FICHE ENSEIGNANT UN FILM POUR TOUS 2011/12 - Cycle 2
ARRIETTY, LE PETIT MONDE DES CHAPARDEURS Un film de Hiromasa Yonebayashi I 2010 I 1h34 I Japon I Adapté du roman britannique The Borrowers (« Les emprunteurs ») de Mary Norton (1952.)
Dans la banlieue de Tokyo, sous le plancher d’une vieille maison perdue au cœur d’un immense jardin, la minuscule Arrietty vit en secret avec son père et sa mère. Ce sont tous trois des Chapardeurs qui empruntent aux humains ce dont ils ont besoin en petite quantité afin que les habitants de la maison ne s’en aperçoivent pas. Pour vivre heureux vivons cachés pourrait être leur devise car il leur est formellement interdit d’être vus par les humains sous peine de se mettre en danger. Arrietty sait tout cela. Pourtant, lorsqu’un jeune garçon, Shô, arrive à la maison pour se reposer avant une opération du coeur, elle sent que tout sera différent. Contre toutes les lois, une amitié se noue entre la jeune fille et celui qu’elle voit comme un géant, scellant la rencontre de deux mondes. Jeu d’échelle, réflexion sur le vivant, sur le glanage et le chapardage, Arrietty est tout cela et bien plus encore : une ode à l’infiniment petit, au merveilleux caché dans le quotidien, et surtout à l’altérité et au pouvoir magique de la rencontre.
L’ANIMATION AU SERVICE D’UN UNIVERS MAGIQUE Tout comme dans Kérity, la maison des contes proposé l’année dernière dans le cadre de Un film pour tous, le cinéma d’animation dévoile avec Arrietty le petit monde des chapardeurs son pouvoir vertigineux : celui de filmer l’infiniment petit, de proposer une étrange exploration du monde et de faire entrer le spectateur dans une réalité merveilleuse. ▪ La nature, bastion du rêve et du merveilleux Quitter la ville et découvrir une nature dans laquelle le merveilleux est encore préservé sont un des leitmotivs des Studios Ghibli.1 Dans Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki, la petite Meï 1
Créés en 1985 par Hayao Miyazaki et Isao Takahata, les studios Ghibli, du mot italien qui donne son nom au vent chaud du Sahara, font souffler un nouveau vent sur l’animation japonaise et mondiale. Pompoko, Le voyage de Chihiro, Princesse Mononoke, Ponyo sur la falaise sont les films emblématiques des Studios dont chaque œuvre est travaillée par la question de l’harmonie entre l’homme et son environnement.
s’installe avec son père et sa grande sœur dans une maison en pleine nature au milieu des rizières. Dans la séquence d’exposition, nous quittons Tokyo en compagnie de Shô pour s’enfoncer avec lui au cœur d’une nature luxuriante, propice aux rencontres magiques. Après un trajet en voiture qui inaugure le récit d’initiation, le titre s’inscrit sur un portail ouvert, symbolisant le point de passage de la frontière du merveilleux. Avant même que nous la rencontrions, la voiture d’Horu, maîtresse des lieux, bloque le chemin et annonce la position du personnage vis-à-vis des chapardeurs, ennemis qu’elle traitera comme des animaux néfastes, des nuisibles à éradiquer ou à conserver dans un bocal. Après un lent panoramique sur un jardin enchanteur baigné de lumière, le regard de Shô s’arrête sur un laurier au pied duquel Mia le gros chat guette Arrietty. Lors de cette première rencontre entre les deux protagonistes, qui est aussi la première révélation de l’existence des petits êtres pour le spectateur, Arrietty bondit tel un lutin trépidant sans se rendre compte de la présence de Shô. Cette première rencontre, aussi fugace et volatile qu’un rêve, affirme d’entrée de jeu que le territoire que nous allons arpenter est habité par le merveilleux. Les chapardeurs sont liés à l’histoire de la famille de Shô (sa mère les a rencontrés petite et c’est dans la maison de son enfance que l’action se situe) ; issus de la tradition et par là même du passé, ils sont les représentants d’un monde enchanté en voie de disparition, un monde ancien où coexistaient en parfaite harmonie les humains et les petits êtres. ▪ Un univers bricolé : glanage et recyclage Toute la famille d’Arrietty pratique l’art savant du détournement et du recyclage. Pop le père répare et soude, Hominy la mère coud, Arrietty chaparde. Tous les trois font preuve d’une incroyable inventivité pour transformer et détourner les objets de leur usage courant, y insufflant par la même occasion une étrange poésie. Ainsi, le scotch double face permet à Pop d’escalader les parois de la cuisine, des hameçons de pêche deviennent des harpons d’alpiniste, une maison de poupée se transforme en palace aux mille merveilles ; plus tard une théière se métamorphose en une embarcation de fortune pour mener la famille vers un nouveau foyer. ▪ À la découverte d’un monde nouveau Dès sa première apparition, la caméra se met à l’échelle d’Arrietty : le jardin devient jungle, le chat une bête géante et féroce et les fondations de la maison un labyrinthe magnifique qui abrite la famille de notre héroïne. En adoptant le point de vue d’Arrietty, le spectateur expérimente avec elle ce monde de la démesure. Les objets, jusqu’ici petits et inutiles, changent de valeur et deviennent vitaux pour la survie ou inquiétants : une aiguille se transforme en épée, la cuisine devient une étendue infinie et lugubre, un corbeau ou un rat, des prédateurs farouches. Les sons subissent la même métamorphose. Les simples appareils du quotidien deviennent des machines étourdissantes, à l’instar du bourdonnement du frigo qui semble menacer Arrietty.
