Brochure prospective territoriale

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LA MANCHE DE DEMAIN

!

Une ambition, un projet, un engagement : notre modèle de dÊveloppement


Nous sommes aujourd’hui au seuil d’un nouveau modèle de développement. Il nous appartient, sous l’effet conjugué de l’évolution sociétale, de la raréfaction des ressources et de la crise de la dette publique, d’envisager une mutation, une transition « soutenable » qui garantisse une gestion durable de l’ensemble des ressources naturelles, consolide l’économie et maintienne une organisation sociale solidaire. Cette approche vaut, tant pour la vieille Europe que pour le territoire dont nous avons collectivement la responsabilité. Pour ou contre, la mondialisation s’impose à tous. Ce n’est pas la fin du monde mais la fin d’un monde. Forts de notre identité, nous conserverons nos valeurs, nous avons de nombreux atouts. Nous nous devons toutefois d’agir fortement, avec ambition, pour fixer un nouveau cap. Nous sommes à l’heure de choix enthousiasmants, le choix d’un modèle de développement pour la Manche.

Jean-François Le Grand membre honoraire du parlement président du conseil génréral de la Manche

NB / ce document est la reproduction du rapport adopté par l'assemblée départementale le 12 juillet 2013.

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SOMMAIRE A UNE DÉMARCHE POUR PRÉPARER L’AVENIR

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B DIAGNOSTIC ET ENJEUX

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n LES HOMMES ET LES PAYSAGES, L’OCCUPATION DE L’ESPACE

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o L’ÉCONOMIE, ÉTAT DES LIEUX ET DEVENIR

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p COHÉSION SOCIALE ET VIVRE ENSEMBLE

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C LES FONDAMENTAUX DU DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL

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D VERS L’INNOVATION COLLABORATIVE

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E LES TROIS PILIERS DU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT

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n RENFORCER L’ATTRACTIVITÉ POUR UN TERRITOIRE MULTI GÉNÉRATIONNEL ET DYNAMIQUE

23

o LA GESTION DE L’ESPACE, LEVIER D’UN MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS UN TERRITOIRE SANS MÉTROPOLE

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p UNE ORGANISATION SOCIALE SOLIDAIRE, INTÉGRATRICE POUR TOUTES LES POPULATIONS

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F UNE AMBITION, UN PROJET, UN ENGAGEMENT

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n UNE IDENTITÉ DÉPARTEMENTALE POUR UNE ATTRACTIVITÉ RENOUVELÉE

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1.1 HOMMES ET PAYSAGES

27 30 32

1.2 GOUVERNANCE ET INTELLIGENCE COLLECTIVE

o UN DEVELOPPEMENT TERRITORIAL OUVERT AU MONDE 2.1 L’ENTREPRENARIAT ET LE DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES 2.2 COMMUNICATION ET MOBILITÉS 2.3 LA MER NOTRE AVENIR, UNE OUVERTURE VERS LE MONDE

p DES SOLIDARITÉS LOCALES POUR MIEUX VIVRE ENSEMBLE 3.1 UN CONTRAT SOCIAL 3.2 ACCUEILLIR LES FAMILLES 3.3 L’ÉDUCATION ET L’EMPLOI REMPART CONTRE LA PRÉCARITÉ ET GARANTS DE L’ÉGALITÉ DES CHANCES 3.4 DONNER AUX SÉNIORS TOUTE LEUR PLACE

CONCLUSION

32 34 35 37 38 38 39 41 42

3


...

A UNE DÉMARCHE

... ...

POUR PRÉPARER L’AVENIR C’est dans ce contexte, afin de ne pas subir les évolutions inéluctables et de préparer l’avenir que nous avons engagé, il y a plusieurs mois déjà, une démarche de prospective territoriale. Il s’agissait alors de se donner les moyens d’aborder sereinement les évolutions à venir (institutionnelles, démographiques, sociales et sociétales), d’élaborer une vision du territoire et d’envisager, sur du long terme, les réponses possibles en termes d’action publique. Conduite de manière participative cette démarche a mobilisé au fil des mois élus et services, acteurs et habitants mais aussi experts et grands témoins. Elle entre aujourd’hui dans sa phase opérationnelle et, au terme de cette première étape, c’est maintenant à notre assemblée qu’il appartient de déterminer et de choisir sa vision du territoire. Cette démarche ne saurait être considérée comme le projet politique de l’assemblée départementale. Conduite de manière transdisciplinaire et systémique, elle traite des questions du présent et du futur, sans toutefois décliner l’ensemble de nos compétences. De la même manière, elle évite les écueils d’un schéma directeur, figé dans le temps, trop peu dynamique et rarement partagé. Inscrite dans un espace géographique élargi, dans un temps long elle pose le cadre d’un projet de territoire partagé et a vocation à perdurer à travers un outil de veille permanente qui reste à construire.

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B DIAGNOSTIC ET ENJEUX

n LES HOMMES ET LES PAYSAGES, L’OCCUPATION DE L’ESPACE UNE CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ESSENTIELLEMENT DUE AUX MIGRATIONS La dynamique de croissance démographique, après une période de stagnation entre 1990 et 1999 est redevenue positive notamment en raison d’un solde migratoire positif. Les migrations départementales favorisent nettement l’arrivée des tranches d’âges les plus élevées (notamment les retraités – 55 à 64 ans - + 8 %) au détriment de départs des tranches d’âges étudiantes ou en recherche d’un premier emploi (départ supérieurs à 20 %). La majeure partie de ces départs se font au bénéfice du Calvados, de la Bretagne et de l’Ile-de-France.

Flux migratoire entre la Manche et les départements par type d’activité entre 2002 et 2007 18 000 15 000 12 000 9 000 6 000 3 000 0 - 3 000 - 6 000 Actifs ayant un emploi

Chômeurs

Retraités ou préretraités

Élèves, étudiants stagiaires

Moins de 14 ans

Femmes ou hommes au foyer

Autres inactifs

Source : Insee, recensement de la population 2007, exploitation principale

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DES FLUX MIGRATOIRES DIFFÉRENCIÉS SELON LES TERRITOIRES Même si la Manche ne perd plus d’habitants depuis plusieurs recensements, cette attractivité est néanmoins variable à l’intérieur du département : marquée sur les arrondissements d’Avranches et Coutances, elle l’est beaucoup moins sur Saint-Lô et Cherbourg. Les nouveaux arrivants le sont notamment en provenance de l’Ile-de-France (+ 4 680 habitants), de la Haute-Normandie et de l’Orne. Les départs se font principalement au bénéfice des départements situés plus à l’ouest notamment l’Ille-et-Vilaine (- 2 230), le Calvados (- 1 400) ou encore le Sud de la France.

UN ESPACE RURAL ÉTENDU ET TRÈS HABITÉ Si la Manche présente de fortes variations en termes de densité de population entre zones urbaines et zones rurales, le département présente la particularité d’un espace rural plus habité qu’en moyenne où près d’un habitant sur deux réside dans une commune rurale (45 % contre 1/3 en Basse-Normandie et 1/5 en France).

Densité de population lissée en 2007 En habitants au km2 Plus de 400 de 200 à moins de 400 de 100 à moins de 200 de 60 à moins de 100 de 40 à moins de 60 de 20 à moins de 40 Moins de 20

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ET DEMAIN ? Selon les projections de l’INSEE, la prolongation des tendances démographiques récentes aboutirait à : une population départementale d’environ 523 000 habitants à horizon 2042 ; le solde naturel deviendrait négatif à partir de 2012 et l’augmentation de population ne se fera alors plus que sur les migrations, toujours marquées par l’arrivée des séniors et le départ des jeunes ; la répartition des nouveaux arrivants se ferait à 2/3 au bénéfice des arrondissements d’Avranches et Coutances ; le phénomène de vieillissement de la population sera continu.

UN ENVIRONNEMENT D'UNE EXCEPTIONNELLE QUALITÉ Un patrimoine culturel et paysager d’exception. Une grande diversité de paysages et de milieux naturels, en grande partie due à la situation géographique et l’omniprésence de la mer (falaises, baies, dunes, havres, marais,…) mais aussi à une agriculture bocagère. Des outils de protection paysagère ou littorale et une bonne structuration en réseau des acteurs de la préservation / protection (Parcs naturels régionaux, Espaces naturels sensibles et SYMEL, Conservatoire du littoral, etc.) Un projet de Parc Marin pour préserver et valoriser un élément patrimonial majeur de ce département : la mer. Un vaste réseau hydrographique de surface, qui confère à la Manche de nombreuses ressources en eau.

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L’AMÉNAGEMENT ET LA GESTION DE L’ESPACE Un territoire très agricole La question de l’aménagement dans le département de la Manche, met en jeu l’ensemble des différents types d’espaces existants et enjeux associés et interroge les interactions et pressions créées par certaines catégories d’espaces en extension sur d’autres catégories d’espaces en diminution. L’espace de la Manche est encore largement dévolu aux espaces non urbanisés : prairie, terres arables, zones agricoles, forêts, milieu à végétation arbustive, etc. La superficie des zones agricoles représentaient, en 2006, près de 90,5 % du territoire dans son ensemble (contre 58,6 % en France) Toutefois, actuellement, la Manche fait partie des départements qui évoluent le plus rapidement, à l’instar de la Vendée et des Côtes d’Armor. Ainsi entre 1996 et 2006, les milieux artificialisés ont été multipliés par deux.

