallise la géométrie structurelle des édifices. ■

!/?

est la représentation visuelle de la notion de chef d’œuvre d'après Roland Huesca, historien en art, qui continue à susciter un questionnement dans le domaine de l’histoire de l’art et des sciences humaines. Les chefs d’œuvre de l’exposition sont considérés comme tels par le commissaire scientifique de l’exposition, Joseph Abram, qui leur reconnaît une valeur exceptionnelle et universelle, en référence au premier critère de l’UNESCO. Le centre-ville du Havre reconstruit par Auguste Perret après la Seconde Guerre mondiale (1945 1964) est, à ce jour, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. L’hôtel de ville du Havre est parmi les 8 chefs d’œuvre de l’exposition. ■

400 œuvres présentent le travail 21 000 Visiteurs CHIFFRES d'Auguste Perret dont certaines n'ont jamais été dévoilées. ont déjà parcouru cette exposition exceptionnelle : amateurs d'art, classes de jeunes collégiens ou d'écoles de Beaux-arts, CLÉS journalistes, citoyens... JANVIER 2014 - numéro 24 - www.lecese.fr


5

L’engagement du CESE dans le domaine de la culture

L

es enjeux culturels font partie intégrante des sujets d’attention du CESE, et sont traités au sein de l’institution par la section de l’éducation, de la culture et de la communication.

Le CESE au cœur des sujets culturels L’avis « Une nouvelle dynamique pour les politiques de conservation du patrimoine monumental » (Jean-Jacques Aillagon, 2008) examinait notamment les moyens à mettre en oeuvre pour que la culture du patrimoine reste une référence partagée par tous les Français, interrogeait les conditions du renforcement de l’efficacité de la protection de nos monuments, et les sources envisageables pour leur assurer des financements plus importants et plus stables. L’avis « Pour une politique de développement du spectacle vivant : l’éducation artistique et culturelle tout au long de la vie » (Claire Gibault, 24 septembre 2013) formule quatre préconisations majeures pour assurer l’accès de chacun à la culture et à la pratique artistique : développer l’éducation artistique et culturelle par la

Fondazione Prada Fondazione Prada, présidée par Miuccia Prada et Patrizio Bertelli et dirigée par Germano Celant depuis 1995, est une institution dédiée à l'art contemporain et à la culture. Les expositions innovantes organisées par Fondazione Prada et conçues avec des artistes contemporains comme Louise Bourgeois, Walter De Maria, Thomas Demand et John Baldessari, ainsi que d'autres activités liées au cinéma, à la philosophie et à l'architecture, ont eu une grande résonance internationale. En 2011 Fondazione Prada a inauguré un espace d'exposition à Venise, Ca'Corner della Regina. Un nouveau siège conçu par Rem Koolhaas ouvrira ses portes à Milan en 2015. Découvrez l'engagement culturel de la fondation : www.fondazioneprada.org

10 concerts et 11 conférences

pratique artistique tout au long de la vie, pour tous et sur tous les territoires, développer la complémentarité entre les acteurs, dynamiser l’éducation populaire comme outil de transformation des territoires et de la société, et former les intervenants : enseignants, artistes, amateurs. Le lancement par la ministre de la Culture et de la Communication de son « grand projet pour l’éducation artistique et culturelle », participe de la même prise de conscience de l’importance de l’éducation artistique et culturelle pour la jeunesse et pour l’ensemble des citoyens tout au long de leur vie.

