La «ressource city» aux mille et un gisements.
Coline Colliat / Stéphanie Shamoun
Aberdeen : La « ressource city » aux mille et un gisements
Tome 1
ABERDEEN,
Architecture, Villes, Ressources Coline Colliat Stéphanie Shamoun
1
«Aberdeen est une ville où les navires peuvent accoster dans les rues du centre-ville. Où les dauphins urbains jouent à l’embouchure du port. Où les habitants font du paddle et surfent sur la plage de la ville ». VisitAberdeenshire: Aberdeen and Aberdeenshire Visitor Guide
ABERDEEN,
La «ressource city» aux mille et un gisements.
Architecture, Villes, Ressources Coline Colliat Stéphanie Shamoun
1
Pointe-Ã -Pitre
Coimbra
Medway
Murano Reggio Emilia
Rijeka Constanta
Thessalonique Cagliari
Patras Oran
SOMMAIRE
INTRODUCTION : Aberdeen, la ressource city qui évolue avec son temps
p. 3
I : Le granite, la matière première qui façonna, façonne et façonnera le paysage d’Aberdeen
p. 5
FICHE 1 : LE GRANITE L’ÂGE D’OR • Une roche acide qui donne naissance à une flore diverse • L’exploitation du granite comme vecteur de développement LA TRANSITION • La concurrence chinoise met à mal l’industrie du granite écossais ET APRÈS ? • Que deviennent les carrières après leur exploitation ? • Pourquoi réhabiliter une ancienne carrière ?
p. 6 p. 8 p. 14 p. 16
II : Le pétrole, une ressource à bout de souffle
p. 21
FICHE 2 : LE PÉTROLE L’ÂGE D’OR • La Mer du Nord, un des plus grands champs pétrolifère du monde • La figure de la plateforme LA TRANSITION • De l’âge d’or à la fin de l’ère pétrolière ET APRÈS ? • Démantèlement ou réhabilitation des plateformes ?
p. 22 p. 24 p. 32 p. 34
III : Les énergies renouvelables, vers une ville « bas-carbone » en 2050 FICHE 3 : LES ÉNERGIES RENOUVELABLES UN NOUVEAU DÉFI • Les énergies renouvelables : transition et relance socioéconomique ALTÉRATION OU CRÉATION ... • ... D’un nouveau paysage de l’énergie ? • Une ressource qui transforme à son tour la ville
p. 41 p. 42 p. 44
p. 48
CONCLUSION
p. 55
BIBLIOGRAPHIE
p. 57
TABLE DES ILLUSTRATIONS
p. 59
fig. 5 : Les ressources prĂŠsentes sur le territoire 2
INTRODUCTION Aberdeen, la «ressource city» qui évolue avec son temps
Aberdeen est la troisième ville de l’Écosse avec environ 250 000 habitants. Elle est située dans le nord-est de la Grande-Bretagne, au bord de la mer du Nord. Il s’agit de l’une des villes les plus riches du Royaume-Uni. De village de pêcheurs, à chasseurs de baleines, la ville est aussi le berceau des innovateurs de l’industrie textile et des exportateurs de granite. The Silver City, The Grey City, The Granite City ... Depuis le XIXe siècle et la naissance de l’industrie du granite, ces surnoms lui collent à la peau. En effet, de granite gris vêtue, la ville a su se forger une identité forte et unique qui fascine; tantôt austère tantôt lumineuse. Au XXe siècle, la ville continue son expansion et impose sa grandeur grâce à l’exploitation du pétrole offshore en mer du Nord. A cette période, Aberdeen est considérée comme la ville la plus heureuse d’Écosse. Le taux de chômage est au plus bas, les emplois sont nombreux, bien payés et hautement qualifiés dans l’industrie des énergies. Mais c’était sans compter la chute vertigineuse des cours du pétrole, qui entraîne la ville avec elle. Consciente de la fin imminente de sa ressource principale et des risques que peuvent engendrer une économie tournée vers une industrie unique, la ville souhaite à présent s’intégrer dans une démarche éco-responsable et respectueuse de son environnement en installant un parc éolien qui permettra d’alimenter la ville en énergie. Aberdeen est une des rares villes qui a su, exploiter les ressources telluriques disponibles sur son territoire et qui a su rebondir rapidement à chaque fois qu’une ressource est venue à se rarefier. Les exploitations successives du granite, du pétrole puis des énergies renouvelables nous racontent l’histoire et l’évolution de cette ville. C’est donc en analysant celles-ci que nous souhaitons comprendre comment elles ont contribué à créer, dessiner et façonner le paysage d’Aberdeen jusqu’à nos jours et comment elles sont suceptibles de continuer à modifier le territoire demain. 3
I
LE GRANITE,
La matière qui façonna, façonne et façonnera le paysage d’Aberdeen.
5
FICHE 1 : LE GRANITE Formation, composition : C’est il y a 450 millions d’années, lors de la période Silurienne que le granite naît. A cette époque, le continent Laurentina se heurte progressivement à Baltica, le niveau de la mer augmente à cause de la fonte des glaces de l’Ordovicien et des mouvements tectoniques créent des failles majeures dans le Royaume-Uni. A la suite de la collision de ces plaques tectoniques, de nombreux volcans entrent en éruption dans toute l’Écosse. Le granite est formé par le refroidissement lent d’énormes volumes de magma qui n’ont pas réussi à atteindre la surface de la Terre. Le liquide visqueux se refroidit à raison de quelques degrés par millions d’années. Grâce à cela les minéraux ont le temps de bien se développer pour donner sa structure grenue à la roche. C’est d’ailleurs de là qu’est tiré son nom, du latin granuum qui signifie grain. Il se forme à plusieurs kilomètres en dessous de la surface du sol et n’apparaît que des dizaines de millions d’années plus tard, lorsque l’érosion a détruit et emporté toutes les roches qui le recouvrent.
L’extraction des blocs de roche massive est un art que les carriers ont toujours cherché à perfectionner, à rendre plus simple et plus humainement acceptable. Aujourd’hui, on utilise principalement des explosifs ou une technique de sciage au câble diamanté.**
Les minéraux constitutifs du granite sont principalement le quartz, le mica*, le feldspath potassiques et le plagioclase.
Le découpage au câble diamanté : Cette technique consiste à passer le câble de sciage dans la masse granitique, préalablement percée pneumatiquement de 2 trous convergents.
Dans les Îles britanniques, cette roche massive est présente dans une variété de localités et a une grande variabilité en termes d’âge et d’origine géologiques. Elle présente une large gamme de couleurs et de textures. Chaque région abrite donc un ou plusieurs type de granite ayant des caractéristiques différentes, comme les granites gris argentés d’Aberdeen et Rubislaw, les rouges profonds de Ross of Mull et le rose saumon de Corrennie. Extraction : Depuis les années 50 le granite est extrait dans des endroits appelés «carrières». Les carrières sont des sites d’exploitation à ciel ouvert ou en cavités souterraines. Le choix du mode d’exploitation est souvent déterminé par la profondeur du gisement d’où est extrait la pierre de taille. Sa profondeur importante impose l’extraction en galeries souterraines, son affleurement du terrain, l’extraction à ciel ouvert.
Le découvert : Cette action consiste dans le décapage des terres non exploitables des terrains situés au-dessus des bancs de pierre à extraire. La terre végétale est sélectionnée, mise en stock pour être ensuite réutilisée lors des opérations de réaménagement de la carrière. Découpage hors du massif : Technique de la foration semi-automatique : Avec des fleurets pneumatiques on réalise des séries de trou de six mètres de profondeur environ, chaque trous étant à une distance de 17cm du précédent. Puis dans chaque trou on enfile un cordeau détonant qui donnera lieu à un «pétardage» du bloc du massif granitique.
Débitage. Permet le transport : Pour détailler les blocs déjà désolidarisés de la masse granitique on utilise toujours les explosifs; un peu moins puissants cette fois-ci. On perce des trous que l’on remplit d’eau et dans lesquels on met 100 grammes de poudre noire, on bouche le tout avec de la poussière de roche puis par explosion successive les blocs sont taillés. Façonnage à l’atelier : Cette étape permet de donner l’aspect et la forme finale à la pierre. Elle est sciée, soit à l’aide d’une scie à plusieurs lames pour une épaisseur de 2 à 10 cm, soit à l’aide d’une scie circulaire pour une épaisseur de plus de 10 cm. Pour les finitions on utilise la technique du flammage qui consiste à passer la pierre sous la flamme d’un chalumeau pour traiter sa surface ou le polissage où les pierres sont polies à l’aide de meules diamantées afin de leur donner un aspect miroir.
fig. 7 : Un dynamitage dans une carrière d’extraction
fig. 8: Les marques laissées sur la pierre après dynamitage
fig. 9 : Coupe géologique de la formation du granite
GRANITE OU GRANIT ? «Le terme « granite » est issu de la géologie. Il s’agit de la roche volcanique qui a une composition chimique et minéralogique très précise. Le mot « granit », quant à lui, vient de l’italien « granito », signifiant « grenu ». C’est un terme commercial qui reprend l’ensemble des roches dures, grenues et non poreuses, quelque soient leur nature minéralogique. Des granites, calcaires, grès, gneiss, brèches et conglomérats sont donc repris sous l’appellation générique de granit. Malgré leurs différences géologiques, tous les granits sont reconnaissables grâce à la présence de grains de cristaux.» Cedric, emotionpierres.com * Le mica: ce minéral scintille au contact du soleil ** Câble diamanté : Câble formé de torons d’acier tressés, sertis d’anneaux diamantés séparés par des spires métalliques ; utilisé pour découper des tranches dans des matériaux fragiles et très durs.
fig. 10 : Granite de la carrière de Corrennie
fig. 11 : Granite de la carrière de Kemnay
fig. 12 : Granite de la carrière de Rubislaw
fig. 13 : Parc des Cairngorms, Highlands, Ecosse
fig. 14 : Un aigle royal 8
L’AGE D’OR
UNE ROCHE ACIDE QUI DONNE NAISSANCE A UNE FLORE DIVERSE Sous l’effet de l’érosion, le granite est altéré et forme un « sable » appelé arène (du latin arena < sable). Cette arène granitique mêlée à l’humus forme un sol où les végétaux peuvent s’enraciner. Ce sol qui contient de la silice est acide, les végétaux qui s’y installent sont dits acidophiles.
des falaises en granite. Ce parc est une excellente illustration de la géodiversité au service de la biodiversité. Les schémas des communautés végétales reflètent l’interaction entre les sols, les reliefs, l’exposition, la neige et le climat.
