Mémoire de rechercher. Laboratoire CRENAU Clémentine La Joie

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LES TERRITOIRES DÉCLASSÉS DU CRENAU Immersion de l’autre côté de la passerelle

Clémentine La Joie - Ensa Nantes 2015 Rapport de Stage de recherche - CRENAU



LES TERRITOIRES DÉCLASSÉS DU CRENAU Immersion de l’autre côté de la passerelle

Clémentine La Joie - Ensa Nantes 2015 Rapport de Stage de recherche - CRENAU


Préambule

En arrivant à l’Ensan en 2010, c’est un tout autre parcours que celui que je suis actuellement dans lequel je m’engageais : celui d’un double cursus architecteingénieur. Les raisons de ce choix, à vrai dire, je ne m’en souviens plus vraiment, mais les raisons de mon abandon à la fin de la première année me reviennent assez clairement ; je trouvais très improbable le lien entre les équations de mécanique statique et les prémisses d’histoire de la ville que nous suivions simultanément. Puis, au cours de mes trois années de licence, les cours de sciences sociales, les exercices de TD (entretien avec des habitants sur le logement pavillonnaire ou les grands ensembles) et plus encore le travail de bibliographie critique en 2ème année (sur le thème « la ville post-industrielle, la ville ouvrière en crise ») ont rapidement éveillé ma curiosité en donnant autant d’aperçus sur les moyens d’étudier la ville, sa fabrication, ses acteurs, ses conflits. Il me semble que ces thématiques, et l’intérêt que je leur portais, ont guidé mon choix de destination Erasmus pour le Master 1 ; Belfast. Cette année en Irlande du Nord a été l’occasion de beaucoup de découvertes. La situation particulière de Belfast (surabondance d’histoire, de mémoire) révélait

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plus explicitement et plus violemment qu’ailleurs l’importance de la ville comme espace d’expression des conflits. Mais la découverte de Belfast ne fut pas tant celle de ses stigmates urbains (les peace wall, portails à l’entrée des quartiers…) dont ce que j’avais pu lire ou voir avant de partir m’avait préparé, mais la violence de cette mémoire vive et muette. Réussir à en parler ; de ces murs, de ces frontières, avec mes camarades Irlandais a pris plus de 6 mois, les Troubles pourtant ils ne les avaient pas réellement connus, ou très peu, nous étions trop jeunes mais ils ont hérités d’un silence géné. En même temps, les enseignements de projet que nous suivions à l’Ulster University, s’intéressant presque exclusivement à l’objet architecturale sortie de tout contexte urbain, dénotaient brutalement avec l’environnement de la ville : vision du projet à laquelle je développais une certaine in-adhérence. C’est aussi au cours de cette année Erasmus que j’ai commencé la rédaction de mon mémoire dans le séminaire «Mémoire des villes, récit de ville» avec Amélie Nicolas. A la fois travail de recherche, d’expérimentation méthodologique et d’écriture, douloureusement plaisant. Parce qu’écrire, à priori, ça n’était pas ma vocation; les sept professeurs de Français de mon collège/lycée et le correcteur de ma copie du Bac, étaient plus ou moins tous d’accord sur ce point. Mais l’écriture a prit un sens à travers ce travail de mémoire (qui reste très largement perfectible de ce point de vue, entre autres) parce qu’elle représentait un nouveau moyen d’expression pour illustrer une nouvelle méthode de travail, expérimentale. Mon sujet s’est porté sur une opération de renouvellement des friches industrialoportuaires de la ville ; le Titanic Quarter. Le sujet m’intéressait d’autant plus qu’il entrait en résonance avec le projet de l’île de Nantes. En apparence seulement. Car si l’histoire de l’industrie portuaire avait réellement une importance majeure dans le développement de la ville, sa scénarisation racontait, elle, une toute autre histoire, plus liée au passé récent et troublé de Belfast. Ma problématique s’est donc concentré sur ce phénomène de scénarisation de l’aspect mémoriel du territoire. L’investigation cependant, devait être compliqué par le fait que l’opération été alors en cours (elle l’est toujours) et qu’assez peu d’articles en avait fait l’objet. La méthodologie mise en place s’est donc concentré sur trois axes ; confronter faits historiques et la communication du projet, s’interroger sur plusieurs autres opérations en cours et leur symbolique (le projet Removal Murals notamment), comprendre l’organisation et les acteurs en place.

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Un premier travail qui aurait certainement gagné à être plus incarné, par le récit peut être, des lieux, des habitants... Mais ces méthodes, je ne les ai expérimenté que plus tard, dans les différents travaux de projet (Estuaire 2029 ou Utopie Métropolitaine), ou au cours du voyage à Charleroi ou de mon stage au laboratoire, au cours desquels je me suis rendu compte des lacunes de mon mémoire, et de mon manque de méthode notamment en ce qui concerne les techniques d’observation et le «lacher prise». En effet, lors de la rédaction de celui-ci, par soucis d’efficacité, il m’avait semblé bon de mettre à distance mon ressenti des sites étudiés. Il est certain que je n’envisagerai pas du tout les choses de la même manière si l’exercice était à refaire. Le voyage à Charleroi, est apparu comme une autre expérience d’initiation à la recherche, dans le cadre d’un « workshop » avec les chercheurs et enseignants de sciences sociales de Nantes. Nous sommes donc partis, il y a un peu plus d’un mois, à Charleroi, en Wallonie, en Belgique, avec 15 autres étudiants de master. L’idée était de travailler à la description urbaine et sociale dans une ville moyenne, étrangère même si francophone, et surtout une ville en déclin, désindustrialisée, fortement paupérisée, même si s’esquisse une dynamique de renouvellement urbain, facilitée par l’arrivée de fonds européens et de nouvelles orientations politiques suite à l’élection d’un bourgmestre de l’avantgarde du parti socialiste belge. Nous devions, sur 3 jours, inventer des protocoles d’investigation à l’échelle de l’agglomération, les consignes étaient juste des titres : « un dimanche à Charleroi », et « 48 heures Charleroi ». Enjeux donc de la description urbaine et sociale, mais à partir d’un temps très limité, 3 jours, temporalité qui peut faire écho aux temps de l’investigation sur des sites dans le cadre des studios de projet par exemple. D’où le rapport à des protocoles, et à des inventions, assez efficaces, d’investigation sur le terrain, inventer des protocoles ethnographiques, en procédant à des « coupes anthropologiques » dans le territoire. Il y avait, dans cette expérimentation, l’idée de restituer, assez rapidement, par un travail d’écriture mais aussi de photographie, cette traversée sociale et urbaine de Charleroi, une écriture qui était aussi à inventer. Charleroi est une ville dont on parle mal : criminalité, prostitution, trafic de drogues, trafic d’armes, carjacking, alcoolisme, analphabétisme grimpant au point où les organisations de l’humanitaire finissent par s’y installer ; bref tous les attributs à priori de la mauvaise ville, même s’il est indéniable que les questions de pauvreté, de misère, et de relégation sociale existent

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bel et bien, et de façon visible et concentrée spatialement, à Charleroi. C’était donc la question du stéréotype, des représentations extérieures qui nous a motivé à « aller voir », voir en vrai, pour écouter et comprendre les représentations de l’intérieur, celles des carolos. Nous avons trouvé une posture, une manière d’être et faire sur le terrain. Nous avions un minibus 9 places, il pleuvait, nous l’avons pris, et avons silloné l’agglomération de Charleroi, à la recherche d’arrêts où des gens attendaient leur bus. Nous leur avons proposé de les reconduire chez eux, avec le minibus, engageant des conversations sur le trajet, et pouvant même continuer les échanges autour d’un café et d’une tarte au sucre chez eux. Ce protocole joue le jeu de la « coupe anthropologique », il traverse le territoire, et les espaces de la déambulation habitante dans la ville, il organise des récits de trajectoire sociale, résidentielle, culturelle, multi-culturelle. Et puis, dans le moment du protocole même, il restitue quelque chose à la personne embarquée, celle d’être ramenée chez soi plus vite qu’en bus. (*1) Enfin le stage au laboratoire, traverser la passerelle, et embarquement côté Loire pour quatre mois. Une nouvelle expérience que je tenais particulièrement à faire, d’autant plus que mon année en Erasmus m’avait privé de bon nombre d’options de Master 1 que j’aurais aimé faire, et que le parcours de mention recherche me permettait. Parce que si les studios de projets, et notamment ceux du DE1 (*2) auquels j’ai pu participer; Estuaire 2029 (avec Chérif Hanna et Jean-Yves Petiteau) et Utopies Métropolitaines (Pascal Amphoux), développaient des situations et des méthodes de recherche, ceux-ci étaient cependant toujours liés à une notion de production architecturale ou urbaine. Le stage au sein du laboratoire me permettait alors de décentrer cette vision de la recherche et de l’explorer dans un nouveau cadre, non contraint par la necessité d’une réalisation finale, mais dans laquelle la démarche de projet puise de l’expérimentaion méthodologique qui nourrie alors la démarche. Par ailleurs, au cours de cette année, toutes ces expériences : rédaction du mémoire, stage au laboratoire, voyage à Charleroi, studio de projet (Estuaire 2029, Utopie Métropolitaine, m’ont permis de découvrir de nouveaux aspects de la recherche, plus ou moins appliqués au projet architectural, et d’aborder de nouvelles thématiques. Cela à confirmé ce que j’avais presenti; sans pour autant savoir sous quelle forme, j’espère, dans un futur proche, pouvoir coupler la pratique et la recherche.

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(*1) Le dossier de restitution de notre séjour carolo et l’explication du protocole que nous avons mis en œuvre se trouve en dernière partie du rapport.

(*2) Il existe trois Domaines d’Études (DE) DE1 - La Condition Métropolitaine DE2 - Cultures constructives et stratégies de projet DE3 - Projeter: du savoir faire au penser le faire


Introduction / méthodologie

Le choix de mon sujet de recherche portait d’abord sur le fait de participer à un travail en cours afin d’être le plus possible immergé dans l’univers du laboratoire : et ce fut celle, assez inattendu, des colonies de vacances. En effet le CRENAU venait de rendre une lettre d’intention à un appel à projet pour les paris scientifiques régionaux portant sur ce thème, au titre exact ; «Héritages et mutations des espaces de loisirs et de vacances Les cas des colonies et villages-vacances issus du patrimoine des grandes entreprises nationales.» et qui devait faire l’objet de mon stage. Selon la description proposée lors de l’appel à projet, la recherche devait engager un élargissement de la réflexion des shrinking cities - analysant le déclin ou le déclassement des territoires économiques et urbains de l’ère fordiste - aux problématiques de déclin des villes et espaces de loisirs. Il s’agissait alors d’engager une recherche sur les transformations des modes de loisirs/vacances - liées à des transformations de l’emploi, de l’organisation du travail et de la gestion de ces espaces par les entreprises - et de dévoiler les réactions ou stratégies sociales, urbanistiques, architecturales et patrimoniales à l’oeuvre et possibles sur ces espace. Dis là que

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c’était accepter d’embarquer sur un projet de recherche alors naissant, et presque uniquement travaillé par les chercheurs du laboratoire sous forme d’hypothèses. L’intérêt porté sur ce patrimoine particulier et fragile avait notamment été mis en lumière dans un article de la revue InSitu (n°9, avril 2008) écrit par Bernard Toulier, alors Conservateur du patrimoine pour le ministère de la Culture. (*1) Le caractère urgent mentionné par Bernard Toulier apparaissait d’autant plus important que la fréquentation des colonies ou centres de vacances observait une baisse importante ces dernières années (en recul constant depuis 1995 (*2)). Alors qu’en parallèle, leur situation sur le littoral français (et à fortiori en Loire Atlantique et en Vendée) apparaissait souvent enviable, ainsi on imagine bien l’importance des pressions foncières exercées sur leur propriétaire, éventuellement amené à s’en séparer. Dans ce contexte, l’objet de la recherche apparaissait donc double ; celui de l’inventaire d’un patrimoine à la fois singulier et en sursis, et la compréhension des dynamiques et des pressions qui pesait sur celui-ci. La méthodologie choisie devait articuler plusieurs enjeux, empruntant à la logique de l’inventaire. C’est bien plutôt un pré-inventaire problématique qu’il s’agissait de construire, les données pour cette recherche n’étant pas encore constituées. Je m’engageais donc à croiser différentes entrées : au préalable, celle des acteurs étant donné que nous voulions trouver un « corpus » de lieux appartenant ou ayant appartenu à des comités d’entreprises ; et celle des sites eux-mêmes en recherchant, à partir d’un « corpus » de villes côtières, les histoires de ces colonies ou villages vacances dans l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture locale. L’idée, en fin de stage, était de s’attacher à une situation « idéale-typique », qui pouvait, depuis le terrain, faire remonter les enjeux d’une politique de patrimoine de comité d’entreprise, les stratégies d’une municipalité, et les formes d’une possible patrimonialisation. Cependant le déroulement du stage, restreint en temps (5 demi journées par semaine pendant 4 mois et en parallèle du PFE), et en moyen (pas de déplacement possible), a dû faire évoluer cette première esquisse méthodologique. Ainsi, si la piste des acteurs a effectivement pris une place importante dans mon travail, et sur laquelle je reviendrai plus tard, la recherche d’un inventaire situé sur une sélection de 4 villes (Saint-Hilaire de Retz, Saint-Jean de Mont, Saint-Brevin, La Tranche sur Mer) ne devait pas porter ses fruits, notamment dû à mon impossibilité à me rendre sur place pour consulter les acteurs des municipalités en question.

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(*1) « Il est urgent de porter un nouveau regard sur le patrimoine des centres de vacances, qui ont échappé jusqu’à ce jour au mouvement d’élargissement de la notion de patrimoine. Le patrimoine immobilier des colonies de vacances est étroitement lié au patrimoine éducatif, lieu d’expérimentation privilégié des méthodes pédagogiques. Le patrimoine des centres de vacances participe à la lutte contre l’exclusion et à l’offre diversifiée de loisirs et de vacances pour les jeunes. Le centre de vacances reste un facteur de développement économique, intégré à l’aménagement du territoire, notamment dans le secteur rural et les régions de montagne. »

(*2) Selon le rapport d’information déposé par la comission des affaires culturelles et de l’éducation sur l’accessibilité des jeunes aux séjours collectifs et de loisirs. 10 juillet 2013


Cependant une nouvelle piste est apparue au cours de mon stage, celle attachée à la patrimonialisation, autour des enjeux de labellisation au titre de ‘patrimoine du XXème siècle’ de certaines colonies/centres de vacances. La compréhension de ce phénomène de reconnaissance institutionnalisé du patrimoine architectural et des limites de celle-ci prendra dès lors une part importante de mon stage. Deux grands thèmes ont donc finalement conduit le déroulé de mon stage ; le premier portant sur les comités d’entreprise et de leur politique concernant le patrimoine des colonies et villages vacances, et le second sur les processus ouverts de leur patrimonialisation.

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Sommaire

Préambule

p.04

Introduction

p.08

I – Composition d’entreprises, les derniers mohicans d’une utopie sociale en panne ? p.14 AXE 1 : Quel est la pertinence historique pour ces acteurs ? - ANNEXE 1 (FRISES HISTORIQUES) 1/ EDF-GDF 2/ SNCF

p.15

AXE 2 : La question de la propriété et de l’organisation ? - ANNEXE 2 (ORGANIGRAMME) 1/ EDF-GDF 2/ SNCF - ANNEXE 3 (ORGANIGRAMME) 1/ EDF-GDF 2/ SNCF

p.23

AXE 3 : Quelles orientations politiques au sein des CE ? - ANNEXE 4 (ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANCOIS SOCHARD) - ANNEXE 5 (EXTRAIT D’INTERVIEW AURELIEN TARGET) - ANNEXE 6 (CARTE INVENTAIRE DES PATRIMOINES DES CE, EN COURS)

p.29 p.31 p.64 p.66

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p.16 p.20

p.24 p.24 p.25 p.26


II - Le processus de patrimonialisation ; labélisation entre reconnaissance et impuissance.

p.68

AXE 1 : Quel place pour les colos dans la recherche architecturale ? Un (sous) patrimoine du XXème siècle au creux de la thématique de villégiature ? - ANNEXE 7 (BIBLIOGRAPHIE) - ANNEXE 8 (ENTRETIEN AVEC BERNARD TOULIER)

p.69

AXE 2 : Quel rôle est quel pouvoir pour la DRAC ? - ANNEXE 9 (ENTRETIEN AVEC PHILIPPE GROS)

p.74 p.75

AXE 3 :Les limites du label et de l’engagement associatif : l’Affaire des Trétrodons.

p.88

III - Voyage à Charleroi.

p.90

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p.70 p.72


I - Comités d’entreprises, les derniers mohicans d’une utopie sociale en panne?

> Objectif : Inventorier leur patrimoine et comprendre leur politique actuelle à ce propos. > Axes d’enquête : 1/ Saisir leur formation historique 2 /Comprendre leur organisation 3/ Interroger leur orientation politique Ces trois axes ont été développés en parallèle, s’interrogent et se répondent mutuellement. Ils sont l’occasion d’un regard croisé sur ce que sont ces deux CE et témoignent autant de leur points communs que de leur singularités. Aucuns des documents produits dans le cadre de ces trois axes de recherche ne peuvent être considérés comme complets ou exhaustifs, il faut alors les regarder simultanément et comme des outils de compréhension en fabrication plutôt que des illustrations figés. A l’origine, cette piste d’étude sur les comités d’entreprises devait concerner trois CE ; EDF-GDF, la SNCF et la Poste, cependant il est apparu rapidement que le CE de la Poste avait décidé de sous-traiter les activités de loisir à une entreprise privé AVEA, 14


après avoir vendu toute ces propriétés en Loire Atlantique et Vendée en 2008. Ce CE ne fera donc pas partis des axes de recherches suivant, mais reste néanmoins une piste pour la suite de ce travail, ce changement de politique en 2008 apparait comme un tournant décisif à étudier. > Outils méthodologique : les médias ont été multiples ; émanant à la fois de documentaires vidéo/radio, d’informations issues directement des CE, presses écrites, entretiens. (source/liste à faire)

> AXE 1 : Quel est la pertinence historique pour ces acteurs ? L’intérêt porté aux comités d’entreprises (CE) tenait notamment à leur importance en tant que bailleur de fonds des colonies, ils en sont à ce titre devenus les principaux (source). Cependant, les CE n’apparaissent qu’à partir de l’après guerre, institués par l’ordonnance du 22 février 1945 et la loi du 16 mai 1946, alors même que les premières colonies de vacances (à caractère hospitalière, religieuse ou scolaire) naissaient dès la seconde moitié du XIXème siècle. Il était donc nécessaire pour comprendre leur rôle et leurs politiques actuelles, d’étudier leur apparition dans cette ‘histoire des colonies de vacances’. D’autant plus que leur caractère d’entreprise nationale était issues des dynamiques de nationalisation de l’après-guerre (pour EDF/GDF) et des années Mitterrand (pour la SNCF). Et que leur développement dans ce cadre était largement marqué par un contexte de revendication sociale et de l’histoire syndicale. Cette nécessité s’est traduite rapidement par la création de frises chronologiques (non exhaustives) soulignant les étapes majeures de développement et de transformation des CE. 15


ANNEXE 1 (FRISES HISTORIQUES) 1/ EDF-GDF

1944

Libération. Les syndicats et les partis unis rejoignent le Conseil National de la Résistance (CNR). Le gouvernement se fixe pour mission de rétablir les libertés, d’instaurer une démocratie économique et sociale basée sur l’intérêt général et le retour à la nation des grands moyen de production dont les sources d’énergie.

1946 (8 avril)

Marcel Paul, syndicaliste CGT et ministre communiste de la production industrielle fait voter la loi (n°46-628) de nationalisation après indemnisation des anciennes sociétés de gaz et de l’électricité créant ainsi deux entreprises publiques ; Electricité de France et Gaz de France. Les réformes du CNR qui comprend entre autre la CFTC (crée en 1919) et la CGT (réunifié en 1943) prévoit des avancées sociales considérables : le droit au travail et au repos, la sécurité sociale, la garantie du pouvoir d’achat, la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauche et de licenciement et la retraite. Le CNR souhaite également favoriser l’accès à l’éducation et à la culture pour tous.

1946 (22 juin)

Le décret n°46-1541 est mis en application ; le statut national du personnel d’EDF/GDF voit le jour dans ce contexte. Naissance des 1%.

1947 (14 janvier)

Le CCOS (Conseil Central des Oeuvres Sociales) est créé, il est en charge des activités sociales; vacances, cantines, assurances…

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Les premières colonies de vacances apparaissent ce même été ; 6500 enfants de 6 à 14 ans partent pour un mois de vacances à la mer, la montagne ou la campagne. Les vacances s’élargissent aux enfants âgés de 16 à 21ans pour lesquels sont organisées des caravanes en lignes, filles et garçons séparés se retrouve à l’arrivé au terme de 18 jours de marches.

1948

Mise en place des CMCAS (Caisse Mutuelles Complémentaires et d’Action Sociale) en charge des activités de proximité de loisirs, de culture et de solidarité et surtout du traitement mutualiste de la santé. Les représentants syndicaux décident d’organiser des vacances pour les agents d’Edf/Gdf.

1949

Le député Louvel devient ministre de l’industrie. Au moment de la nationalisation, c’est lui qui avait négocié de fortes indemnisations pour les anciens patrons actionnaires des sociétés nationalisées par Marcel Paul.

1950 (février)

(Durant la guerre froide et les guerres coloniales, l’hostilité à l’égard du CCOS devient systématique.) (Un journaliste écrira même que les camions utilisés pour le transport des enfants ou du matériel des colonies de vacances ont été spécialement aménagés pour transporter des armes de guerre) Un 1er décret gouvernemental remet en cause le CCOS sans qu’aucune confédération syndicale n’ait été consultée.

1950 (octobre)

Un 2nd décret est adopté, 4 mois plus tard, le CCOS est purement dissous, son siège occupé par les forces de l’ordre. Une délégation patronal dite provisoire et mise en place, aussitôt contestée par les syndicats.

1951 (février)

(La résistance et la reconquête de l’organisme s’organise progressivement en s’appuyant sur les CMCAS et l’unité syndicale.) Louvel supprime par décret leur caractère mutualiste. Alors que la délégation provisoire nommée par le gouvernement prend en charge les activités sociales centralisées, les électriciens et gaziers et leur fédération syndicale gèrent les activités décentralisées.

1952 (26 juin)

Investiture de Pierre Mendès France. Apres la défaite d’Indochine, la vie politique française est instable, le nouveau gouvernement formé par Mendes France tente d’apaiser un climat social

1954 (18 juin)

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tendu et renoue le dialogue avec les fédérations syndicales. Il est prêt à rendre au personnel la gestion des oeuvres sociales. 1955 (3 février)

Deux nouveaux décrets régissent les activités sociales. Les CMCAS voient leur caractère mutualiste reconnu, mais leur statut, leur cotisations et la désignation du conseil d’administration de la CCAS (Caisse Centrale des Activités Sociales remplaçant l’ancien CCOS) sont désormais arrêtés par le ministère de tutelle. Les ressources du 1% sont plafonnées et diminuées des charges de restauration et de l’action sanitaire et sociale. Malgré cela, la délégation des CMCAS souligne les avancées obtenues grâce aux multiples actions du personnel. En premier lieu, le retour de la gestion des oeuvres sociales au personnel, le caractère démocratique et mutualiste des CMCAS et la création de la CCAS.

1957

En application de ces textes un second organisme est mis en place : le Comité de Coordination des Caisses d’Oeuvres Sociales. C’est ce comité qui est chargé de répartir les 1% des ventes hors taxes d’énergies entre la CCAS et les CMCAS.

1963

L’ensemble des fédérations syndicales décide de reprendre la gestion des activités sociales, après une interruption de 13 années durant lesquelles les entreprises en assuraient la gestion. … - Intégration des activités physiques et sportives à l’offre de loisirs. Ouverture de bibliothèque dans les maison familiales. Le CCAS autorise la mixité dans les colonies dès la fin des années 60, elle ne deviendra obligatoire à l’école qu’en 1975.

2000

Directive européenne sur l’ouverture du marché de l’énergie.

2004

70% du marché français de l’électricité est ouvert à la concurrence. EDF change de statut et devient une société anonyme. Un an plus tard, EDF entre en bourse.

2007

Fusion entre Gaz De France et Suez (nationalisé en 1982 et privatisé en 1987) ; création de la CAMIEG organisme de sécurité sociale, les CMCAS perdent les habilitations à gérer le régime spécial maladie.

2012 (mai)

Un rapport de la Cour des Comptes fustige la mauvaise gestion des activités sociales et somme de vendre une partie de son patrimoine. Le déficit d’exploitation apparut en 2007 (de 12 millions) croît jusqu’à atteindre 82 millions d’euros en 2010. Un plan de redressement est mis en place.

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Image d’archive ; Marcel Paul, Misnistre de l’industrie : 1945-1946 Président du CCOS : 1947-1951

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ANNEXE 1 (FRISES HISTORIQUES) 2/ SNCF

1937

La faillite des cinq compagnies ferroviaires privées françaises amène l’Etat à « nationaliser » les chemins de fer pour une durée de 45 ans. La SNCF, nouvelle entreprise nationale, est détenue à 51% par l’Etat, les 49% restants appartenant aux actionnaires des anciennes compagnies. Cette demi-réforme fera dire à Pierre Sémard, alors secrétaire du syndicat des cheminots : « Nous n’avons pas eu d’illusion à la constitution de la SNCF (…) La nationalisation reste à réaliser ». Concernant le volet social et économique de cette mesure, si les salariés rentrent au Conseil d’administration, la SNCF conserve toutefois la maîtrise totale des œuvres sociales.

1983

La convention créant la SNCF arrive à terme. Le 30 décembre 1982, la nouvelle « loi d’orientation des transports intérieurs » est promulguée. Elle donne à la SNCF un statut d’Etablissement Public Industriel et Commercial (EPIC). La législation sur les comités d’entreprise lui est alors applicable.

1983/84

Mise en place, dans le sens de la proximité la plus large possible avec les salariés, de 327 comités d’établissement et d’un CCE (Comité Central d’Entreprise). Ces institutions ne jouissent que des prérogatives économiques. Le 15 décembre 1983, les cheminots désignent leurs représentants et le 10 janvier 1984, les CE rentrent en fonction.

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Après le recours intenté auprès du Conseil d’Etat par certaines OS, l’organisation de 327 CE est annulée, le 7 juin 1985. Après plusieurs mois de négociations, un accord est conclu pour la mise en place de 35 CER et d’un CCE. En octobre, de nouvelles élections sont organisées.

1985

Le 1er janvier, les 35 CER rentrent en fonction. Le CCE est composé de 20 membres titulaires et de 20 suppléants. De plus, c’est cette année-là que les activités sociales et les moyens s’y rapportant sont transférées aux CE et au CCE.

1986

Conséquence des restructuration à la SNCF, le nombre des Comités d’Etablissement est ramené à 26 (23 CER et 3 CE).

2002

La création d’un Comité d’établissement Fret porte à 27 le nombre de CE.

2009

Création du Comité d’établissement Gares et connexions portant à 28 le nombre de CE.

2013

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> AXE 2 : La question de la propriété et de l’organisation ?

Dans un premier temps, la démarche d’inventaire du patrimoine des CE m’a conduite à étudier les différents catalogues proposés par ceux-ci, sur leur site internet notamment. Ces catalogues proposaient alors plusieurs offres possédant des différentiations programmatiques ; _ les ‘colos’ pour les jeunes durant plusieurs semaines (possèdent souvent des entrées thématiques, type ‘équitation’ ‘surf’.. et donc ne référant pas à un site particulier) _ les ‘mini-camps’ pour les plus jeunes (sur un site donné pour des séjours courts) _ les villages vacances familiaux (sur un site donné mais possiblement ‘conventionné’ et donc n’étant pas une propriété du CE) La multiplicité des propositions, des sites et des temps de séjours traduisait une organisation plus complexe, du patrimoine et de sa gestion, qu’il ne le semblait au départ. Il devenait alors primordial de trouver des éléments de réponses, de compréhension de ces organisations, tant du point de vue du financement, que de la gestion de celui-ci. Ce second axe de recherche s’est traduit sous la forme d’organigrammes, d’abord sommaires, puis, au cours de mes entretiens et lectures, plus détaillés. ANNEXE 2 (ORGANIGRAMME 1) Cette premier schématisation permettait de lire, et ceux pour les deux CE, une double organisation centralisée/décentralisée, avec des pôles de proximité et une gestion nationale se partageant les différentes offres de Loisir et gérant donc différents patrimoines. Au fils de mon stage, les organigrammes se sont petit à petit étoffés, révélant une structure complexe (notamment dans le cas de la CCAS, CE d’EDF/GDF) ANNEXE 3 (ORGANIGRAMME 2) 23


ANNEXE 2 (ORGANIGRAME) 1/ EDF-GDF

69 CMCAS

(caisses mutuelles complémentaires et d’action sociale)

EDF - GDF

«les activités sociales de l’énergie»

Comité de coordination des CMCAS

CCAS

(caisse centrale d’activités sociales)

ANNEXE 2 (ORGANIGRAME) 2/ SNCF

18 CER

(comité d’établisse ment régionaux)

3 CE

(de direction centrale)

SNCF

5 CE

1 CCE

(de la région parisienne)

1 CE

(de Fret)

1 CCE

(comité central d’entreprise)

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ANNEXE 3 (ORGANIGRAME) 1/ EDF-GDF

SNCF Propriétaire

CCE

Dotation de la région au CCE indépendante, d’une région à une autre (34.10 %)

Profit à tout les employés de la SNCF et des CE/CCE > Patrimoine : Colonies

Locataire

Comités d’entreprise régionaux

CER

Comités d’entreprise inter-régionaux

CE Paris x18

CE Fret

CE Direction x5

x3

Dotation de 1.721 % de la masse salariale 9 antennes région Nantes Profit uniquement aux employés de la région > Patrimoine : Cantine / Bibliothèque / Colonies

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x1


ANNEXE 3 (ORGANIGRAME) 2/ SNCF

Cellule 1 %

CMCAS St-Herblain CMCAS La Roche

11 SLVies

3 SLVies

5 SLVies

5 SLVies

Coordination régionale CCAS Pays de la Loire Colonies de vacances enfants

CA 14 Comissions

10 commissions communes

Comité de coordination

2 commissions

6 SLVies

11 CGT 5 CFDF 4 FO 3 CFE-CGC 1 CFDT

8 CGT 1 FO 1 CFE-CGC 1 CFDT

Salle des fêtes / Etangs / Logements / Terrain de sport

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CMCAS Laval CMCAS Le Mans CMCAS Angers

CA 12 Comissions


1 comission

2 comités

7 directions

CCAS

5 groupes de travail permanent Comité éditorial « Le journal »

2 délégations 2 services

Territoire Pays de la Loire

Comité éditorial « Trait d’union »

Antenne St-Herblain

Antenne Le Mans

Points de proximité professionnels

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Comité éditorial « Connexions »


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> AXE 3 : Quelles orientations politiques au sein des CE ?

