Un parcours métaphysique Le cirque d’Estaubé
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Un parcours métaphysique Le cirque d’Estaubé
Clément Latieule & Jules Mousseigne Projet de Fin d’études Directeur d’études : Xavier Leibar Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de paysage de Bordeaux Juin 2016 3
Sommaire Structure
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Fondements et convictions
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Avant-propos
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Retraite et architecture Récit
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Ascension et temporalités Parcours
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Cairn 1 Le lac des Gloriettes
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Cairn 2 Le passage d’Estaubé
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Cairn 3 Le cirque d’Estaubé
Présence et climax
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Espaces
Vide et matière
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Maquettes
Remerciements
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Fondements et Convictions Avant-propos
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Les études en architecture nous ont permis de développer un regard sur le monde. Un regard différent qui nous pousse à créer ce récit, une vision spatiale, un point de vue personnel. Après cinq années d’études supérieures à l’école d’architecture, ce projet n’a d’autre ambition que de chercher à développer un imaginaire pour reconsidérer les domaines d’application de l’architecture. Face à la complexité de la réalité du monde, où l’on ne distingue plus de réelle école de pensée, nous explorons les limites d’un champ disciplinaire pour révéler des sensibilités qui nous sont propres dans l’intention de servir l’autre. Imaginer des moments, effleurer la jouissance de la vie, à travers une réinterprétation de l’espace public, comme phénomène architectural capable d’imaginer des moments augmentant les valeurs de la réalité. Installer dans un lieu oublié, une présence, pour célébrer la mise en danger comme édification de soi et établir une pensée critique. Pour cela, il convient de se consacrer sur les qualités fondamentales de l’espace vécu pour donner à vivre une expérience alliant un rapport puissant à la nature et à l’architecture. Le projet comme une expérience de vie, qui s’articule à travers un parcours séquencé dans l’approche du lieu et la déambulation intérieure d’un objet géopoétique. Une manifestation du paysage, interface entre la terre et l’Homme. Le choix de lieux remarquables ne résulte pas d’une considération fonctionnelle ou d’utilité qui serait causée par un manque de discernement, mais plutôt d’une sensibilité qui l’amène aussi à exiger le sublime. En se détachant d’un contenu purement fonctionnel, l’architecture quitte légèrement ici le domaine du conforme pour devenir narration d’un autre possible. Une utopie réalisable. Un lieu mystérieux entre l’intime et l’inaccessible, sans échelle, invoquant des vides contemplatifs.
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Retraite et architecture RĂŠcit
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Que fait l’individu qui ne trouve plus de sens dans cette société en perte de repères ?
Aujourd’hui, le modèle de l’aventurier des temps modernes révèle l’évolution du monde marchand, par un perfectionnement de l’aliénation dans tous les aspects de la vie, l’Homme n’est plus apte à contrôler son temps. L’incroyable accélération a réduit le temps à l’écran plat du présent, sur lequel se projette la simultanéité du monde. Perverti par un système, il est poussé à écraser la vérité, la réalité et la nature. Prisonnier d’une mécanique, l’homme lambda doit prendre conscience des lieux qu’il investit afin de pouvoir à terme revitaliser l’espace proche, se l’accaparer et le valoriser. L’égarement comme intensification de la vie. Il incarne une critique, il ne s’oppose pas, ni activiste ni ermite, il se met à l’écart dans un refus courtois. Il ne dénonce pas un mensonge, il cherche une vérité. Il se réinvente un langage, exprimé par un désir profond de revenir en deçà pour retrouver l’espoir, face à la perte de repères dans la société néocapitaliste. Finalement, il délaisse le monde de l’homme, en déposant subtilement les débris de sa civilisation, pour redonner corps et substance à sa relation au tout. Dans un isolement volontaire, l’action est individuelle, l’incidence sociale et générale étant reportée à plus tard. Dans la confusion contemporaine, l’Homme, telle une ligne élémentaire en mouvement, arpente le monde. Dans la nature, entre pérennité et solennité, il va se réfugier. Le silence devient alors un luxe immatériel. Demain il se négociera plus cher que l’or.
