Atelier d'analyse architecturale

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Nos remerciements vont à Jean Taricat pour le suivi de notre travail de recherche tout au long de l’année.

ATELIER 5 - HALEN Atelier d’Analyse Architecturale

Christina Vryakou Félix Gautherot

École d’Architecture de la Ville et des Territoires à Marne-la-Vallée Licence 2ème Année - Juin 2012

Christina Vryakou & Félix Gautherot Sous la direction de Jean Taricat



Atelier d’Analyse Architecturale Atelier 5 - Siedlugen Halen



Atelier d’Analyse Architecturale Atelier 5 - Siedlugen Halen

Christina Vryakou & Félix Gautherot

Sous la direction de Jean Taricat

École d’Architecture de la Ville et des Territoires, à Marne-la-Vallée Juin 2012



SOMMAIRE

_ INTRODUCTION

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- LA RUE

- TERRACE

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- LE VILLAGE

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- LA PENTE

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- 5 TERRACE HOUSE

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- LE MUR

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_ CONCLUSION

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Atelier 5 - Siedlugen Halen

INTRODUCTION

L’Atelier 5, crée en 1955, regroupe plusieurs architectes suisses basés à Berne. Leur projet de la citée Halen s’inscrit dans la continuité d’une nouvelle manière de penser l’architecture, le courant brutaliste. Il est également le premier projet phare du groupe sur l’habitat collectif suisse. Cependant, le Brutalisme de l’école suisse adopte une attitude très éclectique et historique. Neave Brown affirme, en effet, qu’il est nécessaire, lorsque le chemin à suivre n’est pas encore trouvé, de se servir pour pouvoir avancer de formes et moyens d’expression du passé immédiat (...) et pour Atelier 5, la meilleur source fut indubitablement Le Corbusier. Le Siedlung Halen représente la première formulation de leur réflexion, et se présente comme l’une des propositions les plus exemplaires de logements individuels groupés de bas gabarit à avoir été construit pendant ce siècle. Halen, c’est 79 logements en bande pour la plupart en triplex, mais c’est aussi un commerce, un restaurant et même une piscine. Les logements sont étroits (3,86 m ou 4,81 m) et délimités par deux murs porteurs en béton toujours pleins. 6


Introduction

Cet article à pour objectif de montrer comment le projet de la Siedlung Halen peut être compris et étudier à travers trois concepts forts (rue, terrace, village). Le projet du groupe d’architecte se révèle, en effet, être une fine combinaison de ses trois concepts en venant tirer le meilleur parti de chacun. En cela, le projet de la Siedlugen Halen représente une véritable innovation; les terrace étaient jusqu’ici préféré en ville et il était plus ou moins impensable d’adapter cette typologie pour créer une atmosphère villageoise. Halen se trouve alors à un véritable point “d’inflexion” dans la pensée architecturale, en effet, c’est en empruntant aussi bien à Le Corbusier qu’au Team 10 que l’Atelier 5 est parvenu à tisser un projet cohérent. (fig.1) Roq et Rob, Le Corbusier Croquis de Le Corbusier.

On verra alors comment le mur a permis de concrétiser les trois composant du projet: rue, terrace et village.

- Dans la lignée du projet Roq et Rob de Le Corbusier (fig.1), cet ensemble d’habitats groupés est conçu selon un plan ferme adapté à la pente par des terrasses -. 1

Il sera donc important dans un premier temps d’étudier et de comprendre d’ou viennent ces trois notions pour pouvoir s’intéresser à leurs applications dans le projet de l’Atelier 5. Jacques Lucan, Construire des logements. L’habitat collectif suisse 19502000, novembre 2010 1

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Atelier 5 - Siedlugen Halen

LA RUE

La cité Halen fait référence à toute la pensée du team X, notamment à travers leurs réflexions sur les grands ensembles. Selon eux, ces unités d’habitations d’après guerre répondaient bien aux besoins de la société pointé du doigt par les sociologues (Chombart de Lowe, Michael Young & Peter Willmott) mais ils leurs manquaient une qualité vitale pour les rendre actifs et créatifs; l’identité. L’analyse de la charte d’Athènes révèle que les Ciam proposaient une réponse trop mécanique et rationaliste aux problèmes qui se basaient sur une seule analyse de fonction et non des usages. Les relations humaines étaient enfermées dans le concept des quatre fonctions de Le Corbusier (Vivre, travailler, s’amuser et se déplacer). (fig.2)