Ce milieu possède une autre caractéristique importante : même si le granite est bien moins perméable que le calcaire, l’eau peut s’y infiltrer et surtout être stockée. Ceci explique le nombre important de réservoirs naturels d’eau caractéristiques des régions granitiques. Les formations végétales sur du granite sont diverses en raison de variations de paramètres du milieu : épaisseur du sol, humidité, ensoleillement…etc.
La présence de granite dans les sous-sols des Highlands d’Écosse permet le développement d’une flore qui lui est propre. Montagnes élevées, loch étincelants, forêts denses, glens profonds et prairies luxuriantes … autant de paysages créés et dessinés par cette roche dont on a tendance à oublier le rôle fondateur.
C’est notamment dans le parc national de Cairngorms* qu’il est possible d’admirer un exemple d’une riche flore se développant sur des sols granitiques. Le parc constitue l’un des nombreux sites représentant l’environnement naturel type du nord-est de l’Écosse. «Ces Highlands d’Écosse sont une sorte de monde sauvage, rempli de rochers, de cavernes, de bois, de lacs, de rivières, de montagnes si élevées que les ailes du diable lui-même seraient fatiguées s’il voulait voler jusqu’en haut». Sir Walter Scott, dicocitations.lemonde.fr Le parc des Cairngorms est la troisième plus grande étendue de formation de genévriers au Royaume-Uni et qui présente la particularité de pousser sur un sol granitique. Le parc abrite aussi les plus vastes étendues de prairies siliceuses alpines et boréales du RoyaumeUni développées sur des sols granitiques. Tout le spectre du type de flore poussant sur un sol acide est représenté. Les éboulis de siliceux tels que le granite donnent eux aussi naissance à une flore très diverse. La chaîne de montagne est bien connue pour ses falaises siliceuses de haute altitude. Les crevasses sont très fréquentes sur les roches granitiques acides et abritent certaines espèces animales rares telles que l’aigle royale. Cet impressionnant prédateur du ciel et oiseau emblématique de l’Écosse se niche dans les stries
*Les Cairngorms sont une chaîne de montagnes située dans les Highlands d’Écosse. Cette chaîne de montagne a donné son nom au parc national de Cairngorms. 9
fig. 15 : Un carrier 10
L’EXPLOITATION DU GRANITE COMME VECTEUR DE DÉVELOPPEMENT Le granite dans la ville L’industrie du granite à Aberdeen est née au XVIIIe siècle mais c’est au cours du XIXème siècle que l’industrie s’est développée. C’est à cette période que la région est devenue un producteur de granite de renommée mondiale. L’industrie revêtait une importance capitale pour l’économie locale. La ressource locale et les compétences étaient si nombreuses que c’est avec ce matériau que la quasi totalité de la ville a été construite. D’où son nom de «Granite city». Ce matériau est l’âme de la ville et en fait la fierté de ses habitants. Il a servi dans un premier temps à construire des maisons, églises et édifices pour la ville d’Aberdeen. Grâce à la grande technique des artisans aberdonniens, certains de ses édifices sont même devenus connus dans le monde entier. En 1890, Le Marischal College voit le jour. Avec ses façades gothiques en granite, il est rapidement devenu un emblème de la ville. C’est le plus grand bâtiment en granite d’Aberdeen et c’est également le second édifice le plus imposant du monde construit dans ce matériau. Avec ces 120 mètres de long et ses 25 mètres de haut, son échelle, sa qualité de conception et son travail distingué, il est considéré comme le fruit de 200 ans d’expérience dans le travail du granite. La pierre qui a été utilisée pour sa construction provient de l’ancienne carrière de Rubislaw, proche du centre-ville. Le granite d’Aberdeen à l’échelle du Royaume-Uni Réputé pour sa résistance et pour son large choix de couleur et de texture, le granite de la région de l’Aberdeenshire est rapidement exporté vers les principaux centre urbains du Royaume-Uni pour la construction de ponts, de quais, de phare, etc. Pour cela, un système de canaux et voies ferrées relativement sophistiqué permettait d’acheminer les matériaux provenant de carrières plus à l’intérieur des terres, jusqu’à la côte.
Les carrières qui fournissaient les autres villes du Royaume-Uni étaient en majorité celles de Peterhead et de Kemnay, toutes deux situées dans d’Aberdeen. Peterhead fournissait l’un des granites les plus importants de l’Aberdeenshire. On y exploitait deux variétés de granite, les Peterhead rouge et bleu. La variété rouge était mieux connue et utilisée pour la construction ornementale et les œuvres monumentales, notamment pour Londres, Cambridge* et Liverpool**. La Peterhead bleue était utilisée pour la construction décorative et les travaux d’ornement, comme par exemple la base des fontaines de Trafalgar Square et du mausolée Prince Albert à Londres. La carrière de Kemnay, quand à elle, produisait, de la pierre de construction, des pavés et bordures, et on conservait le meilleur du matériau pour les œuvres monumentales polies. C’est un granite gris clair muscovite-biotite. C’est notamment avec ce granite qu’ont été construits, le monument commémoratif de la reine Victoria à Londres, le pont ferroviaire du Forth et, plus récemment, le revêtement du nouveau Parlement écossais. Avec cette demande britannique et étrangère en constante croissance, l’industrie du granite a aussi permis de créer de l’emploi et des qualifications dans le secteur. La ville a employé jusqu’à 1 500 personnes pour créer des vases, des tables, des cheminées, des fontaines, des monuments, des colonnes, etc. «There are many cities built from granite ...Thanks to Rubislaw, there is only one GRANITE CITY» rubislawquarry.co.uk
En 1764 la pierre est envoyée à Londres pour y paver les rues. Quelques décennies plus tard, en 1795, ce sont des gros blocs qui sont envoyés pour la construction des docks de Portsmouth. Notons que la carrière de Rubislaw servait exclusivement à alimenter Aberdeen en granite.
* Les piliers de la chapelle du St John’s College ** Les piliers de St George’s Hall 11
fig. 16 : Union street, Aberdeen
fig. 17 : Le Marischal College
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fig. 18 : Vue sur la ville dâ&#x20AC;&#x2122;Aberdeen
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fig. 20 : Le granite produit en Chine
fig. 21 : Le Marischal Square regeneration project 14
LA TRANSITION
LA CONCURRENCE CHINOISE MET À MAL L’INDUSTRIE DU GRANITE ÉCOSSAIS En 2015, la ville a pour projet de construire un grand complexe sur le Marischal Square, en face du fameux Marischal College. Ce projet comprend un hôtel de dix étages, des bureaux et des espaces commerciaux. Comme le veut la tradition, il sera construit en granite. Il en faudra pas moins de 180 tonnes pour construire cet édifice.
celles de Corrennie, Craigenlow et Stirlinghill qui se trouvent dans la région de l’Aberdeenshire produisent toujours du granite. C’est cela qui met en colère les aberdonniens. Et même si toutes les carrières étaient fermés, les promoteurs auraient pu envisager d’utiliser du granit dans ces anciennes carrière ou même d’utiliser du granite provenant de bâtiments démolis.
Pourtant il ne semble pas que ce projet soit au goût de tous, et pour cause; selon certains locaux cette construction pourrait devenir une source de pollution visuelle. De plus, le Marischal Square Project est colossal et les coûts de sa construction le sont tout autant.
«Cela aurait peut-être coûté un peu plus cher, mais cela aurait été beaucoup plus conforme à notre patrimoine.»
«Mondialisation des échanges oblige, la Chine est devenue en quelques années le premier producteur de granit mondial.» Pierre Henri Allain, Libération. «Dans la région de Xiamen, au nord-est de Hongkong, il y a des centaines de carrières et des milliers d’ateliers, qui emploieraient environ 1 million de salariés.»
Ranald Rennie, fournisseur de granite local. En concurrence directe avec les industries chinoises, la ville peine à se défendre. L’une des conséquences directes de cette concurrence étrangère est évidement la fermeture de carrières. Se pose alors la question du devenir de ses espaces lorsqu’ils seront fermés. Seront-ils bientôt tous déserts ?
Claude Gargi. Depuis peu, la Chine est en effet entrée sur le marché du granite. Et comme souvent, elle offre à ses clients des prix défiant toute concurrence Malgré la colère et le mécontentement de ses citoyens, la ville décide donc d’importer le granite de Chine. «Importer du granit bon marché pour un bâtiment situé en face de Marischal Square est un sacrilège.» Bill Skidmore, militant du groupe Reject Marischal Square. Alex Johnstone, député conservateur du NordEst de l’Écosse, a lui déclaré: «Compte tenu de l’histoire de la ville, construire avec du granit chinois est une catastrophe culturelle. Aberdeen repose sur une tradition du granit. Cela représente une erreur de jugement complète de la part de ceux qui sont à l’origine de ce développement.» La carrière de Rubislaw a été fermée en 1971, mais 15
fig. 22 : La carrière de Rubislaw durant son exploitation
fig. 23 : La carrière de Rubislaw après son exploitation 16
ET APRES ?