Organisation et accueil de manifestations culturelles Le siège du CESE accueille depuis plusieurs années des expositions d’art contemporain et des manifestations culturelles riches. 2011 : L’exposition « Empreintes urbaines » organisée en juin avec Sos Racisme réunissait 84 grands artistes internationaux de Street Art. À la croisée de générations et de disciplines novatrices, cette exposition au

CESE créait un pont du « Vivre Ensemble ». En septembre, le CESE a accueilli l'exposition « Pearls of the North » dédiée à la scène belge, hollandaise et luxembourgeoise durant la semaine de l'art contemporain à Paris ; Caroline Smulders et Jérôme Lefèvre en étaient les commissaires. 2012 : En avril-mai, pour l’exposition « Ça & là (This & There) », l'artiste Davide Bertocchi avait installé la pièce « Apologie de l’aléatoire (Pendolo) » dans l’escalier monumental du CESE, dans le cadre du « Laboratoire de création du Palais de Tokyo ». Pour la Nuit Blanche, le CESE avait accueilli une performance de Franck Gérard, « En l'état, user les images » et une œuvre inédite in situ du sculpteur Antony Gormley présentée par la galerie Thaddaeus Ropac, en avant-première de l’exposition d'octobre « Unlimited bodies ». Organisée avec à nouveau Jérôme Lefèvre et Caroline Smulders comme commissaires, cette exposition présentait un choix exclusif de 30 artistes internationaux, explorant la sculpture contemporaine, au travers de sculptures-corps de dimension humaine. En janvier, Fondazione Prada avait déjà ouvert au CESE un musée éphémère et imaginaire sous le nom de « 24 h Museum », un projet conçu par Francesco Vezzoli dont la scénographie avait également été imaginée par OMA AMO. ■

Un projet collaboratif

A

u-delà des essentielles contributions de Joseph Abram, commissaire scientifique, et de l’agence d’architecture OMA AMO, sous la direction de Rem Koolhaas, commissaire artistique, deux écoles d’architecture, l’ENSAVersailles et l’ENSA-Nancy sont associées au projet sous la responsabilité de leurs directeurs respectifs, Vincent Michel et Lorenzo Diez. Un atelier a été mis en place, début 2013, à l’école de Versailles pour participer au projet de manière prospective. Seize étudiants, conduits par les enseignants Cédric Libert et Thomas Raynaud, produisent huit projets pour l’exposition, comme encouragement à se saisir de l’héritage architectural et constructif, conceptuel et culturel d’Auguste Perret. Par ailleurs l'école d'architecture de Nancy, avec son laboratoire d'histoire de l'architecture contemporaine, a constitué une équipe

1848

de jeunes chercheurs spécialistes de l'architecture du vingtième siècle et engagés dans la médiation architecturale.

Des productions artistiques viennent porter un regard contemporain sur l’évolution et la mutation de cette architecture : d’une part Gilbert Fastenaekens photographie les traces humaines à l’intérieur des huit bâtiments, et d’autre part Louise Lemoine et Ila Bêka filment les habitants et l’usage de ces lieux. Ensemble, ils reportent la matière intangible de ces architectures.

Joseph-Louis Lambot invente le ciment armé et crée pour le tester dans des conditions optimales... une barque ! Venez découvrir cet objet mythique.

Retrouvez l’actualité de l'expo sur expositionperret.fr

JANVIER 2014 - numéro 24 - www.lecese.fr


huit chefs

6

8 Chefs d'œuvre... Riche est l'œuvre d'Auguste Perret. Universelle, construite pour durer, elle s'inscrit également dans le quotidien des Français  : construction d'un immeuble d'habitation, de lieux de culte ou de loisir, de connaissances, lieu de citoyenneté, Perret joue du béton armé et donne libre cours à tout son génie en laissant une œuvre protéiforme.

À LA UNE

Palais d'Iéna,

Le Havre,

achèvement de l'œuvre - 1950/1951

Le Havre, vue aérienne vers l’église Saint-Joseph © CNAM/SIAF/CAPA Archives d’architecture du XXe siècle/Auguste Perret/UFSE/SAIF

Œ

uvre classée à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Lourdement bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale, la Ville du Havre a été reconstruite entre 1945 et 1964 d’après le plan d’une équipe dirigée par Auguste Perret. Le site forme le centre administratif, commercial et culturel du Havre.

riques encore existantes aux idées nouvelles en matière d’urbanisme et de technologie de construction.Il s’agit d’un exemple remarquable de l’architecture et l’urbanisme de l’après-guerre, fondé sur l’unité de méthodologie et le recours à la préfabrication, l’utilisation systématique d’une trame modulaire, et l’exploitation novatrice du potentiel du béton.

