Projet de fin d'études
Growing Jeffries
Création d'un centre d'activités coopératif pour Jeffries à Détroit
Maria Constanza Mejia Schuster - Jessica Suret
École Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble Architecture et Cultures Constructives - juin 2014
École Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble
Architecture et Cultures Constructives
PROJET DE FIN D'ÉTUDES - juin 2014
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Growing Jeffries -
Création d’un centre d’activités coopératif pour Jeffries à Détroit
-
Maria Constanza Mejia Schuster - Jessica Suret
Membres du jury : Directeur d'études : Nicolas Dubus, Architecte, Maître assistant ENSA Grenoble. Enseignant de la thématique de master : Tricia Meehan, Architecte, Maître assistant associé ENSA Grenoble. Enseignant d'une autre thématique de master : Philippe Liveneau, Architecte, Docteur en Architecture, Maître assistant ENSA Grenoble Enseignant d'une autre thématique de master : Stéphanie David, Architecte, Maître assistant ENSA Grenoble. Enseignant d'une autre école : Olivier Balaÿ, Architecte, Docteur en Urbanisme et Aménagement, Professeur ENSA Lyon. Personnalité extérieure : Jacques White, Architecte, Professeur titulaire École d’Architecture de l’Université Laval (Québec – Canada).
Équipe pédagogique ensa grenoble, ensa lyon
Équipe pédagogique Grenoble :
ENSA
Équipe Lyon :
pédagogique
ENSA
Master A&CC (Architecture et Cultures Constructives)
Master AA&CC (Architecture Ambiances et Cultures Constructives)
Enseignant porteur : Nicolas (Architecte, Ma. TPCAU)
Dubus
Enseignants porteurs : Olivier Balaÿ (Architecte, Prof. TPCAU, HDR), Rémy Mouterde (Ingénieur, Ma STA, Docteur en Mécanique des structures)
Anne-Monique Bardagot (Ethnologue, Ma. SHS), Stéphane Sadoux (Urbaniste, Ma. SHS), Thomas Juselme (Ingénieur, Thermique, Maa. STA), Jean-Christophe Grosso (Architecte, Mécanique des Structures, Ma. STA), Guillaume Pradelle (Architecte), Paul-Emmanuel Loiret (Architecte), Tricia Meehan, (Architecte).
Vincent Dubreuil (Economiste), Nicolas Dubus (Architecte), Thomas Juselme (Ingénieur, Thermique), Karine Lapray (Ingénieur, Approche environnementale), Joël Latouche (Acousticien), Jacques Scrittori (Architecte d'intérieure).
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Remerciements
Nous souhaitons remercier les équipes pédagogiques des Masters A&CC de Grenoble et AA&CC de Lyon, et tout particulièrement les enseignants et architectes Nicolas Dubus, Olivier Balaÿ, Jean-Christophe Grosso, Guillaume Pradelle et l’ingénieur Thomas Jusselme qui nous ont suivis, orientés et soutenus tout au long de cette dernière année de master et qui nous ont permis de présenter un Projet de Fin d'Étude réfléchi et ayant le plus de sens possible. Nous tenons également à remercier Anne-Monique Bardagot qui nous a aidé dans la formulation du mémoire et la préparation de la soutenance.
" Thank you ", de l’autre côté de l’atlantique, à Tadd Heidgerken, architecte, professeur à l’université de Detroit Mercy, qui nous a fait visiter une grande partie de la ville avec passion et qui a accepté de faire le déplacement à Grenoble, en cours d’année, pour l’un des rendus intermédiaires. Nous sommes également très reconnaissantes envers Scott, Julia, Jeffrey et Brian, les étudiants en Master 2 de l'École d’architecture de l’université de Detroit Mercy, pour leur hospitalité et pour avoir partagé avec nous leur vision de futurs architectes quant à la ville de Détroit et son devenir.