Une artificialisation liée à la périurbanisation Territoire rural structuré sur un semi de bourgs et villes moyennes, la Manche, avec une tendance marquée à la périurbanisation, connaît un important phénomène d’étalement urbain.

Surfaces apparues et disparues selon le type d’occupation du sol (en ha) 2 000 1 000 0 - 1 000 - 2 000 app. C1

app. C2

app. C34

app. C5

disp. C1

disp. C2

disp. C34

disp. C5

Source : UE-SOeS, CORINE Land Cover, 2000 Légende : app. : surface apparue - disp. surface disparue C1 : espaces artificialisés - C2 : terres agricoles - C34 : forêts, zones humides et autres milieux semi-naturels C5 : surfaces en eau

Taux d’évolution par type d’occupation du sol (en %) Indicateur C1 espaces artificialisés

sélection 6,9

4,8

C2 territoires agricoles

- 0,3

- 0,3

C34 forêts, zones humides et autres milieux semi-naturels

- 0,1

- 0,2

0

3,4

C5 surfaces en eau

Les pressions qui s’exercent sur l’espace tiennent principalement à cette artificialisation des sols au détriment de la surface agricole utile ou des milieux naturels et au profit des infrastructures, des zones d’activités et du bâti individuel. Elles sont donc directement en lien avec l’étalement urbain et les activités économiques.

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LA PLANIFICATION DE L’ESPACE Les enjeux d’urbanisme et d’aménagement

En réponse aux enjeux de bonne gestion des espaces et de coexistence des différentes activités et usages, quatre SCOT couvrent le territoire départemental dans son intégralité.

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INFRASTRUCTURES : UN TERRITOIRE DÉSENCLAVÉ MAIS ENCORE ÉLOIGNÉ DES MÉTROPOLES VOISINES

La route : 179,8 km aménagés 2 X 2 voies. Trois infrastructures stratégiques : RN13, A84, RN 174 soit 591 kilomètres de routes pour le réseau structurant. Le plus long réseau de routes départementales : 7 780 kilomètres (1 073 km de routes d’intérêt départemental, 1 983 km d’intérêt cantonal et 4 133 km d’intérêt local). Le covoiturage : un service en plein développement. : un service départemental de transport de proximité adapté aux faibles densités et à l’habitat dispersé, mais peu utilisé. Le rail : une desserte insuffisante vers l’Ile de France (qualité, fiabilité, confort) et un trafic TER qui progresse.

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LA GESTION DES DÉPLACEMENTS En lien avec le phénomène d’attraction résidentielle hors des pôles urbains ou ruraux, la Manche connaît une dissociation croissante entre lieu de résidence et lieu d’emploi lequel reste concentré dans ces pôles. On observe de fait une augmentation des déplacements domicile / travail qui en raison de l’offre de transports collectifs se fait principalement en véhicule individuel.

Moyens de transport utilisés pou les déplacements domicile-travail pour l’ensemble de la Manche en 1999

Voiture seule : 70,8 %

Transport en commun seul : 2,4 % Plusieurs modes de transport : 4,1 % Pas de transport : 11 %

Marche à pied seule : 7,9 % Deux-roues seul : 3,9 %

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o L’ÉCONOMIE, ÉTAT DES LIEUX ET DEVENIR DES SECTEURS TRADITIONNELS À VALORISER Très marquée par les activités traditionnelles, l’économie de la Manche concentre le tiers de ses emplois dans l’agriculture, la pêche, l’industrie et la construction. Malgré la présence de quelques grandes entreprises, elle repose en grande partie sur un tissu de petites et moyennes entreprises. Par ailleurs le tissu artisanal est l’une des forces de l’économie manchoise.

Un département à fortes spécificités sectorielles Agriculture, sylviculture et pêche Construction Industrie manufacturière

Secteurs d’activité plus implantés dans la Manche qu’en France

Électricité, gaz Santé et action sociale Activités des ménages employeurs Commerce Enseignement Hébergement et restauration Administration publique Services administratifs de soutien Arts spectacles et activités créatives Services spécialisés scientifiques et techniques

Secteurs d’activité moins implantés dans la Manche qu’en France

Transports Activités immobilières Finance, assurance Information et communication - 10

-5

0

5

10

15

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Spécificité du secteur dans la Manche Spécificité du secteur dans l’Orne et dans le Calvados Source : Insee-recencement de la population 2007 Note de lecture : le graphique représente les indices de spécificité sectorielle de la Manche d’une part, de l’Orne et du Calvados d’autre part. Un indice de spécificité sectoriel est calculé ainsi : I = (part d’un secteur donné dans l’emploi total d’un territoire) x 10 / (part de ce même secteur dans l’emploi total en France) - 10. Quand l’indice est nul, le secteur est autant représenté en France que dans le territoire d’étude.

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L’AGRICULTURE : UN SECTEUR QUI PÈSE TROIS FOIS PLUS QU’EN MOYENNE NATIONALE, MAIS ENCORE PEU PRODUCTEUR DE VALEUR AJOUTÉE Un produit agricole de 1 milliard d’euros et 10 % de l’emploi – agroalimentaire compris. Le territoire est le 2e département français pour le nombre d’exploitations agricoles et se trouve au 14e rang pour la surface agricole utile. Comme dans de nombreux départements français, l’agriculture, connaît une série de mutations (baisse du nombre d’exploitations et augmentation des surfaces, évolution de la « sociologie » des repreneurs, des formes d’exploitations – GAEC, … concurrence internationale sur le légumier, possibles conversions en bovins viande, …) constituant autant d’inconnues dans l’évolution de la profession. Elle comporte des fragilités et subit des menaces : revenus faibles et forte dépendance à une PAC bientôt réformée, difficultés à recourir au salariat pour l’élevage, une vocation laitière non immuable et contraignante, pression foncière sur les bonnes terres. Émergent à la fois des enjeux d’image, de réponse aux besoins en services des agriculteurs, de soutien à l’effort d’amélioration des impacts des pratiques, de renforcement de la valeur ajoutée des productions et de portage foncier.

LA PÊCHE UNE ACTIVITÉ IMPORTANTE Avec 355 kms de côtes, la pêche s’impose toujours comme une activité majeure. Elle positionne la Manche en tête des départements français : 3e position sur la scène nationale par la quantité des prises et en 4e position pour leur valeur (devant le Morbihan). À côté de la pêche, le département est l’un des premiers territoires conchylicoles français et produit 25 000 tonnes d’huitres et 18 000 tonnes de moules par an pour un CA de 100 M€. Par ailleurs, le département accueille un grand nombre de laboratoires de recherches et d’entreprises tournés vers le milieu marin mais aussi des formations supérieures axées sur des problématiques « mer et littoral ». Ces activités sont en lien direct avec les préoccupations du territoire (gestion des ressources biologiques du littoral, mise en valeur de la conchyliculture et de la pêche, développement des activités maritimes…)

L’INDUSTRIE : UNE TRADITION ET LE POTENTIEL DES EMR L’industrie manufacturière est nettement plus implantée dans la Manche (16,3 % des emplois) qu’en moyenne métropolitaine (13,3 %), elle offre ainsi presque 35 000 emplois sur son territoire. Le Nord Cotentin est le 2e bassin industriel de Normandie grâce à la présence de grands donneurs d’ordre (DCN, AREVA, EDF) Si l’industrie du département est assez diverse, trois points forts se dégagent : l’agroalimentaire (5 800 emplois, sans compter le secteur artisanal), le secteur énergétique (5 000 emplois) et la construction navale (3 400 emplois). Avec le développement des énergies renouvelables en mer (éolien, hydrolien), une nouvelle filière industrielle devrait s’ouvrir dans le Cotentin. La Manche possède, en effet, un savoir-faire industriel et des qualifications dans les métiers de l’installation et de la maintenance industrielle, transposables aux besoins de cette filière.

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UN SECTEUR DE LA CONSTRUCTION DYNAMIQUE Avec 8,9 % des emplois en 2007 (17 500 - + 1,8 pts depuis 1999), la Manche se détache des autres départements Bas-Normands et de la France. Alors que la tendance était au repli dans les années quatre-vingt-dix, le secteur de la construction (notamment les artisans) a embauché. La croissance des effectifs salariés de ce secteur entre début 2002 et fin 2009 s’établit à près de 12 %.