▪ Un point de vue qui modifie la valeur des objets et des actes. Voir le monde à travers les yeux d’Arrietty, c’est regarder le quotidien sous l’angle déformé de l’infiniment petit, transformer le trivial en merveilleux et par là même interroger la notion de valeur. L’acte le plus simple, comme s’emparer d‘un morceau de sucre, revêt ainsi un aspect extraordinaire, Pop et sa fille risquant leur vie pour s’en emparer. De même lors de l’escalade solitaire d’Arrietty pour atteindre la chambre de Shô, véritable parcours d’obstacles qui révèle à la fois le courage et la détermination de l’adolescente. Au service de la magie et de la poésie, ce jeu d’échelle donne le vertige : les deux scènes d’ascension (lors du premier chapardage d’Arriety avec son père, lorsqu’elle escalade seule la maison pour retrouver Shô) sont des séquences dignes des plus grands films d’aventure. L’animation de Hiromasa Yonebayashi emprunte ainsi au cinéma en prise de vue réelle son rapport à l’espace avec une conception dynamique de la profondeur de champ. La tension entre les plans d’ensemble et les plans rapprochés (comme par exemple dans les deux premières scènes de rencontre entre Shô et Arrietty) construit le mystère. Et le travail sur les couleurs, les bruitages, la respiration et les matières aiguise tous nos sens.
À LA RENCONTRE DE L’AUTRE Par la conquête d’un nouvel espace et d’une amitié interdite, Arrietty va gagner son autonomie, renouer le lien rompu entre les deux mondes et transmettre à Shô courage et humilité. ▪ Une grande héroïne Si Arrietty est la plus petite par la taille, elle n’en possède pas moins une forte personnalité qui va lui donner la force de dépasser ses peurs pour sauver sa famille. Le film repose en grande partie sur ce personnage omniprésent, qui fait le lien entre le monde des humains et celui des Chapardeurs. Avec sa pince à linge en guise de barrette et une aiguille pour épée, elle est à l’image des héroïnes intrépides des studios Ghibli. Il y a en elle l’agilité de la Princesse Mononoké, l’énergie de Ponyo, le courage de Nausicaa, la volonté farouche de Chihiro. On retrouve chez Arrietty cette caractéristique propre aux personnages féminins des films du studio qui sont toutes des médiatrices entre le monde animal /végétal et celui de la civilisation. ▪ Deux adolescents frappés par un handicap et bouleversés par leur rencontre Shô et Arrietty sont tous les deux affublés d’un handicap : elle par sa petite taille, lui par sa maladie cardiaque qui l’immobilise. Shô est surprotégé, notamment par Haru qui clôt les fenêtres pour éviter les courants d’air, lui interdit toute forme d’excitation et finit même par l’enfermer à double tour dans sa chambre. Au contraire, le père d’Arrietty la confronte au danger pour faire son éducation de chapardeuse. Si Shô est cloîtré dans sa chambre et circule dans un périmètre étroit qui va de son lit au jardin qui entoure la maison, la curiosité d’Arrietty la pousse irrémédiablement à dépasser les
frontières et les interdits pour découvrir le monde. À la fatalité de l’un (« votre espèce est condamnée à disparaître ») répond la lutte pour la survie de l’autre. « Ce n’est pas le destin [dit-elle] qui a précipité notre disparition et anéanti notre espèce mais l’action de l’homme ». Alité depuis toujours, Shô a été privé d’amis. Sa rencontre avec Arrietty qui marque sa première expérience amicale, va le mettre en mouvement. Par son discours, par ses actes (« trop forte ! » dira Shô, très impressionné de la voir escalader la fenêtre), Arrietty insuffle à son nouvel ami la force de se battre pour affronter la maladie et lui donne la volonté de vivre. ▪ La mise en scène de la rencontre Les différentes rencontres de Shô et d’Arrietty sont remarquables de poésie et de douceur. Pas de cris de surprise ni d’angoisse, mais des moments suspendus dans le temps, comme figés, travaillés par l’idée d’un dévoilement progressif qui va de l’ombre chinoise au face à face, de l’amitié interdite à l’altérité. Si la première rencontre est une apparition furtive (Arrietty dévale un brin de laurier sous les yeux ahuris de Shô), la seconde est une apparition fantomatique. Lors de son premier chapardage avec son père, Arrietty est surprise par le regard de Shô. Paniquée, elle ne fuit pas mais se cache derrière une