Un grand merci à l’unité de recherche Architecture, Environnement et Cultures Constructives pour son soutien financier et sans qui le Workshop à Détroit n’aurait pas été envisageable ; spécifiquement les enseignants-chercheurs et urbanistes Tricia Meehan et Stéphane Sadoux qui se sont occupés de la coordination de ce voyage d’étude et qui nous ont suivi et fait découvrir Détroit dans le cœur de l’action; nous remercions aussi Rémy Vigneron, urbaniste et doctorant, pour le retour d’expérience et le regard aguerri sur la culture américaine qu’il nous a apporté.
Nous remercions aussi nos amis et nos proches qui se trouvent à Grenoble, en France, en Colombie ou dans le reste du monde, pour leur soutien et leurs encouragements tout au long de cette année, et plus particulièrement Clément et Simon pour leur appui quotidien.
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Résumé
Français " À Détroit il y a peu de supermarchés. Nous sommes obligés de dépendre de notre propre créativité et débrouillardise pour vivre, travailler et nous nourrir. Détroit était le symbole des miracles de l’industrialisation, puis de la dévastation par la désindustrialisation, et maintenant celui du retour à une économie basée sur l’agriculture locale." Grace Lee Boggs, 96 ans, activiste et habitante de Détroit. Grâce à ses habitants optimistes et activistes, une nouvelle dynamique de développement social, économique, environnemental et urbain est en marche à Détroit. Ce Projet de Fin d'Études (PFE) est liée à une réflexion sur les moyens à l’échelle de cette ville dynamique et fragmentée d’améliorer les connexions, puis à l’échelle d’un quartier comme Jeffries d’impulser et d’encourager les dynamiques naissantes pour stabiliser sa population, voire attirer de nouveaux résidents. En intégrant une perspective progressive et globale dans l'analyse environnementale et sociale, et dans les défis économiques de cette ville, il est possible d’envisager des actions positives et durables à l'égard de cette nouvelle dynamique de développement, respectueuses des diversités du territoire et favorisant la solidarité et l'économie des ressources. Le projet " Growing Jeffries ", dont il est question dans ce PFE, s’implante comme
une graine qui germe et pousse à Jeffries, pour déclencher et stimuler avec l’aide des habitants une interaction humaine autour de l’agriculture urbaine. Il réunit en un même lieu plusieurs activités autour des notions de vivre bien dans son quartier, se nourrir sainement à des prix abordables, créer, se déplacer et se divertir. Il s’agit ici d’une architecture engagée, qui valorise l’agriculture urbaine et la production locale, et met en avant un cycle de vie court pour les produits alimentaires de manière à rendre équitable l’accès à la nourriture saine dans le quartier. De plus, le projet prône une utilisation sensée des ressources et de l’identité du territoire, notamment une des plus spécifiques à Détroit : l’abondance de matériaux issus de la démolition ou de la déconstruction des bâtiments laissés à l’abandon suite à la forte perte de population au cours du dernier demisiècle. La morphogénèse du projet repose sur une insertion respectueuse dans le tissu urbain existant, qui émane du découpage orthogonal du territoire. Le projet et les espaces qu'il crée pourront évoluer en suivant la temporalité du développement du quartier et de la ville. Le projet est né d’une réflexion et d’un regard croisé de deux étudiantes en dernière année d’études d’architecture sur la ville et la culture de Détroit, et de l’énergie chaleureuse et positive ressentie sur place lors du DETROIT WORKSHOP.
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Anglais “All major supermarkets left Detroit. We have to depend on our own creativity and resourcefulness to live, work and eat. Detroit was the symbol of the industrialization miracles, then of the devastation because of the deindustrialization, and now it’s going back to an economy based on local farming” Grace Lee Boggs, 96 years old activist and Detroit’s inhabitant. Thanks to his people’s activism and optimism, Detroit is undergoing a new development dynamics in urban, social, economic and environmental layouts. The Growing Jeffries project, as the final student year project, is emerged from the reflections about the way of improving “living” in Detroit. In the first time, we develop an alternative to improve connections from the perspective of a fragmented and dynamic city. And in the second time we propose and specific intervention in Jeffries neighborhood as a trigger for development, based in undergoing dynamics in this particularly inner city area in order to stabilize its population and in the same time attract new residents. By incorporating a progressive and global perspective in the environmental and social analysis, and economic challenges of this city, it is possible to consider positive and sustainable action towards this new development dynamic, respectful of diversity of territory and promoting solidarity and economy of local resources.
