Biézin 2050

Page 1

BIÉZIN 2050

UN PROJET DONT VOUS ÊTES LE HÉROS ! * Ebook à la portée de tous pour imaginer les implications de notre quotidien dans un futur ( pas si lointain ! ) EN CONSTANTE ÉVOLUTION Projet de fin d’étude ‘Design Urbain’ Charlotte Menge 2016


Cet ebook est un projet de fin d’études réalisé dans le cadre du Master 2 « Urbanisme et aménagement », parcours « Design Urbain » à l’institut d’Urbanisme de Grenoble; et avec le regard bienveillant de l’agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise qui m’a accueillie en stage. Je souhaite remercier celles et ceux qui ont participé, de près ou de loin, à l’élaboration de cet objet. L’aventure continue ! Charlotte Menge charlotte.menge@googlemail.com


BIÉZIN 2050

UN PROJET DONT VOUS ÊTES LE HÉROS ! * Ebook à la portée de tous pour imaginer les implications de notre quotidien dans un futur ( pas si lointain ! )


SOMM INTRODUCTION HISTORIQUE CONTEXTE

7 9 11

ANTICIPER/1 12 Le questionnaire 13

Le petit déjeuner 14 Le déjeuner 17 Le diner 19 Sous la douche 20 Les courses 23 Le dimanche 25 Les cadeaux 27 Le sport 29 Le médecin 31 Les déplacements 33 Résultats 34

ANTICIPER/2 36 Les visions 37

Le sac en toile de jute La besace étanche Le panier en osier Le Sac à dos 3.0

38 40 42 44


MAIRE PROJETER/1 46 Les Figures 47

Le Passant 49 Le Flâneur 51 Le Badaud 53 Le Promeneur 55 Le Marcheur 57 Le Randonneur 58

PROJETER/2 60 La proposition 61

Alimentation 63 Agri-Parc 64 La balade continue 74 Biézin Labo 76

CONCLUSION CORPUS/REF. RENCONTRES

79 81 82


eE st

La plaine du Biézin Le mollard la balade du Biézin

cad

DÉCINES-CHAPIEU

Ro

6

INTRODU La stade

CHASSIEU Eurexpo


Le Biézin, ou bien la partie de la plaine de l’Est concernée par cet ouvrage, est constitué de trois entités. La première est une plaine agricole majoritairement céréalière ouvrant une perspective sur la skyline de Lyon, et encadrée par l’urbanisation des communes de Chassieu et de Décines-Charpieu. La deuxième, communément appelée le Mollard, est une partie plus vallonnée, plus boisée, où la culture de maïs est dominante. Enfin la troisième se situe autour du nouveau parc de l’Olympique Lyonnais. Suite à l’arrivée du stade en 2015, un projet paysager fut réalisé par l’agence ILEX [paysage et urbanisme]. Une balade part du stade pour ensuite longer dans un premier temps la rocade Est puis la frange résidentielle de la commune de Chassieu et finir sa course à Eurexpo. Elle offre des contrastes étonnants entre ses cheminements, son mobilier, ses équipements traités de façon très urbaine et les champs bucoliques la jouxtant. Quelle est la place de ces parcelles d’agriculture intensive dans ce contexte amené à devenir de plus en plus urbain ? Comment permettre à cet espace de conserver sa nature première, celle de nourrir, tout en s’ouvrant aux dynamiques urbaines actuelles et à venir ? Le projet Biézin2050 est à la fois une invitation à tout un chacun d’anticiper les impacts territoriaux futurs de sa vie quotidienne actuelle. Le projet Biézin2050 propose aussi un projet redonnant à la plaine sa fonction première, celle d’être nourricière, tout en se faisant une réelle place dans les prospectives territoriales de l’Est Lyonnais.

7

UCTION LOPIN DE TERRE OU RÉSERVE FONCIÈRE, L’AGRICULTURE PÉRIURBAINE EN QUESTION


8

HISTO L’évolution de l’urbanisation de 1820 à 2010 1820

1960

1970

LÉGENDE Urbanisation Masses boisées Aéroport Bron Le Rhône 2010


Contrairement à l’Ouest Lyonnais, l’absence de relief à l’Est n’a pas imposé de limite à l’étalement urbain. Dans les années 1950, suite à une expansion urbaine mal maitrisée et aux remembrements de nombreuses parcelles agricoles, les collectivités prennent conscience de l’importance de préserver une couronne verte constituée d’espaces agricoles et naturels. C’est le SDAL dans les années 1990 qui élabore le concept du V-Vert et protège les espaces dont le Biézin fait partie. Depuis, la zone agricole a été reconnue et/ou protégée par plusieurs documents cadres (ZAP, PENAP, Armaure Verte du SCoT…), ce qui lui permet de conserver une certaine unité et d’offrir une nature proche aux citadins en quête d’air frais. Actuellement, les intentions de l’agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise sont ‘de valoriser l’existant dans le respect des usages en place, favoriser la mise en réseaux en faisant dialoguer les quartiers traversés et permettre une continuité de balade’. Le Biézin, vestige agricole, fait maintenant partie du Parc Linéaire Est Lyonnais, qui prévoit de relier le parc de Parilly au parc de Miribel. Ce parc découle de la volonté du Scot de conserver une Armature Verte à l’échelle de l’agglomération. Avec la création de la nouvelle balade, la plaine agricole, véritable respiration dans le tissu urbain, se retrouve ouverte à de longues balades bucoliques. Mais ce nouveau projet très urbain serait-il un signe avant-coureur de l’urbanisation future de la plaine agricole ?

9

RIQUE L’HISTOIRE D’UNE PLAINE AGRICOLE ASSIÉGÉE PAR LA PRESSION FONCIÈRE.


10

MONT D’OR Parc de Sermenaz

La

Saô

ne

MONTS DU LYONNAIS

Le Rhô

Parc de Lacroix Laval

Parc de la Feyssine

Parc Miribel Jonage

ne

Parc de la Rise

Parc de la Tête d’Or

Parc des Hauteurs

LE BIEZIN Parc Sgt Blandan

Parc de Gerland

Parc de Parilly

L’ISLE CREMIEU

BALMES VIENNOISES


L’agriculture intensive du Biézin doit-elle vraiment être protégée ? Comment justifier le maintien de ces terres face à la pression foncière ? Comment co-construire la plaine du Biézin, horizon 2050? L’agriculture péri-urbaine est-elle uniquement une utopie bohème ou a-elle-réellement un rôle à jouer dans le défi alimentaire de demain ? Comment effectuer une transition d’un espace agricole conventionnel à un projet d’agriculture moderne et commune ? Cette plaine métropolitaine sera-t-elle la plaine nourricière de demain ?

