Numéro Zéro Revue de Recherches édition et architecture

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n°0 revue de recherches Êdition et architecture.



édition et architecture

avant-propos

Qu’est-ce qu’une revue? C’est un support papier de petit format qui a le pouvoir de nous transformer par des voix, des images, des idées. Ces pensées, mises bout à bout, engendrent une parole commune qui donne un point de vue. Lieu de rencontre avec l’ailleurs comme avec l’autre, la revue devient alors un espace de vie. C’est précisément cette confrontation avec l’altérité qui fait de ce support singulier plus qu’un véhicule, une ouverture — la brèche vers un monologue interne, ou l’interstice vers le propos critique. Passe-temps quand on l’aime, cale-porte quand elle agace, berceuse quand on la cajole, la revue est parlante, plurielle. Elle se fait désirer quand on l’attend, elle se fait savourer quand on l’offre. Elle renferme le paradoxe de sa pérennité et de sa fragilité ; sous le bras, dans un sac, sur le bord de l’eau -ou à la table d’un café, la revue se froisse, s’écorne. Elle jaunira. On en déchirera un petit bout pour garder précieusement cette image ou ce mot, ce qui nous a stimulé, ce qui nous a ému. La revue vieillira, bien ou mal, et nos idées passées avec. C’est que, voyez-vous, la revue est vivante. Ce numéro 0 prend le pari de placer l’architecte à la croisée de ces deux espaces de vie que sont l’édition et l’architecture ; d’en consigner les complémentarités et les rejets. Car si l’une prétend soulever des questions, l’autre est l’art de trouver des réponses. La revue, cet objet dont on conçoit l’intérieur et l’extérieur, qui a la beauté de composer à la fois en deux et en trois dimensions, matérialise à la manière de l’espace architectural un

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support capable de canaliser des idées éparpillées. Or, si le concept est souvent souverain dans les deux disciplines, l’idée servira ici et d’abord de prétexte. Prétexte au dialogue. Prétexte à la rencontre. Prétexte à l’hommage. Oui, en clé de voûte de cette revue comme au cœur du lieu, il y aura l’humain. Ainsi, dans ce numéro 0, j’ai invité tous les gens qui m’ont marqué, inspiré, interpellé dans ma pratique d’architecte, dans ce qu’elle avait de complice avec l’édition, et inversement. Les travaux rassemblés d’éditeurs (trices), illustrateurs(trices), artistes, théoriciens, écrivains prennent en compte ces deux entités : parfois dans leur individualité, souvent dans leurs complémentarité. L’ensemble des textes, images, illustrations et interventions tente de donner une vision plus étendue de l’existence de ces liens. Compiler ces recherches permet de faire le point. Dans cet espace s’engouffre alors une pensée, toujours plus ouverte, toujours plus souple, toujours plus apte à rendre compte de l’espace vivant, et à l’ouvrage, qu’il soit de mots ou de ciment. Christopher Dessus, février 2015.


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avant-propos

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sommaire et colophon

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SOMMAIRE Lexique

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Déri Christelle, Disparition en chaîne.

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VERNUS Gilles, L’espace d’une pensée.

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JANSENS Carole, Une ligne éditoriale.

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PALOMBI Lucie, Superficiellement.

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MORIN Loïc, La génèse d’un volume.

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HOPPE Samuel, VOLUME : Plaisir d’un libraire.

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GAILLARD Béatrice, Les périodiques dans un centre de documentation des ENSA.

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COLOPHON

N°0 ÉDITION ET ARCHITECTURE REVUE DE RECHERCHES à la suite d’un mémoire encadré par Monsieur Pierre Antoine à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles. Contributeurs DÉRI Christelle, architecte D.E, étudiante en urbanisme. GAILLARD Béatrice, responsable des périodiques du Centre de Documentation de l’ENSAVersailles. HOPPE Samuel, libraire à la Librairie VOLUME à Paris. MORIN Loïc, architecte D.E.

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PALOMBI Lucie, illustratrice et étudiante à l’école nationale supérieure d’architecture de Versailles.

JANSENS Carole, chargée d’études documentaire du MCC, actuellement responsable du Centre de documentation de l’ENSA-Versailles. VERNUS GILLES, professeur en Arts Appliqués au Lycée de Vence dans les Alpes Maritines. Papiers Recyclé Cyclus Offset 140g et 300g pour la couverture. Caractère typographique Bradon Grotesque. Remerciements : Adrien Rapin, Lucie Palombi, Christelle Déri, Cols Boutonnés, laboratoire de graphisme et d’édition, Pierre Antoine.

Illustrations : Lucie Palombi, série HOME. Lexique : Toutes les définitions proviennent de http://www.archidirect.com/ et http://www.imaginons.fr/ lexiquedelimprimerie, ainsi que du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (http:// www.cnrtl.fr/).


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A B

C D

E

Agencement : Différentes parties d’un livre. Agencement : Disposition et rapport des différentes parties d’un édifice : l’arrangement, les proportions relatives des divisions d’un plan, d’une façade, d’une décoration.

Calage : mise en place des différents groupes d’impression sur la machine pour l’obtention d’une bonne feuille servant de référence durant tout le roulage. Calage ou cale : Pose à niveau d’équipement (fenêtre, porte, escalier…) sur le gros œuvre. Pose avec joints de mortier de mise à niveau de socle.

Circulation : Espace de passage dans un édifice, couloir, escalier. Chanfrein : Arête saillante abattue, plat étroit. Cloison : Paroi divisant un espace en pièces. Mur léger non porteur. Panneau de doublage thermique. Composition : Saisie et mise en page d’un manuscrit. Couverture : Habillage du livre. Corps : hauteur totale d’une lettre incluant le talus de tête et de pied (voir talus) exprimée en point.