Obtenir un entretien avec des membres du CE était un point méthodologique convenu depuis le début de mon stage pour comprendre les politiques engagées par ceux-ci. Cependant il me semblait essentiel de comprendre un peu mieux le fonctionnement et l’histoire de ceux-ci et d’affuter mes questions avant d’entamer cette démarche. Un mois après le début de mon stage, et quelque piste plus tard, les e-mail étaient lancés. SNCF > 10 min plus tard le CER (Comité d’Etablissement Régional de la SNCF) me répondait assez sèchement que les séjours de vacances SNCF étaient gérés par le CCE de Paris et me conseillait de prendre contact avec eux. La tache se compliquait donc, un rendez vous à Paris nécessitant une logistique un peu plus complexe que de se rendre face à la gare de Nantes, boulevard Stalingrad (ou se situe les locaux du CER de Nantes). Une bonne surprise arrivait cependant une heure plus tard, quand le secrétariat des élus du CER me proposait finalement trois dates pour rencontrer Jean-Francois Sochard, le secrétaire élu du CER. La rencontre aura lieu le mercredi 8 avril à 9h30 au bureau du CER. L’entretien, dont j’avais été prévenue qu’il ne durerait que 30/45 min déborda quelque peu, pour finalement me laisser plus de 3h30 de retranscription à effectuer. Au delà d’enrichir les deux axes de recherche précédents, cet entretien a contribué à ouvrir de nouvelles pistes de réflexion pour la suite ; > Les élus locaux du CE, appartenant majoritairement à la CGT, apparaissent comme étant en opposition systématique avec la SNCF, défendant l’héritage issu de la nationalisation de l’entreprise. Ainsi il semble intéressant de poursuivre cette enquête en multipliant les entretiens, à la fois avec d’autres élus du CE à l’échelle nationale (puisque ce sont eux qui gèrent la plus grande partie du patrimoine de loisir et de vacances), mais aussi du coté de la SNCF (propriétaire de ce patrimoine), afin de confronter ces deux points de vues. > Au cours de cet entretien, J-F Sochard a évoqué la vente de plusieurs colonies/ centres de vacances, autant de terrains d’enquêtes qui permettraient d’illustrer les tensions et les négociations à l’œuvre dans ce type d’opération. ANNEXE 4 (ENTRETIEN SOCHAR) 29


EDF/GDF > Malheureusement, et malgré les deux courriers recommandés et les nombreux appels, aucun rendez-vous ne sera convenu avec les membres de la CMCAS de Saint-Herblain. Une absence d’entretien d’autant plus regrettable que la situation du Comité d’Entreprise d’EDF/GDF, sommé de vendre et de rentabiliser son patrimoine, augurait d’intéressantes conversations. A défaut d’entretien direct, voilà quelques extraits de ’Trait d’Union’ la revue du CMCAS de Saint-Herblain ; ANNEXE 5 (ENTRETIEN TARGET)

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ANNEXE 4 (ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANCOIS SOCHARD) Secrétaire du Comité d’Entreprise Régional (CER) de Nantes de la SNCF. Mercredi 8 avril 2015.

Clémentine La Joie : Quelle est votre mission au sein du CE de Nantes ? Jean-François Sochard : Alors en terme de .. mission, c’est à dire que nous on est élus par le personnel, donc euh, la SNCF est divisée en régions, on est 28 régions, on va le dire comme ça. Donc le CER de Nantes, la région SNCF qui englobe les Pays de la Loire et le nord des Deux-Sèvres. C’est pas tout à fait sur les régions administratives. Voilà. Donc actuellement il y a à peu près 4200 cheminots, voilà, qui bénéficient du CER de Nantes. Et comme je vous disais donc, on est élus par les cheminots. CLJ : Vous avez des mandats de combien de temps ? JFS : Alors euh, la loi c’est tous les 4 ans à la SNCF, mais euh, quand il y a entente entre l’employeur et les organisation syndicales, ça peut être ramené à 3ans, ou voir 2 ans. Donc nous, là c’était pour 2 ans, le mandat précédent c’était 3ans. C’est toujours euh, en entente, mais bon, faut savoir que la lois c’est 4ans. Donc là on est un mandat de 2ans, normalement, mais après il y a une réforme qui est en place là, qui se met en place, qui va venir modifier les choses, mais enfin bon. Et euh, comme je vous disais je suis élu à la CGT, et alors, je sais pas si on peut appeler ça une mission, mais une fois qu’on est élus, au même titre que par exemple une liste municipale, à l’intérieur de la liste qui est élue, et bien il y a élection du secrétaire, trésorier, enfin etc ... Et on travaille au sein.. on a un bureau dans notre CE et c’est l’instance qui prend les décisions. C’est à dire que comme tout les CE d’ailleurs, de France et de Navarre,

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«DONC 86 ET DONC LES CE ONT HÉRITÉ DE TOUT UN PATRIMOINE D’OEUVRES SOCIALES ÇA S’APPELAIT, DONC C’ÉTAIT LA SNCF QUI GÉRAIT LES OEUVRES SOCIALES, DONC IL Y AVAIT DÉJÀ DES COLONIES, DES RESTAURANTS, DES CENTRES DE LOISIRS, TOUT UN PATRIMOINE, UN PATRIMOINE ASSEZ IMPORTANT, DES BIBLIOTHÈQUES, VOILÀ»

c’est pas l’employeur qui gère le CE, c’est les organisations, le bureau, enfin les organisations syndicales et le bureau qui prend les décisions, l’employeur n’a qu’un regard ; savoir si on est bien dans les prérogative d’un CE et puis un regard sur les finances. Voilà, donc euh, ben effectivement, à la CGT on a des orientations à, au niveau de la gestion des activités sociales tel qu’on pense. Par exemple, on est pas trop pour tout ce qui est redistribution. Redistribution c’est, euh, des chèques-vacances, des chèques-livres, chèques en tout genre comme on aime à dire. Voilà. Parce que déjà, il y a une histoire à la SNCF, on a pas toujours eu des CE parce que avant 82 c’était une entreprise d’état donc il y avait pas de .. l’état n’a pas de CE. Et a partir de 82, c’est devenu un EPIC la SNCF, un Etablissement Public, Industriel et Commerciale, et la effectivement il y a eu les CE qui se sont mis en place. En 82, et les CE activités sociales en 86. CLJ : D’accord, donc c’est quand même plutôt récent. JFS : Ah c’est, dans l’histoire de la SNCF c’est récent oui. Oui, donc 86 et donc les CE ont hérité de tout un patrimoine d’oeuvres sociales ça s’appelait, donc c’était la SNCF qui gérait les oeuvres sociales, donc il y avait déjà des colonies, des restaurants, des centres de loisirs, tout un patrimoine, un patrimoine assez important, des bibliothèques, voilà. Donc ça, ça a été transféré en 86, et euh, et bien dès 86 ça a été la CGT qui a été la première organisation syndicale, et à partir de là et bien, a été choisi le fait de ne pas faire de la redistribution, parce que c’est dans nos orientations aussi, mais c’est aussi pour apporter d’autres valeurs. Voilà donc , on a encore des.., par exemple on a encore des bibliothèques à disposition pour les cheminots, des prêts de livres gratuit, ça fait parti, puisque l’émancipation de chacun haha, passe aussi par la lecture par exemple, donc voilà, on met à disposition les livres. Mais c’est aussi euh, les vacances, les vacances familiales et les vacances des enfants. Et on en vient aux colonies ! On va se concentrer plus sur ça ? Là c’était une petite intro … CLJ : Non, non c’est nécessaire de comprendre le contexte ! JFS : Oui ça amène un petit peu le pourquoi , pourquoi voilà nous on préfère .. parce qu’on a du patrimoine, et qu’on a l’envi, et les orientations et les valeurs, offrir aux cheminots des semaines de colonies, ce que l’on appelle des colonies hein, de l’accueil de loisirs avec hébergement, pour le vrai terme. Et, plutôt que donner, par exemple si votre enfant était dans un centre de vacances, donner justificatif et on vous remboursera une partie. Voilà, on est pas… quand je dis la redistribution, c’est ça voilà. CLJ : C’est plutôt à contre courant de ce qui se fait actuellement ? JFS : Ah mais ça oui, c’est complètement à contre courant, ça c’est clair ! Parce que la redistribution, elle va surtout pour les gens qui ont déjà de l’argent. Enfin, les familles plus aisée. On voit bien, si on veut mettre, à prestation à peu près égale, entre nous ce que l’on est capables d’offrir aux cheminots et si ils vont dans des secteurs privés, on va dire, c’est 3 ou 4 fois plus. Il faut plus de, enfin 3 fois plus de, 3 ou 4 fois plus d’argent. Donc euh, ça s’adresse déjà a une population qui a déjà un peu plus d’argent, alors que le fait d’offrir des semaines

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de vacances ou le CE participe, forcement parce qu’on fait jamais payer, c’est le but du CE, on fait jamais payer aux cheminots le vrai prix. Bah voilà, on, je dirai, entre la prestation et le prix qu’on fait payer, c’est euh, c’est imbattable, ça n’existe pas. C’est pas le but d’être imbattable mais, voilà, le but c’est d’essayer que toutes les familles de cheminots puissent envoyer leurs enfants en colonies quoi, avec des prix, forcement on a des prix par QF, coefficient. Le but la aussi c’est un genre de solidarité entre ; j’ai un peu plus d’argent je paye plus et celui qui a moins d’argent il paye moins quoi. Tu vois c’est .. c’est une entre aide entre.. Donc on a le prix que ça coûte au CE : le prix coutant, je rappelle les CE n’ont pas besoin de faire de bénefs comme les entreprises privées, donc on a notre prix ; le cout d’un séjour, et ben le coefficient le plus cher, à titre d’exemple on doit prendre 17% de réduction et euh on a 7 coeff et jusqu’au coeff 1 qui est le plus bas coeff et la on doit être a 65% de réduction. C’est un petit peu comme ça qu’on fonctionne. C’est en fonction des revenus, j’ai un peu plus de revenus je paye un peu plus, j’ai moins de revenu … Don euh voilà. Et alors, on est au même titre que le CCE, donc le CCE aussi pour la petite histoire, un Comité Central d’Entreprise, n’a pas de dotation propre de l’entreprise. C’est une émanation de l’ensemble des CE, donc on en a 28, et puis chacun donne une partie de sa dotation. En disant, moi je ne veut pas m’occuper des vacances de familles. CLJ : D’accord donc les CER délèguent au CCE ? mais ce qu’ils veulent ? JFS : Euh ce qui veulent alors euh tout ça c’est cadré dans des mandats de gestions on appelle ça. Enfin tout est bien cadré, tout est bien écrit, et on donne une partie de nos dotations, on donne aussi donc pour les vacances familiales, mais aussi pour les vacances : les colonies de 2 ou 3 semaines. CLJ : Donc les temps long sont au CCE ? JFS : Oui voilà. Et nous les.. enfin chaque CE fait comme il veut, puisque chaque CE est autonome, mais euh nous à la région de Nantes, on fait des séjours d’enfants d’une semaine. (10:10) CLJ : Les mini camps ? JFS : Ce qu’on appelle les mini camps. Vous avez été voir le site ! Voilà ce qu’on appelle les mini camps à contrario des 2 semaines ou 3 semaines que propose le CCE. Parce que si on faisait des séjours de 2 ou 3 semaines, on ferait quelque part entre guillemets de la concurrence avec le CCE, et c’est complètement idiot, parce que c’est la dotation du CE qui, qu’on donne au CCE pour que lui l’organise, justement les séjours plus long. Donc faut un petit peu réfléchir, et pas faire un peu n’importe quoi. Et euh, on a remarqué c’est que les séjours d’une semaine qu’on propose, donc forcement ils sont localisés sur la région, ou au limitrophe puisqu’on travaille avec les CE aussi aux alentours. Et euh quelque part pour les parents, d’envoyer une première fois leurs enfants, dans une colo, c’est plus rassurant ; c’est moins loin, ça dure qu’une semaine. Parce que dès que les enfants vont au CCE, ils choisissent le CCE, ben forcement il y a un week-end dedans, donc déjà «TOUC», ça augmente la période. Donc ce qu’on dit nous dans

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notre jargon un petit peu, c’est euh, les séjours, les mini séjours qu’on offre c’est un tremplin après pour aller au CCE quoi. Parce que quand on voit les offres du CCE c’est euh, n’ayons pas peur des mots c’est extraordinaire, ce qu’est capable d’offrir le CCE pour les colos quoi. C’est des séjours, il y a des séjours à l’étranger, des visites des capitales ; Espagne, Italie, des choses comme ça, ou tout le nord de l’Europe, voilà, des visites, ou des séjours plus sportif, enfin voilà il y a des, tout un panel, il y a un catalogue si vous voulez je vous le passerai. (il va chercher le catalogue) CLJ : Donc c’est divisé, d’une part les villages vacances… JFS : Oui, ça c’est le CCE voilà, ce qu’on appelle les villages vacances voilà, ça c’est les villages, le centre pour les vacances familiales, voilà. CLJ : Et les colonies pour les jeunes c’est pas par colonie en fait, c’est par thématiques ? JFS : Voilà, ça c’est pour le CCE, c’est à dire que le CCE fait tout une offre de séjours, ne donne jamais le lieu quelque part. Voilà, l’enfant, mais on le voit, les enfants ils choisissent comme ça, je dirai le lieu quelque part ils s’en foutent, enfin… en France, pour les séjours en France. Ils choisissent la thématique ou le séjour, voilà, sur quoi, soit sportif ou plutôt théâtre ou plutôt.. enfin voilà quoi, visites.. enfin des choses comme ça. Et, ou plutôt, il y a aussi des, avec les animaux, les poneys, les choses comme ça. Alors forcement il y a des thématiques, on fini par savoir où est-ce qu’est le lieu parce que … CLJ : Oui les thématiques surf en Haute-Savoie ça marche moyennement. JFS : Par exemple, voilà ! Tout ce qui est lié à la mer, mais euh voilà des thématiques par exemple sur la cuisines ou des choses comme ça, ou du théâtre ou des choses comme ça, bon là, des fois le CCE change pas toujours tout le temps non plus parce que il y a des lieux qui sont mieux adaptés mais euh voilà. C’est vraiment l’enfant y choisi la thématique. Quand on est plus vers les ados, les jeunes forcement il y a des fois des lieux parce que, il y a des séjours en Corse par exemple, il y a des séjours en Italie, ou dans le nord de l’Europe, donc forcement la le lieux est bien indiqué ou … Mais euh voilà et par contre nous dans nos séjours régionaux, dans nous ce qu’on offre, forcement là il y a le lieu. Puisque le lieu en plus est adapté à ce que l’on présente comme thématique. On a notamment une base a St Hilaire de Riez, en Vendée, où là, on a toute les thématiques plutôt tournées vers la mer, la nature, puisque c’est dans une forêt. (15:00) Voilà, on a une base à Château-du-Loir dans le, au sud de la Sarthe, où là on est plus tourné vers euh, par exemple, un petit peu les animaux, on a beaucoup de poneys par exemple, c’est beaucoup pris. On a aussi, on fait des thèmes cinéma par exemple, ça on le fait a Château-Du-Loir. Je vous donnerai aussi le catalogue qu’est sorti cette année là. Ils doivent être par là, dans tout le bazar. Et puis euh, après on a Thouars aussi, une base Thouars. Là, à Thouars on est plus sur, un petit peu tourné vers, il y a un plan d’eau donc là il y a ça. On fait aussi, il y a aussi le l’acrobranche, des choses comme ça, enfin il y en a à St Hilaire aussi, et puis a Poitier aussi, quand on est à Thouars on va au futuroscope par exemple, des choses comme ça quoi.

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CLJ : Les séjours thématiques du CCE ils s’appuient sur les bases .. JFS : Patrimoine vous voulez dire ? Ils ont leur propre patrimoine. Le CCE a son propre patrimoine, et les CE ont leur propre patrimoine. St Hilaire par exemple, n’est pas pris par le CCE. CLJ : D’accord, donc c’est deux patrimoines différents. Et en plus il y a ceux des villages vacances familiales? JFS : Alors ça c’est le CCE. Tout ça c’est le CCE. Parce que là (en montrant ma carte) vous n’avez que les villages vacances quoi, parce que il y en a plein sur la Bretagne, enfin pour les enfants en plus. C’est énorme. Attendez je vais le chercher, parce que j en ai un qui trainasse. Je vais aller en chercher un du CCE parce que celui là c’est le régional, c’est nous. CLJ : Et donc ça c’est un catalogue qui est commun à … JFS : C’est le CE régional, le CE de Nantes. C’est à dire, ça c’est pour tout les cheminots qui ont des enfants, jusqu’à 16 ans, euh voilà, ça leur est adressé. CLJ : Mais en lien avec le CER de Paris ou de … JFS : Non, non non non, c’est parce que la on fait des thématiques sur Paris. Mais non. Il y a même 5 CE a Paris, en région parisienne, tellement c’est grand. Donc euh non non, ça c’est chaque CE après, dans la lois chaque CE est autonome quelque part. Il pourrait y avoir des CE qui ne font pas du tout ça, voilà quoi. Et alors ça c’est le catalogue du CCE, alors il se divise en deux parties, il y a les vacances familiales, et les enfants. Alors les enfants ça serait plutôt là. Alors ça commence des 4/5ans. Voilà. Ca c’est tout les centres pour les enfants. CLJ : Mais n’appartenant qu’au CCE. JFS : Oui, le CCE. Vous voyez la pointe de Crozon, y’en a hein ! Historiquement en Bretagne il y en avait pas mal. Il y en a en montagne aussi, et puis le centre de la France. Alors tout ça on est bien sur des colonies, mais il faut bien se mettre en tête que le CER de Nantes on offre des mini séjours donc de 4/5/6 jours et le CCE, parce qu’on donne une partie de nos dotations.. CLJ : Et ces dotations elles viennent d’ou ? JFS : Alors la dotations ben, c’est, la dotation des CE c’est en règle générale, c’est un pourcentage de la masse salariale. C’est-à-dire que, comme toute entreprise, chaque salarié travaille, fait de la valeur ajouté au travail, c’est ce qui crée la richesse - et d’ailleurs le travail n’est pas un coût, comme on voudrait nous faire croire, c’est une richesse - créé de la richesse, et à la SNCF et bien, c’est en 86, ça a était déterminé en 86, la dotation représente 1,721% de la masse salariale brute, la masse salariale brute de la SNCF. CLJ : Donc il y a des régions, enfin des CER, qui doivent être plus.. riche que d’autre ? JFS : Alors riche dans le sens où s’il y a plus de cheminots.. Il y a des CE ou c’est des directions nationales par exemple, où là je dirais il y a que des cadres on va dire comme ça, des cadres dirigeants. Euh, ils sont pas forcement plus riches, parsec chaque agents représente la même dotation, c’est a dire, c’est vraiment un agent représente 1,721% de la masse salariale. C’est

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«LE CCE A SON PROPRE PATRIMOINE, ET LES CE ONT LEUR PROPRE PATRIMOINE.»


«C’EST LA SNCF QUI EST PROPRIÉTAIRE DU PATRIMOINE. ET LES CE ET LE CCE EN SONT LOCATAIRES ON VA DIRE. ALORS APRÈS LOCATAIRE A TITRE GRACIEUX, IL Y A PAS DE LOYER EN TEMPS QUE TEL. MAIS VOILÀ. LE PROPRIÉTAIRE EST DONC BIEN LA SNCF. ET APRÈS IL Y A DES RÈGLES, ON A DES CONVENTIONS ENTRE LE CE ET LA SNCF QUI FAIT QUE LA SNCF NE PEUT PAS REPRENDRE COMME ÇA SON PATRIMOINE, DU JOUR AU LENDEMAIN QUOI. IL Y A DES RÈGLES.»

pas en fonction du salaire. Par contre effectivement il y a des régions qui sont .. la région de Bordeaux, qui, la région du CE de Bordeaux. Nous on est a peu près là, ça fait ça notre région. La région de Bordeaux elle fait comme ça FRRR. C’est énorme. Ben ça part des Deux-Sèvres, le sud des Deux-Sèvres, La Rochelle, jusqu’aux Pyrénées. Donc eux forcements ils sont, oh bah a peu près, ils ont le double de nous. Au moins le double de nous. Donc forcement en dotation ils ont le double, mais ils faut qu’ils apportent des activités sociales à double personne. Donc bon voilà quoi. Le terme riche il est voilà, dans le sens où il y a plus de monde, il y a plus de dotation. Donc voilà. La dotation elle vient de là, et une partie de notre dotation… CLJ : … est renvoyée au CCE. JFS : Voilà. CLJ : Et donc ça aussi c’est un pourcentage euh… JFS : Oui, on verse 34,10% de la dotation du CER de Nantes au CCE. Voilà. Donc a peu près 1/3, un bon 1/3. Parce que on veut pas s’occuper, je vous le dit comme ça quoi, on veut pas s’occuper, on a délégué ; les vacances familiales, on propose pas de vacances familiales parce que on serait incapable de proposer ce que propose le CCE au niveau des familles avec l’ensemble de ses villages, des thématiques, exetera quoi. Euh, et puis on aurait pas le patrimoine et puis l’offre elle serait pas terrible. Dans c’est 34,10% il y a justement les colonies de 2 semaines et 3 semaines. Il y a aussi la gestion du livre, mais nationalement, des livres pour les bibliothèques, c’est a dire que la gestion des livres, c’est-à-dire toutes les commandes de livres sont fait par le CCE et chaque région commande, chaque bibliothèque commande et c’est au niveau du CCE tout ça, ça se gère. Et on a aussi une partie des associations de cheminots, qu’est donc les associations de cheminots nationales qui sont dans le 34,10%. Des associations de cheminots, alors des associations sportives ou culturelles, qui sont entre guillemets reconnu par le CCE, donc voilà quoi. Voilà un petit peu ce que représente le tiers, le bon tiers de notre dotation au CCE. CLJ : Donc, la gestion du patrimoine elle se fait à plusieurs échelles en fait. JFS : Voilà, chaque CE a son propre patrimoine, et le CCE a son propre patrimoine. Alors quand on dit propre patrimoine, il faut savoir que la règle générale et ce qui faut pour 98% des cas, euh, les CE et le CCE ne sont pas propriétaires du patrimoine. C’est la SNCF, c’est l’employeur, enfin l’entreprise pour lequel les CE et le CCE existent, c’est la SNCF qui est propriétaire du patrimoine. Et les CE et le CCE en sont locataires on va dire. Alors après locataire a titre gracieux, il y a pas de loyer en temps que tel. Mais voilà. Le propriétaire est donc bien la SNCF. Et après il y a des règles, on a des conventions entre le CE et la SNCF qui fait que la SNCF ne peut pas (25:25) reprendre comme ça son patrimoine, du jour au lendemain quoi. Il y a des règles. On va peut être pas rentrer dans les détails parce que … CLJ : Si si ! Par exemple là, pour le catalogue du CCE, il y a donc les villages CCE donc ceux qui

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appartiennent j’imagine à la SNCF, et des villages conventionnés, enfin villages partenaires, donc ceux là n’appartiennent pas a la SNCF ? JFS : Oui, ni a la SNCF ni au CCE. Alors pour la petite histoire pour les villages partenaires, il faut savoir que la période je dirai juillet/août, euh, il y a des refus pour les cheminots. Les cheminots font leurs demandes avant le 31 janvier, tout est rentré dans des machines, des ordinateurs, il y a des calculs de nombres de points, parce qu’il faut attribuer les vacances, et comme il y a plus de demandes que de places euh, et donc le CCE chaque année essaye d’offrir encore plus de places, mais le patrimoine il est tel qu’il est, le CCE peut pas acheter, enfin si en théorie les CE ou le CCE peut acheter du patrimoine mais c’est pas la vocation et puis après il faut, ça coûte quoi. Donc euh, les deux achats qu’il y a eu de la part du CCE dont la SNCF, enfin c’est la SNCF qui a acheté on va dire pour être propriétaire mais qui a été mis en gestion par le CCE c’est en 2003 Calvi en Corse et en 2013 à Landevielle en Vendée. Ca c’est les deux seules fois que la SNCF a acheté du patrimoine pas pour son exploitation pour laquelle elle existe, mais pour le social. CLJ : Oui, pas pour des trains quoi ? JFS : Pas pour des trains non. Pour le CCE, voilà. Donc bon, on voit que le patrimoine propre qu’a en gestion a CCE augmente au compte goute et d’ailleurs il n’augmente pas tout le temps parce que il y a tout plein de patrimoine dans les Alpes là … CLJ : Qui ont été vendu ? JFS : Alors qui ont été restitué a la SNCF, puisque c’est comme ça que ça fonctionne, parce que ça faisait 7/8 ans que le CCE ne s’en servait plus, parce que déjà ça faisait 3/4 ans qu’il n’y avait personne qui y allait, c’est souvent comme ça, ça met du temps. Donc finalement le CCE remet a disposition à la SNCF, alors après la SNCF fait ce quelle veut, soit elle le revend, soit elle l’utilise ou soit … voilà après c’est remis a la disposition a la SNCF. Mais si c’est revendu, il y a des accords qui font qu’une partie des ventes reviennent au CCE mais pour des projets d’investissements. Et notamment les achats des, de nouvelles bases ou la rénovation de centres, c’est avec aussi des produits de la vente d’ancien patrimoine du CCE quoi. Grosso modo c’est ça. CLJ : Ca s’équilibre à peu près entre les ventes et les achats ou c’est plus en diminution ? JFS : Alors pour vous faire une petit peu de politique, c’est pas la tendance à la SNCF, comme beaucoup ailleurs, de faire beaucoup dans le social. Donc il faut énormément mettre de pression de la part des cheminots, c’est pas que les organisation syndicales mais, pour que.. pour obtenir ben, avoir du patrimoine supplémentaire quoi. Parce que notre cher président Guillaume Pépy (en fait c’est plus lui depuis le 21 mars 2013 -> Frédéric Saint-Gours) lui son but c’est de faire beaucoup de trains pour que ça, ça fasse du bénef voilà. Donc le social, bon, c’est pas son but premier donc euh, pour la petite histoire Landevielle pour que ça se, pour ce village vacances puisse être acheté et sous le juron du CCE, c’est le CCE qui a acheté en

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«SI C’EST REVENDU, IL Y A DES ACCORDS QUI FONT QU’UNE PARTIE DES VENTES REVIENNENT AU CCE MAIS POUR DES PROJETS D’INVESTISSEMENTS»

«IL FAUT ÉNORMÉMENT METTRE DE PRESSION DE LA PART DES CHEMINOTS, C’EST PAS QUE LES ORGANISATION SYNDICALES MAIS, POUR QUE.. POUR OBTENIR BEN, AVOIR DU PATRIMOINE SUPPLÉMENTAIRE QUOI»


«C’EST UNE AIDE L’ÉMANCIPATION, CHACUN S’ÉMANCIPE SOI-MÊME MAIS C’EST UNE AIDE, ET LES VACANCES EN FONT PARTIES. LES DÉCOUVERTES CULTURELLES EN FONT PARTIES»

fait sur ses fonds propres, donc qui a été propriétaire pendant deux ans, et la c’est en train de, en terme juridique tout ça, là, la SNCF va devenir propriétaire donc rachète au CCE mais c’est très long et c’est pas dans les priorités quoi. Le social, c’est pas la priorité. Mais bon, on, nous on, ça reste dans nos priorités, puisque le social participe aux orientations telles qu’on pense. Nous avons participé à, je le dis et je le redis, à l’émancipation de chacun. C’est une aide l’émancipation, chacun s’émancipe soi-même mais c’est une aide, et les vacances en font parties. Les découvertes culturelles en font parties. Voilà. Donc ça c’est, effectivement c’est le CCE, faut savoir qu’au niveau du CCE 2014, il y a aussi des séjours l’hiver mais euh, la période printemps, à partir de maintenant les vacances de printemps, l’été, euh, il y a 13 000 enfants qui sont partis, en 2014 avec le CCE. CLJ : Juste avec le CCE. JFS : Ouais. 13 000 enfants, et avec l’hiver on monte à 15 000 enfants. C’est la seule structure en France, ça a augmenté de 7,3% entre 2013 et 2014. C’est la seule structure dans le domaine sociale qui augmente en terme d’accueil des enfants. Partout ça baisse, enfin dans le domaine social hein. Dans le secteur privé là je, je veux pas parler parce que je ne sais pas du tout comment ça fonctionne. Mais euh, tout ce qui est géré par des CE ou associations par exemple, partout c’est difficile, ça baisse parce que, parce que les lois rendent les choses difficiles dans le domaine sociale, parce que il y a des normes qui sont la, ça c’est normal, ça coûte de plus en plus cher. Et les offres sont peut être de moins en moins intéressantes ou difficiles à, à conserver intéressante on va dire. Par contre au niveau du CCE, bah voilà quoi, c’est la seule structure qui augmente en France. Alors qu’on sait que y’a presque 40% des enfants qui partent pas en vacances en France. Voilà, ça participe aussi a ça, nous y’a 15 000 enfants par le CCE qui partent. CLJ : Sur combien à peu près ? JFS : Ouhh là. Ahh. Alors bonne question. Ouhh là, alors la c’est un chiffre que j’ai pas connaissance là. Je suis en train de réfléchir mais on s’est jamais trop posé la question en ces termes la. On est 150 000 cheminots, euh, je me rend même pas compte, non je vais vous dire une bêtise, je vais pas dire, non mais euh, franchement en plus, on s’est jamais trop posé d’informations, de questions sur ce genre d’informations. Combien d’enfant en tout ? Alors c’est difficile a savoir aussi puisque euh, alors je vais parler pour le CE de Nantes, on demande a l’entreprise euh, des informations sur les familles, par exemple les adresses de cheminots, les adresses perso pour que on puisse envoyer les catalogues en directe tu vois, par exemple. Euh savoir où ils habitent ça nous permet aussi de cibler notre information et tout. Savoir par exemple les enfants et tout mais ça c’est des informations que la SNCF ne veut pas nous donner. CLJ : Parce qu’ils les ont forcement. JFS : Ah bah ils les ont oui forcement c’est l’employeur. Mais non puisque, alors, faut savoir