Cet ouvrage tente de répondre à ces questions en faisant réagir sur la problématique alimentaire et en se nourissant de deux approches. Une première approche intitulée ANTICIPER propose de s’interroger sur son mode de vie et l’interpeller à propos de son impact sur le territoire de demain. Elle permet à tout un chacun d’être critique sur l’impact urbanistique et les possibles sociétaux que peuvent engendrer son mode de consommation actuel. Les livres Safari Bordeaux, et Safari Grenoble «le guide dont vous êtes le héros» de l’agence Deux Degrés furent une grande source d’inspiration pour l’aspect ludique de cette approche. La deuxième approche s’intitule PROJETER. C’est un focus sur un projet ‘Biézin2050’, un projet d’agri-parc productif, autonome et co-construit entre agriculteur et population. Loin de porter un discours d’autosuffisance, ce projet cherche un point d’équilibre vertueux où les barrières entre monde urbain et agricole sont tombées.

11

CONTEXTE CETTE PLAINE MÉTROPOLITAINE SERA-T-ELLE LA PLAINE NOURRICIÈRE DE DEMAIN ?


ANTICIPER/1 Volontairement caricatural, ce questionnaire interroge sur les habitudes du quotidien de chacun. L’alimentation, fil rouge de cet ouvrage, est un thème très transversal et touche des secteurs comme les modes de consommation, les habitudes d’achat, la santé, l’énergie... Dix questions sont posées aux lecteurs en s’invitant à leur table, en se glissant sous leurs douches, en épiant leurs courses (…). A la fin de chaque réponse, tu trouveras un petit symbole comme ceux-ci : (=) (*) (/) (#) . Comptabilise tes symboles et reporte-toi à la page 35 pour découvrir vers quelle ville de demain, tes habitudes pourraient nous conduire.


13

LE QUESTIONNAIRE


14

PETIT DÉJEU


LE UNER

15

COCORICO ! IL EST L’HEURE DE SE RÉVEILLER, ET DE PRENDRE UN PETIT DÉJEUNER :

Impossible d’avaler quoique ce soit le matin, un grand café fera amplement l’affaire.(=) Pendant que les tartines de pain semi-complet au levain dorent dans le grille-pain, tu n’arrives pas à te décider sur le nouveau pot de confiture à ouvrir: Tu choisis d’ouvrir la gelée de framboises de mamie. (*) Tu choisis d’ouvrir la gelée de pomme-coing achetée dans ton épicerie bio. (/) Tu viens de finir un grand bol de Frosties quand tu remarques qu’il te reste pas mal de lait. Tu optes pour un dernier petit pain au lait Pasquier agrémenté de Nutella. (#)


16

LE DÉJE


EUNER

17

ALLEZ LES ZOUZOU, IL EST TEMPS DE FAIRE UNE PETITE PAUSE ! Tu sors ton Tupperware en verre et entame ta salade de choux au tofu poêlé avec champignons noirs et des graines de lin. (/) Direction le bistrot du coin, où tu manges une terrine de foie de volaille, un filet de bœuf et une crème mangue-passion. (*) Un rapide détour dans une supérette t’aura permis de trouver ton bonheur, le fameux sandwich triangle poulet rôti mayonnaise ! (=) (#)


18

LE D


DINER

Zut ! Le frigo est vide… Devant cette page blanche, tu décides : D’emmener toute la famille au Mac-Do, tu ne résistes jamais à leur MacFleury sauce caramel topping daim !(#) De faire un bon plat de pâtes, sauce à l’huile (le garde-manger, lui aussi est vide, re-zut !) (=) Ton panier AMAP de légumes fraîchement récupéré, tu as l’embarras du choix pour le plat ce soir. Tu te lances donc dans la recette d’une soupe à la courge au fromage frais de chèvre. (/) Tu réchauffes un bœuf bourguignon, en hiver c’est vraiment le plat idéal. Tu l’accompagnes d’une salade de tomates et d’un gratin de courgettes. (*)

19

C’EST L’HEURE DE PENSER AU REPAS DE CE SOIR.


20

SOUS LA DO


OUCHE

21

PETIT PASSAGE DANS LA SALLE DE BAIN … Dans ton jacuzzi, tu bulles tranquille pendant de longues minutes. Demain, tu rajouteras même de la mousse ! (#) Tu as installé des économiseurs d’eau sur les robinets et un décompte des minutes passées sous la douche. Grâce aux panneaux solaires, l’eau est naturellement tempérée. (=) La salle de bain, c’est quoi ? Tu prends une douche par mois avec une louche en bois… (/)


22

PLUS RIEN DANS LE FRIGO (DÉCIDÉMENT !) ALLONS FAIRE DEUX-TROIS COURSES : Tu as fait tes courses sur internet et les récupères dans un Drive. (#) Accompagné de ta poussette à courses, tu vagabondes au marché pour acheter : Ce qui te semblera sympathique, de toute façon tu compléteras avec des courses provenant du supermarché. (*) Certains produits locaux pour compléter ton panier de légumes Amap que tu reçois toutes les semaines.(/) Tu files à Lidl pour faire de grosses courses qui, tu l’espères, tiendront la semaine. (=)

LES CO


OURSES

23


24

IL FAIT BEAU ET PAS TROP CHAUD, RIEN DE PRÉVU POUR LE MOMENT, QUE POURRAIS-TU FAIRE CE DIMANCHE : Tu restes chez toi ‘tranquillou’ à jardiner et faire des petits travaux d’entretien. (*) L’ A.R.C. (Aventura Ridding Center) vient d’ouvrir, tu t’y rends pour tester un nouveau sport de glisse en salle. (#) Tu rejoins un groupe d’amis pour semer des radis avec eux sur une parcelle de jardins partagés. (/) Ikea est ouvert, tu vas découvrir en taille réelle Skogsvag, un miroir qui conviendrait très bien au mur de ta chambre. (=)

LE DIM


MANCHE

25


26 CE SONT LES 7 ANS DE TON FILLEUL, POUR SON ANNIVERSAIRE TU LUI TROUVES UN CADEAU.

L’OL rencontre le PSG dans une semaine, tu achètes deux places pour lui faire découvrir les joies d’un match de football vécu. (#) Les Légos, à tout âge ça marche ! Tu lui achètes le dernier coffret StarWar, en espérant qu’il l’ouvre rapidement pour pouvoir le monter avec lui ! (*) Tu te rends dans un magasin de commerce équitable des pentes de la Croix-Rousse où tu lui trouve un sublime arc avec des flèches. (/) Grâce aux supers conseils du vendeur de King Jouet, tu repars du magasin avec un mini robot télécommandé. (=)

LES C


CADEAUX

27


28

UN PEU D’ACTIVITÉS PHYSIQUES ? Faire du sport pour faire du sport qu’est-ce que c’est rébarbatif ! Il te faut des sensations, une nouveauté (…) Bref de l’adrénaline ! Grâce à la nouvelle balade autour du stade, tu participes à des séances d’urban street training. En utilisant le nouveau mobilier, le fitness et la musculation deviennent un jeu ! (#) Lundi soir rendez-vous à la salle de sport pour une séance ‘cardiomusculation’. Mais il n’est pas rare de te voir courir en semaine. Grâce au nouvel aménagement près de chez toi, tu as entamé une préparation cycliste pour concourir sur un 60 kilomètres ! (=) Tu rejoins ton club de pétanque tous les samedis sur un terrain près de chez toi, ça compte ? D’ailleurs un nouveau terrain a été construit en même temps que la construction du stade. Les nouveaux tournois se dérouleront peut-être là-bas! (*) Le yoga est depuis plusieurs années LE sport que tu fais régulièrement. Il t’arrive aussi de partir pour de longues balades. Une nouvelle promenade a d’ailleurs été inaugurée toute proche, c’est décidé ce dimanche tu vas la tester. (/)