Enveloppe : revêtement protecteur. Étage : Niveau d’un bâtiment : l’espace entre plancher et plafond.

F

Façonnage : dernière opération qui, par pliage, découpe, assemblage, encartage, piqûre, couture, reliure, etc., donne aux imprimés leur forme définitive. Façade arrière : Façade opposée à la façade principale qui a la porte principale. Façade latérale : Façade d’une aile, en angle ou en retrait avec la façade du corps de bâtiment principal.

G

Grammage : Poids d’une feuille de papier ou de carton en gramme au mètre carré.

H I

Hors-textes : Illustrations intercalées dans l’ouvrage au moment du façonnage.

J K

Bichromie : Impression en deux couleurs. Béton : Agrégat de sable, gravier, petites pierres (granulats de taille inférieure à 3 cm) avec un liant ciment réhydraté et des adjuvants.

Interligne : Espace blanc qui sépare deux lignes écrites ou imprimées.

Jaquette : Protection qui recouvre parfois la couverture d’une revue. On y retrouve notamment le titre de l’ouvrage et le nom de l’auteur. Joint : Intervalle qui reste entre deux pierres après qu’elles sont posées.

Brochage : Finitions apportées lors de la fabrication du livre. Notamment la couture ou le collage des pages, l’encartage

Définition : mesure de la quantité de détails restituée d’un document original (basse définition ou haute définition). Dorure : Méthode d’impression en relief et à chaud de motifs à la feuille d’or et par extension d’aplats métallisés ou de couleurs. Dos : Partie d’un livre relié ou broché, opposée à la tranche, sur laquelle se trouve la couture et qui porte généralement le titre.

Forme : Qualité d’un objet, résultant de son organisation interne, de sa structure, concrétisée par les lignes et les surfaces qui le délimitent, susceptible d’être appréhendée par la vue et le toucher, et permettant de le distinguer des autres objets indépendamment de sa nature et de sa couleur. Forme carrée, circulaire, conique, cylindrique, quadrangulaire, rectangulaire, sphérique, triangulaire; forme concave, convexe; forme allongée, arrondie, élancée, évasée, globulewuse, lamellaire, lenticulaire, linéaire, oblongue; forme irrégulière, régulière; forme banale, bizarre, classique, compliquée, délicate, élégante, étrange; forme chinoise, égyptienne, française; forme byzantine, gothique, latine, romane; forme appropriée, déterminée, étudiée, quelconque, spéciale.


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lexique

00. LEXIQUE

L

Liant : Poudres à réhydrater minérales: plâtre, chaux hydraulique, pouzzolane naturelle, ciment prompt, portland (ciment artificiel) ou pâtes hydrocarbone : bitume, résine polymères.

M N

O P

Ouvrant : Partie mobile sur gonds, pivots, glissière d’une porte ou d’une fenêtre. Ouvrant : Partie mobile sur gonds, pivots, glissière d’une porte ou d’une fenêtre.

Q R

S T

U V W X Y Z

Repos : Plate-forme d’escalier entre deux volées de marches ne donnant pas accès à un étage. Retrait : construire, se mettre en arrière d’une limite administrative ou cadastrale. Recto : Page gauche d’un livre. Recto/verso : Deux côtés d’une même page. Reliure : Technique qui permet de mettre le livre en forme. Reliure pleine : Reliure où dos et plats sont recouverts d’un même morceau de peau.

Sous-face : Face tournée vers le bas d’une dalle, d’un plafond. Sous-sol : Toute pièce ou étage qui est en dessous du rez-de-chaussée d’un édifice. Synopsis : Résumé qui donne un aperçu du sujet ou de l’histoire traité dans l’ouvrage.

Verso : Page droite d’un livre.

Luminosité : calcul de l’épaisseur d’encre déposée sur le papier au moment de l’impression. Plus la machine roule vite, moins elle dépose d’encre sur le papier donc plus la couleur est dite lumineuse.

Main (du papier) : appréciation par le touché du rapport de l’épaisseur à la masse au mètre carré d’un papier ou d’un carton. Un papier a de la main lorsque son maintien est élevé par rapport à son grammage. Maquette : présentation partielle ou complète d’un système ou d’un objet (existant ou en projet) La maquette peut être réalisée en deux ou trois dimensions, à une échelle donnée, le plus souvent réduite ou agrandie pour en faciliter la visualisation Maquette : Projet d’édition, en rough ou finalisée, tentant de donner l’aspect de ce que sera l’exemplaire imprimé.

Mur : Paroi de maçonnerie construite en élévation au-dessus des fondations, constitue le gros de l’ouvrage d’un édifice. Mur porteur : Mur extérieur qui supporte la charpente et la structure des planchers.

Patio : Cour intérieure de bâtisse (bordée d’une galerie). Porte : Baie fournissant un passage dans un mur avec panneau de fermeture parfois avec vitre. Palier : Plate-forme qui reçoit les volées d’escalier et donne accès à l’étage par les portes palières.

Préface : Renseigne un lecteur sur le contenu du livre.

Reliure à dos brisé : Reliure où la peau qui recouvre le dos ne tient pas aux cahiers. Les saillies qui peuvent apparaître au dos d’un volume ainsi cousu sont de faux nerfs, simples ornements constitués par une ficelle rapportée.

Revêtement : élément de nature diverse (ardoise, brique, carrelage, ciment, enduit, marbre, plâtre, peinture, stuc, etc.) dont on recouvre les murs ou les parois d’une construction à l’extérieur ou à l’intérieur pour consolider, pour protéger ou pour orner.