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La Rue

“ Le rêve de Le Corbusier de la ville radieuse était mis en œuvre par une géométrie d’une banalité écrasante.” 2

Pour eux il fallait une approche plus humaniste et régionaliste dans le logement de masse. Ils se sont notamment inspirés du travail des sociologues (Willmott & Young) dans leur étude de la classe ouvrière et la structure des familles. Il en résulte l’importance majeure de la rue comme espace de rencontre. La porte des maisons donne directement sur la rue. (fig.3) “ Dans les rues, il y a un sentiment inhérent de sécurité et d’unité sociale qui a beaucoup à voir avec la forme simple et évidente de ces rues; environ 40 maisons alignées autour d’un espace commun... la rue. (fig.4)Elle n’est plus seulement un moyen d’accès mais devient aussi un lieu d’expression social. Dans ces rues, on trouve une relation simple entre la maison et la rue.” 3

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Atelier 5 - Siedlugen Halen

Alison & Peter Smithson se sont beaucoup intéressés à l’organisation des zones suburbaines, à l’étude des structures familiales et de la classe ouvrière pour répondre aux besoins de la société d’après guerre. L’organisation typique des maisons suburbaines anglaises, le backyard, la terrace house, la rue comme lien social et espace public puis de nouveau la maison et le jardin. L’intérêt est également porté sur les enfants et à la rue comme espace de rencontre et d’expression; espace qu’il manquait dans les grands ensembles de Le Corbusier. De la rue, comme lien, on passe à l’échelle du groupement de logements; terrace. Alice & Peter Smithson, Cluster City : A new shape for the community, The Architectural review, n° 730. 1957 3 Alice & Peter Smithson, The Charged Void: Urbanism, The Monacelli Press, 2005 2

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(fig.2) Les grands ensembles, un territoire urbanisé très critiqué pour sa stérilité et la façon mécanique de son agencement. Ils manquent d’identité et d’espace d’expression pour les relations humaines. (fig.3) Organisation des logements chez les Smithson et chez Atelier 5 La rue n’est plus seulement un moyen d’accès mais un lieu d’expression. (fig.4) Une quarantaine de maisons juxtaposées créent la rue.


La Rue

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TERRACE

terrace ; a row of houses built in a similar style and having common dividing walls.

Les blocs d’habitations de la cité Halen font, quant à eux, référence aux terrace house, typiquement anglaise. Le terme terrace fait référence aux alignements de maison victorienne en Angleterre se faisant face le long d’une rue. Mais ce qui les caractérise c’est leur mise en relation. En effet, l’ensemble des maisons individuelles est rassemblé dans un bloc, créant comme un palais (fig.5). Il ne s’agit donc plus simplement de disposé collé côté à côte ces terrace house mais plus de les faire fonctionner ensemble. On ne lit plus l’habitation individuelle en façade mais bien un ensemble. Ils permettent une grande unité et une certaine force dans leur massivité. On lit d’avantage le bloc que l’appartement et en cela, ils permettent de tisser des espaces particuliers. Ainsi, à Bath ou encore au Regent’s Park à Londres, ces ensembles ont organisé des espaces extérieurs. Le Queen 12


Terrace

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Square à Bath (fig.6) se lit bien comme un parc entouré de blocs d’habitation. La parc tire son existence de la disposition de ces blocs, ils déterminent les quatre façades du parc et donc ses limites physiques. A l’origine, on trouvait simplement ces quelques ensemble de maisons, alignés autour du parc, sans aucune épaisseur, créant l’illusion d’une ville au milieu du no man’s land anglais. “ Au Canada, il n’y a plus de maisons : il n’y a que des rues.” 4

Alfredo Pini, membre de l’Atelier 5, nous indique à travers cette remarque l’intérêt que porte le groupe d’architecte pour ces terrace mais également pour les espaces qu’ils génèrent; la rue. Ce type d’organisation des logements permet aussi une double lecture du projet suisse; d’une part elle permet une lecture compréhensible de la forme globale du projet, puis elle s’accorde à la position des architectes suisses quant au développement suburbain; l’habitat individuel groupé. “Ces préoccupations concernant “la demeure de l’Homme” provinrent, dans les années d’après-guerre, d’un sens réel des besoins sociaux, des besoins de logements, des besoins d’une forme d’habitat meilleur que celle produite en fait par la société.” 5

