SYNDICALISME Amazon ne s’y fait pas
de rester dans le flou, tout comme les familles, et nombre d’établissements se préparent à de nouvelles difficultés en cas d’isolement de nombreux élèves – comment ne pas les priver des cours en présentiel ? – ou de retour à des cours à distance. Les collectivités territoriales ont multiplié les initiatives pour équiper les élèves du secondaire en ordinateurs ou en tablettes, afin de limiter les inégalités d’accès aux outils numériques, encore importantes, mais le compte n’y est pas plus du point de vue des moyens d’enseignements.
Amazon n’aime pas les syndicats et tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à des actions permettant la défense des conditions de travail. Fin mars dernier, la multinationale avait licencié Christian Smalls, salarié d’un entrepôt new-yorkais, pour la seule raison qu’il avait participé à l’organisation d’un modeste débrayage pour protester contre le refus de la société de protéger les salariés contre la pandémie de Covid-19. Le 1er septembre à nouveau, rapporte la Bbc, elle a été prise la main dans le sac après avoir publié deux offres d’emploi destinées au recrutement d’« analystes » issus du monde du « renseignement, de l’armée, des forces de l’ordre ou ayant eu un rôle connexe de sécurité mondiale dans le secteur privé ». Deux « experts » en charge du repérage de toute velléité syndicale. Aussitôt découverte, la société s’est excusée et a retiré les offres, affirmant qu’il s’agissait d’une erreur.
Le Covid rend aléatoires les autres priorités
Valérie Géraud OPTIONS N° 659 / septembre 2020
RETRAITE Audace danoise Taxer les fonds de pensions, les banques et les investisseurs les plus riches, dont les banques, pour récolter les 400 millions d’euros qui pourraient financer le départ à la retraite anticipée de certains Danois, notamment ceux qui ont les métiers les plus pénibles : c’était une promesse de campagne de Mette Frederiksen, sociale-démocrate, Première ministre au pouvoir à Copenhague depuis 2019. Le projet va bientôt être présenté au Parlement. Et il devrait être adopté puisque la majorité y est de gauche. Sur une population active de 3 millions de personnes, 38 000 salariés vont être concernés d’ici à 2023.
TRAVAIL DES ENFANTS Alerte mondiale Quelque 152 millions d’enfants sont astreints au travail, dont 73 millions effectuent des travaux dangereux. Ils sont le plus souvent africains (19,6 %) mais pas seulement : nord ou sud-américains (5,3 %), arabes (2,9 %) ou européens de l’Est ou de l’Ouest (4,1 %). Un phénomène qui, selon une étude réalisée par l’Unicef et l’Organisation internationale du travail, pourrait s’aggraver avec la pandémie de Covid-19 et ses conséquences, tout particulièrement la fermeture des écoles dans de trop nombreuses zones du monde. Sans doute est-ce pour cela que, cet été et pour la première fois dans l’histoire de l’Oit, tous les États membres ont ratifié la convention internationale du travail n° 182 interdisant les pires formes de travail des enfants : l’esclavage, l’exploitation sexuelle, l’utilisation des enfants dans les conflits armés et travaux dangereux ou illicites.
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C’est dans ce contexte que devrait être mise en place la deuxième phase de la réforme du bac, effective cette année pour les classes de terminale, et pour laquelle peu d’échéances sont encore connues. Par ailleurs, Jean-Michel Blanquer doit également enfin lancer son chantier de négociation sur la revalorisation du métier enseignant, son « Grenelle des professeurs » (sic). À l’origine prévue dans le cadre de la réforme des retraites – particulièrement catastrophique pour les enseignants et pour l’heure suspendue –, cette réflexion pourrait aller bien au-delà, au regard de la pandémie, en réexaminant de manière plus complexe la réalité et le futur des métiers d’enseignants. Vaste sujet, dont les enseignants ne veulent pas qu’il soit envisagé à leur détriment. À leurs yeux, la crise sanitaire a témoigné de l’importance de l’école dans la société, et euxmêmes ont montré à quel point la relation pédagogique ne pouvait se passer d’inter actions humaines. Dès lors, leurs compétences et savoir-faire méritaient une reconnaissance bien supérieure à celle dont ils jouissent actuellement, en particulier du point de vue des salaires, des carrières ou des moyens pour travailler. Pour l’heure, des discussions avec les organisations représentatives doivent se tenir en octobre, et une loi de programmation pluriannuelle serait présentée avant la fin de l’année. Un programme qui laisse perplexes les intéressés. Dans un premier temps, 400 millions d’euros seraient débloqués – au lieu des 500 préalablement prévus, une somme relativement modeste, d’autant que ces revalorisations pourraient être conditionnées à de nouvelles missions imposées aux enseignants (évolution du métier, augmentation du temps de travail). La reconnaissance de leur engagement dans la période ne semble pas davantage peser.
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