Parmi les nombreuses villes reconstruites, Le Havre est exceptionnelle pour son unité et son intégrité, associant un reflet du schéma antérieur de la ville et de ses structures histo-

Auguste Perret achève son œuvre par la conception et la réalisation d'un lieu citoyen, l'Hôtel de ville et d'un lieu de culte avec l'église Saint-Joseph. ■

JANVIER 2014 - numéro 24 - www.lecese.fr

musée des travaux publics - 1937

A

u Palais d'Iéna, Auguste PERRET définit un ordre classique dont les proportions découlent directement de la logique du matériau. Les colonnes élancées portent d'un seul jet la toiture, sous laquelle se glisse un second édifice. Le jeu de ces deux ossatures forme un écrin de proportions parfaites. Les bétons sont faits de porphyre vert et de marbre rose. Machine implacable, captant l'ombre et la lumière dans la hiérarchie de ses textures et de ses moulures, la colonnade de l'avenue d'Iéna est l'expression la plus remarquable de « l'ordre du béton armé », contribution de Perret à une discipline millénaire dont il se voulait l’artisan passager. Le Musée des Travaux Publics était destiné à présenter au public des maquettes de barrages et de ponts. Il a été conçu comme « un vaste abri à toutes fins utiles ». Fragment paradoxal, abouti, mais inachevé, ce bâtiment a été attribué en 1954 à l'Union Française (assemblée des colonies et des territoires d'Outremer), puis, en 1959, au Conseil Économique et Social. ■


d'œuvre !/?

7

© Gilbert Fastenaekens

Immeuble de la rue Franklin - 1903

Théâtre des Champs-Élysées - 1913

Angles et lignes droites, enfoncement de la façade, balcons et encorbellements, ferronneries sobres, panneaux de grès, l'immeuble est l'œuvre originale et originelle de Perret et de ses frères. Ce bâtiment a fait date ; il est considéré comme le point de naissance de l’architecture contemporaine. ■

Mobilier national - 1934

Le Théâtre des Champs-Élysées est sans conteste l’un des plus beaux lieux de spectacle parisiens. Construit en 1913, il a été conçu par un groupe d’artistes : les architectes Henry Van de Velde puis Auguste Perret, le peintre et sculpteur Antoine Bourdelle, le peintre Maurice Denis, ainsi que le cristallier René Lalique pour ne citer que les principaux d’entre eux. Il fut le premier théâtre parisien à être entièrement construit en béton armé. ■

© Gilbert Fastenaekens

Église du Raincy - 1923

© Gilbert Fastenaekens

L

© Gilbert Fastenaekens

'histoire du Mobilier national et celle des Manufactures nationales sont inséparables depuis Colbert, sans toutefois se confondre. Ces deux institutions sont réunies sur un même site depuis 1937, date de la construction des actuels bâtiments du Mobilier national, construit par Perret au voisinage immédiat de l'enclos historique des Gobelins. En service à compétence nationale (depuis 2003) rattaché à la Délégation aux Arts plastiques du Ministère de la Culture. ■

Auguste Perret explore les possibilités du béton et se lance un nouveau défi, ériger un lieu de culte, pari réussi en faisant de l'église Notre-Dame un véritable parangon de l'économie de matière. ■

S

oucieux de donner aux étudiants un espace d’expression, Alfred Cortot fait construire en 1929 une salle de concerts par Auguste Perret. Par sa forme et sa structure, largement « boisée », la salle Cortot évoque la caisse de résonance d’un violon et confère à ce lieu une acoustique d’exception.

Classée « Monument Historique » ce chef d’œuvre Art déco a accueilli les plus grands musiciens de notre temps et est le lieu traditionnel des concours de fin d’année, des concerts d’étudiants et des master classes publiques. La Salle Cortot fait partie intégrante de l’École Normale de Musique de Paris.