LE


29

SPORT


30

LE MÉD


DECIN

Tu retournes pour la deuxième fois chez ton docteur généraliste pour qu’il te prescrive enfin un antibiotique efficace. (#) Tu n’as pas encore de fièvre. Un petit détour à la pharmacie t’a convaincu de tout de même prendre un rendez-vous avec ton médecin généraliste le surlendemain. Pour te faire patienter, tu t’automédicamentes avec des pastilles pour la toux, un sirop pour la gorge et spray nasal à l’eau de mer. (*) Après ton énième tisane contre la toux et des tests infructueux du côté des huiles essentielles, tu te décides à prendre un rendez-vous avec ton acuponcteur. (/)

31

TROISIÈME JOUR DE RHUME, PLUS AUCUNE RÉSERVE DE MOUCHOIR, IL EST TEMPS D’AGIR !


32

DÉPLACEM


MENTS

33

DIRECTION LE CENTRE COMMERCIAL DE LA PARTDIEU A bord de ton bolide, tu empruntes les grands axes pour arriver dans le 3ème arrondissement, tournes dans le quartier pour trouver une place de parking pour finalement te résigner à utiliser celui du centre commercial. (*) (#) Tu n’es pas pressé et décides donc d’y aller en vélo. (/) Tu sautes dans un tram, te faufiles pour trouver une place assise et ouvres un livre pour faire passer les longues minutes avant ton arrivée. (=) (#)


34

RÉSUL APRÈS AVOIR LU TA MICRONOUVELLE, RÉAGIS SUR FACEBOOK : https://www.facebook.com/biezin2050


Si tu as plus de (/) reporte toi à la page 38 / 39 pour lire la vision ‘Le sac en toile de jute’

Si tu as plus de (=) reporte toi à la page 40 / 41 pour lire la vision ‘La besace étanche’ Si tu as plus de (*) reporte toi à la page 42 / 43 pour lire la vision ‘Le panier en osier’ Si tu as plus de (#) reporte toi à la page 44 / 45 pour lire la vision ‘Le sac 3.0’

35

LTATS APRÈS AVOIR FAIS LE DÉCOMPTE DE TES SYMBOLES, TU PEUX CONNAÎTRE MAINTENANT COMMENT LE BIÉZIN POURRAIT ÉVOLUER PENDANT CES FUTURES ANNÉES SI TES HABITUDES RESTENT LES MÊMES !


36

ANTICIPER/2 Les visions sont quatre micro-nouvelles qui projettent une image de la future plaine du Biézin dans des systèmes économiques et sociétaux extrêmes. Encore une fois, ces quatre visions sont caricaturales. Ils s’inspirent cependant de nombreux faits et lectures sur la situation actuelle agricole, énergétique, sociale et économique. Ils reprennent des théories ou scénarios reconnus telle que NégaWatt ou Afterre 2050. Certains projets urbanistiques, architecturaux, ou paysagers sont aussi à la base de ces quatre nouvelles. Enfin plusieurs films, ayant un scénario futuriste, sont à l’origine des ‘faits imaginaires’ de ces visions. Chacune de ces histoires crée une impression de réel, de possible et dans le même temps ces visions sont des nouvelles totalement fictives. Des récits qui font écho à tes habitudes, et qui font appel à ton imagination !


LES VISIONS


38

LE SAC EN TOILE DE JUTE Aujourd’hui nous commémorons les 20 vingt ans d’une date qui a changé la face de notre société. Le 23 avril 2030, ce fut le choc. Un petit garçon meurt de faim dans sa ville natale de Lille. Des images traumatisantes sont diffusées sur les réseaux sociaux et dans les médias. Lucas avait 6 ans, et ce fut, hélas, le premier d’une suite de décès liés à la famine et à la précarité de cette époque. Mais depuis 20 ans, la France s’est, comment dire… réveillée. En 2030, nous avons abandonné nos bureaux et nos écrans. Il était devenu plus important de pouvoir maitriser collectivement notre nourriture, notre énergie, notre eau, et que tous puissent bénéficier des mêmes conditions de vie. Finis les lobbyings alimentaires, finies les grandes multinationales, finie la mainmise aveugle de l’État. 20%, puis 40% pour enfin arriver à 70% de la population s’est mise à boycotter le système de consommation.


39

En 2016, à Chassieu, nous étions voisins de grandes plaines céréalières. Après les années de boycotts, cette agriculture n’était plus rentable. Les agriculteurs et nous, les riverains, avons décidé d’agir ensemble pour produire localement une alimentation pour le plus grand nombre. Nous avons transformé les céréales en légumes ! Pour nourrir le plus grand nombre, nous ne mangeons quasiment plus de viande, et c’est vrai qu’un bon steak parfois, ça me manque… Mais en contrepartie, nous avons renoué avec un esprit communautaire où tout le monde est à la même enseigne. A tour de rôle, nous nous occupons des cultures, des vaches laitières, du champ d’éoliennes, des puits … Nous nous réunissons tous les mois pour faire le point sur les besoins futurs de la communauté, et une fois par an, c’est la Grande Réunion de l’agglomération. Tout le territoire est divisé en groupe de 1000 personnes. Chaque 1000 a ses spécialités (nous, ce sont les toiles de jute). C’est pendant la Grande Réunion qu’il est décidé où notre surplus de maraîchage et nos fabrications de toiles iront. En retour, nous recevons d’autres denrées, des objets que nous ne produisons pas, des heures d’enseignement sur de nouvelles techniques de construction ou d’agriculture… Chaque année, par exemple, une partie de notre production est échangée avec les ‘1000 BadGones’. Ils ont transformé le stade de l’Olympique lyonnais en une gigantesque serre et nous fournissent toutes les graines et les plants pour nos cultures. Certaines années, nous avons même le droit à du chocolat et du café (en très petite quantité hélas). Mais qui sait, avec le réchauffement climatique, nous pourrons peut-être bientôt en produire sur le Biézin !