On verra comment les architectes ont réussi à tirer parti de ces terraces house pour articuler leur projet et engendrer des espaces publics (fig.7) . Mais avant tout, il est nécessaire de parler des influences quant à l’échelle globale du projet; le village. Alfredo Pini, De l’habitat groupé, du prototype, du collectif et de l’histoire, entretien de Giairo Daghini avec Pierluigi Lanini et Alfredo Pini de l’Atelier 5. 5 Reyner Banham, Le Brutalisme en Architecture, 1970 4

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(fig.5) Régents Park Londres. La disposition des plusieurs appartements cote à cote crée un ensemble qui se lit comme un palais. (fig.6) Bath, Queen Square. La place se dessine par la disposition des blocs. Ils ensserent et marquent les limites physiques de la place. (fig.7) De la même manière, à Halen, le vide entre les blocs engendre des espaces publics: rues, venelles, place.


Terrace

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LE VILLAGE

“L’habitat ne peut pas être le résultat d’une invention: il est l’expression d’un mode de vie séculaire, de traditions anciennes et de techniques modernes” . 6 “La visite des cités méditerranéennes à flanc de coteau (fig.8) et de villages du Moyen-Orient, autant d’exemples d’unités urbaines qui ont évolué dans la longue durée sans être guidées par un plan directeur d’un architecte - m’avait convaincu que l’ordre urbain ne peut être maintenu que si l’autonomie des différents bâtiments et quartiers est assurée”. 7

Halen nous montre une analogie assez directe avec ces villages organique. On peut comprendre à travers l’analyse de ces villages une retranscription de l’organisation en strate du village. Le travail de Fumihiko Maki nous renseigne sur les différentes influences qu’on pu avoir l’Atelier 5 pour le 16


Le village

dessin d’une cité village. En effet, il analyse dans “ la forme collective” trois paradigmes de la forme collective; la forme compositionnelle, la mégastructure et la forme de groupe. Deux de ces paradigmes nous intéresse ici. La forme compositionnelle, les éléments qui constituent une forme collective y sont élaborés et définis au préalable, séparément. Autrement dit, ce sont souvent des bâtiments conçus sur mesure, individuellement. Leurs relations fonctionnelles, visuelles et spatiales sont déterminées sur un plan à deux dimensions.

(fig.8) Le village sur le coteau méditerranéen créé dans le temps sans plan prédéfini. L’utilisation de la topographie, l’échelle et les matériaux des bâtiments produisent un paysage urbain unifié.

La forme de groupe, elle, est le produit d’un système d’éléments générateurs dans l’espace. Les facteurs qui déterminent leur organisation spatiale sont les suivants 1. l’usage cohérent de matériaux et de méthodes de construction basiques, avec des variations spontanées mais mineures dans l’expression matérielle; 2. L’utilisation pertinente, et souvent spectaculaire, de la géographie et de la topographie; 3. Le maintient de l’échelle humaine dans l’ensemble de la ville; 4. Le développement séquentiel d’éléments de base - essentiellement les habitations et les espaces ouverts entre les maisons - et le recours répété à certain éléments visuels : murs, portes, tours, fontaines ou bassins... On peut alors se demander si Halen appartient à une forme compositionnelle à travers son plan très réglé autant dans l’organisation des espaces que dans la définition des appartements. Ou si la cité appartient à la forme de groupe dans sa cohérence, sa répétition et son inscription dans le site.

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Atelier 5 - Siedlugen Halen

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Le village

(fig.9) La place au centre du village comme lieu de partage et de rencontre. Toutes les ruelles qui y débouchent renforcent sa centralité dans le village. (fig.10) Rue étroite d’un village nord-africain. Les grands murs protègent des conditions climatiques et créent une intériorité aux espaces publics du village. (fig.11) Halen garde ce principe de ruelles bordées par de hauts murs. Ils renforcent l’identité du village, l’extérieur devient un espace clos.