LES SERVICES MARCHANDS EN RETRAIT À l’inverse, la Manche est en retard dans le développement des services marchands. Ce secteur concentre 14 % de l’emploi total dans la Manche (23 % en France) Les secteurs exerçant en direction des entreprises, sont peu présents, or transports et logistique, conseil et assistance constituent des soutiens indispensables pour la croissance de la compétitivité des entreprises. Ce retard peut constituer un frein pour les grandes entreprises du département. Il s’agit là d’un point de vigilance à observer. Par ailleurs le commerce, les services collectifs et les services à la personne offrent des emplois dans les mêmes proportions qu’en France. Et si les situations sont diverses on constate globalement une stabilité des effectifs dans les services, depuis 2002.

UNE R&D PORTÉE PAR LA MER, L’AGRO-ALIMENTAIRE ET QUELQUES TECHNOLOGIES DE POINTE Les organismes de Recherche-Développement présents dans la Manche valorisent les spécificités du territoire : La Mer et les activités liées à la mer (dont le nucléaire), L’Agriculture et L’Agro-alimentaire Quelques technologies de pointe, dont certaines liées au domaine électrique (Lusac, Electropoli, …) La R&D s’appuie par ailleurs localement sur quelques centres de transfert développement (C.R.I.T.T, C.R.E.M.A, maîtrise d’ambiance)

UNE ÉCONOMIE PRÉSENTIELLE-RÉSIDENTIELLE ET TOURISTIQUE AVANT TOUT LITTORALE Les activités dites « présentielles » sont les activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant la satisfaction des besoins de personnes présentes dans la zone, qu’elles soient résidentes ou touristes. À la différence de l’industrie, plus ou moins dépendante des aléas des marchés mondiaux, l’économie présentielle vise la satisfaction de besoins stables assurant ainsi la distribution de revenus eux même stables. Le département de la Manche dispose de grands espaces préservés (les parcs naturels régionaux des Marais du Cotentin et Normandie-Maine ainsi que le littoral), de sites de renommée mondiale (Mont Saint-Michel et sa baie, sites du débarquement), ou encore d’un patrimoine Vauban remarquable (Saint-Vaast-la-Hougue, Tatihou…).

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Il pourrait toutefois en profiter mieux encore en développant un tourisme de bord de mer aussi bien qu’un tourisme vert. Malgré ce caractère exceptionnel, la Manche peine à se faire connaitre et les retombées économiques du tourisme restent faibles notamment en termes de création d’emplois. À titre de comparaison le Calvados offre 16 000 emplois dans ces activités (contre 6 400 dans la Manche).

Les campings et les résidences secondaires sont concentrés sur le littoral et les hôtels dans l’agglomération de Cherbourg-Octeville et dans la baie du Mont-Saint-Michel

Source : Insee, RP2007, enquête tourisme

© Insee-IGN 2011

NAUTISME ET PLAISANCE En corrélation directe avec l’importance du linéaire côtier de la Manche, la plaisance occupe une place déterminante dans l’économie du département avec un chiffre d'affaires de 67 millions d’euros en 2005, tandis que la filière nautique emploie 660 personnes réparties entre les chantiers de construction, de réparation et d’entretien de bateaux, la location, l’accastillage et les équipements annexes. Ce savoir-faire reconnu constitue donc un des atouts majeurs du département.

LE POIDS DE L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE Avec 18 781 salariés (données décembre 2008) et 1 702 établissements employeurs, ce secteur représente à lui seul 12,7 % du total des salariés du territoire. Les associations y occupent une large place et de la même manière le secteur coopératif historiquement ancré dans le territoire. Entretenant des liens étroits avec le secteur social, elles sont des acteurs incontournables, associés à la politique départementale.

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p COHÉSION SOCIALE ET VIVRE ENSEMBLE UN ACCÈS AUX SERVICES PLUS AISÉ QUE DANS LES DÉPARTEMENTS VOISINS La structuration du territoire autour d’un maillage dense de bourgs et de villes, associé à une bonne desserte routière facilitent l’accès des manchois aux services de la « gamme intermédiaire » (une quinzaine de minutes). Par ailleurs le département dispose d’un réseau dense d’établissements scolaires (premier et second degré). L’accès à ces établissements, en termes de temps de trajet, est donc facilité. À contrario, comme de nombreux territoires ruraux, la Manche souffre d’un déficit en ce qui concerne l’accès aux soins, et ce n’est pas tant le nombre de praticiens qui fait défaut, mais plutôt leur répartition sur le territoire. En termes d’habitat, la Manche compte un logement pour 2,28 habitants. Cet habitat se répartit entre résidences principales (78 %), résidences secondaires ou occasionnelles (15 %) et logements vacants (6 %). L’offre est toutefois inégalement répartie du nord au sud du territoire et on observe quelques indicateurs d’alerte (vétusté, précarité énergétique).

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REVENUS ET NIVEAUX DE VIE Un revenu médian (15 926 €/an) inférieur au niveau français mais à contrario un écart de revenus moindre. La structure des emplois explique ces écarts : la Manche se signale par une forte proportion d’agriculteurs et d’ouvriers et une faible proportion de cadres et de professions intermédiaires dans les entreprises. En termes de répartition géographique, la population à fort revenu se concentre dans les zones urbaines (dans les périphéries plutôt que les centres villes) et sur le littoral. Par ailleurs la part des retraites dans le revenu global est importante : presque 29 %.

UN TAUX DE CHÔMAGE INFÉRIEUR À LA MOYENNE NATIONALE Un taux de chômage inférieur aux taux régional et national, mais qui touche plus durement les jeunes et les femmes alors que dans le même temps des emplois restent non pourvus. Un bon taux de réussite aux examens et diplômes nationaux mais une déconnexion des formations avec l’emploi local, par voie de conséquence des difficultés d’insertion professionnelle et une fuite des jeunes diplômés.

UNE ORGANISATION SOCIALE SOLIDAIRE Si la Manche n’échappe pas aux tendances observées par ailleurs, processus d’individualisation au détriment des engagements collectifs par exemple, elle reste encore aujourd’hui caractérisée par des relations humaines et une qualité du « vivre ensemble » très supérieure à la moyenne. En réponse aux enjeux du vieillissement, le Département est engagé dans une démarche volontariste, privilégiant le maintien à domicile et une offre diversifiée en ce qui concerne l’accueil en établissements. Le taux d’équipements (lit médicalisés ou non) est supérieur à la moyenne nationale, et les structures d’accueil assez bien réparties sur le territoire. Par ailleurs, un ensemble de structures coordonnent les acteurs autour des thématiques liées à l’accompagnement des séniors et viennent compléter cette offre assez homogène.

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DES SERVICES AUX FAMILLES EN HAUSSE L’état des lieux des dispositifs existants en faveur de l’enfance et de la famille est globalement positif dans la Manche. L’offre d’accueil du département en faveur de la petite enfance est majoritairement structurée autour des assistant(e)s maternel(le)s qui représentent près de 95 % de l’offre. Si on constate une augmentation de la capacité d’accueil collectif, celle-ci reste, comme dans tous les territoires ruraux, faible.

UNE IDENTITÉ SINGULIÈRE ET UN ATTACHEMENT AU TERRITOIRE Selon le « Portrait identitaire de la Manche » le territoire a une âme qui lui est propre et ses habitants ont une identité culturelle commune, ils appartiennent à ce territoire et lui donnent vie. Entre terre et mer, la Manche, ses 355 kilomètres de côtes et ses nombreux espaces naturels entre bocage et marais, laissent une large place à la nature et à ses habitants. Très attachés à leur territoire, ils « se sentent à la fois terriens et reliés à la mer ».

Par ailleurs la Manche est porteuse d’une image et d’une notoriété culturelle affirmées et positives à l’échelle régionale et nationale (densité de monuments historiques, diversité d’une offre culturelle à la fois permanente et diffuse mais aussi événementielle). On note enfin une densité d’équipements sportifs et de loisirs éducatifs sur l’ensemble du territoire qui se combine à un tissu de clubs et d’organisateurs important.

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C LES FONDAMENTAUX DU DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL Outre ce diagnostic et les apports de la démarche de prospective territoriale, deux points de vue ont éclairé nos choix, celui de l’économiste Laurent Davezies d’une part, celui de l’essayiste et prospectiviste Jeremy Rifkin d’autre part. Par ailleurs, nous ne saurions ignorer les enjeux issus de la transition énergétique comme en témoigne l’adoption l’année dernière de notre plan climat 2013/2017 à l’échelle départementale. Le projet qui vous est soumis prend donc en compte ces différentes approches.