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dans l’esprit aussi que le CE, enfin la SNCF c’est une entreprise voilà EPIC bientôt, enfin, maintenant trois, trois entreprise parce que La SNCF n’existe plus en temps que tel. La Société Nationale des Chemins de Fer français n’existe plus depuis le 1er janvier ; elle s’est séparée en trois entreprises, c’est la réforme qui est en cours là. C’est compliqué. Mais bon, on va se, wouop, on va rester, on va parler de la SNCF, on y reviendra, parce que maintenant c’est le groupe public ferroviaire. Mais euh donc la SNCF c’est une, c’était une entreprise a part entière et les CE, le CE c’est aussi une entreprise a part entière quoi. Alors l’une n’a d’existence que parce que l’autre existe, mais c’est bien deux entreprises différentes. Le CER de Nantes emploie des salariés pour mettre en oeuvres nos orientations, bah c’est pas des cheminots. Ils sont de statuts privés, nous on est de statuts particuliers liés à notre entreprise et les CE euh voilà, donc. CLJ : Mais qui viennent bien de la SNCF quand même ? JFS : Ah non, pas du tout. Les salariés du CE ? Non non. CLJ : Les élus si. JFS : Ah les élus oui. CLJ : Et les salariés ensuite pas forcement. JFS : Ah non, mais pas du tout. CLJ : Pas du tout même ? JFS : Mais non. C’est une entreprise.. un CE, quand on prend un CE, c’est une entreprise a part entière, on a un numéro de SIRET tout ça, enfin… voilà. Et donc et donc, ben comme c’est deux entreprises la SNCF, alors parce qu’elle ne veut pas nous donner l’info hein aussi hein, c’est une volonté, elle se cache derrière ben des histoires de confidentialité euh, liées a la CNIL (Commission Nationale de l’information et des libertés) et des choses comme ça quoi. voilà. Alors sous la pression il y a des CE ils arrivent à obtenir, nous c’est pas possible. Alors les seuls, les seuls informations qu’on a sur personnel des cheminots c’est quand ils nous les donnent. voilà. C’est a dire que quand une cheminots inscrit son enfant ben bien sur on a son adresse et tout. Donc ça permet, la première année, bon ça commence à dater hein, c’était en 2007, la première année qu’on a envoyé le catalogue, notre catalogue de vacances qu’on appelle le vacances atlantique… CLJ : C’est que depuis 2007 ? JFS : Non non, on le fait depuis, nous on le fait depuis 86, mais en 2007 on a envoyé par voies postales, parce qu’avant c’était envoyé dans tous les, ce qu’on appelle les chantiers de la SNCF, tout lieux de travail on va dire, et ben le cheminots il prend, il prend pas, il l’emmène dans la famille ou il l’emmène pas quoi. Et on a souvent des conjoints qui disent euh, ‘on a pas trop d’info’ alors que le cheminots il l’a l’info, soit par l’intranet soit par papier, voilà, soit par affichages, enfin … Mais… et puis maintenant on a un site internet aussi, enfin maintenant, depuis un moment, il a été refait. Et donc en 2007 on a envoyé 1500, on avait 1500 adresses de cheminots, où on savait qu’il y avait des enfants hein, entre 4ans et 16ans. Et la on a

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augmenté la fréquentation de presque 30%. CLJ : D’accord, donc juste de personne qui n’était pas au courant en fait ? JFS : Mais de familles qui n’étaient pas au courant ouais. Comme quoi l’information des fois elle est importante quoi. Et euh, et derrière bon, on a re-baissé un peu puisque il y a eu du phénomène nouveau, mais on est pas retombé au niveau ou on était avant. Sachant que, on a toujours une petite progression nous ici, à l’instar du CCE qui augmente, mais là on est dans les gros chiffres, nous on est dans des chiffres, sur l’ensemble de l’année on a 550 enfants qui partent. Parce qu’on a un petit séjour d’hiver aussi. Le séjour de printemps ça va démarrer là, on a les deux semaines au printemps, oui, la semaine prochaine. Et puis nos semaines d’été quoi. Ca doit être ça, 550 a peu près qui partent. CLJ : D’accord, et par exemple si vous envoyez des enfants en mini camps dans les Alpes ou dans un autre, enfin dans une autre régions c’est sur le patrimoine de ces régions là, des CE de ces régions la ? JFS : Oui euh oui alors, on a des, on a quelques petits partenariats avec les CE limitrophes pour offrir des prestations et à l’inverse eux aussi, ils offrent aux cheminots, la région Bretagne par exemple, c’est plus facile à comprendre puisqu’on est juste à coté, quelques prestations du CE de Nantes, sachant que chacun, on a nos priorités, euh on fait priorité aux cheminots de la région de Nantes puisque c’est nos prérogatives. C’est les cheminots de la région de Nantes par le fruit de leur travail, on a eu la dotation et donc on, on redistribue la dotation, leur fruit de leur travail, je sais pas comment dire autrement, euh, dans des prestations de séjours. Donc euh, quelque part si on offre que des prestations à un CE extérieur c’est pas juste pour les … voilà, on, mais bon, ça reste pas des grosses proportions et puis comme on fait une priorité, mais comme le CE de Bretagne par exemple fait dans son sens aussi. C’est-à-dire que c’est d’abord les inscriptions aux cheminots de la régions, de notre région et quand il reste des places, on comble, enfin on comble, sans combler mais euh, voilà, les places peuvent être comblées par des cheminots de la région à coté. voilà comment on fonctionne un petit peu. CLJ : Et par exemple les employés du CE, qui donc n’appartiennent pas à la SNCF, ils bénéficient aussi de ces prestations ? JFS : Alors oui, tout a fait. Nous la conception des activités sociales telles qu’on conçoit, enfin quand je dis ‘nous’ ; la CGT hein, c’est a dire c’est ouvert donc, comme c’est prévu légalement aux salariés de l’entreprise pour lequel le CE existe donc les cheminots, donc les conjoints, les enfants, les retraités cheminots, les retraités et leur conjoint et le personnel CE. Voilà. CLJ : Donc ils ne sont pas de la SNCF, le personnel CE, mais ils ont les mêmes avantages ? JFS : Et pourquoi ? Tout simplement, enfin c’est même presque de mobilisation ??? c’est a dire que, il ne peut pas y avoir de CE dans les CE. Je m’explique ; on était dans ce cas là nous, on y est plus. J’essaie de donner à peu près des chiffres, alors je crois jusqu’en 2009, c’est à peu près ça, enfin bon peu importe l’année, c’est pour donner un exemple, on était à plus de

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50 salariés au niveau du CE de Nantes, et en théorie euh, pour l’instant la loi c’est ça, à partir d’une entreprise qui a plus de 50 salariés il doit y mettre en place un CE. Mais, voilà, il y a pas de CE dans les CE, parce qu’on pourrait imaginer des grands CE comme EDF là, ou c’est encore plus gros que nous, euh, le CE aurait 50 salariés, il aurait un CE qui lui embaucherait aussi des salariés. Bon, ça serait… Et puis en plus euh, donc on était voilà, quand on était 50 salariés, si on avait mis, je sais pas moi euh, 1 ou 2 ou 3% de la masse salariale quelque part euh, qu’estce qu’ils auraient pu offrir entre eux comme activités par rapport à ce qu’ils peuvent bénéficier d’une dotation qui représente 4 200 cheminots quoi ! Ils s’inscrivent dans cette dotation la quoi. Donc euh voilà quoi, y’a pas d’avantages, enfin il n’y a aucun avantage… CLJ : En fait ils ont quasiment le statut de cheminots sans le titre ? JFS : On va être précis sur les termes, ils ont pas de statuts comme les cheminots non. Mais en terme d’activités, parce que statuts c’est lié au travail du coup, eux ils sont de, du code du travail, du statut du droit commun, mais ça c’est lié à leur travail. Par contre ce qu’ils peuvent bénéficier en temps qu’activités sociales, représentées par le CE de Nantes et bien c’est au même titre qu’un cheminots par contre effectivement. Et la y’a pas de priorités entre le cheminots et le salarié du CE. Ils sont sur le même pied d’égalité. Par contre le personnel CE et prioritaire par exemple par rapport aux cheminots de la région d’a coté. Voilà, on revient toujours sur le même schémas quoi. Et, et à ce titre là aussi, l’ensemble des personnels des CE et du CCE, parce que le CCE ils ont peu être 450, euh, que je dise pas de bêtises, oui euh CDI et avec les, tous les vacataires l’été avec les… ça monte jusqu’à presque 2 000, 2 000 contact quand même hein. Le CCE c’est énorme hein. Bah l’ensemble de ces personnels du CE, des CE et du CCE peuvent bénéficié au même titre que les cheminots du, des prestations présentées par ces CE. Voilà. J’essaie d’être conci aussi mais c’est pas toujours facile ! (43:00) CLJ : D’après le rapport parlementaire de 2012, la SNCF continuait à investir, enfin le CCE, en 2012 à hauteur de 7 millions soit le premier poste de dépense budgétaire du comité, sur les colonies de vacances et le patrimoine. JFS : Ah oui, ah oui, ben oui oui. Sur l’ensemble de, donc, l’ensemble des CE qui versent une partie de leur dotation, ça fait une somme générale .. CLJ : Les 34,10 ? JFS : voilà oui, alors après, si on veut rentrer dans les détails, comme chaque CE est autonome, il y a des CE qui versent pas tout. Qui dit ‘moi je veux plus, euh, je veux plus verser pour les livres par exemple ou pour les vacances d’hiver pour les enfants’. Donc bon, ils versent après que 32% ou 29% voilà. Sauf qu’après les chenaux de ce CE peuvent plus demander a partir a l’hiver par exemple avec le CCE. Apres si ils sont pas content de la politique qui est menée par leur élus et ben aux prochaines élections y voteront peut être différemment. C’est comme ça que ça fonctionne hein. Mais, mais bon, la règle générale c’est euh, 34,10% effectivement. Et

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donc tout ça fait une somme et effectivement ben le CCE après il gère cette somme. Et, comme je vous expliquais, nous en fait on fait comme le CCE, c’est pas le CCE qui fait comme nous, on fait comme le CCE, c’est a dire que le CCE euh, ben oui parce qu’on essaie d’être cohérent aussi hein, un minimum. Le CCE lui aussi il a la prestation des coefficients, pour les tarifs. Je vais les trouver vite fait les tarifs. La page des tarifs, la page des tarifs… Voilà ; ça c’est les coefficients là, de 1 à 7 et puiss ben euh, voilà c’est eu, bon ben la c’est parce qu’on a des, soit on est en gîtes soit on est en pension complète, ou en demi-pension. Enfin peu importe, c’est le système il est, parce qu’il y a plusieurs prestations qui sont offertes et euh, voilà le chemineau qui … pour être au coefficient 1 euh, nous on prend les déclarations aux impôts, avant toutes les retenues hein, enfin c’est comme ça qu’on fonctionne, on divise par le nombre de part, ça fait un montant, CLJ : De part ? JFS : De part, ben si dans la, par exemple; il y a un couple avec deux enfants, le mari gagne tant, enfin déclare tant aux impots, la femme déclare tant aux impôts donc ça additionne ces deux chiffres divisés par trois parce que ça fait trois parts. CLJ : Trois s’ils ont deux enfants ? Ca fait que trois parts ? JFS : Oui, parce que les enfants c’est une demi part. Et après je sais plus les tranches ou elles sont mais y’a un, enfin vous comprenez le système, euh voilà si vous êtes entre tant et tant ben vous êtes coefficient 1, entre tant et tant de revenu c’est, de coefficient c’est coefficient 2. A titre d’exemple, ça faudra pas le noter mais euh, pour être coefficient 1 euh, tel que le conçoit le CCE, et donc nous, le CE, ah bah c’est la les coefficients, voilà, c’est ici, euh, pour vous donner un exemple, euh, le chemineau par exemple c’est quelqu’un qui travaille seul, enfin qu’est seul, qu’est dans les premiers niveaux a la SNCF, et puis qui a deux enfants quoi. Qui doit pas gagner beaucoup quoi, vous voyez ce que je veux dire quoi. Mais euh, avec ça il peut partir pour un prix, enfin pff, défiant toute concurrence en Corse quand même quoi. En Corse, c’est des tarifs un peu spécials la Corse. Bon je retrouve pas là mais euh voilà quoi, enfin c’est abominable tellement que c’est pas cher. Si c’est là, Calvi, en gîte, voilà, deux semaines en gîte, pour 4 personnes ; 334€. CLJ : Par personne ? JFS : Non pour les quatres. CLJ : Ahh JFS : C’est-à-dire que, par contre le cheminot qui part à Calvi ou qui va partir, ahh, je cherche dans le nord de la France, comme il s’appelle, y’a un village là-bas, vacances, euh, il est où le catalogue, le village, voilà, à Étaples ou à Montdidier, il va payer 334. Enfin, bon non, alors parce que Calvi c’est un petit peu différent mais sinon il va payer, en pension complete, le gîte; 265, ils partent sur la cote d’azur à Agay ou sur nos côtes chez nous, en Bretagne ou dans le Nord ou dans les Alpes, il va payer ce tarif. Alors ça aussi c’est pas dans le courant, quand on

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arrive sur la cote d’Azur on paye plus cher, ça c’est le monde libéral, parce que tout les, tout ce qui offre des vacances, je vous le rappel c’est toujours le but, mais comme toute entreprise, de faire un peu de béent quoi. Et donc comme il y a beaucoup d’offre, on augmente le tarif on sera quand même plein, ben nous la CGT, on considère que c’est pas parce que tu as plus de sous que tu peux te payer le soleil de la côte d’Azur et toi t’as moins de sous Pof ben tu vas aller te payer la grisaille du nord quoi. Enfin bon, je caricature un petit peu. Donc nous on considère que non, c’est-à-dire que, que tu partes dans le nord en Bretagne ou dans la côte d’Azur ou la côte Basque, ça sera le même tarif. Voilà. Par contre le coût pour le CCE il est surement pas ça hein, mais comme on est coefficient 1 on participe a 65% à peu près, faut prendre les chiffres avec des pincettes hein, c’est des règles un petit peu comme ça. Voilà quoi. Et voilà et voilà pourquoi on fait pas de chèques-vacances et tout, parce que même avec des chèques vacances, un coefficient 1 ne partira jamais en Corse, parce que pour trouver 2 semaines à 334€ ... même avec des chèques vacances, vous n’y arriverez pas. Et en plus les chèques vacances faut abonder quand même hein. On met quand même de l’argent de côté de soi même, après, l’employeur ou le CE participent mais euh, voilà. On préfère offrir cette prestation, ces prestations plutôt que de redonner de l’argent à ceux qui en ont déjà un peu plus quoi. Parce que la redistribution c’est un petit peu ça quand même. CLJ : Le fait que le CCE et les CER de la SNCF continuent cette politique là, quand beaucoup d’autre l’ont abandonné c’est parce que l’organisation syndical derrière est assez puissante et assez soutenue par les cheminots ? JFS : Alors, on va dire soutenue c’est presque le mot, c’est a dire, mais c’est a dire que c’est un choix, les cheminots ils choisissent quand ils votent. Si ils reconduisent la CGT, 1er organisation syndicale, c’est que globalement ils sont satisfais de la prestation, donc effectivement comme on est … voilà on est une organisation syndicale, on met en oeuvre nos orientations. Et apparemment ça plaît, pas que ça plaît non mais, ça répond aux attentes des cheminots. CLJ : Parce que par exemple, le comité d’entreprise d’EDF-GDF, en terme de finance, ils ont 1% de la vente d’énergie, JFS : Oui ça, ça était bien joué de la part, à l’époque. CLJ : A l’époque, mais son histoire est encore plus ancienne que celle de la SNCF, c’est 46 je crois. JFS : Ben c’est à l’origine, les CE c’est la loi de 1945, oui, donc les premiers CE en 46. CLJ : Mais du coup, eux qui ont une histoire, même plus vielle que celle de la SNCF, et plus d’argent, pourtant ils ont tendance plus à le vendre. JFS : Alors euh, quand ça s’est vendu c’est pas une volonté je dirai de l’organisation syndicale, c’est que le cheminots, enfin les salariés d’EDF euh ben voilà ils, soit ils votent différemment, soit des fois existe des alliances entre d’autre organisation syndicales qui fait que en s’alliant, enfin en s’alliant oui c’est les termes, ils obtiennent plus, s’ils additionnent l’ensemble de leur

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voies ils obtiennent plus que par exemple la CGT, si on prend cet exemple la. Du coup ben voilà ils mettent une autre politique en place quoi. Mais euh, c’est un combat, c’est un combat de David contre Goliath parce que les cheminots sont pas en dehors de la société, et euh, cette société euh, qui prône l’individualisme, voilà, le…, on reste bien devant internet chez soi et puis on a 300 amis mais on les a jamais vus, je caricature aussi mais c’est pour un petit peu aller vite, euh, voilà, enfin on prône l’individualisme, l’égoïsme, euh effectivement nous (53:10) avec nos petits moyens d’organisation syndicale pour présenter un autre discours que la pensée unique. Par le biais des activités sociales c’est ça aussi ça fait parti des choses que on dit ‘ben vous voyez il peut exister autre chose’. Euh, on est un ouvrier, par exemple mais on peut aller en vacances sur la côte d’Azur, il y a des moyens. CLJ : Et ça c’est la politique de la CGT ? JFS : Oui. CLJ : Et la deuxième organisation syndicale ? c’est la CFDT ? JFS : Ah non, à la SNCF c’est l’UNSA, au niveau national hein. CLJ : Et eux, par rapport a cette politique là, plutôt ..? JFS : Alors, ça, après bon, je vais parler un petit peu pour les autres mais euh, on a la troisième organisation syndical c’est Sud Rail à la SNCF, et la quatrième, alors Sud c’est un acronyme c’est S-U-D c’est Solidaire euh, Unis, Démocratique (en vrai c’est Solidaires, Unitaires, Démocratiques) je crois, et Rail parce que c’est des cheminots. Et la quatrième organisation syndical représentative, puisqu’il faut avoir plus de 10% pour être représentatif, c’est la CFDT. CLJ : Ah oui, bon dernier quoi. JFS : Ah oui, pourtant elle déroule le tapis rouge mais … alors pour faire une petit peu court euh, il y a deux tendances. Il y a le syndicalisme un peu réformisme comme on appelle c’est à dire qui est plutôt, plutôt accompagner la politique de l’entreprise, mais c’est de récupérer je dirai au maximum ce qu’ils peuvent gratter quoi, un peu les miettes, donc la c’est plutôt UNSA, CFDT. On a SUD qu’est plutôt un syndicaliste de contestation. Et nous on est syndicalisme de contestation et force de proposition. Voilà. Alors euh, pour en revenir a la question initiale, qui était : ‘est-ce que les autres sont d’accord’ euh, bon, faut savoir, parmi les trois autres organisations syndicales euh leur but c’est d’essayer de gratter des voies, enfin mais nous aussi, enfin gratter euh, pas pour le plaisir d’être le premier, parce que nous on veut mettre nos orientations en œuvre parce qu’on pense que c’est des bonnes orientations, qui combat en quelque part le capitalisme hein, ça fait partie de nos orientations. Donc alors forcement après arrive derrière ce qui arrive dans toutes élections, ben des discours un peu démagogiques qu’on voit beaucoup en politique, mais ça existe aussi dans les organisations, enfin a toutes les élections, donc ça existe aussi dans les organisations syndicales. Apres moi, c’est moi qui vais dire ça, faudrait aller voir les autres organisations syndicales pour savoir ce qu’ils, si c’est vrai ce que je dis ou pas mais en gros je pense que dans leur fort intérieur, ils savent que c’est

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très bien ce qu’on est en train, ce qu’on offre aux cheminots, c’est incroyable quoi. Mais euh, il faut bien trouver un autre, un autre angle d’attaque pour que les cheminots y changent leur vote. Donc ben euh, des gens comme, les organisations syndicales comme l’UNSA et CFDT, eux prônent la redistribution, à bloc quoi. CLJ : Les chèques-vacances ? JFS : Chèques-vacances, chèque en tout genre quoi. Et là on voit qu’ils accompagnent, parce que les chèques-vacances alors, l’histoire des chèques-vacances, la CGT a été signataire hein, des chèques-vacances, milieu du XXème siècle. Mais euh, c’était justement pour, par exemple, les entreprises qui n’avaient pas de CE, pour que l’employeur ben lui quand même il participe un peu aux vacances des cheminots. Sauf que ça a été complètement dévoyé par les, les patrons, dans le sens ou euh, bah vous voyez bien, avec un chèque-vacances vous pouvez faire n’importe quoi, aller je vais le dire comme ça, vous pouvez même aller faire vos courses, vous pouvez aller payer votre carburant. Ca revient pas forcement aux enfants ni aux vacances, voyez. C’est ça qu’on critique. En plus euh, c’est devenu un genre de chantage entre guillemets, la aussi je vais vous la faire caricatural, un employeur il emploie quelqu’un : ‘vous serez payé au Smic’ ‘au merde’ ‘mais vous inquiétez pas vous aurez des tickets restaurants et chèquevacances’ ‘ah je suis rassuré’. Je caricature mais voilà. C’est devenu un moyen de pression, je rappelle que pendant que l’employeur il abonde de chèque-vacances et qu’il paye des employés qu’au Smic, ben ça abonde pas pour toute les cotisations sociales quoi, tout le social quoi. Ni pour les retraites, ni pour la santé exetera quoi. Ca ça fait parti de nos orientations. CLJ : En même temps s’il faut être 50 employés pour avoir un CE, donc les PME ? JFS : Ne peuvent pas, et voilà, c’était pour ça que, et je le répète la CGT a été signataire, elle l’a mise en place hein. Mais c’était cadré, beaucoup plus cadré sauf que les patrons, les employeurs se sont accaparés ça, pour en faire tout et n’importe quoi, voilà. Donc effectivement, si on en revient a la SNCF euh, UNSA CFDT ils sont là-dessus pour essayer de, sachant qu’ils sont plus sur des voix maîtrisées et cadres, donc une population qui est encore plus sujet à l’individualisme, à leur carrière, voilà. CLJ : Cadre et quoi ? JFS : Maîtrise et cadre. CLJ : Maîtrise ? JFS : Exécution, maîtrise et cadre c’est les trois collèges à la SNCF. Et SUD, alors SUD ben euh SUD aussi essaye de gagner des voix, alors globalement vous voyez qu’on est bien dans le social, eux aussi ils sont bien dans le social hein. Alors bon, un coup ça prône dans un endroit les chèques-vacances, un coup ça les critique, on sait pas trop SUD.. SUD Rail on sait pas trop. C’est un peu, c’est pas très, c’est en fonction des lieux quoi. Bon eux ils ont pas une histoire … ils sont créés en 95, ils ont une histoire récente, mais bon, voilà quoi. Alors par exemple des gens comme, l’UNSA ils sont plus sensible aux vacances des enfants donc euh, et

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ce que présente le CCE et les CE, parce qu’ils savent que parmi les cadres, la population cadre, maitrise et cadre, y’en a beaucoup qui profitent des vacances. CLJ : Des enfants ? JFS : Pour leurs enfants quoi. CLJ : Mais pas pour eux ? JFS : Ben aussi, ils profitent aussi des villages du CCE mais le cadre il peut aller facilement plus ailleurs parce qu’il a plus les moyens. Et comme j’avais dit au début hein, le CCE il y a plein de refus, on arrive a plus de 25% de refus dans les demandes, parmi les demandes, 25%, 20%, mettez 20% parce que je suis plus sur du chiffre. Mais pour la période juillet/août hein, exclusivement. C’est pour ça que le, on, tout a l’heure on dise que le CCE travaillait de plus en plus avec des partenaires pour offrir encore plus de places au cheminots. Mais il est utopique de penser que l’ensemble des cheminots partira avec le CCE juste la période juillet/août quoi. C’est pas possible quoi. Surtout que, en 2009, suite a la crise de 2008, en 2009 le CCE était, y’a eu une augmentation du nombre des demandes de plus d’un tiers, une augmentation de plus d’un tiers en 2009. Donc qui a augmenté les refus, forcement. On voit bien que le cheminots, ben comme tous salarié, ce sont pris de plein fouet la crise, et donc forcement ben ils se sont reportés encore plus… Ben dès 2009, ça été tout de suite des la, enfin 2008 c’était surtout aux Etats-Unis et c’est venu en France deuxième semestre 2008 mais voilà des 2009 on été en plein dedans et tout de suite y’a une réaction. Et oui hein, vous voyez, les chiffres, les montants parlent d’eux même hein, sans compter que quand vous allez là, alors ça dépend des villages vacances mais vous avez toute une prestation qu’est offerte à côté; d’activités, de garde d’enfant, qui fait parti du prix quoi. Après, il y a des prestations qui sont offertes aussi qu’il faut payer, quand y’a des, je sais pas moi par exemple quand y’a des visites prévues, ben faut rajouter c’est pareil, c’est toujours des prix… (1:03:22) (…) (1:06:25) CLJ : La CGT a toujours été majoritaire a la SNCF ? JFS : Alors sur le CE de Nantes on a toujours été la première organisation syndicale, oui. CLJ : Depuis 86 ? JFS : Oui, au CCE aussi, enfin nationalement aussi oui. Comme y’a des, y’a deux, enfin y’a pas que des CE, sur les 28 CE y’a pas que des CE régionaux y’a des CE aussi de direction, y’a le CE Fret, c’est un CE national. Euh, et il y a des CE de direction, y’a deux CE de direction qui depuis 86 ont toujours été à l’UNSA quoi on va dire, il s’appelait autrement avant mais voilà. Mais globalement, sur les 28 CE, on a 23 secrétaire, sur 23 CE la CGT est en tête, sur 23 CE sur les 28 quoi. CLJ : D’accord, donc c’est en partie ça qui fait que cette politique, elle a maintenu son cap

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depuis 86 ? JFS : Ah oui, ah ben tout a fait, oui oui. Ah oui, oui, parce que, nous la CGT, on change pas d’avis comme de chemises, un petit peu comme SUD là ! Non, non parce que, pourquoi on change pas d’avis comme de chemises ? C’est parce qu’on a des orientations. Voilà, euh, pour la faire courte, on considère que si le salarié peut pas vivre décemment, c’est parce qu’il est exploité, par le système capitaliste et donc bah, on combat le système capitaliste, voilà. Et, je le redis, les activités sociales sont dans ces orientations la. ET pourquoi on met pas de redistribution en place aussi, parce qu’on sait très bien que des chèque-vacances ou des tickets-restaurant font aussi alimenté le monde libéral parce que voilà et même pas pour les vacances des fois. Par exemple, bon là on commence à aller un petit peu plus loin, mais c’est juste pour vous montrer pourquoi on a ce genre d’activité, pourquoi on a encore des bibliothèques parce que ça aussi c’est a contre courant hein. Vous avez qu’a passer des convention avec les médiathèques qu’on nous dit, ben oui mais dans les médiathèque par exemple, effectivement il y a des choses qui peuvent .., ou des bibliothèques municipales, des choses comme ça, mais dans des endroits ça se fait. Mais dans les bibliothèques cheminots on a aussi des livres un peu spécifiques de l’histoire de la SNCF, de l’histoire du monde syndical, exetera, de lutte de l’histoire qu’est prôné dans d’autre discours, pas toujours celui qui prône la pensée unique. CLJ : La CGT elle date de quand ? JFS : La CGT oulala, 1895. C’est la plus vielle organisation syndicale. C’est pour ça qu’on est au 120, cette année c’est les 120ans de la CGT, voilà. Alors la l’histoire de la CGT, il y a eu multiples rebondissements, d’ailleurs c’est la création de pas mal d’autres syndicats c’est des scissions en fait. La CFTC c’est la première scissions qu’il y a eu alors au tout début du XXème siècle, voilà après y’a eu aussi FO dont le vrai nom c’est FOCGT c’est une scission aussi. La CFDT c’est une scission aussi de, la CFDT c’est une scission aussi. Mais bon c’est très vieux tout ça. CLJ : Bon je me renseignerai, sur l’histoire du syndicalisme. JFS : Oula, ah ben la y’a de quoi faire. Mais heureusement, je vais pas le dire comme ça, mais si on en revient à la création des CE, je veux pas dire que c’est grâce à la guerre, mais c’est les conséquences de la guerre 35/45 et euh, faut savoir qu’à l’époque, là aussi je vais faire un petit peu court, parce qu’on a pas toujours le temps, mais le discours des patrons c’était plutôt Hitler que le Front Populaire quoi hein. Et comme bon, ils ont pas tout à fait gagné, et bien heureusement pour la société, euh du coup là euh, a pu se mettre en place plein de choses et donc c’est le Conseil National de la Résistance, les orientations et la mise en place des idées, des orientations du Conseil National de la Résistance ont amené énormément de bienfait pour la population, les salariés ; la sécurité sociale, le système de retraite, pour ne donner que des gros exemples et aussi création des comités d’établissement qui étaient quand même une petite révolution à l’époque, c’est a dire c’est de permettre aux salariés de donner, de connaitre et de donner leur avis sur ben la politique qui est menée par leur entreprise, par les employeurs