Mais, on peut également voir dans Halen une inspiration de l’organisation générale des villages typiques italiens ou grecs, avec leurs rues très étroites (fig.10),(fig.11) guidant à des places repérables à leur clocher d’église (fig.9). Neave Brown parle de “village italien sur une colline”, et Reyner Banham voit la dedans un des paradigmes les plus évident pour comprendre ce qu’il en est de la mégastructure. C’est une forme physique compréhensible. Halen serait donc une proposition d’habitat individuel groupé, comme une alternative à la dissémination de maisons individuelles sur des territoires suburbains de plus en plus étalés. Halen semble donc être au croisement du village et de la mégastructure. Aldo Rossi, L’habitation et la ville , Architecture d’Aujourd’hui n°174, 1974, p. 30 7 Fumihiko Maki, Marnes, documents d’architecture, vol 2, p.190. 6

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LA PENTE

S’inscrire dans la pente à la manière du village

“Claire dans sa conception générale, fondée sur des rapports précis et novatrice dans la façon d’habiter, la Siedlung Halen est une expérience d’un grand intérêt”. 8

La situation géographique de Halen, à l’extérieur de la ville, nichée dans une clairière, domine la vallée et offre une vue sur les lointains suisses. Entièrement coupée de la ville et de ses environs, uniquement accessible par une seule route sinueuse, Halen peut s’apparenter à une communauté vivant en autarcie complète. La pente apparaît comme la principale contrainte du site. Ainsi, le projet doit littéralement s’ancrer dans le sol pour s’enraciner dans son contexte (fig.12). On comprend vite que le projet se lit d’abord en coupe. Elle permet d’appréhender la géométrie du bâti, et de déceler les premières imbrications entre les différents éléments. L’importance du site dans le projet est alors saisissable à travers le remarquable travail de terrassement et d’adaptation des habitations au site (fig.13). 20


La pente

(fig.12) La question de la pente est résolue par des terrassements successifs. (fig.13) Les blocs s’ancrent dans le sol et se disposent de façon à ce que l’entrée soit au R+1 et les jardins au Rdc. L’implantation et l’organisation du projet donne l’image du village méditerranéen qui s’accroche sur le coteau. (fig.14) L’exploitation de la topographie et la disposition des blocs permettent de dégager des vues vers les lointains.

Le mur entretient un véritable rapport au sol, continu, il pénètre et repousse le sol pour marquer que le projet ne fait qu’un avec le site et qu’il n’est pas simplement posé. Le découpage est très clair, on lit les espaces habités et les espaces publics, les terrassements suivent une logique très définie en plan et en coupe. Ainsi, c’est dans les appartements que le groupe d’architecte est parvenu à intégrer ses différences de niveaux. Dans son ensemble, Halen n’a pas, à proprement parler, d’extérieur, la cité est très replié sur elle-même. Elle détourne les regards vers l’extérieur, vers son support naturel. Le paysage devient est un élément très fort; tout le travail en coupe permet de libérer des vues à chaque niveaux, tous les appartements sont tourné vers le fond de la vallée et bénéficient d’un panorama sur les lointains (fig.14). On va voir maintenant par quels moyens l’Atelier 5 a pu engendrer de telles atmosphères et de tels espaces. 8

Aldo Rossi, Casabella, 1961.

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5 TERRACE HOUSE Qui définissent des espaces publics

“La volonté d’appliquer un schéma et de le réaliser vigoureusement dans la construction rappelle, à l’instar de certaines expériences anglaises récentes, l’importance de l’enseignement des “théoriciens” de l’architecture et des thèmes qu’ils ont proposés”. 9

Une composition à l’origine de nouveaux espaces L’Atelier 5 devait donc composer avec plusieurs blocs de terrace house. Ces blocs, au fonctionnement autonome, pouvaient donc se disposer librement sur la parcelle. Tout l’intérêt pour le groupe d’architecte était donc de cherche une nouvelle composition qui viendrait à contre-pied de ce qui se faisait à l’époque. Il fallait donc éviter une organisation du type des cité-jardin trop rigide et dénuer de la dimension sociale prédominante pour ce projet(fig.15). L’organisation des espaces et des ces blocs devait donc répondre à un besoin social.

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5 Terrace House

“C’est de la manière que les éléments sont disposés que la vraie magie du paysage urbain est vivante”. 10

(fig.15) La disposition des blocs à Halen crée les espaces publics. C’est une composition proche de l’image du village avec la place au milieu et les rue étroit. On s’éloigne du modèle des grands ensembles avec les grands espaces verts entre les blocs. (fig.16) Coupe transversal sur la place. Les blocs suivent la pente et permettent des vues dégagée aux habitants.

