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CHARIO SONNET La firme italienne Chario a été fondée en 1976 par des passionnés de transcription musicale tout en faisant appel pour les coffrets à un designer, M. Michelangelo Dalla Fontana qui a introduit le premier l’idée de coffrets à bords arrondis et celle de l’assemblage de lattes de bois massifs pour les parois, à la manière des cabines de certains yachts de luxe des années 70.

Academy où l’homogénéité de diffusion est un point fort pour la restitution d’une image stéréophonique en trois dimensions, ultra stable, avec des timbres d’une grande vérité qui ne se destructurent pas sur les forts écarts de niveau.

prix indicatif : 3 199 € la paire De plus, l’équipe des concepteurs des enceintes Chario a tenu compte, dès le départ, d’une nouvelle approche « psycho-acoustique » intéressante, évaluant avec précision les paramètres prioritaires que retiennent l’oreille et le cerveau en premier à l’écoute d’un programme musical. Ainsi, en fonction du niveau, l’oreille n’est pas linéaire et à bas volume elle perd énormément de sensibilité aux deux extrémités du spectre dans le grave et l’aigu. De plus, pour un bon placement des interprètes dans l’espace, l’oreille est sensible à la directivité dans le plan horizontal, en particulier s’il y a incohérence dans le recoupement des lobes de directivité entre le hautmédium et le tweeter, avec des changements perceptibles aussi sur l’homogénéité des timbres par décalage temporel entre leurs harmoniques. Fort de ces constatations, ils ont mis en application toute une série de mesures capables de mettre en exergue ces phénomènes afin d’apporter des solutions dans le positionnement des transducteurs, le profil de leurs membranes, leur calage physique et électrique au travers du filtre de répartition qui tiennent compte en particulier du recouvrement des lobes de directivité dans la zone relais. Le résultat est là avec l’enceinte compacte Sonnet faisant partie de la série

CONDITIONS D’ECOUTE Les Sonnet sont des enceintes compactes d’un poids conséquent (14 kg) qui nécessitent un pied support leur assurant une référence mécanique ultra stable. Celui que propose Chario avec son design en forme de proue de bateau avec une large assise au sol et sa masse de 13 kg nous semble tout à fait indiqué, d’autant plus que l’interface entre la plaque supérieure et la base du coffret élimine tout risque de micro-dérapages sur les fortes impulsions avec la perte d’énergie sur le front de montée qui en résulte. De plus, ce pied incline très légèrement les Sonnet vers l’arrière favorisant le rattrapage du temps de propagation entre grave-médium et tweeter. Si le bicâblage est possible, une autre solution apporte un surcroît évident d’ouverture, de transparence dans le haut-médium aigu, en mono câblage, en remplaçant les straps dorées d’origine par des petits bouts de câbles de haute définition qui feront le pont entre les bornes de même signe. A l’écoute, il n’y a pas photo, la définition et l’ouverture déjà excellentes s’en trouveront encore améliorées de manière tangible. Côté électroniques, bien que d’un rendement correct, il ne faudra pas hésiter à choisir des amplis « musclés » capables de fournir du courant à partir de 35 W à tubes jusqu’à plus de 250 W à transistors. La tenue en puissance


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LA TECHNOLOGIE PAR L’IMAGE Vue du haut-parleur grave médium de 17 cm. 1 – Saladier en alliage léger 10 d’aluminium avec branches nervurées et support du spider décalé (2) pour une bonne décom1 8 pression arrière et amélioration de la ventilation de 5 la bobine mobile 3 (3) sur support 4 haute tempéra7 ture de 5,7 cm de diamètre entraî2 nant le cône (4) de profil parfaitement exponentiel en tissu verre fortement imprégné dit Rohacel. 5 – Circuit magnétique insérant entre les plages de champs (6 et 7) douze barreaux d’aimant néodyme ultra puissants (8) pour une bonne concentration des lignes de force autour de la bobine sans déperdition. 9 – Plaque arrière avec puits central de ventilation. 10 – Suspension périphérique par anneau en caoutchouc mousse synthétique à fort rappel.