Retrouvez les HUIT CHEFS D'ŒUVRE DE L'EXPOSITION sur eXPOSITIONPERRET.fr JANVIER 2014 - numéro 24 - www.lecese.fr

© Gilbert Fastenaekens

Salle de concert Cortot - 1928


repères chronologiques

8

Auguste PERRET a traversé le XXe siècle

en marquant de son empreinte le premier art. 1874-1880 : Naissance d’Auguste Perret le 12 février 1874 à Ixelles (Bruxelles). Son père, Claude-Marie Perret, militant actif lors de la Commune de Paris, s’est réfugié en Belgique avec sa famille pour échapper à la répression. Naissance de Gustave le 14  mars 1876 et de Claude le 16 juillet 1880.

des Nations à Genève. Mise en chantier de la salle Cortot, de l'immeuble de la rue Raynouard. Fermeture de l’atelier du Palais de Bois. 1930-1932 : Auguste prend la direction d'un atelier à l'École spéciale d'architecture. Concours de la porte Maillot à Paris, du Palais des Soviets à Moscou. Conférence à Amsterdam. L'Architecture d'Aujourd'hui publie en 1932 un numéro spécial Perret. L'agence s’installe rue Raynouard.

1882-1893 : Après l’Amnistie de 1880, Claude-Marie rentre à Paris, où il crée une entreprise générale. Auguste et Gustave font leurs études à l'École Alsacienne, puis à l'École des beaux arts, à l'atelier Guadet. 1896-1902 : L’entreprise familiale construit plusieurs immeubles à Paris (rue du Faubourg Poissonnière, avenue de Wagram...). 1903-1905 : Réalisation de l’immeuble de la rue Franklin. L’entreprise Perret s’installe au rez-de-chaussée. Mort de Claude-Marie en 1905. Ses trois fils créent la firme Perret Frères et se consacrent à l'étude du béton armé. 1906-1912 : Construction du garage de la rue Ponthieu, de la cathédrale d'Oran (pour l’architecte Albert Ballu). CharlesÉdouard Jeanneret (Le Corbusier) fait un stage de 14 mois à l’agence de la rue Franklin (19081909). Voyages d’Auguste en Algérie, au Maroc et en Turquie.

Auguste PERRET en 1925 1914-1918 : Mobilisé en août 1914, Auguste est affecté au 39e Régiment d'Infanterie à Blois. Il travaille à Luçon, où il conçoit des hangars pour dirigeables. La firme Perret construit les docks de Casablanca. VicePrésident de l'association Art et Liberté, Auguste côtoie Amédée Ozenfant et Albert Gleize. 1919-1923 : Hangars industriels (ateliers Wallut, Esders, Voirin- Marinoni...). Construction de l’église Notre-Dame du Raincy. Voyage en Italie en 1922 avec Antoine Bourdelle : Gênes, Turin, Cuneo, Florence, Bologne, Rome, Naples, Pompéi et Paestum. Élaboration du concept des « Villes-Tours ».

© Gilbert Fastenaekens

1924-1926 : Membre fondateur du Salon des Tuileries. Construction du Palais de Bois. Auguste ouvre son premier atelier d’enseignement. Théâtre de l'Exposition de 1925. Tour d’orientation de Grenoble. Maison Cassandre, atelier Chana Orloff. Concours pour la basilique Sainte-Jeanne-d'Arc à Paris. Paul Valéry soutient le projet. 1911-1913 : Construction du Théâtre des Champs-Élysées, des ateliers Maurice Denis et Théo van Rysselberghe. Membre du Cercle des Artistes de Passy, où il rencontre Guillaume Apollinaire, Raymond Duchamp-Villon, Francis Picabia... JANVIER 2014 - numéro 24 - www.lecese.fr

1927-1929 : Paul Jamot publie la première monographie consacrée aux frères Perret. Ateliers d’artistes (Georges Braque, Mela Muter, Dora Gordin, Marguerite Huré). Auguste voyage en Égypte, où il construit la maison Aghion. Concours de la Société