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Qu’on soit devant l’horizon de l’océan, l’immensité du désert, sur la crête d’une montagne, au sommet d’un immeuble, dans une rue étroite, au plus profond d’une cave ou devant un simple mur, nous passons au quotidien par divers sentiments, au travers de situations singulières vécues selon les sensibilités de chacun. Partir chercher, l’innommable inconscient refoulé d’une société à travers les sensations personnelles d’un lieu majestueux qui le dépasse. Une nature qui reprend toujours ses droits, garante de l’humilité et du temps. La mémoire spatiale de ce vécu à travers les sens, s’imprime alors comme une trace indélébile. Ni contraints ni imposés, les espaces imaginés s’emparent de nous par la poétique qui émane du lieu, offrant un fragment temporel de ce monde à destination de l’individu. Ils offrent un confort primaire, ou rien de matériel n’est offert au voyageur, si ce n’est le luxe de contempler la beauté et d’être. Des atmosphères spatiales comme conséquence de tout ce qui se passe autour, pour se muer en passeur de monde. L’Homme doué de sens, issu de la terre qu’il habite a toujours entretenu une relation mystique et physique avec la nature intemporelle qui l’entoure. Longtemps respectueux et en harmonie avec cette puissance naturelle incontrôlable, il s’écarte peu à peu de cette cohésion précise et précieuse avec l’environnement naturel qui l’entoure. Le sentiment d’être prédomine sur le sentiment d’avoir. Cet équilibre fragile, soumis à la pression d’une société poussant à consommer et posséder change considérablement la perception de nous-mêmes dans le monde, et la vision de celui-ci qui devient alors terrain de consommation et de domination. Le luxe prend des formes matérielles, l’illusion de masquer le vide en nous par
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la profusion d’objets devient habitude. L’idée de ne rien posséder fait peur, elle traduit un sentiment d’oubli. Alors les hommes deviennent des produits qui se consomment nonchalamment euxmêmes, qui s’accumulent, et usent la terre comme une source de loisir et d’économie afin d’assouvir les envies d’une société. En essayant de réfléchir autrement, ne pourrait-on pas disposer de tout ce qu’il faut, si l’on organise sa vie autour de l’idée de ne rien posséder? La possession ne comble jamais totalement, la satisfaction d’avoir détenu s’épuise et le désir de posséder autre chose naît. Cette recherche effrénée conduit à être inexorablement insatisfait. On cherche alors à tuer le temps en lui courant après constamment, multipliant les activités. La fuite du temps, douleur ressentie par l’homme ne supportant pas la sédentarité. Le mouvement l’apaise et le défilement de l’espace donne l’illusion du ralentissement du temps. Dans ce tumulte, le bruit est devenu notre quotidien qui par habitude rassure, offre une présence. Le silence fait peur, il nous laisse avec nos pensées. Le silence met mal à l’aise. En ville, les minutes, les heures, les années nous échappent. « Elles coulent de la plaie du temps blessé ». Or ce laps de temps qu’on appelle parcours offre un intervalle de plénitude. Dans un monde contemporain où l’immédiateté est religion, peu de personnes goûtent à la saveur du présent. Depuis quand n’avons-nous pas pris le temps de ne rien faire ? S’étonner par un simple rayon de lumière sur une table en bois dont l’odeur emplit chaleureusement la pièce. La contemplation, Action de ne rien faire ou apprendre à être étonné du quotidien. Alors l’étonnement porté par l’attention du détail, des nuances permet de posséder le temps, sans savoir qu’il est là couché à nos
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pieds. Les activités se réduisent mais la profondeur de chaque expérience augmente. Les conditions d’une telle pratique exigent la solitude et une réelle volonté de recherche de vérité. La solitude, état considéré comme négatif, relié à un manque social et à un réel sentiment d’abandon. Cette solitude vise une béatitude primaire, qui fait de l’Homme un poète habitant le monde. Critique vivante, l’individu désinvolte, loin des préoccupations oubliées des foules, part consacrer toutes ses forces à porter la représentation du monde. Nous voulons croire qu’une intervention architecturale ponctuelle pourrait agir sur les sentiments et la conscience morale d’un citoyen pour contribuer au changement. Afin de constituer un espace physique et mental où l’Homme puisse retrouver le sentiment primaire d’être dans le monde qui n’existe plus de nos jours. La tâche qui incombe à notre condition d’architecte est alors de décaler son regard afin d’éveiller l’individu. La conscience que nous ne sommes que quelques âmes nomades qui cherchent par tous les moyens à revivre les moments intenses de nos existences. L’espoir est alors permis.
