Billy Elliot by Ciné 32

FICHE ENSEIGNANT UN FILM POUR TOUS 2010/11 - Cycle 3

Billy Elliot Un film de Stephen Daldry GB / 1999 / 1h50 / VF

A Durham, ville minière du Nord-Est de l'Angleterre, les ouvriers sont en grève depuis plusieurs mois contre la politique de démantèlement de l’industrie du charbon menée par la dame de fer, Margaret Thatcher. Billy, onze ans, dont le père et le frère participent activement à la grève des mineurs, découvre avec stupeur qu'un cours de danse partage désormais les locaux de son club de boxe. D'abord effaré, il est peu à peu fasciné par la magie du ballet. Malgré l’aversion de son père pour cette activité trop peu virile à ses yeux, Billy abandonne les gants de cuir pour assister discrètement aux leçons de danse professées par madame Wilkinson. Pendant que les habitants de Durham se battent contre la fermeture des puits de mine, Billy fait preuve de dons de danseur exceptionnels, à tel point que madame Wilkinson lui propose de passer le concours d’entrée au Royal Academy Ballet de Londres. Convaincu par la passion de son fils, et afin de financer l’audition, son père reprendra le travail sous les injures des grévistes. Billy réussira le concours tandis que la grève sera un échec. Quelques années plus tard, le vilain petit canard transformé en signe dansera sur une scène londonienne, devant son père et son frère, transportés d’émotion et fierté.

UNE QUESTION DE GENRE Un film entre deux genres cinématographiques : le cinéma social et la comédie musicale Entre le cinéma réaliste et la grâce aérienne des comédies musicales, Billy Elliot ne choisit pas. Bien au contraire, la danse et la lutte sociale sont de connivence, leur énergies se mêlent, la seconde nourrissant la première. ▪ La comédie musicale Bien qu’il n’y ait pas de passage chanté à proprement parlé (malgré quelques standards fredonnés), le corps, la danse et la musique empruntent , dans Billy Elliot, l’énergie et l’importance narrative propre au genre comédie musicale. La danse n’est pas un simple accessoire mais le cœur du film et le premier moyen d’expression de Billy. Quand l’émotion le gagne, qu’il s’agisse de la joie ou de la colère, les mots manquent et le corps explose : Billy danse et donc s’exprime sur le lieu même où l’émotion le surprend : la rue, la cuisine, la chambre ou la salle de boxe. La caméra devient son partenaire. Elle ne se contente pas d’enregistrer l’exhibition mais elle suit le danseur, virevolte autour de lui pour accroître son énergie, parfois le précède et parfois se laisse distancier. C’est la caméra qui épouse son amplitude dans de grands mouvements panoramiques ou au contraire, par des gros plans en insert sur un battement de pied ou un claquement de doigt, précède la danse et l’annonce.

