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EnsEignants Les risqUes dU métier?
Sur touS leS frontS – réSiStance à l’obScurantiSme, maintien du lien Social et pédagogique malgré la pandémie – leS enSeignantS ne S’eStiment ni SoutenuS ni reconnuS. l’avenir du métier reSte incertain et inquiétant.
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Une minute de silence, indispensable. Et c’est tout? Après le choc de l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre, le ministre de l’Éducation nationale est revenu sur son intention de permettre aux enseignants de se réunir entre collègues dès le matin du 2 novembre, au retour des vacances de la Toussaint, pour envisager des interventions coordonnées. Comme d’habitude, ce revirement n’est pas le fait d’une concertation avec les représentants des enseignants, mais d’une décision unilatérale. La communauté éducative s’est sentie lâchée, voire trahie. Seul autre moment imposé de l’hommage, la lecture d’une lettre de Jean Jaurès aux instituteurs et institutrices, dans une version opportunément tronquée et avec un passage réécrit. Révélateur? Dans les passages coupés, Jaurès défend l’autonomie des enseignants et critique le recours excessif aux évaluations – considérées comme l’alpha et l’oméga de la pédagogie selon Jean-Michel Blanquer. Quant au lapsus, il a consisté à remplacer « fierté » par « fermeté » dans l’expression « fierté alliée à la tendresse». Indigne là encore: le professeur d’histoire Samuel Paty aurait peut-être pu décortiquer cet épisode dans un cours sur les « petits arrangements » politiques avec des documents ou des personnages historiques… Les enseignants, soutenus par les chefs d’établissements, ont fait ce dont ils avaient besoin : ils se sont quand même réunis et sont intervenus dans leurs classes en fonction de ce qui leur semblait juste et important. Idem face au cafouillage généralisé autour du maintien des cours dans les établissements scolaires, puis du passage en «protocole sanitaire renforcé».
Laïcité, Covid: les «héros» envoyés au casse-pipe sans soutien
Chacun a dû gérer ses propres contraintes, en fonction du nombre d’élèves accueillis, des locaux, des moyens humains et techniques disponibles. Comme depuis le début de la crise sanitaire, le ministère a navigué à vue, alors que la deuxième vague était prévisible et que des scénarios avaient été pensés, sans pour autant être rendus applicables. Les personnels, parfois avec l’aide des collectivités locales, ont dû aviser et improviser. Dans le primaire, seule nouvelle mesure, le port du masque par les élèves; au collège, rien de nouveau; au lycée, seul impératif fixé par les rectorats, maintenir au moins 50 % de cours en présentiel. Le 10 novembre, les syndicats – sauf la Cfdt et l’Unsa – appelaient à une «grève sanitaire» pour dénoncer des conditions de travail dégradées et dangereuses, dans des classes surchargées et des lieux exposés à une circulation active du Covid au détriment des enseignants comme des élèves. Rappelant également que 5% à 10% des personnels, à la santé fragile, ne pouvaient se rendre au travail, les syndicats demandent des embauches supplémentaires de personnels pour faire fonctionner les établissements et pour assurer davantage de cours en demigroupe. « Personne ne souhaite que les élèves restent chez eux, rappelle Patrick Désiré, secrétaire général du syndicat CgtÉduc’action. Le premier confinement a montré que la distance ne permettait pas de maintenir un lien pédagogique de qualité. Les décrochages ont été nombreux, en particulier chez les élèves en difficulté ou moins autonomes. Par ailleurs, beaucoup d’élèves, chez eux, ne disposent pas d’un espace et des outils nécessaires… Les enseignants aussi manquent de matériel et de formation dans ce domaine.» Dans les lycées, il est plutôt question de cours hybrides, où les enseignants feraient simultanément cours à deux demi-