LES MÉCANISMES DU DÉVELOPPEMENT D’UN TERRITOIRE : LE POINT DE VUE DE LAURENT DAVEZIES Le développement, la croissance et la richesse d’un territoire sont des notions qu’il convient de bien différencier et il serait inexact de mesurer le développement d’un territoire à l’aulne de la seule création de valeur ajoutée et donc du PIB ; à titre d’exemple urbaniser tous les espaces agricoles et y développer des services marchands créé du PIB, est-ce pour autant que cela créé un développement pérenne ? La croissance ne doit pas être confondue avec le développement. Si la mesure du PIB reste un indicateur fiable au plan national, il n’en est pas de même au plan territorial. En effet la concentration des entreprises, créatrices de richesse, génère des problématiques sociales liées au logement, la qualité de vie, la circulation, le foncier, l’aménagement,…. Il est donc plus juste d’analyser le développement à travers la circulation des flux de revenus publics ou privés et également à travers d’autres éléments liés à la qualité de vie, au bien être, à l’environnement. (indicateurs de développement humain IDH, niveau de revenu, d’emploi, dynamisme démographique, niveau de formation, capacité à endiguer les vulnérabilités, …) Sur ce dernier point, il convient de noter l’intérêt d’un nouvel indicateur mesurant la richesse globale d’un pays l’IWI (Inclusive Wealth Index) appelé communément « PIB vert ». Mis en œuvre par les experts du programme des Nations Unies pour l’environnement, il agrège toute une série de valeurs liées au niveau de production manufacturière d’un pays mais aussi au capital humain et environnemental dont il dispose. À la différence du PIB, basé sur le seul court terme, cet indice exprime le niveau de richesse d’un pays et sa capacité à soutenir durablement sa croissance. Cet indicateur met en exergue que ce sont les pays à forte croissance du PIB mais aussi démographique qui voient leurs ressources naturelles connaitre une dégradation rapide. Depuis trente ans, les disparités de PIB entre les régions françaises ont tendance à augmenter. L’Ile de France est passée de 27 % à 29 % du PIB national et les richesses se sont concentrées autour des métropoles (phénomène de métropolisation des activités). En réalité ce qui est vrai pour la valeur ajoutée et le PIB ne l’est pas pour la concentration des revenus. Depuis les années 80, les disparités de revenus entre les territoires, les zones d’emploi, les aires urbaines sont en décroissance constante.

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Ainsi l’Ile de France qui a gagné deux points de PIB sur les autres régions, est passée de 25 à 22,5 % des revenus français en une vingtaine d’années. La géographie de l’emploi suit davantage la géographie du revenu que celle du PIB. L’Ile de France est la région de France la plus sinistrée sur le plan de l’emploi ouvrier et de celui des employés. Au final, pour développer un territoire, il faudrait donc développer : l’attraction de revenus dans ce territoire, la circulation des revenus au sein du territoire : la circulation monétaire liée aux échanges entre les acteurs du territoire qui produisent des biens et des services vendus localement constitue le fameux effet multiplicateur dont Keynes a été le premier à signaler l’existence. En termes de revenus, les quatre éléments de la base économique sont (données nationales) : la production de biens ou services (16,9 %) c’est-à-dire la base productive, la base résidentielle (52,8 %) c’est-à-dire les apports de revenus de personnes qui travaillent hors du territoire (navetteurs), le tourisme dont le poids est parfois considérable dans certains territoires et les retraités. Il y a une mobilité des retraités qui se dissocie de la géographie des actifs, la base publique (8,2 %) c’est-à-dire les emplois publics d’État, locaux et hospitaliers, la base sociale (22,1 %) c’est-à-dire les allocations et prestations. Ces chiffres montrent la modestie de la base productive. En examinant la faiblesse de la part des revenus issus de l’activité productive, on comprend pourquoi la croissance n’est pas une source essentielle de revenu. Le potentiel du tourisme ne doit pas être sous-estimé et les zones à forte économie résidentielle bénéficient de dynamiques de développement alors que les zones fondées sur l’économie productive sont fragiles. Or, attention ! Ces différentes typologies territoriales sont interdépendantes les unes des autres. Même si la part des bases productives est modeste elle n’en reste pas moins un moteur de développement. Les territoires qui misent leur développement exclusivement sur l’économie résidentielle privilégient le développement local à l’intérêt supra-territorial. C’est le syndrome du « bébé dans la poussette », qui ne voit pas qu’il est poussé par sa mère. Dans le modèle traditionnel, les territoires « locomotives » entrainent les territoires « wagons ». En réalité jusqu’aujourd’hui les territoires « wagons » s’en sortent mieux que les territoires « locomotives » mais ce système de développement à l’abri de la mondialisation s’essouffle. Notre modèle de développement doit composer un mix équilibré entre développement de la base productive, économie résidentielle et économie redistributive.

LA TROISIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE DE JÉRÉMY RIFKIN En réponse notamment à la raréfaction des énergies fossiles et aux problématiques de réchauffement climatique Jérémy Rifkin prône un modèle de développement différencié et plus soutenable. Celui-ci repose essentiellement sur la convergence observée de longue date entre la production d’énergie et les techniques ou technologies de communication :

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1re révolution industrielle : machine à vapeur et accélération des processus d’impression papier donc de diffusion de la connaissance, 2e révolution industrielle : moteur à explosion, production et réseaux d’électricité et téléphonie, 3e révolution industrielle : énergies renouvelables décarbonnées et technologies satellites, internet. Cette révolution devrait aussi susciter une ère économique nouvelle dite du « capitalisme distribué » où des millions d’entreprises existantes et nouvelles ainsi que des propriétaires de logements et véhicules deviendront collaborativement des acteurs de l’énergie. Cinq éléments indissociables et eux-mêmes générateurs d’activités nouvelles, d’emploi et donc de richesse et de développement, sous-tendent cette évolution : le développement des énergies renouvelables, la reconfiguration du bâtiment, le stockage de l’énergie, le développement de smart grids (réseaux intelligents) facilitant l’interopérabilité, l’adaptation des modalités de transports.

LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE POUR SOUTENIR UN NOUVEAU MODÈLE Avec la filière nucléaire, implantée depuis plus de 40 ans sur le territoire départemental, la Manche est un territoire historique en matière de production d’électricité. Répondant aux objectifs de diversification du bouquet énergétique, et anticipant les conclusions du Grenelle de l’environnement, le Département a engagé, sous son programme Planète Manche, un programme volontariste en faveur du développement des éco-énergies. Département « nucléaire », précurseur sur les Énergies nouvelles renouvelables, avec des gisements hydroliens uniques, le département se positionne désormais sur le mix énergétique et les projets locaux se multiplient. Le mix énergétique concerne, non seulement la production et la consommation d’énergie, mais aussi le développement du stockage. L’introduction d’une part d’ENR significative pose la question du stockage pour adapter l’offre à la demande. Les technologies de stockage sont multiples et font l’objet d’une forte R&D. L’hydrogène en est une, avec un fort potentiel d’utilisation, soit par réinjection dans les réseaux de gaz, soit par consommation mobile (bombonne), soit par fabrication d’électricité à l’aide de piles à combustibles. Le passage à une société décarbonnée peut se faire à l’aide de l’hydrogène. La transition énergétique s’inscrit en réponse à des enjeux environnementaux et notamment celui du changement climatique avec des objectifs : d’efficacité énergétique (moins 20 % en termes de consommation), d’énergies renouvelables (20 % d’énergie consommée issue de sources renouvelables), de diminution de gaz à effet de serre (moins 20 % d’émissions de GES). Toutefois elle ne peut s’envisager qu’à travers un changement de fond de notre mode de développement. Car c’est bien d’un changement des modes de production et de consommation qu’il s’agit. Et si la transition énergétique interroge le modèle de développement qui est le nôtre : efficacité énergétique des bâtiments, aménagement et urbanisme, infrastructures de transports et de déplacement, modalités de production et de consommation, elle est aussi porteuse, pour chacun de ces secteurs d’activités nouvelles, d’emploi et donc de valeur ajoutée.

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D VERS L’INNOVATION COLLABORATIVE

POUR ALBERT EINSTEIN : « INVENTER, C’EST PENSER À CÔTÉ » Le dynamisme et les moteurs de développement reposent également sur l’innovation et la capacité à transférer dans la vie de tous les jours et dans la sphère économique l’explosion de nouvelles technologies (nanotechnologie, biomatériaux, biotechnologie, sciences cognitives, robotique, imprimantes 3D, …).Si les partenariats public-privé sont un atout pour la recherche et le développement (R&D), c’est dans la capacité des territoires à accompagner et à faire confiance à ses acteurs socio-économiques que résident les marges de développement. L’innovation industrielle induit la spécialisation et la concentration de thèmes de Recherche et développement. Des secteurs phares adossés à des spécialisations territoriales sont d’ores et déjà identifiés et méritent d’être consolidés : le mixénergétique pour le Nord Cotentin ; l’agroalimentaire, l’agriculture et l’équin pour le Centre Manche, le nautisme et le luxe pour l’Ouest-Sud du département et la fibre optique et les biomatériaux pour le Mortainais. La Manche et l’Ouest Normandie disposent de tous les atouts pour innover et s’inscrire pleinement dans la mondialisation.