Reliure mobile ou amovible : Couverture munie d’un système à pinces ou à anneaux permettant le classement des documents ou la conservation des brochures.

Toit ou Toiture : Ensemble des éléments de couverture étanche d’un édifice. Toit-terrasse : Toit plat (peut être accessible avec espace de vie).

Tirage : Quantité d’exemplaires d’un livre imprimé. 1. Action de tirer, d’imprimer; résultat de cette action. 2. Ce qui est imprimé. Tirage sur papier glacé; tirage limité. [L’architecte] remettra des tirages de l’avant-projet ainsi que des devis descriptifs. 3. Nombre d’exemplaires d’une édition, d’un numéro de périodique sortis des presses en une fois. Tuile : Élément de couverture pour toiture à pente.

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DÉRI Christelle

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01. DISPARITION EN CHAÎNE

Le numérique c’est la disparition d’un certain monde physique mais également des gestes qui l’accompagnent. Prenez un livre : un livre numérique c’est léger, à peine quelques octets. Avec sa création ce n’est pas que ces bons vieux bouquins qui disparaissent c’est aussi tout un tas d’objet et de lieux avec qui ils sont intimement liés. La mémoire du numérique rend la marque-page caduc, qu’il soit un simple ticket de train ou un véritable objet ouvragé en bois ou en nacre. Avec lui c’est la disparition d’un souvenir lié à la lecture du livre, d’un ticket de train, d’avion, de bus glissé négligemment entre deux pages le temps de descendre à destination. La bibliothèque avec l’internet avait déjà peu à peu perdu son rang de pièce à part dans la maison pour devenir progressivement un simple meuble coincé dans un coin du salon ou du bureau. Bientôt, elle se résumera à un tiroir, une pochette, une bibliothèque numérique. Quand sera-t-il du bâtiment même de bibliothèque? Ce lieu de silence où l’on vient travailler et découvrir. Ce lieu lui-même se dématérialise, le silence se trouvant dans la retraite possible à tout un chacun et le savoir dans des encyclopédies à peine plus lourdes qu’un paquet de cigarettes.

Qu’adviendra-t-il des kiosques à journaux qui rythment les rues de Paris, qui appartiennent à son image au même titre que le métro? Plus de journal autour d’un café, de pages difficiles à tourner, de tâches d’encre sur les doigts. Les libraires eux disparaissent déjà, métier de passionnés voué à l’oublie. Le livre, le journal, le magazine se dématérialisent et avec eux leur empreinte au sein de la ville. Le numérique c’est une disparition physique mais c’est aussi un changement d’habitude, de coutume, de gestes simples comme corner une page pour ne pas perdre le fil de sa lecture, s’assoir dans le silence religieux d’une bibliothèque, coller un timbre, écrire son nom sur ses cahiers. D’ailleurs, à l’heure où je vous parle c’est de ma cuisine que je le fais devant un café et dans mes mains ce n’est pas un stylo mais un clavier. Paris, le 6 février 2015.


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02. L’ESPACE D’UNE PENSÉE.

L'écrit est édité comme l'architecture est habitée. En effet, que serait un livre rangé dans l’oubli d’un tiroir, sans lecteur, réduit au silence, que serait une architecture abandonnée aux sables du désert, sans habitant, réduite à la poussière? En cela, l’édition met en contact les idées privées aux idées publiques par le façonnement de l’opinion et il faut que les mots s’usent. Et encore, en cela l’architecture met en espace, l’individu dans une société par le fonctionnement du tissu urbain et il faut que les personnes circulent. L’espace des deux écrivent le parcours de l'oeil lié au corps. Sensation de déjà vécu, de déjà vu, de déjà lu. petites limites écrites Contrairement aux « apparences » strictement fonctionnelles – communiquer/abriter – , l’ouvrage édité appartient au passé et l’ouvrage bâti appartient au présent. Pourquoi? L’acte d’écrire et l’acte de lire, via celui d’éditer sont résolument passéistes. Loin de lui ôter la noble activité de recherche intellectuelle, le livre, ouvrage imprimé, lieu de dépôt d’encre liquide devenue trace d'authentification de la pensée, s’attache à mettre en perspective les actes réels, s’il en est. C’est bien là sa faille. Il est le média de prospection, même authentique, légiférant, transformant les biens réels, immobiliers, en biens numéraires, mobiliers, etc. La spéculation a les limites des promesses qu’il tend à son lectorat, son é-lectorat ou tout autre récepteur. Les romans, les essais, les codes, les lois, etc., sont des lieux de spéculation. Et que cela. Nu devant la Nature, l'homme tient un livre qui n'est qu'un nuage de grisaille sur des surfaces planes empilées. Par conséquent, cet objet nommé livre, (abusivement ouvrage?) est là, encore moins, un outil. L'écriture espère la vie, désire s'incarner. Peut-être qu'elle se résout à son unique fantasme, celui d' esquisser la vérité. En effet, à quoi bon écrire si ce n'est pour circuler dans les coulisses scripturales