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Vue du tweeter à dôme hémisphérique. 1 – Large plaque support. 2 – Dôme hémisphérique en tissu synthétique imprégné argent de 3,2 cm de diamètre. 3 – Bobine mobile ultra légère. 4 – Circuit magnétique de 6 cm à base d’une ferrite procurant une densité de flux de 13 000 gauss. 5 - Chambre d’amortissement arrière afin d’abaisser la fréquence de résonance tout en évitant les effets de retours d’ondes à l’arrière du dôme, qui peuvent troubler la netteté des transitoires.

est étonnante et ce n’est que sur les coups de grosse caisse, à niveau réaliste (pointes à plus de 300 W) que nous avons pu percevoir les premiers signes de détresse du HP grave médium, cela est un véritable exploit de la part d’une enceinte aussi peu volumineuse.

ECOUTE Avec la version du poème Les Bijoux interprétée par Yves Montand, les Chario proposent une restitution très chaleureuse de la voix, sans coloration de membrane synthétique ou de sonorités nasales de fond de cône. La diction est très articulée prouvant une parfaite maîtrise de la dynamique sur l’attaque de chaque syllabe avec une superbe cohérence de famille tonale entre le grave-médium et le tweeter. La géométrie inversée des deux transducteurs et l’étude très poussée du filtre de répartition avec le maintien de la phase autour de 1 200 Hz, procurent la sensation d’écouter un seul et unique haut-parleur large bande, sans destructuration du timbre de la voix sur les forts écarts de niveau. Tout au contraire, la modulation des consonnes tenues est remarquable avec un minimum d’emphase dans le bas médium entre 300 et 800 Hz ou d’excitation de colorations de coffret. La stabilité de la voix entre les deux enceintes n’est jamais remise en cause, Yves Montand est bien placé, à bonne hauteur et l’on ressent même ses légers changements d’orientation par rapport aux microphones. L’accompagnement en arrière-plan est étonnant de précision, jusque sur les fines percussions des multiples petits tubes du « tubular bells » qui s’égrainent avec une netteté peu courante. On éprouve la sensation d’écouter un grand système et non une enceinte compacte tant la douceur de restitution est constante, avec un très léger caractère physiologique qui facilite, à niveau d’écoute domestique, la compréhension et l’articulation du registre grave tout en évitant les phénomènes de projection du médium. Avec le très complexe final du Concerto pour violon OP. 77 de Brahms interprété par Anne Sophie Mutter avec l’orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Herbert Von Karajan (véritable piège pour tous types d’enceintes tant les dérives vers un haut-médium aigu agressif sont possibles, avec sur les fortés des pertes d’analyse qui virent à la confusion générale, à vous donner envie d’arrêter l’écoute au plus vite), les Chario Sonnet ont fait preuve d’une constante sérénité dans la description de chaque instrument à cordes, percussions, violon soliste sans étirer la restitution en la projetant dans le haut-médium aigu. La sonorité caractéristique du violon d’Anne Sophie Mutter ressort sous la « vigueur » de l’archet avec sa vraie couleur tonale sans effet de petit « tonneau » ou de « cordes tressées dans de l’acier ». Rien de cela, les soies de l’archet virevoltent sur les cordes avec à la fois cette notion d’attaque et de filé unique des notes. Sur les puissants fortés, chacun reste à sa place et, de nouveau, l’étonnement nous gagne quand on considère « l’effacement » des Sonnet par rapport à une image stéréo en trois dimensions qui reste cohérente sans que l’imposant orchestre ne se trouve coincé dans un