1933-1935 : Président des Réunions internationales d'architecture, Auguste participe au congrès de Milan, puis aux rencontres de Vienne, Prague, Budapest et Stuttgart. Son plan pour la colline de Chaillot est abandonné (1934). Picasso, Matisse et Dufy signent la pétition de protestation. Rencontre Louis Aragon. 1936-1939 : Président de l'Union pour l'Art, créée dans la mouvance du Front Populaire. Le Corbusier et Maillol sont les viceprésidents. Rencontre Frank Lloyd Wright à Paris (1937). Construction du Musée des Travaux Publics. 1940-1944 : Création de la revue Techniques et Architecture. Membre du Conseil supérieur de l’Ordre des Architectes (avec Tony Garnier, Henri Prost, Paul Tournon...) et du Comité national de la Reconstruction. Élu à l’Institut en 1943. Projets pour la place de la gare à Amiens, pour l’aéroport de Marignane. Formation du troisième atelier Perret. 1945-1951 : Président de l’Ordre des Architectes. Chargé par Raoul Dautry de la reconstruction du Havre. Construction du Centre d’études nucléaires de Saclay. Médaille d'or du Royal Institute of British Architects. Médaille d'or de l'American Institute of Architects.Exposition Perret à New York. 1952-1954 : Publication de la Contribution à une théorie de l'architecture. Gustave meurt le 30 mai 1952. Auguste décède le 25 février 1954. Sa dépouille est exposée au Palais d’Iéna. ■


les COMMISSAIRES et PARTENAIRES Le CESE en collaboration avec Fondazione Prada organise cette exposition qui a été conçue avec les équipes des commissariats scientifique et artistique.

Joseph ABRAM

Rem KOOLHAAS / OMA AMO

Commissaire scientifique de l'exposition

Architecte designer, commissaire artistique de l'exposition.

Ana BELA de ARAUJO

Kenneth RABIN

Venez découvrir au CESE, l'architecture

de Perret sous l'angle du quotidien avec le nouveau film de Ila Bêka et Louise Lemoine "25bis" présentant les habitants et l'usage de l'Immeuble de la rue Franklin.

Remerciements aux organismes prêteurs Les documents et objets réunis sont empruntés : à la Cité de l’architecture et du patrimoine, aux Archives municipales du Havre, au Musée Maurice Denis, à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, à la Fondation Le Corbusier, au Musée Bourdelle, au Musée des Années Trente, au Musée des arts décoratifs, à l’Association des amis d’Auguste Perret, au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) et au Musée des beaux-arts de Grenoble.

Retrouvez L'EXPO SUR sur EXPOSITIONPERRET.fr JANVIER 2014 - numéro 24 - www.lecese.fr

9


© Gilbert Fastenaekens

10

JANVIER 2014 - numéro 24 - www.lecese.fr


Agenda culturel Des visites ont été organisées en semaine par ASCO-TP (Association pour la connaissance des travaux publics) et Cim Béton pour des collégiens, des lycéens, et étudiants de différents établissements de Paris et d'Ilede-France. Dans le cadre du partenariat avec SNBPE, des étudiants spécialisés dans l'ingénierie du bâtiment visitent également l'exposition.

LES COULISSES...

Durant l'exposition, de nombreuses activités et animations sont proposées au grand public le week-end :

Visites

commentées

Tous les samedis et dimanches à 11 h 30, visites commentées par un médiateur culturel de l’École du Louvre.

Conférences

Tous les samedis de 15 h 30 à 17 h dans la salle Hypostyle, deux conférenciers autour d’un thème.

Concerts

de piano

Tous les samedis de 17 h à 17 h 30, concerts par les élèves de l'école normale de musique.