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E LES TROIS PILIERS DU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT Outre un environnement d’une qualité très supérieure à la moyenne, la persistance de relations humaines de proximité, la Manche dispose d’atouts qui lui ont permis de mieux résister aux crises et aléas de la conjoncture mondiale, d’avantages qui lui permettent de mieux supporter la concurrence. Caractérisée par une économie résidentielle et publique, par un tissu très dense de PME mais aussi par la persistance d’une économie industrielle diversifiée (16,5 % de l’emploi contre 13 % au plan national), elle reste un territoire dynamique avec une croissance de l’emploi, privé sur le nord cotentin, non marchand ailleurs. Elle dispose par ailleurs d’atouts à ne pas négliger : forte identité, main d’œuvre de haute qualité, haut potentiel touristique, productions peu voire pas délocalisables. Et avec un Nord Cotentin positionné sur les marchés du mix énergétique, elle dispose d’un potentiel industriel moteur de développement territorial. À contrario la Manche n’échappe pas à des phénomènes observables au plan national qu’il s’agisse de dynamique démographique, d’aménagement et d’environnement, ou de mutations économiques . Ces éléments sont autant d’enjeux auxquels il convient d’apporter des réponses à travers ce nouveau projet.

n RENFORCER L’ATTRACTIVITÉ POUR UN TERRITOIRE MULTI GÉNÉRATIONNEL ET DYNAMIQUE La tendance nationale au vieillissement de la population est accentuée dans la Manche sous l’effet conjugué de l’arrivée en nombre de jeunes séniors d’une part et du départ de jeunes/jeunes actifs d’autre part. Ce phénomène aura, outre des effets en termes d’équilibre de la pyramide des âges et de manière de vivre ensemble, un impact sur l’économie du département, désertification de certains territoires, besoins de main d’œuvre et diminution des actifs, défaut de transmission/reprise des entreprises. La mobilité des jeunes est un fait inéluctable qu’il convient même d’encourager, car constituant une chance de s’ouvrir au monde. En revanche, il convient d’optimiser les atouts (environnement, qualité de vie) de renforcer l’attractivité du territoire (offre de services, de formation, emploi, habitat, …) afin de contribuer au renouvellement des actifs, à la création d’activité et d’emploi, au maintien de populations et donc de services publics, de commerces, et de dynamisation de la vie locale.

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o LA GESTION DE L’ESPACE, LEVIER D’UN MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS UN TERRITOIRE SANS MÉTROPOLE Ouverte sur la mer, mais longtemps isolée par rapport au reste du « continent » la Manche est un territoire préservé, recueille aujourd’hui les fruits de cet isolement relatif et peut s’enorgueillir d’une qualité environnementale exceptionnelle. Elle n’échappe cependant pas à l’artificialisation croissante au détriment de ses espaces naturels ou agricoles, et au phénomène d’étalement urbain au détriment des centralités. La gestion de l’espace et l’aménagement sont un enjeu fondamental et conditionnent la réussite du modèle de développement vers lequel nous souhaitons tendre. Il s’agit donc de concilier le nécessaire développement des activités, l’arrivée de nouvelles populations et la préservation des espaces et des ressources constitutives des richesses de demain, mais aussi à travers la densification et la reconquête des centres villes et centres bourgs, de garantir une offre de service de proximité et d’optimiser les déplacements. Dans la dynamique du développement des territoires, les métropoles, en concentrant le plus souvent l’offre de service aux entreprises jouent un rôle moteur, le risque étant qu’elles attirent, à terme, l’ensemble des activités réduisant ainsi les territoires périphériques à une seule fonction de « village dortoir ». Si la Manche ne dispose pas de métropole, elle peut, en revanche, subir l’influence à la fois de l’agglomération caennaise pour le centre et celle de l’agglomération rennaise pour le sud. Considérant que c’est en elle-même qu’elle doit trouver les ressorts de son développement, il s’agit de construire celui-ci sur le maillage de bourgs et de villes particulièrement dense avec l’agglomération de Cherbourg moteur industriel du Cotentin.

p UNE ORGANISATION SOCIALE SOLIDAIRE, INTÉGRATRICE POUR TOUTES LES POPULATIONS Le maintien de relations humaines de proximité caractérise ce territoire et constitue une singularité et une force. Et si le sentiment de perte du lien social peut être perçu comme un risque, il n’est pour l’heure pas une généralité. Toutefois des premiers signaux sont observables : perte de contact pour certains groupes adolescents ou a contrario personnes très âgées, précaires ou nouveaux arrivants et évolution des comportements – montée de l’individualisme au détriment de l’engagement collectif, démultiplication des centres d’intérêt, désynchronisation des rythmes de vie. Par ailleurs, le contexte actuel et les crises successives, fragilisent cet équilibre et engendrent une précarisation des plus fragiles. Il s’agit donc, dans une perspective de cohésion sociale, de recréer des lieux ou des moments de rencontre mais aussi, au titre des solidarités, de prévenir les vulnérabilités et de mobiliser la société civile dans cet exercice.

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Et si dans notre contexte, les contraintes qui s’imposent à nous constituaient autant de leviers de développement ? Si la Manche se doit de rester ouverte aux autres, aux partenariats, aux coopérations nationales et internationales ; c’est aussi en elle-même qu’elle doit trouver les ressorts de son développement : une dynamique démographique reposant essentiellement sur le flux migratoire de jeunes séniors est une chance, celle d’hommes et de femmes disponibles, de compétences nouvelles, de développement de services et d’activités. la densité du réseau de villes et de bourgs de notre département, pourrait, à condition de développer des synergies et complémentarités, pallier pour partie l’absence de métropoles sur le territoire et devenir moteur de développement. raréfaction des énergies fossiles, distances et temps de parcours peuvent de la même manière trouver des réponses dans l’organisation de mobilités partagées et dans le développement du numérique – cloud communautaire et télé travail, télé médecine. l’actuel modèle économique de la Manche, repose essentiellement sur des bases résidentielles ou publiques mais aussi sur des bases productives non délocalisables (agroalimentaire, énergie), ce qui lui a permis de mieux résister aux aléas du contexte mondial. Il s’agit donc de conforter cette orientation d’une économie territorialisée, fondée sur nos propres ressources humaines et naturelles tout en soutenant le secteur de l’innovation afférent à ces activités.

La Manche reste un territoire riche de promesses, elle possède aujourd’hui les clés de son avenir et de son développement. Un territoire qui n’investit pas est un territoire qui meurt. Ne rien faire ce serait régresser. La démarche en cours nous a permis d’identifier ce qui peut nous arriver si les tendances actuelles se prolongent, ce qui est souhaitable mais aussi ce qui peut être fait. C’est l’objet du projet qui vous est proposé. Il constitue une première étape et exprime, en l’état actuel de la réflexion, une stratégie qui a vocation à être déclinée dans chacune de nos politiques publiques mais qui se doit de rester vivante et adaptable. Il peut être sujet, dans le contexte mouvant qui est le nôtre à des évolutions, mais ce cap permettra de ne pas perdre le sens et les valeurs qui s’y attachent, celles d’un projet durable qui concilie protection et mise en valeur de l’environnement, développement économique et progrès social.

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F UNE AMBITION, UN PROJET, UN ENGAGEMENT NOTRE MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT En cohérence avec la philosophie de la prospective qui reste pas essence transversale et systémique, le projet identifie trois priorités lesquelles s’inscrivent comme une réponse aux enjeux majeurs identifiés. Elles s’expriment de la manière suivante : z z z

une identité départementale pour une attractivité renouvelée ; un développement territorial ouvert au monde ; des solidarités locales pour mieux vivre ensemble.

Chacune des priorités est déclinée autour : z d’ambitions - qui désignent un horizon à atteindre, un futur souhaitable ; z de mutations à conduire - qui désignent les évolutions et changements à opérer pour atteindre l’horizon ; z de principes d’actions - qui trouveront leur traduction dans l'adaptation des politiques publiques départementales.

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n UNE IDENTITÉ DÉPARTEMENTALE POUR UNE ATTRACTIVITÉ RENOUVELÉE Dans un contexte de forte concurrence entre les territoires, les composantes de son identité-histoire, culture et patrimoine, hommes et activités, paysages et environnement sont autant d’éléments différenciant, de « marqueurs » mais aussi de ressources potentielles qui permettent de renforcer et de développer son attractivité. Et si les matières premières constituent des « ressources potentielles », il en est de même de la capacité des acteurs à se concerter, à se mobiliser, à construire.

1.1 HOMMES ET PAYSAGES

AMBITION

Constat : Une qualité environnementale et paysagère exceptionnelle menacée, notamment dans certains types d’espaces (périurbains, littoral), par une dynamique d’artificialisation croissante au détriment des espaces naturels et agricoles, par l’impact du développement de nouvelles activités, par l’évolution de l’agriculture et l’arrivée de nouvelles populations. Par ailleurs, le caractère exceptionnel des paysages et espaces naturels manchois est encore, malgré des initiatives intéressantes, insuffisamment mobilisé en tant que vecteur d’attractivité et donc de valorisation économique et patrimoniale du territoire. Un territoire encore structuré et organisé autour d’un maillage dense de villes moyennes et de bourgs présentant d’importants atouts en termes de fonctionnement mais confronté à un affaiblissement de ses centralités dû à une tendance à l’étalement périurbain et au mitage. Une banalisation croissante de l’identité architecturale du territoire dans les constructions nouvelles. Un équilibre démographique fragilisé par un vieillissement de sa population, accentué par l’arrivée en nombre de séniors et la fuite de jeunes étudiants et actifs.