40

LA BESACE ÉTANCHE Il est 18h, je sors de l’usine du Biézin après 9h de travail. Mon usine produit l’Alternative, une soupe protéinée faite à base de spiruline. L’usine a été construite en 2040 par l’Etat. Il y a 10 ans, la France s’enfonçait dans une crise économique inextricable. L’Europe avait éclaté, mettant fin à toutes les aides agricoles. La fameuse transition énergétique en était toujours à son début quand les prix du pétrole ont soudainement augmenté. De 1 euro à 4 euros, ce choc pétrolier a eu de lourdes conséquences. Sans aides et sans pouvoir accéder à une source d’énergie, les céréaliers, les agriculteurs, les industriels, les transporteurs ont abandonné leurs activités économiques. Le pays était complétement arrêté, en veille… Cette crise affecta les couches sociales moyennes et basses, et majoritairement la population citadine, plus dépendante des flux entrants. Le manque d’approvisionnement alimentaire entraina un exode urbain. Les villes se vidèrent, créant de grandes


41

tensions dans les campagnes entre les populations arrivantes et les populations résidentes. Pour éviter que la situation n’empire, l’Etat échafauda le plan d’urgence ‘Alternative’. «Un Français, Une Alternative !» scandaient les médias. Dans chaque ville, une ou plusieurs usines furent construites pour produire une ration d’alimentation répondant aux besoins vitaux de l’homme. Placées de façon stratégique sur le territoire, ces usines sont connectées aux centres villes par les anciens réseaux de tramways et de trains. Chaque jour, nous avons le droit à une ration de 250g. Cette ration, d’aspect visqueux et vert, ressemble à de la Jelly anglaise ! Je la transporte toujours dans ma besace étanche pour ne pas en perdre. Ici, au Biézin, l’usine est implantée juste à côté de l’ancien stade de l’OL. L’Etat l’a réquisitionnée pour pouvoir installer le système de production d’énergie faisant fonctionner la ligne de tramway. Les rations de soupe partent pour le centre-ville tous les jours, dans des wagons dédiés aux frets. C’est l’occasion aussi de me rendre dans le centre, car il n’y a qu’un tram par jour maintenant… La spiruline, c’est la plante qui nous a tous sauvés ! Elle n’est pas capricieuse, il lui faut juste du soleil et de l’eau pour pousser. Nous pompons donc la nappe phréatique sous l’usine pour pouvoir alimenter les bassins en hydroponie. Rien ne se perd, les déchets sont transformés en granulats combustibles pour alimenter le chauffage des maisons. Grâce à l’ ‘Alternative’, nous avons évité la guerre civile, tout le monde mange à sa faim, et le pays a retrouvé une certaine stabilité.


42

LE PANIER EN OSIER Nous sommes le 11 août 2050, c’est une date importante : mon fils vient d’avoir 18 ans. Alors armée de mon panier en osier, je file voir si je peux échanger quelques kilos de pomme de terre pour faire une tarte. Mon premier réflexe est de partir en direction de la rue des Tournesols. Plusieurs nouvelles constructions se sont regroupées en coop’résidence. Ces nouveaux voisins ont organisé une parcelle commune où ils cultivent ensemble du blé et d’autres céréales. Ils ont aussi construit un moulin pour faire de la farine. Ce sont les seuls à produire des céréales dans toute la zone. Pourtant quand j’étais petite, il y avait de grands champs de blé et de colza qui devenaient jaune-or au printemps et dans lesquels je faisais du vélo… Ce temps-là est bien révolu. En 35 ans, les habitations ont remplacé les cultures, dans un premier temps en bordure, puis, à partir de 2030, tout s’est accéléré. En 20 ans, tout a été rempli ! Ce n’était plus la priorité de l’Etat de protéger et


43

conserver ces zones non-construites. Certains industriels se sont aussi installés. Les promoteurs se sont emparés des terres pour en faire de nouveaux projets immobiliers. La demande était forte car il était devenu important d’avoir un bout de terrain à cultiver pour nourrir sa famille. Une minorité de gens a un travail et les grandes surfaces sont devenues trop chères pour beaucoup d’entre nous. Alors nous avons vu à Décines les pelouses se transformer en jardin, les piscines devenir des serres, les haies en thuya être dessouchées pour faire place à des haies de petits fruits, et les poules et autres petits animaux de compagnie ont fait leur grand retour. J’arrive à la coop’résidence du Moulin. Après avoir marchandé longuement, je repars avec un kilo de farine contre cinq kilos de pomme de terre. Il me reste à trouver le beurre. Tout proche, je retrouve ma tante qui a deux vaches dans son jardin et me dépanne de quelques grammes de beurre pour l’occasion. Il ne me manque plus que les fraises. Nous en avons eu dans le jardin mais ce n’est plus la saison. Dans le centre-ville, des fermes installées sur les toits des immeubles en produisent toute l’année. Pas question de marchandage avec les boutiques du centre-ville tout est resté payant et il faut de vrais francs ! Pour m’y rendre, je vais monter dans un tramway en faisant attention d’éviter le stade. Ce dernier est le plus grand lieu d’accueil de Lyon de population marginale et /ou défavorisée. Ils ont fabriqué des maisons de fortune et les ont installées sur l’ancienne pelouse de football. Des associations passent une fois par jour pour leur donner des repas. Ce n’est vraiment pas un lieu fréquentable. Avec mes voisins, nous avons instauré un tour de garde nocturne dans le quartier pour éviter que ces gens nous volent nos récoltes !


44

LE SAC À DOS 3.0 Pour ces prochaines vacances de Noël, nous avons décidé de découvrir OL Paradize, ce centre d’attraction dont tout le monde parle. Nous avons déjà réservé plusieurs activités : un cours de surf sur vagues artificielles autour du stade, une séance de fabrication de bonhomme de neige (avec concours du plus beau à la clef !) et deux heures de détente au soleil dans des bains de boues au souffre. J’aimerais bien voir un match de football le soir, mais mon compagnon a repéré un restaurant gastronomique vraiment très ‘tradi’. Je trouve ça tellement has-been ! Nous pourrions simplement emmener quelques capsules Foodor, trouver un transformateur de capsules et avoir des plats tout à fait équilibrés en moins de cinq secondes.


45

Passer plus de quatre heures dans un restaurant, je trouve cela vraiment très long. Mais bon, toute la nourriture est produite comme avant, dans la terre avec de l’eau et tout ça ! C’est une expérience qu’on ne fait qu’une fois dans sa vie. Il y a 30 ans, il n’y avait pas encore eu la Grande Découverte et toute la nourriture était produite grâce à de la terre. Depuis la Grande Découverte, plus besoin de se préoccuper de la terre et de ses ressources. Tout nous provient d’une équation chimique révolutionnaire qui permet de dématérialiser nos besoins vitaux. Sans la Grande Découverte, je ne sais pas comment nous aurions pu survivre, certains annonçaient des guerres, d’autres de grandes périodes de famine, ou d’épidémie… Une crise mondialisée ! Au lieu de ça, nous avons pu développer une nouvelle façon de vivre, et toute la planète a pu en profiter. Par exemple, je travaille dans une entreprise qui donne des petits droïdes volants dans lesquels on s’installe debout et que l’on programme sur une destination. C’est ce droïde intelligent qui choisit la meilleure route, et les haltes les plus adaptées à notre style de vie. Pour ces vacances, il faudra d’ailleurs que je les équipe de sacs 3.0, des coques anti-UV renforcées car il me semble que la température est de 45° à Lyon en hiver… La Grande Découverte a précipité le réchauffement climatique, mais notre avancée technologique nous permet de ne pas s’en soucier !


