CineRetro 2012-2013 programme

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PROGRAMMATION 2012-2013 De SEPTEMBRE à AVRIL CINE32 AUCH FEMME FEMMES

VISAGES DE STARS SECRET DE FAMILLE EXPERIENCE DE LIBERTE TRESORS DU CINEMA FRANCAIS JOHN CASSAVETES COMEDIES

Allée des Arts - 32000 AUCH 05. 62. 60. 61. 11. www.cine32.com

«Ce n’est ni le public,ni la critique qui décident des chefs- d’oeuvre, c’est le temps» Manoel de Oliveira


EDITO Ciné32 Dans le commerce très médiatisé du cinéma, il est logique qu’exploitants et spectateurs considèrent le film comme un produit frais qu’il faut consommer le plus tôt possible, en tout cas avant sa date de péremption (ou d’oubli). Mais pour des salles menant un travail d’art et essai, et pour les amateurs, la passion de la création ne peut se limiter à l’actualité. Car une œuvre du passé, à condition de supporter l’épreuve du temps, est bien plus qu’une vieillerie ou un simple document d’époques révolues : elle continue sa vie, elle sollicite de nouvelles perceptions et de nouvelles lectures, elle stimule notre intelligence en produisant sens, beauté, et émotion. Certes, depuis plusieurs décennies, la télévision, la video, l’ordinateur ont permis d’alimenter de multiples curiosités cinéphiles, mais rien ne remplace la découverte en salle de cinéma. Et à Ciné 32, cette évidence va s’imposer, puisque cette année, ce sera la splendeur de projections numériques de films restaurés, et sur de vastes écrans, bref une vraie résurrection pour des œuvres que nous vous invitons à voir ou à revoir comme des films nouveaux ! Au programme de notre Ciné-Rétro 2012/2013, voici donc 28 titres d’hier et d’avant hier retenus en fonction des politiques de rééditions des distributeurs. Pas de malentendu : il ne s’agit pas des 28 films incontournables de 116 ans de cinéma (même si parmi eux…), mais de coups de sonde dans le passé, presque aléatoires. Le choix a été établi avec l’aide indispensable de l’ADRC. Il s’appuie sur l’initiative régionale de l’ACREAMP, qui propose des titres reliés par un thème « Femme, femmes ». Nous en avons retenu un par mois, et avons greffé sur chacun d’eux nos choix complémentaires, avec des thématiques qui se sont imposées ensuite (visages de stars, Secret de famille, expérience de liberté, trésors du cinéma français, John Cassavetes, comédies). Ciné-rétro ? On verra que parfois, les films d’hier nous font regarder autrement ce que nous avons devant nous! Alain Bouffartigue

Tarifs: Jours et Horaires en dernière page. Vérifiez les horaires sur le programme Bi-mensuel de Ciné32


L’IMPERATRICE ROUGE De Josef Von Sternberg. E.U./1934/1h44 Avec Marlène Dietrich, John Lodge, Sam Jaffe

SEMAINE DU 17 OCTOBRE

Dans un ouragan de passion destructrice et de faste, L’Impératrice rouge s’attache au destin extravagant de Catherine II, son enfance de princesse espiègle promise par sa mère aux plus hautes destinées, jusqu’à sa conquête sanglante du pouvoir. Cela ne faisait pas quatre ans que Sternberg avait inventé «sa» Dietrich. De1930 à 1934 ils firent ensemble cinq films qui suffirent à construire l’un des mythes les plus absolus d’Hollywood. Clairement amoureux de sa muse, le réalisateur lui donne, dans L’impératrice rouge, le rôle de ses rêves. Quoi de plus excitant pour la fascinante Marlene qu’incarner une adolescente de seize ans, petit papillon dans sa chrysalide, qui, de plus en plus sublime à mesure que le film avance, se transforme en une veuve noire mangeuse d’hommes. Un parcours qui fait écho à celui de cette petite allemande, travailleuse et ambitieuse, qui quitta Berlin pour Hollywood et devint une icône absolue élevée au rang de femme la plus admirée du monde.

VISAGES DE STARS


BONJOUR TRISTESSE De Otto Preminger. E.U./1958/1h34. Avec Jean Seberg, David Niven, Deborah Kerr

SEMAINE DU 24 OCTOBRE

Bonjour tristesse sort sur les écrans en 1958, quelques mois après le triomphe mondial du livre éponyme de Françoise Sagan. D’un court roman écrit par une adolescente que François Mauriac qualifiait joliment de «charmant petit monstre », Otto Preminger tire une tragédie contemporaine silencieuse dont l’action, purement intérieure, n’est faite que de volonté et de regards. Jean Seberg y incarne Cécile, 18 ans, vivant avec un père riche, veuf et séduisant, qui ne lui impose aucune contrainte, même pas celle de ses études. Insouciante, la vie de Cécile n’était qu’une succession de sorties et de flirts successifs. Mais quelque chose s’est brisé en elle durant leurs dernières vacances sur la Côte d’Azur. Depuis, Cécile connaît la tristesse et pleure une vie déjà morte. Après Sainte Jeanne (1957), Otto Preminger retrouve Jean Seberg, sensuelle et innocente dans un emploi qui lui collera à la peau, avant que la jeune actrice ne rencontre bientôt Godard et Belmondo, devenant pour toujours l’égérie de la Nouvelle Vague. VISAGES DE STARS