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quoi. C’était un scandale vis a vis des patrons à l’époque hein. Malheureusement, ça a pas été assez loin, c’est que ça ne reste qu’un avis, c’est un avis consultatif, qui ne bloque pas les projets. Je dis malheureusement parce que si il fallait l’avis de, des représentants, ben alors c’est les représentants du personnel hein, quand je dis les personnels; via des représentants, c’est pour ça qu’il y a des élections régulières. Mais si euh, si via les représentants il fallait l’avis des personnels on aurait un monde salarial qui serait beaucoup plus heureux que maintenant. Mais voilà donc, à l’époque c’était ca. Et, donc ça c’est, parce que les CE ont deux prérogatives hein, la prérogative économique donc celle là la, avoir la connaissance de ce qui se passe dans l’entreprise et donner leur avis. Et y’a la prérogative donc gestion des activités sociales c’était, à l’époque combattre le fait que y’a eu beaucoup d’entreprises paternalistes, ce qu’on appelait comme ça. CLJ : Oui, mais qui ont créé les premières colonies aussi, avant les CE. JFS : Oui, tout a fait, voilà, mais c’était un peu les oeuvres sociales version patrons et c’est surtout dans quel but ils faisaient ça quoi. C’était vraiment pour avoir toujours la main mise sur leurs salariés, voilà. Donc, quand les CE ont été créés et notamment donc quand la CGT a pris les, la gestion des activités sociales, une fois que les CE ont été créés, c’était surtout pas pour avoir main mise sur les salariés, c’était plutôt leur offrir euh, l’accès a la culture, parce que c’est vrai que j’en ai pas beaucoup parlé mais nous on promeut énormément l’accès a la culture. Le but final c’est donner un peu plus d’armes pour permettre l’émancipation de chacun, voilà. Donc l’accès à la culture, l’accès aux vacances euh, les visites, l’accès à la connaissance, à la lecture, des choses comme ça. Voilà le fondement des orientations de la CGT de, pour la gestion des activités sociales. Parce que plus les personnes s’émancipent, plus ils ont la connaissance, plus ils ont la connaissance plus ben euh, ben je vais la faire un petit peu caricatural mais euh, et bien quelqu’un qui travail pour ne pas citer dans une grande surface auchan, va alimenter le milliardaire qu’est le propriétaire d’auchan quelque part à partir de la valeur ajouté de son travail ce qu’on appelle les bénéfices quand tout est payé remboursé ben voilà ça va dans la poche soit d’actionnaire ou du grand patron et l’argent il vient d’où ? Ben il vient de, du monde du, du travail quoi. Bon, on est dans le système capitaliste hein, j’invente rien, c’est pas moi qui l’ai inventé. Et voilà et donc euh, peut être que les personnes qu’on, elles finissent pas connaitre ça et ‘bon ben attend es ce que c’est normal que je vais peut être travailler sur 8h de travail je travaille une heure juste pour aller enrichir quelqu’un’ es ce que ça c’est normal’, voilà, point d’interrogation. Si oui, ben on fait rien, sinon, qu’es ce qu’on fait pour combattre ça quoi. Et on voit que quand on a une gestion ou le but, y’a aucuns but de faire de bénef, CE ou CCE, euh voilà on a une somme d’argent on essaie de la dépenser et ben on voit qu’on est capable d’offrir des choses a des tarifs presque extraordinaire (1:16:03) par rapport au monde libéral quoi. Deux semaines en Corse, à Calvi, trouvez moi ça à moins de 1500€ quoi. Alors bon, peut être pas coefficient 1, mais même au coefficient 7 donc là où, tout à chacun, on arrive à avoir

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pour 400, pour moins de 500€, trois fois moins cher. Je dis beaucoup de chose hein. CLJ : Et l’entretien, la mise aux normes des colonies et des villages vacances, sur les normes handicapés, les normes incendies c’est un poids financier pour vous ? JFS : Oui, alors comme je vous l’ai dit, le propriétaire c’est la SNCF, les CE ou le CCE sont locataires. CLJ : Donc c’est a la SNCF de mettre ..? JFS : Alors voilà ! C’est a dire qu’on a des relations euh, comme ça existe euh, dans les locations d’appartements, des choses comme ça. On a des relations entre le propriétaire et des charges qui incombent au propriétaire et des charges qui incombent aux locataires. On est pas en dehors de la loi là. C’est l’article 606 du code civil je crois, qui gère le voilà, pour la faire, grosso modo, il y a une fuite sur le toit ça c’est le propriétaire, euh, entretien des boiseries euh, des ouvertures ou des portes ça c’est le locataire quoi. Donc à la SNCF entre donc l’entreprise et les CE et CCE y’a aussi ses règles qui s’imposent quoi. Voilà. Elles sont un peu différentes de celles qui sont voilà, dans la sphère en dehors euh, parce qu’elles sont un peu particulières aussi, mais il y a ces règles là. Donc effectivement suivant euh, suivant les travaux qu’il y a à faire, ben c’est soit la SNCF qui les fait, soit c’est le CE quoi. Mais effectivement, comme en 86, au moment du transfert la SNCF avait énormément de patrimoine pour ses oeuvres sociales, on appelait ça comme ça avant, et bien les CE ont hérité de beaucoup de patrimoine, qui est très bien pour pouvoir présenter des activités, effectivement oui c’est un coût, c’est un coût d’entretien. Parce que déjà en 86 ce patrimoine était un peu vieillo, donc je vous dit pas maintenant ... Et la question des mises aux normes et la c’est la aussi une petite bataille entre les syndicats et l’entreprise parce que l’entreprise dit ‘mais moi en 86 j’ai donné ça aux normes, donc les mises aux normes, c’est aux locataires’. Bah alors c’est vrai pour certaines choses, pas sur tout quoi. Donc la aussi on est, ben on est toujours sur la même chose, si on est capable de mettre un rapport de force suffisant, pour faire flancher l’entreprise ben voilà, ou pas. Et tout l argent il sera mis la dedans il sera pas mis dans d’autres activités quoi, c’est ça aussi. Mais en même temps le patrimoine il sert pour les activités donc … Faut trouver le juste équilibre adéquat. CLJ : Et j’imagine il doit y avoir un rapport de force dans le sens ou ben, ces centres en général ont une situation assez enviable sur le littoral et que peut être que les communes ou les promoteurs immobiliers seraient bien attirés par .. JFS : Tout a fait, ah mais il y a des pressions énormes. Le CCE a un bâtiment a, pour vous donner quelques exemples, à Chamonix par exemple, non mais voilà, bon, ben voilà, la SNCF voudrait bien vendre parce qu’elle sait qu’elle est capable de vendre à un tarif bien élevé et je vous dit pas entre la commune qui, je sais pas ce que ça doit être, mais ça doit bien être à droite là-dedans, et puis ben effectivement derrière, tout les promoteurs immobiliers voilà.. avoir ce.. pour eux c’est une verrue du social hein.. le social c’est une verrue quoi..

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«EN 86, AU MOMENT DU TRANSFERT LA SNCF AVAIT ÉNORMÉMENT DE PATRIMOINE POUR SES OEUVRES SOCIALES, ET BIEN LES CE ONT HÉRITÉ DE BEAUCOUP DE PATRIMOINE, QUI EST TRÈS BIEN POUR POUVOIR PRÉSENTER DES ACTIVITÉS, EFFECTIVEMENT OUI C’EST UN COUT, C’EST UN COUT D’ENTRETIEN. PARCE QUE DÉJÀ EN 86 CE PATRIMOINE ÉTAIT UN PEU VIEILLO, DONC JE VOUS DIT PAS MAINTENANT...» «IL Y A DES PRESSIONS ÉNORMES. LE CCE A UN BÂTIMENT A (...) CHAMONIX PAR EXEMPLE, LA SNCF VOUDRAIT BIEN VENDRE PARCE QU’ELLE SAIT QU’ELLE EST CAPABLE DE VENDRE À UN TARIF BIEN ÉLEVÉ ET JE VOUS DIT PAS ENTRE LA COMMUNE (...) ET PUIS BEN EFFECTIVEMENT DERRIÈRE, TOUT LES PROMOTEURS IMMOBILIERS VOILÀ...»


«TOUT CE QUI EST SUR LES COTES D’AZUR BIEN SUR IL Y A DES PRESSIONS ÉNORMES» «A QUIBERON, EN BRETAGNE, LE CCE A AUSSI UN PATRIMOINE LA, ET BIEN EUH, JE VOUS DIT PAS CE QU’A MIS LA COMMUNE COMME FREIN»

CLJ : Et surtout un potentiel gain d’argent. JFS : Ben oui parce que euh, tout ça là-dedans, il y a de l’argent. Enfin le fait de la prestation, il y a de l’argent qui transite voilà, mais c’est entre cheminots, c’est le CCE mais y’a personne qui de fait.. y’a pas de bénefs et y’a personne qui se met dans la poche. J’en reviens caricatural au capitaliste, mais c’est ca. Et donc euh, alors déjà ça ça les agacent un peu euh, et en plus ils se disent ‘euh là si on mettait quelque chose à la place, là on se ferait du ..’. Voilà. Voilà, tout ce qui est sur les cotes d’Azur bien sur il y a des pressions énormes. Un autre exemple, à Quiberon, en Bretagne, le CCE a aussi un patrimoine la, et bien euh, je vous dit pas ce qu’a mis la commune comme frein, c’est-à-dire en norme enfin fallait présenter comme ci, fallait présenter comme ça… Tel toiture, tel enduit, tel machin. CLJ : En permis de construire ? JFS : De rénover parce que le patrimoine existait déjà. Euh, y’a eu des choses, enfin c’est presque abominable quoi, euh, le CCE a pas cédé, on a un bâtiment qui est magnifique par contre. Quand vous voyez, vous traversez la rue à côté c’est, enfin peu importe ce que c’est, c’est euh, c’est genre de talasso, ben c’est un bâtiment rectangle machin truc enfin c’est minable quoi. Et là, eux ils ont pas eu, ils ont pas été imposé de mettre tel enduit, tel machin, refaire selon les boiseries telle couleur et tout quoi. Voilà. Ben là aussi on était ‘ras le bol de ce social qu’est là, qui rapport rien’, qui rapport rien en quand c’est dans un système libéral. CLJ : Donc à la fois des promoteurs et aussi des communes ? JFS : Ben oui parce que les communes, enfin à moins que ça soit une commune gérée par, je dirai, la vrai gauche, genre PC ou des choses comme ça, ou la, il y a un peu de social donc effectivement il y a moins de pression. Toutes les communes de droite, ben voilà, il y a même pas besoin d’avoir de pression de la part des promoteurs immobiliers ou enfin tout ça quoi, ou d’autres pour mettre la pression effectivement. CLJ : Et en Loire Atlantique et en Vendée, sur, justement, St Hilaire … JFS : Alors c’est plus, c’est pas ciblé que sur nous, c’est plus général. Euh, encore voilà un exemple, c’est souvent parlant les exemples, on est, le CE de Nantes, on est dans un camping, camping de tourisme sociale qui s’appelle le.. c’est à la Barre-de-Monts, au pied du pont de Fromentine, le pont de Noirmoutier, ce camping est géré par une association de tourisme social hein, je le répète, et c’est association, il y a que des CE, ou des comités des oeuvres sociales .. CLJ : Communales ? JFS : Oui voilà les CCAS des COS des choses comme ça, parce que dans la fonction publique il y a pas de comité d’entreprise en tant que tel. Donc il y a des organismes qui sont pas légiférés malheureusement mais qui se mettent en place. Donc ces association qui gère le camping ‘Le Grand Corseau’ il s’appelle, le Grand Corseau donc a La Barre de Monts, et bien euh, alors je dis c’est plus général, parce que c’est pas ciblé qu’à ça mais, toute les normes qui sont mises au fur

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à mesure, il y a des choses, il faut des normes sur la santé .. donc voilà, mais on voit bien que quand, ou soit c’est l’entreprise elle est petite, ou soit c’est le tourisme social qu’est, qui veut pas se faire du béent à mort, ben ça devient très très compliqué. Ou alors faut être gros quoi, faut être un gros. Et, bon voilà, y’a des normes, là dernièrement il faudrait enlever, il faudrait raser tout les arbres 50m aux alentours du camping quoi. CLJ : De peur qu’ils tombent sur les tentes ? JFS : Non, de, aux niveaux des risques incendies. Alors quand je dis c’est général parce que ça vaut aussi.. Alors en face, la route, y’a là un camping et là un camping voilà, de tourisme libéral, euh, bon lui il doit se mettre aux normes de tout ça mais bon voilà, c’est le gros truc euh, la aussi l’été les tarifs sont trois fois moins cher dans le tourisme social qu’en face mais bon c’est comme ca. Voilà c’est, je dirai, nous les pression, les pressions elles sont plus d’ordre générales que ciblées quoi. Comme par exemple le CCE ou c’est pire si vous voulez, l’exemple que je vous ai donné à Chamonix, ou à Quiberon, pis y’a d’autres endroits, effectivement là, là c’est vraiment, bien ciblé. Euh, parce que nous le patrimoine quand même qu’on a euh, il est pas forcement situé, voilà, ou il y a du tourisme à mort quoi. Donc euh, la base de Saint Hilaire, alors, quand je vous dis qu’a 98% le propriétaire c’était la SNCF, et les quelques pourcentages qui reste nous on a un exemple c’est, Saint Hilaire, on est propriétaires des bâtiments, CLJ : Mais pas du terrain ? JFS : Pas du terrain par contre CLJ : Le terrain c’est a la SNCF ? JFS : Non, c’est même pas, la SNCF a même rien à voir la dedans, c’est a l’Office Nationale des Forets, l’ONF, on est en pleine foret de Saint Hilaire, en plein, sur la bordure de la foret, mais c’est en pleine foret, et euh alors comment on dit ? On est propriétaire des bâtiments, mais euh, c’est une propriété a double tranchant parce que on a un bail jusqu’en 2018. CLJ : Et après il faut rendre en l’état ? JFS : Et si le bail est pas reconduit, il faut rendre a nu. Y’a peu de chances, surtout que l’ONF eux ils sont passés, oh je m’en rappelle plus l’année, mais fin des années 2000 ils sont passés en EPIC, donc avant ils étaient entreprise d’Etat, ils sont passés en EPIC, donc pareille ben comme, au même titre que la SNCF bah il faut équilibrer, au moins équilibrer ses comptes, avant de parler de faire du bénef donc euh, bon ben ils ont doublés les loyers qu’on avait avec l’ONF par exemple. Bon je vous avoue que payer euh, 700€ a l’année pour ce terrain qu’est, enfin c’est immense quoi, passer a 1 400 c’est pas non plus, c’est hyper raisonnable. Mais bon voilà, euh, et d’ailleurs on a été les seuls, parce qu’on est pas le seul CE a avoir, ou la seule structure a avoir des, du terrain, on est le seul a avoir reconduit un bail de 12ans quoi. 2006/2018, heureusement parce qu’on a investi 400 000€ quand même. CLJ : Sur la mise aux normes .. JFS : Mise aux normes des battements, avec les règles que nous imposaient l’ONF aussi hein,

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«Y’A DES NORMES, LA DERNIÈREMENT IL FAUDRAIT ENLEVER, IL FAUDRAIT RASER TOUT LES ARBRES 50M AUX ALENTOURS DU CAMPING»

«SI LE BAIL EST PAS RECONDUIT, IL FAUT RENDRE A NU» «BON BEN ILS ONT DOUBLÉS LES LOYERS QU’ON AVAIT AVEC L’ONF PAR EXEMPLE»


«IL Y A DU PATRIMOINE QUI EST VENDU DE TEMPS EN TEMPS»

«SI ÇA EXISTE QUAND MÊME LES (RE) CONSTRUCTIONS, MAIS ELLES SONT SOUVENT CONTRAINTES ET FORCÉES»

alors quand je dis nous, la SNCF et .. CLJ : CCE CER ? JFS : Euh non pas le CCE, rien a voir avec le CCE. Le CER via des produits de cession, les produits des ventes, parce que y’a du patrimoine qu’est vendu de temps en temps, et puis la SNCF parce que euh, par les produits de ses ventes aussi, a financé ça quoi. Donc la on a un bâtiment qu’est aux normes pour recevoir les enfants, parce que nous, notre priorité c’est les enfants. Et le reste du temps, parce que sinon, entre les vacances scolaire.. c’est mis a disposition pour les cheminots. CLJ : Pour les cheminots ? JFS : Ben les cheminots ils disent ‘ah bah moi ce week end il est libre je veux avoir la base’ parce que y’a 40, 48 couchages, euh, y’a une salle d’activité, donc euh, et puis y’a de quoi se faire à manger, tout ça quoi. On est en pleine foret, y’a du terrain, c’est a 1km a pied au bord de la mer, y’a pas de restriction de bruit, ouvert jusqu’à, ben 24/24h si vous voulez, euh je vous dit pas les week-end c’est prit, touts les week-end, tous les week-end. CLJ : Est-ce que vous avez une photo ? JFS : De la base de Saint-Hilaire ? Non y’a pas beaucoup de photo là mais y’en a peut être sur le site. Sur le site y’a quelques photos. Euh, et la aussi, si vous voulez trouver une même structure voilà, avec des couchages, qu’on puisse manger, qu’on puisse faire a manger, une salle tout ça, au mieux vous trouvez 1300/1400€ quoi, et pour les meilleurs tarifs, quand c’est des truc communaux. Donc là on est trois fois moins cher aussi, mais c’est normal, c’est le but du CE. On va pas faire payer le coût que ça coûte aux cheminots. Mais euh, voilà. C’est histoire de, d’utiliser le patrimoine au maximum euh, par contre, y’a pas, enfin c’est pas réservé, les cheminots peuvent pas réserver les week end ou, par exemple la le week-end, ou y’a des enfants. Parce que notre priorité c’est quand même les enfants. On a aussi une base donc a Château-du-Loir au sud de Sarthe là, là aussi là, c’est la même chose ; c’est priorité aux enfants pendant les vacances scolaires. Euh, et puis ben euh sinon c’est mis à disposition aussi pour les cheminots, là y’a 28 couchages, pareille une salle, on peut se faire a manger, y’a un grand terrain, des grands arbres quand il fait beau on peut manger dehors et tout. Voilà. CLJ : Donc en fait, en terme d’architecture, il y a peu de centres qui ont été construis depuis 86 ? C’est surtout en fait des, un héritage de ce qui c’est passé avant 86 ? JFS : Oui, oui, CLJ : Et des remises aux normes. JFS : Oui. CLJ : Mais pas de constructions ? JFS : Alors quand je dis non, alors pas, si ça existe quand même (1:30:55),les reconstructions, mais elles sont souvent contraintes et forcées. Pourquoi je dis ça ? Euh, sur la région de Nantes on gère aussi trois restaurants, trois restaurants. En autogestion là aussi, c’est-à-dire que ça

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va être du personnel du CE, euh, qui font à manger sur place, enfin tous les jours et tout, on a pas délégué ça à des, des marchants de soupes comme on dit entre nous. hahah. Et euh si vous voulez la les normes d’hygiène surtout je dirais, fin des années 90 début des années 2000, les normes d’hygiène en terme de restauration ont énormément évoluées, elles sont devenues très très dures. Et il y avait des vieux bâtiments, la SNCF avait des vieux bâtiments ou y’avait la restauration, donc les CE ont hérité de ça, et là euh, c’était carrément ; soit vous reconstruisez soit on arrête parce que - c’était pas la faute des salariés, eux ils entretenaient comme ils pouvaient - mais les locaux étaient tellement insalubre, tellement trop vieux, par rapport à la restauration et les normes hein, je vous dit hein, et bien voilà et donc euh la SNCF a était contrainte de, de reconstruire. C’est le cas à Nantes, on a depuis, on est entré?? en 2009. CLJ : C’est où ? JFS : C’est juste, quand vous redescendez, vous marchez juste un petit peu, et euh, ben c’est à partir du premier porche, ben c’est juste à la fin de ce bâtiment en fait. On vois que y’a un bâtiment qu’est tout neuf, enfin qu’est récent, c’est là qu’on a la restauration. Il est un peu bizarre parce qu’il entoure un vieux bâtiment. Mais là c’est parce que l’entreprise était contrainte. Sinon, plus de restauration. Au Mans y’a eu une reconstruction mais c’est comme ; la restauration était devant la gare, au Mans là-bas et comme la municipalité a voulu tout acheter, pis ils ont fait passer le tramway et tout, bon ben là la SNCF quand elle a revendu, elle a revendu plus cher pour les reconstructions. Parce que là on a des conventions qui nous protègent, qui protègent le CE, là, l’exemple du Mans, la SNCF devait demander au CE la remise a disposition pour pouvoir vendre, c’est les termes des conventions. Mais comme on avait une activité, elle existait, la SNCF doit nous remettre à disposition pour qu’on puisse continuer l’activité, c’est-à-dire la restauration. Mais autrement, pour répondre à la question différemment, reconstruction du patrimoine pour que les enfants soient mieux accueillis, l’entreprise est un peu de social, non, ça ça n’existe pas. Je vous le dit tranquillement, y’a pas de.. c’est toujours contraint et forcé. Toute façon c’est comme tout est fait, l’Europe, l’Europe, le seul social que fait l’Europe c’est que du verni et c’est contraint et forcé donc euh voilà quoi, mais bon … CLJ : Mais par contre, dans ce patrimoine là, celui les CER et du CCE il doit y avoir quand même des bâtiments assez remarquable qui datent des années 50… JFS : Ah oui oui, on a, ah bah y’a du patrimoine, alors, la SNCF en règle générale a du patrimoine superbe mais parmi ce patrimoine qu’était super, certains ont été transferés aussi dans le CE, effectivement y’a des très très beau bâtiments, et pour vous donner un exemple aussi là, on a, à La Roche-sur-Yion un bâtiment, c’était un ancien foyer des roulants, voilà c’est, c’est, il est sur un trois, quatre, l’équivalent de un, deux, trois étages, plus y’a des combles en haut. Donc assez haut, pas très long, mais assez haut, tout en pierre apparente, enfin c’est tout en pierre et tout, y’a du patrimoine qu’est magnifique quoi. Mais, ce qui a été transféré au CE

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«IL Y A DU PATRIMOINE QUI EST MAGNIFIQUE QUOI»


«ALORS PETIT A PETIT (LE PATRIMOINE) SE RÉNOVE MAIS EUH, L’ENTREPRISE NATIONALEMENT MET QU’UNE PARTIE D’UN BUDGET DONC C’EST UN BUDGET CONTRAINT, ET PUIS BEN IL FAUT LE RÉPARTIR ENTRE TOUT LES CE DONC ...»

c’est pas la majorité hein, on a souvent des vieux, des vielles structures quoi. Des structures très peu isolées, donc ça par contre le cout du chauffage euh, incombe au CE et tout quoi. Voilà quoi. Alors petit a petit il se rénove mais euh, l’entreprise nationalement met qu’une partie d’un budget donc c’est un budget contraint, et puis ben il faut le répartir entre tout les CE donc euh. Chaque années on a des visites, des visites contradictoires entre, enfin des visites contradictoire qu’est prévue hein, donc euh, qu’est prévu entre le propriétaire et le locataire, et ce qu’on note, qu’on considère qui faut faire des travaux hormis des urgences en général mais des fois les urgences … CLJ : Peuvent attendre 5 ou 6 ans ? JFS : Alors peut être pas 5 ou 6 ans mais elle prévoit les travaux sur trois années, travaux triennals là, bon voilà quoi. Donc on voudrait que tout soit fait tout de suite mais c’est pas le cas. Et puis ils font un peu de chantage ; « oui mais si on le fait là, on fera pas sur la région de Bordeaux » par exemple, « ou sur la région Alsace », parce que comme ça reste un budget.. c’est une part de gâteau et faut se la partager quoi. Donc nous on demande que le gâteau soit plus grand. haha. Pas pour faire plaisir au CE hein, c’est pour derrière le cheminot hein, on a encore un accueil de loisir sans hébergement donc euh, ce qu’on appelle les centres aérés, le vrai terme depuis 2009 c’est ALSH Accueil de Loisirs Sans Hébergement. Mais euh ce qu’on appelait les centres aérés ou les centres de loisirs, euh, on va l’arrêter puisque, avec la réforme de, scolaire, et donc avec les écoles du mercredi matin et ben pfffou en deux ans, l’année dernière vous savez les écoles avaient le choix un petit peu encore, ils avaient deux ans de mise en place. CLJ : Les écoles primaires ? JFS : Oui, primaires, oui. CLJ : Oui y’a pas cour le mercredi matin. JFS : Pas cour le mercredi matin, on avait une très bonne fréquentation de notre accueil de loisirs a Nantes. CLJ : Le mercredi ? JFS : Le mercredi, lié notamment aux embauches qu’il y avait eu dans le cadre des 35h, à la fin des années 90, mise en place des 35h qui a généré euh, une vague d’embauche sur trois ans à la SNCF, étalé sur trois ans. 99-2001/2 et dans ces années là on commence a avoir une baisse de fréquentation des enfants à l’accueil de loisirs, lié au fait que ben la population cheminot vieillissait, lié au fait aussi que les cheminots ils allaient de plus en plus habiter euh, dans les communes aux allant tours, et donc le cheminot qui habite, je sais pas moi, qui habite Ancenis il va pas venir a Nantes mercredi pour poser ses enfants, pis revenir.. enfin voilà s’il travail pas sur Nantes. Et donc on avait, on faisait une baisse comme ça, et puis, du coup au milieu des années 2000 pouff on a refait ça (signe de la main d’augmentation) parce que justement les jeunes qu’étaient embauchés commençaient à avoir des enfants, et euh, et donc voilà, et là en

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deux ans voilà on a plus d’extérieur maintenant, on a diminué par trois la fréquentation et avec moitié d’extérieur, enfin des enfants qui sont pas cheminots, que de cheminots. CLJ : A cause des cours le mercredi matin ? JFS : A cause voilà, de la réforme scolaire. Et donc ben euh, là le CE a décidé d’arrêter l’activité, donc à la fin de l’été ça sera fini. CLJ : C’était quoi comme activité ? JFS : Ah ben c’était, accueil des mercredis et des vacances scolaires. Et la aussi, euh dans nos orientations on était pas de la garderie pour de la garderie, donc on avait toujours derrière des thèmes et des projets pédagogiques. Par exemple on divisait en trois les tranches d’âge, parce que euh, que je dise pas de bêtises, les 4/5ans jusqu’a 6ans, les 4/6ans, les 7/9ans et les 10/12/13 quoi. Parce que chacun a, tu fais pas les mêmes choses, voilà, suivant les tranches d’âges. Bon bref, là aussi, euh, ça fait parti de nos orientations, c’est pas, euh par exemple nous on considère que, vous savez on entend les crèches, enfin faut mettre des crèches dans les entreprises, pour faire le lien avec les organisations syndicales, donc UNSA CFDT « ouais faut faire des crèches par le CE », on considère que non, les crèches c’est à l’entreprise de mettre des crèches parce que vu comment on est organisé au niveau du, de la production, parce que nous c’est pas 8h/midi 2h/6h, CLJ : C’est des roulements ? JFS : Ben voilà, avec des gens, c’est 24h sur 24, 7 jours sur 7, c’est lié au transport de, au transport hein, c’est pas .. Voilà donc euh, et c’est l’entreprise qui impose, de par son rôle, ces horaires, donc c’est à elle de mettre, de mettre en place pour la petite enfance. voilà. Parce que ben les cheminots avaient du mal a trouver des nourrices qui , un coup il va commencer à 4h du mat et là faut quelqu’un pour s’occuper le matin, et un coup il va faire du 14h/22h, et là du coup c’est plutôt le soir, et puis ça change tout le temps et puis… et je vous parle même pas des roulements. Parce que ça, ce que je vous dis, il y a des gens qui sont réguliers, dans les postes, euh ils savent à l’avance, mais alors les roulements, c’est même pas à l’avance. Donc euh voilà, effectivement la petite enfance on considère que c’est à l’entreprise de mettre ça en place. Parce que c’est lié à son activité et c’est elle qui impose aux gens… CLJ : La SNCF, sans passer par le biais du CCE. JFS : Oui, en plus on aurait pas les moyens. Parce que c’est une organisation, c’est abominable quoi. CLJ : Enfin à moins qu’ils donnent, ils peuvent aussi déléguer, enfin donner plus d’argent et laisser faire. JFS : Sauf que la dotation euh, dans le code du travail, voyez il est toujours sorti (en montrant le code du travail) autant pour la prérogative économique, le code du travail dit c’est 0,2% de la masse salariale, c’est le budget de fonctionnement. CLJ : 0,2 pour les CE ?

