Transition écologique/industrie sous vents contraires

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Plan de relance Le goût amer du monde d’avant…

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Le plan « France relance » dévoilé par le gouvernement à la rentrée se fixe l’objectif de « reprendre notre destin en main, construire la France de 2030 », selon la formulation même du président de la République. Au-delà des effets d’annonce qui tiennent aux masses d’argent en jeu, le logiciel économique qui les sous-tend reste identique à celui du « monde d’avant ».

ENTRETIEN avec Alexandre Derigny, secrétaire général de la fédération Cgt des Finances.

« La plupart des mesures annoncées, même celles qui sont dédiées à la “cohésion”, visent à réduire les prélèvements sur les entreprises et le “coût du travail”. Autrement dit, l’entreprise est “aidée” pour recruter des jeunes, la plupart du temps sous des formes précaires. »

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– Options : nombre d’observateurs ont souligné le caractère de « rupture » du plan gouvernemental, en ce qu’il mobilise de vastes sommes d’argent pour les injecter dans l’économie, au lieu de ­camper sur la priorité de la réduction de la dette. Qu’en est-il ? – Alexandre Derigny : S’il y a rupture, il faut la chercher dans le déroulement des événements eux-mêmes, du côté d’une crise sanitaire qui met à mal les organisations mondialisées du travail, bouscule les mécanismes de l’économie nationale, fragilisant l’activité économique. Le statu quo n’était d’évidence pas possible devant le surgissement massif de besoins nouveaux, pressants et essentiels à l’ordre économique et social. Quant au plan proprement dit, c’est une tout autre histoire. On peut noter, en passant, que la politique gouvernementale devrait enterrer une bonne fois pour toutes cette fable selon laquelle la dette d’un pays est comparable à celle d’un ménage. On constate que lorsqu’il estime en avoir besoin, l’exécutif n’hésite pas à « faire de la dette ». Mais il l’avait déjà fait lors de la crise de 2008, avec le « Pacte pour la croissance, la compétitivité et l’emploi », lancé sous la présidence de François Hollande, alors que l’actuel président de la République était un de ses proches conseillers. Sur le fond, on ne saurait parler de rupture : le « plan de relance » reste fidèle aux canons de l’« économie de l’offre » dont les économistes libéraux ont fait un dogme. Loin de poser les bases d’un jour d’après, la mécanique, comme l’a magnifiquement résumé dans Le Parisien un député Lrem, vise à « redonner de l’air aux entreprises pour booster leur croissance et leur permettre d’embaucher ». Autrement dit, de tout faire comme avant, grâce à une injection massive de fonds publics.

– Reste que les chiffres avancés sont considérables. N’y a-t-il pas là une opportunité à saisir pour poser la question de leur utilisation dans le débat public ? – De fait, les sommes sont loin d’être négligeables. Le plan de relance devrait mobiliser 100 milliards d’euros, dont 40 % seront financés par l’Union européenne. Cela constitue déjà un cadre très contraignant dont peut jouer la Commission de Bruxelles, acquise aux orientations libérales et à leurs exigences. Ces 100 milliards devraient se répartir selon trois grands axes : d’abord la compétitivité, à hauteur de 34 milliards, sous forme d’une baisse « pérenne » de l’impôt sur la production, de 10 milliards en 2021 et d’une seconde tranche de 10 milliards l’année suivante. Ensuite, la transition écologique, à hauteur de 30 milliards, dont 11 affectés aux transports et 7 à la rénovation énergétique, dont 2 au profit des ménages. Enfin, la « cohésion sociale » bénéficierait de 36 milliards, dont 7,6 iraient à la prise en charge du chômage partiel, 6 à la revalorisation des personnels de santé et 7,2 à l’emploi des jeunes. Lorsqu’on examine en détail ces mesures, on comprend rapidement que les principaux bénéficiaires sont, une fois encore, les entreprises ou, plus exactement, leurs propriétaires et leurs actionnaires. De fait, la plupart des mesures annoncées, même celles qui sont dédiées à la « cohésion », visent à réduire les prélèvements sur les entreprises et le « coût du travail ». Autrement dit, l’entreprise est « aidée » pour recruter des jeunes, la plupart du temps sous des formes précaires. De même, une partie des mesures destinées aux Pme bénéficiera largement aux entreprises et groupes donneurs d’ordre qui leur sous-traitent l’activité. OPTIONS N° 659 / SEPTEMBRE 2020


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