Brochure mariage Nisenbaum-Mimoun

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Mariage de Avraham ‘Hanan et ‘Hanna Nisenbaum


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Il est clair qu’il ne s’agit pas ici simplement de rappeler les détails d’un événement passé. Cette deuxième rencontre du Rabbi avec la France, après son séjour de 1933 à 1940 avec son épouse, a valeur éternelle et, à ce titre, est chargée d’une force qui nous accompagne à chaque instant jusqu’à ce jour. C’est ce qu’indique la célèbre observation que la femme du Rabbi, la Rabbanite ‘Haya Mouchka ‫ע״ה‬, fit à la déléguée d’Ile-de-France, Mme Bassie Azimov ‫ע״ה‬, « nous avons labouré et semé, vous avez à récolter. » Puisse chacun prendre pleinement conscience de la puissance dont il est porteur, s’en saisir et poursuivre ainsi la récolte entreprise qui nous conduit à l’instant même à la venue de Machia’h.

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Avant propos

Il y a soixante-dix ans, le Rabbi fit le voyage de New-York à Paris, qu’il avait quitté en 1940, pour y accueillir sa mère, la Rabbanite ‘Hanna, tout juste sortie d’URSS, et l’accompagner aux Etats-Unis. Il séjourna dans la ville du mois de Adar au mois de Sivan 5707-1947, y fit plusieurs Farbrenguen et visita diverses institutions qui existaient alors.

Le texte qui suit a été réalisé à partir d’une compilation de documents et de témoignages rassemblés par Rav Chmouel Lubecki ‫שי‬. Qu’il soit ici remercié de les avoir mis à notre disposition. Ce fascicule vous est offert à l’occasion du mariage de nos enfants Avraham ‘Hanan et ‘Hanna ‫שי׳‬. Puissent-ils, dans la suite de cette « rencontre éternelle », construire un édifice éternel qui sera le lieu de leurs accomplissements éternels dans leur vie personnelle et dans la mission confiée par le Rabbi. Puissent-ils connaître, dans l’éternité, le bonheur et la joie. 10 Tamouz 5777 Familles Nisenbaum et Mimoun 3


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Le Rabbi retrouve sa mère, la Rabbanite ‘Hanna Dans l’URSS de Staline, le père du Rabbi, Rabbi Lévi Its’hak Schneerson, avait été condamné pour son activité religieuse – il était rabbin de Yekatrinoslav – à la relégation dans un village reculé d’Asie soviétique, où son épouse, la Rabbanite ‘Hannah choisit de le rejoindre. La dureté des conditions de vie, le dénuement absolu eurent raison de sa santé. Il quitta ce monde en 5704 (1944) à Alma Ata, dans le Kazakhstan, où il repose jusqu’à ce jour. Il restait à faire sortir la Rabbanite ‘Hanna d’URSS. Cela ne fut pas facile et nécessita de nombreux efforts. Enfin, à l’été 5706 (1946), ce fut chose faite. Après un court séjour dans un camp de réfugiés en Allemagne, elle atteignit Paris pendant l’hiver 5707 (1947). La Rabbanite ‘Hannah, après de nombreuses tribulations, avait rejoint le monde libre. Le Rabbi quitta New York pour l’accueillir dans la capitale française. C’est cette visite historique qui est abordée ici. La Rabbanite ‘Hanna était hébergée chez le Rav Chnéor Zalman Schneerson, qui avait à Paris une action communautaire et, dans ce but, avait créé une association dénommée « Union des rabbins orthodoxes de France ». Celle-ci s’était rendue propriétaire d’un petit immeuble de trois étages situé 10 rue D.ieu, près de la place de la République. C’est au troisième étage de cet immeuble, qui existe toujours, que la Rabbanite s’installa dans une chambre indépendante.

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A l’heure où il était prévu que le Rabbi atterrisse, les ‘hassidim se réunirent dans la maison de Rav Chnéor Zalman Schneerson. Mais le Rabbi eut du retard et ceux qui étaient venus se dispersèrent peu à peu. Quand il arriva dans la maison, sa mère ne s’y trouvait pas. Il se rendit donc dans la synagogue qui se


C’est donc plus tard que le Rabbi, accompagné de seulement quelques personnes, revit sa mère après cette séparation de vingt-deux ans, si longue et si difficile. En cet instant, il se tint sans un mot près de la porte et regarda sa mère, celle-ci lui rendant son regard, pendant un long moment. Puis ils se rendirent tous deux dans la pièce qui servait de bibliothèque au Rav Schneerson. Ils se parlèrent alors, pour la première fois, pendant un quart d’heure. Puis le Rabbi alla faire un Farbrenguen1 avec les présents. Il y pleura beaucoup du fait qu’il n’avait pas pu honorer son père et sa mère pendant une période si longue. Il rappela l’enseignement des sages « Yossef se sépara de son père et de sa mère pendant vingt-deux ans », relevant que, bien qu’il n’y ait eu aucune possibilité, cependant cela avait objectivement manqué. Un photographe se trouvait sur place qui ne cessait pas de faire des clichés de chacun des gestes du Rabbi. Celui-ci interrogea : « Cela aussi fait partie des choses qui n’ont pas de mesure ?! » Le Rabbi rendait deux fois par jour visite à sa mère, le matin et le soir, y compris le Chabbat et les jours de fête. Il venait de l’hôtel Edouard VII, avenue de l’Opéra, à environ une demi-heure de là. Le Rabbi avait alors coutume de prier dans la synagogue de l’Union des rabbins orthodoxes se trouvant dans l’immeuble puis il prenait le repas avec sa mère.

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trouvait également dans l’immeuble.