PROJETER/1 Une vingtaine d’entretiens ont permis d’appréhender les usages actuels du Biézin. On peut identifier plusieurs figures ‘en mouvement’. Le type de mouvement est un élément important pour connaître leurs implications dans ce territoire. On peut supposer qu’une personne prenant son temps, à pied, avec des enfants, n’habitera pas très loin. Ou encore, l’individu dans le bus se rendant à un match de football ne fera que traverser le Biézin, et effectue donc un passage furtif sur le site de projet. Grâce à ces rencontres, le projet Biézin2050 s’ancre dans le territoire. Il tente de répondre à la fois aux usages mobiles et propose de prendre racine dans ces terres.


LES FIGURES


48

LE PASS


SANT

49

LE PASSANT EST CELUI QUI TRAVERSE LE LIEU, CONTINUE SANS S’ARRÊTER ET UTILISE LA BALADE POUR ATTEINDRE UN AUTRE SITE. ‘L’observatoire c’est là où l’on se retrouve tous, on vient en moto, ou à pied. Nous ne faisons pas la balade, nous restons juste ici, en haut ou en bas. Ici, nous ne dérangeons personne alors nous mettons un peu de musique’. ‘C’est très rapide pour aller au centre-ville avec un bus et les tramways. Nous y allons souvent, mais c’est bien aussi de se retrouver ici. Ça serait bien de pouvoir se rendre encore plus rapidement dans le centre’. ‘Je vais vite chercher mon pain, et ensuite, je pars en vacances. Je n’ai pas le temps de vous parler !’


50

LE FLÂN


NEUR

‘Je viens de temps en temps, à pied, en vélo ou même en moto parfois ! Mais je sais que c’est interdit. Donc le plus souvent, c’est en VTT car à pied, c’est long.’ ‘Nous prenons la voiture pour nous garer au stand de l’aéromodélisme et on rejoint à pied la balade par le chemin des tournesols. Le week-end nous faisons parfois toute la boucle en vélo, mais la montée (du mollard) est très raide.’ ‘Le seul problème, c’est que comme ce n’est pas accessible aux voitures, ça risque de ne pas être très fréquenté car les gens ne marchent pas beaucoup…’

51

LE FLÂNEUR EST UN PROMENEUR SANS BUT PRÉCIS. ALLANT D’UN POINT À UN AUTRE, IL NE PRÉVOIT PAS DE S’ARRÊTER SUR SON CHEMIN ET PROFITE DU CADRE.


52

LE BAD


DAUD

‘Nous croisons souvent les mêmes personnes, c’est marrant. Pourtant nous ne nous connaissons pas. Il y a un maraîcher, plus loin en bas. Je le connais car je lui achète des légumes le samedi matin au marché de Chassieu.’ ‘Cet été il pourrait installer des petites piscines pour les plus petits, ça serait marrant ! Et pourquoi pas une buvette, par exemple une charrette qui s’installerait.’ ‘Je fais des légumes asiatiques. Les gens passent et me demandent ce que c’est. Je leur en donne un peu et ils reviennent en me disant que c’était bon et on s’échange des graines.’

53

LE BADAUD EST CURIEUX DE TOUS LES ‘SPECTACLES’ QUE PEUVENT LUI APPORTER SA MARCHE. IL S’ATTARDE À LES REGARDER ET PEUT MÊME ENVISAGER DE S’INSTALLER QUELQUES INSTANTS À CET ENDROIT.


54

LE PROMENEUR AIME MARCHER POUR L’AGRÉMENT, POUR LE PLAISIR DE LA BALADE. IL EST GÉNÉRALEMENT À PIED ET SOUVENT ACCOMPAGNÉ. IL VIENT PROFITER DU CADRE ‘NATUREL’ DE LA BALADE ET DE SON CALME.

‘Pour venir sur cette balade, nous prenons la voiture. Il n’existe pas de route piétonne. Et puis avec tout le trafic de la départementale et de l’autoroute 43, ce n’est vraiment pas intéressant de marcher là-bas. Alors, nous prenons notre voiture depuis Bron pour nous garer au carrefour, là où les gens font de l’aéromodélisme. Depuis l’élargissement de la voie (Elisée Reclus) pour le nouveau stade, ce n’est plus intéressant de se promener. Les gens roulent comme des dingues et dans les deux sens !’ ‘Nous venons souvent sur la balade car elle est très bien sécurisée pour les enfants.Nous venons profiter du soleil sur cette balade et profiter des grandes perspectives.’

LE PR


ROMENEUR

55


56

LE MARCHEUR EFFECTUE MÉCANIQUEMENT L’ACTE DE MARCHER CAR IL PEUT ÊTRE, PAR EXEMPLE, EN TRAIN DE TRAVAILLER. ‘Je fais de la culture raisonnée. Par exemple je ne traite pas le sol pour les carottes, je mets des bâches comme on peut voir là-bas. Toute une partie de mon exploitation est céréalière. Mais il ne faut pas croire, ça ne paie pas ! Heureusement, j’ai le maraichage. Comme mon grand-père, je vends tout sur le marché. Beaucoup aimeraient changer leur exploitation. Mais ce n’est pas simple. Il faut se faire une place sur le marché. Le matériel n’est pas le même… Une copine m’a conseillé de faire de la vente genre Amap. Je pense que je vais construire un petit local pour faire de la vente directe car la ferme est en plein Chassieu.’ ‘Pour la construction du stade, ils ont fait passer une route sur les terrains que je cultivais. Je me suis juste décalé. Mais si je n’avais eu que cette terre, je ne sais pas ce que j’aurais fait ! Et puis je suis locataire des terres, comme beaucoup d’entre nous. Avec les gars qui ont planté la balade, on se connait bien. Eux aussi travaillaient sur la plaine.’ ‘Pour aller au stade les soirs de match, conduire le bus sur la nouvelle route, c’est royal! Mais pour l’Euro ils ont demandé des volontaires pour faire d’autres routes. Moi c’est mon quartier, alors j’ai dit oui ! Mais quel bordel, la sécurité ils n’ont pas l’habitude de nos grands bus.’

LE


57

E MARCHEUR


58

LE RANDONN


NEUR

‘J’habite à Chassieu et tous les jours je vais en marchant jusqu’au stade. Je reviens par le même chemin. La balade est calme. On fait notre sport comme ça.’ ‘J’essaie de me rendre au nouveau stade, mais je me suis perdu déjà trois fois. Rien n’est indiqué !’ ‘Quand nous partons pour un footing avec ma femme, nous faisons une boucle en partant de Chassieu, puis nous passons par Décines, et nous finissons par l’Eurexpo. Ça fait une belle boucle.’

59

LE RANDONNEUR MARCHE, COURT, TRAVERSE LE SITE DANS LE BUT D’EFFECTUER UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE. IL SE DÉPENSE SUR UNE PÉRIODE DE PLUTÔT LONGUE DURÉE SUR DES CIRCUITS LE PLUS SOUVENT BALISÉS.


PROJETER/2 Dans ce projet, il y a deux axes de travail : l’agriculture et la fonction de parc du projet. Mon intention est de proposer un agri-parc co-construit qui installe une nouvelle agriculture locale. Biézin 2050, future plaine nourricière de demain ?


