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Organisation du travail

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Les livres du mois

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Sadak Souici /maxppp

du programme Act et responsable des

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compétences, «a contribué à développer des formations destinées à conditionner les managers pour organiser la déflation des effectifs». Nul ne peut prédire, à ce jour, la peine à laquelle sera condamné en appel Didier Lombard. Mais le refus de France

Télécom de le suivre dans cette démarche est de bon augure pour la justice et pour l’avenir. Car même si, depuis le début des années 2000, le droit relatif au harcèlement moral s’est étoffé et que les « vio

lences psychologiques» sont désormais passibles de deux années d’emprisonnement, ce verdict rappelle très clairement le rôle fondamental qu’ont joué dans ce dossier les délégués du personnel, les Chsct et l’Inspection du travail, a déclaré, le 20 décembre, le juriste Emmanuel Dockès. Autrement dit, ce qu’«au nom du peuple français», la loi Travail et les ordonnances Macron se sont attaché à détruire, la 31 e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris l’a restauré dans sa légitimité. Reste à en traduire l’intention dans la loi. Un

colloque, organisé le 20 janvier au Sénat sur « quelles perspectives après France Télécom?» s’est attelé à la tâche. ▼

Martine HASSOUN

Sadak Souici /maxppp

ORGANISATION DU TRAVAIL Fl ex office, côté face

Le futur siège socia d’Orange à Issy- es-Mou ineaux se nommera Bridge. En perspective: stress, fatigue et déshumanisation à tous es étages.

Orange y tient mordicus. Dès l’été 2020, un complexe immobilier de 56000 mètres carrés nommé Bridge sera livré au pied de la gare d’Issy-Valde-Seine, et 2854 salariés devront quitter leurs bureaux parisiens pour y emménager. Dans ce nouvel ensemble, une organisation du travail fondée sur des flex offices s’imposera. Concrètement, seules 856 personnes disposeront de postes de travail attitrés. Les 1 998 autres seront condamnées, chaque matin, équipées de leur smartphone et de leur ordinateur portable, à se partager 1 627 postes de travail. Bien sûr, cette fois, ni suppressions d’emploi ni licenciements ne sont programmés. Et, selon les éléments de langage distillés par la direction, le projet Bridge annonce des conditions de travail idylliques. Les nouveaux espaces de travail, prétend-elle, seront «conviviaux et modulables» et adaptés au monde merveilleux du digital. Par l’avènement d’un large projet de transformation de la société, les salariés bénéficieront à plein de cette «entreprise libérée», émancipée de la hiérarchie, et retrouveront ainsi droit de cité. «Ils seront sollicités et auront voix au chapitre depuis le lancement du projet, et l’auront jusqu’à la fin», assure l’entreprise sur son site… Sauf que la réalité des flex offices est toute autre. Et les dangers de ce mode d’organisation du travail sont dénoncés déjà par plus d’un expert, explique Nolwenn Le Meur, déléguée de la Cgt Télécom-Paris. Dans un tract distribué en novembre, son syndicat reprenait les propos tenus sur le site Courriercadres.com par Frantz Gault, le directeur général de Lbmg Worklabs, cabinet de conseil auprès des grands groupes sur les nouvelles organisations du travail: «Le flex office est la pire invention depuis l’open space, jugeait-il. En open space, on a du mal à se concentrer parce qu’il y a du bruit et à collaborer car on a peur de déranger ses voisins. Or, en flex office, on retrouve ce problème, mais dégradé –car en plus de tous les inconvénients de l’open space, on perd son territoire individuel.» Stress, fatigue accrue, déshumanisation et explosion des collectifs de travail, seraitce de nouveau l’avenir promis aux salariés d’Orange? En juillet, rappelle Nolwenn Le Meur, grâce à la mobilisation de la Cgt, des élus au Ce et des salariés, un projet similaire, nommé Magnetik, avait été abandonné. C’était en même temps que les audiences du procès France Télécom. Difficile de croire que le verdict du tribunal correctionnel de Paris, prononcé le 20 décembre, permettra à Orange de persévérer dans sa volonté d’imposer une organisation du travail qui ne laisse rien présager de bon. Ces derniers mois, la Cgt a obtenu 25% de bureaux attribués en plus. Elle entend bien ne pas en rester là. M. H. ▼

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