L’IMPORTANT C’EST D’AIMER De Andrzej Zulawski. France, Pologne/1975/1h49 Avec Romy Schneider, Fabio Testi, Jacques Dutronc

SEMAINE DU 31 OCTOBRE

« Avec un peu de soin et de manipulation, on peut tous être très bien. Mais comment être exceptionnel ? Il faut rencontrer un vrai talent en face de soi. Le talent, ajouté à la beauté, ça s’appelle une star ». Andrzej Zulawski Un jeune photographe (Fabio Testi) rencontre sur un plateau de tournage Nadine Chevalier (Romy Schneider), une actrice ratée contrainte, pour survivre, de tourner dans des films pornographiques. Immédiatement séduit, il se rend chez elle pour faire une série de photos. La jeune femme est mariée à Jacques (Jacques Dutronc), un être fragile, à la fois drôle et amer, qui fuit les réalités de la vie. Très attirés l’un vers l’autre, Nadine et le reporter se revoient. Dans son premier film français, le réalisateur polonais adopte le même ton, bouillonnant et rageur, que ses films précédents (Troisième partie de la nuit /1971, Le diable/1972, interdit par la censure polonaise). Les êtres y avancent aveuglément, dans une nuit interminable aux couleurs d’un orage prêt à éclater. Aux côtés de Romy Schneider, tragique et belle à faire peur, Jacques Dutronc incarne un funambule sur le fil de l’ironie. Entre Dostoïevski et Shakespeare, L’important c’est d’aimer dépeint notre monde comme une apocalypse. On en ressort choqué et épuisé. Avec, peut être, au bout du voyage, la lumière. VISAGES DE STARS


PORTRAIT D’UNE ENFANT DECHUE De Jerry Schatzberg. E.U./1970/1h44. Avec Faye Dunaway, Barry Primus, Viveca Lindfors

SEMAINE DU 7 NOVEMBRE

Ancienne égérie de la mode, Lou Andreas Sand s’est isolée dans une maison au bord de l’océan. Abîmée par la dépression et les excès, elle se raconte à Aaron Reinhardt, son ami photographe venu l’interroger en vue d’écrire un film. Au fil des heures, Lou exhume les souvenirs de son ascension, puis de sa déchéance, qui s’organisent en un montage fragmentaire de faits réels et d’évènements fantasmés. Suivant cette difficulté à rassembler les éclats d’une vie, la forme même du film va les matérialiser comme pour nous faire éprouver la maladie de Lou. Ruptures de ton, rapprochement d’échelles, déliaison son-image, Portrait d’une enfant déchue affirme une liberté formelle intransigeante qui fait écho à l’esprit labyrinthique de son héroïne incarnée par Faye Dunaway. Après s’être fait cribler de balles trois ans plus tôt sous les traits de Bonnie Parker, l’actrice est ici de tous les plans. Magnétique, imprévisible, elle se consume physiquement sous l’œil du cinéaste et nous offre une partition intense sur la tyrannie du paraître et les éclats d’une vie brisée. VISAGES DE STARS


LA NUIT DU CHASSEUR De Charles Laughton. E.U./1h33/1956 Avec Robert Mitchum, Shelley Winters, Lillian Gish

SEMAINE DU 14 NOVEMBRE Mardi 20 novembre : Séance présentée par les élèves de l’option Cinéma AudioVisuel du Lycée Le Garros.

Un prêcheur inquiétant (Robert Mitchum) poursuit dans l’Amérique rurale deux enfants auxquels leur père avait confié, avant son incarcération et sa mort, l’emplacement de la cachette abritant son butin. La nuit du chasseur est un film qui brille de l’éclat du diamant noir, au firmament des salles obscures où se terrent les plus délicieuses frayeurs. Parcouru d’une étrange poésie, d’ombres énigmatiques et terrifiantes, ce récit initiatique est bercé de comptines pleines de significations secrètes, où les voix du bien et du mal s’affrontent, comme l’amour et la haine tatoués sur les mains du pasteur transformé en ogre. Film sur l’innocence qui l‘emporte sur le mal, La nuit du chasseur est aussi une parabole lucide où se rencontrent l’enfance et la vieillesse, partageant la même fragilité et la même force de résistance. Celles d’une grand-mère courage et d’une nichée d’enfants perdus, tous orphelins de ce monde cruel aux plus faibles, qu’ils tenteront de recréer sur un îlot, au bout de la rivière d’argent. SECRET DE FAMILLE


SANDRA De Luchino Visconti. Italie/1965/1h45 Avec Claudia Cardinale, Michael Graig, Jean Sorel

SEMAINE DU 21 NOVEMBRE

Les époux Dawson, Andrew (Michaël Craig) et Sandra (Claudia Cardinale), quittent Genève pour un court voyage en Toscane, à Volterra, ville natale de Sandra. Cette dernière doit faire don à la municipalité du jardin familial qui deviendra un parc public. Ce parc portera le nom de son père, savant juif, mort en camp de concentration. Les retrouvailles avec sa famille plonge la jeune femme dans le trouble. Andrew découvre alors que Sandra et son frère Gianni (Jean Sorel) ont un secret. Malgré la présence de Claudia Cardinale et le Lion d’Or obtenu à Venise en 1965, Sandra reste l’un des films les moins connus de Luchino Visconti. Après Le Guépard et sa peinture flamboyante de la disparition d’une caste, le cinéaste filme cette fois, dans un somptueux noir et blanc, le déclin d’une famille. Non-dits et tabous, vengeance et mort, personnages errants dans l’espace labyrinthique du palais familial au cœur de la cité médiévale de Volterra, Sandra a tout d’une tragédie grecque...étouffante, sensuelle et finalement libératoire. SECRET DE FAMILLE