Le Rabbi se révèle à Paris Quand le Rabbi passait dans la rue, nombreux étaient ceux qui s’arrêtaient devant son apparence impressionnante et le regardaient, Juifs ou non-Juifs. Quand il se promenait avec sa mère, les Juifs ne pouvaient dissimuler leur étonnement devant la profondeur du

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respect qu’il manifestait à son égard. C’est aussi dans cette période que la Rabbanite ‘Hanna révéla que l’anniversaire de la naissance de son fils était le 11 Nissan. Quand les ‘hassidim lui demandèrent de faire un Farbrenguen à l’occasion de ce jour, il répondit : « Certainement, une très bonne chose. » Les ‘hassidim demandaient au Rabbi de répéter des Maamarim. Le Rabbi répondit qu’il n’en avait pas reçu l’instruction de Rabbi Yossef Its’hak, son beau-père. La Rabbanite ‘Hanna apprit alors à son fils qu’une partie des écrits de son père, Rabbi Lévi Its’hak, avait pu être sauvée et notamment l’exemplaire du Zohar dans les marges duquel il avait écrit diverses notes.

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Le Rabbi séjourna à Paris pendant plus de trois mois, jusqu’au mois de Sivan. Il fit des Farbrenguen huit fois. Dans une certaine mesure, on peut estimer que cette visite constitua une sorte d’étape dans son apparition en public, au moins aux yeux de l’importante communauté de ‘hassidim qui se trouvait alors à Paris, suite aux bouleversements de la guerre. Il faut relever que, jusqu’à la fête de Pessah de cette annéelà, il y avait dans Paris moins de dix ‘hassidim ‘Habad. Ce n’est qu’ensuite qu’arriva un groupe nombreux, sorti des camps de réfugiés en Autriche, qui donna une véritable ampleur à la communauté Loubavitch. Comme la Rabbanite ‘Hanna l’exprima : « Là, ils ressentirent – les Juifs de Russie le reconnurent et, depuis, ne l’abandonnèrent plus. » Les anecdotes rapportées au sujet de cette période sont nombreuses. On se contentera ici d’en citer quelques-unes. Un des témoins de cette période raconte qu’un certain vendredi un livre de ‘Hassidout nouvellement imprimé arriva au Rabbi. Ce Chabbat, la prière du matin se termina vers 12h30 et les


Pour lui, chaque instant était irremplaçable. C’est ainsi qu’un jour, un groupe de Juifs se présenta à son hôtel pour lui parler. Le Rabbi les fit attendre quelques instants et, lorsqu’il leur ouvrit la porte, s’en excusa après d’eux. L’un d’eux répondit naturellement : « Ce n’est pas grave ». Le Rabbi fit observer très sérieusement : « Que cela signifie-t-il ? Quelques minutes, c’est un laps de temps très précieux. » Le Rav Bentsion Chemtov était un de ses proches et il allait rendre visite au Rabbi à son hôtel. Il eut ainsi l’occasion de remarquer que le lit du Rabbi était encombré de nombreux livres qui n’avaient pas manifestement été déplacés depuis plusieurs jours. Il en conclut que le Rabbi ne s’autorisait que très peu de sommeil et uniquement assis sur une chaise. Ce diagnostic fut confirmé par un autre ‘hassid qui entendit d’un des employés de l’hôtel que, dans la chambre du Rabbi, « l’électricité était allumée toute la nuit » et que « l’on entendait les pas d’un homme allant de long en large. »

Un cours à la synagogue 25 rue des Rosiers

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présents ne tardèrent pas à rentrer chez eux, d’autant plus qu’il faisait particulièrement chaud. Le Rabbi attendit un instant puis il s’installa dans un coin de la synagogue et étudia l’ouvrage pendant six heures d’affilée jusqu’à l’avoir terminé.

Comme il l’avait fait lors de son long séjour à Paris avant-guerre, le Rabbi retrouva le chemin de la rue des Rosiers. Peu après Pessa’h, il fut invité à donner un cours dans la synagogue du 25 de la rue. Ce cours exceptionnel a laissé une marque ineffaçable à tous ses auditeurs. La synagogue, pour ce rendez-vous, était comble. Un témoin raconte : « A la synagogue étaient venus des Rabbis, chefs de communauté, des érudits, des ‘hassidim et de simples Juifs de toute la communauté. Le Rabbi entra dans la synagogue avant la prière de Min’ha. Immédiatement, toute l’assemblée se leva. On conduisit le Rabbi à un endroit noble de la synagogue, devant le mur ‘est’, et on pria. Puis le Rabbi demanda ce qu’on avait l’habitude d’étudier. Il lui fut répondu qu’on étudiait ‘Eïn Yaacov’. Il prit le livre correspondant, y regarda quelques secondes et commença à parler du sujet auquel on s’était arrêté la fois précédente, recourant à tous les degrés d’interprétation du texte avec une clarté

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incomparable. Il parla ainsi pendant une grande heure. On fit alors la prière du soir puis les responsables de la synagogue demandèrent au Rabbi de dire encore quelques mots. Celui-ci commença par refuser mais, devant l’insistance de tous, finit par accepter. Il s’enquit du texte étudié habituellement : c’était le Choul’han Arou’h, lois des Tefiline. Immédiatement le Rabbi se mit à expliquer. L’enseignement dura encore une heure dans un silence absolu. Lorsqu’il eut terminé, les responsables demandèrent au Rabbi de donner aussi le cours de Tanya qui avait normalement lieu à cette heure. Le Rabbi accepta et, en conclusion, relia les trois études qui venaient d’être faites de manière si éblouissante que les présents ne purent cacher leur enthousiasme. Puis il termina ainsi : ‘Yaacov – Rabbi Yossef Its’hak – est déjà prêt pour la Délivrance, le retard n’est dû qu’au ‘troupeau (qui) allaite’. Que chacun mérite d’aller à la rencontre de Machia’h avec son Rabbi et nous irons avec notre Rabbi rapidement, en notre temps, amen’. » Ensuite les présents demandèrent au Rabbi de faire un Farbrenguen. Mais le Rabbi déclina la proposition, expliquant : « Aujourd’hui n’est pas un jour qui convient. Nous sommes pendant le compte de l’Omer. » On essaya alors d’insister mais le Rabbi maintint son refus, indiquant : « Je ferai un Farbrenguen à Lag Baomer. » Rav Chmouel Yaacov Rubinstein, érudit reconnu qui présidait alors l’Union des rabbins de Paris, était présent. Il rapporta son sentiment : « Quand le Rabbi a enseigné le sens premier des textes, je suis encore parvenu à saisir de quoi il était question mais, quand il a commencé à entrer dans les autres niveaux d’interprétation, je n’ai plus rien compris. »