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JFS : Oui. CLJ : Mais là vous êtes à 1,7 quelque chose. JFS : Pour la prérogative économique. Parce que là on parle beaucoup des activités sociales mais il y a deux prérogatives, et la le code du travail est très clair, a partir du moment où il y a un CE, donc 50 salariés, prérogatives économiques c’est 0,2% de la masse salariale. C’est ce qu’on appelle grossièrement le budget de fonctionnement. Interdit de mélanger avec le budget des activités sociales, c’est interdit par la loi, par le code du travail. Deux budgets bien différents, deux dotations bien différentes, on a pas le droit d’utiliser l’argent du 0,2, ce qu’on appelle le 0,2, pour faire des activités sociales. Et inversement. CLJ : Et les activités sociales c’est combien ? JFS : Et les activités sociales, c’est là que je voulais en venir, le code du travail ne prévoit pas de montant. CLJ : Donc ça peut être zéro ? JFS : Effectivement, effectivement. Une entreprise par exemple qui démarre directement a plus de 50, qui met directement des CE, et bien ça peut être zéro, il peut ne rien avoir. Par contre, la SNCF ça n’était pas le cas, c’est pas une entreprise qui a démarré directement à plus de 50 salariés puisque c’était une entreprise d’état, donc y’a pas de CE. Quand c’est devenu un EPIC, là il y a eu un CE, et bien euh la il y a eu une commission d’état, parce que c’était compliqué, et ils ont regardé tout les oeuvres sociales que faisait la SNCF, et à la fin ils ont dit; tout ce qui sera transféré au CE représente 1,721% de la masse salariale, c’est la qui vient ce chiffre. C’est pas là, il est pas venu au pif hein, c’était, c’est-à-dire que la SNCF en gros pour les oeuvres sociales, qu’est devenu les activités sociales mettait à peu près, mettait 1,721% de la masse salariale. Et le code du travail dit que, à partir du moment que l’employeur a donné un certain montant, un certain pourcentage, il lui interdit de donner moins. CLJ : D’accord, il ne peut que donner plus. JFS : Il peut donner plus mais s’il donne plus, il ne pourra plus donner moins que ce qu’il a donner en plus. CLJ : D’accord. JFS : Donc je vous dis pas que la SNCF n’a pas envie de donner plus. Pour faire le lien avec ce que vous disiez, de dire par exemple « elle peut déléguer la mise en place de crèches par exemple ou de garde de la petite enfance au CE » ben il faudrait qu’elle donne plus de dotation, mais une fois qu’elle l’aurait donner plus, c’est ad vitam aeternam. J’exagère mais c’est, elle peut pas donner moins. Et sachant que les CE, on est autonome, on peut dire un jour « nous on arrête de faire les crèches on fait autre chose ». Et oui, puisque c’est la gestion des activités sociales incombe aux organisations syndicales, donc il y a un système de bureaux, et euh, on fait ce qu’on veut. Si demain on veut plus faire de restauration par exemple et puis on met l’argent autre part, voilà quoi, on fait, ben faudra qu’on se pose des questions, qu’est

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ce qu’on fait des salariés, parce qu’en temps que syndicalistes on a pas trop envie de licencier non plus mais, euh. Non mais voilà je vous donne des exemples pour montrer … (1:44:11) CLJ : Mais par exemple, les rénovations des bâtiments sont plus ou moins à votre charge, enfin ça dépend de quoi, on pourrait imaginer que si la SNCF fait un bénéfice, qu’il pourrait éventuellement réinvestir dans ces centres là mais s’ils augmentent les 1,7% ils se font avoir pour les années suivantes. JFS : Oui, alors je sais même pas s’il y a besoin de ce poser la question parce que si la SNCF fait un énorme bénéfice, ça sera pas pour le social. J’y vais direct hein, faut, alors c’est vrai que après il faut avoir un petit peu d’expérience et puis connaitre un peu le monde du travail, je dis pas ça… je parle en général hein, pas.. mais euh, si on regarde un petit peu comment ça marche, le monde économique sur cette planète, euh, voilà, on peut vite répondre a ce genre de question. Tout ce qui est acquis, les citoyens ou les salariés, c’est soit c’est acquis par la pression, ou alors c’est que du vernis quoi, ou pour faire bien. Donc euh, si un jour la SNCF fait d’énormes bénefs, mais depuis 2007 la SNCF fait du bénef hein, et bien qu’est-ce qui se passe avec ce bénef ? Une partie va à l’état, puisque le seul actionnaire c’est l’état, CLJ : C’est le seul ? je croyais que c’était le principal. JFS : C’est le seul actionnaire, parce qu’on est un EPIC, il peut pas y avoir de… Donc c’est la SNCF qui fixe sa feuille de route, les grandes lignes que doit faire la SNCF, euh et donc c’est une redistribution à l’état, mais l’état euh, c’est une redistribution pour la société après, donc moi quelque part, une partie de ma valeur ajouté au travail euh, qui me reviens pas à mon salaire, cette partie la qu’elle revienne à l’état et que ça serve pour la société ça me dérange pas, voilà. Et l’autre partie et bien au grand dame de notre cher Guillaume Pépy (c’est Frédéric SaintGours en fait) et autres acolytes euh, il a pas le droit de se mettre dans les poches, puisque c’est un EPIC, on est pas dans le monde libéral. Contrairement aux quelques milles filiales du groupe SNCF, puisque la SNCF il y a l’EPIC historique mais il y a milles filiales, et là quand il y a du bénef qui est fait dans ces filiales, une des plus connu il y a Géodis et Caodisse (introuvable) par exemple, CLJ : Ahah, connu, connu, ça dépend par qui. JFS : Non non mais bon, oui parce que dans le milieu du transport quoi je veux dire, excusez moi. Connu dans le milieu du transport, Caodisse ils s’occupent beaucoup de transport interurbain, des choses comme ça. Et ben c’est une filiale du groupe SNCF, et la quand une filiale fait du bénef, il y a le patron de Caodisse qui s’en met la moitié dans la poche mais il y a aussi notre chez ami Pepy (toujours pas non). Voilà. Mais, tout ça pour dire que euh, effectivement quand il y aura du bénef de fait, et puis pour l’instant on va être transformé en trois EPIC, on est déjà transformé en trois EPIC, trois entreprises donc on éclate les cheminots, trois entreprises différentes hein, mais ça reste des EPIC, donc là encore quant il y aura du bénef de fait, il ira pas dans la poche d’actionnaires ou des dirigeants, ou du PDG. Mais ça va

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surtout pas pour le social, surtout pas. C’est dur hein, le monde. CLJ : Donc ça revient à l’Etat ? JFS : Une partie revient à l’Etat et puis le reste ben, il est obliger de réinvestir dans l’entreprise quoi. Euh, une année, peut importe l’année, 2008 je crois, 2008 ou 2007, la SNCF avait fait un milliard de bénef (1:47:53) donc y’avais eu style 300 millions d’euros qu’étaient retournés à l’Etat, faut prendre les chiffres avec des pincettes hein, enfin c’est à titre d’exemple hein. Et ben le reste, ben voilà, le reste, au lieu que ça aille dans la poche de.. d’une minorité comme ça se passe dans le privé, eh bah euh, c’est remis dans l’entreprise, y’a pas le choix. Soit pour réinvestir voilà dans du matériel, dans l’entretient des voies, enfin dans, pour son activité, pour l’activité, SNCF. Mais surtout pas pour le social. Je le répète. Malheureusement. On est pas beaucoup a se battre pour ce genre de, pour ce genre d’orientation on est pas nombreux quoi. Parce que ce qu’on prône c’est, on est à contre courant de, d’aller enrichir une minorité sur cette planète, donc voilà quoi. Je mélange un petit peu de politique et d’orientation, mais c’est lié, forcement. Nos orientations politiques, enfin, ce qui est proposé aux cheminots émane de nos orientations politiques. Et nos orientations politiques elles sont pas inventées comme ça pour faire plaisir, et, parce qu’elles sont liées à, au monde du salariat etc ... CLJ : Donc cette organisation là est très spécifique à la SNCF en fait. Même d’un point de vu nationale, les autres entreprises ne fonctionnant pas de la même façon, mais alors d’un point de vu européen j’imagine que c’est encore une autre paire de manche ? JFS : Oui alors, il y a des règles qui sont par la loi, donc du code du travail, donc euh, une entreprise de plus de 50 salariés a un CE, les grosses entreprises qui plusieurs CE peuvent avoir un Comité Central d’Entreprise, un CCE, et pour les groupes il existe aussi des comités de groupes, mais là qui n’ont pas de prérogatives sociales, c’est juste la partie, la prérogative économique, voilà, des comités de groupe. Mais tout ça est déterminé euh, par la loi, par le code du travail. CLJ : Et à l’étranger ? Vous savez comment ça se passe un peu ? JFS : Alors là… le code du travail il est français, alors après euh … Y’a des comités, je crois qu’il y a des comités européen qu’existent, mais là, alors là ça me … ça dépasse mes connaissances et mes compétences. Je me suis jamais trop penché là-dessus, ça doit être pas inintéressant, mais là par contre là (…) CLJ : Parce qu’il me semble que chez Edf/Gdf il y avait eu des accords entre toutes les branches de l’énergie européenne, enfin pas toute, mais une bonne partie. JFS : Ah bah oui, parce que sans rentrer dans les détails mais euh, effectivement il y a des comités d’entreprises européen, euh, des comités de groupes, ça on l’a dit, des comités de société européenne, alors tout ça je ne connais pas. CLJ : Mais il n’y a pas d’accords majeur avec d’autre société de transport, enfin de transport ferroviaire.

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JFS : Ah nous, euh non. Nous non, non. Euh ben, si, si, il doit y en avoir mais là non, là je vais pas vous répondre, parce que je sais pas. (…) CLJ : Vous connaissez Moussa Benabid ? du CCE ? JFS : Non ça ne me dit rien, mais si vous devez rencontrer quelqu’un du CCE, alors après tout dépend si c’est un élu ou un salarié. Parce que forcement et de fait, les salariés du CCE vont pas tenir un discours politiques, parce que c’est pas leur rôle, eux ils mettent en oeuvre les décisions qu’ont étés prises, contrairement aux élus. Voilà, si vous faisiez un entretient avec un salarié du CE, il aurait pas forcement… les discours seraient que technique quoi : « oui on a mis ça en place, on fait ça comme ci, on fait ça comme ça », voilà quoi. Et c’est pour ça qu’il y a des salariés parce que euh, moi, mon métier c’est pas secrétaire de CE, haha, ça l’est directement pour une période donnée euh, parce que déjà, j’ai accepté d’être sur liste, après j’ai été élu, et puis euh, après j’ai accepté de prendre cette tâche. Mais moi mon métier euh, c’est entretient de la voie ferré, voilà, pour tout vous dire. Alors là, j’y suis plus beaucoup en ce moment parce que c’est gérer une petite entreprise quand même hein, 47 salariés. CLJ : Et c’est votre premier mandat ? JFS : Ah non, je suis élu depuis 2006, euh, donc ça fait, ah oui combien de mandats ? 2006, 2009, 2011, 2014, c’est mon quatrième mandat, mais c’est le premier mandat où je suis secrétaire, avant j’étais deux mandats à m’occuper de la trésorerie. CLJ : Et dans ces cas-là, quand vous présentez une liste et que vous êtes élu, il y a des formations ? JFS : Chaque organisation syndicales fait ses formations. CLJ : C’est organisé par les syndicats ? JFS : Oui, par les syndicats. Les syndicats sont reconnus comme euh, formateur, quoi. Ils ont euh, ça s’appelle pas un agrément mais ça passe chaque année aux journaux officiel, ils renouvellent … Je crois pas que ça s’appelle un agrément mais c’est comme si c’était un agrément, c’est reconnu comme organisme formateur. Et chaque organisation syndicale fait la formation, propose des formations a ses syndiqués et forcement les formations sont en relations avec orientations qu’on veut mener quoi. C’est surtout avec les outils légaux, et sachant qu’on est aux affaires, comme on dit, et bien, comment on met en place les activités sociales. Quelles orientations et pourquoi on fait ça, pourquoi on, comme ça, pourquoi on met pas ça en place euh, pourquoi on met plutôt ça, voila. CLJ : Vous allez vous représentez dans deux ans ? JFS : Alors euh, là euh, ça sera pas dans deux ans parce que, alors déjà, c’était en avril 2014, et entre temps on a eu euh, une loi de la réforme du système ferroviaire. Qui vient tout chambouler, qui a supprimé la Société Nationale des Chemins de Fer français, qui crée trois entreprises distinctes et moi je vais basculer dans une des trois là, et euh, ben on parle, parce

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«MAIS TOUT EST CHAMBOULÉ HEIN, ILS SONT EN TRAIN DE TOUT CASSER. ON VA APRÈS RENTRER DANS D’AUTRE DISCOURS ET QUI NE SONT PAS FORCEMENT EN LIEN AVEC LES COLONIES, MAIS IL Y AURA UN IMPACT PAR CONTRE»

qu’il n’y a rien de précis, de nouvelles élections en novembre de cette année, donc ça fera un ans et demi quoi. Mais tout est chamboulé hein, ils sont en train de tout casser. On va après rentrer dans d’autre discours et qui ne sont pas forcement en lien avec les colonies, mais il y aura un impact par contre. Il y aura un impact parce qu’actuellement on a une dotation de, l’équivalent de 4200 cheminots, sur la région SNCF qui regroupe Pays de la Loire et le Nord des Deux-Sèvres, c’est environ 4200 cheminots. A partir du 1er juillet, sous le CER de Nantes, il n’y aura plus que 2600 cheminots. CLJ : Et ils passent ou les autres ? JFS : Et bien, il y a deux autres entreprises hein. CLJ : Donc en fait il y aura 3 CER ? JFS : Ah bah non, on sait pas trop comment ça sera fait, parce que comme je vous dit que le social n’est pas la prérogative de nos chers dirigeants, enfin et de tout le monde d’ailleurs, alors la loi n’a rien prévu pour l’instant pour les CE. Donc ça laisse la place à une négociation, et c’est pas la priorité encore de l’entreprise donc euh, par contre, avec une dotation correspondant a 2600 cheminots comment on paye les salariés ? Quelle activités sociales on met en place ? CLJ : Oui, il va y avoir des bouleversements d’ici un an ? JFS : D’ici un an ? Au 1er juillet 2015 ! On est en plein dans les, on est en plein dans le chamboulement. Alors nous on se bat pour avoir un genre de comité inter entreprise, comité régional inter entreprise. CLJ : Qu’en gros, le comité d’entreprise reste uni malgré la division en trois ? JFS : Voilà, en gros c’est ça. C’est à dire que les cheminots des trois EPIC, des trois entreprises, s’ils travaillent sur la régions des Pays de la Loire enfin, la région euh la région SNCF des Pays de la Loire d’une entreprise parce que ça reste que sur une entreprise et ben les deux autres pourraient bénéficier des activités sociales et on recevrait la dotation prorata des trois entreprises au prorata du nombre de cheminots. Seul moyen, ça c’est une vision CGT hein, seul moyen à notre vu, à notre perception de, de préserver les activités sociales tel qu’ils sont actuellement. Permettre des les développer et d’en acquérir d’autres, et surtout sauver 20 emplois, sur les 47. CLJ : Ceux du CER ? JFS : Le personnel CE quoi. Qui eux non rien à voir avec, ils subissent hein, ils n’ont rien à voir avec l’entreprise parce que c’est deux entreprises différentes quoi. Parce que la perte de dotation, ça équivaut a une vingtaine de salariés, 20 emplois. Donc, on fait tout pour pas en arriver là, mais euh, c’est pas la priorité de l’entreprise. CLJ : Et donc, parce que ça c’est la proposition faite par la CGT, c’est quoi la contre proposition ? JFS : Ah bah non mais autrement on suit le code du travail, donc le CER de Nantes existerait toujours mais sous l’EPIC SNCF Mobilité, avec 2600 cheminots, c’est l’EPIC SNCF Mobilité, son nom c’est SNCF Mobilité. Moi je bascule à SNCF Réseaux, au 1er juillet, donc j’ai un transfère

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de mon contrat de travail. CLJ : Réseaux ? et c’est quoi le troisième ? JFS : C’est la SNCF, c’est l’EPIC mère, on appelle ça la SNCF. Tout ça c’est des artifices, enfin c’est des artifices, on va pas trop rentrer dans les détails parce que sinon on en a encore pour deux heures, puis c’est pas forcement l’objet mais, mais euh, et bien euh, moi je sais pas encore quel CE je vais être. Euh, est-ce que ça va être un CE national de l’équipement ? Est-ce que, comme on est euh, la France est divisée en 4 grandes parties au niveau de l’équipement, est-ce que ça sera pas un CE par territoire de production on appelle ça, par grandes régions ? Voilà c’est tellement une grande région ça par de Normandie à Bordeaux nous, pour la région, le territoire de production Atlantique. Voilà, ça on sait pas quoi. On sait pas. Alors, la loi prévoit que l’on garde nos mandats jusqu’à l’issue du renouvellement, donc on va se retrouver dans un paradoxe ou je vais encore gérer le CER de Nantes après, au 2 juillet, mais j’en ferais plus parti. J’aurais même plus le droit de parler au niveau de la prérogative économique, j’aurais plus le droit de parler de mon métier. Et euh, en théorie, je gère, mais j’ai pas le droit de bénéficier des activités sociales quoi. Puisqu’en théorie y’a plus la dotation qui revient. Moi je bascule à un CE de Réseaux. CLJ : Alors que le CER sera toujours à l’EPIC la SNCF. JFS : Exactement, non, à Mobilité. CLJ : Et la SNCF ils ont quoi ? JFS : Ah ben euh, il faut, alors ils ont, alors parce que en fait SNCF Réseaux c’est RFF, je sais pas si connaissez RFF, Réseaux Ferré de France, anciennement RFF. 97 la SNCF a perdu tout l’infrastructure, c’est un EPIC qui a été crée qui s’appelle Réseaux Ferré de France qu’est propriétaire de toute les voies, pour soit-disant enrayer la dette. Ca n’a pas été le cas puisque la dette a augmentée de plusieurs milliards chaque années, on avait dit dès le départ que c’était pas la solution mais, il a fallu 17 ans pour comprendre. Bref. On va pas trop rentrer dans les détails, là aussi pour enrayer la dette, mais la loi prévoit rien pour enrayer la dette c’est extraordinaire, mais pour enrayer la dette on met en place tout ça, et donc moi je, au 1er juillet je bascule sous un CE de RFF. CLJ : Et qui décide de qui bascule où ? JFS : La SNCF. Puisque le PS pour ne pas le nommer, de gouvernement qui a mis cette loi en place, n’a rien prévu pour les CE. Donc c’est laisser porte ouverte à… la lois prévoit rien. La loi du 4 août 2014 qui créée les 3 EPIC et tout, ne prévoit rien pour les CE, ce qu’on appel les CE de proximité. Mais ce qu’on appelle des CE de proximité par rapport au CE national, le CCE, autant la loi prévoit le futur CCE, ça la loi là prévu, CLJ : Qui sera pour les trois du coup, pour les trois EPIC ? JFS : Voilà, exactement, ça sera un comité central du groupe public ferroviaire. La SNCF n’existe plus. La SNCF dans les noms là, ça ne reste qu’une marque, un logo. Ca veut plus dire Société

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Nationale des Chemins de Fer francais. (2:05:28). Donc le comité central du groupe public ferroviaire c’est bien écrit dans la loi du 4 août, qui réforme le système ferroviaire, par contre, rien sur les CE. CLJ : J’ai bien fait de venir vous voir avant le 1er juillet. JFS : Oui, bon je vous aurais dit la même chose mais euh, mais euh, oui bon, parce qu’il ne va pas y avoir un grand soir, un grand lendemain mais euh, sauf qu’en théorie, en terme de démocratie on va se retrouver. Il y a 55 000 cheminots qui vont être au 1er juillet sous l’EPIC SNCF Réseaux, et on va se retrouver dans un CE où il y avait avant 1500 salariés de RFF qu’on voté pour leur CE, ils sont 1500, la représentativité c’est UNSA, CFDT, CFE,CGT, les 55000 cheminots qui basculent en mars 2014 ils ont voté pour 40% pour la CGT, après c’est SUD la deuxième organisation syndicale. CLJ : Oui donc en terme d’élection ça va être plus tendu. JFS : On squire la démocratie. On fait phi des élections de 55 000 cheminots. Parce qu’on va être basculé sous le CE qu’est représenté par 1500 cheminots, euh 1500 agents de RFF quoi. CLJ : Mais jusqu’au prochaines élections. JFS : Jusqu’aux prochaines élections. Sauf qu’ils ont pas tardé, ils veulent déjà mettre des réformes en place. Puisque, on voit bien qu’il n’y a que 3 organisations syndicales réformistes, qui plutôt accompagnent, donc là en terme de démocratie on prend une bonne leçon de la part de nos dirigeants. Oui mais il faut casser cette SNCF là… CLJ : Apres ils lancent leur réforme de juillet à novembre, si ça plait pas aux prochaines élections ils partent et la CGT revient non ? JFS : Oui mais euh, pour donner un exemple concret, dans nos orientations, donc à la CGT, euh, on va à la rencontre de la participation aux bénéfices par exemple, ça existe partout. La participation aux bénéfices. CLJ : C’est quoi ? JFS : Ah oui, tu sais pas. Euh pfff, dans les entreprises une invention des patrons c’est euh, pour faire un peu une carotte aux salariés, et puis pour leur faire voir que finalement euh tout le bénéf il en gagne un peu, y’a quelque chose, ce qu’on appelle une participation aux bénéfices. C’est a dire que quand il y a un peu de bénéf, on donne l’argent aux salariés, alors en général c’est guère, c’est entre 5 et 10% du bénèf, on se fait encore exploiter de 90 a 95%. La redistribution elle se fait complètement hors cotisation, les cotisations sociales, et pas des charges patronales comme ils disent les patrons. Des cotisations, c’est-à-dire que une partie de notre valeur ajouté au travail on met pour alimenter la sécurité sociale, la santé, la caisse des retraites… Et ben quand tu redistribues cet argent, c’est exonéré de toute cotisation, donc ça participe à rien, et puis c’est vraiment, justement une petite entreprise où ben personne n’apporte le pourquoi des choses, ben le salarié il se dit « ouais on va bosser comme ça on aura plus de prime à la fin de l’année quoi », voilà. Donc nous, dans nos orientations euh, on

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pense que si il y a de l’argent à mettre dans une participation aux bénéfices, il faut mieux le mettre dans les salaires. Donc d’augmenter les salaires, parce qu’en plus ça cotise, et en plus le salarié une fois que ça a augmenté, la partie d’augmentation elle est aussi temps qu’il travail quoi. Voilà. Et bien cette mise en place ils parlent que Réseaux dans la période entre juillet et novembre ben mette en place la participation aux bénéfices. CLJ : Mais ça peut pas s’abroger ? JFS : Si, ça peut se défaire, il faut que la ou les organisations salariales qui veulent dénoncer un accord, parce que c’est un accord, représente 50% des votes des salariés. Alors on peut le faire mais, euh, après c’est tout l’enjeux de, comment ça va être présenté quoi. Parce que l’entreprise et les organisations syndicales réformistes font présenter « ah voyez la CGT ils vous squise votre participations aux bénéfices » donc nous derrière on rame pour expliquer que voilà ça participe pas, c’est, il faut mieux mettre dans les augmentations de salaires, parce que voilà, on a une diffusion de l’information qu’est pas non plus… Enfin on a pas les même moyens que l’entreprise, ni les média, ni tout ça quoi, et puis on a jamais… Donc ben voilà, pour vous donner un petit peu, un exemple de bousculèrent à venir. (2:10:45) (reste 26:35)

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(*1) extraits de ’Trait d’Union’ la revue du CMCAS de Saint-Herblain, n°20, juin 2013.

«LA COMMISSION PATRIMOINE ONT LA RESPONSABILITÉ DE L’ENTRETENIR, DE LE FAIRE VIVRE ET DE LUI DONNER UN SENS»

ANNEXE 5 (EXTRAIT D’INTERVIEW AURELIEN TARGET)(*1) Président de la CMCAS Loire-Atlantique Vendée.

- Pourquoi la CMCAS dispose-t-elle de ce patrimoine ? Aurélien Target : D’années en années, notre CMCAS a constitué un patrimoine important, issu de la fusion des CMCAS de Nantes et de Vendée. À chaque investissement, les administrateurs des CMCAS ont arbitré consciencieusement ces choix, en fonction des vœux des bénéficiaires exprimés dans les assemblées générales des SLVie et des besoins de nos organismes. Nos salles permettent de favoriser les rencontres régionales dans le cadre des activités sociales, d’accueillir des rassemblements culturels, sportifs mais aussi sont sollicitées pour les événements familiaux des agents. Les syndicats et certains employeurs utilisent nos sites pour leurs réunions professionnelles, la plupart étant équipés de matériel de conférence. Tournés aussi vers l’extérieur, nous favorisons également les organismes issus du mouvement d’éducation populaire et nous permettons à de nombreux intermittents du spectacle, de répéter ou de faire des représentations spectaculaires. - Et pour l’avenir ? Aurélien Target : Avoir un tel patrimoine est une véritable chance pour les électriciens et gaziers. Néanmoins, le Conseil d’Administration de la CMCAS et la commission Patrimoine ont la responsabilité de l’entretenir, de le faire vivre et de lui donner un sens. Les prochaines étapes seront consacrées à dynamiser leur utilisation par les SLVie, les commissions d’activités, mais aussi à rechercher des partenariats extérieurs permettant de financer une partie de l’entretien et des travaux d’aménagement. L’enveloppe du 1% social n’étant pas extensible et même insuffisante, d’après le rapport de la Cour des Comptes (manque 180 millions d’euros non versés par les employeurs depuis 2008), il faudra rivaliser d’imagination pour pérenniser nos propriétés et les transmettre aux futures générations.

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ANNEXE 6 (CARTE INVENTAIRE DES PATRIMOINES DES CE, EN COURS)

CCAS EDF-GDF CCAS EDF-GDF

CER NANTES SNCF CER NANTES SNCF

CCE CHEMINOT SNCF

CCAS EDF-GDF

CCAS EDF-GDF CCAS EDF-GDF

‘La petite étoile’ ‘Pavillon des Fleurs’

‘Camp de l’Océan’ ‘Base du Château du Loir’ Village Vacances

Centre de Vacances ‘La Belle Henriette’ ‘La Grière’

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Saint-Nazaire Saint-BrĂŠvin

NANTES

Pornic

Saint-Jean-de-Monts Saint-Hilaire-de-Riez

La Roche-sur-Yon

Landevielle

Les Sables-d’Olonne

La Tranche-sur-Mer

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II - Le processus de patrimonialisation ; labélisation entre reconnaissance et impuissance.

> Objectif : Comprendre le processus de reconnaissance du patrimoine des colonies/ centres de vacances et ce qu’il implique. L’article de Bernard Toulier paru dans la revue des patrimoines In Situ en 2008 avait été suivi l’année suivante par une enquête de la DRAC de Nantes, effectué en lien avec le master Valpec (valorisation du Patrimoine) de l’université de Nantes, titré ; «Le patrimoine des colonies de vacances sur le littoral de Vendée et de Loire Atlantique. » Cette double publication des pouvoirs publics, à l’échelle nationale (puisque B Toulier travaillait pour le ministère de la culture) et à l’échelle locale (celui de la DRAC) illustrait une prise de conscience de l’intérêt de ce patrimoine par les institutions étatiques et ouvrait en ce sens de nouvelles pistes de réflexions ; _ Quels sont les outils d’identification et de reconnaissance de ce patrimoine aux différentes échelles, nationales, régionales et locales ? _ Quels en sont les acteurs ? > Axes d’enquêtes : 1 / Le rôle de l’Etat ; le conservatoire du patrimoine du ministère de la Culture, l’Inventaire générale. 2 / Le patrimoine du XXème siècle et l’exemple de la labélisation de la colonie de vacances de St-Hilaire de Riez par la DRAC. 3 / La cas de l’architecture mobile, l’affaire des tétrodons et l’engagement associatif.

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> Axe 1 : Quel place pour les colos dans la recherche architecturale ? Un (sous) patrimoine du XXème siècle au creux de la thématique de villégiature ?

Dans l’optique de mieux définir le patrimoine architectural dont les colonies/centres de vacances pouvaient être porteurs, un travail de bibliographie a occupé une première partie de mon travail. ANNEXE 6 (BIBLIOGRAPHIE) Si cette bibliographie expose richement l’histoire des colonies/centres de vacances dans le sens de leur avènement sociale, du point de vue du domaine patrimoniale et architecturale les écrits sont moins nombreux ou portent sur un cas précis, n’apportant pas d’inventaire ou d’analyse complète à une plus grande échelle. Pourtant, Bernard Toulier exprime clairement dans son article que, dès leur apparition à la fin du XIXème siècle, et lors de leur développement au cour du XXème siècle, les colonies/centres de vacances sont apparus comme le support d’expérimentations architecturales atypiques au cours du siècle dernier ; architecture balnéaire et hygiéniste du début du siècle, mouvement moderne des années 60, architecture mobile des années 70. Leur reconnaissance en temps que tel apparaît cependant difficile ; très peu d’études la mentionnent, aucun travail d’inventaire à l’échelle nationale ne s’y intéresse. Cet intérêt patrimonial n’est évoqué que succinctement dans les recherches ayant pour thème la Villégiature. Elle même victime d’un intérêt tardif, la reconnaissance de l’architecture balnéaire s’est d’abord en parti figée sur les grands édifices (casinos, grands hôtels, villes balnéaire) avant de s’élargir aux villas. Les colonies/centres de vacances n’apparaitront dès lors, dans les travaux de recherche, qu’en sous-partie mineure cette grande thématique de villégiature. ANNEXE 7 (ENTRETIEN TELEPHONIQUE AVEC BERNARD TOULIER - LE DEVOIR D’INVENTAIRE - LA RECHERCHE RENTABILISTE) 69


ANNEXE 7 (BIBLIOGRAPHIE)

- CORBIN, Alain (dir.). L’avènement des loisirs 1850-1960. Paris : Aubier, 1995, p. 110 et ss. - PLANTET, Eugène, DELPY, Arthur. Colonies de vacances et œuvres du grand air en France et à l’étranger. Paris : Hachette, 1910, IX. - REY-HERME, Philippe-Alexandre. Colonies de vacances. Origines et premiers développements : 1881-1906. Paris : Librairie centrale d’éducation nouvelle, 1954. - REY-HERME, Philippe-Alexandre. Les colonies de vacances en France. 19061936. Paris : Fleurus, 3 t., 1961. - MULLER, Gérard. Les premières colonies de vacances. Eléments pour l’histoire de l’éducation populaire. Actes des journées d’études organisées par l’Institut national d’éducation populaire les 28, 29, 30 avril 1975, Marly-le-Roi, 1976. - HOUSSAYE, Jean. Le livre des colos. Histoire et évolution des centres de vacances pour enfants. Paris : La Documentation Française, 1989. - HOUSSAYE, Jean. Aujourd’hui, les centres de vacances. Vigneux-sur-Seine : Éditions Matrice, 1991. - VULBEAU, Alain. Du gouvernement des enfants. Paris : Desclée de Brouwer, 1993. - HOUSSAYE, Jean. Et pourquoi que les colos, elles sont pas comme ça ? Vigneux-surSeine : Éditions Matrice, 1995. - DOWNS, Laura Lee. Childhood in the promised land : working-class and pedagogical reform in the colonies de vacances in France, 1880-1960. Durham and London : Duke University Press, 2002. - LEBON, Francis. Une politique de l’enfance, Du patronage au centre de loisirs. 70


Paris : L’Harmattan, 2005. - HOUSSAYE, Jean (dir.). Colos et centres de loisirs : recherches. Paris : Matrice, 2007. - BORDELET, Brigitte. Vers une architecture de loisirs (colonie de vacances). Rouen : Ecole d’architecture de Normandie, 1987. - GOUMY, Philippe. Les centres de vacances pour enfants des origines à nos jours. Paris : Ecole d’architecture de Belleville, mémoire TPFE, 1992. - TOULIER, Bernard. Pour une histoire des « maisons » de colonies de vacances en France. Architetture per le colonie di vacanza. Esperienze europee. Firenze : Alinea. Editrice, 2005, p. 30-36.

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ANNEXE 8 (ENTRETIEN AVEC BERNARD TOULIER)

[...] Bernard Toulier : Plus après les normes pour les cuisines, plus les normes pour le feu, plus les normes pour tout, après tu cumules avec les normes européennes qui changent tous les deux trois ans et y’a les phases d’application... y’a eu quand même une certaine surface financière. J’ai un bon bouquin, fait par eux sur les colonies de vacances qui est assez récent... sur les colonies de vacances qui a fait des statistiques, il a fait des interviews, je crois que c’était du côté de Grenoble... enfin c’est dans ma bibliothèque. J’ai travaillé un peu avec ce gars là, j’avais fait sa thèse avec son appui téléphonique... Vous ne connaissez pas ? Oh ça doit avoir trois ou quatre ans. Clémentine La Joie : Nan ça ne me dit rien. BT : C’est un géographe, un petit peu plan plan, je crois que j’avais dû lui donner de l’argent pour sa recherche sur les colonies de vacances en France, mais bon pour que vous l’ayez en bibliographie ça... ??? Et la personne qui a fait ça je ne sais pas si ça vous dit quelque chose... bref ... Ah oui il y avait quelques années sur la reconversion de ces bâtiments-là, notamment les colonies de vacances. Le problème de reconversion je crois que c’était en Seine-et-Marne,il y avait eu un colloque et dont je me souviens plus, putain, si je vais retrouver ... alors colonies de vacances... ah oui «Architecture et Education : les colonies de vacances» voilà Jean-Marie Bataille... Ancien directeur de colonies de vacances, sociologue, chargé de cours à Paris Ouest et Audrey Levitre voilà... Ils sont mariés tous les deux, enfin ils ont fait un livre «Architecture et Education : Les colonies de vacances» paru aux éditions Matrice et au prix de 33 euros, c’était en 2010, voilà.