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Ascension et temporalitĂŠs Parcours
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Quelque part dans le monde, cette quête initiatique de solitude peut commencer.
Lâché face au réel, soudain les montagnes nous apparaissent bien sévères. En rupture avec la marche quotidienne dictée par notre mode de vie sédentaire, on découvre des distances qui redeviennent entraves. Pris dans l’épaisseur pyrénéenne, la route habituelle plate et rassurante devient une simple ligne pliée aux humeurs de la montagne. Au son accoutumé du moteur, on abandonne la voiture au profit du lieu. Le pont de l’Arrayet, point de départ de ce cheminement vers les crêtes franco-espagnoles. Parcourir, c’est s’ouvrir le champ des possibles, où l’ascension lente à la mesure du pas, laisser filtrer des sensations émanant du sol. Le corps n’est pas insensible au contact du réel à la fois dur, éprouvant et confortable. Une intervention qui souligne une pratique pure de l’existence, en interaction constante avec le monde, pour en tirer une substance de savoir à réinterpréter. L’apparition d’un instant éphémère mais intense passe par la compréhension de l’effort à fournir. La lenteur de la marche amène chaque geste à être précis et rigoureux. Le regard des sens s’aiguise. Le parcours se vit comme un récit, où l’explorer nous rend attentif à son histoire. Il devient le prélude, aux rythmes doux ou austères qui nous prépare à la découverte. Sur le bitume maltraité par le climat hostile de l’hiver, la première partie du parcours conditionne l’esprit du marcheur. Le barrage du Lac des Gloriettes passe alors de repère visuel à première étape pour le randonneur hivernal. L’été, il se mue en simple point de départ.
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Le Lac des gloriettes, sublimé par l’ingéniosité de l’Homme dépasse sa force originelle. Il souligne un moment, ajoute une strate au paysage. Des traces humaines habitent et ponctuent la nature, abri du corps affaibli par l’effort. Ne pas s’installer. Toujours osciller de l’une à l’autre extrémité du spectre des sensations. Alors les pauses deviennent bonheur immatériel, des instants où l’on ne désire pas plus que ce que l’on éprouve. Le temps ne pèse plus, la pluie devient prétexte à s’abriter. Les sentiments s’apaisent dans un abri sommaire qui borde le lac. Un dolmen, dressé sur les rives du lac avec savoirfaire, maitrisé et sauvage. Marqueur en ce lieu privilégié, il oriente le regard vers le pic de Néouvielle qui entrouvre le passage vers le cirque. Saturée d’humidité et étincelante après un orage, sèche et constante, la lumière a ce pouvoir de métamorphoser un paysage. Notre perception se nuance, les reflets, les couleurs, et le relief prennent une autre odeur. La nature nous offre autant de situations que d’humeurs. Le présent commence à signifier quelque chose. Les montagnes apparaissent encore chaleureuses mais tout aussi exigeantes. Le ton sur lequel nous parlons à la nature et celui qu’elle emploie avec nous. Le parcours dévoile l’organisation de la nature où les arbres montent vers le sommet, et capitulent laissant le voyageur plus solitaire que jamais. L’effort s’intensifie, le sol s’incline sans effort, la volonté est testée. Le passage d’Estaubé nous invite à poursuivre cette ascension lente, à la mesure du pas, qui laisse filtrer les sensations au contact du sol. Equilibre entre la basse et la haute montagne, ces hauteurs marquent la fin du règne de l’Homme. Peu à peu l’échelle des choses se perd.