de la vérité, dans les mécanismes d'un équilibre entre réalité et écriture de la réalité. Même sous la forme d'un recueil, d'une fresque historique, ou d'un essai ethnographique, l'écrit, notamment dans le format du livre édité est le symptôme d'une vie non vécue. Il est toujours tendu vers. C'est un objet sur lequel le regard public peut se poser et donc partager son point de vue, et être soumis à une opposition idéologique. Écrit public donc opposable. un trait d’union Le lien intime entre l'objet imprimé-édité, et l'architecture pensée-réalisée : la structure. "Récurrente structure". Deux objets de la pensée indissociables de l'intelligence héritée de la culture gréco-romaine : la rationalité. Le ratio : unité de mesure, irrévocable. Irrévocable? En effet, c'est bien la mesure du caractère typographique, de la composition, du calibrage de texte, du point cicéro, du didot, du pica.... en somme de la surface imprimée au centimètre carré que les idées s'ordonnent. Et l'enjeu est de taille, comme la minute diffusée sur les ondes. Dans l'écriture se prépare néanmoins le vécu de l'architecture. Système de préparation conceptuelle : à l'image des limites de début et de fin du sens, le processus de signification des mots, des concepts, des notions, de nos pensées dans l'espace lu, l'architecture dé-finit les limites des possibles de nos corps dans l'espace vécu. Là, surgit la signification. "Car la signification, c'est la clôture du signe par l'événement de la désignation". Et sans la signification, le langage perd sa prétention à dire le réel. De l'idée à la matière. Et c'est l'avancée du sens vers sa référence, surtout quand elle est vidée de sa première existence, le langage s'auto-justifiant de son efficacité, que


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s'établit l'âme même du langage. Husserl ne dira pas autre chose dans ses "Recherches Logiques" : le sens idéal est un vide et une absence qui demandent d'être remplis". Pour autant, l'espace d'expression n'est pas libre. Et l'espace de publication, de diffusion, de communication médiatique (et sa valeur exponentielle) n'est pas si libre, et je ne parle pas ici de la censure de la socio-culture, chère à Henri Laborit, je parle de la propre censure du lecteur. Ici, la poésie ouvre la page des possibles. D'ailleurs, lisez ici que ces quelques idées vont être lues par un certain public : vous, toi, lecteur. Et uniquement cette personne. Songez-y un moment : les idées sont peut-être plus difficiles à partager que l'espace physique d'une architecture..... car le corps humain peut cohabiter, se bousculer, s'aimer, etc., tandis que les idées issues d'une lecture, c'est beaucoup moins sûr. Moins direct. Plus mince finalement. Un rêve de papier......où règnent des lois interdisant, par leurs natures même de s'accomplir. C'est pourquoi, les plus grands hommes qui ont marqué l'histoire (qui s'écrit...) n'ont, eux, jamais écrit. Ce sont d'autres hommes qui ont témoigné de leurs actes, au sens factuel du terme (témoignage, hommage, critique, documentaire...).

VERNUS Gilles

des symboles et des visées Oui, si on associe la typographie à un système de signes graphiques jouant avec des noirs présents, ou absents, à un système hautement symbolique - dans le sens où le signe n'a plus de contact lisible ou identifiable avec son origine dessinée, on constate qu'elle n'est plus qu'un code. Et si on associe l'architecture à un système de formes complexes et simples, présentes ou absentes dans la vie de l'homme alors l'écriture opère par définition une visée idéelle vers la réalité et l'architecture, une visée factuelle pour la réalité. Expressément, le texte ou le langage qu'il soit écrit, dicté ou dit, ou encore récité, présente toujours à son avantage la fonction immatérielle de représenter, sans être ce que l'idée transmet ou ce figure l'idée, ou pire, l'idée elle-même, et osons le dire, l'idée seule : c'est la haute fonction symbolique de l'écrit. Le but est bien idéel, et donc appartenant à la noosphère qu'Edgar Morin a si bien décrit en 1986, dans "La connaissance de la connaissance". En regard de l'édition, l'architecture ne se préoccupe pas du devenir des désirs, des fantasmes conceptuels tant individuels et que collectifs, car elle est déjà la cristallisation des désirs, au sens propre et figuré. Elle est la société, elle est société. Elle est l'incarnation de l'audace de respirer, de l'intensité de penser, de la façon de se déplacer, de vivre, enfin. Vence, 28 janvier 2015.

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JANSENS Carole

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04. UN CHANTIER

Au cours de l’année 2003, le Directeur du Service national des travaux, M. J.-M. Boyer décidait de lancer une collection d’ouvrages, sur les chantiers menés par le SNT1, afin de valoriser les opérations menées par ce dernier. Tout en s’inspirant d’une publication, intitulée « patrimoine restauré », réalisée par les Conservations régionales des monuments historiques au sein des Directions régionales des affaires culturelles, l’idée était de réaliser un livre, destiné à tous les publics, de petit format (17 X 12 cm), d’environ 60/80 pages, selon les sujets

retenus, lequel présenterait une opération menée sur un bâtiment, parmi les 80 les plus prestigieux du patrimoine national, en faisant intervenir les différents partenaires des opérations de travaux : architectes, conservateurs du patrimoine, entrepreneurs, artisans et fonctionnaires. Les ouvrages de cette collection intitulée « un chantier », se voulaient représentatifs de l’opération, menée depuis son origine jusqu’à sa réalisation, en passant par le montage technique et financier, le parti-pris de la restauration, le cas échéant, la coordination du chantier, son déroulement et les difficultés rencontrées. La ligne éditoriale étant définie, un appel d’offre fut lancé et un éditeur retenu. Le premier ouvrage sorti en mai 2004, fut : « La restauration du grand foyer de l’Opéra de Paris et des salons de la Lune et du Soleil », puis, parmi les livres réalisés, «Construction et restructuration de l’École nationale supérieure des arts décoratifs», « De l’hôtel de Beauvais à la cour administrative d’appel de Paris », « Requalification des entrées du domaine national de Saint-Cloud » opération qui fit intervenir les lauréat des nouveaux albums des jeunes architectes, et « Repères sur les comportements du Panthéon et sa stabilité structurelle » ouvrage qui reprit les conclusions de l’audit mené en 2005 sur la stabilité du Panthéon et les travaux entrepris suite à celui-ci. Au total 13 ouvrages vinrent illustrer cette collection entre 2004 et 2009. Versailles, 2 février 2015.


