Premier voyage au Japon en octobre 2003

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Le Japon 23 au 31 octobre 2003 Tokyo et Kyoto


Jeudi 23 octobre : premier jour Narita et Tokyo Ça y est ! Nous sommes au Japon. Après un vol long (douze heures) et une nuit fort courte passée dans l’avion, Maho nous attend à Narita. Quel plaisir de la revoir ; et de la revoir chez elle, à Tokyo. Nous la retrouvons pour la première fois depuis notre passage à New-York en février Maho 2002, lorsqu’elle y était étudiante. Choquée par le 11 septembre qui l’avait forcée à quitter son appartement du sud de Manhattan, à trois blocs du World Trade Center sans pouvoir y retourner pendant plusieurs semaines. Elle nous conduits chez elle.


Traversée de Tokyo en métro – ultra propre. C’est le soir, les gens rentrent à la maison. Fatigués. Les yeux se ferment, le menton tombe sur la poitrine. Maho rayonne. Son français est toujours impeccable. Coup de téléphone, son père, Nobuhiko, nous attend déjà à la station la plus proche de la maison. Je découvre un Japon que je connais déjà : celui qui est dans ma tête. Celui des films en noir


et blanc du cinéma japonais des années 50 et 60, celui d’Ozu, de Kurozawa, de Mizoguchi. Nobuhiko est là, attentif, amical. Maho traduit les mots de bienvenue et les remerciements. En voiture pour les dernières centaines de mètres. On roule à gauche, c’est vrai, je l’avais oublié. À la maison, dans un quartier calme de Tokyo. Nous quittons d’abord nos souliers dans un petit vestibule qui précède l’entrée. C’est bien, ça. Salutations à toute la famille réunie : Taeko la maman de Maho et le plus jeune frère nous attendent. Simplicité et chaleur. Nous prenons le dîner ensemble. Nobuhiko, le papa, nous fait cette remarque : « J’ai l’impression de vous connaître depuis toujours ! » C’est vrai pour nous aussi. Délicieux repas léger, saké. Près de la maison une fête shintoïste fait entendre ses tambours et ses gongs. On nous propose d’aller y faire un tour. Nous déclinons poliment… on l’espère. Enfin une vraie nuit de repos dans cette jolie maison.


Vendredi 24 octobre : Shinkansen et Mont Fuji sur la route de Kyoto Vendredi matin, reposés nous contemplons le mont Fuji depuis le train. Il est là, à droite. Superbe. Pur. Majestueux. Nous sommes tous les trois dans le Shinkansen. Les Le mont Fuji paysages défilent à grande vitesse. Reliefs tourmentés, ravinés et lui au fond : le mont Fuji. Nous traversons une immense agglomération industrielle. Nous allons à Kyoto, la ville impériale. Le temps, ce matin, est magnifique. Le sommet est dégagé, dans un écrin de ciel bleu. Des nuages l’entourent peu à peu, laissant émerger le sommet. Ici, tout semble à sa place. Arrivée en gare de Kyoto. C’est autant un centre commercial qu’une gare. On prend une rapide collation dans un « café » (on découvre que les restaurants proposent leur carte en vitrine sous la forme de faux plats en silicone peint, c’est étonnant de vérité… et c’est extrêmement pratique pour commander). On se rend ensuite au temple Kiyomizu-Dera qui trône à flanc de colline. La rue qui permet d’y accéder est une tentation permanente, une sorte de via dolorosa pour le portefeuille : souvenirs, artisanat, bibelots de belle qualité… Voilà, nous y sommes. Les structures sur lesquelles reposent les différents bâtiments du temple sont à couper le souffle. C’est une sorte de charpente constituée d’énormes billes de bois sur laquelle il repose. La foule des élèves en voyage scolaire n’entame en rien la sérénité des lieux. Pas de chahut


mais une visite respectueuse dans la bonne humeur. A plusieurs reprises j’agite le grelot géant qui préside au fronton d’un temple en tirant la corde. Je fais un vœu, je veux être entendu !

Le temple Kiyomizu- Dera

Promenade dans les rues de Kyoto. Quel bonheur… Repas japonais, assis en tailleur dans un excellent restaurant d’une ancienne galerie du centre ville. On prend le bus pour aller à l’hôtel. Je laisse ma place assise à une vieille dame. Elle me remercie abondamment. Elle fouille dans son sac et me tend un paquet de bonbons que j’accepte avec amusement. Ce sont des bonbons au vinaigre. Sucrés avec un goût de vinaigre balsamique. C’est étonnamment délicieux. Arrivée à l’hôtel que les parents nous ont réservé : l’hôtel Westin Miyako. Magnifique. Un vrai palace.