Ambition Concilier les inconciliables : Privilégier une stratégie associant valorisation et préservation des éléments constitutifs de notre cadre de vie et de notre identité.

Urbanisme rural : un plan de rénovation requalifie le bâti de la reconstruction 70 ans après. La Manche propose, en réponse aux besoins différenciés de logements (jeunes, familles, séniors) des petits collectifs « modulables » en fonction des âges de la vie.

Des mutations à conduire : z

z

z

Concilier préservation de l’environnement et développement d’activités nouvelles en cohérence avec le choix d’une agriculture fondée sur l’identité bocagère du département ; Renforcer les centralités ; « construire la ville sur la ville, le bourg sur le bourg » en réponse aux enjeux d’accès aux services, de lien social, mais aussi de mobilité et de raréfaction des énergies fossiles et promouvoir un modèle de développement de l’habitat en centre bourg adossé à une identité architecturale renouvelée prenant en compte les enjeux énergétiques ; Restaurer les continuités écologiques indispensables à la biodiversité.

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Principes d’actions : z

z

z

AMBITION

z

Une politique ciblée en faveur des espaces naturels sensibles à des fins de préservation des biotopes mais aussi de valorisation touristique du territoire ; Consolider et optimiser la mise en œuvre de l’ensemble des dispositifs de planification existants (aménagement foncier, SCOT, PLU/ PLUI, zones d’aménagement différenciées, droit de préemption et charte GEPER) et mettre en œuvre une stratégie de portage foncier ; Densifier l’habitat et répondre aux besoins différenciés de logement (jeunes, familles, séniors) en proposant des petits collectifs modulables en fonction des âges de la vie ; Une ingénierie financière innovante (fonds de garantie, Livret de développement durable, prêts à taux zéro) qui garantisse la mise en œuvre du plan départemental de l’habitat dans une logique de parcours résidentiels et de prise en compte de la rénovation thermique.

Une Manche attractive, ouverte au monde, des territoires d’accueil pour toutes les générations

La Manche, en mobilisant l’ensemble des acteurs concernés, en s’appuyant sur des dispositifs de marketing innovants et en développant des vecteurs prioritaires d’attractivité (emploi, habitat, culture, télé travail et télé enseignement) s’affirme comme une terre d’accueil où espace rural et espace urbain s’inscrivent en complémentarité. Ses orientations stratégiques mises en œuvre au sein d’une coopération élargie confortent son dynamisme économique (Bassin de plaisance et Ouest Normandie, EMR et Arc atlantique, Port de Cherbourg élément constitutif de la façade maritime Paris/Seine/ Normandie)

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Des mutations à conduire : z z z

Garantir une offre de services coordonnée, complémentaire et non plus concurrentielle ; Faire de la culture un élément de différenciation et d’attractivité territoriale, à l’image des métropoles ; Concilier développement endogène et inscription dans des logiques extra territoriales.

Principes d’actions : z

z

z

Redéfinir la politique contractuelle de manière prescriptive pour qu’elle fasse converger intérêt du Département et intérêt des collectivités autour de 5 priorités en renforçant les critères d’éligibilité (Habitat, économie de proximité, transition écologique, innovation sociale et maillage des grands équipements sportifs, culturels et économiques) ; Concilier offre culturelle de proximité et événementiel penser la culture dans ses impacts économiques et cibler l’intervention sur des lieux/événements phares (Tatihou, Jazz sous les pommiers, …) ; En lien avec la politique touristique, améliorer la notoriété du territoire et mettre en œuvre une stratégie globale de marketing territorial associant tous lles opérateurs ett é t donneurs d’ordre intra ou extra territoriaux, partenaires économiques, consulaires, CRT et s’inscrire dans la dynamique des grands événements à venir, Jeux équestres mondiaux, 70e anniversaire du débarquement, Normandie impressionniste ;

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z

Assoir le développement du territoire en s’inscrivant dans des dynamiques extra territoriales pour lui donner une ambition nationale et internationale (Manche Ouest Normandie pour valoriser le bassin de plaisance/nautisme, Cherbourg façade maritime de Paris / Seine / Normandie, Arc Atlantique et Énergies marines renouvelables).

1.2 GOUVERNANCE ET INTELLIGENCE COLLECTIVE :

AMBITION

Constat : une raréfaction des ressources publiques qui interroge la capacité et les modalités d’intervention de la collectivité. Des villes et bourgs qui travaillent isolément et de manière cloisonnée. Une société en mutation permanente, qui nécessite une anticipation des changements pour une adaptation en continu des politiques publiques. Une distanciation du citoyen et de la sphère politique/publique et l’absence d’espace ou de dialogue entre citoyens et élus. Un territoire qui de par sa géographie et la nature de ses activités est confronté à des risques, naturels ou industriels, mais aussi plus diffus et silencieux.

Un contrat territorial et un contrat social garants de la cohérence et de la performance de l’action publique

L’ingénierie, ressource essentielle du développement du territoire : le Département pilote une gestion territorialisée des emplois et des compétences dans la cadre de sa politique de marketing territorial.

Des mutations à conduire : z

z

z z

Dans une organisation territoriale en recomposition, positionner le Département comme intercesseur/ interface/animateur et catalyseur d’une dynamique territoriale (lever les freins juridiques ou réglementaires, soutien à l’ingénierie locale, …) ; Élargir la démarche de contractualisation avec les territoires dans une logique de synergie de stratégie entre le Département et les autres collectivités ; Faciliter la mise en réseau des villes ; Reconnaitre aux habitants une véritable « maîtrise d’usage » et encourager leur mobilisation autour du projet de vie citoyen, les positionner en tant que contributeurs de la veille sociale, ambassadeurs de leur territoire et de ses patrimoines.

Principes d’actions : z z z

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Favoriser la présence d’une ingénierie performante sur les territoires et encourager les mutualisations ; Soutenir les dynamiques territoriales et l’émergence d’initiatives locales ; Mise en place de dispositifs de participation/consultation citoyenne.


AMBITION

Une approche réaliste du risque et un développement des capacités de gestion de crise

Anticiper l’évolution des normes et être proactif en termes d’adaptation du territoire et de ses acteurs aux contraintes qui s’imposeront.

Des mutations à conduire : z

Ne pas se limiter à la culture accidentelle du risque et prendre en compte les franchissements de seuils dus à des phénomènes continus.

Principes d’actions : z

z

z z

Des outils de veille, de recherche pour garantir la préservation du capital territorial et la pérennité des activités agricoles et conchylicoles (LDA, SMEL…) ; Au regard des risques littoraux (trait de côte, submersion) et des réponses différenciées à apporter, coordonner et animer les démarches locales associant privés et public ; Recourir à des techniques douces et préventives en matière de bassins versants, cours d’eau et zones humides ; L’intégration dans des réseaux d’échange d’expérience et de connaissance sur les modalités de la gestion de crise (Plan de prévention du SDIS, VIGIPOL et risque maritime, Commissions locales d’information, …).

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o UN DEVELOPPEMENT TERRITORIAL OUVERT AU MONDE Le développement territorial s’adosse sur le développement des entreprises, la qualité de leur environnement avec notamment des possibilités de mobilités efficaces et une ouverture sur le monde. Il s’agit donc d’accompagner la mutation de l’économie manchoise vers la création de valeurs ajoutées accrues et diversifiées, fondées sur des spécialisations territoriales et l’innovation. Il convient aussi d’organiser l’environnement des entreprises (maillage des villes et des gros bourgs, développement de la fibre et de ses usages, R&D, main d’œuvre…) et d’ouvrir le département vers le monde à partir de son caractère maritime.

2.1 L’ENTREPRENARIAT ET LE DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES

AMBITION

Constat : une dynamique entrepreneuriale intéressante, ancrée localement et fondée sur une densité et une diversité d’activités, mais une économie manchoise peu productrice de valeur ajoutée. Des entreprises dont les capacités financières pour porter des projets d’investissement ou d’innovation sont restreintes. Une faiblesse des services marchands et un contexte exte de très faible croissance voire de diminutions des capacités d’intervention publique. Une agriculture qui reste un secteur économique d’importance, mais soumis aux évolutions du contexte (réforme de la PAC, concurrence mondiale) et trop souvent centrée sur la production. Dans un contexte de forte concurrence entre les territoires, et malgré un patrimoine hors normes, la Manche peine à se faire connaitre en matière touristique.