On pourra rapprocher cette réflexion sur une mise en scène chorégraphique du précédent film le Caméraman dans lequel le corps burlesque de Buster Keaton est mis en espace et accompagné par une caméra moins mobile, certes, mais tout aussi millimétrée. Autre élément emprunté à la comédie musicale : la musique qui non seulement replace le film dans son contexte historique et national, à savoir l’Angleterre thatchérienne des années 80, mais surtout insuffle un certain esprit punk. Billy est un enfant de la colère qui trouvera dans la danse un exutoire et un accomplissement. Le film est entièrement sous le signe de la contestation. La musique des Clash (London Calling ) et la très belle introduction du groupe T Rex (Cosmic Dancer) composent la bande son revendicative de deux corps subversifs ; celui de Billy qui ne se plie pas aux règles de son milieu social ; celui des mineurs, en lutte pour sa dignité. Autre exemple, dans la séquence de manifestation, grâce à l’unité musicale et le montage parallèle, le film convoque habilement les deux énergies (sociale et chorégraphique) dans un même mouvement de flux et de reflux, celui des mineurs face aux CRS qui chargent et se replient et celui des ballerines qui avancent et reculent sous les ordres de Madame Wilkinson. La musique et la danse connectent les deux univers. Au sein de la famille Elliot, si la danse est l’objet l’affrontement initial, elle deviendra progressivement le ciment des relations familiales renouant les liens tout au long du film entre Billy et le corps absent de la mère, renouant le dialogue entre père /fils, entre frères et permettant, dans la séquence finale et l’envol de Billy, de retrouver une fierté perdue. ▪ La chronique sociale Billy Elliot s’inscrit dans un contexte social précis et documenté : en 1979, face à la baisse de la demande du charbon, le gouvernement britannique décide d’un programme prévoyant la fermeture de vingt puits de mine de charbon et la suppression de 20 0000 emplois. Les mineurs, décidés à faire pression en paralysant l’économie, entament une grève qui sera la plus longue de l’histoire sociale britannique (de mars 84 à mars 85). Malgré leur persévérance ce sera l’échec. Stephen Daldry n’édulcore ni la violence physique du conflit qui opposa les mineurs aux forces de l’ordre, ni la violence économique faites aux familles (les restrictions financières, la peur de l’avenir, le piano de la mère décédée que l’on brûle pour se chauffer). Mais il prend soin, tout en dépeignant un monde qui s’éteint, de saisir la générosité et la solidarité au sein de la communauté (notamment lorsque Tony, le frère de Billy, passe de maison en maison pour tenter d’échapper aux mains de la police). Fortement marqué par ces grèves dans son enfance, le réalisateur, venu du théâtre, choisit pour sa première réalisation de mettre en scène une double lutte : la lutte individuelle d’un enfant pour se réaliser et celle d’une communauté pour prendre en main son destin. Le danseur y parviendra. Pour les seconds, ce sera l’échec et la fin d’un monde. Entre Masculin et Féminin Tu seras boxeur mon fils ! Mais boxeur Billy ne peut et ne veut pas l’être. Incapable de donner des coups, il esquive. Tel un pantin sur le ring, et alors que son père l’observe avec attention depuis les tribunes, il ne boxe pas mais danse déjà au son du piano. Le regard du père et sa déception annoncent l’incompréhension violente de la passion du fils pour la danse. Il y a dans cette incompréhension à la fois la tristesse que celui-ci délaisse un certain héritage familial (les gants de boxes sont ceux du grand-père) mais aussi un héritage communautaire, la boxe étant le fondement identitaire d’une classe sociale, son moyen de lutte. Véritable rite initiatique, elle est le sport par lequel tout garçon devient un homme. Le monde est protégé car cloisonné : aux garçons le ring, aux filles les tutus. Aux premiers la force, aux secondes l’absence (l’absence de la mère morte de Billy, celle sa grand-mère qui souffre de la maladie d’Alzheimer).

Billy grandit dans un monde d’hommes et il doit grandir vite. Il semble supporter de nombreuses responsabilités sur ses frêles épaules de 11 ans. La danse sera pour lui l’occasion de réintroduire le féminin dans sa vie (les ballerines, Debbie, madame Wilkinson, le souvenir de la mère), à la grand terreur de son père qui voit dans cette contamination féminine les signes de l’homosexualité. Celle-ci est clairement affichée chez l’ami de Billy, Michael : son goût pour le travestissement, la relation amoureuse qui le lie à Billy sont les premiers signes de son identité homosexuelle. Billy quant à lui n’est pas plus attiré par Debbie que par Michael. Son seul objet de désir est la danse. Ce cloisonnement des genres masculin/féminin, cette distinction sexuelle, le

film se charge de les

bouleverser et parfois de les retourner par la grâce et la force de ses personnages. Il y a Michael bien sur. Et il y a Madame Wilkinson. Cigarette vissée à la bouche, elle dirige sa troupe de ballerines maladroites avec la douceur pédagogique d’un commandant militaire. Mais sa discipline n’est pas exempte de douceur. Dans un rapport disciple/élève qui mêle respect mutuel, autorité et humour, elle est celle qui décèle le don, ouvre les portes d’un nouvel univers culturel, d’un nouveau champ des possibles pour Billy. Elle est surtout celle qui forge le danseur en transformant les reliques du passé (la lettre, le deuil de la mère) en force créatrice.