VIOLENCE ET PASSION De Luchino Visconti. Italie/1974/2h06. Avec Burt Lancaster, Silvana Mangano, Helmut Berger

SEMAINE DU 28 NOVEMBRE

Un vieux professeur (Burt Lancaster) qui vit en autarcie dans sa maison romaine chargée de livres d’art, de tableaux et de souvenirs est dérangé par l’intrusion d’une comtesse (Silvana Mangano) qui insiste pour louer le deuxième étage de sa demeure afin d’y loger sa fille, son ami ainsi que Konrad, un gigolo aussi intelligent que cynique (Helmut Berger). Ulcéré par la vulgarité de ces aristocrates embourgeoisés, sans aucune culture ni éducation, le professeur se lie cependant d’amitié avec Konrad qui devient le fils qu’il n’a jamais eu. Plus de dix ans après Le Guépard, Luchino Visconti retrouve Burt Lancaster et transpose, d’une certaine façon, son personnage d’aristocrate en fin de règne dans la Rome contemporaine. Incapable de vivre avec son époque, en totale opposition avec la nouvelle génération, le professeur vit intimement l’anéantissement d’une société corrompue par le capitalisme. Véritable requiem, Violence et Passion est aussi l’avant-dernier film d’un cinéaste déjà affaibli par la maladie. D’où la tonalité funèbre qui imprègne l’œuvre mais aussi le sentiment de rage et d’urgence qui en sourd comme s’il ne restait plus beaucoup de temps pour répondre aux questions de vie et de mort. SECRET DE FAMILLE


CHINATOWN De Roman Polanski. E.U./1974/2h11. Avec Jack Nicholson, Faye Dunaway, John Huston

SEMAINE DU 5 DECEMBRE

Los Angeles, dans les années 30. Détective privé et individu sans grande consistance, J. J. Gittes est spécialisé dans les affaires d’adultère. Engagé par une très belle femme, Evelyn Mulwray, il est bientôt entraîné dans une sombre histoire de meurtre lié à des escroqueries immobilières et à des détournements de fonds. Un petit truand sadique (le cinéaste lui-même, très convaincant dans le rôle) lui taillade la narine pour l’empêcher de se mêler de ce qui ne le regarde pas. Chinatown , c’est d’abord le climat rétro des années 30 sublimé par l’œil de Polanski. Los Angeles plombée par la canicule, des voitures de rêve, des personnages hauts en couleur, une violence et une tension certaine. Polanski retrouve l’atmosphère et la classe des films noirs hollywoodiens d’antan sans pour autant sombrer dans la réplique nostalgique et aseptisée. L’enquête tortueuse se fait en eaux troubles, dans un univers poisseux. Un puzzle complexe qui cache des rapports de force cruels, ambigus, inavouables. Film californien sur la Californie,  Chinatown  est aussi et avant tout un film hollywoodien sur Hollywood et sans doute l’un des plus forts moments cinématographiques des années 70. SECRET DE FAMILLE


LA SERVANTE De Kim Ki-Young. Corée du sud/1960/1h51. Avec Eun-shim Lee, Jeung-nyeo Ju, Jin Kyu Kim

SEMAINE DU 12 DECEMBRE

La Servante est à l’Asie ce que Psychose est à l’Occident : la pierre fondatrice du cinéma d’épouvante. Réalisé en 1960, restauré en 2011 par la World Cinema Foundation, fondée par Martin Scorsese, le film de Kim Ki-Young est précédé d’une rumeur sulfureuse. Il débute pourtant sous les auspices d’un mélodrame classique : au sein d’une famille de la classe moyenne, un charmant professeur de piano engage une fille au pair pour aider sa femme, enceinte d’un troisième enfant, dans ses taches quotidiennes. Froide et docile, la jeune fille va progressivement tisser sa toile et faire céder le père à ses avances. Distillant le poison de la folie et de la transgression, l’araignée s’empare des corps, des espaces et des esprits, jusqu’à l’inéluctable. Sorti en 1961, pendant la seule année de liberté d’expression que la Corée du Sud ait connue entre sa fondation en 1948 et les élections libres de 1987, La Servante orchestre un jeu de massacre aux résonances politiques et sociales, reflet d’une époque tourmentée. La nécessité d’exprimer tout ce qui avait été refoulé pendant la guerre et la dictature explique en partie l’incroyable violence du film. Celle-ci tient aussi au caractère provocateur de son réalisateur, Kim Ki-Young, maître coréen vénéré, dont l’héritier le plus éminent pourrait être aujourd’hui Park Chang-wook (Old Boy). SECRET DE FAMILLE


LOLA De Jacques Demy. France/1962/1h30 Avec Anouk Aimée, Marc Michel, Jacques Harden