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Dans la brume épaisse qui annonce un changement soudain, la nature se drape d’un nouveau visage. L’atmosphère bascule lentement. Là où les habitations, les arbres, puis l’herbe s’épuisent au rythme des saisons, la roche stérile et minérale, écime le paysage inégalement répartis au gré de l’eau et du vent. Une porte émerge dans la montagne, comme un cairn laissé là par quelques pèlerins secoués par une météo capricieuse ou surpris par la nuit pour se protéger provisoirement. Là où les émergences pyrénéennes refusent de s’incliner devant un monde qui tend à l’uniformisation, le cirque d’Estaubé se dresse peu à peu, afin de devenir une véritable limite naturelle. La nature semble trouver une fin au pied de ce calme intimidant. Un paysage façonné sur trente millions années nous fait soudain face, le Cirque laisse appréhender son échelle. Les cimes, brèches et sommets nous regardent tour à tour dans cette arène silencieuse oubliée. Un prisme se manifeste, étincelant au bout de cet amphithéâtre naturel. Ici, l’homme n’est que trace éphémère dans le paysage. Dans un refuge centenaire, le berger s’abrite avant de retourner surveiller ses troupeaux. Le marcheur, lui, vient récupérer pour la nuit avant d’entamer la traversée vers les vallées espagnoles. Sur ce terrain, rythmé par les saisons l’individu retrouve une échappée de plus en plus rare. Alors on entame l’ascension du cirque. Un socle évidé, un terrier, abandonné là, pointe la séparation de chemins. D’un côté, la brèche de Tuquerouye. Dans un effort intense et régulier, l’horizon disparaît devant ce mur immense. On bascule alors difficilement vers le Mont perdu. Au sommet de la brèche attend un refuge. Finalement, on choisit de poursuivre la courbe du cirque pour débarquer au port de Pinède.
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Ici se joue le basculement vers le projet. Ces montagnes n’offrent rien qu’une profusion de sensations à éprouver sur-le-champ, à la seule appréciation des âmes détachées de toute ambition. Nous approchons le Port de Pinède. Passage transfrontalier accessible qui scinde l’horizon du cirque et permet une traversée rapide mais périlleuse. Sur ce terrain ingrat où les pierres glissent sous le pas, le corps épuisé cherche l’assurance nécessaire pour parvenir au sommet. Seule la pierre, le froid et le ciel semblent vouloir nous accompagner derrière le cirque. L’attitude change, les mouvements sont réduits au strict nécessaire. A découvert, nous sommes tributaires des humeurs du climat et des intempéries, qui confèrent au voyage une lumière intense et remarquable. Elle atteint une dimension sublime lorsqu’on aperçoit entre les mythes et les monts sacralisés cet objet résistant et fragile. Aux confins de ces sensations, converge un lieu, ni sommet, ni finalité en soi, il laisse ouverte la voie à la continuité. Alors, le paysage se fait architecture. En retrait du chemin, le prisme nous ramène à une échelle connue et ponctue cette porte historique. Un seuil entre France et Espagne qui appartient à l’ensemble de la chaîne pyrénéenne allant de la méditerranée jusqu’à l’atlantique. Un lieu de passage pour les espagnols qui fuyaient la dictature de Franco. Telle une modification de la surface de la terre, un phénomène géologique construit par l’homme, où le voyageur est invité à pénétrer. Climax du parcours, l’entrée questionne, le seuil est brutal, le serment avec la montagne entamé. Le lieu devient interface entre le pèlerin et la terre. En équilibre entre deux mondes, ce sanctuaire semble régner pour l’éternité. La pérennité et le calme monacal dont fait preuve cette architecture, font écho aux montagnes qui l’accueillent.