QUE DEVIENNENT LES CARRIÈRES APRÈS LEUR EXPLOITATION ? L’EXEMPLE DE LA CARRIERRE DE RUBISLAW Rubislaw durant son exploitation : La carrière de Rubislaw est une exploitation dite «en fosse». Dans ce type d’extraction on entame le gisement depuis le plateau en formant une excavation de plus en plus profonde et large à l’ouverture. Les profondeurs sont de l’ordre de quelques dizaines à une centaine de mètres. Cette carrière est un réel symbole pour Aberdeen. En effet, depuis son ouverture, en 1740, elle a fourni tout le granite nécessaire à la construction de la ville. Avec ses 142m de profondeur et ses 120m de diamètre, elle est aussi très connue pour être le trou artificiel le plus profond au monde. Pendant la première moitié du XXe siècle, le commerce du granite est ralenti par les importations étrangères. Certaines carrières rencontrent donc des difficultés pour poursuivre l’exploitation. Grâce à l’excellente qualité de sa pierre, la carrière de Rubislaw continue elle, à prospérer à l’entre deux guerres. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, la carrière devint de plus en plus difficile à exploiter et est finalement rachetée par l’entreprise de John Fyfe en 1967. En 1970 l’exploitation ferme définitivement et le 15 février 1994, Rubislaw Granite Company Ltd est dissoute. Rubislaw après son exploitation : Environ 60 ans séparent la photo du haut et celle du bas et le avant/après est assez impressionnant. Après la fermeture de la carrière, la ville a continué son expansion et ce jusqu’aux abord de la carrière. L’image d’une ancienne carrière entourée de logements et de commerces est assez rare puisqu’elles se trouvent généralement loin des centres villes. Pour Rubislaw c’est différent car elle se trouve non loin du centre, sur la colline de Rubislaw, à l’ouest d’Aberdeen. Le visage de la carrière a en effet bien changé, a commencer par l’impressionnante quantité d’eau qui remplit aujourd’hui le trou auparavant béant. En effet un phénomène courant dans les carrières en fosse est leur remplissage par les eaux superficielles et souterraines. De plus, l’urbanisation s’est
largement densifiée autour d’elle mais d’une manière surprenante. En regardant rapidement la photo aérienne on imagine les logements au bord du lac artificiel avec une vue imprenable sur l’ancienne carrière. Pourtant on se rend compte qu’aucun des édifices n’est en lien direct avec elle. Elle est en sommeil dans une zone urbaine, cachée par des parkings d’entreprises et par quelques propriétés luxueuses. Les promoteurs se sont bien rendus compte du potentiel encore inexploité qui existe avec l’ancienne carrière. En 2018 plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs exposé leur projet. • L’agence Carttera propose près de 300 appartements et une promenade publique au bord de l’eau. Cependant, des membres du comité de gestion du développement de la planification du conseil municipal d’Aberdeen ont rejeté les plans. Selon eux, une construction d’une telle ampleur constituerait une réelle polution visuelle dans la ville d’Aberdeen. • A peu près au même moment, l’architecte George W. Simpson imagine recycler une plateforme pétrolière, l’immerger dans le lac et la transformer en une attraction pour les visiteurs, composée d’un musée, de restaurants sousmarins et de balades en plongée. «Le site et la forme de la structure pourraient fournir des fonctionnalités très intéressantes, notamment un éclairage sous-marin pour montrer toute la carrière, une plate-forme d’observation sous-marine avec des bars et restaurants accessibles depuis les pontons, des démonstrations sousmarines des opérations menées en mer du Nord dans un environnement contrôlé, et peut-être une cloche de plongée. [...] Nous avons ici un atout vraiment unique, et si nous pouvions combiner l’histoire du granit à Aberdeen et son histoire plus moderne du pétrole et du gaz, nous pourrions créer quelque chose de vraiment spécial qui pourrait attirer énormément de touristes, notamment avec les paquebots de croisière que nous espérons attirer à l’avenir». L’architecte George W.Simpson. 17
fig. 24 : La proposition de logements et espaces publique de l’agence Carttera pour la carrière Rubislaw
fig. 25 : Recyclage d’une plateforme pétrolière par l’architecte George W.Simpson pour la carrière Rubislaw
fig. 26 : Projet de centre patrimonial par Les architectes Halliday Fraser Munro pour la carrière Rubislaw 18
• Les architectes Halliday Fraser Munro souhaitent eux construire un centre patrimonial surplombant le site. La façade serait faite en granite récupéré de Rubislaw imitant de manière abstraite une paroi rocheuse de la carrière. La façade donnant sur Queen’s street serait aveugle, l’arrière optimisera l’utilisation du verre pour offrir autant de vues que possible sur le magnifique paysage de la carrière. POURQUOI RÉHABILITER UNE ANCIENNE CARRIÈRE ?
idéal pour des promenades paisibles. La pierre et la falaise renvoient à un imaginaire particulier qui entraine facilement le visiteur dans une rêverie. La nature offre d’improbables rencontres avec la vie sauvage et ce spectacle générateur d’émotions offre au visiteur les moyens de cette rêverie. Si les sites d’anciennes carrière rassemblent autant d’atouts ce n’est pas étonnant que l’on voit une prolifération de projets s’y développer. Alors on peut imaginer que d’ici quelques années, avec la fin des exploitations des carrières, le paysage proche d’Aberdeen change. On verra sans doute une multitude des programmes innovants s’installer et transformer le territoire.
Les projets urbains, d’aménagements paysagers et d’architectures se multiplient dans le monde entier sur les sites d’anciennes carrières laissées à l’abandon. Pour causes, ce sont de vrai mines d’or, tant pour l’aspect écologique, patrimonial que social. Dans une exploitation en carrière, la mise à nu de la pierre est vécue comme un acte de destruction en matière d’écologie. Pourtant ce mal ouvre la porte à un potentiel écologique plus grand. En effet on voit apparaître une biodiversité qui n’existait pas initialement. Les carrières peu fréquentées voient une faune et une flore s’installer spontanément, soit parce que l’absence de dérangement convient aux espèces, soit parce qu’elles recherchent des biotopes remarquables. La carrière abandonnée devient un lieu original, idéal pour certaines espèces pionnières ou espèces vivants dans les éboulis, falaises et milieux rocheux ou inondés. Les carrières peuvent être considérées comme un patrimoine archéologique industriel. L’archéologie industrielle étudie des vestiges matériels d’une industrie passée. Elle se sert des méthodes interdisciplinaires les mieux appropriées pour accroître la compréhension du passé et du présent industriel. Les carrières sont le témoin de l’histoire des villes et leur redonner de l’intérêt c’est aussi se rapprocher de cette histoire qui est celle de l’humanité. En plus de cela, les carrières sont des lieux paradoxaux qui stimulent notre imaginaire. Autant elles sont l’œuvre de l’activité humaine, autant elles paraissent être le fruit de la nature. A la manière des jardins ce sont des reliefs sculptés en valons, déblais et remblais, parfois animés de cours d’eau. Ces enclaves aux proportions gigantesques, offrent de saisissants panoramas. Le spectacle d’anciennes carrières devient un lieu 19
II
LE PÉTROLE,
Une ressource en voie d’épuisement.
Le port
21
FICHE 2 : LE PETROLE Formation, composition : Le pétrole est un combustible fossile dont la formation date d’environ 20 à 350 millions d’années. C’est une roche liquide d’origine naturelle, une huile minérale faite d’une multitude de composés organiques, essentiellement des hydrocarbures. La transformation de la matière organique en pétrole s’échelonne sur des dizaines de millions d’années.
moins réfléchies et remontent plus ou moins vite en surface. Ces échos sont alors captés par des micros ultrasensibles. Un traitement informatique permet de restituer une image de synthèse en trois dimensions distinguant la forme des différentes couches géologiques mais aussi la nature des roches, leur porosité, voire les fluides qu’elles contiennent.
«Sa formation est le fruit de la transformation lente de matière organique, souvent végétale, qui se dépose sur le fond des océans et qui, sous l’effet de la pression des autres couches qui s’accumulent et d’une augmentation de température, se transforme peu à peu en kérogène, puis en pétrole. Le pétrole se faufile […] entre les roches au milieu desquelles il a été formé et remonte vers la surface de la terre. Mais en chemin, il est piégé par des roches non perméables appelées « roches réservoirs ». Ce sont ces sites que les compagnies pétrolières traquent afin d’effectuer des forages pour in fine, exploiter le pétrole ». Futura Sciences
Lorsqu’un gisement est détecté, les ingénieurs font appel à une plateforme flottante. Généralement équipée d’un derrick** et d’un trépan***, elle est utilisée pour effectuer le forage du plancher marin. Elle permet de vérifier s’il y a suffisamment d’hydrocarbures dans le réservoir pour entamer son exploitation. Pour contrôler la pression, on injecte dans le forage par le derrick une «boue» dense qui permet également de remonter les déblais en surface et de refroidir le trépan. Au bout de plusieurs semaines, des vannes sont adaptées en tête de puits et la plateforme flottante est remorquée par des navires sur un autre site. Si le gisement est estimé rentable, une plateforme de production ou d’exploitation est construite à terre et est remorquée sur le site en mer.