The "Growing Jeffries' project, described in this document, is implanted as a seed that germinates and grows into Jeffries to initiate and stimulate with the help of the inhabitants a human interaction around the urban farming It gathers in the same place several activities around the concepts of dwelling, eating healthily affordable food, creating, moving and enjoying. The project is about a committed architecture, which promotes urban agriculture and local production, to put forward a short life cycle for food in order to provide fairly access to healthy food in the district. Moreover, the project promotes the identity of the territory and a sensible use of resources, particularly the use of Detroit’s most specific resource: the abundant materials coming from demolition and deconstruction of abandoned buildings after the significant loss of population during the last half century. The morphogenesis of the project is based on a respectful insertion into the existing urban fabric, which comes from the orthogonal division of the territory. The project and the spaces which it creates will evolve following the temporal development of the district and the city. The project was born from the reflections and the crossed looks of two architecture students in their final year of studies toward the city and the culture of Detroit, and the warm and positive energy felt in place during the DETROIT WORKSHOP.
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Sommaire -
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Sommaire
Introduction
10
1. À l’échelle d’une ville dynamique mais fragmentée: Comment améliorer la connexion entre les différents villages urbains florissants de Détroit ?
13
1.01.
Diagnostic
1.01.1. 1.01.2. 1.01.3.
1.02.
Détroit, une ville dynamique Détroit, une ville fragmente Mobilité, de la rupture à la connexion
Stratégies à l'échelle de la ville
1.02.1. 1.02.2.
Créer un village urbain à Jeffries Améliorer la mobilité
2. Comment dynamiser un village urbain en devenir, à Jeffries, pour stabiliser la population, voire attirer de nouveaux résidents ? 2.01.
Diagnostic
14 15 23 26
28 28 29
32 33
2.01.1. 2.01.2.
Jeffries, un quartier entre deux réalités Besoins identifiés
34 38
2.01.3.
Atouts pour la redynamisation de Jeffries
42
2.01.2.1. Un manque de services de proximité et d’accès à de la nourriture saine 38 2.01.2.2. Des problèmes liés au logement et à la précarité énergétique 40
2.02.
Stratégie à l’échelle du quartier
2.02.1. 2.02.2.
Se greffer aux institutions existantes S’appuyer sur 3 initiatives locales déjà en place à Jeffries
2.02.2.1. L’agriculture Urbaine 2.02.2.2. La récupération de matériaux 2.02.2.3. L’esprit entrepreneur et solidaire
3. Growing Jeffries, un centre d’activités attractif 3.01.
Une initiative habitante à l’origine du projet
3.01.1.
3.02.
De la fourche à la fourchette
Stratégies à l'échelle de l'îlot
3.02.1. 3.02.2. 3.02.3.
Implantation et orientation Temporalité La réutilisation de matériaux comme langage architectural Growing Jeffries - Maria Constanza Mejia Schuster & Jessica Suret
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50 51 54
54 60 63
65 66 68
70 70 72 74 8
3.03.
Projet
3.03.1. 3.03.2. 3.03.3.
Growing Jeffries Le marché coopératif Creative housing
4. Aspects techniques 4.01.
Thermique
4.01.1. 4.01.2.
Stratégies passives Stratégies actives
77 77 85 90
99 100 100 103
4.02.
Acoustique
105
4.03.
Détails constructifs
106
4.04.
Économie
108
4.04.1. 4.04.2. 4.04.3. 4.04.4. 4.04.5.