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Sa mission, hisser ponctuellement la conscience à un niveau supérieur, en permettant au pratiquant de se relier à son propre espace intérieur, lors d’une parenthèse ressourçant l’esprit et le corps. Cette présence archaïque prolonge le paysage, offre une permanence rugueuse et imparfaite. Vivre c’est continuer. L’objet n’est donc pas purement esthétique. Il est difficile pour l’homme d’aujourd’hui abreuvé d’images de lire cette complexité du vide, il faut la vivre. Cette infirmité est de l’ordre des incapacités à sentir le monde et surtout à le penser. Lieu de vérité, ce point de chute est une porte de sortie non un point de départ, un trou où la bête panse ses plaies, non le repaire où elle fourbit ses griffes. Ce lieu ne peut se trouver qu’en milieu à la fois familier, hostile et sincère. Indifférente aux Hommes, cette architecture ne juge pas, elle ensauvage les hommes et délie les âmes. Ce pouvoir tient du mystique. Le silence et la solitude sont roi. Venir Chercher, ici, l’innommable inconscient refoulé d’une société à travers ses sensations personnelles dans un lieu majestueux qui nous dépasse. Trouver la fin absolue désirable du monde. En sortant du cadre, de l’espace domestiqué par l’homme, observer le réel primitif de ce monde fini, pour récupérer l’insouciance qui habitait les premiers explorateurs solitaires.
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Plan situation 2481m
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PrĂŠsence et climax Espaces
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Architecture, accélérateur émotionnel par le vide.
Le lieu donne à vivre une pluralité de vides singuliers qui visent chacun par leurs qualités une transcendance de l’être. Ces espaces médiateurs manifestent la reconnaissance implicite d’un plan métaphysique. Des atmosphères spatiales comme conséquence de tout ce qui se passe autour, pour se muer en passeur de monde. L’homme redevient le sujet central de l’architecture. Cet artefact devient caisse de résonnance, humide, sèche, lumineuse, sombre, réconfortante parfois dangereuse, qui retranscrit les traceurs émotionnels de la montagne et son ascension. Le centre, abri du silence où les éléments pénètrent l’espace. Il offre un confort primaire, ou rien de matériel n’est offert au voyageur, si ce n’est le luxe de contempler la beauté et d’être. Il y a peut-être une forme de régression dans ce primitisme du lieu. Et s’il y avait du progrès dans cette régression ? Cette architecture patiente érigée comme une absence, ne sera plus touchée. Elle demeure avec toute la précarité qu’elle convoque. Ephémère comme tout dans ce monde, elle apparaît comme un possible salut temporaire à l’homme. Une trappe d’abord puis un escalier, nous emmènent dehors à la limite de l’espace habité, en surplomb sur la vallée espagnole. Le Mont Perdu éden sauvage dispense toute sa richesse dans une nudité totale, l’expérience de vie, instable et étrangère, dans cet espace silencieux et hostile façonné hors du temps. La traversée dans une paroi retranchée dans la roche laisse sentir l’écoulement des eaux glaciaires, sur la roche calcaire érodée.