Il fallait donc donner une particularité au plan afin qu’il puisse être approprié pour les habitants. Au lieu de chercher à créer des espaces très ouverts, dans lesquelles le parc est situé entre les bâtiments, l’Atelier 5 à chercher une composition très compacte, un ensemble autonome. Paul Rudolphe disait “ cela devait ressembler à un village et non à une cité “. L’organisation et l’articulation des différents blocs devaient donc être à la base de la création d’espace publics et d’expression sociale. Ainsi, c’est à travers l’éclatement des blocs que l’Atelier 5 a pu créer ses espaces publics, la rue et la place résultent donc bien de l’organisation et d’une certaine mise en relation des blocs. Cependant, cette organisation très réglée dans le plan soulève une question; est-ce un modèle reproductible? Ces qualités d’ensemble cohérant en font un ensemble très introverti, vulnérable à tout changement éventuel, notamment à ceux qui affecteraient son environnement. Les principes de la Siedlugen Halen semblent difficilement traduisibles dans une autre situation. Le projet s’inscrit en effet dans un terrain en pente et s’adapte donc à la topographie. Les blocs s’encre suivant des terrassements permettant des dégager des vues à toutes les habitations(fig.16). Aldo Rossi, Casabella, 1961. Gordon Cullen, De l’habitat groupé, du prototype, du collectif et de l’histoire, entretien de Giairo Daghini avec Pierluigi Lanini et Alfredo Pini de l’Atelier 5. 9

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La définition du bloc à l’origine des espaces publics Si on s’intéresse à la matérialité et à la définition même des blocs de terrace house, on s’aperçoit que chaque façade joue un rôle dans l’organisation de l’ensemble du projet. Les quatre façades sont cohérentes avec les espaces qu’elles bordent. Ainsi, on observe une différence sur les échelles, la façade sur la rue est très haute, pleine et intériose l’espace de la rue. Au contraire, la façade avec les entrées des appartements à une échelle plus humaine. Les façades Est et Ouest, elles, sont très présentes, pleines, et permettent la création des rues “secondaires” De plus, les façades permettent de lire le découpage des appartements dans les blocs. On commence à comprendre le rôle du mur dans le découpage et la définition des blocs (fig.17).

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5 Terrace House

Les espaces publics à Halen (fig.18) Le projet de Halen a été pensé comme un projet d’habitats individuels groupés. Il était donc nécessaire pour l’Atelier 5 de composer son projet autour d’espaces publics approprié et définis pour l’habitant. C’est à travers les influences du village et de la rue que l’Atelier a trouvé ses réponses.

(fig.17) Les murs se répètent. Ils séparent les appartements, délimitent les espaces publics des espaces privés et intériorisent les espaces extérieurs. Le mur est très présent dans chaque bloc. (fig.18) Plan d’ensemble Les différents types d’ espaces publics.

L’espace centrale du projet devient alors une place qui s’apparente aux places des villages italiens avec un campanile en guise de clocher d’église. La place constitue un réel espace social, de partage pour toute la communauté de la cité. On y trouve par ailleurs un commerce, un restaurant et un jardin d’enfant (fig.19). Trois petites ruelles qui relient les différents niveaux du projet débouchent sur cette place, elles renforcent le caractère central de la place ainsi que l’image du village. Les pas de mules font également échos aux ruelles des villages italiens.

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Atelier 5 - Siedlugen Halen

Le mur dans les espaces publics Dans la rue principale de Halen qui se développe d’Est en Ouest (fig.20), un mur très haut sans aucune ouverture marque avec autorité l’axe majeur du projet. La présence de la rue est renforcée par l’absence totale d’ouverture sur les façades, elle donne à la rue un caractère de rue intérieur comme on pourrait le voir chez Le Corbusier.

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5 Terrace House

Un nouveau jeu sur les échelles est lisible sur cet l’axe. Un mur, plus bas, qui se retourne ajoute un autre espace; la venelle. Séparer de la rue par une sous face de dalle et de la végétation, la venelle marque une caractère plus privée, on entre en quelques sorte déjà dans les habitations. Elle permet, et elle seule, l’accès à toutes les habitations.

(fig.19) La place de la cité; un commerce, un restaurant et un jardin d’enfant. (fig.20) Coupe perspective sur la rue et la venelle. Le grand mur sans ouvertures donne l’impression du couloir intérieur et crée la rue. Le mur qui se retourne donne la lecture de la venelle.

Le mur tient aussi un rôle dans la lisibilité des limites de la place (fig.21).Les murs Est et Ouest des blocs sont aveugles et prennent de la hauteur pour intérioser la place. La façade du plus grand bloc (Sud) est également très peu ouverte et marque la limite Sud de la place. Au Nord, d’épais mur et des retombées de dalle renforcent les limites de la place.