L’exploitation de cette source d’énergie fossile* et d’hydrocarbures est l’un des piliers de l’économie industrielle contemporaine, car le pétrole fournit la quasi-totalité des carburants liquides (fioul, gazole, kérosène, essence, GPL). Avec 31,9 % de l’énergie primaire consommée en 2016, le pétrole est la source d’énergie la plus utilisée dans le monde devant le charbon et le gaz naturel. Pourtant sa part a fortement reculé. Elle atteignait 46,2 % en 1973. Extraction : Dans le cadre de cet exercice nous nous intéressons uniquement à l’exploitation du pétrole offshore car c’est celui qui est présent au Royaume-Uni. Le processus visant à exploiter les gisements d’hydrocarbures comporte plusieurs étapes successives.
La phase d’exploration :
La phase d’exploitation: Les tubes ou flexibles permettant aux hydrocarbures de remonter, sont raccordés aux forages. Une série de vannes et de manomètres permet ensuite d’affiner plus précisément les débits souhaités. Après plusieurs années d’exploitation, la pression commence à diminuer dans le puits. On introduit alors un autre liquide sous pression dans un puits périphérique. Ce liquide, souvent de l’eau, a pour rôle de pousser les hydrocarbures restants vers le haut et ainsi de permettre de terminer l’exploitation.» connaissancedesenergies.org
«La recherche sismique de gisements : Un navire sismique tire derrière lui une série de canons à air. Ceux-ci déchargent brusquement de l’air comprimé à haute pression dans le milieu marin en vue de provoquer une onde sismique se propageant jusque dans le sous-sol marin. En fonction du type de roches rencontrées, ces ondes sont plus ou
* L’énergie fossile désigne l’énergie que l’on produit à partir de roches issues de la fossilisation des êtres vivants : pétrole, gaz naturel et houille. Elles sont présentes en quantité limitée et non renouvelable, leur combustion entraîne des gaz à effet de serre. **Derick : tour soutenant le dispositif de forage d’un puits d’hydrocarbures ***Trépan : outil de forage en forme de cône permettant de casser les roches
fig. 29 : Carte des secteurs de la mer du nord des pays qui la bordent
24
L’AGE D’OR
LA MER DU NORD : UN DES PLUS GRANDS CHAMPS PÉTROLIFÈRE DU MONDE La découverte du pétrole en mer du nord L’extraction du pétrole en mer du Nord remonte à une époque ancienne, mais c’est seulement à partir du XIXe siècle que son importance commerciale et industrielle croît. Au XXe siècle, l’industrie connaît un réel essor économique puis une succession de crises. L’intérêt des compagnies pétrolières pour la mer du Nord a débuté avec la découverte*, en 1959, du plus grand champ de gaz jamais trouvé en Europe, et l’un des plus grands du monde. Avant cette date, les modestes gisements de pétrole et de gaz découverts n’incitent peu les compagnies pétrolières à s’aventurer sur la mer du Nord, hostile et connue pour ses tempêtes. Celle ci est divisée en cinq secteurs biens distincts qui appartiennent respectivement aux pays qui la bordent : Royaume-Uni, Norvège, Danemark, Pays Bas et Allemagne. Les zones britannique et norvégienne concentrent à elles seules 90% des réserves pétrolières et gazières de la région. La prospection offshore, qui se développe dans les années 1960, enregistre ses premiers succès réels au sud-est du Royaume-Uni. Deux champs gaziers de taille moyenne, dénommés West Sole et Viking South, y sont ainsi découverts en 1965 et mis en production, respectivement, en 1967 et 1973. La mer du Nord, avec plus de 450 plateformes pétrolières, est la plus importante région du monde pour le forage offshore. L’arrivée du pétrole à Aberdeen, une aubaine
impressionnant** que la ville a pu accueillir une activée pétrolière d’une telle ampleur. Sur ses eaux peuvent se croiser un modeste bateau de pêche et un immense porte-conteneurs. Son port permet le ravitaillement des plateformes pétrolières en mer du Nord et son aéroport sert aux liaisons d’hélicoptères de l’Écosse vers les plateformes d’extraction du pétrole. Depuis cette période, Aberdeen est devenue le « hub » de toute l’activité pétrolière qui s’est développée au large de l’Écosse. Cette aubaine venue de la mer a permis à la ville de devenir très riche en peu de temps. En effet, l’exploitation de l’or noir a rapidement attiré un grand nombre de compagnies pétrolières qui se sont installées en ville. Aujourd’hui, à Aberdeen, le pétrole et ses dérivé concernent une grande partie de la population. Près de 50 000 personnes travaillent dans le secteur. Cela représente un quart de la population. L’université est un pôle mondial d’excellence sur ces sujets et les entreprises exportent leur savoir-faire dans le monde entier. Aberdeen est considérée comme la capitale européenne du pétrole. « Le pétrole de la mer du Nord est devenu le sang qui a gorgé les veines et les artères de la ville ». Le blog d’Alainn Tours.
Dans les années 70, c’est à Aberdeen que débarquent les chercheurs d’or noir. De par sa position géographique intéressante, la ville est une véritable porte d’entrée vers la mer du Nord pour tout le Royaume-Uni. Avant l’arrivée du pétrole, le port d’Aberdeen fondait la majeure partie de son économie sur la pêche, le commerce maritime et le transport de passagers. Dans chacun de ces domaines, Aberdeen est la première ville du nord de l’Écosse. Ces activités ont permis à la ville de se développer et de s’enrichir. C’est notamment grâce à la taille de son port particulièrement
* Dans la zone côtière de Groningue aux Pays-Bas, ** Ses quais commerciaux mesurent à eux seuls plus de six kilomètres 25
fig. 30 : Le patchwork ĂŠtonnant de la ville entre silos, pĂŠtroliers et architecture traditionnelle et moderne en granite 26
Les conséquences de l’industrie pétrolière sur le paysage « En arrivant à Aberdeen, capitale européenne du pétrole et du gaz, on cherche les grands immeubles de verre abritant les bureaux des multinationales de l’énergie. Mais non, les maisons de granit gris et les petits jardins de ville plus ou moins bien entretenus bordent les rues de la tranquille ville écossaise. C’est en se dirigeant vers le port, collé au centre-ville, que l’on est pris par l’odeur de carburant qui flotte dans l’air. Puis les tourelles d’acier des navires apparaissent. Les grands bâtiments font des allers-retours vers le large pour ravitailler les plateformes pétrolières offshore. Au-delà des hangars, s’alignent les citernes d’hydrocarbures. » Marie Astier. Cette nouvelle industrie crée de nouvelles figures architecturales emblématiques dans le paysage urbain et maritime. Dans le port d’Aberdeen, les immenses pétroliers et les silos cohabitent avec les clochers gothiques de granite de la fin du XIXe siècle. Depuis la plage, on peut apercevoir les imposantes plateformes offshore hissées sur leurs colonnes de béton et admirer le ballet aquatique des pétroliers faisant des allers-retours entre ces plateformes et le port. Ce spectacle est le quotidien des Aberdonniens. Les silos, les plateformes offshore et les navires pétroliers sont les figures remarquables représentatives de cette industrie. Chacune de ces architectures remarquables joue un rôle important au quotidien dans la ville. Pourtant, nous connaissons peu leur fonctionnement et leur secrets. La figure qui nous interroge plus particulièrement est celle de la plateforme offshore. Ses dimensions titanesques et sa technicité en font un objet venu d’ailleurs qui intrigue.
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fig. 32 : Une plateforme pétrolière offshore
* Définition de : connaissancedesenergies.org **Assemblage de tubes métalliques formant une triangulation 30
LA FIGURE DE LA PLATEFORME «Une plateforme pétrolière est une unité permettant d’extraire, produire ou stocker le pétrole et/ou le gaz situés en haute mer à des profondeurs parfois très importantes. Elle supporte principalement les dispositifs nécessaires pour la phase de forage ou d’extraction du pétrole. Elle peut également inclure des équipements destinés à assurer un hébergement du personnel d’exploitation.»*
• La « structure porteuse » : en treillis tubulaire métallique**, en colonnes de béton ou encore sous la forme de barge flottante, elle sert à maintenir la partie utile audessus de l’eau.
L’architecture complexe des plateformes pétrolières
Le derrick est le point culminant d’une plateforme de forage. Cette tour métallique, dans la phase de forage, soutient une très longue tige au bout de laquelle se trouve une mèche de forage, le trépan. Cette tige est rallongée au fur et à mesure que le trépan broie les différentes couches de roche du soussol pour atteindre le gisement de pétrole. Les tiges peuvent descendre jusqu’à des profondeurs de 3 ou 4 kilomètres pour atteindre des réservoirs de quelques mètres d’épaisseur seulement. La précision de l’impact est donc exceptionnelle. Lorsqu’il est nécessaire de creuser un autre puits pour récupérer ou injecter des fluides, le derrick est déplacé sur la plateforme et un nouveau forage est entrepris.
Lorsque les forages de reconnaissance confirment la présence d’un gisement, la conception de la plateforme peut alors commencer. Dans un premier temps, l’assemblage est réalisé sur la terre ferme puis la structure est transportée sur de grandes barges jusqu’au site en mer. Lors de la conception et du dimensionnement d’une plateforme pétrolière offshore il faut envisager toutes les étapes de la vie de celle ci et en déduire les sollicitation qui en découlent, ainsi que leurs combinaisons les plus défavorables. L’ouvrage doit résister à des conditions spécifiques liées au milieu marins telles que les marées, les tempêtes, la houle, les courants, le vent, la corrosion et les risques sismiques. Actuellement, il n’existe pas de plateforme capable de résister à une tempête hors norme. Les maîtres d’ouvrage acceptent de prendre le risque de voir la structure endommagée ou même détruite par des conditions de charge exceptionnelles. Il s’agit donc d’établir un bilan économique en comparant la probabilité de destruction avec une dépense supplémentaire d’investissement. On détermine la probabilité de rencontre d’un événement défavorable pendant la vie de la structure. «Des milliers de tonnes de matériaux sont nécessaires, par exemple, 245 000 m³ de béton et 100 000 tonnes d’acier passif ont été nécessaires à la construction de la plateforme «Troll A » en Norvège (plus grande plateforme que l’homme ait jamais déplacée). La construction d’une plateforme nécessite 2 à 3 ans de travail pour des milliers d’ouvriers.» Fonctionnement Une plateforme pétrolière se compose de 2 parties: • Les « topsides » : constitués de modules préfabriqués, ils correspondent à la partie utile au-dessus de la surface.