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CL : C’est noté. BT: C’est un des derniers bouquins, mais bon quand je m’en occupais encore mais maintenant il doit y en avoir d’autres... si vous voyez avec Walter Balducci qui est à l’école d’architecture de Rouen, il est prof à l’école d’architecture de Rouen, donc vous pouvez avoir ses coordonnées, son mail walter.balducci@... CL : Rouen... ok. BT : Et écrivez lui de ma part voilà. CL : D’accord... et qu’est-ce qu’il fait ? BT : Walter il est prof bon il ne fait pas que les colonies de vacances hein, on a fait ensemble un travail sur les colonies de vacances en Europe. CL : D’accord. BT : Et il y a eu deux publications sur le sujet, une publiée en Roumanie et une autre je sais plus. Enfin on a fait deux publications c’était y a... après les années 2000. CL : D’accord, oui je vais essayer de le contacter alors. BT: Oui oui et lui Walter il a été à la dernière, la dernière journée d’étude en novembre ou enfin à l’automne dernier)... j’étais trop occupé je travaille beaucoup maintenant plutôt pour l’Unesco... j’ai lâchement abandonné... CL : Et vous travaillez pour quoi pour l’Unesco ? BT : Pour mettre des villes au patrimoine mondial, là j’étais sur Rabbat, on travaille sur Casablanca et après j’ai eu deux autres chantiers là Djibouti et l’autre avec la banque mondiale sur l’inventaire de villes en république démocratique du Congo. CL : D’accord. BT : Et aussi, on travaille beaucoup en Afrique du Sud à Riet et voilà. CL: Ah oui donc ce n’est pas vraiment une retraite ? BT : Si si si si euh avec plaisir, voilà. CL : Prérogatives ? BT : Handicaps et autres et c’est encore assez agréable. Je vais reparler à un couple qui faisait des colonies de vacances dans l’exposition qui aura lieu en octobre 2016 qui s’intitulera «tous à la plage» donc il y aura un des exemples de colonies de vacances, et de lieux en tout cas, d’établissements de soins, curatifs et préventifs pour les enfants qui seront présentés à la cité de l’architecture et du patrimoine, pendant trois mois, d’octobre 2016 à février 2017. CL : D’accord oui. BT : Voilà bon vous avez à peu près tout, vous en savez plus que moi maintenant voilà.

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CL : Ah je ne suis pas sûre non non mais un peu plus que tout à l’heure déjà. Ecoutez je vous remercie de m’avoir rappelé. BT : Oui oui. CL : Et puis euh. BT : Ba bonne fin de stage, si on peut protéger ou en tout cas déjà labéliser au titre du XXème ça serait bien, si on pouvait les mettre au patrimoine historique, je trouve que ça vaut le coup, c’est encore mieux, mais déjà un label XXème par les temps qui courent, c’est déjà pas mal. Il y avait eu la maison heureuse qu’on avait réussi à inscrire je crois que c’était une des seules colonies de vacances qui soit inscrite pour ce qu’elle est, elle avait été décorée par Boris Hellé, pas très loin de de la Vendée, je crois que c’était un peu plus au sud, du côté de... après la Vendée qu’est ce qu’il y a comme départements en Poitou-Charentes ? Je crois que c’est Poitou-Charentes, donc juste dans le sud à quelques 25 ou 50 km au sud de la frontière de la Vendée, on a protégé une colonie de vacances. CL : La maison ... vous appeliez ça comment ? BT : Boyard, c’est pas Boyardville ? CL : Boyardville, je sais pas du tout. BT : La maison heureuse. CL : La maison heureuse ? BT : La maison heureuse oui. Et puis, ils avaient fait plusieurs lieux de colonies de vacances une dans les Vosges et une là et elle est dans ma revue, il y avait des lavabos magnifiques, extraordinaires, également il y avait des peintures qui racontaient les fables de La Fontaine, des fables pour les enfants. CL : Ah oui ça me dit quelque chose maintenant ces peintures-là. BT : Boris Hellé voilà. Et il avait travaillé aussi outre dans les Vosges et là aussi, et ailleurs aussi. C’était une association comment on appelait ça, c’était une coopérative qui construisait, une coopérative, très rare une coopérative ouvrière sans doute, d’artisans et d’artistes qui travaillaient pour reconstruire ces colonies de vacances, ils ont fait des très très belles réalisations, un peu exceptionnelles dans le cadre. CL : D’accord. BT : Par rapport aux colonies de vacances italiennes qui sont extraordinaires, on n’a pas un patrimoine vraiment exaltant exaltant. Voilà en tout cas, bonne fin de stage et bon courage. CL : Ecoutez je vous remercie, bon colloque à Nice.

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> Axe 2. Quel rôle et quel pouvoir pour la DRAC ? La publication de l’étude de Romain Grimaux sur le patrimoine des colonies de vacances sur le littoral de Vendée et de Loire-Atlantique, a montré un intérêt de la DRAC pour cette question patrimoniale. Dès les premières semaines de mon stage, l’idée de questionner les raisons et les conséquences de la commande de ce rapport est donc apparue comme un point de départ intéressant. Ma première visite à la DRAC fut l’occasion de rencontrer les personnes en charge des bases de données des études et enquêtes produites par l’organisme, l’étude de Romain Grimaux en faisait donc parti, mais aucunes publications ultérieures ne semblaient en être issues. On me conseilla de prendre contact avec Jean-Philippe Bouvet, conservateur en chef du patrimoine pour la DRAC. Mon e-mail reçu une réponse rapide me redirigent vers Philippe Gros, chargé du patrimoine du XXème siècle, qui avait été à l’initiative de cette étude. Il me proposa un entretien le mardi14 avril. Celui-ci fut l’occasion de parler du Label ‘Patrimoine du XXème siècle’ (dont une colonie de vacances à Saint-Hilaire de Riez faisait l’objet) de sa mise en place en 2001, son organisation et ses implications. Je suis par la suite invitée à observer la session du groupe de travail, premier pas vers la labélisation, le 22juin. Cette session porte sur deux dossiers ; _ la labélisation du «village au bord de la mer» ancienne colonie de vacances de la ville de Bezon, à Saint-Hilaire de Riez. _ la délabélisation d’un garage à Challan, labélisé en 2012, suite aux travaux entrepris par son propriétaire.

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ANNEXE 9 (ENTRETIEN AVEC PHILIPPE GROS) Chargé du Patrimoine du XXème siècle à la DRAC. Mardi 14 avril 2015.

Philippe Gros : En 2008 était sorti un article important dans la revue In Situ, la revue des patrimoines In Situ, un article de Bernard Toulier. Cet article nous avait intéressé et euh, on a souhaité faire un peu la même chose pour la région Pays de la Loire, sur le littoral de Vendée et de Loire Atlantique. Sachant que tôt ou tard au titre de, notamment du label patrimoine du XXème siècle on serait peut être amené à examiner des dossier relevant de cette typologie là. Voila ce qui a conduit le choix de faire ce.. de lancer cette étude. Donc a l’époque nous avions pris contact avec l’université, le master ‘Valpec’ : valorisation du patrimoine. Clémentine La Joie : en lien avec la fac d’histoire ? PG : Fac d’histoire de l’art, oui c’est ça. Fac d’histoire du moins, fac d’histoire. Et euh, on avait retenu Romain Grimaux pour réaliser ce travail, qu’il a fait en 2009, donc un ans après la sortie de l’article de Bernard Toulier. CLJ : D’accord, parce que, je suis tombée sur ce document, je pensais que c’était peut-être en lien, un rapport d’information parlementaire, sur l’accessibilité aux jeunes aux séjours collectif et de loisir. Et en fait il se trouve que, si je ne me trompe pas, qu’il est sorti donc en 2009, et la proposition 14 suite à cette étude ; c’était de proposer un plan de recensement du patrimoine, en parlant notamment des DRAC. PG : Ah ah, oui c’est étrange ! CLJ : Donc, je pensais que peut être .. PG : Ah non non, mais c’est marrant de voir que cette idée à déjà .. enfin tous ça a muri à peu

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«CERTAINS ÉTABLISSEMENTS ONT DÉJÀ DISPARUS. D’AUTRES EXISTENT TOUJOURS, MAIS ON S’INTERROGE SUR LEUR DEVENIR»

près en même temps ; 2008/2009. Oui c’est ça. Alors je sais pas, est-ce que Romain cite ce, ce document dans son travail ? CLJ : Non PG : Non il en parle pas ? Voila, alors bien sûr on a lancé ça en était conscient que c’est un patrimoine fragile, qui disparaissait assez vite. On a l’exemple à Saint-Hilaire de Riez, dans la forêt domaniale la forêt de Sion, certains on déjà, certains établissement on déjà disparus. D’autres existent toujours, mais on s’interroge sur leur devenir. Et euh, certain autres ont déjà fait l’objet de reconversion, et ça à l’air de fonctionner à peu près. A l’exemple du centre, de l’ancien centre de vacances de Bezons, de la ville de Bezons qui a été transformé, et qui s’appelle désormais ‘le village au bord de la mer’, mais la structure est toujours là, les structures sont toujours là. Voilà. CLJ : Et donc là, vous travaillez éventuellement sur la labélisation de certain de ces.. PG : Voilà là on travaille justement sur celui-là, sur cette colonie de vacances, cette ancienne colonie de vacances de Bezons. Euh, dans le processus de labélisation. Voilà. CLJ : Et qu’est-ce qu’apporte cette labélisation ? PG : Alors cette labélisation, c’est un dispositif qui remonte à 1999, qui a été lancé a l’époque par Catherine Trautmann, qui était ministre de la culture. Et euh, c’est une, c’est une opération de sensibilisation, faire connaitre le patrimoine du XXème siècle, le faire connaitre auprès du public, des élus, des aménageurs.. Sans recourir à une protection au titre des monuments historiques. C’est un outils beaucoup plus léger, puisqu’il n’a pas de servitudes administratives, juridiques, pas de rayon de 500m, pas de.. pas cette lourdeur qui est propre aux monuments historiques. Mais en revanche, par contre il ne, il offre moins de sécurité entre guillemets à l’édifice, enfin c’est un édifice qui peut être détruit, il n’empêche pas la destruction d’un édifice, mais il, le but c’est de le faire connaitre, pour, essayer de changer le regard qu’on peut avoir, sur le patrimoine du XXème siècle, qui est un patrimoine encore récent pour nous, on a pas toujours le recul suffisant pour l’apprécier. En fait c’est un outil pédagogique essentiellement, qui se manifeste par la pause d’une plaque, voyez la plaque qu’est dernière vous, que vous connaissait peut être. Plaque XXème. Euh, qui est posée sur l’édifice, pour signaler le nom de l’édifice, l’année de la construction et le nom de l’architecte. CLJ : En fait ça peut être labélisé et classé au titre des monuments historiques ? PG : Alors ça peut ensuite être protégé oui. CLJ : Il me semble que c’est le cas pour la cité radieuse à Rezé ? PG : Non, elle a d’abord été protégée ... CLJ : Et ensuite .. PG : Et ensuite, oui, et ensuite le dispositif de la circulaire de 99 prévoyait que les édifices classés du XXème siècle, enfin les édifices protégés au titre des monuments historiques du XXème pouvaientt également être labilisés, bon ils ont un peu inversé les choses. Mais on a l’exemple en régions d’édifices qui ont été labélisés qui ensuite ont étés protégé, ça, c’est

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‘VILLAGE AU BORD DE LA MER’ Ancienne colonie de vacances de la ville de Bezon. En cours de labélisation ‘Patrimoine du XXème siècle’

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possible. CLJ : D’accord, et donc, les propriétaires de ces colonies là, ils sont assez divers, parce qu’il y a des municipalités, des comités d’entreprises … PG : Oui, oui, alors le label nécessite l’accord du propriétaire, on ne peut rien faire sans son accord. CLJ : D’accord. PG : Voilà ,donc euh la… pour Saint Hilaire de Riez, l’ancienne colonie de vacances de Bezons, les nouveaux propriétaires de ce ‘village au bord de la mer’ ont souhaité que cette procédure soit instruite, pour euh, certainement faire reconnaitre le caractère original de cette, cette établissement. Et il est vraiment original. CLJ : Et les nouveaux propriétaires sont .. c’est une société privée ? PG : Oui, c’est ça, ouais, ouais. CLJ : D’accord. PG : Euh, je suis pas certain qu’il reste encore des colonies de vacances de communes dans le secteur de Saint Hilaire de Riez. CLJ : Mais justement, j’ai eu rendez vous mercredi dernier avec le secrétaire du comité d’entreprise de la SNCF, et lui me disait qu’il avait encore une colonie dans la forêt domaniale de Saint Hilaire de Riez. PG : Oui, il y en a plus beaucoup je pense. Il y avait une carte de, de Romain Grimaux, vous l’avez vu peut être, une carte sur les colonies de vacances de Saint-Hilaire de Riez, celle qui étaient disparues avec un pastillage, ça vous dit quelque chose ? Voilà, page 28. CLJ : D’accord, oui, issu de son recensement PG : Oui c’est ça, donc on se rendait compte que certaines étaient déjà… Alors, si on prend la colonie d’Argenteuil par exemple, qui se trouve juste à coté de l’ancienne colonie de Bezons, son devenir est vraiment incertain, on sait pas du tout ce qui va lui arriver. Alors je crois qu’il avait mis en jaune les colonies qui étaient toujours existantes, en gris celles qui avaient été transformées, en rouge celles qui avaient été détruites, enfin détruites, oui. Ce qui est assez intéressant d’ailleurs en faisant une photo, je sais pas si vous avez été voir sur google map, en zoomant sur la forêt, on voit des grandes clairières, hein en fait ils ont, ils ont tout viré. Vous l’avez vu ça ? CLJ : Euh non.. PG : C’est intéressant, quand vous zoomez sur les rouges là, vous voyez des grandes verrières, des grandes clairières, et en réalité il fallait que quand ils quittent les lieux ils doivent… CLJ : Remettre en état. C’est ce que m’expliquait la personne que j ai rencontré de la SNCF. PG : C’est l’ONF, euh, ça appartient a l’ONF. CLJ : Et donc vous avez un contact avec les colonies encore en place ? PG : Alors on avait eu un contact avec la commune d’Argenteuil, avec la commune d’Argenteuil

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et puis ce contact n’a pas… enfin ils n’ont pas donné suite. On sait pas trop ce qui va se passer pour cette colonie. Euh, c’est un très beau bâtiment, je sais pas si vous l’avez vu de loin ? CLJ : Non non, je n ai pas encore été.. PG : Vous n’avez pas été ? En fait l’étude de Romain Grimaux le précise bien, il y a une évolution, on part de grands, de grand bloc, avec toute les fonctions sont dedans, à des petites unités éclatées comme ça. Et la c’est la version grands blocs, avec euh, des mosaïques à l’intérieur, enfin des.. c’est vraiment très très soigné, c’est beau hein. C’est vraiment bien. CLJ : Celle d’Argenteuil ? PG : Oui celle d’Argenteuil ouais ouais. Celle de Bezons est bien aussi, alors elle c’est les petites unités qui ont, je sais pas si j’ai une carte… Voilà, ça ressemble à ça. Des petites unités qui sont éclatées dans le… CLJ : Ah ça c’est donc celle de Bezons. PG : Bezons c’est ça. CLJ : Et actuellement qui continue à accueillir ..? PG : Ah ça fonctionne, ça fonctionne, mais c’est plus la ville, voilà. Bah c’est l’évolution type qui a été décrite d’ailleurs, à la fois dans l’article de Bernard Toulier, et dans l’étude de Romain Grimaux : où l’état se désengage, les communes se désengagent donc ces structures sont amenées à se reconvertir ou à disparaitre. CLJ : D’accord, d’où une labélisation ? PG : Alors la labélisation n’a rien empêché, ça n’empêchera pas la disparition comme je vous disais, ou la destruction, par contre euh ça peut attirer l’attention des propriétaires. Mais de toute façon si c’est labélisé c’est parce qu’ils l’ont demandé et surtout des aménageurs, ou des personnes qui prendraient la suite. Et peut être même ça peut avoir des conséquences dans l’établissement du plan local d’urbanisme ou cet ensemble peut être considéré comme remarquable. CLJ : Donc protégé ensuite par la ville ? PG : Oui voila, une certaine protection ensuite au titre du PLU, c’est possible. CLJ : D’accord. PG : Ca doit être l’article L123-1-7 du code de l’urbanisme qui prévoit ce, ce repérage dans les PLU. CLJ : D’accord parce que j’imagine que en plus du désengagement des communes il y a une pression .. PG : Ah oui oui CLJ : … énorme pour ces espaces qui sont au bord du littoral … PG : Oui ils sont souvent assez convoités. C’est aussi ce qui a motivé cette étude hein. C’est se rendre compte que, en Vendée notamment, la pression était assez forte. Donc s’il y avait quelque chose à, à étudier avant, c’était, c’était bien ce type de patrimoine, et il fallait le faire

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«L’ÉTAT SE DÉSENGAGE, LES COMMUNES SE DÉSENGAGENT DONC CES STRUCTURES SONT AMENÉES À SE RECONVERTIR OU À DISPARAITRE» «LA LABÉLISATION N’A RIEN EMPÊCHÉ, ÇA N’EMPÊCHERA PAS LA DISPARITION COMME JE VOUS DISAIS, OU LA DESTRUCTION»


L’INAUGURATION DU PALAIS DES GOSSES EN 1950. Archives communales d’Argenteuil.

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avant que ce soit trop tard, d’une certaine manière. CLJ : Et est-ce que vous savez si, est-ce que vous avez des contacts avec d’autres DRAC ? PG : Alors, en travaillant sur Bezons, je me suis rendu compte qu’il y avait des colonies de vacances qui avaient été labélisées ailleurs. CLJ : Est-ce que c’est possible de, enfin est-ce qu’il y a un endroit où l’on peut voir les labélisations ? Un site internet ou .. un recensement des … du patrimoine labélisé ? PG : Oui, alors il faudrait voir sur ‘atlas du patrimoine’ c’est le site du ministère de la culture, ‘atlas du patrimoine’. CLJ : Sur lequel se trouve la carte de Romais Grimaux en fait. PG : Euh, je sais pas si elle a été reportée. CLJ : Si si. PG : Ah oui elle est dessus ? Génial haha. Donc la j’avais vu qu’il y avait deux colonies qui avaient été, qui ont été habilitées. L’ancienne colonie du Four à Villeforceix. Ben je vous montre. Deux colonies de vacances labélisées, mais il y en a peut être d’autres. CLJ : Et donc cette labélisation elle se fait forcement par la DRAC ? PG : C’est ça. Oui oui, c’est la DRAC qui instruit le dossier. CLJ : Corrèze et Haute Vilaine.. PG : Ouais ouais, donc ça c’est possible de le trouver sur internet, ça je l’ai chopé sur internet. Alors je pense que dans l’article de Toulier il y a également, il cite des protections, il y en a certaine qui ont étés… Je crois qu’il y en a certaines qui ont été protégées. CLJ : Parce qu’en fait, tout ce patrimoine la il est assez lié au patrimoine de villégiature ? PG : Oui c’est pour ça que Toulier s’y était intéressé. CLJ : Parce qu’il y a eu d’abord un mouvement vers les grands hôtels, les casinos.. la reconnaissance de ce patrimoine là.. PG : C’est ça oui. CLJ : Et là ça redescend vers … PG : Oui oui, une autre façon de, de traiter la villégiature. De façon un peu, plus collective, et puis adressé à une population particulière. Quand on voit l’histoire de ces colonies de vacances à Saint Hilaire de Riez, c’est beaucoup de commune de la couronne parisienne, la couronne rouge. Euh voilà, après guerre… Via l’ONF, parce que le parti communiste au pouvoir jusqu’en 47, donc euh favorise peut être l’implantation plus facilement. Certaine communes d’ailleurs, Romain Grimaux en parle dans son travail, certaine communes sont hostile à l’implantation de colonies de vacances. Notamment Pornic, je crois, cité dans son mémoire, parce que ça ternirait l’image de villégiature classique dont vous parliez, de jolies villas et autres. Voilà. Ca faisait un peu désordre. CLJ : Et est-ce qu’au niveau des mairies peut être avec qui vous avez eu contact, il y a une sensibilité pour ce ..?

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«CERTAINES COMMUNES D’AILLEURS (...) SONT HOSTILES A L’IMPLANTATION DE COLONIES DE VACANCES (...) PARCE QUE ÇA TERNIRAIT L’IMAGE DE VILLÉGIATURE CLASSIQUE DE JOLIES VILLAS ET AUTRES»


«A CE JOUR AUCUN LABEL N A ÉTÉ DÉCERNÉ. ON A UNE INSTRUCTION SUR SAINT HILAIRE DE RIEZ»

PG : Non, je n ai pas eu de contact avec les mairies. On a pas eu de contact. En fait a l’issu de ce travail de Romain Grimaux, il y a pas eu immédiatement, de demandes ou .. Ca reste toujours aussi … difficile, c’est un sujet qui n’est pas facile à traiter. Enfin qu’on ai connaissance nous.. D’abord maintenant on sait à peu près quel est le patrimoine intéressant mais faut également qu’on ai l’accord du propriétaire pour agir. Donc c’est, ça demande de notre part une volonté. Ca va pas venir vers nous. CLJ : D’accord oui. Faut aller les chercher. PG : Faut aller les chercher oui. Donc euh, à ce jour aucun label n a été décerné. On a une instruction sur Saint Hilaire de Riez, donc l’ancienne colonie de vacances de Bezons qu’est en cours d’instruction. Mais il n’y a pas de, il n’y a pas de colonie de vacances labélisées. CLJ : En cour d’instruction ? enfin c’est quoi le processus de labélisation ? PG : Alors le processus de labélisation euh, lorsque le propriétaire a donné son accord, le dossier est instruit et présenté devant un groupe de travail. Un groupe de travail qui est composé de conservateur de.. d’ici de la conservation général des monuments historiques, architecte des bâtiments de France, euh, un représentant de l’école d’Architecture de Nantes. CLJ : Gilles Bienvenu ? PG : Gilles Bienvenu par exemple, ou un autre je sais plus, oui c’est peut être Gilles Bienvenu. Euh qui est-ce qu’on a d’autre encore ? des universitaires, voila. Des personnalités qualifiées qui connaissent le sujet. Ce groupe de travail donne son accord, ou ne le donne pas, pour un passage devant la Commission Régionale du Patrimoine et des Sites, la CRPS. Ca vous dit quelque chose la CRPS ? CLJ : CRPS ? PG : Ouais, Commission Régionale du Patrimoine et des Sites, c’est la commission qui donne un avis pour la protection au titre des monuments historiques et pour création des Aires de Valorisation du patrimoine. CLJ : D’accord. PG : Donc en fait ça suit cette procédure là, de passage devant la commission régionale comme un dossier d’édifice ordinaire pour une protection. A l’issu de cette présentation, la CRPS donne un avis favorable ou défavorable au label, à l’attribution du label. Et voilà. CLJ : Et la le label pour Saint Hilaire de Riez, il en est où ? PG : Alors on en est aux préparations devant le groupe de travail. Voila. On est au tout début. CLJ : C’est des photographies, des plans .. PG : Ah oui c’est photographies, plans, historiques, enfin tout ce qui peut permettre au groupe de travail d’apprécier le, l’intérêt du dossier. Et puis après devant la CRPS donc on gonfle un petit peu plus. C’est un pré-dossier quoi en fait, mais suffisant pour pouvoir euh espérer une présentation devant la CRPS, c’est quand même le but, donc il faut convaincre le groupe de travail.

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CLJ : Et ce groupe de travail il se réunira quand ? PG : Il va se réunir en Juin je pense. CLJ : Es ce que ça vous semble possible que je vienne observer ? PG : Ah oui certainement, alors il est présidé par le directeur de régional, par le DRAC, donc à ce moment-là, vous faites un petit courrier, vous m’envoyez un petit courrier, je le soumets au DRAC et puis il vous dira oui ou non. Normalement ça devrait être bon. Surtout si Gilles Bienvenu vient. CLJ : Oui c’est mon maitre de stage. PG : Ah ah bon ben ça devrait pas poser de problème, faites nous un petit courrier. CLJ : Parce que oui, ça pourrait être très intéressant de voir comment .. la machine à label fonctionne. PG : Ahahah, la machine à label.. oui c’est ça oui. euh, normalement la se passe en fin juin, c’est en fin juin. Vous êtes encore là ? les cours sont pas finis ? CLJ : Non non, c’est début juillet. PG : Ah oui ça sera juste avant. CLJ : Je sais pas si j’aurais le temps du coup de mettre cette expérience là, enfin de la raconter dans mon rapport mais dans tout les cas c’est intéressant pour moi. PG : C’est un rapport de stage que vous soutenez oralement après ? CLJ : Oui. PG : Ah bah oui oui alors ça peut être intéressant. CLJ : D’accord. Et justement qu’est-ce que c’est que le service des stratégies territoriales ? (noté sur le rapport de Romain Grimaux). PG : Ca n’existe plus hahaha. CLJ : Ca n’existe plus ? PG : Non ah ah ah, ça n’existe plus. C’était un service qui, qui était chargé de travailler sur les PLU, de donner l’avis de la DRAC sur les PLU. Donc de faire la synthèse entre l’avis des monuments historiques et l’avis de l’archéologie, entre autres. ET moi j’avais été rattaché a ce service là, puisque le label on savait pas trop ou le mettre à l’époque. Maintenant je suis au service architecture. C’est plus logique. Mais il avait été rattaché à ce service la. CLJ : Et il est disparu il y a pas longtemps non ? PG : Euh, il a disparu il y a combien de temps ? ça fait bien 5 ou 6 ans. On est en 2015, oh il a disparu peu de temps après en 2010 il a du disparaitre. CLJ : Parce qu’il n’y avait plus d’utilité a donner votre avis sur le PLU ? PG : Haha euh non non, c’est, il y a une nouvelle procédure qui a été mise en place, pour cette avis la, via internet, donc, avec un nouveau processus, qui a simplifié énormément les choses, bon ce service c’est un peu dispersé après. CLJ : Et cette avis là il est consultatif ?