SEMAINE DU 9 JANVIER 2013

Lola, danseuse de cabaret, élève un garçon dont le père, Michel, est parti depuis sept ans. Elle l’attend, elle chante, danse, et aime éventuellement les marins qui passent. Roland, un ami d’enfance retrouvé par hasard, devient très amoureux d’elle. Mais Lola attend Michel. Les Allemands ont eu « Lola Marlene », les Français « Lola Aimée ». Avant de rencontrer le succès international avec Les Parapluies de Cherbourg, Jacques Demy nous offrait une merveille de poésie, placée sous l’égide de Max Ophuls et de Luchino Visconti. En guêpière et chapeau haut de forme, Anouk Aimée y trouvait son rôle le plus emblématique tandis que Michel Legrand, le complice de toujours, y faisait ses premières gammes. Le film ressort aujourd’hui dans une nouvelle version restaurée qui rend parfaitement justice aux très belles images de Raoul Coutard dont le noir et blanc contrasté, voire brûlé, crée un climat d’irréalité où les rêves les plus fous peuvent se réaliser. EXPERIENCE DE LIBERTE


AU FEU LES POMPIERS ! De Milos Forman. République Tchèque/1968/1h11 Avec Jan Vostrcil, Josef Sebanek, Josef Valnoha

SEMAINE DU 16 JANVIER 2013

De retour d’Hollywood, où Les Amours d’une blonde fut nominé pour les Oscar, Milos Forman revient en 1967 en Tchécoslovaquie avec une satire sur les méandres absurdes de la bureaucratie appliquée à une fête de village. Nous sommes au cœur d’une bourgade de province, en plein préparatif d’un concours de beauté pour élire celle qui remettra une décoration au président du Corps des Pompiers volontaires, vieux bouc de 86 ans. Mais cette fête institutionnelle minutieusement préparée ne tardera pas à tourner au pugilat, débordée de toute part par une hémorragie de liberté et de jeunesse que la vieille garde ne parvient pas à endiguer. Quelques mois avant le Printemps de Prague Au feu les pompiers donne la mesure de la contestation croissante et d’une jeunesse, qui, déjà n’a plus droit à l’affiche. Film prophétique, le troisième long-métrage de Milos Forman sera également son dernier opus européen, la répression contraignant le cinéaste à émigrer à Hollywood pour connaître le succès que l’on sait avec Vol au dessus d’un nid de coucou en 1975, Hair en 1979 et Amadeus en 1984. EXPERIENCE DE LIBERTE


LE FLEUVE De Jean Renoir. France, Inde, E.U./1951/1h35 Avec Esmond Knight, Nora Swinburne, Arthur Shields

SEMAINE DU 23 JANVIER 2013

Sur les bords d’un fleuve indien vit une famille britannique. Les deux filles de la maison se lient d’amitié avec la fille de leur voisin, Melanie, née d’une mère hindoue. L’harmonie et la douceur règnent jusqu’à l’arrivée d’un capitaine qui va troubler le cœur des jeunes filles. Quelque dix années après La Règle du jeu, Renoir revisite le film choral et le mouvement perpétuel des jeux de l’amour et du hasard, cette fois-ci sur les bords du Gange, fleuve impétueux qui dicte sa temporalité au premier film en couleur du cinéaste. À travers une galerie de personnages, Le fleuve interroge l’étrange mélancolie des légendes indiennes mais aussi le silence effaré des survivants de la seconde guerre dont l’Europe se relève à peine. Œuvre inclassable, détachée de tout diktat exotique, Le fleuve est aussi, pour le cinéaste, le moment d’une rencontre décisive et merveilleuse avec l’Inde, qui vient tout juste d’accéder à son indépendance, et qui inspirera bientôt toute une frange du cinéma occidental, de Fritz Lang à Rossellini.

EXPERIENCE DE LIBERTE


STELLA FEMME LIBRE De Michael Cacoyannis. Grèce/1955/1h30. Avec Melina Mercouri et George Foundas

SEMAINE DU 30 JANVIER 2013

Stella, chanteuse de cabaret, électrise chaque soir le public du Paradis, un club des faubourgs d’Athènes. Joyeuse et impertinente, elle ne sacrifie rien à sa liberté, à son désir ou à ses amours. Aleko, un jeune homme de bonne famille, se meurt d’amour pour elle, mais Stella lui préfère le fougueux Milto, champion de football, passionné, possessif. La tragédie est en place. Sous l’apparence d’un mélodrame local, Stella célèbre les noces du cinéma moderne et de la tradition grecque. Le jeu truculent de Melina Mercouri, dont c’est ici le premier rôle, mêle à merveille burlesque et sensualité tandis que le tournage en décors naturels offre le témoignage émouvant d’une ville encore épargnée par l’exode rural et la fièvre de constructions anarchiques. Dans son final digne de King Vidor, Michael Cacoyannis n’oublie pas de rendre à la tragédie son inévitable dénouement, mais il le remet à la hauteur du formidable souffle progressiste grec, brusquement stoppé par la dictature des colonels en 1967.

EXPERIENCE DE LIBERTE


FIVE EASY PIECES De Bob Rafelson. E.U./1970/1h38 Avec Jack Nicholson, Karen Black, Billy Green

SEMAINE DU 6 FEVRIER 2013

Issu d’une famille bourgeoise, Robert Dupea est un révolté. Par réaction contre son milieu, il a renoncé à sa carrière de musicien pour devenir ouvrier spécialisé et vit avec une serveuse nommée Rayette. Pour lutter contre l’ennui, il boit et joue au poker. Un jour, Robert décide de partir vers le Nord, là où se trouve la riche demeure familiale. Il rencontre alors Catherine, la petite amie de son frère qui va bouleverser ses choix.

