Premiers Tours de l’apres-guerre Le Tour de France reprend en 1947. L’organisation incombe désormais aux successeurs du journal L’Auto, L’Équipe et Le Parisien libéré. De nombreuses denrées restent encore contingentées et le comité organisateur doit réaliser des prodiges pour résoudre tous les problèmes de ravitaillement et d’hébergement. Mais tout est prévu et un camion citerne d’essence suit la caravane afin de pallier une grève des pompistes, appliquant ainsi à la le re les paroles du grand argentier du gouvernement, Paul Ramadier : « Faites des économies sur tout, sauf sur le Tour de France ».
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Jean Robic, un coureur opiniatre
Jamais un Tour n’épouse aussi parfaitement les contours de l’Hexagone qu’en 1947. Après cinq dures années d’occupation, les organisateurs n’ont pu, sentimentalement, abandonner telle ou telle région se trouvant sur le parcours périphérique du Tour de France. L’épreuve est rendue sélective en raison d’une canicule persistante. Le coureur de la jeune génération qui possède le moral le mieux trempé s’appelle Jean Robic. Le petit cou-
reur de l’ équipe de l’Ouest , opiniâtre et grimpeur de talent, remporte un Tour marqué par d ’ inces s ant s renversement s de situation. Dans la dernière étape, il attaque violemment dans la côte de Bonsecours, à la sortie de Rouen, à 140 km du Parc des Princes. L’entreprenant « Biquet » s’envole en compagnie de Fachleitner tandis que Brambilla, porteur du maillot jaune doit lâcher prise. Ainsi la Grande Boucle s’achève par un gigantesque coup de théâtre. Le Breton l’emporte sans jamais avoir porté le maillot de leader mais en s’étant distingué dans les Alpes et les Pyrénées. Fort populaire après la Libération, Jean Robic représente toutes les énergies du peuple qui refuse les structures immuables de l’ordre en place. Un Breton chasse l’autre
Invitation dédicacée de Jean Robic, vainqueur du Tour de France 1947, à son bar-restaurant.
au pied, il parle d’abandonner à San Remo. Mais, dans un sursaut qui en dit long sur ses ambitions, il gagne les étapes de Biarritz et surtout de Cannes. Son redressement miraculeux lui apporte une énorme popularité. Hélas, épuisé, il succombe dans les Alpes, livré à lui-même au plus fort de la bataille.
Le Tour de 1948 est le plus long de l’après-guerre : 4 922 km, 21 étapes. Cette année-là, c’est Louison Bobet qui occupe la scène. Le Tricolore, qui en est à sa deuxième participation au Tour se bat de toute son énergie et porte le maillot jaune dès la troisième étape Dinard-Nantes. Blessé Couverture du Miroir des champions, supplément mensuel de Miroir-Sprint avec le portrait de Jean Robic. 30
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À Briançon, Bobet se heurte à l’Italien Gino Bartali, surpuissant, qui lui prend le flambeau lors de la quatorzième étape Briançon–Aix-lesBains. Bartali a 34 ans, mais prouve dans les Alpes que son talent n’est nullement amoindri. Pour l’anecdote, il convient de dire qu’il a ressenti néanmoins, au départ de Paris, une grosse appréhension. Il décide alors d’apprendre par cœur la liste des numéros de dossards de coureurs qu’il ne connaît pas et paraissant dignes d’être surveillés. Quelques kilomètres après le départ, le peloton se trouve pris au sein d’un violent orage et, situation insolite, les imperméables dissimulent les numéros que Bartali surveillait. Un pur hasard le place dans la roue du Belge Brick Schotte qu’il connaît pour avoir En 1948, Louison Bobet fait une brillante entrée sur la scène cycliste. C’est le début d’une longue aventure, dans laquelle il remportera trois Tours de France.
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couru à ses côtés en Belgique. Bartali s’accroche à lui et le bat au sprint sur le vélodrome de Trouville. Telle est l’histoire authentique de son entrée dans le Tour 1948, où il triomphera avec une netteté et une supériorité incontournable, dix ans après avoir été le vainqueur de l’édition 1938. Malgré la guerre qui lui a enlevé ses plus belles années de carrière, la classe continue à parler. Mais Fausto Coppi, son cadet de cinq ans, a montré son talent en gagnant le Tour d’Italie alors qu’il ne devait être que le porteur d’eau de Gino. Une rivalité exacerbée et envahissante divise déjà l’Italie en deux clans rivaux. Coppi, l’idole qui monte, éclipse légèrement Bartali et ce dernier en conçoit un vif dépit. Couverture du Miroir des champions, supplément mensuel de Miroir-Sprint avec le portrait de Louison Bobet.
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