Une économie diversifiée créatrice de valeurs ajoutées, fondée sur des spécialisations territoriales et l’innovation

Une économie territorialisée autour de spécialités économiques différenciantes, intégrant le « green business » et les nouvelles technologies (numérique, génétique, nanotechnologies, biomatériaux, smart grids…)

Des mutations à conduire : Cibler les investissements sur des filières économiques qui soient : • innovantes, • à forte identité territoriale, • à fort potentiel d’emploi (industrie, services aux personnes), • à fort potentiel de valeur ajoutée, et permettent une réelle compétitivité du territoire ; z

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z

z z

z z

Faciliter l’émergence et le développement des entreprises dans une logique d’interventions autres que les subventions et adapter l’écosystème aux besoins de l’entreprise ; S’adapter à la réforme de la PAC pour préserver un modèle agricole durable garant du maintien de notre capital territorial ; S’appuyer sur les potentialités de l’économie sociale et solidaire pour élargir les champs d’activités portés par le système coopératif pour lequel le département a une forte expérience ; Développer une économie touristique porteuse de valeur ajoutée ; Favoriser le caractère durable de notre économie.

Principes d’actions : z

Concentrer l’intervention sur les secteurs identifiés dans le cadre des spécialisations territoriales ; • mix énergétique (nucléaire, EMR, stockage…), • agro-alimentaire/agro-mer/équin, • numérique et bio matériaux, • nautisme et tourisme ;

z

Faire évoluer les modèles de soutien aux entreprises : prise en compte des besoins en capitaux, avances remboursables, … ; Mettre en avant auprès des investisseurs et entrepreneurs la qualité de l’environnement proposée aux entreprises : infrastructures routière et numérique, appui à la R&D, … et renforcer ainsi la prise en compte du « capital territorial » dans la stratégie de marketing territorial ;

z

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z

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z

Positionner le Département comme donnant la priorité au maintien d’un système bocager favorable à l’élevage et garant de l’identité paysagère (avec des solutions concernant le foncier notamment) ; Dans le cadre d’une politique touristique renouvelée et diversifiant l’offre, focalisant sur la qualité et le «haut de gamme », développer les flux (étrangers notamment) et miser sur les filières identitaires à fort potentiel (cheval, mémoire, histoire, sports liés à la voile et au vent) et à forte valeur ajoutée (affaires, gastronomie) ; Inscrire ces projets de développement dans les programmes d’actions régionaux, nationaux et européens à l’exemple de la programmation des crédits européens 2014/2020 ; Développer des critères d’éco conditionnalité des aides.

2.2 COMMUNICATION ET MOBILITÉS

AMBITION

Constat : Un désenclavement routier globalement achevé, mais le territoire reste « éloigné » des grandes métropoles voisines. Un réseau en bon état et une avance en termes d’aménagement numérique. Un territoire où les trajets domicile/travail/ activité sont parmi les plus longs parmi les départements ruraux et où le recours au véhicule individuel quasi exclusif pose question : durabilité du v modèle actuel dans un contexte de raréfaction / renchérissement des énergies fossiles ? Quel impact à terme sur le budget des manchois ? Quelle responsabilité environnementale (Gaz à effet de serre, santé-environnement, …), et sociale (sécurité, …) ? Quel coût pour la collectivité départementale ?

Transition énergétique et sobriété : le modèle d’organisation des mobilités

Des déplacements limités grâce au numérique et, lorsque le déplacement s’impose, un modèle de transport partagé basé sur le co-voiturage et les véhicules propres (plutôt qu’un transport collectif par bus comme en secteur urbain) où les villes en réseau sont interconnectées par des axes fluides.

Des mutations à conduire : z

z z

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Fluidifier le réseau routier existant et à ce titre, privilégier la fiabilité, la qualité, le confort et la sécurité dans les déplacements sur les axes principaux intra ou extra départementaux ; Favoriser les modes de déplacement doux et partagés ; Penser l’usage du véhicule sans CO2 (électrique, hydrogène)) aussi en milieu rural ;


z

Dans une société de plus en plus « connectée », faire du numérique un élément de différenciation territoriale (alternative aux déplacements, catalyseur des mobilités). Parallèlement aux infrastructures, réaliser une révolution des usages.

Principes d’actions : z

z z

z

z

Sécuriser le réseau existant en différenciant le niveau d’intérêt départemental (maillage des axes principaux) du niveau développement local, projets pour lesquels une contribution des EPCI est à rechercher ; Adapter l’offre de transport collectif aux usages : analyse de l’utilisation des lignes/services et optimisation des moyens ; Organiser le « partage des coûts » liés aux déplacements à travers le développement des aires de co-voiturage (en lien avec les dessertes ferroviaires/routières) et favoriser la mise en réseau de l’offre ; Organiser un maillage de bornes de recharges électriques (ou hydrogènes) ; démultiplier les investissements en faveur du très haut débit et l’équipement en fibre du territoire départemental t l; En matière d’usages, appuyer le Cloud communautaire, le collège numérique, la dématérialisation et tous les outils permettant de limiter les déplacements physiques (visioconférences).

2.3 LA MER NOTRE AVENIR, UNE OUVERTURE VERS LE MONDE

AMBITION

Constat : territoire le plus occidental de l’Ouest Normand, la Manche bénéficie d’une situation géographique stratégique dans l’Arc Manche : avancée dans l’une des mers les plus fréquentées du monde, elle possède un potentiel de développement économique et commercial largement tourné vers la mer mais jusqu’alors insuffisamment développé et valorisé (modernisation du secteur de la pêche, pérennité des activités conchylicoles, filière plaisance, …). Avec le gisement hydrolien du Raz Blanchard, le port de Cherbourg pourrait capter une part significative du marché gigantesque des Énergies marines renouvelables, conforter ses activités industrielles, portuaires et s’engager dans la R&D afférente notamment pour le stockage de l’énergie.

Valoriser l’identité maritime du département

Un territoire exemplaire dans la gestion intégrée des espaces littoraux et maritimes en développant des activités économiques et industrielles qui s’intègrent dans leur milieu, que ce soit en matière de ressources halieutiques, de tourisme ou d’énergies marines.

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Des mutations à conduire : z z

z

Accompagner la mutation des activités liées à la pêche et à la conchyliculture et appuyer la filière de transformation génératrice de valeur ajoutée ; Organiser une gouvernance transversale des activités maritimes (pêche, nautisme, tourisme, EMR) afin de prévenir les conflits d’usage et répondre aux enjeux de développement économique et de préservation environnementale ; z Repositionner les infrastructures portuaires au cœur du projet de p développement économique manchois d ((EMR, pêche, récréatif et nautisme) mais aussi dans une logique d’articulation de la a Manche ouverte au monde : Cherbourg M port industriel, élément constitutif de la façade maritime Paris / Seine / Normandie ; Granville port moteur d’attractivité pour l’ensemble du bassin de navigation Ouest Normandie ; Appréhender la qualité des eaux littorales par un travail amont au sein des bassins versants par la gestion de profils de vulnérabilité.

Principes d’actions : z z z

z

z

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Garantir la pérennité à long terme des produits de la conchyliculture à travers la mise en œuvre de profils de vulnérabilité ; Appuyer les professionnels pour qu’ils s’approprient un outil de R&D en vue de la valorisation économique des productions de la mer (SMEL); Poursuivre les grands investissements portuaires et conditionner leur mise en œuvre à un modèle économique viable (valorisation foncière, mix investissements publics et privés) ; Développer un modèle économique de gestion des ports départementaux à des fins de commercialisation/marketing et de mutualisation des charges / retour sur investissement ; Conforter l’espace anglo-normand pour une ouverture Outre-Manche et à l’international des acteurs économiques.


p DES SOLIDARITÉS LOCALES POUR MIEUX VIVRE ENSEMBLE Prévenir les vulnérabilités, maintenir une organisation sociale solidaire et accompagner les manchois à tous les âges de la vie, en particulier ceux qui sont en situation de fragilité. Malgré la disparition d’anciennes formes du « vivre ensemble », la prégnance des « bonheurs privés » au détriment des engagements collectifs, la Manche se caractérise encore aujourd’hui par un maintien des relations humaines de proximité. « Une sociabilité orientée vers l’autre » comme dans la majeure partie des régions de l’ouest de la France ainsi que l’analyse le sociologue Emmanuel Todd.. Néanmoins, il devient de plus en plus difficile d’assurer un suivi ett une veille totalement efficace auprès des personnes en difficulté du fait de leur âge, de leur handicap qui connaissent des situations d’accidents de la vie ou de la crise économique, et souffrant d’un isolement croissant. Si le Département assume ses compétences, il ne peut, à son échelle et avec ses moyens, être seul responsable de l’accompagnement et du soutien des personnes en situations difficiles. L’exercice de la solidarité ne doit pas relever de la seule puissance publique. Ce rôle et cette responsabilité doivent être partagés et il convient de mieux soutenir les solidarités familiales et de voisinage, dans une dynamique de « bien vivre au bourg ». Par ailleurs, afin de pallier la disparition d’anciennes formes de « vivre ensemble » (célébrations religieuses ou fêtes de villages, marchés,…) et de garantir une cohésion sociale, il devient nécessaire d’identifier et d’activer des « vecteurs de liens » entre les habitants. Au titre de ces vecteurs de rencontre, citons les lieux de vie communs (parcs, squares, foyers/espaces de rencontres, espaces communs dans l’habitat collectif …), les temps de rencontre (évènementiel, fêtes), les pratiques sportives et culturelles. Différentes évolutions seraient souhaitables : z un renforcement du rôle du citoyen, de l’élu et du réseau des acteurs du social dans la sécurisation et l’efficacité de la veille et du suivi des personnes en difficultés au niveau local ; z une mobilisation du monde économique et de l’emploi autour des enjeux de formation, de réinsertion sociale et professionnelle et plus globalement la construction de la solidarité ; z le concept de prévention et celui d’inclusion, comme facteur premier de l’accompagnement des personnes.