«Film emblématique du Nouvel Hollywood resté invisible de longues années, le second long-métrage de Bob Rafelson fait enfin l’objet d’une réédition. Quelle émotion de redécouvrir ce film, qui, un an après Easy Rider (1969), a capté comme rarement, l’état d’esprit d’une jeunesse qui ne trouve plus sa place dans l’Amérique des années 1970. Émotion intense aussi d’assister ici à la naissance d’un acteur, Jack Nicholson, qui avec une extrême finesse, incarne le geste vif et indécis d’un jeune homme aspiré par sa propre perte ». (Annie Thomas, Cinéma Le Trianon à Romainville (93), AFCAE) EXPERIENCE DE LIBERTE


LA BELLE ET LA BETE De Jean Cocteau. France/1946/1h36 Avec Jean Marais et Josette Day

SEMAINE DU 13 FEVRIER 2013 Mardi 19 février Séance présentée par les élèves de l’option Cinéma AudioVisuel du Lycée Le Garros.

Il était une fois une jeune fille qui portait le doux prénom de Belle. Elle était dévouée à son père et aux exigences de ses deux sœurs. Un soir, égaré en forêt, son père trouve refuge dans un mystérieux château. Ayant cueilli une rose, il voit surgir un être fabuleux, mi-homme, mi-bête qui, pour ce geste, le condamne à mourir ou à lui livrer l’une de ses filles. Sans en informer ses sœurs ni son père, Belle se sacrifie. Poète, dramaturge, peintre cinéaste, Jean Cocteau convoque, dans cette adaptation du roman de Madame Leprince de Beaumont, les muses, les mythes et les arts qui ont jalonné son parcours de créateur. Par ses inventions techniques et sa puissance onirique, La Belle et la Bête est une ode au cinéma, art de la lumière et de l’obscurité, à ses origines, à sa capacité à mettre en son, en image et en mouvements les rêves d’un poète.

TRESORS DU CINEMA FRANCAIS


LES ENFANTS DU PARADIS De Marcel Carné. France/1945/3h02 Avec Arletty, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur

SEMAINE DU 20 FEVRIER 2013

Paris 1828, sous le règne de Louis-Philippe. Le boulevard du Temple, rebaptisé le boulevard du crime, est le lieu privilégié des bateleurs et baladins. C’est là, dans ce paysage de théâtre et de magie, que Garance rencontre Frédérick, un acteur en herbe, et Baptiste, le mime. Elle vient tout juste de quitter Lacenaire, personnage inquiétant en guerre contre le genre humain. Les trois hommes aiment Garance. Mais Garance, elle, a une préférence pour Baptiste.

« Vos gueules, là-haut, on n’entend plus la pantomime » hurlent les spectateurs de l’orchestre au paradis, placé tout en haut du théâtre. Voici résumé le plus brillant paradoxe du film: hommage à un art où la règle d’or était de ne pas ouvrir la bouche, Les Enfants du paradis concentre les plus belles répliques de Prévert, dialoguiste du film, interprétées avec passion par les comédiens les plus représentatifs du dialogue réaliste poétique. Comme dans un fabuleux kaléidoscope, une succession d’images tourne sous nos yeux. Celle du sourire lumineux d’Arletty, des mimiques délicates de Jean-Louis Barrault, des yeux emplis d’amour de Maria Casarès, au son des éclats de voix de Pierre Brasseur et des ricanements de Marcel Herrand, comme si tout cela ne devait jamais s’arrêter. TRESORS DU CINEMA FRANCAIS


LA REGLE DU JEU De Jean Renoir. France/1939/1h52 Avec Nora Gregor, Marcel Dalio, Roland Toutain

SEMAINE DU 27 FEVRIER 2013

Par amour pour Christine La Chesnaye, l’aviateur André Jurieux a traversé l’Atlantique à bord de son monoplace. Accueilli triomphalement à l’aéroport, il cherche en vain le regard de la belle, déjà mariée, dont il espère toujours reconquérir le cœur. Désespéré par son absence, André tente de se suicider. Son ami Octave parvient à le faire inviter dans la propriété des La Chesnaye, où se déroulera une partie de chasse. L’humour, le drame, l’amour, la mort, la lutte des classes, la guerre des sexes, et même la guerre tout court, tout est contenu dans cette œuvre immense. Le temps a fait du film le chef-d’œuvre de Renoir, mais à sa sortie, La Règle du jeu déclencha les foudres du public, qui ne se contenta pas de le bouder, mais en sabota systématiquement les projections. On alla même jusqu’à casser les fauteuils dans certaines salles ! Film de la décomposition de la bourgeoisie, révélateur de l’antisémitisme rampant et de la Bête tapie sous le vernis des convenances, La règle du jeu, exaspéra autant qu’aujourd’hui il nous régale. Et les presque soixante dix années qui nous séparent de sa sortie n’alternent en aucun cas la violence de son propos, bien au contraire. TRESORS DU CINEMA FRANCAIS


FRENCH CANCAN De Jean Renoir. France/1955/1h45 Avec Françoise Arnoul, Jean Gabin, Maria Félix, Giani Esposito, Edith Piaf