Le Rabbi visite des maisons d’orphelins Pendant son séjour, le Rabbi visita une maison d’orphelins juifs, malheureusement nombreux dans cette période d’après-guerre, dirigée par Rav Chnéor Zalman Schneerson, à Eragny, en banlieue parisienne.

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Le Rabbi y interrogea les enfants et répondit aux questions de plusieurs d’entre eux. Le jeune élève Yaacov Tsvi Holtzman demanda : « Pourquoi la Hala’ha stipule-t-elle que celui qui a oublié de dire le paragraphe ‘Yaalé Veyavo’ dans la prière de la Amida après qu’il ait dit la bénédiction ‘Qui ramène Sa


Le Rabbi lui fit une réponse à sa portée : « La prière d’après le repas, ordonnée par la Torah, se termine après ‘construis dans Sa miséricorde Jérusalem, amen’. On est donc contraint d’ajouter une bénédiction. Mais, dans la prière de la Amida, la bénédiction de ‘Modim’ est la suite de la Amida. On n’a donc pas besoin d’ajouter. » Puis le Rabbi indiqua : « Autant que je m’en souvienne, cette question n’apparaît pas dans les livres mais il est logique de penser que la réponse est comme j’ai dit. » Durant sa visite, le Rabbi dit aux enfants les mots du commentaire midrachique « nos enfants sont nos garants. » Plusieurs ‘hassidim remarquèrent que, avant son départ pour Paris, Rabbi Yossef Its’hak, son beau-père, lui avait cité ces paroles du Midrach. Elles l’avaient accompagné pendant tout le déroulement de sa visite. Dans l’institution pour filles, Le Rabbi parla aux pensionnaires en français pendant plus d’une heure, tandis que, de temps en temps, des larmes s’échappaient de ses yeux. Les enfants écoutèrent avec une grande émotion et beaucoup d’entre elles se souvinrent de ces moments comme d’une des expériences les plus profondes de leur vie. De cette période, Reb Aharon Morde’haï Zilberchtraum raconta : « Lors de cette visite, j’ai eu le mérite d’avoir une conversation personnelle avec le Rabbi. Entre autres, je lui ai posé la question suivante : que devonsnous faire quand, en tant qu’enseignants, nous arrivons, dans un cours de ‘Houmach ou de Torah en général,

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Présence à Sion’ doit le dire immédiatement alors que, dans la prière d’après le repas, quand il termine la bénédiction ‘et construis Jérusalem’, il ne dit pas ‘Yaalé Veyavo » tel quel mais avec l’introduction ‘Qui as donné les Roch ‘Hodech à Son peuple Israël en souvenir’. »

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sur des sujets de pudeur ? Comment transmettre de tels sujets quand on enseigne à des élèves encore jeunes ? Le Rabbi m’a répondu : « Jamais ces sujets intégralement comme ils sont écrits dans la Torah n’a jamais fait de mal à un enfant. Ce qui peut lui faire du mal, c’est en parler comme de choses profanes mais, quand ils sont traités comme une partie de la Torah, il n’y a aucune différence avec aucune autre partie de la Torah. Au contraire, justement pour cela, quand on arrive à ces sujets dans la Torah, il ne faut pas essayer de les cacher ou d’en dissimuler le contenu. Il faut les enseigner de façon claire et simple sans éveiller une attention particulière sur le sujet. » Toutefois, le Rabbi a alors ajouté : « S’il est question de l’étude du commentaire de Rachi sur la Torah, on peut sauter le sujet sans éveiller l’attention. » Et il me semble que le Rabbi a encore ajouté en souriant : « Dans l’étude du commentaire de Rachi sur la Torah, quand se présente un sujet de grammaire, il y a des professeurs qui le sautent parce qu’ils ne connaissent pas eux-mêmes parfaitement l’explication. Et ils le justifient en disant que c’est difficile pour les enfants de le comprendre. Ainsi l’enfant est habitué à ce qu’on saute les choses difficiles à comprendre. Qu’on saute cela aussi n’attirera donc pas une attention particulière et on est sûr que cela ne fera aucun mal à l’enfant. Mais si le fait qu’on saute le commentaire entraîne, D.ieu préserve, qu’il aille y chercher, on aura obtenu le contraire du but souhaité et c’est là que commencera une chose qui fera du mal à l’enfant. » Le Rabbi retira de sa visite à Eragny une satisfaction particulière. La lettre qu’il envoya à la direction de l’institution après son retour à New York en témoigne. En voici la traduction :

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15 Av 5707 Honorable direction de l’école, Eragny, France

Salut et bénédiction ! J’ai eu une satisfaction particulière de ma visite à l’école et de ma conversation avec la direction, les professeurs et les élèves. En souvenir de ma visite et comme marque d’excellence des élèves cités plus loin, est envoyé un colis de livres qui ont été édités par le département d’édition du Merkaz Léinyanei ‘Hinou’h à distribuer comme prix aux élèves Kolberg, Chiler, Kleiner, Richter, Zilberg, Weisfich, Skorski, Abramowicz, Holtzman. Avec une bénédiction de très grande réussite. Rav Mena’hem M. Shneerson Président du comité exécutif

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Le Rabbi rendit également visite à la maison d’orphelins également dirigée par Rav Chnéor Zalman Schneerson, toujours dans les environs de Paris, à Boissy St Léger. Il marqua aussi ses sentiments de satisfaction à l’institution qui prenait en charge les filles en adressant une lettre similaire à celle envoyée à Eragny, accompagnée d’un colis de livres à distribuer comme prix.