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La solitude se transforme, elle devient amicale et rencontre celle de la nature. La nature vécue dans ses dimensions abstraites individuelles. L’eau file alors sous le sol et s’en va se déverser sur les deux versants du cirque. Au bout du pont, l’espace tourné vers le ciel, en domine le vide constitué, transforme notre perception du lieu. Les pensées du voyageur coupent l’éternel recommencement des heures. En haut, l’alpiniste averti profite de son instant, chacun peut trouver ici l’écho au dépassement de soi, lui, habile par la connaissance de cet environnement, il accède en toiture à un chemin de ronde pour vivre ce moment de solitude dangereux et intense. Emérite, il reste à l’écoute des variations climatiques. Il descend finalement, dans la paroi épaisse, partager un moment de convivialité avec les autres téméraires, tous réunis au bout d’une journée qui se termine autour d’un feu. Ce volume n’interdit rien, la vie s’invite alors dans ce bloc de béton coulé en œuvre. Echoués dans ces montagnes, les naufragés viennent découvrir les secrets du lieu conservé dans la structure de ce mégalithe intraitable. Le parcours s’anime de la présence. On oublie le froid, on oublie le dehors au profit du cocon stable et docile. On patiente paisiblement jusqu’au lever du jour. Les pensées se muent en rêves pour surprendre le temps. On partage les lieux en connivence entre le moi et ce que l’extérieur nous impose. Le lieu nous raconte l’énergie nécessaire à sa construction. La nature dicte le rythme de la construction, du printemps jusqu’au début de l’hiver elle autorise la mise en œuvre, étalonnant ainsi le temps de construction sur plusieurs saisons. L’architecture retrouve la cohérence de la géographie du lieu. Depuis l’éperon naturel, le béton parle d’effort, de compression. Par l’acte brut et ardu de couler le béton, ici, à plus de 2000m d’altitude, se révèle une souffrance, une lutte du matériau et des hommes face
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aux conditions climatiques. Aujourd’hui digéré dans la masse de cet acte construit primitif, où la technologie aussi joue son rôle, depuis la base de vie du chantier installé sur le plateau des Gloriettes, on limite les distances de transport et de coulage du béton. Par l’héliportage on économise les forces et rentabilise la chaîne de fabrication de ce matériau simple et digne. L’hiver la neige s’y engouffre, poussée par le vent, elle s’accumule. Ainsi à chaque printemps, on vient déneiger le volume intérieur, saler les espaces de déambulation ou encore rajouter du bois pour permettre une redécouverte du lieu pour les personnes désireuses de profiter de la saison intermédiaire pour entamer l’ascension. Cet entretien fait appel à la perpétuation d’un esprit de la montagne, garant du respect et de la transmission du lieu. Au matin, nous voyagerons en suspension entre le ciel et les abîmes, dans un royaume de formes abstraites, sans odeur, où le temps est l’écho d’un silence vieux de millions d’années. La Vallée de Piñeta, adossée aux crêtes frontalières, nous conte l’érosion glaciaire du massif.
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Vides et Matières Maquettes
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La maquette comme outil de représentation et de compréhension de notre démarche.
De l’échelle du territoire jusqu’à l’intimité du projet, elle offre un parcours, un regard attentif au déplacement de l’observateur pour découvrir le projet. Trois échelles qui témoignent d’une manière de penser et de faire, où chaque choix est une intention, un réel souci de coller parfaitement à notre propos de départ. Une architecture, ancrée dans le lieu comme une légère modification de la surface de la terre, un objet géopoétique qui entre en résonnance avec elle. Cette échappée temporaire à travers l’édification de 3 objets bascule dans une autre dimension, celle du réel. Ils prennent la forme de strates, qui s’accumulent, s’épaississent pour faire corps et raconter la densité de la montagne et de la roche. Ils se sculptent, se taillent, s’évident dans la masse afin de laisser entrer peu à peu la lumière révélatrice des espaces. La lumière nous apporte une autre sensibilité, au contact de la matière qui la capte ou la renvoie, elle nous plonge dans une autre réalité où elle devient matière vivante. Seule la maquette permet de transmettre cet état et laisse appréhender l’espace dans sa version la plus abstraite.
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Remerciements
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Nous tenons à remercier,
Nos camarades de diplôme ainsi que notre directeur d’étude pour les débats enrichissants et la critique continue durant le semestre. Michel Plagnet, pour ses connaissances et ses recommandations précieuses. Serge Agoston, Jean-Noël Laumont, Brice Courrège, le Fablab de Rodez, Quentin et Florian Armengaud, Hervé Casteyde ou encore l’entreprise Actilas-Actijet pour leur savoir-faire qui nous a permis de réaliser les éléments qui constituent ce projet. Enfin nos proches, qui oeuvrent continuellement à notre épanouissement.
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