SEMAINE DU 6 MARS 2013

Montmartre 1900. Les petites ouvrières de la Butte, les lumières du «Moulin Rouge», les refrains populaires et les joyeux tourlourous... Un génial organisateur de spectacles, Danglard, règne sur ce petit monde. Il a d’abord géré le Paravent Chinois, puis La Reine Blanche, où règne en vedette La Belle Abbesse, une plantureuse comédienne qui est aussi sa maîtresse. Les financiers lui font confiance. Mais Danglard, en voyant gambader sur la Butte une petite blanchisseuse, Nini, a une idée: il veut relancer le cancan, vieille danse passée de mode qu’il rebaptise French Cancan. Cela n’ira pas sans quelques déboires, car la jalousie de ses muses s’en mêle. Hymne dédié aux artistes, French Cancan s’amuse du brouillage du monde et de la scène, de la vie et de sa représentation et prône « le spectacle avant tout ». Pour faire revivre le Paris de la fin du dix-neuvième siècle, Renoir recourt à une esthétique de studio à base de toiles peintes et réalise de véritables prodiges en s’inspirant des grandes œuvres des maîtres impressionnistes. Coté direction d’acteur, le cinéaste, comme à son habitude, fait de chacun de ses personnages, aussi fugitive que soit son apparition, le héros du film. TRESORS DU CINEMA FRANCAIS


CASQUE D’OR De Jacques Becker. France/1952/1h36 Avec Simone Signoret, Serge Reggiani, Claude Dauphin

SEMAINE DU 13 MARS 2013

Paris, Belleville, 1900. Les Apaches de la bande à Leca, des voyous qui hantent le quartier de Belleville, ont investi avec leurs femmes une guinguette du bord de la Marne. Marie, une prostituée surnommée Casque d’Or en raison de son étincelante chevelure, s’est fâchée avec son amant du moment, le distingué Roland. Surgit alors Raymond, accompagné de son ami d’enfance, Manda, un ancien Apache reconverti en charpentier sérieux. Entre la belle et le charpentier, le coup de foudre est immédiat. Une passion destructrice, sur fond de rivalité au sein du gang, va unir les deux amants. Avec le lyrisme sec qui lui est propre, Jacques Becker conte les amours tumultueuses d’Amélie Élie, surnommée Casque d’or, qui défrayèrent la chronique de la Belle Epoque. Portée par Simone Signoret et Serge Reggiani, tout deux magnifiques, cette tragédie aux rouages implacables évoque le Paris mythique des malfrats et des poulbots, dans un Belleville remuant qui avait alors la dimension d’un village. TRESORS DU CINEMA FRANCAIS


UNE FEMME SOUS INFLUENCE De John Cassavetes . Etats-Unis/1974/2h09 Avec Gena Rowlands, Peter Falk, Katherine Cassavetes

SEMAINE DU 20 MARS 2013

Contremaître sur les chantiers, Nick est submergé de travail et ne peut rentrer chez lui pour la nuit alors que Mabel, son épouse, l’attend avec anxiété. Animée par un bouillonnement incontrôlable, que ce soit dans l’enthousiasme ou la colère, Mabel mène un combat contre les démons intérieurs qui la rongent. Le lendemain, après avoir laissé ses enfants à sa mère, elle se saoule et, dans une demi-conscience, ramène un homme à la maison. Réalisé peu après Faces et Husbands, Une Femme sous influence est, dans l’œuvre de John Cassavetes, un repli. Repli sur le foyer et sur l’anxiété d’une classe, le film incarne l’égarement d’une femme autant que celui d’une middle class, perdue dans une quête obsessionnelle de la normalité. Cinéma de la peau, du grain, de la nuit et des élans, l’amour, dans le cinéma de Cassavetes, est un flux, un torrent où parfois l’on perd pied, comme cette femme sous influence, ménagère prolétaire qui frôle la folie pour se faire entendre, et qu’incarne Gena Rowlands dans un vertige. JOHN CASSAVETES


MEURTRE D’UN BOOKMAKER CHINOIS De John Cassavetes . E.U./1977/1h48 Avec Ben Gazzara, Timothy Carey, Seymour Cassel

SEMAINE DU 27 MARS 2013

Voici un film dans lequel on pénètre par effraction. Dès le premier plan, dans le sillage d’une caméra qui rôde autour de sa proie, on fait irruption dans la vie de Cosmo Vitelli. Sa vie ? Le Crazy Horse West, boîte à strip-tease la plus minable de la Côte Ouest. Une partie de poker plus loin, lessivé, défait, noeud papillon en accordéon, Cosmo signe sans broncher sa reconnaissance de dette. Plus dure sera la chute... Cosmo est comme tous les héros de Cassavetes : dérisoire et sublime. Un homme qui subit sa petite vie minable et tente seulement de la mener avec dignité. On ne peut s’empêcher de retrouver le cinéaste sous les traits de cet homme sous influence. Comme Cosmo, Cassavetes aimait les coups de poker : chacun de ses films en était un. Comme Cosmo, Cassavetes refusait la loi de la grande mafia : trop jaloux de son indépendance pour accepter les diktats d’Hollywood. Comme Cosmo, Cassavetes pouvait compter sur sa famille d’acteurs. Au bout de la nuit, Cassavetes et son double savent tous deux qu’il n’y a que l’amour et qu’ils n’ont rien d’autre à donner. JOHN CASSAVETES


SHADOWS De John Cassavetes. E.U./1959/1h27 Avec Ben Carruthers, Lelia Goldoni, Hugh Hurd

SEMAINE DU 3 AVRIL 2013 Mardi 9 avril Séance présentée par les élèves de l’option Cinéma AudioVisuel du Lycée Le Garros.