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35 plesse, les Sonnet ont transcrit ce passage, lui aussi fort complexe, en faisant la part belle à la beauté des timbres, au contraste sonore, cela sans vous « abrutir » avec des distorsions passagères ou des stridences désagréables. La voix de la soprano est d’une surprenante clarté avec des intonations justes, bien placées entre les Sonnet au point que l’on fait abstraction de celles-ci. La puissance du ténor ressort avec une vérité étonnante sans jamais provenir d’une petite boîte, sans haut-grave auréolé de colorations de bois de coffret. La cohérence de diffusion entre le grave médium et l’aigu est une réussite totale. Sur les Concertos pour instruments à vent de Mozart (K313/191/622) par l’orchestre de chambre d’Ecosse, sous la direction d’Alexandre Janiczek, les Sonnet excellent dans la séparation des timbres complexes des instruments à vent en particulier sur les très piégeux basson et clarinette par rapport aux cordes. Là où d’autres petites enceintes font apparaître des toniques désagréables qui dénaturent le timbre du basson dans la zone 200-500 Hz, les Sonnet transcrivent avec un très bon sens du suivi mélodique toutes les subtilités de variations de hauteurs tonales sans aucun effet nasillard, de pincement ou de « tuyau en PVC ». La disposition spatiale est excellente avec les cordes en très léger premierplan puis, derrière, légèrement décalés en hauteur, les instruments à vent dont la portée de l’émission sonore ne vient pas supplanter violoncelle, violons, altos. La distinction des timbres est remarquable, là encore, pas d’effet de petite boîte « carton à chaussures », tout se déroule avec une présentation spatiale de grande transparence et d’extrême légèreté.

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Vue du filtre. L’étude du filtre de la Sonnet a été orientée vers, non seulement une mise en phase rigoureuse, mais aussi en tenant compte du recouvrement des lobes de directivité dans la zone de transition des deux haut-parleurs (autour de 1 180 Hz) et du positionnement du tweeter en dessous du grave-médium pour obtenir, à l’écoute, l’illusion d’un seul et unique transducteur. 1 – Circuit imprimé à larges pistes conductrices. 2/3/4 – Selfs sur noyau avec haut coefficient d’amortissement. 5 – capacités polypropylène de qualité audiophile. 6 – Résistances à couche métal de haute précision. Les cellules entre grave-médium et tweeter n’ont pas de masse communes d’où la possibilité de bicâblage à partir d’un double bornier vissant de qualité.

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Avec l’enregistrement de Maxim Saury et Michel Crichton, les Sonnet, avec vivacité, franchise sur les attaques, mais toujours une grande beauté sur les timbres, ont fait ressentir toutes les subtilités de la palette harmonique de la clarinette, avec son vrai côté « boisé » sans transformer l’instrument en canard égorgé sur les hyper crêtes de modulation. L’acoustique du grand studio d’enregistrement de Passavant music ressort avec légèreté, là aussi sans être étouffée derrière des double-rideaux en velours. Le piano a une ampleur peu commune « sortant d’un aussi petit coffret » avec un côté alerte et « chantant » tout à fait enthousiasmant. L’écoute à bas niveau peut s’effectuer sans perte notable d’articulation entre les notes, la dynamique est aussi au rendez-vous ouvrant (ce qui est rare avec de petites enceintes) la plage d’utilisation. En effet, avec nombre de petits systèmes, on n’entend pas grand chose à bas volume, on pousse celui-ci et on arrive très rapidement à des phénomènes de distorsions insupportables. Or, il faut reconnaître que les Sonnet non seulement restent définies à bas niveau, mais encaissent remarquablement les forts niveaux sans donner l’impression de hurler. Les applaudissements sont très plausibles, on ressent bien le contact des paumes entre elles en évitant tout effet de friteuse en ébullition ou de saupoudrage de sucre sur une feuille en carton.