Coût du foncier Coût de construction Coût de la main d’œuvre Coût global Aide au financement du projet
108 109 110 110 110
Conclusions
112
Bibliographie
118
Table des Illustrations
122
Annexes
126
Annexe 1. Rosa Parks Boulevard
127
Annexe 2. Climat Détroit / Vosges
128
Annexe 3. Hypothèse : dépenses en énergie finale
129
Annexe 4. Thermique
131
Annexe 5. Économie
137
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Introduction -
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Introduction
“Our project will create the conditions for walkable, safe interconnected nodes supporting local initiatives in reusing local resources with humble and simple means to foster a desegregated and resilient city.”1 Ce Projet de Fin d'Études est un projet de redynamisation urbaine dont l’essor serait stimulé par la mise en place d’un centre d’activités greffé aux initiatives de développement existantes. Il se situe à Détroit (USA), dans le quartier de Jeffries. La conception de ce projet est liée à une réflexion sur le devenir de la ville et l’amélioration de la vie quotidienne des résidents. Notre choix s’est porté sur un centre d’activités diversifiées intégrant les notions de bien vivre dans son quartier, créer, se déplacer et se divertir, afin d’encourager un développement urbain mixte à Jeffries. C’est à partir du Detroit Workshop, articulant recherche et pédagogie et porté par l’unité de recherche Architecture, Environnement et Cultures Constructives, qu’est né le travail que nous avons effectué tout au long de cette dernière année de master. Cette action est fondée sur une collaboration avec le Taubman College 1 " 8 étudiants en école d’architecture ont réfléchi ensemble pour élaborer une stratégie pour la ville de Détroit "; Traduction personnelle : Nos propositions tendent vers la création de pôles (nœuds ou centralités) interconnectés, sûrs et attractifs pour les piétons, à travers un développement urbain favorisant les modes de déplacements doux, supportant les initiatives "Bottom up" des communautés et utilisant au maximum les ressources locales. Avec des moyens modestes et élémentaires, nos intentions sont d'encourager l'émergence d'une ville mixte et résiliente.
of Architecture and Urban Planning, le Detroit Center de l’Université du Michigan et l’Université de Detroit Mercy. Le Detroit Workshop, à Détroit, a concrétisé une approche au cœur du contexte de la ville et a été pour nous une confrontation réaliste avec la culture et l'organisation du territoire des États-Unis : un moyen primordial pour comprendre et appréhender un territoire avec lequel nous n’avions à priori aucune familiarité. Après ce voyage d’étude en octobre dernier, l’esprit et l’optimisme des habitants de Détroit ont été une source d’énergie évidente pour penser le projet. En effet, la résilience de la ville est due en grande partie à la résistance de sa population, à son esprit entrepreneur, volontaire, communautaire et novateur. Nous avons basé notre réflexion sur un document issu directement de cette énergie : le Detroit Strategic Framework- Detroit Future City.2 Ce document est le produit de deux années d’un travail basé sur une démarche participative à l’échelle de la ville : il s'articule autour d'une vision partagée par les habitants et représentants des différentes communautés organisées dans différents quartiers, et les décisionnaires du futur développement de la ville. Il représente un cadre stratégique pour le développement de la ville, et donc du projet.
2 Detroit woks project long term planning steering committee. Detroit future city. 2012 Detroit Strategic Framework plan. 2013.
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Après une analyse générale de la ville, présentée dans le document annexe au Projet de Fin d’Études, et suite à l’élaboration pendant le workshop d’une stratégie globale pour le devenir de la ville, " Growing Jeffries " représente un exemple de réponse située à Jeffries, en périphérie du centre-ville (Downtown) de Détroit.
vite apparu essentiel de considérer un développement durable lié à l’utilisation habile des ressources et énergies locales. Les objectifs principaux sont : encourager l'émergence d'une ville mixte et résiliente; améliorer la qualité de vie et l’équilibre du budget des habitants de Détroit à long terme.