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03. SUPERFICIELLEMENT

Quelle mauvaise journée c’était, avec cette neige épaisse et neigeuse, ce blizzard et cette obscurité qui s’abattit sur la maison. La neige se répandait comme en deux dimensions. Le type qui vivait là était insondable, du moins en apparence. En devinant le paillasson «HOME» qui tentait de marquer le seuil, Agatha avait déposé un carton enneigé et plat avec deux ou trois livres qui manquaient de contenance. Il était resté figé, à la limite de la façade abyssale, se fondant à ce revêtement auquel, semble-t-il, il appartenait. Paris, le 30 mars 2015.

PALOMBI Lucie

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05. LA GÉNÈSE D’UN VOLUME

Certaines rencontres peuvent donner naissance à des projets forts en sens et en convictions. Le magazine Volume est né de l’une de ces rencontres où il a suffi d’un voyage, d’une rencontre entre deux personnes dans un bus allant vers Rotterdam, pour que le concept du magazine germe. Le point de départ du magazine portait sur le constat que les étudiants en architecture ont besoin de s’ouvrir à d’autres modes de représentation, à d’autres modes de réflexion que le projet architectural. Le magazine devait avoir pour but de devenir un support de réflexion, d’échange et de dialogue entre plusieurs pratiques artistiques exercées hors du cadre scolaire par les étudiants. Nous voulions montrer que les travaux que ceux-ci réalisaient en parallèle de leurs études pouvaient être mis en relation. Parmi tous les étudiants présents dans une école à l’échelle de celle de Versailles, nous ne pouvions évidemment pas connaitre chaque passion, chaque talent. Au fur et à mesure des rencontres que nous faisions dans l’école on découvrait énormément de travaux réalisés par les étudiants pendant leur temps libre. Ces passions n’avaient pas la possibilité d’être vues. Il n’aura fallu que quelques semaines pour mettre en place une équipe autour de ce projet nouveau. Tout de suite, plusieurs étudiants de notre entourage semblaient portés par le concept de notre magazine. Cette première équipe était alors constituée de personnes d’horizons différents, regroupées dans le but de créer rapidement une première maquette de projet de magazine. Et voilà, l’aventure du magazine avait commencé! Première réunion du soir, premier dessin de la maquette. Au vu des réactions très positives autour de nous, et même de l’attente de certains

qui semblaient vraiment enthousiasmés par ce projet, nous avons été « boostés » pour aller encore plus vite et surtout aller au bout de notre ambition. Très vite nous avons senti qu’il fallait que l’on soit soutenu par l’école mais aussi par d’autres personnes partageant les mêmes volontés concernant l’ouverture du champ de la réflexion dans le milieu de l’architecture. L’école d’architecture de Versailles a la chance d’avoir au sein de ses locaux La Maréchalerie, un centre d’art contemporain. Il nous semblait alors important de discuter de ce projet avec la directrice du centre, Valérie Klochel, qui partage également cette volonté de montrer la diversité des initiatives des étudiants en architecture. Madame Klochel nous a tout de suite suivis dans cette aventure en nous apportant des conseils pour donner de l’ambition à ce projet. Sur ses conseils et après avoir rencontré plusieurs personnes de l’administration, nous avons réussi à obtenir un rendez-vous avec le directeur de l’école, Vincent Michel, qui porte aussi cette volonté concernant l’ouverture du champ de l’architecture. Premier coup de stress pour l’équipe puisqu’il a fallu produire dans un délai très court, le fameux numéro 0, afin de le présenter comme support concret au directeur. Qui dit premier numéro, dit forcément choix du nom du magazine. Et là chacun y va de sa proposition ! Tout y passe, du mieux au pire : HORIZON, DIMENSION… Soudainement, un mot portant beaucoup de sens arrive : VOLUME. Ce mot prend tout son sein, le magazine sera un ensemble de travail, de réflexion, d’étudiant, de travaux, un VOLUME. Ce mot est également lourd de sens de par sa connotation au volume représenté par l’école, et par ce qui s’y passe. Chaque Volume sera différent car il abordera une thématique permettant aux étudiants de porter une réflexion sur celle-ci, de la


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manière la plus libre qu’ils le souhaitent. Longtemps prévu au format numérique pour des questions de coût, le soutient du directeur nous a permi d’imprimer le premier numéro gratuitement au sein de l’école. Cela a donné un vrai coup de pouce au magazine en lui offrant une plus grande visibilité au sein de l’école, notre but premier ! L’impression papier du magazine nous a alors contraint à le rendre payant pour assurer la viabilité du projet sur le long terme. Avec le recul, cela a été un mal pour un bien car c’est grâce à cela que le magazine a pu devenir en lui-même un mode d’expression diffusé sous différents support et différents formats. Ce numéro 0 a dû subir quelques modifications pour le lancement, celui-ci se devait d’être plus complet. Il a alors fallu faire des appels à contributions auprès des étudiants pour l’étoffer. Et on peut le dire, même pour un premier numéro, qui avait pour thématique le mouvement, nous n’avons pas eu de mal à récolter de nombreux travaux. Le premier numéro à vraiment suscité la curiosité des étudiants et les retours étaient vraiment très positifs. Quelques mois passent mais pas l’envie de porter le projet encore plus loin. La rencontre avec le conseiller dédié aux affaires culturelles de la mairie de Versailles lui a donné un élan fondamental. Enthousiasmé par le projet, celui-ci nous a apporté un important soutien financier mais aussi logistique, avec notamment la possibilité d’utiliser l’Atelier Numérique de Versailles pour le lancement du numéro 2 de Volume. La genèse de ce projet est assez rapide. Rester fidèles à nos convictions a toujours été le plus important : promouvoir le travail des étudiants et montrer la diversité des pratiques au sein des écoles. Le magazine Volume a été lancé il y a maintenant trois ans et déjà plusieurs équipes se sont succédées en ne cessant de le faire évoluer. Ainsi Volume n’est pas resté dans l’école d’architecture de Versailles mais il s’est ouvert, au fur et à mesure, à d’autres écoles d’architecture


