This is England

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Collège au cinéma Ciné 32 / 2010-2011

THIS IS ENGLAND Un film de Shane Meadows I GB I 2007 I 1h37

Juillet 1983, Shaun, 12 ans, vient de perdre sont père durant la guerre des Malouines lorsqu'il rencontre un groupe de skinheads. Avec eux, Shaun découvre le monde des fêtes, du premier amour et des bottes Doc Martens ; il acquiert ainsi confiance en lui. Mais le groupe prend un nouveau tournant quand Combo, un skinhead raciste et plus âgé, sort de prison. Chronique du mouvement skinhead, de ses origines punk et métissées à la deuxième vague raciste, This is England est à la fois la reconstitution d’un temps, celui de l’enfance chaotique du réalisateur, et l’écho d’une jeunesse perdue dans la crise économique de l'Angleterre Thatchérienne. Puisant dans la veine du cinéma social anglais (Ken Loach, Mike Leigh) et dans sa tradition du Working class hero, This is england est un film courageux qui dévoile par la richesse de sa mise en scène, l’ambiguïté de personnages qui, à l’image d’une société rongée par le chômage, glissent progressivement dans la violence et le racisme. Un constat sans concession compensé par le regard humaniste teinté de douceur et d’humour que Shane Meadows porte sur les personnages de ce puissant récit politique et initiatique.

▪ DANS LA TRADITION DU REALISME SOCIAL ANGLAIS Dans les années 1960, le paysage cinématographique anglais se voit radicalement bouleversé par la naissance d’une Nouvelle Vague britannique unie par un même souci de dresser un constat social brutal et sans concession. A l’aide d’acteurs souvent non professionnels, d’une mise en scène libre et vive (tournages extérieur et caméra à l’épaule), d’un grain d’image réaliste privilégiant le noir et blanc, les cinéastes britanniques amorcent un tournant cinématographique profond, marqué par un engagement militant souvent tourné vers l’enfance. On pense bien entendu à Kes de Ken Loach (1970), vision à la fois réaliste et poétique d’un garçon élevant un faucon dans une banlieue industrielle socialement ravagée ; également à Mike Leight (Naked 1992, Hight Hopes 1988), Stephen Frears (My Beautiful Laundrette 1985, The Snapper 1993) et Alan Clarke (Elephant 1989) qui tous ont fait leurs premières armes sur la BBC. La télévision a par ailleurs beaucoup influencé Shane Meadows (« A l'époque, on allait au cinéma pour voir 'E.T.', et si on voulait voir les bons réalisateurs britanniques, il fallait rester devant sa télévision. Le réalisme social n'avait pas sa place au cinéma »). C’est dans cette tradition que Shane Meadows se situe, brossant la peinture de personnages issus de la classe ouvrière en proie aux conséquences de près de 11 ans de Thatchérisme (1979/1990). Le générique d’introduction du film est à ce titre exemplaire : les images d’archives dressent un portrait culturel, industriel, social et politique de l’Angleterre de 1983 en raccordant la violence institutionnelle extérieure (la guerre des Malouines) et intérieure (les émeutes et les grèves, conséquences de la politique de privatisation et de désindustrialisation). La bande son (54-56 was my number) du groupe Jamaïquain Toots and the maytal se charge de restituer les origines métissées du mouvement skinhead avant de dévoiler, toujours grâce aux images d’archive, la scission du mouvement (qui sera également musicale) avec l’avènement du National Front.


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