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«IL N’Y A PAS D’ORIENTATIONS NATIONALES, C’EST VRAIMENT EN FONCTION DES DRAC ET DE LA SPÉCIFICITÉ DU PATRIMOINE»

PG : Euh, l’avis sur les PLU, c’est l’architecte des bâtiments de France qui est le chef de file de ça. Est-ce qu’il est consultatif, je sais plus. Faudrait voir avec un ABF comment ça fonctionne, si c’est consultatif ou obligatoire. Enfin ce qui est sur c’est qu’il faut quand même recueillir l’avis de l’archéologie et des monuments historiques mais maintenant avec la machine ça va directement chez l’ABF qui fait la synthèse. CLJ : D’accord, et votre mission ici à la DRAC c’est ? PG : Au sein du service architecture ? CLJ : Là c’est le service architecture ? PG : Voila c’est ça donc bah c’est toujours, je suis correspondant pour le patrimoine du XXème siècle et euh, à ce titre je suis chargé de préparer tout le processus de labélisation donc constituer les dossiers, les défendre, les présenter. Et puis après suivre jusqu’à la pose de la plaque, qu’est l’achèvement, l’apothéose. Et par ailleurs je traite les demandes du préfet concernant les schémas de cohérence territoriaux, les SCOT. CLJ : D’accord. PG : Donc c’est au dessus du PLU. CLJ : Oui oui. PG : Voilà. Et puis le suivi des AVAP les Aires de Valorisation du Patrimoine. CLJ : Et en terme par exemple de labélisation, en dehors des colonies de vacances, de celle de Saint-Hilaire, ça représente beaucoup de dossier en cours ? (23:49) PG : Alors on en a eu pas mal cette année, il y en a eu pas mal. On a eu 9 labélisations cette année, en 2014 avec pose de plaque en 2015. Récemment à Saint-Nazaire d’ailleurs, la semaine dernière. Et voilà c’était beaucoup. Habituellement c’est a peu près une ou deux labélisations par ans, c’est parfois un peu plus. On fait parfois des thématiques, donc quand on fait des thématiques on enchaine 3/4 labélisations. Mais hors thématiques c’est deux, oui deux par an à peu près. En ce moment on est à 50, 50 labélisations. Depuis 2003, la première CRPS avait eu lieu en 2003. CLJ : 2003 ? alors que vous parliez de 99. PG : Oui 99 c’est le, c’est la circulaire de Catherine Trautmann, en 99 et la première CRPS c’est en 2003. Le temps que tout ça se mette en place, et qu’on sorte une première liste. CLJ : Et à ce titre-là, il y a des orientations nationales ou c’est en fonction des DRAC ? PG : Non, il n’y a pas d’orientations nationales, c’est vraiment en fonction des DRAC et de la spécificité du patrimoine. Si on prend par exemple ici, on a des éléments du mur de l’Atlantique qui sont labélisés. Voila. Certaine autres régions auront beaucoup de patrimoine industriel, d’autre beaucoup de patrimoine de villégiature notamment en région ProvenceAlpes côte d’Azur, dans ces coins là, c’est vraiment selon la région. CLJ : D’accord, mais dans le cadre de, de réflection thématique, je veux dire, par exemple

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les colonies de vacances de s’arrêtent pas aux limites nord de la Loire-Atlantique.. ça continu quand même vers la Bretagne … donc la il n’y a pas ..? PG : Non, il n’y a pas de directives nationales, non mais il aurait pu en avoir. CLJ : Mais même sans directives nationales, il pourrait y avoir une collaboration entre deux régions.. PG : On l’a fait pour le mur de l’Atlantique, on a essayé de voir à l’époque avec la Bretagne, la Bretagne et puis Poitou Charente donc on avait une vision assez intéressante mais on a pas pu aller jusqu’en bas, ça n’a pas marché pour l’Aquitaine. CLJ : Parce qu’ils ne voulaient pas ? PG : Ben c’est a dire que le pré lapse c’est de lancer un étude, pour faire le point sur ce qu’on avait sur les côtes. Nous on l’avait fait, la Bretagne l’avait fait, le Poitou-Charente l’avait fait et puis ça n’a pas fonctionné pour l’Aquitaine, ils ne l’ont pas lancé. Du moins à l’époque, alors peut être qu’entre temps ils l’ont fait, mais a l’époque ils ne l’avaient pas lancé. Donc voila. CLJ : Et à ce titre là il y a des réunions de DRAC, enfin interDRAC ? PG : Non mais il y a des réunions des correspondants label patrimoine XXème à Paris. On se retrouve, c’est l’occasion d’échanger, mais sinon, il y a pas de réunions spécifiques sur un thème qu’on devrait aborder. CLJ : D’accord. Bon.. J’essaie de réfléchir à des questions que j’aurais pu oublier. PG : Si jamais une question vous a échappé vous me passez un coup de fil. Vous avez mes coordonnées hein, téléphoniques : 02 40 14 .. .. ? Si jamais une question venait .. une fois que vous êtes dehors, ou demain je sais pas. Faut pas hésiter. Si vous voulez approfondir tel ou tel point qu’on a pas vu. CLJ : Bah oui, et puis je vous enverrai un mail pour la commission. PG : Oui la commission, pour le groupe de travail, ça s’appelle groupe de travail. CLJ : Et à quel moment vous invitez les personnes concernées ? PG : Oh je fais ça début juin ou fin mai, enfin, je vais essayer de pas faire ça trop tard pour que les personnes puissent venir. Donc ça va vite arriver maintenant. Faut que je me remue un peu. CLJ : Et ça dure une journée entière ? PG : Oh ben ça dépend, c’est arrivé que ça dure, ouais pour les thématiques, toute une matinée. Là ça va être assez léger, il y aura pas grand chose, il y aura peut être simplement deux dossiers. Celui là, plus un dossier où je vais demander la dé-labélisation. CLJ : Ah on peut faire ça aussi ? PG : Oui. CLJ : Parce que, effectivement, si le label n’entend pas une protection du patrimoine, il peut être.. PG : Oui, et là on a un édifice qui a été euh largement, pffff abimé, plus que ça même,

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«JE VAIS DEMANDER LA DÉ-LABÉLISATION»


on est face à une opération de façadisme en réalité. Donc euh, qu’est-ce qu’on fait, est-ce qu’on maintient ou est-ce qu’on maintient pas, est-ce qu’on refuse de… Enfin on demande la dé-labélisation voilà. Euh sachant que après, la procédure devrait m’obligé à passer devant la CRPS selon le principe du parallélisme des formes, c’est-à-dire que pour valider vraiment cette dé-labélisation ça devrait être la CRPS qui le fait, puisqu’elle s’est prononcée pour, elle doit se prononcer contre. Mais je dois d’abord demander au groupe de travail s’il accepte que je passe devant la CRPS. Pareil, on fait a l’envers quoi, on fait la chose a l’envers. CLJ : D’accord, et c’est quoi ce, c’est lequel cette ? PG : C’est un ancien garage, un ancien garage automobile des années 30. Avec une façade qui a été réalisée par Isidore Odorico que vous connaissez peut être ? Un mosaïste, un mosaïste des années 30 qui s’est surtout fait connaitre par le style art-déco. C’est vraiment superbe, la façade était magnifique. Et euhm, pfff ils ont fait sauter l’intérieur du garage, c’était pas un grand garage mais ils ont quand même… ils l’ont détruit. Et ils ont fait dessus, un immeuble. CLJ : Ah oui donc il reste juste la façade art-déco et puis .. PG : Ouais CLJ : Et c’est ou ça ? PG : C’est à Challans. Donc euh, on est vraiment dubitatif ici, sur la suite. Il y aurait donc deux dossiers. Ca va être une toute petite commission. Sauf si entre temps j’ai une demande, mais je crois pas. (31:42). CLJ : Parce que donc, vous me disiez pour les colonies de vacances ‘il faut aller les chercher’ mais il y a d’autre cas ou c’est directement les propriétaires qui viennent demander le label ? PG : Oui oui, de manière générale, oui ça arrive, oui oui oui. Ca arrive. Euh, mais pour les colonies, oui c’est, pour l’instant c’est, il n’y a qu’un seul dossier traité et c’est un dossier qui, qui fait l’objet d’une demande, on n’a pas été les chercher. Mais pour les autres, je suis pas certain qu’on ait beaucoup de, beaucoup de demandes. Et puis il faudrait aussi que il y ait un certain intérêt architectural, or vous avez vu dans l’étude, euh, beaucoup ne présentent pas un intérêt architectural évident. Surtout dans les réemplois, dans les réutilisations, ou on prenait des vieux hôtels, des choses comme ça, ou des châteaux. Bon, c’est bien mais ça peut pas faire l’objet d’un label XXème. CLJ : D’accord, oui. (…) PG : La procédure on l’a bien relancé, ben on l’a relancé en 2009 la procédure de labélisation de manière générale et en 2009 il (Gilles Bienvenu) venait aux réunions. CLJ : Et c’est réunion ne sont pas publiques ? PG : Non non, non non, non non c’est des réunions internes, avec des personnes de l’extérieur mais c’est pas public. CLJ : Et ce système là, il vient directement des directives de 99 ? PG : Oui c’est ça, oui. La circulaire de 99.

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Garage de Challans. Mosaïque d’Isidore Odorico. Labelisé en 2012. En cours de ‘délabéllisation’.

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> Axe 3. Les limites du label et l’engagement associatif : l’Affaire des Tétrodons.

(*1) Publié dans la revue Architecture d’Aujourd’hui de juin-juillet 1972.

(*2) Article Sauvons les Tétrodons usinette.org

(*3) On retrouve une situation similaire dans le cas de la Station Prouvé à Nantes

L’histoire des Tétrodons est arrivée dans les dernieres semaines de mon stage, elle entrait en résonance avec les questions de protection du patrimoine et du label du XXème siècle auquelles je mettais interressé dans un premier temps. En effet, un Village Vacance Famille à Cap-Ferret avait été équipé dans les années 60 avec 80 Tétrodons (*1) - des constructions modulaires conçus par les membres de l’Atelier d’Urbanisme et d’Architecture (A.U.A), Jacques Berce et Henri Ciriani notamment, développé sur la base du conteneur de fret international dont le volume intérieur est amplifié par l’ajout de coques de polyester isolées dédiées aux usages domestiques courants ; sommeil, repas, sanitaires, le centre restant libre pour y rentrer chaques coques à l’intérieur en cas de transport du Tétrodon - et dont leur propriétaire voulaient désormais se débarasser, ils avaient pourtant fait l’objet d’un label patrimoine du XXème siècle quelques mois auparavant. Mis en vente à 1500€ l’unité, ils provoquent le soulèvement d’association (*2) qui y reconnaissent un intérêt patrimonial; un symbole des expérimentations sur l’architecture modulable des années 60. (*3) Mais leur vente pose problème et les Tétrodons restent en attente sur un parking, où ils finissent par être dégradés. > Partant de ce constat, cet axe de recherche est une piste d’enquête à explorer, à la fois sur les suites données à cette affaire, mais aussi sur l’engagement et l’implication des associations et des ‘lanceurs d’alertes’.

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TÉTRODONS VVF LÈGE-CAP-FERRET (avant leur vente)

TÉTRODONS VVF LÈGE-CAP-FERRET (dégradés sur leur site de stockage)

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III - Voyage Ă Charleroi

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Un dimanche à Charleroi > Jour de marché / Poulet en perspective et patate chaude / > Rendez-vous à la maison des huit heures / Bière Brune / 10h / première expérience Belge / > Première marche vers le Sud / oserait-on dire vers le Ring ? / > Pluie torrentielle / Parking échaffaudage ? / Temporaire ou définitif ? / > Tentative de traversée du périphérique / un arrêt de métro en chantier / Le métro s’arrête / On fait un arrêt / Rendez vous commun : Chez Robert / fermé le dimanche… / > Retour à la case départ / Le Marché / Pour manger il y a de quoi faire / > Trouver un protocole… / … / > La vue comme première source d’inspiration / On se dirige vers un premier point haut aperçu au loin / Poste de Police / Nouvel / Bleu et Brique / Petit côté “Big-brother is watching you !” / On comprend la référence à la cheminée... / Pas de visite sans l’accord de la hiérarchie / “Revenez demain” / On reviendra / Deux fois / Parce qu’on est têtu / > On est resté au pied de la tour / Deuxième objectif : “Ce Terril là-bas” / Pas le plus près / Mais le plus grand / > La marche reprend vers le Sud / Leonardo / Le Ring sur deux niveaux / A pied par en dessous / Traversée entre les arbres / Les poteaux béton, du monstre qui nous surplombe / Des Svatiska orne arbre et béton, indifféremment / On croise un Safari Tour en cours / Le type est bizarre / Il nous file des stickers... / Nous présente à son groupe / Une nouvelle attraction / “Les Archis Français” qui viennent visiter Charleroi / … / > Traversée d’un petit bâtiment à l’abandon / Trois niveaux / Les planchers sont percés d’un trou béant parfaitement circulaire / Un passage de Gordon Matta-Clark à Charleroi ? / > Bord de Sambre / Sous les ponts / Trouver un moyen de remonter sur la dalle haute / Odeur d’urine / Traversée de la rivière / > Marcinelle / Sud de Charleroi / Ring derrière nous / Une petite ambiance à la Ken Loach / Cité ouvrière / Maison de un à deux niveaux / Brique / Alignement / Calme / Désert même / > La pluie nous rattrape / Bistrot de quartier / Joueurs d’un espèce de Rami ou de domino / Concentrés, les joueurs ne font pas attention à nous / En attendant belote-bières- entre français / Pas de contact locaux... / > Accalmie / Marche / en vue, dans l’axe : Le Terril / Comme s’il était seul / Une quête / Un petit côté “Montagne du Destin” cette obsession pour les points hauts... / Il est plus loin que prévu non ? /

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> Nouvelle averse / Refuge sous un auvent / Un habitant dans la même position / Un jeu de mot sur le Kosovo de sa part nous donne un semi-sourire / “Réfugiés” ! / > A quelques mètres de l’objectif / Deux petits vieux / Marcheurs / Partagent quelques mètres avec nous / “Monter sur le Terril ?” / “Ah non pas possible, de mon temps oui !” / On s’obstine / La végétation n’a pas l’air si dense / 7km à pied pour rester au pied d’une dune de charbon… / Marie tente / Point le plus haut atteint 4m au dessus du sol / Demi-tour / > ”On retourne vers le centre ?” / Troisième point haut / “Oui mais on passe par Thy-Marcinelle” / > Bistrot / Petite Jupiler en terrasse / Ambiance Kitsh / Motif Harley-Davidson dans déco plastique Fluo / Mais serveuse bienveillante / Super sourire / Musique forte / Trop / CF : Shazam de la playlist /

A quelques pas de la Tour de Police.

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> Les usines semblent proches / Traversée des voies ferrées / Celles-ci semblent constituer l’avant cour d’une série de petites maisons / Bonjour le bruit / > Ponts routiers / Traversée en courant / Friche / Puis enfin Sambre / > Les géants de métal semblent en inactivité / On longe le canal / Un réseau de tuyauterie rouillée sans queue ni tête nous surplombent / > Lever de rideau / Une des façades de l’usine est ouverte / A l’intérieur un pont métallique supporte un bras téléguidé / théâtre mécanique / Un ballet sans présence humaine / Une main géante décharge par poignée de l’acier contenu dans une péniche / Qu’elle entasse à l’intérieur de l’usine en une montagne de déchets / Carcasse de voiture / Électroménager / Rien/ou presque n’échappe aux doigts de la pince de fête foraine / Format géant / Quelques débris qui semblent de plusieurs centaines de kilos sont perdu lors des aller retour dans la Sambre… / Le Bruit / Sourd et puissant des déchargements / Sur des rails apparaît un chaudron d’une dizaine de mètre de hauteur / Le ballet continu mais l’acier disparaît cette fois ci dans dans le contenant / Le bruit s’intensifie / tonnerre / c’était le géant blanc / l’aciérie Thy-Marcinelle / > Un peu plus loin le long d’autres géants bardés de tuyauterie / Une péniche semble habitée / Tentative de contact / Propriétaire méfiant / Confonds des jeunes français Reflex au poing avec des voleurs / Demi-tour / > On en a assez à raconter pour un dimanche / Les jambes fatiguent / En retard au rendezvous / > Re-passage sous le Ring / Vue des travaux de ville basse / Trou béant du futur parking / Un magasin a perdu son arrière boutique / Derrière la vitrine un vide donne directement dans le futur parking / Surréaliste / > Dernière montée / Point de départ / 14km plus tard / Soif assouvie. Clémentine et Marie vivent encore quelques péripéties de plus pour arriver chez leur hôte en transport en commun et en stop à 23h avec deux jeunes Carolos sans permis à bord d’une voiture volée, l’hôtesse inquiète par l’insouciance de l’aventure des jeunes femmes dans Charleroi la nuit, interdit de voir renouvelée l’expérience. Demain ce sera retour 21h avec coup de téléphone et interdiction de monter dans la voiture de jeune Carolos, de nuit… De ce dimanche nous vient le protocole comme évident, - moins de marche - moins de pluie - plus de rencontre - des transports en commun qui laissent à désirer

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Management de dĂŠchets. Usine au bords de la Sambre.

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Histoire et vie d’un protocole La proposition est étonnante, se mettre dans la peau d’un taxi pour forcer le sort et les rencontres. Recréer la fameuse discussion du taxi. Qui connaît mieux une ville, ses rues, ses habitants, et les personnes qui y passent qu’un chauffeur de taxi ? D’autant que Charleroi semble être une ville qui se vit en voiture pour les locaux, à l’image de son périphérique omniprésent qui semble cercler un centre ville trop petit pour lui. Sauf qu’ici le taxi est gratuit, que personne ne l’a appelé, qu’il est remplis de quatre jeunes français et qu’il est estampillé “Location U - Saint-Barthélemy-d’Anjou”... La rencontre est primordiale, posture, premiers mots et sourire vont faire, on le sent, la réussite de notre petite expérience d’auto-stop inversé. En chasse… A la recherche d’un arrêt de bus qui nous inspire une rencontre. Deux personnes restent dans le bus à proximité, les deux autres descendent : un couple mixte pour respecter la parité et être le moins inquiétant possible- sont larguer devant l’arrêt ou à quelques mètres. On s’avance souriant et confiant, le texte un peu préparé : “étudiants / français / visiter Charleroi / rencontrer /gratuit / plus rapide / plus sympa” A la descente on cherche le contact visuel. Qui est souriant ? Qui semble intrigué ou le plus ouvert ? Mais impossible de vraiment savoir à l’avance. La première rencontre est un petit échec, le texte n’est pas tout à fait rôdé, il est tout de même accueilli par un grand sourire et un “Merci mais ça va !”. Une réponse que l’on croisera plusieurs fois, la plus frustrante, les personnes semblent réceptives, nous sourient, nous disent à quel point c’est gentil comme démarche, mais déclinent. La réponse est frustrante donc mais pleine d’espoir la proposition a quand même était accueillie avec joie. Un peu de longueur dans l’explication peut-être ? Il reste à affiner, être rassurant mais ne pas embrouiller en parlant trop pour la rencontre suivante. Notre première “prise” est un incroyable imbroglio, une femme refuse gentiment - intimidé -, l’homme à ses côtés semble partant mais ne pas avoir toute sa tête, pas sûr de nous quand à la prise en charge d’une personne ayant des difficultés pour s’exprimer et nous indiquer la route, on tourne les talons pour regagner le minibus. Le monsieur, nous suit et s’étale de tout son long sur la route en ratant la marche du trottoir, juste à nos pieds. La femme se met à hurler dans une langue étrangère ! Elle accepte alors de monter, paniquée à l’idée qu’il se soit fait mal à la tête, elle le ramène chez lui avec nous. L’emplacement du camion est parfois une difficulté supplémentaire, il doit être à proximité mais ne pas gêner les bus qui arrivent, il arrive qu’en se retournant pour montrer notre moyen

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de transport aux personnes invitées à participer à l’expérience, celui-ci ai disparu pour laisser place à un bus : ce qui entraîne instantanément une perte de crédibilité, un “attendez il était juste là, il revient” un peu gênant... Situation éprouvée à la gare, où les agents de la TEC (société régionale de transport) nous rappellent à l’ordre quant à l’interdiction de stationner sur les emplacements de bus, nous traînons le pas pour partir, Marie ayant possiblement trouvé une auto-stoppeuse intriguée. De toute façon les arrêts des stations d’échange ne sont pas très propice à notre requête. En effet après un refus, difficile de réitérer le discours sur la personne se tenant à côté plus méfiante dès lors. Les gens paraissent plus fermé dans les cas d’affluence, il porte le regard des autres voyageurs, se demandent sûrement pourquoi eux. A l’avenir on évite et se concentre vers de petit arrêt plus intimiste pour la première rencontre. Après l’introduction, deux cas de figure de réponses positives. Les emballés : pas trop d’hésitation ça les arrange, ils jugent très vite de notre caractère sympathique, parfois cela paraît être presque plus facile de convaincre les personnes qui semble souffrir d’incohérence, on en serait presque gêné de se dire qu’ils n’ont pas pris le temps de mesurer les potentiels risques, très vite, on exclut d’ailleurs les jeunes et les mamans avec poussette pour pas se retrouver dans des situations difficiles, que ce soit vis à vis de la sécurité (pour le siège bébé) ou de la loi (pour les mineurs). De l’autre, les hésitants pour nous c’est aussi le moment-clé, la négociation : insister un peu, rassurer en expliquant que nous à leur place, on serait un peu intimidé, que le caractère de la démarche est incongru à nos yeux aussi et que c’est une expérience qu’on a pas l’habitude de faire, «rigolote». Nous jouons sur notre manque de crédibilité et notre humour pour provoquer la rencontre. Nous évoquons aussi les précédents voyageurs qui ont été heureux de la rencontre. Enfin, nous insistons sur notre nationalité étrangère, les jeunes français sont ici rassurants, les carolos sont méfiant entre eux et la ville véhicule une réputation d’insécurité que les habitants transmettent au bouche à oreille.

On n’énoncera pas toutes les postures de refus, on a déjà évoqué l’attitude du refus comblé, il y a ceux qui se ferment instantanément, tournent le dos et disent “non non” juste après le premier “Bonjour, nous sommes…”, une crainte d’un démarchage commercial peut-être. Enfin on rencontre l’étonnante réponse “oui mais j’ai payé ma carte de transport, alors je veux prendre le bus”... Parfois au fil des paysages traversés on se retrouve un peu loin, dans des bourgs dénués d’arrêts de bus, notre retour vers le centre est l’occasion de partager nos impressions, quitte à parler ouvertement des sourires parfois édentés de nos rencontres entre nous, puis de prendre le temps de contempler l’ensemble du pays de Charleroi à travers la fenêtre. Le chauffeur ressemble alors de plus en plus à un taxi-driver (tant mieux il semblerait que l’on réalise un rêve de gosse pour celui-ci), il connaît la route, le GPS reste éteint ...

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Les statistiques du deuxième jour certifie d’une technique qui s’est affinée, dans le choix des arrêts, la position du mini-bus et le discours, sept personnes sur huit acceptent de nous suivre, on aborde alors la rencontre de façon plus détendu, plus expérimentée, le sourire ne nous quitte plus. La pluie est pourtant bien loin, mais le ronronnement rassurant du mini-bus est devenu notre protocole de rencontre, on ne l’abandonnera pour rien.

Quelque part dans Charleroi.

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Marie-Jeanne

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Première entretien ici retranscrit intégralement : le trajet en Minibus, MarieJeanne nous invitera par la suite à boire un café avec elle dans son appartement. Précédemment nous avons déposé chez lui l’ami de Marie-jeanne qui est tombé sur le trottoir lors de notre premier contact. Marie : Ça va ? MJ : Oui ça va bien… Tu vois le bus, le petit bus. Jérémy : C’est celui là que vous vouliez prendre ? MJ : Oui mais ça termine à 16h...à 15h30, 15h25 ça tourne à Charleroi et c’est finis. Marie : Donc si tu as pas de voiture tu peux rien faire quoi. MJ : Monsieur il est tombé, monsieur il est tout seul à la maison… Comment il est tombé ? Il a patiné ou quoi ? Il a glissé. Marie : Il a pas vu la marche. MJ : Il a tombé la tête ? Marie : Non non non il a pas touché la tête, il a mis les mains MJ : Mais il va avoir mal après hein ! Marie : Mais il a pas de famille ici ? MJ : C’est moi, c’est moi je viens de temps en temps… Avant il était bon monsieur, gentil, il a joué la musique… Il a fait deux fois thromboses, deux fois AVC. Après c’est dur, après ils ont opéré au mois de janvier, la tête il avait grande boule au cerveau. Ça donne hémorragie. Six cailloux à la tête, ici… MJ : ICI, ici Jérémy : Oups MJ : là tu descends… Il était mourant le monsieur, mourant, tout a gonflé la bouche et tout. Alors moi j’ai pensé “il va mourir, dieu il est grand”... Il recommence à manger parce qu’avant il mangeait pas. Tous ses muscles étaient pas bien… Demain je reviendrai ici moi même, comme il est tombé. Marie : Oui, pour s’assurer que tout va bien. Mais je pense que ça ira c’était juste les

mains. Victor : Vous travaillez à Charleroi ? MJ : Moi je travaille pas, avant je travaillais “article 60”, après c’est fini. Marie : Où ça ? MJ : Article 60, donc en fait j’ai travaillé 18 mois. Clém : Article 60, en fait c’est quand tu es chômeur en fin de droit, tu travailles pendant deux mois pour pouvoir retoucher le chômage. MJ : Oui c’est ça, comme ça… En fait j’ai donné les CV Jérémy : Par là ? MJ : Oui par là, tout droit ! J’ai donné les CV et tout. Personne ne voulait m’engager. Il m’a dit “je suis vielle” à mon âge il y a pas beaucoup à travailler, ils cherchent les jeunes comme toi… Marie : Pourquoi, vous avez quel âge vous ? MJ : Euh, j’ai eu mes 60 ans au mois de décembre ! Jérémy : C’est là que vous avez fait la fête !! MJ : Non, j’ai pas fait, j’ai pas fait parce que monsieur était hospitalisé. J’étais pas bien, j’étais embrouillée. C’était grave… Sa maman elle est morte au mois de décembre, il a était hospitalisé donc j’étais pas bien... Parce que c’était mon copain avant, mais maintenant comme c’est fini. Mais il est tombé malade, alors je me suis dit, je le laisse pas je vais aider… C’est comme ça maintenant… Je voulais pas le laisser tout seul, alors tout mes amies elle me disent, “vraiment Marie-Jeanne tu es une femme gentille hein !!” Jérémy : C’est vrai en même temps. ……. Radio : “Jean Sebastien Bach par l’orchestre …” MJ : Oui, alors jusqu’à maintenant je le levais comme ça le matin, je l’emmène chez le docteur conseiller. Là vous voyez le bus il laisse là, mais pas jusqu’au bout. Jérémy : Ah oui après il faut marcher à pied !

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MJ : Oui. … Marie : Et vous avez des enfants ? MJ : Moi oui, ici oui. J’ai une grande fille, elle est là, elle joue de la musique aussi… Marie : Aussi ! Elle fait quoi ? MJ : Euh… Musique. (sort un tract imprimé de son sac) Elle est là. Marie : C’est votre fille là ? MJ : Oui ma fille ainée. Marie : Et quand est ce que c’est…Ah Samedi 9 mai.. MJ : Le 9 Mai. Jérémy : Et elle vit à Charleroi ? MJ : Oui, oui. Jérémy : Vous êtes originaire d’où MarieJeanne ? MJ : Du Congo Jérémy : Et vous avez de la famille là bas? MJ : Heu..Mon fils, mon fils avec quatre enfants, il est là au congo, mais ici j’ai trois filles. Les deux ils sont mariées mais l’autre est pas encore marié. Elle habite à Sin?… Mais l’autre, elle est marié avec un congolais. Jérémy : Il faut qu’on se gare là ? MJ : Nous on va arrêter.. Il y a la place ici ? Jérémy : Pas trop hein ! MJ : Il y a pas de place… Marie : Si là ! Jérémy : Non il y a un garage, je peux pas trop. Ce que je vais faire c’est faire le tour du rond point, et là il y a des places derrières. MJ : Oui ! Jérémy : Mais votre fils il vit à Kinshasa ? MJ : Oui à Kinshasa. Jérémy : Mais il est né à Charleroi ? MJ : Non, là bas. Marie : Et vous êtes arrivée en Belgique quand? MJ : Ici (pour la place de parking)!... Moi j’ai habité ici depuis 1989, et puis là j’ai

habité tout seul une année et puis j’ai quitté Bruxelles et depuis nonante (90) je suis ici à Charleroi. Jérémy : On peut aller là ? Mais c’est le parking du garage ou pas ? on peut ? MJ : Nan, on peut. Ça c’est la maison de mon propriétaire, le jardin là bas. Tout droit ici ! Jérémy : Celle la là ? Ok, de toute façon on va pas rester très très longtemps, hein ? Marie : Pour continuer notre périple du Bus. Jérémy : (frein à main) Voilà !! …. Descente du minibus…. Dans la rue : Marie : Et vous habitez seule ici ? MJ : Moi j’habite seule, mais si mes petits enfants ils viennent. Marie : Ah vous avez des petits enfants aussi ?? MJ : Oui j’en ai 9 ! Marie : Sérieux ? MJ : Oui vraiment, quand ils viennent je dors avec eux, si ils viennent pas je suis toute seule, comme aujourd’hui, toute la journée je suis toute seule… Ici ! Viens ! … On rentre dans l’appartement … MJ : Viens ! Assis ! Assis il y a la place !! Là c’est moi (photo de mariage) là aussi.

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Raymond

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Raymond, la cinquantaine, belge né à Charleroi, bavard et très rapidement à l’aise nous demande ce que l’on souhaite savoir sur sa ville. Cette rencontre/trajet ne dure qu’une quinzaine de minute mais constitue une des rencontres les plus riches d’histoire et d’anecdote de nos entretiens.

être passé à côté de l’enfance de son fils parce qu’il travaillait. “[...] tout le contexte c’est de savoir estimer entre ce qui est nécessaire et le surplus. Nécessaire c’est quoi : c’est je doit avoir à manger, avoir quelque chose dans mon frigo, mais est ce que je doit absolument avoir la “BéMVoué”avec les jantes “?, c’est peut être pas nécessaire !”

Le grand-père de Raymond lance une briqueterie dans les environs avec son frère dans les années 60. Raymond nous raconte que dans son enfance il a vécu les grandes heures industrielles de Charleroi. Il regardait sa mère servir des moules frites aux ouvriers qui arrivaient par bus entier dans le restaurant qu’elle tenait.

Pour Raymond la fracture s’effectue après le deuxième choc pétrolier de 79, alors qu’il entre dans la vie active au milieu des années 70 quand le plein emploi régnait encore, en ce temps il suffisait de “traverser la rue” pour trouver un patron. Puis le prix du pétrole explose, les usines délocalisent…

“Moi j’étais absolument impressionné parce que 15-16 ans, des autocars qui rentrent, des serveuses qui pleurent parce qu’elle disent “moi je m’en sors pas”... parce que c’était vraiment phénoménal.!!...Que maintenant c’est mort quoi…”

Sa femme ne travaille plus depuis 8 ans après avoir guéri d’un lymphome, de son côté c’est que très récemment qu’il se retrouve en situation de pré-pensionnaire (préretraite). Après 37 années de travail de nuit dans la distribution de la presse, il se fait écarter lors de la fusion de plusieurs succursales de sa boîte qui appartiennent au groupe Lagardère. Il nous dit n’attendre qu’une chose la retraite, que le système lui force à patienter en produisant des CV et des fausses lettres de motivation, 10h par mois il se rend dans le centre de Charleroi pour justifier de ses recherches. Dans un mois il a fini.

La comparaison avec l’état actuel de l’emploi, tourne vite en constat des difficultés de l’emploi pour les jeunes et sur l’incertitude que constitue les emplois précaires pour se projeter dans l’avenir. Il partage avec nous son optimisme quant à notre génération, plus débrouillarde selon lui, moins matérialiste, il semble suivre attentivement l’actualité “altermondialiste”, nous parle de permaculture, de construction en terre-pierre. Cultiver son jardin, revenir à une vie plus simple apparaît un bon moyen de sortir de cette crise, de la précarisation à ses yeux. Un moyen aussi de revenir à l’essentiel, il regrette

“Après 37 ans.. Comme si moi je voulais chercher !! Stupidité administrative, eux ils se rendent bien compte aussi hein..mais c’est obligatoire.”

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Il connaît très bien la région, en passant devant un monument de Marchienne-au-Pont (sa commune), il nous conte l’histoire d’Yvonne Vieslet, une petite fille, devenu martyr car tuée alors qu’elle tendait un bout de pain à des prisonniers Français pendant la guerre de 14-18. Puis juste avant d’arriver devant son domicile, on traverse un quartier avec plusieurs magasins Turcs, une communauté qu’il respecte énormément car elle a chassé les dealers du quartier à leur arrivée. Le trajet est court, hasard des itinéraires. “- J’espère que vous avez fait bonne route ! Raymond : - Ah c’était magnifique !”

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Khadija et Abida

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Khadija et Abida sont deux femmes que nous rencontrons à la gare de bus centrale de Beaux-Arts. Toutes deux étudient à Mont-surMarchienne pour devenir aide-soignantes, toutes deux sont marocaines et ont suivi leur mari à Charleroi. Elles se sont rencontrées dans le cadre de leurs études. Elles attendent le bus afin de rentrer chez elles dans le sud-ouest de la ville, après leur journée de cours et un temps de pause dans Charleroi, où elles ont pu faire des courses dans leurs épiceries marocaines favorites. Khadija vit depuis 10 ans à Charleroi, après avoir vécu à Bourges. Elle et son mari comptent retourner vivre en France une fois que leurs filles, actuellement à Science Po Bruxelles, auront terminé leurs études.

cause de ses nombreuses usines, et préfèrent une ville comme Namur. Abida avoue : “il y a quand même de beaux endroit à Charleroi”, comme par exemple à Montigny-le-Tilleul. Elles ne fréquentent Charleroi que rarement, de façon hebdomadaire pour leur courses dans les épiceries marocaines qu’elles en trouvent qu’ici. Elles n’y vont jamais la nuit. Leurs maris les ont prévenu de ne pas s’aventurer dans certains endroits de la ville. Néanmoins, c’est parce qu’elles avaient envie de faire une petite balade après leur journée de cours que nous avons pu les rencontrer ce jour-là.