serviette en papier et se transforme en une petite ombre chinoise. On pourrait presque imaginer qu’il s’agit d’un rêve car la rencontre a lieu en pleine nuit, dans le demi sommeil de Shô dont la voix est encore toute endormie. Jusqu’ici, Arrietty a été vue à son issu. Mais très vite, après un petit jeu de chat et de souris, elle prend l’initiative de braver les interdits et de rencontrer Shô. Une nouvelle fois, au terme de son escalade du toit de la maison, sa silhouette noire se dessine à contre jour sur une feuille de lierre, et lorsqu’elle décide enfin de se révéler, un corbeau furieux fait échouer le face à face. Il faudra attendre la quatrième rencontre, au milieu d’une prairie, pour que Shô voie enfin Arrietty, après lui en avoir demandé la permission. Dans une dernière scène d’adieu, Shô et Arrietty échangent les présents (le sucre / la pince à linge) pour matérialiser et garder trace de leur rencontre. Arrietty est juchée sur un poteau, et les deux amis se retrouvent pour la première fois à la même hauteur, debout tous les deux, dans un face à face égalitaire qui, bien plus que les objets, scelle définitivement leur amitié.
Un film pour tous - année scolaire 2011/2012
Mon troisième film
Son titre
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______________________ _______________________________ Son réalisateur
Je l’ai vu le
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Les personnages Voici Haru, Arrietty, Shô et Spiller. Donne son nom à chaque personnage et colorie le.
Te souviens-tu d’autres personnages ? Lesquels ? ___________________________________________________________ ___________________________________________________________
Reconstitue l’histoire Découpe les photogrammes et reconstitue l’histoire
Haru soulève le plancher et découvre Homily, terrifiée
Arrietty et Shô se disent adieu
Arrietty est surprise par Shô
Shô vient déposer un carré de sucre près de la grille d’aération.
Shô arrive chez sa grand-mère pour se reposer avant une opération
Arrietty se prépare pour son premier chapardage
Le chapardage Que veut dire chaparder ? ___________________________________________________________ ___________________________________________________________ D’après ces photos, rappelle toi ce qu’Arrietty a chapardé : Accompagnée de deux sauterelles, que ramène Arrietty à sa maman ?
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Que cache Arrietty dans son sac ?
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Arrietty présente son premier chapardage à sa maman. De quoi s’agit-il ?
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Une rencontre magique
Sur cette image, décris ce qu’il y a : au premier plan ________________________________________________________________ ________________________________________________________________ ________________________________________________________________ au second plan ________________________________________________________________ ________________________________________________________________ ________________________________________________________________ Shô peut il voir Arrietty ?___________________________________________ Pourquoi ? ________________________________________________________________ ________________________________________________________________ ________________________________________________________________
Discussion en classe Les décors « Ce n’est pas ma chambre, c’est ma prairie ». À partir de cette image, explique pourquoi Arrietty compare sa chambre à une prairie
Une grande héroïne Bien sûr, Arrietty n’est pas grande par la taille. Pourtant, il y a quelque chose de grand chez elle. De quoi s’agit il ?
Le point de vue Arrietty est haute comme trois pommes ! Quand elle regarde le monde des humains, elle le regarde d’en bas. La caméra adopte son point de vue et filme alors du bas vers le haut, c'est-àdire en contre-plongée. Au contraire, quand un humain regarde Arrietty, il la regarde d’en haut. La caméra adopte son point de vue et filme alors du haut vers le bas, c'està-dire en plongée. Sur ces 2 images, quel personnage semble écrasé ? Pourquoi ? Quel personnage semble énorme ? Pourquoi ? Trouve l’image filmée en plongée et celle filmée en contre plongée.
A vos crayons ! Colorie cette image du film en t’aidant du modèle