Le Rabbi soutient et encourage les ‘hassidim Le lien du Rabbi avec son beau-père, Rabbi Yossef Its’hak, était manifeste. Ainsi, Reb Chemaryahou Na’houm Sossonkin raconta que, quand il était à Paris, il se trouvait un jour avec le Rabbi. A ce moment, lui arriva une lettre de Rabbi Yossef Its’hak. Dès que le Rabbi lut le nom de l’expéditeur, qui se trouvait sur l’enveloppe, son visage devint très sérieux. Il mit son chapeau, son « gartel » et commença à lire tandis

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que des larmes coulaient sur son visage. Après avoir terminé, le Rabbi soupira et dit : « Le Rabbi est déjà prêt pour Machia’h et il nous attend. » Ce sentiment d’attachement au Rabbi de la génération et aux coutumes des ‘hassidim fut un des grands thèmes soulignés par le Rabbi pendant son séjour à Paris. C’est dans ce contexte qu’il fit des Farbrenguen avec les ‘hassidim à plusieurs reprises, leur permettant de s’élever au-dessus des soucis du quotidien et des difficultés de la période. Ainsi le Rabbi souligna l’importance du « Maamad » envoyé pour la maison du Rabbi, expliquant que c’est une des voies pour renforcer l’attachement au Rabbi. Le caractère central de cette idée apparaît dans la brève biographie du Rabbi imprimée dans l’ouvrage « Hayom Yom » : « Pendant son séjour à Paris, il fit des Farbrenguen avec les ‘hassidim et les encouragea à donner l’argent du Maamad et à s’attacher à Rabbi Yossef Its’hak. »

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Dans le même sens, le Rabbi, toujours à Paris, écrit à Rav Nissan Nemanov dans une lettre du 13 Sivan 5707 (1947) : « J’ai dit ici dans un Farbrenguen avec les ‘hassidim et les « Temimim » que l’attachement au Rabbi doit être avec toutes les forces possibles. Et tout d’abord, chez les ‘hassidim ‘Habad, comme leur nom l’indique, il faut s’attacher avec le ‘Habad, c’est-à-dire, au sens premier, étudier les enseignements du Rabbi. Car l’intention, quand il dit ces enseignements, est de faire descendre le ‘Habad dans les Midot et ainsi de changer ces


Rav Morde’haï Rivkin : « Dans un des Farbrenguen, le Rabbi dit : « Bien que le Rabbi ait dit à chacun où aller, chacun selon son endroit, dans tous les cas, il faut prendre les enfants, qu’ils voient le Rabbi pour qu’ils ne viennent pas avec une réclamation pourquoi eux n’ont pas vu le Rabbi. » Rav Chalom Dov Ber Butman : « Le Rabbi dit aussi: « Bien que, concrètement, il ne soit pas possible de partir chez le Rabbi car il n’y a pas assez d’argent et aussi il n’y a pas les autorisations mais, de toutes façons, on doit aspirer à aller chez le Rabbi », « on doit aller chez le Rabbi, être chez le Rabbi, demander au Rabbi », c’est ce que le Rabbi a demandé . Rav Chnéor Zalman Butman interrogea alors le Rabbi : « Comment peut-on aller chez le Rabbi alors qu’on n’a pas l’autorisation du Rabbi de venir le voir ? » Le Rabbi lui répondit : « Pour aller chez le Rabbi, on n’a pas besoin de demander la permission. »

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derniers. Ceci impose l’attachement par « tu avanceras dans ses chemins » et d’après ses directives dans les capacités émotionnelles et dans la pensée, la parole et l’action. » Pendant ces Farbrenguen, le Rabbi demanda aux ‘hassidim de se rendre chez le Rabbi bien que cela n’ait pas été chose facile à cette époque. Les ‘hassidim racontent :

Puis le Rabbi raconta : « Un élève de la Yechiva américain voulait être présent pour le Farbrenguen de Rabbi Yossef Its’hak à Sim’hat Torah mais on ne lui permit pas d’entrer dans la maison du Rabbi. Ce jeune homme n’attendit pas. Il monta sur le toit de la Soucca et sauta à l’intérieur. Par chance, la porte de la maison était ouverte sur la Soucca à ce moment. C’est ainsi qu’il put entrer dans le Farbrenguen. » Le Rabbi tira de l’anecdote un enseignement sur le degré de don de soi qu’il faut avoir pour être chez le Rabbi. Dans un des Farbrenguen, un certain Juif entra brusquement et commença à se plaindre amèrement de sa situation : ses documents officiels, passeport etc., posaient des problèmes et il ne pouvait pas sortir de Paris. Il était donc venu demander conseil. Le Rabbi commença à réfléchir à haute voix : « Si tu essayes de telle et telle façon, va apparaître tel et tel problème. Et si tu essayes de telle et telle façon, cela allègera la difficulté de telle et telle façon… » Le Rabbi continua ainsi à analyser la situation sous tous ses angles