Danse

À l’occasion de l’exposition, Daniel DOBBELS, chorégraphe et danseur, a imaginé une chorégraphie sur les relations entre « Architecture, danse et image ». Celle-ci a été interprétée le 26 janvier par Carole QUETTIER et Élodie SICARD pour la danse et Alfred CORTOT pour la musique. L’architecture fait autorité, tentant d’opposer à ce qui est mortel et périssable (passager) un édifice de temps que l’on imaginerait indestructible. Auguste Perret en avait une conscience profonde (n’a-t-il pas reconstruit le Havre ?). D’où cette part secrète, dans sa pensée, réservée à une

Jeune

public et familles

Visites-Ateliers à 14 h 30 pour les enfants de 6/9 ans - samedi 8 février 2014 veronique.bouruet@gmail.com

Cinéma

Tous les samedis (et dimanches) de 11 h à 18 h, projection en continu dans la salle de l’hémicycle d’une vidéo réalisée par les artistes Ila Bêka et Louise Lemoine sur les habitants du "25bis" rue Franklin.

forme incertaine, qu’il lui fallait protéger, qu’il désignait comme « Personne » : « Les colonnes s’unissent à la poutre de rive par un tronc de pyramide ornée de motifs végétaux. Il ne s’agit pas d’un simple chapiteau mais d’un lien visuel terminant la colonne faisant d’elle, avec son galbe et sa base, « une personne »… qu’on ne peut ni allonger ni raccourcir… ». Perret parle ici d’un être inaltérable, humain par excellence. Cet acte chorégraphique a tenté d’aller au devant de cette personne et de ce lien visuel comme il irait au devant d’une apparition inconnue, demandant en silence de n’être ni dévoilée ni surexposée.

Réservez vos journées européennes du patrimoine

R

JANVIER 2014 - numéro 24 - www.lecese.fr

11


12

médias & INFOS EN PARLENT ! La presse quotidienne : Le Quotidien de l'Art, Libération, Les Échos, Elle, Figaroscope, Havre Dimanche, Intramuros, L’Express Styles, L’Officiel des Spectacle, Les Échos série limitée, M le Magazine du Monde, Madame Figaro, Pariscope, Paris Match, Télérama « Sortir », TPBM, Valeurs Actuelles, Archiscopie, Architecture à vivre, Arts Magazine, Arts sacrés, Beaux-arts, Femi, Ideat, Construction moderne, La Lettre T, La Revue de l’habitat, Paris Capitale. Du côté de la presse audiovisuelle : France  2 France  3, France Bleu IDF, France Culture, France Info...

La presse digitale : Arts-spectacles.com, Asde­‑pixel.com, Connaissance des Arts Newsletter, D ’ a r c h i t e c t u r e s . f r, Fashion-addict.com, France2.fr, Francebtp. com, Franceculture.fr, FranceFIneArt.com, Gqmagazine.fr, Larchitecturedaujourdhui.fr, Lefigaro.fr, Lemonde.fr, Lemoniteur.fr, Libération.fr, Loisiramag.fr, Maison. com, Narthex.fr,Next.liberation.fr, Pagejaune.fr, Parislavillette.archi.fr, Télérama.fr, Timeout.fr, To u t e l a c u l t u r e . c o m , Urbanews. fr, Vogue.com, 76actu.fr...

INFORMATIONS PRATIQUES L’exposition est gratuite Ouverte au public de 11 h à 18 h tous les jours jusqu'au 19 février 2014

À l'international : Bauwelt, Harpers Bazaar, Il Giornale dell' Architettura, Il Manifesto, ANSA, La Lettura, L'Officiel Brasil, L'Officiel Ukraine, L'Avennire, The Architect’s Newspaper, Archilovers.com, L'Echo, Archiportale.it, Blog.artinfo. com, Domusweb.it, Edilportale.com, Icon.panorama.it, Internimagazine.it, Ilgiornaledelarchitectura.com, Larepublica.it, Living.corriere. it, Metalocus.es, Mffashion. com.it, Noticiasarquitectura.info, Schonmagazine. com, Styleandfashion. blogosfere.it, Wallpaper. com, Wmagazine.com, Wwd.com...