61

LA PROPOSITION


62

LE PROJET ADOPTE LE PARTI PRIS D’UNE AGRICULTURE PÉRI-URBAINE VIVRIÈRE. La calculette produite par l’étude du système alimentaire de l’aire métropolitaine lyonnaise, réalisée par l’observatoire des espaces agricoles et naturels, permet de déterminer la surface nécessaire pour satisfaire les besoins nutritionnels d’un homme sur une année (2500m²). 550 000 ha de SAU sont disponibles dans l’aire métropolitaine, alors que 783 000 ha sont nécessaires pour nourrir toute la population. Il est donc urgent de stopper l’artificialisation des sols ! Est-ce que le Biézin peut, à l’horizon 2050 apporter une pierre à cet édifice et ainsi produire une partie des aliments nécessaires aux habitants de la métropole ? Grâce au Biézin, combien de personnes pourraient-être nourries à l’année ? Basée sur cette étude, sur les scénario Afterre2050, NégaWatt et sur d’autres évolutions urbaines en cours, cette surface de terre peut produire théoriquement plus d’un million de repas complets à l’année et de façon ‘autonome’, soit nourrir plus de 1000 personnes avec, par jour, 325g de légumes, 375g de fruits, 150g de pommes de terre, 320g de céréales, 40g d’huile, 500ml de produits laitiers et 150g de viandes, volailles, œufs.

ALI


IMENTATION

63


64

AGRI-PARC

Logistique du dernier kilomètre

Forêt

Plantes Industrielles Fruits

Légumes

Surfaces en herbe et fourrage Oléoprotéagineux Céréales

32Ha

6Ha

Urbanisation et projet 110Ha

Lieu de transformation et de logistique

32Ha

80Ha


Une nouvelle répartition des productions est mise en place au gré des opportunités foncières, des volontés politiques et citoyennes. L’élevage est de retour sur le Mollard. Le maraîchage triple sa superficie. On retrouve des vergers pâturés, de l’agro-foresterie afin de développer la filière énergiebois. Le bocage est maintenu ou créé et organisé de façon à ce qu’il soit, lui aussi, producteur d’énergie. Enfin, des rotations de cultures sont mises en place. Le paysage de la plaine arbore une nouvelle palette de couleurs. Une nouvelle temporalité s’installe. La rotation des cultures ainsi que les bocages aident progressivement à la reconstruction des sols. De nouveaux systèmes de transformation alimentaire collectifs et de transports sont mis au point afin d’acheminer les denrées aux consommateurs concernés. Les méthodes conventionnelles de culture sont petit à petit remplacées pour permettre le développement de système alternatif, tel que la permaculture. En 2050 un système agricole autonome est en place, viable sur du long terme, respectueux de son environnement et écoulant sa production dans les circuits-courts. Cette ‘ferme agricole’ de 260ha ne dépend plus des importations, ni des cours de marché, ni de subventions. Elle est donc très réactive et adaptable, par exemple face au changement climatique. Même si ce scénario atteint rapidement ces limites théoriques, il permet de s’interroger sur le grand défi alimentaire qui nous attend.

65

L’AGRI-PARC : POUR PRODUIRE UN MILLION DE REPAS À L’ANNÉE ET DE FAÇON AUTONOME, UNE NOUVELLE RÉPARTITION DES PRODUCTIONS AGRICOLES EST NÉCESSAIRE


66 1

Lieu de transformation, de logistique et de vente alimentaire

2

Zone mixte en lien avec le sport

3

Nouvelles habitations, sensibilisation et rĂŠglementaire

4

Jardin social

5

InnoCampus agricole

6

Agrandissement des jardins partagĂŠs

7

Le chemin des tournesols, des temps de partage

1

5

3

4

B

A

7

2

C 3 2 1 6

3

3


Vaste lieu de balade, il permet de partir à la découverte des paysages offerts par la nouvelle répartition agricole. Respiration dans un tissu résidentiel mixte, il apporte une ouverture visuelle offrant des lieux de contemplation. Entre skyline et périurbanisation, les perspectives permettent une meilleure compréhension du territoire. Ponctuellement, des lieux invitent à faire une pause où événements, installations, espaces de partage (etc.) sensibilisent le passant sur les questions alimentaires (cuisine d’été, buvette, marché, jardin partagé…). Enfin l’arrivée du stade induit de nouveaux partages du sol au sein de la plaine. Agriculture, foresterie, élevage sont mariés avec de nouveaux usages sportifs. Proposés à des endroits stratégiques du Biézin, le projet de parc se décline en sept points d’action, numérotés sur la carte ci-contre. Ces projets dans le projet sont mis en place dans les quinze premières années.

67

L’AGRI-PARC CETTE PLAINE EST UNE OCCASION UNIQUE DANS L’AGGLOMÉRATION DE CONSTRUIRE UN PROJET COMMUN ENTRE AGRICULTURE ET LOISIR.


68


De nouveaux systèmes de transformation alimentaire collectifs et de transport sont mis au point afin d’acheminer les denrées aux consommateurs concernés. On pense par exemple aux espaces de transformation en commun; où les particuliers peuvent venir mettre en en conserve leurs récoltes aux côtés de professionnels. Pour l’abattage des bestiaux, un abattoir en unité mobile peut se rendre sur le Biézin une à deux fois par semaine sur le site. Pour la distribution, les aliments peuvent être vendus sur place ou partir dans le centre par voies de tramway. Pour faire ‘atterrir’ le stade, une épaisseur végétale pourrait lui permettre une meilleure intégration dans le paysage. Développer un grand bois pourrait permettre de produire de l’énergie, via la production de granulat ou même via les réseaux de circuits-courts. Ces bois pourraient être le support d’une zone de balade. Un élevage de cochons pourrait être envisagé à condition que la cohabitation entre ces trois usages soit vécue en bonne intelligence par tous les usagers et utilisateurs du site.

69

EXEMPLE EN IMAGE/ POINT DE VUE A AUTOUR DU STADE : ‘APRÈS LE MATCH, JE VAIS ACHETER MES LARDONS À LA COOP.! ’


70


Proche du collège de Maryse Bastié, une parcelle agricole est vouée à être urbanisée. Le projet Biézin2050 propose de transformer ces parcelles en surface d’agricultures expérimentales (permaculture, agroforesterie...) conjointement avec l’ouverture d’une filière professionnelle dans le collège. Cette parcelle est l’occasion de sensibiliser les jeunes au métier de la terre et de développer une nouvelle génération d’agriculteurs innovants. C’est aussi l’occasion de créer un pôle d’innovation agricole périurbaine au sein de l’agglomération lyonnaise. Sur la carte, les projets 3, 4, 5 et 6 sont des projets de ‘culture de terre’. Le fait de jardiner et d’avoir un contact direct avec son alimentation fait appel à notre inconscient collectif. Ce dernier est une accumulation d’archétypes induits par des millénaires de cueillettes, de chasses, et de cultures du sol. Il est temps de renouer avec ce qui nous a construit, en se remettant les mains dans la terre et en revalorisant cette précieuse filière d’étude.