Samedi à Kyoto : marché aux puces, Temples, pavillons et jardins zens Pour commencer la journée, un long périple en bus dans la ville nous conduit au marché aux puces mensuel. Le paradis des chineurs… Chiner au Japon c’est incongru ! Hélène et Maho trouvent des sacs en tissu, un yukata pour moi (c’est un kimono léger pour la maison), encore des sacs et puis deux jolis étuis à lunettes en tissu brodé. Visite du temple shintoïste Kitanotenmangou. Les marchands du temple l’entourent comme un dragon prêt à l’engloutir. Je jette quelques yens, fais un vœu et tire la corde. Repas près de la gueule du dragon et de nouveau le bus.

Le marché aux puces autour du temple Kitano-tenmangou

Yasaka, autre superbe temple shintoïste. Puis le Ryoan-ji et son jardin zen, minéral, qui me ramène à la scène finale du film Stupeur et tremblements. Ascétique et beau. Maho reste un très long moment assise devant ce monument de l’art des


jardins. Les visiteurs japonais font de même. On est parfaitement bien en ce lieu. Le temps glisse très lentement.

Le jardin minéral du Ryoan-ji

Un saut de puce et nous voici au Pavillon d’Or, le Kinkaky-ji. Immobile, immob’île posée sur un lac. Les deux niveaux supérieurs de ce pavillon en bois sont recouverts d’or. Sa silhouette est figée sous les feuilles d’or comme celle de Shirley Eaton dans James Bond contre docteur No. Il n’existe rien de comparable. Le temple flotte. Calme, Le Kinkaku-ji ou Pavillon d’or paix, élégance, grâce extrême. Je flotte aussi. On rentre. On fait un rapide passage par le centre ville et le sous-sol des grands-magasins. Rayon alimentation. L’endroit est exquis. C’est une ruche assourdissante dans laquelle on


trouve toutes sortes de plats préparés : japonais, français, chinois, coréens… Superbes et raffinés. Avec la foule, l’endroit est physiquement épuisant en fin de journée.

Dimanche 26 : chemin de la philosophie et bol de nouilles

La rivière et la chemin de la philosophie

C’est un doux matin d’automne qui commence par une petite marche vers les temples. Le temps est radieux. Temple Nanzen-ji puis Eikando. Promenade le long de la rivière : douce, poétique, philosophique. Bordée de cerisiers, ce Chemin de la Philosophie doit être superbe au printemps. Honan-in, puis Ginkaku-ji aussi appelé Pavillon d’argent. Délicieux


repas au restaurant Omen. Quelles nouilles ! Œuvre d’art servie dans un bol. La perfection dans la simplicité. Pas une place libre dans cette salle où l’on s’installe accroupis devant la petite table basse traditionnelle. Cela valait l’attente. Marche, traversée d’un cimetière, temples Shin Nyodo, Konkai-Komyo-ji et le superbe Heian Shrine. C’est un immense temple shintoïste où nous assistons à des combats d’Aïkido, un mariage et le rituel des photos des enfants. Les filles que l’on photographie à l’âge de trois ans, sept ans et

Le temple Heian


vingt ans et les garçons à l’âge de cinq ans. Costume traditionnel pour ces clichés que l’on gardera toute sa vie et que l’on transmettra. La fatigue s’invite. Visite du musée des arts traditionnels de Kyoto avec détour par les produits régionaux à manger et à boire : on goûte du Saké… C’est ça qu’est bon et ça requinque. Retour à l’hôtel. La nuit s’avance lentement, mais avant, le jardin de l’hôtel nous invite à une montée vers des points d’observation : oiseaux et paysage. Encore un moment de paix intense. Demain on retourne à Tokyo.

Mardi : avenue impérial

de

Shinjuku

Pour le palais impérial : Ligne de métro rose – Changer à Asakusa Bashi Prendre ligne JR Sobou Descendre à Idabashi Prendre la ligne Tozai Descendre à Takebashi Visiter Maho nous à tout préparé pour cet aprèsmidi. Il pleut toute la journée. Le ciel est gris, bas. On visite le musée Edo. Des maquettes de l’ancienne ville de Tokyo (elle se nommait Edo). Le parc du palais impérial sous la pluie, c’est dommage. On

et palais


retrouve Maho après ses cours – ou peut-être à la place… elle a séché les cours. Pourtant elle est trempée et nous aussi ! On va au magasin de broderie qu’elle a sélectionné pour Hélène. Fils, canevas, modèles, ciseaux… Enfin, la journée se termine par un excellent repas dans un restaurant coréen avec, notamment des grillades de bœuf succulentes.