Une unité de traitement sépare et traite les composants récoltés (pétrole, gaz, eau) avant qu’ils soient transportés par pipeline ou par tanker vers une raffinerie.
Il permet aussi de forer à l’horizontale, à l’aide d’une tête de forage rotative permettant d’incliner progressivement la courbe opérée par la tige. Ce type de forage permet d’exploiter ainsi des surfaces de plusieurs kilomètres carrés depuis la plateforme sans avoir à se déplacer à la verticale des gisements. Le mode de vie complexe sur les plateformes pétrolières Comme on le voit dans le film Breaking the waves, l’ambiance et la vie d’une plateforme offshore sur la mer du Nord se rapproche d’un mode de vie très communautaire. La place dédiée à l’espace individuel est très restreint et la plupart des cabines n’ont pas de fenêtre. Leur agencement est très répétitif. En revanche les espaces communs, tels que les lieux de restauration et de détente, sont toujours très vastes et confortables. «L’organisation de toutes les activités est une machine parfaitement réglée à laquelle tout le monde est soumis, car c’est la survie du groupe qui en dépend.» J.H Borgeot, P. Chopelin Les employés de ces grandes compagnies vont au travail en hélicoptère ou en bateau. Une fois sur place, ils travaillent généralement 12 heures de suite par jour, en alternance : 1 semaine de nuit, 1 semaine de jour, pendant 1 mois. Au bout de 4 semaines ils ont le droit à 28 jours de repos, sur terre. 31
fig. 33 : Les consĂŠquences de la chute du cours du pĂŠtrole dans Aberdeen 32
LA TRANSITION DE L’AGE D’OR A LA FIN DE L’ÈRE PÉTROLIÈRE Aberdeen est depuis longtemps l’une des villes les plus dynamiques du Royaume-Uni. Elle figure parmi les villes les plus performantes en termes de salaires, de niveau de compétences et d’innovation. Cependant, selon une étude de Centre for Cities*, cinq indicateurs différents montrent que l’économie d’Aberdeen connait des difficultés ces dernières années: • En terme de population, Aberdeen est la seule ville du Royaume-Uni à avoir enregistré une baisse de son nombre d’habitants entre 2015 et 2016, une baisse de 0,3%. Cela a été provoqué par une forte baisse du nombre de personnes de 20 à 24 ans. • Les fermetures d’entreprises ont augmenté de 76%, tandis que les taux de création d’entreprises ont diminué de 21% entre 2013 et 2016. • Le taux d’emploi était inférieur de 2,7 points en 2016 par rapport à 2014.
En effet la production de pétrole en mer du Nord a été à son apogée dans les années 90. Depuis, la quantité de barils extraits chaque année est en déclin. Voilà presque 50 ans que les premières gouttes de pétrole ont été extraites de la mer du Nord. «Depuis, 44 milliards de barils de pétrole ont été extraits, et il en reste peut-être 7 milliards», estime Mhairidh Evans, analyste au cabinet de conseils Wood MacKenzie. A priori il reste dans les sous sols de la mer du Nord, assez de pétrole pour encore 40 ou 50 ans. Mais finalement ce qui est le plus préoccupant n’est pas de savoir quelle est la quantité de pétrole que l’on peut encore extraire mais plutôt à quel moment deviendra-t-il trop cher de l’exploiter ? En effet, les puits encore disponibles deviennent de plus en plus inaccessibles et donc de plus en plus chers à exploiter. L’industrie pétrolière touche ou doit toucher à sa fin et l’une des premières conséquences sera la fermeture des puits dont l’exploitation devient trop chère.
• Les données sur la valeur ajoutée montrent que l’économie était inférieure de 7% en 2016 à celle de 2014. • Les prix des logements ont chuté de 9% depuis 2015. Alors que se passe-t-il ? Cela dépend en grande partie de la dépendance d’Aberdeen à l’industrie pétrolière, qui a, jusqu’à présent, été à l’origine du succès économique de la ville. Cependant, au cours des dernières années, les prix du pétrole se sont effondrés à l’échelle mondiale**, passant de 115 dollars le baril en juin 2014 à 26 dollars le baril en janvier 2016. Les prix ont augmenté plus récemment, mais restent environ 50 dollars en dessous de leur prix de base de 2014. A Aberdeen l’inquiétude règne: hôtels et taxis sont au ralenti et les licenciements vont bon train. Outre le coût social élevé de cette crise qui touche les industries pétrolière de la mer du nord, il en est une autre bien plus alarmante. Ce sont les ressources de la terre elle même qui s’épuisent.
*Centre for Cities est le principal groupe de réflexion dédié à l’amélioration des performances économiques des villes britanniques. **Comment le prix du baril s’est effondré ? • En 2014 on note une surproduction au niveau mondial de l’exploitation des énergies fossiles (notamment le gaz de schiste par les américains) • Plus il y a d’offre, plus on baisse le prix de son baril pour rester concurrentiel • Les entreprises les plus touchées par cette baisse sont celles dont le cout d’extraction est le plus cher (les hydrocarbures en mer du Nord sont parmi les premiers touchés parce qu’ils sont parmi les plus chers du monde à exploiter) car elles touchent encore moins d’argent sur cette vente. 33
fig 34 : La plateforme Brent Delta au port anglais d’Hartepool
fig. 35 : Brent Delta
*Convention d’Oslo : prévention de la pollution marine par les opérations d’immersions effectuées par des navires et aéronefs (1972). **Convention de Paris : prévention de la pollution marine d’origine tellurique (1974). 34
fig 36 : Les «legs» de la plateforme, non déconstruites
ET APRES ?
DÉMANTÈLEMENT OU RÉHABILITATION DES PLATEFORMES ? Les plateformes pétrolières ont une durée de vie moyenne de 60 ans. Naturellement, la plupart de celles montées au cours des années 1970-1980 voient aujourd’hui leurs gisements se tarir. Pour des raisons environnementales il est aujourd’hui impensable «d’abandonner» les plateformes potentiellement dangereuses, à leur sort car elles pourraient conduire à une pollution locale des eaux. Ceci a d’ailleurs été légiféré par l’OSPAR, fusion de la convention d’Oslo* et de la convention de Paris** dont l’objectif est d’identifier les menaces sur l’environnement marin et organiser des programmes et mesures pour combattre ces menaces. «Article 5: 1. Aucune installation offshore désaffectée ou aucun pipeline offshore désaffecté n’est immergé et aucune installation offshore désaffectée n’est laissée en place en totalité ou en partie dans la zone maritime sans un permis émanant au cas par cas à cet effet de l’autorité compétente de la partie contractante concernée. 2. Aucun permis de ce type n’est délivré si les installations offshore désaffectées contiennent des substances qui créent ou sont susceptibles de créer des risques pour la santé de l’homme, des dommages aux ressources vivantes et aux écosystèmes marins, des atteintes aux valeurs d’agrément ou une entrave aux autres utilisation légitimes de la mer.» Pourtant depuis peu, la donne a quelque peu changé. Que va t-il advenir de ces monstres d’acier en fin de vie ? Démantèlement des plateformes D’ici à 2040, la plupart des plateformes pétrolières construites dans les années 1980, devront être démantelées. L’enjeu est important pour l’industrie pétrolière tant les coûts s’annoncent élevés. Une étude conjointe des cabinets Deloitte et Douglas-Westwood, publiée en novembre 2011, estimait à près de 56 milliards de livres la facture pour la seule mer du Nord, qui compte près de 500 plateformes.
qui, en mai 2017 démonte la célèbre plateforme Brent Delta. L’immense structure est le symbole qui a donné son nom au fameux «baril de Brent», et qui a marqué le début de l’exploitation des hydrocarbures en mer du Nord. L’énorme monstre d’acier, haut de 150 mètres et pesant l’équivalent de 2 000 bus est arrivé au port anglais d’Hartepool en un seul morceau. «Jamais un démantèlement de cette taille n’avait été réalisé» explique Fiona Legate, de la société de conseil Wood Mackenzie. En effet, jusqu’à présent, la déconstruction était opérée pièce par pièce, en pleine mer. Dans ce cas ci, grâce à la technologie du nouveau bateau le Pioneering Spririt, on a pu séparer la plateforme de ses gigantesques piliers de béton posés au fond de l’eau. Il a ensuite été possible de soulever d’un coup toute la structure pour la ramener entière sur le continent. C’est plus tard, sur terre qu’une cinquantaine d’ouvriers est venu démonter la méga structure. L’entreprise est un exemple à suivre, pourtant elle est bien loin des objectifs écologiques qu’elle s’était fixé en 1992. En effet Brent Delta n’a pu jusqu’alors se débarrasser des colonnes de béton, il est impossible de les ramener à terre étant donné leur poids et le prix que cela coûterait. Ce qui inquiète David Santillo, de Greenpeace ce n’est pas ces énorme masses de béton, mais les cellules de stockage qui se trouvent à la base de ces piliers qui contiennent du pétrole et des résidus chimiques. Malgré des motivations d’apparence écologiques, avec la volonté de recycler ou de réutiliser les pièces détachées à hauteur de 97%; nous devons rester réalistes. Le but premier des grands groupes tels que SHELL ou Total est de faire du chiffre. Et faire disparaitre toutes les traces de l’activité pétrolière dans les océans, cela coute cher. Cela coute si cher qu’on ne peut se fier à ses entreprises, qui ne seront sans doute jamais honnêtes et fiables à 100% quant à la quantité de déchets potentiellement dangereux, qu’elles laissent dans les océans.