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06. VOLUME : PLAISIR D’UN LIBRAIRE

Quelles peuvent donc bien être les motivations qui poussent à ouvrir une librairie aujourd’hui? D’autant plus une librairie centrée sur l’architecture, l’urbanisme et le paysage. Certainement pas l’appât du gain. Avec Isabelle Leblanc nous avons ouvert VOLUME début 2014. Nous avions passé quelques années à gérer la librairie Le Moniteur ; un endroit à bout de souffle que le Groupe Moniteur a décidé de fermer pour alléger l’entreprise et ainsi mieux la vendre. Il est commun d’entendre et de lire aujourd’hui que le livre, dans son ensemble, va mal. Cette affirmation, fausse, est proche du magique. On aime dire que cela va mal, notamment pour ce qui est du livre. Est-ce l’effet catastrophiste propre aux siècles commençants? La littérature du début du XXème siècle a donné à lire quelques merveilles dont le polonais Witkiewicz jusqu’à ce qu’éclate la Première Guerre Mondiale. Quelques agités considèrent ces temps-ci que la guerre est à nos portes voire l’appellent de leur peur et de leur haine de l’autre. Donc plus personne ne lirait, particulièrement les jeunes générations alors pourquoi ouvrir une librairie? Si pour les grosses structures de l’édition la vie est difficile et la gourmandise galopante quant aux marges de librairies en mal d’identité les conduit à la fermeture il serait difficile d’être pessimiste en observant l’effervescence du milieu du livre. Le livre d’architecture n’est pas en reste et ce sont les jeunes générations qui le poussent de tout leur enthousiasme et de toute leur énergie. Il est sans danger d’affirmer qu’il n’y a jamais eu autant de livres publiés ; constat qui se pose en complète contradiction de l’affirmation le livre va mal. Il n’y a jamais eu autant de livres publiés et il n’y a jamais eu autant de diversités, il n’y

a jamais eu autant d’éditeurs, d’auteurs et de graphistes. Pour le meilleur et pour le pire. Si la qualité moyenne tant à s’améliorer, elle n’est pas toujours au rendez-vous. C’est un des rôles du libraire que de filtrer cette production. Une librairie c’est un endroit où l’on trouve des livres choisis par des libraires. Les raisons de ce choix sont multiples, il n’y a pas que l’esthétique et la qualité graphique car même si le travail des graphistes est plus reconnu, plus mis en avant, il n’existe ni goût commun, ni attentes communes et surtout tout le monde n’est pas graphiste, ni éditeur. Pour qu’une librairie ait une identité, les libraires qui l’animent, qui lui donnent une âme, se doivent de savoir pourquoi ils ont tel ou tel livre, telle ou telle revue. Il ne suffit pas de se jeter sur chaque publication dans l’air du temps pour qu’elle soit de qualité. Le succès de San Rocco donne lieu à de nombreux ersatz. Il y a un style San Rocco qu’il est dangereux de vouloir imiter au risque de ne pas trouver son identité qu’elle soit celle du contenu ou celle de la forme.

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Notre rôle, en tant que libraire, n’est pas de sanctionner. Nous n’avons pas à affirmer ce qui est bien et ce qui est mal. Notre rôle est de choisir de montrer ou de ne pas montrer, d’aller chercher aussi loin que là où ça se trouve, que ce soit à Paris, New York, Venise, Beyrouth ou encore la Creuse les livres et les revues qui vont entrer en résonnance avec le désir d’un lecteur. Libraires, nous sommes d’abord des lecteurs, des amateurs d’architecture, des amateurs de graphisme. Il y a l’architecture et il y a les livres d’architecture. Les livres que nous choisissons créent des promenades entre les murs de VOLUME qui amènent beaucoup plus loin que la limite des étagères et des tables. Des promenades car les chemins parcourus parmi nos livres sont tous singuliers et n’appartiennent qu’à la personne qui accepte de s’y aventurer. Les raisons qui nous amènent à un livre sont variables, il y a de nombreuses manières de découvrir un livre pour un libraire, par l’éditeur, par la presse, par internet, par un client, par une conversation dans un bar. Quelle que soit la façon l’origine est toujours un échange et c’est cet échange que VOLUME continue. Il est toujours très agréable d’écouter quelqu’un parler d’un livre. Qu’il l’aime ou qu’il ne l’aime pas il y a toujours quelque chose à découvrir, aussi pour faire découvrir un autre livre, encore inconnu. C’est ce travail du choix, de la transmission, de l’échange autour du livre qu’il soit sur l’architecture ou qu’il l’aborde par ses lisières qui justifie VOLUME. VOLUME n’est pas spécialisé en architecture, urbanisme et paysage. VOLUME est centré sur l’architecture, l’urbanisme et le paysage. Etre spécialisé restreint l’offre, se spécialiser c’est se fermer à d’autres domaines alors qu’être centré ouvre le regard vers d’autres domaines, d’autres disciplines. Jean-Christophe Bailly ou Thoreau disent autant ou plus sur le paysage que les théoriciens du paysage. François Maspéro et sa traversée de l’Ile-de-France par le RER B apprennent beaucoup plus comment regarder la ville qu’un aride essai d’urbanisme dont le rôle est autre. Le plaisir des maisons construites par Bruno Mathsson ne peut être mieux transcrit que par les photos de Mikaël Olsson. Tous ces regards venus d’ailleurs et portés sur l’architecture, la ville et le paysage nourrissent VOLUME et nous l’espérons nourrissent le travail de ceux qui sont architectes, urbanistes ou paysagistes ou en devenir.