71

EXEMPLE EN IMAGE/ POINT DE VUE B LE COLLÈGE MARYSE BASTIÉ: ‘QUAND JE SERAIS GRAND, JE SERAIS AGRICULTEUR, MAIS EN BIO ! ‘


72


Le chemin des tournesols coupe la plaine agricole du Nord au Sud et crée un lien entre Décine-Charpieu et Chassieu. Une association d’aéromodélisme se regroupe tous les jours à mi-chemin, pour faire voler ses petits avions colorés au-dessus des plaines céréalières. Le projet Biézin2050 propose de créer une boucle en intégrant ce chemin. L’espace d’aéromodélisme, le belvédère de la balade Ilexoise et des parcelles gelées du Mollard deviennent à l’horizon 2030 des micro-espaces publics polyvalents et évolutifs. Aménager pour permettre à tous les citadins de pratiquer cette boucle et ces placettes, ils sont le support pour des évènements ponctuels ou réguliers laissés à l’initiative collaborative et soutenus par les collectivités. Conjointement à ces micro-espaces publics, la construction des bâtiments agricoles est permise et ils peuvent euxaussi être le support à des évènements. Par exemple, en été, les granges vides peuvent accueillir des concerts. Un maillage de cheminement pourra être développé à partir de cette boucle. La valeur de l’espace public est laissée à l’initiative des agriculteurs, qui pourront proposer des cheminements en fonction du type de leurs cultures, de la saison et des problématiques techniques. Par exemple une bande entre deux cultures de blé régulièrement fauchée qui disparait lors du semis de l’engrais vert automnal. Le chemin des tournesols est un support pour investir de manière coopérative cette plaine. Il est encadré par le projet global d’agriculture afin d’assurer la viabilité productive de ces 240Ha. Il est aussi dépendant des dynamiques extérieures pour lui permettre de rester maîtrisé. Si, dans un premier temps, cet encadrement est clair et fort, à l’horizon 2050 on peut espérer qu’une auto-responsabilité et une auto-surveillance entre les utilisateurs se sont instaurées.

73

EXEMPLE EN IMAGE/ POINT DE VUE C LE MOLLARD, UN VERGER PATURÉ : ‘AUJOURD’HUI, C’EST LA DÉCOUVERTE DE LA TONTE DE BREBIS !’


74

Grand Large Décines Charpieu Vaux en velin

Stade

Biézin Chassieu

Bron

GOLF DE BRON

Fort de Bron Cimetière -Parc Parc de Parilly Vers Parc Blandan

La balme de Parilly


75

LA BALADE CONTINUE : LE PROJET BIÉZIN2050 EST UNE SÉQUENCE DU PARC LINÉAIRE EST LYONNAIS.

LÉGENDE

La balade continue Espaces verts Fils de l’urbain Parcelles agricoles Fils de l’agriculture Berges Fils de l’eau «OL - Land» Les balades

L’agri-parc du Biézin se transforme en laboratoire expérimental, vitrine de l’innovation agricole. Pour ne pas enclaver le projet et s’intégrer dans le tissu urbain, le lien avec les espaces verts voisins doit être créé. Une liaison verte est mise en place en passant par le golf de Chassieu, le Fort de Bron, le Parc-Cimetière du Grand Lyon, puis le Parc de Parilly. Ainsi les habitants de Bron pourront venir découvrir ce projet ‘laboratoire’ en utlisant un mode doux de déplacement. Au Nord, un lien doit être trouvé avec le Grand Large. En plus de cette succession de balades, ces liaisons vertes permettent une continuité écologique au sein du tissu urbain. Ainsi, à l’horizon 2100, on peut fantasmer une agglomération lyonnaise toute de vert vêtue, autonome d’un point de vue alimentaire et avec un réel écosystème en place.


76 e Ferm

al res ion égét rmat par le v des toitu o f s n e n r a u o r u i t s q t i e a n ist tre d sific oductio Log Cen Den Pr

é artag

in P

Jard

F

e grair re ruitè isylve a F e r p iè Ri ourv

étro ine SkyL que M tive Agri Logisti d’Es Parc

ine

urba

ion

rmat

Cen

e fo tre d

PLU


in Biéz

BIÉZIN LABO

‘L’URBANISME DU RÉEL’ age

Boc

U

‘L’URBANISME DU POSSIBLE’

‘L’URBANISME DU FANTASME’

LABORATOIRE DE L’INNOVATION AGRICOLE : LE PROJET DEVIENT ÉCO-SYSTÉMIQUE PERMETTANT À LA POPULATION DE SE RÉAPPROPRIER CES TERRES, ET DE FAIRE TOMBER LES BARRIÈRES ENTRE LE MONDE AGRICOLE ET URBAIN Les pratiques agricoles sont réintégrées dans le quotidien des gens, et les usages peuvent être conciliés. Ce ‘laboratoire’ pourrait être le départ d’un effet boule de neige sur le reste du territoire. Les collectivités peuvent s’emparer du sujet pour intégrer certains principes dans leurs communes (lieux de transformation communs, jardins partagés solidaires...). Les entreprises peuvent investir dans ce domaine d’avenir, par exemple avec des fermes urbaines d’aquaculture en complément aux repas biézinois. Enfin, la population peut transformer son jardin, sa terrasse, son toit pour produire une partie de son alimentation.

77

Parc

Agri


78

CONCL Inversion du regard , la ville face aux espaces naturels de l’agglomÊration lyonnaise


79

LUSION FAIRE DE L’AGRICULTURE UNE COMPOSANTE URBAINE À PART ENTIÈRE

Cet ebook réinterroge les outils urbains de protections et propose une réponse : un agri-parc productif, autonome et commun entre agriculteurs et population. Loin de porter un discours d’autosuffisance, ce projet cherche un point d’équilibre vertueux où les barrières entre monde urbain et agricole sont tombées. En ne faisant plus qu’une seule dynamique, l’agriculture conventionnelle bascule au profit d’une agriculture innovante et ouverte aux citadins, mettant en avant le potentiel de la ville comme espace de production alimentaire à part-entière. Laboratoire agricole autonome, le projet Biézin2050 permet de tester les nouvelles formes d’agricultures productives et hybrides afin d’être une référence pour toute la métropole et de favoriser l’implantation de nouveaux sites de production en réseau dans le tissu métropolitain.

Parallèlement, le projet Biézin2050 fait œuvre de pédagogie. Par ces démarches d’ouverture, de partage d’espaces et d’accessibilités, il utilise des leviers du goût, de la santé, des inconscients collectifs autour du travail de la terre pour sensibiliser et pousser à l’initiative sur la thématique de l’alimentation. C’est dans cet esprit pédagogique que cet ebook est né. Car pour pouvoir fonctionner, être viable et durable, ce projet a besoin d’une implication collaborative et citoyenne. Sans ça, il restera une agriculture de ‘décor bucolique’ à la balade. En devenant un paysage dynamique et actif, ce projet agricole devient une nouvelle composante urbaine à part entière. En vase communicant avec les quartiers alentours, il construit la ville de demain et partage la même vision urbaine que ses voisins citadins.


