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Ma grâce te suffit, ma puissance donne toute sa mesure dans
Témoignage
« Ma grâce te suffit, ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (1Co 12, 9)
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Sr Brigitte Gaber
ccn, Saragosse (Espagne)
Le Covid 19, ce n’est pas fini, mais on s’en souviendra … ! De passage à l’Abbaye d’Hautecombe, sur le point de retourner en Espagne, on décida in extremis qu’il était plus prudent que je reste. En effet, l’Espagne venait de déclarer l’état d’urgence et, par ailleurs, j’ai une santé fragile (maladie chronique depuis 35 ans). Même si je savais que cela pouvait durer, j’imaginais tout de même rentrer dans les semaines suivantes. Erreur ! La première étape a donc été un arrachement à mon lieu de vie, à ma mission, bref un déracinement. Petit à petit, j’ai intégré que cela durerait, et que je ne pourrai probablement pas revoir les personnes en formation à la Chartreuse de Aula Dei avant leur retour dans leur pays.
Dix jours plus tard, le virus commence à faire le tour de l’Abbaye. Premiers symptômes chez certains, il se propage à toute vitesse. Au bout de plusieurs jours, c’est à mon tour. D’abord une fatigue grandissante- mais comme j’y suis souvent confrontée avec ma maladie, je ne m’inquiétais pas. Jusqu’au matin où je me suis réveillée avec un très grand mal de tête et au bord de l’évanouissement.
Ce fut la deuxième étape de l’épreuve, bien difficile, de la santé. Maux de tête, fièvre, troubles digestifs et une grande faiblesse et fatigue. Je suis restée confinée dans ma chambre pendant quinze jours. J’avoue que, même si j’ai eu assez vite le sentiment que mon cas n’était pas très grave (sans troubles respiratoires), il fallait attendre entre le septième et le neuvième jour pour en être sûre. Donc, il y avait une certaine angoisse de l’inconnu, bien sûr amplifiée par tout ce que l’on entendait dans les médias.
L’isolation aussi était longue : j’avais besoin d’avoir des nouvelles des autres, et de parler, me changer les idées. Mais, je crois que le pire a été la durée de la maladie. Quand, enfin, un jour, je commençais à aller mieux, le lendemain, c’était le contraire. Cela semblait interminable, d’autant plus que je ne pouvais pas en profiter pour lire ou faire d’autres choses. Même la prière devenait un exploit ! Je n’en avais pas la force. Tout cela se déroulait pendant la semaine sainte : la passion, je la vivais dans ma chair, mais la résurrection tardait à venir !
Pourtant, j’ai vraiment pu rendre grâce. D’abord, j’ai été bouleversée par la disponibilité et toutes les attentions de mes sœurs qui ont pris soin de moi au quotidien, pendant ces semaines, sans compter le suivi médical et la sollicitude des jeunes. Aussi pour tous ceux qui rendaient possible de suivre la prière et les célébrations en ligne. Je suivais tout cela de ma chambre, sur mon téléphone. Cela m’a mise en communion profonde avec le monde extérieur. Je me demandais : « Mais, comment font les malades qui sont seuls, ne fut-ce que pour se faire à manger ? ». Cela me portait à l’intercession. Tout cela a duré quatre à cinq semaines. Quel bonheur, après cela, de retrouver la santé ! B.G.
« Ma grâce te suffit, mapuissance donne toute samesure dans la faiblesse » (1Co 12, 9)