S’ELEVER De la révolte à l’envol, le film se place entre deux bonds, entre deux corps en suspension : celui de l’enfant sur son lit dans la séquence d’ouverture. Celui de l’adulte qui s’élève sur la scène du Royal Ballet dans la séquence finale. Entre ces deux temps, il y a un parcours entre deux âges et deux temps, deux corps. La rage de s’accomplir Le corps de Billy est un corps qui déborde sans cesse l’espace. Dès l’ouverture, il sort du cadre, arpente le petit espace de la maison dans tous les sens, joue avec son environnement, virevolte dans ce décor petit et étouffant pour finalement s’y cogner. A plusieurs reprises, on aura l’impression que Billy ne contrôle pas son corps, comme si ses mouvements de danse et de rage étaient indépendants de sa volonté. Il le dit très bien : son corps, c’est de l’électricité. Seule la salle de boxe - puis de danse -et surtout la rue seront à la mesure de son énergie. Sa danse est rapide, violente, agressive, elle mêle la rapidité d’un jeu de jambes (claquettes) aux mouvements amples des bras, et la maladresse d’un pantin qui apprend la danse comme on apprend à parler. Sa gestuelle et les chorégraphies traduisent son envie de casser les murs qui l’entourent : celui de la prédestination sociale (tu seras mineur mon fils), celui lié à son sexe (les garçons ne font pas de danse). Les plans amples des passages de danse dans la rue traduisent ce besoin grisant de liberté. Pour adopter ce sentiment d’élévation, outre le corps léger et suspendu de Billy (dès le générique de début du film, comme en suspension dans l’air, échappant aux lois de la gravité par la magie d’un ralenti cinéma) SD utilise les angles de prise de vue (plongée /contre plongée) pour traduire soit le sentiment d’écrasement, d’absence d’échappatoire (la mêlée entre les policiers et les grévistes, l'ombre démesurée de Billy lorsque, pour la première fois, il se rend au cours particulier et clandestin de madame Wilkinson ou bien encore le plan en plongée verticale sur le hall de réception de l’école ballet de Londres lorsque Billy vient y passer une audition), soit celui de magnificence et d’élévation (le point de vue de Billy qui lève le regard sur les hauts plafonds de ce même hall) Le paradoxe entre l’échec collectif et la réussite individuelle A l’image de la société britannique des années 80 qui valorise le profit et le succès personnel au détriment du collectif, Billy Elliot est l’incarnation et le symbole de ce nouveau monde post-thatchériste, centré sur l’individu et l’effort. C’est seul, à force de travail et de détermination, qu’il accomplira son rêve. Alors qu’il s’élève, le collectif vit ses dernières heures. Le montage alterné met sans cesse en dialogue la réussite individuelle face

à l’échec collectif : c’est au moment où la réponse positive du Royal Ballet arrive par la poste que le père de Billy apprend la fin du mouvement. C’est au moment où Billy quitte Durham pour Londres que son père reprend le travail. Pourtant, reste en bouche à la fin de la projection un sentiment d’élévation et non d’échec. Parce que Billy est aussi et avant tout l’héritier d’une culture ouvrière. Bien qu’en conflit violent avec son père, jamais Billy ne renie sa communauté. Il porte en lui une histoire, son histoire personnelle (perte prématurée de la figure maternelle) et l’histoire collective (celle du milieu ouvrier et d’une communauté en lutte pour sa survie). C’est grâce à la solidarité de la communauté, soudée derrière la famille Elliot, que Terry financera l’audition. Le film se clôture par un élan vital, le corps de Billy en suspension sur la scène du Royal Ballet de Londres devant son père, médusé de bonheur et de fierté. Quand Billy danse, ce sont les mineurs qui prennent leur revanche, les fils d’ouvriers qui accèdent aux écoles d’élite, les élèves qui transcendent l’enseignement de leur maître. Billy n’est pas le traître de son milieu, il en est l’enfant roi.