80

CORPUS La connaissance du territoire :

*SCOT2030 Agglomération Lyonnaise, Sépal, Agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise *Parc Linéaire de l’Est lyonnais, Rendu phase 1, document de travail, Grand Lyon La Métropole, Agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise *Des liens ville/nature pour l’agglomération lyonnaise, Atelier pédagogique de ENSP 2007-2011

Références et inspiration pour l’écriture du questionnaire *Guide Safari Grenoble, Agence Deux Degrés *Guide Safari Bordeaux, Agence Deux Degrés

Références et inspiration pour l’écriture des micro-nouvelles

*Quel avenir pour nos terres agricoles? Conférence débat de Kaizen Magazine, en replay : https://soundcloud.com/kaizenmag/quel-avenirpour-nos-terres-agricole *Négawatt, Conférence *Scénario Afterrre2050 accessible sur http://solagro.org/ *Aménager les paysages de l’après– pétrole, Regis Ambroise et Odile Marcel, Collectif PAP, Editions Charles Léopold Mayer

Coredem *Demain, film de Cyril Dion et Mélanie Laurent *Vidéo pour du financement solidaire de la production d’un film sur la permaculture, http://fr.ulule.com/market-gardener/ *Agriculture urbaine de l’oxymore à la synergie, Christophe Soulard Géographe Inra de Montpellier, Trait urbain 60, Mai 2013 *Luc Schuitten, http://www.vegetalcity.net/ *Films références pour l’écriture des micro-nouvelles : Snowpiercer de Joon-Ho Bong / La Belle Verte de Coline Serreau/ Le Cinquième Elément de Luc Besson / Waterworld de Kevin Reynold.

Références pour les figures

*Amiens 2030, le quotidien en projet, Collectif Bazard Urbain

Corpus de lecture pour la partie ‘projeter’

*Le système alimentaire de l’aire métropolitaine lyonnaise, 50 cartes et schémas commentés pour connaitre, comprendre, agir, Observatoire des espaces agricoles et naturels de l’agence de l’aire métropolitaine lyonnaise, Agence d’urbanisme Lyon et Saint-Etienne, 2016, en open-source sur http://documentation.urbalyon.org *Chéri, tu descends la poule ? Sandrine Berthaud-Clair, Le monde, 6 Mars 2016 *Ces associés fermiers disent oui aux circuits courts, Laurence Soleymieux, Actu Monts du Lyonnais, Le progrès, 9 avril 2016


*Projets de l’agence FABRIQUES, http://www.fabriques-ap.net/ category/projets-2/paysages-agricoles/ *Le Grand Parc de Miribel Jonage http://www.grand-parc.fr/lessaveurs-du-grand-parc *Les jardins de Lucie *Les jardins de Vartan *Concours d’idées de la Côte d’Albatre (...)

Bibliograhie

*Food and urbanisme the convivial city and a sustainable future, Susan Parham, Bloomsbury edition, 2015 *Garden Cities, Theory and Practice of agrarian urbanism, Andrés Duany and DPZ, 2006 *Carrot city, Creating places for urban agriculture, Mark Gorgolewski, June Komisar and Joe Nasr, 2012

Références de projets pour la partie ‘projeter’

*Tram-Fret : Zurich-saulbereszverich *http://cuisineitinerante.com/ *Supermarché Auchan O’tera *Dryade, une Amap bois *Projet R-Urban à Collombes du collectif Etc *Shenyang Jianzhu University Campus, projet de l’agence Turenscape

Les sources

*Fonds cartographiques issus de Géoportail (p.6), UrbaLyon (p.7,65,67,75) et Ensp Versailles (p.78) *Photographies et illustrations Charlotte Menge

81

S ET REF. *La ferme urbaine va produire truites et champignons, François Guttin-Lombard, Le progrès, le 28 mars 2016 *Des travaux pour réhabiliter des terrains et les rendre aux agriculteurs, Le Dauphiné Libéré, vendredi 15 avril 2016 *Cultiver partout, M3, numéro 9, Printemps/Eté 2015 *Agriculture et ville, Espaces et sociétés, 158 n°3, 2014 *De l’agriculture urbaine à l’agri-urbanisme, Isabelle Berthier Diagonal, revue des équipes d’urbanisme, n°193, Mars 2015 *Agriculture urbaine de l’oxymore à la synergie, Traits urbains numéro 60, Avril/Mai 2013 * L’espoir dans le potager, Charlotte Fauve, EK ville en transition architecture durables, numéro 39, Juin/Juillet 2014 *David Mangin : Coupes la ville de Lyon de 2050 à 2100, des titres tirés des théories sur la ville de David Mangin, Agence Seura * Agriurbanisation : rêves ou réalités, sous la direction de Pierre Donadieu, 2014


82

RENCONTRES Lors de réunions avec les interventions de :

Bernard Pecqueur du programme de recherche Frugal à l’Inra, Serge Bonnefoy de Terre en Ville, et Claire Delfosse enseignante-chercheur à Lyon 2, à l’occasion de la présentation de l’étude ‘Le système alimentaire de l’aire métropolitaine lyonnaise’ ; les élus et techniciens de la Métro de Grenoble Alpes à l’occasion des rencontres pour son Plan Local d’Urbanisme intercommunal, et avec Anne Moignard, directrice du syndicat mixte propriétaire du Grand Parc, Fabien Chaufournier, chargé des politiques agricoles et alimentaires, Claire Wantz de la Métropôle de Lyon et Camille Citerne du Pôle Métropolitain à l’occasion de la présentation de la partie ‘La proposition’ de cet ebook pendant ‘le café de l’observatoire’ de l’UrbaLyon

A UrbaLyon :

Philippe Mary, Sébastien Sperto, Laurence Berne, Sébastien Rolland, Laurent Girard, Thomas Ribier et d’autres belles rencontres.

Par téléphone

avec Rémi Janin de l’agence Fabriques

Sur la balade

Maurice ; Maryline ; Birame ; Les deux joggeuses; Yann, sa femme et ses trois garçons ; les quatre lycéens de le belvédère ; les deux retraités de Bron ; l’homme à la baguette ; la chauffeuse italienne du bus ‘spécial’ pour le match Belgique-Italie ; le club d’aéromodélisme ; Eric Josserand, maraîcher et céréalier depuis trois générations ; Catherine, sa maman et ces deux petits-enfants ; le couple d’amoureux un dimanche pluvieux ; et M.Nguyen qui fait pousser des courgettes grimpantes.

Lors d’une visite :

des jardins de Vartan à Décines-Chapieu avec Gérard Essayan, le maraîcher, et l’équipe du restaurant les Cinq Mains à St Georges, Lyon 5 (Un restaurant qui vaut le détour !)

Du quotidien

Merci à tout mon entourage d’avoir participé à la réflexion de cet ebook et à Blablacar pour ces moments d’échanges inattendus !


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.