Le coup d’envoi est donné par l’entreprise SHELL, 35
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fig 39 : Projet de reconversion dâ&#x20AC;&#x2122;une plateforme semi-submersible, Japon, Okinawa, 1992
fig 40 : Acha Zaballa Arquitectos 38
Laisser les plateformes telles quelles ? Dans certain cas pourtant, il serait bénéfique pour les fonds marins de laisser en place la partie imergée de la structure. Dans le golfe du Mexique une plateforme «va rester dans l’océan pour l’éternité. Sous l’eau un véritable paradis marin. Autour des pylônes, des poissons évoluent par milliers, le long des tiges d’acier, des coraux à foison, de quoi fournir une nourriture abondante à toute sorte d’espèce. On y trouve des tortues de mer, même les requins reviennent après avoir fui les côtes. Au fil des ans, ces plateformes sont devenues, des récifs artificiels [...]ces plateformes favorisent l’écosystème marin [...] désormais on peut les convertir en récifs artificiels, une option bien moins onéreuse que le demantèlement et surtout une bonne affaire pour tout le monde. Les compagnies pétrolières économisent beaucoup d’argent en laissant en mer leurs veilles plateformes, mais elles reversent à l’état la moitié des sommes économisées», nous expliquent Craig Newto, biologiste et Chris Blackenship, directeur de «Alabama marine ressources» pour France Info. La réhabilitation des plateformes Ces plateformes sont les symboles industriels des années 1980. Architectes et ingénieurs proposent de les transformer en îlots écologiques grâce à des solutions innovantes.
Pour autant ce n’est pas si simple. La réhabilitation de ces plateformes sera-t-elle aussi respectueuse de l’environnement que ce que l’on dit ? Construire pour une minorité riche est-ce une fin en soi ? Ce qui nous intéresse, ce sont les projet qui seront réalisables dans les années à venir. Ceux qui vont dialoguer directement avec la ville de demain et qui feront le nouveau paysage urbain. Pensons par exemple au démantèlement des plateformes. Imaginez le nombre d’édifices à petite ou grande échelle qui pourraient être construits avec les pièces détachées. Chacun y trouverait son compte et le patrimoine industriel, que représentent les plateformes, serait réinventé, remis au goût du jour et visible par tous, comme témoin du passé. D’ailleurs si nous n’allions pas jusqu’à démanteler ces objets ? En les ramenant sur la côte pour les réinvestir comme un prolongement direct de la ville nous pourrions imaginer la ville de demain et peut être nous retrouver avec des paysages aussi hallucinants que dans les photomontages de Acha Zaballa Arquitectos.
L’agence Morris Architects a, pour cette occasion, imaginé des hôtels de prestige sur les plateformes hors d’usage. Le projet « Oil Rig Resort » donne de nouvelles perspectives à cette problématique juridique et environnementale. Il ouvre la voie à une expérience à la frontière de l’écotourisme et du tourisme de luxe. Selon l’agence d’architecture «D’un point de vue énergétique, le projet a pour ambition d’être auto suffisant: il utilisera la force des vents marins par la mise en place d’éolienne, du soleil par l’installation de panneaux solaires. La dualité visant à concilier luxe et nature n’est donc pas le seul paradoxe du projet : celui-ci incarne également l’ambition de faire basculer un symbole de l’industrie des énergies fossiles vers un lieu d’exploitation d’énergies propres et renouvelables.» Ce qui est intéressant dans la réhabilitation de ces plateformes c’est qu’elles ont d’énormes surfaces exploitables. Elles sont une extension déjà existante du continent. Aujourd’hui, alors que l’urbanisation des villes prend de plus en plus d’ampleur, c’est une réelle chance d’avoir accès à des millions de mètres carrés disponibles.
fig 38 : Projet de reconversion d’une plateforme semi-submersible, Golfe du Mexique, Morris Architects * Une plateforme dans le golfe du Mexique
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III
LES ENERGIES RENOUVELABLES, Vers une ville «bas carbonne» en 2050.
fig 41 : Zone clé de l’énergie éolienne offshore à Aberdeen 41
FICHE 3 : LES ÉNERGIES RENOUVELABLES Naissance de l’énergie éolienne : Capter le vent est l’une des plus anciennes méthodes de production d’énergie. L’Homme a d’abord utilisé l’énergie éolienne pour moudre du grain ou pour pomper de l’eau. A la fin du XIXe siècle on découvre l’électricité et c’est à cette période que les premiers prototypes d’éolienne sont construits, avec une technologie calquée sur celle des moulins à vent. «La crise pétrolière des années 1970, puis le mouvement anti-nucléaire des années 1980 ont fait grandir l’intérêt pour des énergies alternatives et la recherche de sources d’énergie écologiques et économiquement viables.»* L’éolienne utilise l’énergie cinétique du vent qu’elle transforme en énergie mécanique puis en énergie électrique. Le vent constitue alors une source d’énergie renouvelable, inépuisable et gratuite.
L’électricité est ensuite acheminée par un câble jusqu’à un poste de transformation où le voltage est élevé à 225 000 V ou 400 000 V. Après cette étape, l’électricité est plus facilement transportée dans les lignes à très hautes tension. Elle peut ensuite être redistribuée dans la ville par le réseau électrique classique. « Si une éolienne dans le jardin pouvait produire 50 kg de charbon par jour, nos mines de charbon fermeraient dès demain. Personnellement, je pense que d’ici 400 ans, on aura peut-être résolu le problème de l’énergie en Angleterre de la façon suivante : le pays sera recouvert de rangées d’éoliennes de métal, entraînant des moteurs électriques qui eux-mêmes fourniront un courant à très haute tension à un grand réseau électrique», déclare le généticien britannique John
Fonctionnement : Une éolienne est un objet complexe qui se compose de différents éléments permettant l’acheminement de l’énergie jusqu’à la ville. Dans un premier temps, l’hélice en haut de l’éolienne aussi appelée «rotor», composée généralement de 3 pales, se met à tourner sous l’effet d’un vent d’au moins 10 km/h. La nacelle sur laquelle elle est fixée, s’oriente automatiquement pour être toujours face au vent. Les pales pivotent pour capter un maximum de vent et si le vent dépasse 90 km/h, l’éolienne s’arrête automatiquement de fonctionner pour des questions de sécurité Dans la nacelle, l’hélice fait tourner un axe. Sa vitesse de rotation n’étant pas suffisante pour générer de l’électricité, un multiplicateur augmente sa vitesse jusqu’à 1 500 tours par minute et la transmet à un second axe qui fait tourner à son tour un alternateur. Cet alternateur produit un courant électrique de 20 000 V qui est recueilli par un transformateur situé à l’intérieur du mât.
* www.ammonit.com
fig 42 : Les différents éléments qui composent une éolienne
fig 43 : Distribution de l’énergie créée, à l’aide d’un câble sous-marin, souterrain et d’un transformateur
fig. 44 : L’éolien offshore en Europe à fin 2017 44
UN NOUVEAU DÉFI L’ÉNERGIE ÉOLIENNE : TRANSITION ET RELANCE SOCIO-ÉCONOMIQUE D’après les scientifiques, les puits de pétrole situés au large d’Aberdeen seront totalement épuisés d’ici une cinquantaine d’années. De plus, à cause de sa dépendance vis à vis des cours de l’or noir, la ville subit de nombreuses crises économiques. Enfin, Aberdeen, comme toutes les villes du monde, doit aujourd’hui faire face à la transition énergétique. Ces raisons poussent Aberdeen à se détacher progressivement de l’industrie pétrolière pour se rapprocher des énergies renouvelables et tendre à une politique éco-responsable. La côte de la mer du Nord est très venteuse. Pour la ville, qui souhaite tirer parti des ressources de son territoire, c’est une source d’énergie qu’il ne faut pas négliger Le Royaume-Uni a notamment été classé* parmi les zones les plus favorables pour l’éolien, tout particulièrement l’Écosse et l’Irlande du Nord.
surface de l’eau.** Ces innovations et ce désir de composer avec son territoire font aujourd’hui du RoyaumeUni le leader mondial de l’éolien en mer. Dans cette démarche de transition, la ville a mis en place un plan d’action visant à promouvoir la transition énergétique et dans le but de devenir une ville bas-carbone. Cette transition permettra une transformation économique, sociale et environnementale couvrant de nombreux thèmes tels que l’énergie, l’eau, les déchets, les transports, la construction, la planification, la santé et le bien-être. En collaborant avec plusieurs parties prenantes, notamment les citoyens, les entreprises et le secteur public, Aberdeen sera habilitée à faire des choix éclairés concernant son avenir.