Pour préparer la séance : débat en classe avant la projection. ▪ Sur la question de la représentation Masculin/féminin D’après toi, existe-t-il des sports de fille et des sports de garçon ? La danse est elle exclusivement réservée aux filles ? Pourquoi ? ▪ Sur le genre comédie musicale Qu’est ce qu’une comédie musicale ? Existe-t-il des comédies musicales ailleurs qu’au cinéma ? Cite des exemples ▪ Contexte : le conflit social Situer la Grande Bretagne sur la carte. A quoi sert le charbon ? Pourquoi beaucoup de mines de charbon sont elles aujourd’hui fermées ? Qu’est ce qu’une grève ? Quelles sont les raisons pour lesquelles de travailleurs se mettent ils en grève ? Commenter l’actualité sur ce sujet s’il y a lieu.

Les personnages : la famille de Billy Qui est ce personnage par rapport à Billy ? ______________________ ______________________ Quel métier exerce - t-il ? ______________________ Quel est son caractère ______________________ ______________________

Qui est ce personnage par rapport à Billy ? ______________________ ______________________

Quel métier exerce-t-il ? ______________________

Quel est son caractère ? ______________________ ______________________

Qui est ce personnage par rapport à Billy ? _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ______________________

Que fait-elle sur cette photo ? ______________________ ______________________

Pourquoi ? ______________________ ______________________

Analyse d’images

1/le décor

Billy habite une ville nommée Duhram, dans le nord-est de l’Angleterre. Décris ce que tu voies (personnages, décors, couleurs, textures et matières, architecture…) Au premier plan : ________________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ ____________________ Au second plan : ________________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________

2/S’élever

Pour chaque photo, détermine s’il s’agit d’un plan en plongée ou en contre plongée.

Photo 1

Où se situe l’action ? ___________________________________________________ C’est un plan en : □ plongée □ contre plongée Que ressent Billy ?_______________________________________________ ________________________________________________________________ ________________________________________________________________ ________________________________________________________________ ________________________________________________________________

Photo 2

Où se situe l’action ? ___________________________________________________ C’est un plan en : □ plongée □ contre plongée Que ressentent Billy et son père ? _______________________________________________ ________________________________________________________________ ________________________________________________________________ ________________________________________________________________

Photo 3

Photo 4

Où se situe l’action ? ___________________________________________________ C’est un plan en : □ plongée □ contre plongée Que ressent-on ?_______________________________________________ ________________________________________________________________ ________________________________________________________________ ________________________________________________________________ ________________________________________________________________ ___________________

3/ Masculin - féminin

Sur cette photo, décris les accessoires, sports, gestes, couleurs qui sont féminins :

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La comédie musicale : dansez maintenant !

image 1

image 2

Pour chaque image, décris : 1/Où sommes-nous ? image 1 : _________________________________________ image 2 : _________________________________________ 2/Que se passe-t-il ? image 1 : _________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ image 2 : __________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ 3/ Qu’exprime la danse ? image 1 : _________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ image 2 : _________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________

Le parcours de Billy : un film entre deux bonds Voici la première image du film film

image 1

et la dernière image du

image 2

Où est Billy (décris le décor : lieu, couleur, lumière) image 1 : _________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ image 2 : _________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ Quel âge a-t-il ? image 1 :_________________________________________ image 2 : _________________________________________ Qu’exprime Billy par sa danse? image 1 : _________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ image 2 : _________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________

Sur quelle musique danse-t-il ? (rock, classique, rap…) image 1 : _______________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ image 2 : _________________________________________ ________________________________________________ ________________________________________________ Entre ces deux photos, que c’est-il passé ?

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