Mercredi : Harajuku , Shibuya et repas en famille Matinée tranquille à la maison puis métro et shopping dans le quartier d’Harajuku. Shopping à l’Oriental Bazaar. On y trouve presque tout ce que l’on cherchait : petite vaisselle, bandanas, poisson-girouette, petits sacs… Visite du parc avec ses gigantesques toriis en bois. Ça, c’est du meuble ! On retrouve Maho à 13h30 dans un centre commercial, devant la boutique Chanel. Au sous-sol on achète des lunch box. Toujours aussi compliqué de choisir tant chaque plateau fait

Le parc Gyoen-Mae au centre de Tokyo


envie. Pique-nique au parc Gyoen-Mae. Très belle serre, jardins anglais, français et japonais. Les vieux messieurs derrière leur Pentax sur trépied traquent les effets de lumière qui caressent les fleurs dans le jardin à la française. Roseraie, arbres taillés au carré et pelouses au cordeau. Un club du troisième âge a envahi les pelouses du jardin japonais. Des dizaines de peintres « impressionnistes » du dimanche… et du mercredi aussi, étalent leurs couleurs sur les toiles. On s’arrête un moment sur un banc devant un lac. Le soleil rougeoie en allongeant démesurément les ombres. Il fait doux. Encore un moment de paix dans ce Central Park Tokyoïte. Les corbeaux répètent sans cesse l’alphabet. Ils n’en connaissent que la le lettre A. Pas de progrès à la fin de notre promenade ! A. A. A. On sort et l’on se rend à Shibuya. C’est bien le royaume des treize/dix-huit ans. Filles en jupes plissées ultra-courtes et chaussettes blanches en laine portées à la manière de guêtres. Statue du chien fidèle Hachiko qui venait attendre son maître à la sortie de cette station de métro et qui continua même


après la mort de celui-ci. La nuit tombe, la foule se fait de plus en plus compacte. Machines à sous dans les rues avoisinantes sur lesquelles les teenagers jouent convulsivement sans quitter ces petites billes qu’ils suivent intensément des yeux. C’est le Pachinko.

Salle de Pachinko

Retour à la maison. Un peu de repos. Qu’est-ce qu’on aura marché au Japon ! Nos yeux sont encore pleins de cette ville qui envoûte. Vers 20 heures tout le monde est rentré, le repas est prêt. Encore de merveilleuses découvertes pendant ce diner : des beignets de poisson qui crissent sous la dent, des makis faits maison, de la bière, du saké tiède… On parle du Japon, de la France, de l’Union Européenne, des jours fériés, des 35 heures et des 48 heures (au Japon)… On se raconte nos


Taeko et Nobuhiko

rencontres Hélène et moi, Taeko et Nobuhiko. Lui, nous raconte l’air malicieux qu’il a « sauvé » Taeko de la noyade ! Mais Maho nous signale en a parte que sa maman a failli être sélectionnée pour les J.O. de Tokyo en 1964… en natation. Alors le sauvetage ressemble à un piège amoureux féminin bien monté ! Au cours du repas Nobuhiko ponctue ses approbations par un « Haï » suivi d’un court applaudissement. On est vraiment très bien dans cette famille. On se sent très proches. Mais maintenant Nobuhiko tombe de sommeil. On se remercie, on se salue, on se dit au revoir et l’on va se coucher. On ne reverra pas les parents de Maho demain. Ils se lèvent chaque matin à 4h30 et commencent la journée par un massage réciproque puis ils partent au travail. Pas de petit déjeuner et huit kilomètres de marche pour lui. Il laisse son estomac se reposer quinze heures avant de remanger seulement au déjeuner. Dur ! Pour nous, demain après-midi c’est le départ.


Vendredi : Uniqlo, adieux et retour vers Paris On va rentrer à Paris ce soir. Pour l’instant c’est le matin à Tokyo. Maho est restée avec nous, elle sèche encore les cours. On discute après le petit déjeuner japonais. Près de la maison, elle nous emmène dans un magasin Uniqlo. Des vêtements pas chers. On y trouve encore une fois notre bonheur : pantalons taï-chi, pulls en laine polaire… On fait des achats de nourriture pour mon repas de lundi après les vacances. C’est une tradition au travail, au retour des vacances, chacun apporte des spécialités de l’endroit où il était et on fait un pique-nique surprise. La surprise est le menu. Alors ce sera gâteaux au thé vert, poissons séchés et salés, crackers pour ma contribution. On rentre à la maison, c’est le dernier quart d’heure avec Maho. Elle part pour ses cours de l’après-midi. Il est 12h30. On a le cœur serré. Elle monte la rue et disparaît à droite après un adieu de la main. On déjeune seuls. Il n’y a plus d’ambiance. On finit de faire entrer tout ce que l’on a acheté dans nos deux sacs. Pas possible. On va faire trois ou quatre sacs. On en mettra en soute. On est dans l’avion. Il est 22h30 et il nous reste 9856 km à parcourir. On fonce droit sur la Chine, la Russie, la Finlande et Paris. On est profondément marqués par ce voyage, ce pays, ce peuple, cette famille, cette architecture, cette civilisation et surtout cette harmonie entre passé et futur.


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