Palais d’Iéna, siège du Conseil économique, social et environnemental 9 place d'Iéna - 75016 Paris

#expoperret À l'image d'@archivews, @invisibleparis, Détails d'archi, Valérie Elgoff et beaucoup d'autres, partagez vos impressions, photos et vidéos sur vos réseaux sociaux : Twitter, Instagram, Google+, Youtube, Foursquare en utilisant le mot dièse de l'exposition : #EXPOPERRET Les comptes de l'exposition sont également à votre disposition pour vous tenir au courant de son actualité et partager vos photos de celle-ci et des huit chefs d’œuvre.

partenaires

Accès : Métro l igne 9 (Iéna) ligne 6 (Trocadéro) Bus n°32, 63, 82 (Iéna)

lA librairie Joseph ABRAM - Carnets d'architectes. >  Éd. du Patrimoine, 1999

Joseph Abram, Maurice Culot, David Peyceré et Gilles Ragot (dir.) Les Frères Perret, l'œuvre complète. > I.F.A., Éd. Norma, 2002

Karla Britton - Auguste Perret. >  Éd. Phaidon, 2003 Christophe Laurent, François de Mazières, Guy Lambert et Joseph Abram Auguste Perret. Anthologie des écrits, conférences et entretiens. >  Le Moniteur, 2006 Roberto Gargiani Auguste Perret : La théorie et l'œuvre. > Éd. Gallimard 1994

Ana Bela de Araujo - Auguste Perret - Marie Dormoy : Correspondance 1922-1953. > Éd. du Linteau, février 2009

Le Corbusier - Lettres à ses maîtres, Tome 1, Lettres à Auguste Perret. > Éd. du Linteau, 2002 le fil d’iéna est le journal d’information édité par le Conseil économique social et environnemental (CESE) : 9, place d’Iéna 75775 Paris Cedex 16 – Tél.  : 01 44 43 60 00 – Fax : 01 44 43 61 87 – www.lecese.fr – N° ISSN : 2118-6928. Directeur de la publication : Jean-Paul Delevoye – Rédacteur en chef : Christine Tendel – Rédacteur en chef adjoint : Virginie Clérisse – Ont contribué à ce numéro : Joseph Abram / Alice Grégoire, Paul Cournet, Lucia Venturini OMA / Andrea Goffo, Fondazione Prada / Melvyn Beaumont, Claire Bonnetier, Florence Fontani, Vanessa Fraga, Hélène Gagnère, Gaël da Palma, Anaïs Robbe, Alexandra Texier - CESE, Adeline Suzanne ‑ Heymann Renoult – Tirage : 13 000 exemplaires – Conception et réalisation : Comellink Communication, 50-52, avenue Gabriel-Péri 94110 Arcueil - Tél. 01 55 01 09 00 – Conseil éditorial : Valérie Evenou – Direction artistique : Lydie Gautier. Crédits photographiques : David Delaporte / Benoît Fougeirol, Auguste Perret, 1925 Photographie © CNAM/SIAF/CAPA, Archives d’architecture du XXe siècle/Auguste Perret/UFSE/SAIF OMA / Le Havre, vue aérienne vers l’église Saint-Joseph © CNAM/SIAF/CAPA, Archives d’architecture du XXe siècle/Auguste Perret/UFSE/SAIF / Gilbert Fastenaekens / Florian Kleinefenn - Fondazione Prada et CESE / Affiche de l’exposition « Auguste Perret, Huit Chefs d’œuvre !/? - Architectures du béton armé » © OMA, all rights reserved / © OMA, image by Blommers+Schumm

ABONNEZ-VOUS !

Pour lire régulièrement l’actualité et les dossiers du CESE, troisième assemblée de la République, abonnez-vous gratuitement en envoyant un e-mail avec vos coordonnées (nom, prénom, adresse postale) à communication@lecese.fr JANVIER 2014 - numéro 24 - www.lecese.fr


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.