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pendant un long moment puis il dit : « Mais on peut faire de cette manière, et fais ainsi ! » A la façon dont il parla, chacun put voir clairement comment le Rabbi s’investissait totalement dans les difficultés d’un Juif. Rav Chnéor Zalman Butman : Pour la fête de Chavouot 5707, nous avons mangé avec le Rabbi. La fête tombait dimanche et lundi, c’est-à-dire qu’il y avait trois jours d’affilée de Chabbat et de fête. En ce tempslà, à Paris, c’était difficile de se procurer du vin, pour cela moi et les ‘hassidim avons fait le Kidouch sur de la vodka. Il semble que, ce Chabbat-là, la joie a débordé un peu trop et, par mégarde, j’ai cogné avec ma canne l’assiette qui était sur la table et elle s’est brisée. Le lendemain, le jour de Chavouot, avant même le Kidouch, le Rabbi a commencé à dire des réprimandes sur le fait qu’on fasse le Kidouch sur de la vodka. Et le Rabbi a dit qu’il faut prendre garde à une chose qui entraîne des conséquences indésirables. Et il a interrogé avec étonnement : « Où a-t-on entendu un tel comportement ? » Après que le Rabbi ait terminé de parler, le silence s’est installé et, évidemment, je n’ai pas osé faire le Kidouch sur de la vodka comme à mon habitude. Quand le Rabbi vit que je ne faisais pas le Kidouch, il me fit une allusion et dit : « Nou ? » Je répondis au Rabbi de la même façon : « Nou ! » Le Rabbi dit alors : « Je n’ai pas voulu dire à ce point-là. » A ce Farbrenguen était présent Reb Yaacov Gripel, un responsable communautaire qui, plus tard, allait être très proche du Rabbi. Je pense que cela était lié à la présence de cet invité, pour qu’il ne sente pas mal à l’aise. » Les encouragements du Rabbi concernèrent tous les domaines. C’est ainsi qu’un des ‘hassidim, qui s’était auparavant trouvé dans un camp de réfugiés en Allemagne, se plaignit que des Juifs appartenant à un certain groupe faisaient quelques problèmes aux ‘hassidim parce que ces derniers s’occupaient de rapprocher des Juifs éloignés de la pratique des Mitsvot. Le Rabbi se contenta de lui répondre : « Ils ont besoin de crier, nous avons besoin d’agir. »

Le Rabbi fonde le Beth Rivka 14

Pendant ce séjour à Paris, le Rabbi fonda l’école de filles « Beth Rivka » non loin de la capitale, à Montmorency. Depuis lors, et au fil de son développement, l’école s’est installée à Yerres où elle continue de fonctionner et de grandir.


Une action incessante Pendant ces quelques mois où le Rabbi résida à Paris, il rencontra de nombreuses personnes dans la plus grande discrétion. Il s’agissait d’entrevues essentielles pour le maintien et le renforcement du judaïsme. Dans de nombreux domaines, l’action du Rabbi se fit sentir avec une grande présence. C’est ainsi qu’existent des lettres retraçant son intervention dans l’accueil des réfugiés qui fuyaient alors l’Union soviétique et débouchaient à Paris. Il s’occupa également, dans cette même période, de créer à Paris une branche du « Merkaz Léinyanei ‘Hinou’h », l’organisation loubavitch chargée des problèmes d’éducation, du « Ma’hané Israël », l’œuvre d’action sociale du mouvement loubavitch, et une section des éditions loubavitch « Kehat ». Il fit notamment éditer en français et diffuser différents recueils sur le judaïsme. Cette action ne se fit pas sentir qu’en France mais eut des effets également dans d’autres pays d’Europe tels que l’Allemagne, l’Autriche ou la Tchécoslovaquie, où cinq écoles de filles furent ouvertes, ainsi que dans les camps de réfugiés existant alors. Dans le même esprit, c’est aussi dans cette période que le Rabbi s’occupa de faire imprimer, près de Munich, des livres en allemand au nom de « Kehat ». Bien entendu, malgré l’éloignement, le lien avec son beau-père, Rabbi Yossef Its’hak, ne se distendit à aucun moment. Plus encore, sur un certain nombre de sujets, celui-ci répondit à ceux qui l’interrogeaient qu’il faudrait attendre le retour de son gendre.

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Une lettre du Rabbi précédent du 28 Tamouz 5707, adressée à Rav Binyamin Gorodetzki, en porte témoignage : « A propos de l’école Beth Rivka, mon gendre, le Rav et ‘hassid, le Rav et Gaon, Rav M.M. Schneerson, vous écrira. » De manière plus détaillée, le Rabbi précédent écrit dans une lettre du 28 Iyar 5707 : « Mon gendre, le Rav et Gaon, Rav M. M. Shneerson qui est allé voir sa mère, la Rabbanite et l’emmener ici avec l’aide de D.ieu, a fondé là-bas des institutions d’étude pour jeunes filles du nom de Beth Rivka et de Beth Sarah. » Puis, dans une lettre du 28 Mena’hem Av 5707, adressée à Reb Chlomo Horenstein, il écrit : « Mon gendre, le Rav et Gaon, Rav M.M. Schneerson m’a fait savoir votre intérêt pour l’éducation des filles juives et que vous avez organisé un local pour l’école « Beth Rivka » à Paris.

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Le Farbrenguen d’au-revoir Mais le temps arriva de quitter Paris. Avant de partir, le Rabbi parla aux ‘hassidim pendant toute une nuit, dans la maison de Rav Chnéor Zalman Schneerson, rue D.ieu. Cette réunion ‘hassidique qui se tint le dimanche 20 Sivan, est restée dans les mémoires. Tous en comprenaient le sens : c’était une cérémonie d’au revoir. Nombreux furent les participants. Le Farbrenguen commença à 20h comme un événement officiel. Le Rabbi prononça un discours debout. Il l’entama de la façon suivante : « Il est écrit dans divers livres que « Kavod – honneur » s’apparente au mot « Koved – fardeau ». Cela signifie que, quand on parle en l’honneur de quelqu’un ou qu’on lui fait des honneurs au-delà de sa qualité véritable, comme elle est concrètement, alors une immense responsabilité lui incombe, comme un « fardeau », de s’élever et de parvenir à ce degré-là concrètement. » Vers 22h, les participants venus des diverses communautés parisiennes commencèrent à partir. Le Rabbi dit alors : « Jusqu’ici, c’était une réception. A partir de maintenant, c’est un Farbrenguen ‘hassidique. » Au milieu du Farbrenguen, il s’adressa à chacun des présents, demandant : « Dis Lé’haïm et dis quel est ton nom. » Et le Rabbi entreprit d’expliquer le sens du nom de chacun selon la Kabbale et la ‘Hassidout. C’est ainsi qu’à Rav Aharon Morde’haï Zilberstraum, il déclara : « Aharon – le mot est constitué des mêmes lettres que ‘Niré – visible’. Morde’haï – il est écrit dans le Talmud : ‘D’où apprend-on Morde’haï dans la Torah ? De ‘Mar Dror – musc’ qui est traduit en araméen par ‘Maré Da’hia’. Il lui demanda de traduire de la ‘Hassidout en français, langue qu’il possédait parfaitement. Le Rabbi demanda à Rav Isser Kloibgant de s’asseoir près de lui en lui rappelant qu’il avait une haute ascendance et s’était marié avec une famille de haute ascendance. Il souligna à son intention l’enseignement des Sages « le Chiloa’h avait un flux équivalent à un ‘issar’. » En liaison avec ce point, le Rabbi demanda à Rav Isser du « Bitoul – effacement de soi ».