(fig.21) Le mur marque les limites physiques de la place. Toutes les rues débouchent sur cet endroit clos fondateur pour la conception de cette cité.

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Atelier 5 - Siedlugen Halen

LE MUR Dans les blocs

Une batterie de mur Tout le projet de Halen s’organise autour du mur porteur en béton. Il constitue une entité unique, répétée et perceptible depuis tout le Siedlung. Maki disait dans la description de la forme de groupe; “Le développement séquentiel d’éléments de base - essentiellement les habitations et les espaces ouverts entre les maisons - et le recours répété à certain éléments visuels : murs, portes, tours, fontaines ou bassins”. 11

A Halen, c’est le mur qui se répète et forme toute la cohérence du projet (fig.22), une batterie de murs, perpendiculaires aux courbes de niveaux de la pente. Les voiles de béton définissent la largeur des unités d’habitations. Cette dimension est répétée de façon régulière dans un même bloc, et devient la mesure de référence propre à chaque bloc. Elle engendre ainsi la création de trames régulières. Chaque trame régulière correspond à une typologie 30


Le Mur

d’appartements, qui s’identifie aussi bien sur le site qu’en lecture du plan, grâce à un écart régulier entre chaque mur qui sépare les logements. Un mur partagé Le mur porteur est mitoyen lorsqu’il est partagé entre deux habitations (fig.23). Outre le fait que ce système permet une économie de matière notable, il crée surtout un rapport entre les deux unités qui se le partagent. Si les habitants ne profitent pas du même espace, ils partagent les mêmes limites physiques. (fig.22) Halen, une batterie de mur donne la cohérence du projet. (fig.23) Chaque unité d’habitation partage au moins un mur avec une unité voisine. Les murs de refends organisent l’espace intérieur tandis que les murs en façade définissent les espaces publics extérieurs.

Le mur prend toute son importance dans les logements, il est lisible dans quasiment toute son intégralité. De plus, il crée successivement le patio d’entrée, le volume d’habitation et les jardins à travers des différences de hauteur. Il permet également l’adaptation à la pente. De longs murs sans aucune ouverture viennent perpendiculairement aux murs de refends unifier tout le bloc. Ils permettent aussi la définition des espaces publics comme nous l’avons vu précédemment.

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Atelier 5 - Siedlugen Halen

Cette succession de murs mitoyens instaure une proximité (fig.24). Le mur est un guide et tous les habitants regardent dans la même direction. L’étroitesse et la juxtaposition des unités rappellent aux résidents qu’ils vivent tous près les uns des autres et dans un univers identique à celui de leurs voisins. Même si les gens ne se connaissent pas, ils ont déjà en commun leur environnement domestique en plus de tous les espaces extérieurs. De la même façon la toiture qui abrite la terrasse est continue tout le long d’un bloc rappelant aux habitants qu’ils partagent d’une certaine façon le même abri. 11

Fumihiko Maki, Marnes, documents d’architecture, vol 2, p.203

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(fig.24) Un mur partagé qui introduit une proximité et amène l’idée de communauté. Cependant, c’est dans la mise en relation de tous ces murs que le projet prend toute sa cohérence.


Le Mur

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Atelier 5 - Siedlugen Halen

Habiter entre deux murs. La quasi totalité des appartements à Halen sont des triplex. Ils se développent en longueur dans le sens de la pente avec de proportions assez spéciales, 3,86 de largeur pour les typologies les plus étroites (type 380, voir ci-après). Le caractère très longitudinal des habitations est renforcé par les deux murs de refends très présent qui longent les appartements et leurs jardins au rdc. Ces deux murs très autoritaire et peu espacé (fig.25), 4,8 m au maximum (type 12, voir ci-après) dicte la partition des logements. En effet, ils sont toujours présents et la problématique devient alors la question d’habiter ces deux murs. On aura toujours vu sur au moins un mur depuis toutes les pièces des appartements. Avec de telles proportions, la partition des logements se fait obligatoirement perpendiculairement à la grande dimension. (fig.26)

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(fig.25) La hauteur et l’épaisseur des murs préservent l’intimité des habitations. (fig.26) Plan des appartements de type 380 Une partition claire qui définie une progression dans les appartements.