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Montrer des livres, des revues dans une librairie c’est s’enthousiasmer pour le travail de plusieurs personnes, c’est transmettre l’enthousiasme de ses personnes, leur plaisir, leur désir de partager un savoir, une esthétique, un avis, une opinion. J’évoquais les plus jeunes, ceux que l’on considère comme éloignés du livre ne s’intéressant plus qu’à internet et à cette lecture morcelée propre à ce médium. C’est pourtant là que l’on trouve un souffle nouveau. Ils produisent des revues quelques fois fortes de quelques numéros seulement à l’image de Face B ou à la régularité aléatoire comme l’exigeante Accattone ou la jeune et rare Revue Das. Ils interrogent les désirs du monde de l’édition produisant ce qu’ils ne trouvent pas dans les productions des grosses revues et des gros éditeurs qui les regardent d’un œil inquiet tout en leur reprochant leur économie alternative née de l’absence de salaires à payer. Pourtant ce n’est pas qu’une critique qu’ils produisent ici, toutes ces revues s’inscrivent dans une complémentarité nécessaire autorisée par les faibles tirages que l’impression numérique permet. Si certes l’auto-publication, les petits tirages et les éditeurs solitaires n’apparaissent pas avec internet, il existe en architecture, et en photo, de nombreuses publications à petits tirages et de grandes qualités. Satisfaire une envie d’éditer le travail des autres, combler un vide dans la production éditoriale ou refuser le mauvais goût de certains éditeurs qui ont plus à voir avec des industriels amateurs de publications low cost profitant du désir d’être publié d’agences à la recherche de contrats c’est ce que refuse certains éditeurs à l’image de B2 avec ses petits livres ciselés, Form(e)s et son tout récent 198 assemblages du bois d’Elias Guénoun avec Philippe Millot ou encore l’agence Bruther et sa monographie maison pilotée par l’intransigeant Julien Hourcade. Ce sont tous ces rapports aux livres, tous singuliers, tous portés par la passion, qui chacun disent quelque chose de très personnel sur l’architecture, l’urbanisme et le paysage qu’avec VOLUME nous voulons porter, mettre en avant et faire découvrir en créant un tissage étroit sur nos tables et dans nos étagères. Paris, le 3 février 2015.

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07. LES PÉRIODIQUES DANS UN CENTRE DE DOCUMENTATION DES ENSA.

revues, magasines ou périodiques : essai de définition Il est parfois difficile de se repérer dans le jardon des bibliothécaires qui assez naturellement emploient le terme de périodique pour qualifier des publications en série là où d’aucun utiliserait tout aussi naturellement le terme de revue, magasine, bulletin, journal, fanzine, ... Le terme de périodique permet d’englober de façon générique une production imprimée ou dématérialisée dont la caractéristique essentielle est de publier des articles réunis dans un numéros de revue dont le titre ne varie pas contrairement à son contenu. Ces publications se font à intervalles plus ou moins réguliers selon la périodicité choisie par les éditeurs qui peut être variée, allant du quotidien à l’annuel en passant par l’hebdomadaire, le bimensuel, le mensuel, le bimestriel, le trimestriel, le semestriel. Les revues ont un gros avantage sur les livres car justement elles regroupent des articles de provenances diverses dont la publication est bien plus rapide qu’un livre. Les articles permettent une plus grande proximité chronologique avec les sujets traités, de pousser plus loin des réflexions qui ne pourraient être qu’effleurées dans une publication thématique, d’offrir plus rapidement les découvertes scientifiques au public. Or la gestion des périodiques n’est pas toujours aisée. Le bibliothécaire débutant s’aperçoit très tôt que la périodicité annoncée est souvent un voeu pieux, notamment lorsqu’il a affaire à des mensuels qui ne comportent que dix numéros par an grâce à l’artifice du numéro double ou triple qui permet de respecter la numérotation tout en réduisant le nombre total de numéros sur l’année en particulier pour les mois d’été ou d’hiver. Il s’étonne des périodiques qui en cours de vie changent de périodicité et parfois plusieurs fois, ceux dont le titre ou le format se transforment ou dont la ligne éditoriale est révisée. Il suit