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AMBITION

3.1 UN CONTRAT SOCIAL La Manche territoire de l’innovation sociale

Des mutations à conduire : z z

Encourager les solidarités locales à travers l’identification et le développement de « vecteurs de lien » entre les habitants ; Contribuer à l’amélioration des partenariats entre les différents acteurs et renforcer les cohérences d’intervention.

Principes d’action : z z z

z

z z

Promouvoir l’innovation et l’expérimentation comme modalité opératoire dans un contexte contraint ; Favoriser les initiatives innovantes permettant de favoriser et de démultiplier les rencontres et échanges entre habitants (habitat, évènements, …) ; Développer une « économie de fonctionnalité » (partage des coûts et démonétarisation des échanges) fondée non plus sur plus sur la fourniture mais sur« l’usage des biens » ; Impliquer les habitants au sein d’un projet commun. Le développement social local partagé comme levier d’une compréhension mutuelle et d’un mieux vivre ensemble ; Conforter le tissu associatif pour favoriser la dynamisation de la vie locale ; Inclure des « clauses de lien social » dans les projets conduits ou soutenus par le Département.

3.2 ACCUEILLIR LES FAMILLES

AMBITION

Constat : une offre de service aux familles dont l’effet levier en termes d’attractivité du territoire reste insuffisant. Un contexte économique et social tendu (accroissement du chômage, déstructuration familiale, difficulté dans l’exercice de la fonction parentale) ainsi qu’une désynchronisation des rythmes de vie qui génère une augmentation des prises en charge.

Conforter l’offre de services à des fins d’attractivité et accompagner les familles dans l’exercice de leur fonction parentale

Les familles, clés de voute d’un mieux vivre ensemble.

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Des mutations à conduire : z z z

Structurer, par bassin de vie, une offre de services élargie aux familles (loisirs, culture, parentalité…) ; Décliner les schémas de services sectoriels dans le cadre des contrats de territoire ; Mobiliser les dispositifs départementaux et les actions des partenaires (éducation nationale, CAF, centre de loisirs,…) pour conforter la dynamique préventive et le lien familial.

Principes d’actions : z z

Au titre de l’attractivité, une plateforme/portail de services à l’attention des parents nouvellement arrivés ; Au regard des résultats sur la prévention, développement des modes d’hébergement alternatif.

AMBITION

3.3 L’ÉDUCATION ET L’EMPLOI REMPART CONTRE LA PRÉCARITÉ ET GARANTS DE L’ÉGALITÉ DES CHANCES Offrir à la jeunesse les conditions de son épanouissement et de sa réussite

Une éducation numérique : le numérique bouleverse les temps d’apprentissages ; visio-enseignement, tableaux numériques et tablettes se démocratisent et révolutionnent les enseignements du 21e siècle. Constat : un bon taux de réussite aux examens et diplômes nationaux mais une déconnexion des formations avec l’emploi local : par voie de conséquence, des difficultés d’insertion professionnelle et une fuite des jeunes diplômés. La prise en compte du numérique dans les apprentissages et la diffusion des savoirs (Open data, formes collaboratives et e-learning) reste insuffisante au regard de ses apports potentiels. À titre d’exemple, la France est aujourd’hui à la 24e place des pays de l’OCDE en termes d’e-learning et le ministère de l’éducation nationale consacre 100 M€ an aux photocopies et seulement 20 M€ à l’acquisition de logiciels ou livres numériques !

Des mutations à conduire : z

z

Envisager l’éducation et la formation au-delà des établissements d’enseignement, en lien avec le monde de l’entreprise et de l’artisanat. « L’esprit au bout des doigts » : une orientation professionnelle qui ne soit plus un choix par défaut ; Garantir une cohérence entre emploi local et filières de formation (intra ou extra départementales) afin de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes.

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Principes d’actions : z z z

AMBITION

z

Confirmer la priorité donnée au collège numérique ; Valoriser les compétences des séniors dans l’accompagnement et les parcours d’insertion des plus jeunes ; Généralisation des opérations « entreprendre au collège », « mini entreprises » ; Conforter le rôle du Département comme animateur d’une politique « d’éducation populaire » ; z Consolider les différents dispositifs (appels à projets, actions territoriales en faveur de la jeunesse) dans une offre a globale qui puisse constituer une réponse cohérente pour les g jjeunes dans le cadre de la réforme du temps scolaire ; z Valoriser le bénévolat et la dimension éducative du sport plutôt que le haut niveau.

Traiter la problématique de l’emploi au plus proche et penser l’insertion à travers des parcours territorialisés

La convergence entre besoins des entreprises, offre de formation et compétences des actifs ou demandeurs d’emploi du territoire fait reculer le chômage. Constat : un tissu économique diffus et diversifié qui a permis à la Manche de mieux résister aux crises, un taux de chômage encore inférieur aux moyennes régionale et nationale mais une précarisation qui tend à s’accroitre (augmentation RSA, multiplication emplois à temps non complet) alors même que des emplois restent non pourvus (problème de transmission/reprise activité, de formation en lien avec l’offre locale).

Des mutations à conduire : z z

z z

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Approcher l’insertion sous l’angle de la formation, de l’économie et de l’emploi dans le cadre d’un PLIE départemental ; S’inscrire dans une gestion territorialisée des emplois et des compétences (identification secteurs porteurs/plans de formations pour fluidifier le marché de l’emploi) ; Renforcer l’offre d’insertion sociale et professionnelle en mobilisant les entreprises du territoire ; Activer les réseaux et les solidarités locales afin d’améliorer les conditions de suivi des personnes en situation de précarité.


Principes d’actions : z z

z z

Au titre des politiques d’insertion, privilégier des contrats aidés au bénéfice des familles monoparentales ; Incitation renforcée des entreprises locales à jouer un rôle dans l’insertion des publics en difficulté (rapprochement des outils et dispositifs du PDI et entreprises) ; Inciter les collectivités à inscrire des clauses d’insertion sociale dans leurs achats et marchés ; Valoriser les compétences et la disponibilité croissante des séniors dans une dynamique de parcours d’insertion (des contrats de génération).

3.4 DONNER AUX SÉNIORS TOUTE LEUR PLACE

AMBITION

Constat : Un vieillissement de la population amplifié par une arrivée en nombre de jeunes séniors qui constituent une opportunité en termes d’économie résidentielle ou d’engagement social et public, mais qui perturbe l’équilibre démographique du territoire. Une offre de service à l’attention des séniors (établissements sociaux et médico-sociaux) bien répartie sur le territoire, mais un risque en termes d’offre de soins.

Considérer les séniors, non pas seulement sous l’angle de la dépendance mais comme des acteurs économiques solidaires et citoyens

La vieillesse est une dignité et non plus une charge.

Des mutations à conduire : z

z

z

Promouvoir les apports et la participation des séniors dans la vie sociale, économique et citoyenne (compétences ces et disponibilité) ; Promouvoir l’expérimentation et l’innovation au service de l’autonomie des séniors en lien avec les NTIC et le numérique ; Contribuer au respect de la dignité humaine et au bien-être des personnes.

Principes d’action : z z

z

Assurer nos obligations en poursuivant les efforts de maîtrise de l’évolution des prestations (des plans d’aides ajustés au niveau des moyennes nationales) ; Au regard de l’offre existante en termes d’établissements, privilégier les initiatives innovantes (petits collectifs avec services, béguinage, colocation, …) et décliner le schéma PA à budget constant ; Mettre en cohérence et consolider les structures d’accueil et d’orientation en faveur des séniors dépendants ou non en lien avec les territoires de projets. (CLIC, SAG, MAIA).

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CONCLUSION Ce projet de territoire reste une « construction » permanente, qui résulte de la combinaison et de la coordination d’acteurs pour la mise en œuvre d’une trajectoire de développement propre à la Manche. Il devra nécessairement être porté à connaissance et partagé avec l’ensemble des acteurs du territoire. Ce sera l’objet du « livre blanc » à paraitre à l’automne prochain, et qui consolidera l’ensemble des travaux : diagnostic, ateliers de la prospective, contributions des habitants à travers les « Fabriques de la Manche » jusqu’au modèle de développement et aux ambitions exposés dans le cadre du présent rapport.



demain.manche.fr

CONTACT :

Conseil général de la Manche Direction générale des services Direction de projet 50050 Saint-Lô cedex 02 33 055 550 - prospective@manche.fr

© La Manche Libre / Agence Yo / Ph. Plisson / D. Daguier CG50 / Maîtres Laitiers / Marine nationale-MTS Gaudey - Conception et impression : conseil général de la Manche - Septembre 2013

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