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A Rav Refaël Wilchanski, le Rabbi expliqua le sens de son nom en le rattachant avec les fonctions qu’il exerçait au sein du bureau européen de Loubavitch, pour l’accueil des réfugiés. Le Rabbi ajouta : « Un


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jeune homme doit être auprès du Rabbi. Et bien que l’essentiel de la proximité soit spirituel, cependant on voit clairement que l’éloignement matériel sépare. Et, pour cela, il faut la proximité matérielle, auprès du Rabbi. » A plusieurs des participants dont le nom était Yaacov, le Rabbi rappela que ce nom est formé de « Youd – Ekev » tandis qu’à un des présents nommé Yeochoua, il souligna l’origine de ce nom dans le verset « D.ieu te sauvera du complot des explorateurs ». A Rav Daniel Zaks, il rappela l’histoire du prophète Daniel jeté dans la fosse aux lions et sauvé par miracle. Quant à Rav Méchoulam Karsnianski, le Rabbi lui demanda son nom et celui-ci répondit : « Méchoulam Yo’hanan ben Mena’hem Na’houm ». Le Rabbi observa alors : « Ah, ici, il y aura de quoi dire. » Le Rabbi se tourna ensuite vers Rav Ephraïm Zalman Sodkovitz et lui dit : « Alors, d’où vient ce nom dans la Torah ? » Avant que ce dernier ait pu répondre, Rav Chnéor Zalman Butman intervint et dit : « Chnéor Zalman. » Rav Isser Kloibgant lui fit observer qu’on l’appelait Ephraïm Zalman. Alors le Rabbi dit : « Chnéor Zalman constitue un seul nom car ‘ChnéOr’ signifie ‘Chné-Or’ (deux lumières) et ‘Zalman’ est la traduction grecque de ‘nouvelle lumière’, mais Ephraïm Zalman sont deux noms. » Puis le Rabbi dit à Rav Ephraïm Zalman Sodkovitz de regarder dans le commentaire de Rachi sur le verset « D.ieu te placera comme Ephraïm et comme Ménaché » à propos du nom « Ephraïm ». Quand les demandes d’interprétation du nom se multiplièrent, le Rabbi interrogea plusieurs personnes pour savoir leur nom et les expliqua tous ensemble. Lors d’une interruption entre les prises de parole, Rav Chnéor Zalman Butman, qui avait connu le père du

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Rabbi, Rav Levi Its’hak, dit au Rabbi que son père avait la même façon que lui de relier la partie dévoilée de la Torah, la ‘Hassidout, les qualités de l’âme et les choses du monde mais il ajouta qu’il avait entendu de Rav Levi Its’hak : « Mon fils fait mieux que moi. » Le Rabbi répondit : « Un père doit dire cela d’un fils. Rav Chnéor Zalman réagit en utilisant la même formulation : « Un fils doit dire cela de son père. » Au cours du Farbrenguen, le Rabbi demanda aux présents de partir voir le Rabbi, bien que cela ait été difficilement envisageable à l’époque tant pour des raisons financières que du fait de la difficulté d’obtenir les papiers nécessaires. Il dit entre autres : « Celui qui a vu le Rabbi, il est évident qu’il doit partir mais celui qui ne l’a pas vu, c’est pour lui une question de vie ou de mort. » A la fin du Farbrenguen, le Rabbi dit : « Reb Mi’haël mérite des félicitations pour avoir organisé un aussi bon Farbrenguen. Mais s’il pense que, tout de suite après, il va en faire un compte-rendu au Rabbi, il a tout perdu. » Le Rabbi chanta un certain air de nombreuses fois. Puis, à la fin du Farbrenguen, qui avait duré plus de dix heures, au petit matin, tous se mirent à danser avec une joie intense jusque vers huit heures du matin. Pendant la danse, un groupe d’enfants qui étudiaient à côté entra dans la pièce. Ils se joignirent immédiatement à la danse. Quand le Rabbi s’en rendit compte, il se tourna vers eux, se pencha et s’associa à leur danse. Le Rabbi demanda ensuite qu’on ne raconte pas à sa mère, la Rabbanite ‘Hanna, qu’ils avaient fait ce Farbrenguen jusqu’à huit heures du matin pour qu’elle ne se fasse pas de souci. Rav Aharon Mordé’haï Zilberstraum raconte :

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« J’étais responsable de la prière des enfants dans l’école (du Rav Chnéor Zalman Schneerson). Aussi, j’étais obligé de partir à 6h30 du matin. Plusieurs des présents avaient déjà reçu la bénédiction du départ du Rabbi qui devait prendre le train, à la gare non loin de là, à environ 11h. Le Rabbi commença à me bénir également mais je lui dis que j’avais l’intention de revenir un peu plus tard spécialement pour son départ. Il


