3 minute read
Nokia
Jeremias Gonzalez/maxppp
nokia À L’ombre des suppressions de postes
Advertisement
saisie par L’intersyndicaLe et par Le comité sociaL et économique, La justice a interdit Le travaiL de nuit sur un site d’aLcateL-Lucent internationaL.
comme si le plan de sauvegarde de l’emploi (Pse) ne suffisait pas (voir encadré). Au sein du groupe Nokia, le combat pour le respect des accords d’entreprises est quotidien. L’affirmation est formulée par le syndicat Ufict-Cgt qui, dans un communiqué, annonce la condamnation de la principale filiale française pour travail de nuit illicite sur le site de Paris-Saclay, dans le département de l’Essonne. Peu importait finalement que le comité social et économique ait, dans un avis, rejeté unanimement le projet ; peu importait également que ce dernier concerne des salariés dont le poste est potentiellement menacé dans le cadre du Pse, en les mettant dans le même temps en position de « surtravail »… Le travail de nuit, mais aussi du samedi, devait être mis en place de novembre 2020 à fin mars 2021 « au minimum» pour une quarantaine de salariés de la recherche et développement. À l’initiative de la Cgt, l’intersyndicale et le Cse ont donc saisi la justice pour «violation des accords» de l’entreprise. Pour la direction, il s’agissait de répondre aux exigences d’un client américain, T-Mobile (Tmo), visant à accélérer, dans un contexte extrêmement concurrentiel, le développement de nouvelles fonctionnalités 5G. T-Mobile est devenu, à la suite d’une fusion, le troisième opérateur de téléphonie mobile outre-Atlantique.
En violation d’un accord collectif
«Mais avec la crise sanitaire et la mise en place de mesures de restriction des déplacements, en particulier à l’international, les salariés concernés se sont trouvés dans l’impossibilité de se rendre aux États-Unis, explique Laurent Richard, délégué syndical central Cgt à Nozay. Sur fond de chantage à l’emploi, le travail de nuit a donc été mis en place pour caler les horaires de travail sur les mêmes fuseaux horaires que le client américain.» Pour cela, la direction s’est appuyée sur un accord d’entreprise, signé par la Cgt, autorisant des salariés à intervenir exceptionnellement de nuit en cas de panne sur les réseaux des opérateurs télécom en exploitation commerciale. Un détournement du texte, pour l’Ufict-Cgt: «En aucun cas, cela ne s’applique à la recherche et développement qui travaille sur des fonctionnalités et des produits nouveaux.» Certes, la direction a bien cherché à convaincre du contraire, insistant également sur la notion de «volontariat» ce qui, au passage, pose problème s’agissant de salariés dont le poste est potentiellement menacé… Mais le 26 janvier, la justice a tranché: le tribunal judiciaire d’Évry a ordonné à AlcatelLucent international, filiale de Nokia, de cesser le travail de nuit dans le cadre du projet Tmo, de 21 heures à 6 heures, sous astreinte de 50000 euros par manquement constaté, reconnaissant un non-respect de l’accord collectif de mars 2020, comme l’affirmaient les syndicats. Une première victoire. Mais dès la notification du jugement, la direction a cherché d’autres moyens d’atteindre ses objectifs, jusqu’à la conclusion d’un nouvel accord collectif «relatif à la mise en place du travail en horaires décalés». Signé fin février par la Cfdt et la Cfe-Cgc, il confirme la suppression du travail de nuit mais maintient le travail jusqu’à 21 heures, samedis compris, jusqu’au 30 juin 2021. Comme la Cftc, la Cgt n’a pas signé le texte. Ce n’est pas qu’elle refuse, par principe, les modalités d’une dérogation aux accords d’entreprise, mais dans un contexte précis, un périmètre restreint de salariés, et une durée limitée, avec un contrôle effectif de leur application. Or, l’expérience a montré que le provisoire pouvait durer, voire se banaliser. «Le 18 mars devait en effet débuter des négociations pour un accord général sur les horaires atypiques. Il ne fait pas de doute que la direction va s’appuyer sur ce qui a été validé par l’accord “T-Mobile” et tentera de réimposer le travail de nuit via un chantage à l’emploi », prévient Laurent Richard : un prochain combat. ▼