États-Unis, années 60. Benny, Hugh et Lélia sont frères et sœur et partagent à New York le même appartement. Alors que Benny passe ses journées dans les rues et les bars, Hugh tente de faire carrière comme chanteur de jazz. Lélia quant à elle veut être écrivain. Tous trois errent dans les clubs et les rues, à la recherche de l’amour.

« Contemporain des balbutiements de la Nouvelle Vague parisienne, le premier film de John Cassavetes, alors âgé de 28 ans, participait au grand vent nouveau qui soufflait sur le cinéma mondial. Une histoire d’amour entre une Noire et un Blanc, un budget ridicule, un tournage dans les rues de New York, des raccords approximatifs, une façon inédite de scruter les visages, des cadrages épousant les improvisations de Charlie Mingus ­Cassavetes débarquait comme un martien dans le cinéma américain, avec un film qui semblait en prise directe sur le pouls même de la vie». Serge Kaganski

JOHN CASSAVETES


FACES De John Cassavetes. E.U./1968/2h09 Avec John Marley, Lynn Carlin, Seymour Cassel, Gena Rowlands

SEMAINE DU 10 AVRIL 2013

A l’issue d’une nuit un peu folle, Richard rentre chez lui et se dispute avec sa femme Maria. Après lui avoir annoncé son intention de divorcer, il claque la porte et part retrouver une autre femme. Maria décide alors de passer la soirée dans un night club où elle rencontre Chet avec qui elle termine la nuit. « Tourné en 1968, Faces donne l’impression de retrouver les choses où Cassavetes les avait laissées neuf ans plus tôt avec Shadows : même noir et blanc granuleux, mêmes plans saisis sur le vif, au plus près des corps et des visages, même montage dicté par le rythme de l’action et du jeu des comédiens, même frontière entre fiction et documentaire. Mais si la bande de copains fidèles, menée par l’impériale Gena Rowlands, semble improviser cette chronique hystérique de la chute d’un couple, la réalité est toute autre . A la différence de Shadows, Faces est un film extrêmement écrit, où chaque partition jouée est soigneusement composée (...) Filmer, saisir la vérité la plus crue dans une urgence folle, coûte que coûte : le projet de Cassavetes deviendra malgré lui l’un des symboles inoxydables de la toute-puissance de la liberté d’expression portée par le collectif. Dans l’Amérique encore coincée de la fin des années 1960, le geste ne manque pas de culot, ni de panache. » Fabien Reyre, Critikat JOHN CASSAVETES


OPENING NIGHT De John Cassavetes. E.U./1977/2h18 Avec Gena Rowlands, John Cassavetes, Ben Gazzara Joann Blondell

SEMAINE DU 17 AVRIL 2013

L’actrice Myrtle Gordon semble tout posséder : la gloire, la beauté, le charme. Et pourtant, elle crie. Elle crie son désir passionné de retenir la vie. Elle a la quarantaine. Elle est toujours magnifique. Mais elle sait que demain elle sera une autre femme. Plus exactement La Deuxième Femme, selon le titre de la pièce qu’elle répète à New Haven, avant de la présenter à New York. Avant de retourner à Hollywood pour Gloria, John Cassavetes réalise l’un de ses films les plus ambitieux dans lequel il témoigne d’une activité parallèle, le théâtre, très importante au début et à la fin de sa carrière. Si Opening Night n’est pas vraiment un documentaire sur le travail théâtral de Cassavetes, il permet en tout cas de se rendre compte de l’importance qu’il lui réserve, en liaison étroite avec le cinéma. Récit d’une période cruciale de la vie d’une comédienne, Opening Night est aussi l’histoire d’une troupe, d’une pièce, d’un film et de ses métamorphoses. Comme toujours chez Cassavetes, la vie s’infiltre par tous les côtés de la scène pour venir modifier subtilement ou sauvagement le plan de travail du metteur en scène. De cette confusion entre la vie et la scène naitra l’un des plus beau film du réalisateur. JOHN CASSAVETES


LA GARçONNIERE De Billy Wilder. E.U./1960/2h05 Avec Jack Lemmon, Shirley MacLaine, Fred MacMurray

SEMAINE DU 24 AVRIL 2013

Prisonnier d’un monumental open space aux perspectives écrasantes, C.C. Baxter n’est qu’un numéro parmi d’autres. Dans l’espoir d’être promu plus rapidement, il achète la sympathie de ses supérieurs en leur prêtant son appartement tous les soirs de la semaine. Les maris volages profitent allègrement de la garçonnière, de même que Baxter entretient l’infidélité des ménages. De Sept ans de réflexion à Avanti, en passant par Sabrina, Irma la Douce, Certains l’aiment chaud, Billy Wilder reste à jamais le grand maître de cet âge d’or de la comédie américaine où tout semblait permis, faire rire en se jouant de la censure et faire rêver sans user ni abuser de sucre et de violons. La Garçonnière est sans doute l’un des films les plus fidèles à cette « Wilder Touch ». Portée par le plaisir du jeu des ses deux comédiens, un sens extraordinaire du rythme et une utilisation rigoureuse de l’espace, La Garçonnière devient tour à tour ballet burlesque, satire sociale et mélodrame. Autour de ce brillant vaudeville accumulant les quiproquos, le rire se fait inquiet, et la noirceur pénètre insidieusement jusqu’à transformer le film en une déchirante reflexion sur la solitude des temps modernes. COMEDIES