L’intérêt grandissant que l’on porte à ces vents puissants, conduit la ville, à prendre conscience du potentiel de cette ressource. A terme et pour optimiser au maximum ce potentiel, Aberdeen souhaite alimenter la ville à 100% grâce à l’énergie électrique créée par le vent. Pour cela, un parc de 11 éoliennes offshore à récemment été mis en service à Aberdeen Bay. 2 d’entre elles disposent d’une capacité unitaire de 8,8 MW, ce qui en fait aujourd’hui, les modèles les plus puissants au monde. Les 9 autres sont un peu moins puissantes car elles ne disposent «que» de 8,4 MW. A l’heure actuelle seulement quelques unes ont commencé à produire de l’électricité mais la production totale du parc attendue est de 93,2 MW. Selon le directeur du projet chez Vattenfall Adam Ezzamel, «une seule rotation des pales peut alimenter en électricité un ménage britannique moyen pendant une journée». Il est estimé que ce parc produira de l’électricité pour 70% des foyers Aberdonniens. Propice à l’innovation et au développement de l’éolien, le Royaume-Uni accueil aussi depuis 2017, le premier parc éolien flottant, «Hywind». Installé à 25 km de la côte de la ville de Peterhead, le parc est composé de 5 énormes éoliennes d’une hauteur de 250 m, dont 75 m se situent sous la
*Le potentiel éolien de l’Europe a été évalué par DTU Wind Energy (Université technique du Danemark) qui a publié un Atlas européen du vent. **Ce parc aurait pu ne jamais voir le jour à cause d’un célèbre homme politique américain. Le milliardaire Donlad Trump est le propriétaire d’un luxueux parcours de golf, le «Trump International Golf Links» qui se situe au nord d’Aberdeen et en face du nouveau futur parc éolien. Craignant qu’elles ne gâchent la vue qu’offre son domaine, il est allé jusqu’au tribunal pour stopper le projet mais il a perdu le procès et les éoliennes ont pu commencer à produire de l’électricité.
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fig 45 : Le parc d’éoliennes flottantes « Hywind »
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fig 46 : Donald Trump en voyage Ă Aberdeen
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fig 47 : Le parc éolien au large de Blackdog Bay, Aberdeen
fig 48 : Les différents procédés de protection du tricable : ensouillage, enrochement, matelas de béton et coquille en fonte
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ALTÉRATION OU CRÉATION ...
... D’UN NOUVEAU PAYSAGE DE L’ÉNERGIE ? Depuis quelques années donc, on assiste à une multiplication des champs d’éoliennes offshore dans la Mer du Nord et cela impacte d’une manière forte le paysage marin. Ce nouvel horizon ponctué par ces pompes à vent est le témoin d’une nouvelle ère, celle de la transition énergétique. L’installation de ces éoliennes crée un nouveau paysage de l’énergie mais est aussi à la base de destructions ou de conflits. Par exemple, pour la construction du parc éolien flottant d’«Hywind», les éoliennes ont été assemblés à Stord dans la région sud-ouest de la Norvège. Elles ont ensuite été remorquées séparément jusqu’à la zone de Buchan Deep au Nord d’Aberdeen. L’installation de chaque éolienne a demandé 2 à 3 jours de travail. Durant cette période, les gigantesques composants des éoliennes étaient perceptibles par tous depuis la terre. Cela a contribué à créer des situations et des panoramas étonnants. Pourtant, si certains assurent trouver cela «beau» à l’horizon, ce n’est pas pour autant, au goût de tout le monde et de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer le coté «anti-esthétique» des installations dans le paysage. Par ailleurs, les conséquences sur les écosystèmes marins font aussi partie des inquiétudes. «Si l’éolienne en fin de vie est démantelée et ne laisse aucune trace dans le paysage, le socle en béton destiné à la stabiliser dans l’eau ne bougera plus. Difficiles à extraire de la terre, les fondations restent donc enfouies à l’emplacement de l’éolienne. La construction et le démantèlement d’un parc éolien en mer peuvent avoir des impacts potentiellement négatifs sur l’environnement.» [...] «Une étude intitulée «Greening blue energy» a été réalisée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et rendue publique le 27 juin 2010, démontrant que la construction et l’exploitation de parcs éoliens offshore auraient des impacts négatifs sur la faune marine et les oiseaux migrateurs, aussi bien temporaires que durables. Selon cette étude, le bruit des travaux de construction représente le plus grand danger pour l’environnement marin, faisant fuir certaines espèces de poissons. Les ondes sonores influenceraient également le comportement des dauphins et des phoques dans un rayon de 20 kilomètres. Mais d’autres études poussées sur ces conséquences manquent encore aujourd’hui. Par ailleurs, certains animaux doivent êtres «chassés» des endroits
convoités par les promoteurs. Il n’est pas rare que l’on doive effrayer des baleines pour qu’elles quittent une zone où l’on doit opérer», a confié à Maxisciences Richard Rigg, chef de projet sur la ferme éolienne London Array outre-Manche, le projet le plus ambitieux du monde pour le moment qui vise à générer 25 GW à terme.* En revanche, l’existence d’un effet de «récif artificiel» a par contre été très nettement observée sur des parcs installés depuis plusieurs années au Danemark et au Royaume-Uni. La zone d’installation doit donc être soigneusement choisie et doit faire l’objet de nombreuses opérations. A savoir : l’étude de l’impact environnemental de ces installations et l’étude des fonds marins au travers de prélèvement géotechniques. Certaines étapes peuvent s’avérer être déstabilisantes pour ceux ci. En effet, en dehors de la pollution créée par le va-et-vient des navires chargeant les différentes pièces des éoliennes, l’étape de l’ensouillage* implique une mise en suspension des sédiments marins. Pour ce faire, différents procédés sont utilisés, parmi lesquels on compte également la mise en place d’un matelas de béton pour maintenir en profondeur le câble. La protection de la zone comprenant le parc éolien, entraîne aussi une réduction des zones d’activités dédiées à la pêche. Cela génère certaines réticences à l’installation de ces structures. Que ce soit à la surface ou sous l’eau, l’installation d’éoliennes offshore transforme le milieu dans lequel elles sont implantées. Ce sont les questions qui se posent actuellement mais ce sujet soulève de nombreuses autres questions concernant l’avenir.
* maxisciences.com ** Ensouillage : enfouissement d’une canalisation sous-marine dans le sol marin, après creusage d’une tranchée. 49
fig. 49 : Les pales gigantesques d’une éolienne
fig. 50 : Les nacelles fixées en haut des mâts des éoliennes
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fig. 51 : L’installation d’une éolienne
fig. 52 : La première des cinq éoliennes part de Stord, au sud-ouest de la Norvège
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fig 53 : Turbine city
fig 54 : Concept d’habitation «Wind Pecker» 52
UNE RESSOURCE QUI TRANSFORME À SON TOUR LA VILLE Ces parcs éoliens permettent la redynamisation de la ville et la création de milliers d’emplois notamment pour l’étude, la fabrication, le montage ainsi que la maintenance des éoliennes. L’exploitation de cette nouvelle ressource permet aussi peu à peu de transformer la ville au travers du passage à l’électrique et notamment dans le domaine du transport public. Aujourd’hui, face aux défis environnementaux et sociaux du XXIe siècle, il nous faut envisager de grands changements dans les domaines de l’agriculture, l’énergie, l’économie, l’éducation ou la gouvernance. Cette question de l’énergie éolienne nous amène à penser de manière plus large et voir plus loin. A présent, la question énergétique et la manière dont on s’en empare collectivement nous mène à des questions de modes de gouvernance. Cette ressource, contrairement aux précédentes, n’impacte pas directement la manière dont la ville a pu se fabriquer mais impacte potentiellement la manière dont les individus peuvent s’organiser pour devenir acteurs et détenteurs de l’infrastructure productrice d’énergie. «Nous ne sommes plus dans une zone de confort et pour autant, nous ne sommes pas encore dans l’effondrement. Nous sommes dans une phase particulièrement inspirante : nous savons que nous allons nous prendre un mur et c’est le moment de nous mobiliser.» Mélanie Laurent dans le film «Demain» «Les citoyens n’attendent plus des hommes politiques qu’ils répondent à leurs attentes. La démocratie a disparu: les hommes politiques n’écoutent plus les citoyens, ils se contentent de répondre aux vœux des entreprises, qui veulent toujours plus d’une croissance aberrante.» Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies Ne serait-il donc pas le moment de voir si les humains sont prêts à combattre leur avidité naturelle, à se montrer solidaires et coopératifs? C’est à Copenhague au Danemark que les choses ont commencé à changer. Depuis octobre 2009, les immenses pales balaient une surface de 107 mètres de diamètre. L’énergie du vent couvre plus de 20% de la demande en électricité du pays. C’est un record mondial. Les turbines de Hvidovre se distinguent par leur mode de financement. Si deux d’entre elles sont détenues par Dong
Energy, le premier énergéticien du pays, la troisième appartient à Hvidovre Vindmollelaug, une coopérative de plusieurs milliers de petits investisseurs. Lene Vind, salariée de l’association Agenda 21 à Copenhague en charge de l’administration de la coopérative, a acquis cinq parts, correspond à la consommation électrique moyenne d’une famille. « C’est un geste très concret pour participer, en tant qu’individu, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ». Depuis 1980 et la multiplication des coopératives de petits invesstisseurs locaux, le Danemark est devenu le pays de l’éolien. Les coopératives possèdent 15% des éoliennes danoises, c’est un exploit. Ce mouvement trouve aujourd’hui un second élan, encouragé par l’obligation d’impliquer la population locale dans les nouveaux projets. On peut supposer que la mise en place d’un nouveau mode de gouvernance et de gestion local de l’énergie électrique produite par l’éolien, peut également être génératrice d’architecture. Au travers d’aménagements urbains ou de constructions de nouveaux lieux accueillant cette gouvernance là, on peut faire l’hypothèse d’un impact plus directement lié à la construction et la modification de la ville d’Aberdeen. D’un point de vue plus lointain et plus léger, la figure de l’éolienne donne aussi des idées d’architetcures aux allures futuristes. Ingénieurs et architectes proposent des projets fascinants comme des éoliennes habitables. l’idée serait de vivre dans une éolienne qui produit de l’énergie en continu. L’homme en a besoin pour vivre alors pourquoi ne pas vivre dans une structure qui en produit ? Le concept d’habitation «Wind Pecker» comprend plusieurs étages qui pivotent indépendamment en fonction de la brise. Pour les personnes qui ne pensent pouvoir y habiter car elles trouvent les éoliennes affreuses, souvenons-nous de ce qu’a répondu Maupassant quand un journaliste lui demanda pourquoi il déjeunait si souvent au premier étage de la Tour Eiffel alors qu’il s’était opposé à sa construction «C’est le seul endroit de la ville où je ne la vois pas».