Le Mur

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On observe une progression dans les espaces, on passe du public au privée en plusieurs étapes. D’abord la rue comme espace partagé à toute la communauté, ensuite la venelle, espace partagé au sein d’un bloc. Un patio marque la transition avec les espaces de vie. Le jardin très fermé se situe à l’arrière des logements. Toutes les chambres devant avoir une ouverture, elles sont toutes disposées dans les extrémités des logements. On trouve alors 3 chambres à l’étage, dont deux de moins de 2m de large. Deux autres chambres sont situés au niveau inférieur et s’ouvre directement sur le jardin. La circulation verticale se trouve rejeté dans la partie centrale des logements. Le niveau intermédiaire, qui est le niveau d’entrée des habitations renferme les pièces de vie, cuisine ainsi que les sanitaires. On lit donc deux niveaux plus intimes et un niveau partagé avec accès au jardin. La principale contrainte pour les logements devient alors les ouvertures avec très peu de surface de façade disponible (en moyenne 70m2 de façade pour 150m2 de surface habitable). Les façades s’ouvrent donc au maximum pour profiter de la lumière naturelle. (fig.27) En coupe, c’est toujours le mur qui prédomine et dicte l’articulation des espaces. Le mur reste très lisible à l’intérieur des logements (fig.28) et c’est le même mur qui se prolonge et sépare les jardins. Il permet la transition des espaces intérieurs et extérieurs. Il permet aussi l’adaptation à la pente au moyen d’un accès au niveau intermédiaire.

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(fig.27) La façade Sud s’ouvre très largement à tous les niveaux. Le mur rythme le bloc. (fig.28) Un mur qui reste lisible dans tout l’appartement. Il sert à la fois de mur mitoyen dans les appartements que des protections dans les jardins ou de cloison pour créer le patio d’entrée.


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Type 12

Type 380


Studios

Studios + Ateliers


CONCLUSION

A travers cet article, nous avons pu mettre en évidence trois points forts du projet de la citée Halen. L’Atelier 5 a, en effet, tissé son projet autour de trois notions fortes; la rue, les “terrace” et le village. C’est dans la juste expression de chacune d’elles que les architectes sont parvenu à aboutir à un ensemble. Halen se révèle donc être une minutieuse combinaison de ces notions en prenant le meilleur parti de chacunes pour former un projet cohérant. Ainsi, si la citée n’est pas vraiment un village à proprement dit, mais elle emprunte beaucoup à cette forme urbaine. Mais, cet article nous a également permis de comprendre comment le mur et son utilisation ont permis d’unifier le projet et de mettre en relation chacune des idées de l’Atelier. Ainsi, c’est le mur qui génère le projet, il détient un rôle majeur dans la définition des espaces, de la pièce des appartements jusqu’à l’échelle du site (rue, place). Le mur permet de mettre en exergue les trois notions fortes du projet, il génère la rue avec de hauts murs aveugles, permet de lire les terrace house grâce à la batterie de murs de refends et enfin dessine la place et les ruelles. Si on résume, il s’agirait d’abord de la notion de la rue. Empruntée à Le Corbusier puis au Team X, elle définit 40

(fig.29) Rue, une quarantaine de maisons individuelles (fig.30) Terrace, le regroupement de tous les logements dans un même ensemble lisible. (fig.31) Village, la place comme espace centrale du projet, toutes les voies y convergent.


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un espace de rencontre et d’expression autour d’une quarantaines de maisons. (fig.29) Ensuite apparaît la notion de terrace. Voulant s’écarter du modèle d’habitats individuels s’éparpillant en zone suburbaine, les architectes proposent un modèle d’habitations individuelles groupées. La ils empruntent au modèle des terrace house, leurs logements sont “absorbés” dans un ensemble, comme un palais. On lit d’abord une barre avant de lire le découpage des appartements. (fig.30) Enfin, le village, cette fois c’est dans l’organisation des espaces extérieurs, l’exploitation d’une topographie assez spectaculaire et le choix de materiaux homogènes que le groupe s’inspire des villages méditerranéens. Les ruelles et les rues convergent vers l’espace centrale de la citée, la place. (fig.31) Il semble difficile de savoir si une idée découle d’une autre et laquelle est vraiment à la base du projet tant elles participent chacune dans la construction du projet. Notre choix fut plus de décrire l’ensemble selon des échelles de plus en plus grande; de la rue (échelle humaine) au village (échelle du site).

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