IL GIOVEDI De Dino Risi. Italie/1963/1h41 Walter Chiari, Michèle Mercier, Roberto Ciccolini

SEMAINE DU 1er MAI 2013

Dino Versini (Walter Chiari), la quarantaine, est un bon à rien, paresseux et irresponsable. Ce « jeudi » là, il doit le passer avec Roberto, son jeune fils de huit ans qu’il connaît à peine, fruit d’une liaison passagère avec une femme riche venue du Nord. Dino est bien décidé à profiter de cette journée pour tenter de gagner l’affection et l’estime de son fils. Mais Roberto sera-t-il dupe des mensonges de ce père vantard et mythomane? Réalisé dans le sillage d’Une Vie difficile, Le Fanfaron, La Marche sur Rome et Les Monstres, Il giovedi appartient à la période faste de l’œuvre de Dino Risi. Le cinéaste donne en effet au cinéma italien, en ce début des années 1960, ses plus brillantes comédies et avec son humour doux-amer, son personnage de raté sympathique et sa critique des travers de la société de consommation, Il Giovedi ne déroge pas à la règle de la comédie à l’italienne Mais après la noirceur désenchantée du Fanfaron et le cynisme des Monstres, la particularité du film est qu’il puise dans la veine tendre de Risi pour servir avec justesse et délicatesse ce récit de l’initiation d’un père par son enfant.

COMEDIES


TO BE OR NOT TO BE De Ernst Lubitsch. E.U./1942/1h39 Carole Lombard, Jack Benny, Robert Stack

SEMAINE DU 8 MAI 2013

A Varsovie, en 1939, la troupe du théâtre Polski, dont les vedettes sont Joseph et Maria Tura, répète une pièce politique, Gestapo, et le soir joue Hamlet. Mais quand l’Allemagne envahit la Pologne, les comédiens entre dans la Résistance et pour lutter contre le colonel Ehrhardt et les nazis, ils vont faire ce qu’il savent le mieux : jouer! To be or not to be fait partie de cette poignée de films hollywoodiens – du Dictateur de Chaplin (1940) au Criminel de Welles (1942) en passant par Chasse à l’homme de Lang (1941) - qui se sont confrontés à leur actualité brûlante en critiquant ouvertement le régime nazi avant même l’entrée en guerre des États-Unis. Lubitsch s’engage ici dans le combat pour la liberté avec son arme de prédilection : l’humour. Tournant le nazisme et Hitler en ridicule, aussi éloigné de la propagande que des bons sentiments, To be or not to be est une satire percutante, absolument anticonformiste. Usant de la fameuse Lubitsch touch, savant mélange d’irrévérence, d’élégance et d’intelligence, servi par un prodigieux sens du rythme et des gags en cascades, Lubitsch élabore une brillante réflexion sur la scène comme espace de résistance et sur le spectacle comme moyen de la liberté. COMEDIES


FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS De Pedro Almodovar. Espagne/1988/1h30 Avec Julieta Serrano, Rossy de Palma, Guillermo Montesinos, Carmen Maura, Antonio Banderas

SEMAINE DU 15 MAI 2013

Quand son amant Ivan lui annonce qu’il met un terme à leur longue liaison, Pepa (Carmen Maura) manque de perdre la tête. Commence alors une folle journée dans le magnifique appartement de Pepa où les visites se succèdent sur un rythme endiablé : la naïve Candela qui vient de découvrir que son amant est un terroriste chiite, le fils caché d’Ivan accompagné par sa glaciale fiancée, puis la terrifiante épouse légitime du séducteur, fraîchement sortie d’un séjour de vingt ans dans un hôpital psychiatrique... Premier succès international de Pedro Almodovar, Femmes au bord de la crise de nerfs marque un tournant dans la carrière du cinéaste. Comédie théâtrale librement inspirée de La Voix humaine de Jean Cocteau, cette galerie de portraits féminins acides et loufoques fait le lien entre les films déjantés de la période underground du réalisateur (Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, Le Labyrinthe des passions...) et les œuvres de plus en plus mélancoliques qui suivront. Tout l’univers d’Almodovar est là : les couleurs exubérantes et la dominante rouge sang, les brèves touches d’humour trash, l’obsession pour les talons d’escarpins claquant au sol, les perversions sexuelles, les héroïnes blessées mais indomptables. Carmen Maura, égérie des premières années, trouve ici un rôle à sa mesure, entre le rire et les larmes tandis qu’Antonio Banderas et Rossy de Palma font leurs premiers pas dans l’univers baroque du maître espagnol. COMEDIES



2012-2013 LIEUX et JOURS de projection Vérifiez les horaires sur la grille bimensuelle du programme AUCH

3 projections hebdomadaires:

SAMEDI DIMANCHE MARDI

GERS

CONDOM FLEURANCE L’ISLE JOURDAIN LECTOURE

JEUDI 20h30 DIMANCHE 17h MERCREDI VENDREDI 20h30

Pour une partie de la programmation seulement : MARCIAC MARDI 21h ou MERCREDI 20h30 MASSEUBE JEUDI 21h NOGARO JEUDI 21h PLAISANCE MARDI 20h30 SAMATAN MARDI 21h


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