Salaires-Emplois : Un couple dynamique

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Jean-Luc Flémal/maxppp

Économie

Au chevet de la dette « Covid » Que faire de la dette ? Faut-il la « cantonner » ou l’annuler ? Y a-t-il des alternatives ? En croisant les approches économique, sociologique et syndicale lors d’une journée d’étude, la Cgt a voulu poser les termes du débat.

I

nenvisageable, fou, dangereux, voire « une insulte à l’histoire »… la mesure dans les propos n’est pas la qualité première de ceux qui veulent discréditer la proposition d’annuler une partie des dettes publiques. Comme si le débat devait être clos avant même d’avoir commencé, avec la promesse de futures politiques d’austérité. Et pourtant, le débat a bien sa place, y compris entre économistes : « cantonnement » de la dette Covid ou annulation pure et simple ? Ni l’un ni l’autre ? N’y a-t-il pas d’autres solutions ? Pour quelles finalités ? En proposant, le 11 février, une journée d’étude sur les dettes, la Cgt a souhaité confronter ses propositions à l’analyse faite par des universitaires, économistes ou sociologues. Animée par Mathieu Cocq (pôle économique confédéral) et Alexandre Derigny (fédération des Finances) elle a réuni, à distance, plus de 300 participants. OPTIONS N° 664 / février 2021

En apparence, il y a consensus sur le diagnostic : la crise sanitaire est une crise inédite, un « choc exogène, arrivé de l’extérieur », explique Anne-Laure Delatte, chercheuse au Cnrs (Leda, Paris-Dauphine). La dette est ainsi une contrepartie de l’intervention massive de l’État pour faire face à ce choc. Mais est-il « totalement » exogène ? Pour Benjamin Lemoine, également chercheur au Cnrs (Irisso, Paris-Dauphine) la nuance revêt une importance fondamentale : « L’affirmer permet de ne pas questionner les modes d’exploitation de la nature, l’impréparation sanitaire et l’affaiblissement de services publics financiarisés » à l’origine d’une plus grande vulnérabilité des États face à la pandémie. S’en tenir au caractère strictement exogène de la crise en fait une parenthèse bientôt refermée, en revenant « au monde d’avant ». La confrontation de ces visions a inévita-

blement des conséquences sur la question posée : que faire de la dette ? Le gouvernement semble avoir fait son choix : ce sera le « cantonnement ». Cantonner, c’est identifier la part de l’endettement public imputable à la crise sanitaire pour la séparer du reste de la dette publique. C’est, pour les Économistes atterrés, la « pire des solutions ». Ce qui se dessine ? Comme dans le monde d’« avant » justement, « le placement d’un stock de dette dans un “véhicule spécial”, en l’occurrence la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), créée au milieu des années 1990 par le plan Juppé. Un retour “à la normale” en quelque sorte », explique Benjamin Lemoine. Mais il prévient : « Ainsi enfoui, ce stock peut refaire surface à tout moment. » Déjà, l’été dernier, 136 milliards d’euros ont été transférés à cette caisse dont les principales ressources reposent sur la Contribution 33


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