Abida est ici depuis 2 ans, elle a bénéficié d’un programme de regroupement familial lorsque son mari, italien, a été muté à Charleroi en tant que formateur-électricien. Elle a attendu un an au Maroc avant de pouvoir retrouver son mari en Belgique. Khadija et Abida n’ont pas une très bonne image de Charleroi. Elles considèrent que la qualité de vie y est mauvaise, notamment à

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Katleen et Suliman

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On est à la gare quand on propose à Katleen de la ramener. Elle n’accepte pas tout de suite. Elle réfléchit sans savoir trop quoi dire, elle hésite. Elle semble à la fois inquiète et intriguée. Elle nous explique qu’elle doit aller chercher son neveu à Lodlinsart c’est à dire au nord de Charleroi centre pour ensuite retourner chez elle à Charleroi où l’attend son mari Imed avec qui elle est depuis 3 ans. Sa rencontre avec lui c’est d’ailleurs “ la seule chose bien qu’il me soit arrivé à Charleroi”. Bref après quelques minutes de négociation, elle a enfin l’air décidée pourtant elle nous fait savoir qu’il faut qu’elle appelle son mari. “ Il faut que je lui demande” Elle tente de le convaincre, en lui disant qu’on est jeunes, étudiants, sympas. Elle finit par nous passer le téléphone, on refait notre speech habituel au mari. Il a entendu notre voix, il est rassuré, on a son accord. On embarque Katleen dans le bus magique. Katleen est née à Roux, une commune intégrante du grand Charleroi, au nord ouest du centre, où elle habite maintenant depuis 10 ans. Elle fait une formation pour devenir aide ménagère mais avec Imed, ils envisagent de déménager “du côté germanophobe” pour pouvoir trouver du travail. On apprend plus tard qu’ils ont déjà habité sur ce territoire et notamment à Eupen, il y a 1 an, et cela pendant deux mois. Katleen ne parlait pas Allemand mais Imed couramment, pourtant c’est lui qui a voulu partir. D’origine marocaine il voulait revenir sur Charleroi où il y réside un grand nombre d’étrangers et notamment de marocains. “Là-bas il se sentait pas chez lui” Katleen

ne l’accepte pas. A Eupen on lui offrait des boulots par dizaine alors qu’à Charleroi “y’a pas de boulot”. Pour elle la ville de Charleroi “pue, n’est pas belle à voir et est pleine de bouchons”. Elle nous décris un Charleroi très gris, dangereux où il n’est pas conseiller d’y trainer la nuit » Pourtant quand Clémentine lui rapporte ce que David lui a dit 2 jours avant ( un type rencontré deux jours auparavant dans un pub bondé, venu fêter la victoire au foot de Charleroi contre Liège( “ici on n’a pas de moyens mais on a du coeur” elle s’exclame “C’est vrai ! C’est pas faux. On est sympa, c’est vrai qu’on est sympa, on est familier. Peut être trop familier d’ailleurs” Imed, son mari n’a pas le droit au chômage car il est étranger. Leur mariage ne lui a pas permis d’obtenir la nationalité belge, elle nous explique que c’est très compliqué maintenant pour l’obtenir “il faut travailler pendant 365 jours, il faut savoir parler couramment une des trois langues, il faut avoir fait des formations, il faut avoir travaillé, maintenant c’est 10 ans pour avoir la nationalité” Imed est en Belgique depuis 4 ans, il a une carte de séjour et il est marié donc il n’est pas expulsable mais au bout de trois mois sans boulots il peuvent la retirer si il se rend au CPAS le centre public d’action locale. Imed travaillait comme intérimaire au parlement Européen à Bruxelles en tant que serveur, d’après Katleen il bossait comme un fou, de 8h à 22h sans pause. Mais après ça, plus rien. Il a postulé un peu partout mais le fait qu’il soit musulman pose apparemment

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quelques problèmes; “ici à Charleroi avec ce qui se passe en ce moment les attentats et tout et ba forcément c’est un musulman donc faut pas rêver pour qu’il ait un emploi . Ils voient son nom et son prénom et ba c’est poubelle directe. Et il faut dire que y’a beaucoup d’étranger qui profite du système donc pour eux ils sont tous pareil” Mais le plus dur c’est que Medhi n’a pas le droit au chomage car il est étranger. D’après Katleen c’est aussi compliqué pour Imed dans le sens où la plupart des étrangers à Charleroi « dealent, volent et braquent », il est alors souvent assimilé à l’un d’eux. C’est dans l’avenue Waterloo qu’ils se réunissent pour dealer , « tous les arabes dealent »

Toute la famille de Katleen habite dans le Grand Charleroi. Elle nous raconte miamusée, mi-exaspérée la situation de sa famille. Sa mère n’a jamais travaillé “ y’a pas que les étrangers qui profitent du système” Elle a une pension d’handicapé, elle est inscrite à la Vierge Noire c’est à dire à la la direction générale « personnes handicapées » qui octroie des allocations destinées à compenser une perte de revenus ou les frais supplémentaires liés au handicap. Sa mère est en effet reconnue illettrée, même si Katleen nous fait comprendre qu’elle est parfaitement capable de lire le journal. Son père quant à lui est invalide depuis ces 37 ans, et cela à cause d’un accident de travail. “ ça fait 40 ans qu’il est à la mutuelle” Ils sont 5 enfants, et sur les 5, seulement elle et son frères travaillent, les autres ont toujours été chômeurs.

« Y’a beaucoup de gitans aussi », on avait en effet remarqué des drapeaux de gitans pendre aux fenêtres de quelques appartements, un drapeau rouge et bleu avec une roue de calèche au centre. Katleen nous dit qu’ils ont bien des appartements mais elle se demande s’ils y vivent vraiment “jsais pas leur mode de vie il est bizarre en fait” Un camp de gitan était installé sur la place où se trouve actuellement la foire mais dès son arrivée ils ont du partir.

Katleen fait ses courses dans le centre de Charleroi et principalement au Liddle à côté de chez elle. Elle va a Ville 2 seulement pour faire les boutiques et s’acheter des vêtements de marques. Elle nous dit qu’il va y avoir un grand centre commercial qui va être construit, à la place des colonnades. Pour elle la ville n’a pas changé depuis qu’elle y habite. A part le métro qui n’existait pas il y a 2 ans, “ils ont essayé de faire comme à Bruxelles mais ça pue”. Elle nous raconte qu’ils ont fait sauté tous les rails il y a 15 ans pour les remettre toutes, il y a peu de temps. “ils sont pas normaux ici”

On est maintenant pris dans les bouchons, il est 16h30 c’est l’heure de pointe à Charleroi. Katleen ne semble pas inquiète pour Suliman son neveu, elle dit qu’en bus ça aurait été pareil mais ajoute en rigolant “ bon à part que le bus a sa propre voie !” Suliman attendra. Pendant ce temps elle nous parle de sa famille.

Un vélo traverse le rond-point devant nous. Katleen nous fait remarquer que c’est très

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rare d’en voir à Charleroi. La topographie de la ville centre ne le permet pas vraiment. De plus, le périphérique très imposant autour de Charleroi est difficile à traverser pour se rendre dans les communes alentours en vélo. Pour sortir elle nous conseille ironiquement d’aller au Nautilus, situé en bas de chez elle. D’après elle c’est le repère de la mafia de Charleroi, c’est ouvert que le vendredi soir et les habitués viennent en « Porshe cayenne, carrera ». “C’est normal pour charleroi , y’a pas d’argent à charleroi mais y’en a pour ça. Même la police vient serrer la main du patron” dit elle ironiquement. On passe devant l’ancien hopital, il a été déplacé à Lodelinsart. Pour l’instant il ne savent pas vraiment quoi faire du bâtiment. Katleen nous dit qu’ ils changent d’avis tout le temps, un jour ils veulent l’abattre, un jour ils vont reloger des sans-abris et un autre jour ils veulent faire des logements sociaux... On passe maintenant devant le stade de foot, en Belgique c’est la jupiler ligue. Pour Katleen ça reflète parfaitement les belges. Elle regarde le foot régulièrement mais jamais l’équipe de Charleroi. Elle, c’est plus le barca ou le real de madrid. “Des matchs interessants quoi”. Elle nous dit que le problème à Charleroi c’est que s’ils gagnent, les carolos deviennent fous, ils casssent tout. Ca explique les nombreuses barrières de sécurité installées dans toute la ville samedi soir pour le match Charleroi / Liège. Après 30 minutes de mini- bus on arrive enfin à l’éocle maternelle de Suliman.

Suliman a 4 ans, il est le fils de Maureen qui est la soeur de Katleen. Maureen, 24 ans, séjourne depuis 1 semaine à l’hôpital pour une opération et a demandé à sa soeur de s’occuper de Suliman. Intimidé, il monte à l’arrière, entre Victor et Clémentine, il ne dit pas un mot. Katleen nous fait savoir que Imed inquiet a apelé 25 fois, elle dit en rigolant “t’imagines il appelle la police!” Ca nous fait doucement rire. Elle le rappelle immédiatement pour le rassurer. On distingue mal la conversation mais ça semble agité. Katleen amusée lui répond sur un ton agressif mais toujours un petit sourire au coin de a bouche. “Reste tranquille ! T’as compris !” On se dépêche alors de rentrer chez elle. Arrivé en bas, Imed nous attend de pied ferme, on l’aperçoit à la fenêtre. C’est le moment de la photo, mais encore une fois Katleen doit demander l’autorisation à son mari. « Je suis convertie à l’islam, j’ai besoin de son accord pour être prise en photo ! ». Il descend pour nous saluer, lui non plus n’aime pas Charleroi, “ c’est la ville la plus morte du monde je crois” Il dit que depuis 4 ans c’est toujours la même chose. Il parle des rond points qu’il y a partout dans la ville. “c’est n’importe quoi je comprend pas” Katleen, elle, voudrait partir vivre ailleurs, les reportages de 7 à 8 sur la France ou sur les français partant en Thailande au Canada ou au Maroc lui donnent envie, elle en rêve. Pourtant partir au Maroc serait impossible car il n’existe aucune lois sociales et couverture médicales là-bas. Ca serait trop dur. “il faudrait être riche”.

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Lionel

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Un peu en contrebas de la N29 (qui relie Fleurus à Charleroi) sur la commune de Gilly, se trouve le terminus, ouvert depuis 2012, de la ligne de métro léger n°4 qui relie Soleilmont à Charleroi. C’est là-bas que nous avons rencontré Lionel, il attendait le bus pour rentrer chez lui, à Velaine-sur-Sambre, un ferme perdu entre Namur et Charleroi, il y a un bus, le 17, pour le ramener chez lui, mais que jusqu’à 19h30. Parfois il le loupe donc sa mère vient le chercher ou il dort chez un pote. Il vit seul avec sa mère. Assis à l’avant du minibus, il fallait être attentif, et surtout pas trop loin, pour entendre ce qu’il nous racontais, ou plutôt ce qu’il nous chuchotait, pas vraiment très à l’aise. Il avait fait une partie de son secondaire à Charleroi, mais n’aime pas trop la ville. « Y’a pas grand chose pour sortir à Charleroi, moi je sors pas trop le soir à Charleroi je rentre toujours vers 20h ». Il nous conseille d’aller au Rockerhill, où il n’est jamais allé, mais il a des potes qui font des concerts là-bas. Il trouve que Charleroi c’est moche mais il nous dit quand même «y’a des belles choses mais faut les chercher, genre deux trois usines abandonnées et des monuments» Il fait des études de photos à Namur maintenant,

mais en ce moment il «décroche un peu de l’école». « A Namur y’a plus de choses c’est plus grand c’est plus vivant et c’est plus vert aussi». Pourtant en rentrant des cours, c’est sur les quais rénovés de la Sambre, en face de la gare de Charleroi, qu’il rejoint tous les soirs ses copains. D’ailleurs il y sera demain, et on pourrait passer si on voulait. « Et alors, qu’es ce que vous y faites sur le waterfront carolo ? ». « Pas grand chose, on traine, on écoute de la musique, on fume » Visiblement pas des cigarettes. La conversation dévie un peu et il nous parle de ses copains qui prennent des trucs, des drogues dures même. « Y’en a beaucoup qui sont perdus ils savent pas quoi faire après ce qu’ils font de leur vie à côté ça les aide pas non plus à prendre les bonnes décisions. En Belgique il y a beaucoup de drogues et tout ça et ils en abusent. Ils prennent un peu de tout, pour moi c’est quelque choses de normal parce que je vois ça tous les jours mais il prennent par exemple de l’Exta de la MDMA et c’est tout le temps pas que en soirée et festoch. Après moi je dis tant que ça reste dans les festivals et les teuf y’a pas de soucis en

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général on devient pas accro parce qu’on se fixe une limite dès le départ mais y’a des gens qui prennent la décision de continuer et ils se pensent plus fort que tout ça et voilà » Lui pas, enfin si, mais non. On n’en saura pas plus. Il nous dit que à part la musique et les graffitis il n’y a pas grand chose qui l’intéresse mais il graff pas sur Charleroi, il fait ça avec des marqueur spéciaux, qui s’effacent comme ça il a pas de problèmes. Il dit qu’on lui apprend quelque chose quand Victor lui parle des différents graff et du bisous m’chou à Charleroi «je m’aventure pas trop dans Charleroi on reste toujours dans la même zone. « On peut passer demain du coup ? Tu nous diras, si c’est pas trop le moment, tu nous vires si t’as pas envie hein.. » « Non c’est bon, pas de soucis, moi je serais là de toute façon, je vais pas en cours cette semaine, pas de soucis, on est des gens assez ouvert».

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Danielle

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Nous rencontrons Danielle dans le centre de Charleroi ce mardi midi. Elle se rend à Marchienne-au-Pont, dans l’ouest de la ville, nous lui proposons de l’y amener.

elle, Charleroi s’améliore. “Le Quick a été renouvellé, le boulevard Tirou, c’est vraiment bien!”. Après une quinzaine de minutes de trajet, nous déposons Danielle un peu en avance pour son activité. Elle en profitera pour faire une petite balade.

Danielle est d’origine polonaise, mais elle n’a jamais pu y aller. Elle est née dans la région de Charleroi et sa famille “a du se faire naturaliser parce que la Pologne ne faisait pas partie du marché commun”. Ses parents ont immigré ici pour travailler dans les mines. Le père de ses deux enfants - un garçon de 14 ans et une fille de 8 ans - est également polonais (ou d’origine polonaise). Ils sont séparés maintenant et c’est lui qui a la garde des enfants. “C’est un homme de bâtiment.” Ils ont acheté une maison ensemble, pour y faire des travaux, mais Danielle lui a laissé lorsqu’ils se sont séparés. Danielle est pensionnaire de l’HP (hopital psychatrique ou habitat protégé?) de Charleroi. Elle est hospitalisée depuis un an et trois mois à cause d’une dépression. Elle vit avec 8 personnes, et ce n’est pas toujours facile; “il y a des vols”. Elle va passer l’après-midi à jouer à des jeux de société, elle participe à cette activité, organisée par l’HP, pour la première fois. Danielle a un peu le trac, mais est contente de pouvoir rencontrer d’autres personnes. Elle fait également des activités de poterie le mercredi et de cuisine le jeudi. Danielle aime bien Charleroi, car elle est née ici, même si elle est consciente qu’il y a beaucoup de pollution et que ce n’est “pas le pied” par rapport à d’autres pays. Pour

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Christian

Christian va au bout de la rue, mais veut bien monter dans le bus, on l’emporte, la longueur du trajet n’est pas un critère de sélection pour nous. Il est né à Arlon juste à la frontière Luxembourgeoise, mais vit à Charleroi depuis 17 ans. Il nous dit être musicien et compositeur, qu’il fait des concerts avec un grand groupe de Liége mais seulement à l’international, il y joue ses compositions et de la musique populaire belge. “on fait pas ici en Belgique, ni en France… euh.. il y a la Suisse, l’Autriche, l’Allemagne, la Corse, la Moldavie…” Il fait du synthétiseur, d’ailleurs il va chez un ami pour lui apprendre. Trajet express. “Marie : Est ce que je peux prendre une photo de vous? Christian : Ah non non moi j’aime pas ça ! Marie : Non ? d’accord bon bah tant pis. Christian : Au revoir, bonne route !” Christian s’engouffre dans le bar devant lequel on vient de le déposer.

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Lucie

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Depuis Monceau-sur-Sambre où elle vient de finir le travail, Lucie se rend à la gare de Charleroi en bus puis à Fleurus en train, où elle récupère sa voiture pour rejoindre sa maison à Wanfercée-Baulet. Elle fait ce trajet de plus d’une heure tous les jours depuis 10 ans. Mais ça ne la dérange pas, c’est devenu un quotidien pour elle. Depuis qu’elle a diminué son temps de travail, Lucie rentre même plus tôt chez elle. Lucie a une voiture mais elle préfère prendre le bus. En effet, quand elle part le matin pour prendre le train, elle sort plus tôt et évite les bouchons. Quand il y a des grèves néanmoins, elle se trouve obligée d’utiliser sa voiture, mais part très tôt. Selon elle, les transports en commun sont assez fréquentés. Lucie travaille depuis 11 ans dans une ASBL (association sans but lucratif). Une quarantaine de jeunes femmes en situation difficile - qui n’ont pas continué les études, ayant divorcé, ou qui ont été battues par leur mari - sont encadrées pas une vingtaine de formateur comme Lucie. Deux formations sont proposées : une en cuisine, une en nettoyage. Lucie adore son boulot. Avant, elle vendait du prêt-à-porter et de la maroquinerie. Le contact avec les gens, c’est son truc. “J’aime les autres, je leur procure le bien-être”. Elle est fier d’être le rayon de soleil de ses stagiaires. Lucie est Congolaise. Elle est née à Kinshasa. Ses parents l’ont envoyé ici avec ses deux frères pour étudier. Ils sont passés par

Bruxelles, mais n’aimaient pas trop, ils ont alors attéri du côté de Tamines (un peu au sud de Wanfercée-Baulet). Le frère de sa mère était médecin à l’hopital de Charleroi, et il fait de la politque maintenant, il est échevin (élu adjoint au bourgmestre). Ca fait 36 ans qu’elle vit à Wanfercée-Baulet. Elle retourne parfois au Congo, mais pas depuis 5 ans, ça commence à faire long. Elle a toujours de la famille là-bas : sa mère, ses frères et soeurs. Elle va essayer d’y aller cette année car elle a une dizaine de jours de vacances lors de la fermeture du centre. A Charleroi, il y a une association de Congolais auquel elle participe de temps en temps. Mais elle trouve que les femmes y “ont une mauvaise langue”. Nous lui demandons si elle connait peutêtre Marie-Jeanne, notre première rencontre, mais ça ne lui dit rien. En fait, il y a plusieurs ethnies au Congo, qui ne se cotoient pas forcément, même en Belgique. Lucie est Congolaise du Bas Zaïre. “On dit toujours : au Congo, on a 80 fois la Belgique”. Il y a donc plein de petites communautés Congolaise en Belgique qui ne parle pas la même langue. Lucie est aussi Belge, depuis qu’elle s’est mariée. Comme avant c’était le Congo-Belge, il n’y avait pas trop de problème. Lucie vit avec son mari, qui est pensionnaire maintenant (à la retraite), toutefois il continue à travailler à la coordinationsécurité de chantiers dans plusieurs villes

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de la région, “pour ne pas rester à ne rien faire”. Il est Portoricain-américain, sa mère est Italienne et son père Portoricain. Il est né en 1947, après la guerre.

Ca a changé car il y a eu beaucoup d’aggressions. Elle connait des gens qui ont été aggressés verbalement. “Ca fait dire que les gens sont racistes”. Mais Lucie n’a jamais été aggressée personnellement.

Lucie a 2 grands enfants, une fille de 33 ans et un fils de 27 ans. Elle a aussi 3 petits-fils. Sa fille habitait au Maroc avec son mari, lui aussi Congolais, et ses enfants. Il travaille pour HP, le fabricant d’ordinateurs américain. Mais ils ont décidé de revenir habiter en Belgique et ont maintenant acheté une maison dans la même rue que Lucie. “Comme ça on a des voisins vraiment sympas!”. A son retour du Maroc, elle a trouvé en 2 semaines un poste de directrice des achats dans un hopital à Ottignies, grace à son Master en finance et ses 10 ans d’expérience.

Selon Lucie, il y a une forme de raciste des belges envers les noirs, mais cela restera toujours. Même à son travail, parfois il a des problèmes entre les stagiaires. Toutefois, Lucie nous dit : “Je peux avoir la prétention que je suis la seule à ne pas me sentir exclue”. Notamment par rapport à ses copines. Toutes les semaines, Lucie est à Ville 2. Elle y fait ses courses, pour se balader, voir les nouveautés de la mode, se tenir au courant. Elle va également faire son marché le dimanche à Charleroi.

Ils ont été à l’école à Fleurus, jusqu’au secondaire, puis sa fille est allée à Mons et son fils à Bruxelles. Il vit toujours chez ses parents avec sa copine.

Lucie nous conseille de revenir d’ici 3 ans, car avec les travaux, “on est en train de faire quelque chose de magnifique.”

Lucie n’aime pas trop Bruxelles, car question voisinage, c’est pas ça. Elle habite dans un village où tout le monde se connait, tout le monde se rend service, un endroit convivial. Il y a 9000 habitants à Wanfercée-Baulet. Lucie a connu Charleroi comme “ville sympa, où on avait peur de rien”. Elle sortait à des heures pas possible pour aller au dancing. Maintenant, tout a changé, ce n’est plus aussi “sécurisant” qu’avant. On a peur de tout. A 18h-19h, il n’y a plus personne dans les rues. Tout le monde rentre chez soi.

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Christelle

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On est vers Wanferce quand on rencontre Christelle, 30 ans. On vient de déposer Lionel le jeune Carolo de 18 ans. Elle attend seule à l’arrêt et elle nous avoue plus tard que c’est parce que on est Français qu’elle a accepté notre proposition. Son compagnon Marc est français, son ex compagnon, Julien, également français, ainsi que la plupart de ces amis, rencontrés sur des jeux en ligne ou des forums. “ je fais confiance aux français” Son accent belge ne s’entend presque pas ; « j’ai vécu 1 an en France, dans les Ardennes Françaises. »

génétique. Elle perçoit alors des aides. Elle nous dit qu’il est très compliqué de trouver du travail à Charleroi et qu’elle attend que ces enfants soient un peu plus vieux pour déménager en France. Pour ce qui est des études, elle pense qu’ ils ont de tout, « même des promotions qui n’existent pas en France. » Ce sont des promotions sociales c’est à dire des structures qui proposent aux adultes de refaire des études qui leur donnent par la suite un droit au chômage et un diplôme « comme n’importe qui ». Clémentine lui demande si ça correspond à l’Article 60 dont Marie Jeanne faisait partie. « “Ca c’est encore autre chose mais ça en fait partie oui. L’article 60 c’est pour les personnes qui n’ont ni diplôme, ni qualifications et qui sont depuis très longtemps sans emploi ça leur permet de se réouvrir à l’emploi en fait. C’est fait par le CPAS. C’est une réinsertion par un pôle emploi. »

C’est aussi en jouant sur internet et plus exactement à Dofus,qu’elle a rencontré Marc son copain avec qui elle vit actuellement et avec qui elle vient d’avoir un bébé. Julien, est le père de Robin, 7ans et d’ Alicia 8 ans. C’est eux qu’on va chercher à l’école. En tant normal Christelle prend le bus pour les récupérer, elle part de chez elle à 14h30 pour être à la sortie de l ‘école à 15h20. Ils doivent ensuite attendre le bus de retour qui ne passe qu’à 16h19. Ils sont à la maison vers 17h. « Ca fait long » Mais elle est contente quand même ; ça lui permet de faire des choses, de voir des gens. Quand elle a eu Alicia elle est devenue acro aux jeux en ligne, elle ne faisait plus que ça et avait perdu tout contact avec l’extérieur.“Je jouais pour éviter d’être trop renfermée sur moi-même comme je supporte pas les gens ici, j’avais besoin d’amis comme tout le monde. Y’a une bonne mentalité d’entraide, on peut se faire de vrai amis”

On explique à Christelle la raison de notre venue, elle paraît très surprise. Elle ne comprend pas qu’on puisse s’intéresser à cette région et à ses habitants. Pour elle les Carolos sont égoïstes et racistes. »Du racisme, c’est à dire qu’ ici il y a beaucoup de personnalités marocaines, turques... et on va entendre des gens dire des choses comme ; les maisons sociales c’est que pour les arabes, qu’ils retournent dans leur pays, moi je supporte pas les turques, c’est de la sale race » Son mari, français a lui-même vécu des discrimination parce qu’il est Français. Victor étonné lui rappelle que c’était pourtant un bastion de la gauche socialiste, mais pour Christelle les Carolos sont « des faux-culs ». « “Oui oui enfin les gens vont essayer d’en faire

Christelle a du arrêter sa formation pour être aide-soignante à cause d’une maladie

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quelque choses de beau pour le tourisme, on va essayer de faire valoir des sourires, tout ce genre de choses mais quand on y habite on voit la réelle mentalité. Je suis raciste de mon propre pays » C’est cette ‘mentalité’ qu’elle critique et qui l’a décidé à mettre ces enfants dans l’école communale c’est à dire une école publique, « elle prend toutes les nationalités, toutes les religions, ils donnent même des cours de religion ». Arrivés vers l’école à Farciennes on traverse des logements de cité, ce sont des logements sociaux. « Ils sont très bien entretenus c’est vrai ». On lui demande si elle est, ellemême, admissible aux logements sociaux. « “Ba en fait ça marche par nombre de point handicap, problèmes d’argent etc et moi j’ai essayé mais après un an, ils ont dit non on en a pas et j’ai changé de commune, donc je dois refaire un dossier.” Il n’existe pas, d’après Christelle, de gestion fédérale des logements sociaux mais seulement communale. On arrive à l’école, on attend les enfants au portail, près du camion à glace. Robin et Alicia sortent en courant, ils n’ont pas l’air surpris de nous voir, bien contraire, on a le droit a une bise chacun. On ramène tout le monde à la maison avant de s’arrêter au bar du coin où nous allons jouer au billard bouchon avec Jean, Mike et les autres.

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Lindsay

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On rencontre Lindsay à un arrêt de bus situé vers Lodelinsart. L’endroit nous est familier. C’est ici qu’on a été cherché Suliman, le neveu de Katleen, à l’école maternelle, la veille. Lindsay transporte son chat Pixel en cage, elle revient du vétérinaire. Diagnostique: double éventration dû au ‘pokage’ par coup de pied, donné par l’un de ces voisins. “J’habite vraiment pas loin mais Pixel a peur le long de la route alors on prend le bus” Lindsay est femme de ménage, “rien de très glorieux” nous dit elle gênée. Charleroi pour elle ça ne signifie pas grand chose, ça ne lui plaît pas. C’est en fait le seul endroit où, 1 an plutôt, on lui a laissé louer un appartement. “Pour louer un appartement il faut un CDI ici” Cependant, c’est loin d’être le rêve. Il est en effet situé à côté du commissariat et d’après Lindsay “ les nuits sont très bruyantes à causes de sirènes”.

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Mehdi, Maxime et Soukina

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On a failli oublier, mais finalement non, on y va, en espérant qu’il ne soit pas trop tard. Lionel nous avez donné rendez vous sur les quais la veille, il nous a dit qu’il serait la avec ses potes. On a pas eu trop de mal a les trouver, allongés sur les transats flambants neufs de l’opération Phénix. Ils sont une petite dizaine, entre 17 et 20 ans, Lionel nous reconnait mais à l’air un peu étonné qu’on soit venus quand même. Il nous présente, « les jeunes qui m’ont ramené chez moi hier » et nous propose d’expliquer ce qu’on fait. Alors on explique, et on propose a trois d’entre eux de les ramener aussi, parce qu’ils habitent pas tout près et que les métro vont bientôt s’arrêter. Lionel doit partir, mais ils leur dit « Ca va, allez y, ils sont cool ». Medhi, Maxime et Soukyna, les trois copains de Lionel sont nos derniers passagers Carolo, ils se connaissent depuis quelques années, se sont rencontrés « en soirée, ou en festoch » Maxime, 21ans, avec la crête sur le crâne, parle fort et pas mal de sa consommation de drogues, qu’il a commencé à consommer à 13ans, « on se défonce souvent la gueule » et des flics qui font pas leur boulot, « ils savent rien faire ». Il joue les durs, pourtant quand on lui parle de plus tard, il nous explique qu’il veut être aide à domicile ; « aider les petits vieux, parce qu’ils sont sympas ». Son père est normand, de Caen, c’était un ancien ouvrier, mais il a eu un AVC, lui aussi du coup, comme la mère de Kathleen est à la Vierge Noir. (Le fonds de pension pour les personnes handicapées).

considère pas comme Carolo : « ah non ici c’est pas chez moi, heureusement, j’habite pas à Charleroi ». On lui dit que quand même, il n’habite pas si loin, « oui mais c’est quand même mieux le patelin juste a coté ». Medhi, 22ans, n’est pas très rassuré de nos questions à répétition. On a beau lui dire que les flics se déplacent rarement en mini-bus de location super U avec des canettes de Jupiler, il nous faut quand même 10 bonnes minutes à l’arrivée pour qu’il accepte qu’on le prenne en photo, il se méfie. En passant juste à côté, il nous raconte un peu l’histoire de l’avion bar/boite de nuit prés de ville 2, quand il était petit, « j’allais manger des glaces la bas, des grandes glaces, mais c’était il y a longtemps, il y a plus de 10ans, maintenant c’est vide ». Et Maxime en profite pour nous reparler de stupéfiants et nous dire que ça a fermé à cause d’un trafic de cocaïne. « il s’est fait full tunes mais a baisé full gens, donc il s’est fait baisé donc voilà, Charleroi…». Plus tard Medhi voudrait être soudeur sousmarin, pour pouvoir partir et voyager surtout, mais la formation coûte cher et il ne sait pas comment il va la payer. Soukyna, 20ans, est une des seules filles du groupe. On ne l’entend pas beaucoup dans le mini-bus, les garçons parlent fort. Elle aussi a « un peu galérait avec ses études », mais elle maintenant ça va mieux, elle voudrait être puéricultrice.

Il est Belge, plus que Français, mais ne se

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