Eddy Lane
Le nom est Penga. Mon nom est Penga. C’est le nom de la dynastie des Pengas que mon arrière, arrière-grand-père Daragoch fonda, en été, de cette année, lointaine et inoubliée et marquée par de longs mois de terrible canicule, sans un nuage à l ’ horizon, sans une goutte de pluie du ciel. La famine s’installa, même les rapaces n’avaient plus de force, ni d’espoir pour survoler leurs proies. Les bergers mouraient avant de pousser leurs maigres troupeaux jusqu’au bord des rares champs, au pied des collines, avec encore un peu de l’herbe asséchée. Daragoche Penga prit, alors son violon, se tourna vers sa femme et dit : - Viens, femme. Prépare les gosses, on part chercher de la pluie ! Pendant des semaines, pendant des mois, en traversant les villes et les villages, en avançant le long des rivières sèches, en entrant pour les seuls courts repos, chez les gens et dans les églises, il marchait et jouait de son violon. A la fin de sa longue route, après des mois de jours et de nuits de jouer au violon, après avoir perdu quatre de ses six enfants, mon arrière, arrière-grand-père remmena la pluie sur les champs et sur les toits des maisons des hommes. Il est mort le jour où, on l’a proclamé roi de La Daccie et de la Vallacie. Je suis le dernier rejeton de cette noble famille, le seul descendant mâle authentique. A la date du 16 janvier 1941, mon grand-père fut trouvé mort à côté des voies ferrées, après avoir sauté avec sa femme dans ses bras du train qui se dirigeait vers un camp de travail ou de la mort, ou de travail qui libère jusqu’à la mort. Ma grandmère, grièvement blessée et prise de convulsions accoucha avant terme et mourut, sa tête sur le torse de son mari, déjà sans vie. C’est un chien qui trouva mon père et en aboyant attira l’attention de son maître. Toute sa vie, mon père garda le souvenir de l’odeur et de la chaleur de l’herbe et des plumes des oies que la femme de cet homme, un musicien hongrois lui faisait comme couveuse. Je joue aussi, du violon. Je m’appelle Vital Penga. Mais aujourd’hui, je ne jouerai pas, aujourd’hui c’est mon couronnement. Je dois me reposer un peu, pour être frais pour le moment où, on me dit : -Vital Penga, c’est le 2 septembre 2013, voilà le moment, oh notre Roi ! , à porter cette couronne, oh roy de la Daccie et da la Vallacie. -Vital, Vital, mon ami Sedi me secouait, réveille - toi, bon sang. Ils sont venus, ils nous chassent. La police casse les caravanes. Viens on se sauve ! Viens on se cache ! Tu sais bien que les Français ne veulent pas de nous ! Allez ! Prends ton violon et cours !!!!!