Rabbi Yossef Its’hak avait demandé au Rabbi, pour ce voyage de retour avec sa mère, de ne pas prendre l’avion comme à l’aller mais le bateau. C’est ce que fit le Rabbi et beaucoup de Juifs de Paris, dont de nombreux ‘hassidim, l’accompagnèrent en car jusqu’au port pour saluer son embarquement à bord du paquebot Mauritania puis son départ. Mais le lien établi ne s’arrêta pas avec ce départ. Suite à ce séjour, le Rabbi, de retour à New York, envoya aux ‘hassidim à Paris un formulaire pour le Séfer Torah de Machia’h dont il semble qu’il avait parlé à Paris ainsi qu’un formulaire pour se joindre au groupe de Michna par cœur et un autre pour la création ou le développement d’un groupe de lecture des Psaumes. Des années plus tard, le Rabbi évoquait cette période dans une lettre du 11 Nissan 5711 – 17 avril 1951 adressée à Rav Bentsion Chemtov : « J’ai lu aujourd’hui votre lettre sur le tombeau (de Rabbi Yossef Its’hak). Pessa’h 5747 (1947) à Paris n’était-il pas plus tranquille ? Seule consolation : quatre ans plus proches de la venue de Machia’h, très bientôt, en notre temps, amen. Mais, cela ne va pas. D’un autre côté, ‘quelque chose est-il extraordinaire pour D.ieu ?’ Vous pouvez agir pour Dieu. Et justement dès maintenant. »

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ne répondit pas et continua à me bénir. J’avais calculé que je resterais avec les élèves de 7h30 à 9h. C’est ce que je fis et, à 9h30, j’allais prendre le train, à la gare près de l’école. Mais, à mon grand étonnement, les employés avaient entamé, à ce moment-là, une grève et je ne parvins pas non plus à trouver un taxi. En résumé, je ne réussis pas à dire au revoir au Rabbi et je dus me contenter de lui envoyer un télégramme. »

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ANNEXES

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Lettre du 13 Sivan 5707 adressée à Rav Nissan Nemanov 22

(voir p.12)


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Suite de la lettre adressée à Rav Nissan Nemanov

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Lettre écrite par le Rabbi pendant son séjour à Paris sur le papier à en-tête de l’hôtel Edouard VII


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Lettre écrite par le Rabbi pendant son séjour à Paris sur le papier à en-tête de l’hôtel Edouard VII

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Annonce du Farbrenguen d’au-revoir (voir p. 16)

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Lettre du 11 Nissan 5711 adressée à Rav Bentsion Chemtov où le Rabbi a ajouté à la main l’évocation de Paris (voir p. 19)

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Témoignage de Rav Chalom Dov Ber Butman Il y a un lien familial entre notre famille et celle du Rabbi, c’est-à-dire que le grand-père du Rabbi était le frère de mon grand-père. En 5706 (1946), toute ma famille réussit à sortir d’URSS avec des faux papiers. Nous sommes sortis par la Pologne et, de là, nous sommes allés en Autriche et, à la fin, nous sommes parvenus à Paris où habitait mon oncle, Rav Chnéor Zalman Schneerson. La Rabbanite ‘Hanna Schneerson, la mère du Rabbi, est aussi venue habiter dans la maison de notre oncle après qu’elle ait pu sortir des limites de l’URSS. Cela est arrivé à proximité de la fête de Pessa’h. Peu de temps plus tard, le Rabbi est arrivé des Etats-Unis pour rencontrer sa mère qu’il n’avait pas vue depuis plus de vingt ans à cause de la guerre. Bien qu’il n’ait pas séjourné dans la maison de notre oncle – le Rabbi logeait à l’hôtel Edouard VII, place de l’Opéra – nous avons passé le Séder tous ensemble. Je me souviens très bien de ce Séder. Le Rabbi – qui n’était pas encore Rabbi mais le gendre de Rabbi Yossef Its’hak – était assis en tête de table. Sa mère était assise à sa droite et, à ses côtés, toutes les femmes. Les hommes étaient assis du côté gauche de la table. Mais l’atmosphère n’était pas comme entre un Rabbi et des ‘hassidim, c’était un repas de fête familial. J’avais alors douze ans et je me souviens que le Rabbi a lu dans la nouvelle Haggadah des éditions Kehat, la maison d’édition loubavitch, avec son nouveau commentaire original, qui venait juste de sortir. Si je ne me trompe pas, c’était la première fois que le Rabbi faisait le Séder dans sa nouvelle Haggadah qui avait été imprimée dans cette période, la « Haggadah de Pessa’h avec un recueil d’explications et de coutumes » si répandue aujourd’hui.

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Le Rabbi avait apporté son propre jus de raisin. A l’époque, il était impossible de trouver du vin cachère à Paris. Aussi, mon père préparait du vin à base de raisins secs qu’il faisait macérer dans de l’eau jusqu’à ce qu’ils ramollissent. Mais ce procédé rendait obligatoire l’utilisation de sucre et le Rabbi ne voulait pas en prendre à


Le Rabbi est resté à Paris jusqu’après Chavouot. Pendant les Chabbat entre Pessa’h et Chavouot, on a la coutume d’étudier le traité « Pirké Avot », un chapitre par Chabbat. Quand nous étudiions le chapitre 5, le Rabbi m’a dit : « Ces Michnayot-là, tu dois les étudier, pas seulement les lire… La semaine prochaine, je t’interrogerai sur les quarante-huit choses par lesquelles la Torah est acquise. » Je me suis préparé et j’ai étudié la Michna mais, finalement, le Rabbi ne m’a pas interrogé. Peut-être de peur que je n’aie pas étudié et il n’a pas voulu me faire honte. La nuit de Chavouot, on a l’habitude de rester réveillé et de lire le « Tikoun Leïl Chavouot », un recueil de versets et de passages de la Torah écrite et de la Torah orale. Ce Chavouot-là, les responsables de la synagogue ont oublié de laisser les lumières allumées. Nous avons donc dû apporter des bougies et les mettre autour de la table où on lisait la Torah. Nous nous sommes tous rassemblés autour de la table pour dire le Tikoun. Je me souviens très bien de la lecture du Rabbi. Il a dit tous les mots avec précision mais en lisant très rapidement.