difficilement les périodiques qui paraissent à intervalle irrégulier empêchant toute tentative d’abonnement. Le bibliothécaire doit donc veiller sur les périodiques pour repérer la naissance d’une revue qui pourrait intéresser son lectorat, l’accompagner toute sa vie lorsqu’il s’y abonne, détecter sa mort qui intervient parfois après une lente agonie (espacement des livraisons) ou subitement (suite à une faillite ou un arrêt brutal de la publication) enfin assister parfois dubitatif mais toujours émerveillé à la résurrection d’un titre que l’on croyait mort (l’Architecture d’aujourd’hui). le choix du bibliothécaire et la conservation des revues. Repérer une revue qui traite d’architecture, d’urbanisme, de paysage, de sciences humaines ou de droit est une chose, s’y abonner en est une autre. Le choix doit se faire de façon judicieuse et pertinente en s’interrogeant sur la nature de la revue, sur son contenu tant textuel qu’iconographique, sur la ligne éditoriale choisie. Il n’appartient pas au bibliothécaire de juger le contenu de la revue mais d’en apprécier le contenu à l’once du besoin de son lectorat qu’il soit réel (répondant à une réelle demande des usagers), ou fictifs (où l’on décide des lectures qui seraient profitables dans le domaine choisi). Il convient donc de bien connaître les revues dont les éditoriaux initiaux sont souvent explicites et se présentent parfois comme un manifeste, d’en saisir la ligne éditoriale que l’on découvre au contact de la revue ou encore sur le site internet qui l’accompagne et dont la rubrique « qui sommes nous? » recèle des trésors d’information. Une fois les abonnements pris, le bibliothécaire se doit de mettre en valeur ces collections de périodiques par des mesures de diffusion et de


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conservation notions parfois antinomiques. En effet la forme physique des revues (couverture souple, reliure peu solide) propice à une diffusion de masse rapide témoigne également d’une consommation rapide de son contenu. Le sort réservé à ce genre de publication est souvent celui de la corbeille à papier. Or le bibliothécaire conserve et en thésaurise toute cette production et ce pour plusieurs raisons. D’une part la production d’articles de périodiques et très souvent non suivie de publications plus importantes, les revues contiennent donc du matériel de réflexion et d’approfondissement sur de nombreux sujets. D’autre part la conservation des périodiques permet à l’actualité de passer la ligne insaisissable de l’histoire. Alors qu’aujourd’hui le lectorat d’ « Architecture d’aujourd’hui » est constitué d’architectes qui veulent connaître l’architecture en train de se faire, dix ou quinze ans après ces revues sont essentiellement compulsées par des personnes soucieuses de retrouver une information sur un bâtiment qui appartient déjà au passé. Pour thésauriser toute cette masse d’information contenue dans les périodiques il faut veiller à leur conservation physique en les rassemblant et en leur donnant des qualités physiques pour qu’ils conservent leur intégrité matérielle en recourant notamment à leur reliure qui permet de préserver et valoriser cette production chèrement acquise et qu’il serait dommage de perdre par incurie.

La valorisation d’un fond de périodiques. La mise en valeur des revues se fait aussi grâce à leur référencement. Tout d’abord en signalant la présence des collections de périodiques dans une bibliothèque sur son catalogue ou un catalogue collectif, consultable souvent sur internet. Pour cela une notice est créée pour donner des informations sur le titre de la revue, le lieu de sa publication, son éditeur ses dates de publication, sa langue, et sa généalogie (il est indiqué si elle fait suite à une autre revue, si elle a été transformée en un autre titre par exemple) et son n° d’ISSN (International standard sérial number) indispensable pour identifier rapidement la revue dans un catalogue ou prévoir des interopérabilité entre les catalogues des bibliothèques. Cette notice est complétée par un état de collection qui s’écrit d’une façon normalisé pour décrire le contenu précis d’une collection par exemple 1, 1972 – 6, 1976 ; n°8, 1977-… Le tiret indique une continuité entre les numéros, le point virgule une lacune et les points de suspensions que l’établissement continue à recevoir ce périodique. Actuellement tous les états de collection des périodiques du Centre de documentation sont accessibles sur Archirès. On peut y accéder à partir de la notice revue, soit à partir d’un article de revue en cliquant sur le titre de la revue (on obtient les états de collections des Centres de documentations des ENSA). Pour aller plus loin dans la valorisation des revues d’architecture, d’urbanisme et de paysage les documentalistes des ENSA procèdent à un dépouillement des articles des revues les plus significatives sur le domaine. Pour cela ils vont créer des notices pour chaque article des revues sélectionnées afin de pouvoir l’identifier. Ces notices sont versées dans le catalogue commun des bibliothèques des ENSA depuis 2014. Versailles, le 6 février 2015.

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Les images numérotées en chiffres romains sont légendées ci-contre.

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I p. 5 Extrait du catalogue de l’exposition Archizines. ARCHZINES, Elias Redstone, AA publications, Novembre 2011. II p. 6 DE SMET Catherine, BIE Jérôme Saint-Loubert, COURANT Jean-Marie, DELOIGNON Olivier, KUBOVA -GAUCHE Alena, MANIAQUE Caroline, DE PUINEUF Sonia. D’après le schéma de travail réalisé lors du workshop du 3 février 2010 à Rennes, Architecture et Typographie, Quelques approches historiques. Editions B42, 2012, p. 6. III, V, VI, VII, X, XIII, XI, XV, XVI, XVII, XVIII p.12, 14, 15, 20, 24, 28, 29, 30, 32, 33, 36. Extrait de la série HOME, Lucie Palombi. IV p.14 VERNUS Gilles, «Image de l’Archi-édition et son unité d’Idée heure», VIII p. 20. “La restauration du parvis des libertés et des droits de l’homme au palais de Chaillot”. photographe : Carole Jansens. IX p.20. “Consolidation et restauration du donjon de Vincennes”. photographe : Nathalie Darbellay. XI p. 25. VOLUME Magazine, Numéro 5, Mémoire(s) , mars-avril 2013, p. 34-35. XII p.25. VOLUME Magazine, Numéro 3, Positif-Négatif, mars-avril 2013, p. 10 et 11.



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avant-propos

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