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fig 55 : Aberdeen avant et après l’industrie petrolière
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CONCLUSION Aberdeen, de capitale européenne du pétrole à ville bas-carbonne ?
Chaque ressource exploitée à Aberdeen a connu connait ou connaîtra sans doute une reconversion après son abandon. Les ressources exploitées ont permis d’une manière directe où non la construction de logements et le développement de la ville et du paysage urbain. Les carrières de granite font l’objet de projet de réaménagements paysagés, quelques anciennes plateformes de pétrole sont amarrées dans les grand ports britannique en attendant leur sort et le futur des éoliennes est actuellement en questionnement. Les alertes et les menaces pesant sur la durabilité de nos façons d’habiter, de nous déplacer et de nous nourrir appellent de nouveaux mode de vie. En inventant autant de solutions techniques pour résoudre la transition énergétique, l’innovation va susciter en même temps un nouveau fonctionnement social et de nouvelles attitudes. Une fois sur place, nous souhaitons nous mettre à la recherche des lieux qui seront potentiellement amenés à être transformés dans un futur proche en lien avec la prochaine révolution énergétique.
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BIBLIOGRAPHIE ARTICLE DE PÉRIODIQUE
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TABLE DES ILLUSTRATIONS • fig. 1 et 2 : Couverture, le paysage marin
d’Aberdeen. Illustration personnelle • fig. 3 : Carte de l’Europe. Illustration personnelle • fig. 4 : Sommaire, granite pétrole et energies renouvelables. Illustration personnelle • fig. 5 : p.3, Les ressources présentes sur le territoire d’Aberdeen. Illustration personelle • fig. 6 : p.5, Les principales carrières de la région d’Aberdeen. Illustration personnelle • fig. 7 : p.7, Un dynamitage dans une carrière d’extraction. https://www.galerie-sakura.com/lee-edwards/dustseries-6-684.html
• fig. 8 : p.7, Les marques laissées sur la pierre après dynamitage.https://www.google.com/imgres?imgurl=https:// farm6.staticflickr.com/
• fig. 9 : p.7, Coupe géologique de la formation du granite. Illustration personnelle • fig. 10 : p.7, Granite de la carrière de Corrennie • fig. 11 : p.7, Granite de la carrière de Kemnay • fig. 12 : p.7, Granite de la carrière de Rubislaw • fig. 13 : p. 9, parc des Cairngorms, Highlands,
https://cairngorms.co.uk/discover-explore/landscapes-scenery/ woodlands-forests/ • fig. 14 : p. 9, Un aigle royal. https://thegolfclub.info/ related/a-eagle-gutters.html • fig. 15 : p. 11, Un carrier. https://doriccolumns.wordpress. com/industry/granite/25771-2/ • fig. 16 : p. 12, Union street, Aberdeen. http:// kidskunst.info/linked/292-george-street-aberdeen-scotland-tel-01224633567-e-323932.htm • fig. 17 : p. 12, le Marischal College. http://www. reanaclaire.com/2018/10/mackies-ice-cream-at-marischal-square.html • fig. 18 : p. 13, Vue sur la ville d’Aberdeen. https:// www.visitscotland.com/it-it/see-do/events/christmas-winter-festivals/ aberdeen/
• fig. 19 : p. 13, Des logements près de la carrière de Rubislaw. Illustration personnelle • fig. 20 : p. 15, Le granite produit en Chine. http:// www.chinechine.net/granit/
• fig. 21 : p. 15, Le Marischal Square regeneration
espaces publiques de l’agence Carttera pour la carrière Rubislaw. https://www.pressandjournal.co.uk/fp/news/ aberdeen/1445685/war-of-words-over-rubislaw-quarry-developmentdeepens/
• fig. 25 : p. 19, Recyclage d’une plateforme
pétrolière par l’architecte George W.Simpson pour la carrière Rubislaw. https://www.energyvoice.com/othernews/174794/ambitious-oil-rig-quarry-idea-earns-top-backing/
• fig. 26 : p. 19, Projet de centre patrimonial par Les architectes Halliday Fraser Munro pour la carrière Rubislaw. https://www.urbanrealm.com/news/5098/Aberdeen_ mounts_tourism_push_Rubislaw_Quarry_Heritage_Centre_plan. html
• fig. 27 : p. 21, Zones clés de l’industrie du pétrole à
Aberdeen. Illustration personnelle • fig. 28 : p. 23, Les méthodes d’extraction du pétrole. Illustrations personnelles
• fig. 29 : p. 27, Carte des secteurs de la mer du nord
des pays qui la bordent. Illustration personnelle • fig. 30 : p. 25, Le patchwork étonnant de la ville entre silos, pétroliers et architecture traditionnelle et moderne en granit. http://www.lefigaro.fr • fig. 31 : p. 29, Les allers retours incessant des pétroliers vus depuis la plage d’Aberdeen. www.frenchkilt. com
• fig. 32 : p. 31, Une plateforme pétrolière. Illustrations personnelles
• fig. 33 : p. 33, Les conséquences de la chute
du cours du pétrole dans Aberdeen. Illustration personnelle • fig. 34 : p. 35, La plateforme Brent Delta au port anglais d’Hartepool. https://iwradio.co.uk • fig. 35 : p. 35, La plateforme Brent Delta. WebApps/ Brent_decommissioning
• fig. 36 : p. 35, Les “legs” de la plateforme, non
déconstruites. https://allseas.com • fig. 37 : p. 36-37, La plateforme Brent Delta au port anglais d’Hartepool. https://www.thenorthernecho.co.uk/
news/15260145.Pictures__Gigantic_24_000_tonne_oil_rig_Brent_ Delta_arrives_in_the_North-East_on_the_back_of_an_Iron_Lady/
project. https://www.ice.org.uk/eventarchive/a96-dualling-aberdeen • fig. 22 : p. 17, La carrière de Rubislaw durant son exploitation. https://www.eveningexpress.co.uk/fp/news/
fig 38 : p.38, Projet de reconversion d’une
• fig. 23 : p. 17, La carrière de Rubislaw après son
fig. 39 : p. 39, Projet de reconversion d’une
plateforme semi-submersible, Golfe du Mexique, Morris Architects. http://paulbaut.com/?/prof-projects/Oil-
local/25m-apartments-plan-for-quarry1/
Rig-Resort/
exploitation. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rq2.jpg • fig. 24 : p. 19, La proposition de logements et
plateforme semi-submersible, Japon, Okinawa, 1992. www.rougerie.com/eng/project/160
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• fig. 41 : p. 41, Zone clé de l’énergie éolienne
offshore à Aberdeen. Illustration personnelle • fig. 42 : p. 43, Les éléments qui composent une éolienne. Illustration personnelle • fig. 43 : p. 43, Distribution de l’énergie créée, à l’aide d’un câble sous-marin, sous terrain et d’un transformateur. Illustration personnelle • fig. 44 : p. 45, L’éolien offshore en Europe. Illustration personnelle
• fig. 45 : p. 46, Le parc d’éoliennes flottantes « Hywind ». https://www.eveningexpress.co.uk/fp/news/local/ work-begins-on-offshore-windfarm/
• fig. 46 : p. 47, Donald Trump en voyage à Aberdeen. https://www.sundaypost.com/fp/the-dark-strangerdonald-trumps-unrequited-love-affair-with-scotland/
• fig. 47 : p. 49, Le parc éolien au large de Blackdog Bay, Aberdeen. https://www.eveningexpress. co.uk/fp/news/local/work-begins-on-offshore-windfarm/
• fig 48 : p. 49 , Les différents procédés de protection du tricable : ensouillage, enrochement, matelas de béton et coquille en fonte. Illustration personnelle • fig. 49 : p. 50, Les pales démesurées d’une éolienne. https://www.connaissancedesenergies.org/le-premier-parceolien-flottant-implante-cet-ete-au-large-de-lecosse-170801
• fig. 50 : p. 50, Les nacelles fixées en haut des mâts des éoliennes. https://www.connaissancedesenergies.org/le-
premier-parc-eolien-flottant-implante-cet-ete-au-large-de-lecosse-170801 • fig. 51 : p. 51, Installation d’une éolienne. https:// www.connaissancedesenergies.org/le-premier-parc-eolien-flottantimplante-cet-ete-au-large-de-lecosse-170801
• fig. 52 : p. 51, La première de ces cinq éoliennes
part de Stord, au sud-ouest de la Norvège. https://www. connaissancedesenergies.org/le-premier-parc-eolien-flottant-implante-cetete-au-large-de-lecosse-170801 • fig. 53 : p. 53, Turbine city. http://mitchj.info/suggest/ faq-brighter-energy-future.html
• fig. 54 : p. 53, Concept d’habitation «Wind Pecker». http://www.scoopnest.com/fr/user/
creapills/889100585747836928-des-eoliennes-habitables-pourresoudre-le-probleme-de-lenergie-
• fig. 55 : p. 54, Aberdeen avant et après l’industrie petrolière. Illustration personnelle • fig. 56 : Quatrième de couverture, le paysage marin d’Aberdeen. Illustration personnelle
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