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Vue du coffret. 1 – Assemblage de lattes de noyer massif de 3 cm d’épaisseur imbriquées par feuillure les unes dans les autres à la manière des parquets à la française. 2 – Bords arrondis pour limiter des réflexions parasites périphériques. 3 – Baffle support avec revêtement mat et saladiers des haut-parleurs affleurant la surface. 4 – Event laminaire rectangulaire débouchant à l’arrière (accord autour de 45 Hz). 5 – Double bornier de haute qualité avec straps de liaison.

entonnoir. La vivacité, le tonus de l’interprétation ressortent avec une facilité que l’on n’attendait absolument pas de la part d’enceintes aussi compactes. Pas de doute, les concepteurs des Chario doivent aller au concert. Placés dans d’aussi bonnes conditions, nous avons enchaîné avec la Traviata et l’extrait Libiamo Ne Lieti Calici par la soprano Joan Sutherland et le ténor Lucciano Pavarotti avec l’orchestre et le chœur du National Philharmonique de Londres où, sans stress, mais avec détermination et sou-


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L’AVIS DU LABO

Sur la très « méchante » introduction du Millénaire tiré de l’album Pôle Ouest de Michel Jonasz, les Sonnet ne se sont pas laissées émouvoir. Avec beaucoup de corps, de matière, elles ont transcrit la basse synthé et ses attaques démoniaques sans trop arrondir les angles. Les effets de phasing du début « circulent » bien d’une enceinte à l’autre, prouvant un excellent calage en phase et peu de dérapage vers le haut-médium aigu qui reste étonnamment doux. Ainsi, la voix de Jonasz n’est jamais projetée mais reste très douce, sans effet de cornet acoustique. Ces Chario semblent tout faire pour ne pas tomber dans les pièges classiques des petites enceintes qui poussent en cloche dans le haut-médium aigu. En effet, elles restent intelligibles, avec un côté soyeux permanent très agréable, sans pour autant être introverties.

Courbe par tiers d’octave dans l’axe

On retrouve ce côté suave mais pas mièvre avec l’album Café Blue de Patricia Barber où, sur Ode To Billy Joe, les Sonnet procurent un coffre étonnant à la contrebasse acoustique, avec une bonne articulation entre les notes, tout en étant très franches sur les claquements de doigts, avec juste ce qu’il faut de réverbération. La voix de Patricia Barber ressort comme polie, sans aucune des insistances habituelles sur les sifflantes, mais avec un côté parfaitement humain, ressortant correctement les modulations légères des mots. La lisibilité des paroles est exceptionnelle tout en laissant la voix de la chanteuse avec sa propre réverbération très légèrement en arrière-plan, dans le contexte d’un ensemble très homogène.

Réponse légèrement creusée dans le haut-médium (sonorité plus douce), mais sans accident. Le grave descend bas, avec un amortissement en pente douce en dessous de 50 Hz.

SYNTHÈSE DE L’ESTHÉTIQUE SONORE

Courbes de directivité 0, 30°, 45° Directivité un peu marquée : choix du constructeur pour optimiser l’image stéréophonique dans l’axe. On “pincera” légèrement les enceintes vers le point d’écoute.

Les Sonnet de Chario sortent vraiment de l’ordinaire par leur cohérence de diffusion spatiale, la beauté soyeuse de leur timbre, l’ouverture permanente sur les scènes sonores que les preneurs de son ont voulues. Leur plage d’utilisation est extrêmement large gardant une définition constante du grave à l’aigu, sans jamais donner l’impression de forcer ou de projeter le médium aigu. Elles ont vraiment été étudiées pour un plaisir et un confort d’écoute constants, en usage et niveau domestiques, quels que soient les genres musicaux.

Spécifications constructeur Système : deux voies compactes avec évent bass-reflex sortant vers l’arrière

Haut-parleurs : 1 grave médium de 17 cm à

Courbe de consommation Consommation très correcte, avec un petit pic vers 200 Hz. Ne pas hésiter à utiliser un amplificateur assez “musclé”.

membrane Rohacel Full Apex, 1 tweeter à dôme hémisphérique « Silversoft ». Sensibilité : 90 dB/2,8 V/1 m Bande passante : 55 Hz à 20 kHz – 3 dB Fréquence de coupure : 1 180 Hz Impédance nominale : 4 Ohms Dimensions : 44,5 x 23,5 x 34 cm Poids : 14 kg


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