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Pessa’h. Il s’était donc préparé du jus de raisin à base de raisin frais qui, à ce moment de l’année, était encore très acide. C’est ce qu’il utilisa pour les quatre verres du Séder. Le Rabbi a apporté aussi ses Matsot qu’il a posées sur une chaise à côté de lui et non sur la table. A l’époque, faire cela était une nouveauté pour nous bien qu’aujourd’hui ce soit une coutume ‘Habad répandue – s’abstenir de poser les Matsot sur la table où l’on mange par précaution supplémentaire pour ne pas mouiller la Matsa si elle entrait en contact avec un liquide qui aurait coulé sur la table accidentellement.

Quand le Rabbi a terminé la lecture du Tikoun, il a mis son manteau pour sortir et se rendre à son hôtel. Ce n’était pas une petite marche, cela devait prendre environ une demi-heure. C’était l’été et la température à l’extérieure était élevée. Mon père a dit au Rabbi qu’il peut laisser le manteau. Mais le Rabbi a répondu : « Ce n’est pas convenable de sortir à l’extérieur avec un Sirtouk en soie qui ne soit pas couvert. » J’ai voulu montrer mon intelligence et j’ai dit au Rabbi : « J’ai vu des Français qui se promènent dans la rue avec un manteau en soie. Ça va. » Le Rabbi m’a souri et a dit en plaisantant : « Oui, mais ils portent un chapeau haut de forme. » Le Rabbi faisait référence à ce chapeau en soie que l’élite française portait à l’époque.

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Puis il a expliqué qu’un jour il était avec son beau-père, Rabbi Yossef Its’hak, un Chabbat à Vienne. Il était sorti avec son Sirtouk en soie et, dit le Rabbi à ce sujet, « j’ai remarqué qu’il n’en était pas content. » Il a donc mis son manteau. Je me souviens que, pendant toutes les années où il a été Rabbi, il n’est jamais sorti dans la rue sans manteau sur le Sirtouk en soie, même pendant les jours d’été les plus chauds. Quelques jours après Chavouot, le Rabbi a quitté Paris avec sa mère. Avant de partir, il nous a apporté une photo qu’il avait trouvée où on le voyait jouer aux échecs avec Rabbi Yossef Its’hak. Le Rabbi a demandé à mon père de faire une copie de la photo. Il est probable qu’ils ont joué ensemble plusieurs fois. Rabbi Yossef Its’hak avait l’habitude de dire au Rabbi : « Joue vraiment ! » C’est-à-dire qu’il n’abandonne pas a priori pour laisser son beau-père gagner. Peu de temps avant que le Rabbi s’en aille, il y a eu un Farbrenguen chez nous. Dans ce Farbrenguen, le Rabbi a expliqué à chacun des présents comment, d’après la Kabbale et la ‘Hassidout, son nom correspondait à ses qualités particulières. Ensuite le Rabbi a donné à tous des cadeaux. Aux femmes, le Rabbi a donné une série d’assiettes en porcelaine. A moi, il a donné un livre de Maamarim de Rabbi Yossef Its’hak. A mon petit frère, qui avait alors trois ans, le Rabbi a donné une bicyclette avec des petites roues de soutien. A ma grande sœur, le Rabbi a offert un album pour collectionner les timbres. Pendant tout son séjour à Paris, le Rabbi avait eu l’habitude d’apporter chaque fois des timbres de pays étrangers qu’il avait pris des lettres qu’il avait reçues, et il les donnait à ma sœur. A présent, il lui apportait un album pour qu’elle puisse ranger les timbres. A mon père, il donna plusieurs fascicules de « Hatamim » et des Maamarim de ‘Hassidout – ceux-ci sont en ma possession jusqu’à ce jour. A mon cousin, Chalom Ber Schneerson, le Rabbi donna des ‘Houmachim des éditions Sinaï et un Choul’han Arou’h. Le Rabbi a pensé à chacun.

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En 5714 (1954), nous sommes arrivés aux Etats-Unis et nous sommes allés voir le Rabbi – c’était bien sûr après qu’il soit devenu officiellement Rabbi. Quand nous sommes entrés dans son bureau, il a fait un très grand sourire et nous a demandé : « Les enfants, vous vous souvenez de moi ? » Et il a continué sans s’interrompre : « Moi, je me souviens de vous ! »


Le lieu de résidence de la Rabbanite ‘Hanna, où le Rabbi fit plusieurs Farbrenguen et, en particulier, le premier Farbrenguen à l’occasion du 11 Nissan, l’anniversaire de sa naissance : 10 rue Dieu – Paris 10ème Les synagogues où le Rabbi pria et enseigna : 17 rue des Rosiers – Paris 4ème 25 rue des Rosiers – Paris 4ème

Mariage de Avraham ‘Hanan et ‘Hanna Nisenbaum

Liste des endroits où le Rabbi se rendit pendant son séjour

Les maisons d’enfants visitées par le Rabbi : 75 chemin de halage – Eragny 8 rue de La Fontaine – Boissy-St-Léger (l’immeuble a disparu) L’hôtel où le Rabbi descendit et où il rencontra de nombreux ‘hassidim Hôtel Edouard VII – 39 avenue de l’Opéra – Paris 2ème L’hébergement des ‘hassidim où le Rabbi fit Farbrenguen avec eux : 36 rue Yves Kermen – Boulogne-Billancourt 31


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Tous droits réservés - Juin 2017

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