Le choix de ce site, Jeffries, découle d’un processus d’analyse du territoire et permet de répondre à deux problématiques. La première, à l’échelle d’une ville dynamique et fragmentée: comment améliorer les connexions ? L’autre, à l’échelle d’un quartier : comment impulser la dynamisation du quartier de Jeffries vers la création d’un village urbain, pour stabiliser sa population, voire attirer de nouveaux résidents ?
C’est dans ce cadre-là que s’inscrit le projet " Growing Jeffries ", en tenant compte de son environnement culturel, social et économique. Il réunit en un même lieu plusieurs activités autour des notions de bien vivre dans son quartier, créer, se déplacer et se divertir.
La confrontation avec la culture et l'organisation du territoire des États-Unis a été l’occasion de soulever des questions sous-jacentes auxquelles nous tenterons de répondre à travers ce Projet de Fin d'Études, notamment les questions liées à la place que pourrait prendre le développement durable dans un contexte culturel, social et économique différent du nôtre, et face aux besoins prioritaires des habitants dans une ville en décroissance. Il est très
Le projet tient son nom des multiples sens que peut prendre le verbe " Grow " une fois traduit en français : "pousser ", "germer" ou " accroître ". Il s’implante comme une graine qui germe et pousse à Jeffries pour déclencher la possible redynamisation du quartier à long terme. Le projet en lui-même s’inscrit aussi sur une longue temporalité: une première action en engendre une autre et génère des réactions.
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1. À l’échelle d’une ville dynamique mais fragmentée: Comment améliorer la connexion entre les différents villages urbains florissants de Détroit ? -
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1.01. Diagnostic
Détroit est la principale ville de l’État du Michigan, située dans la région du Midwest, aux États-Unis. Elle se trouve à la frontière canadienne. Elle se situe dans une plaine lacustre au bord de la "Detroit River", entre le lac St Clair et le lac Erie, dans la région des Grands Lacs d’Amérique du Nord.
La ville de Détroit intramuros, avec une superficie de 370 km², compte aujourd’hui environ 700 000 résidents, ce qui la classe 18ème au rang des plus grandes villes des États-Unis. États-Unis Superficie : 9 147 643.1 km² Population : 308 745 538 habitants Densité: 34 habitants/km²
La région des Grands lacs réunit 27% de la population américaine, c’est une des zones les plus urbanisées et les plus industrialisées de l’Amérique du Nord. Connue comme le berceau de l’industrie américaine, elle fait actuellement face aux problèmes de la décroissance postindustrielle, la ville de Détroit étant le cas le plus médiatisé.
Grands lacs Superficie : 1 073 290.9 km² Population : 83 805 970 habitants Densité : 78 habitants/km²
L’État de Michigan est divisé en cinq régions – Upper Peninsula, Northern Michigan, Mid-Michigan, Western Michigan et Southeast Michigan. Cette dernière accueille la majorité des entreprises et des industries de l'État ainsi que 53% de la population, en grande partie concentrée dans la région métropolitaine de Détroit.
Michigan Superficie : 146 436.1 km² Population : 9 883 640 habitants Densité : 67 habitants/km²
Southeast Michigan Superficie : 14 972.8 km² Population : 5 218 852 habitants Densité : 347 habitants/km²
Cette région métropolitaine appelé "Metro Detroit" abrite 39% de la population de l'État de Michigan, c'est-à-dire 3 862 888 habitants. En 1950, Détroit était la 4ème plus grande ville américaine avec une population de près de 2 millions d’habitants1. Un exode constant, depuis les années 50, lui a fait perdre 2/3 de sa population.
1 OSWALT, Philipp, Detroit, Shrinking Cities, Berlin, Kulturstiftung des Bundes, ed. Working Papers III, March 2004, 138 p.
Metro Detroit Superficie : 5 095 km² Population : 3 862 888 habitants Densité : 426 habitants/km²
Detroit Superficie : 370 km² Population : 713 777 habitants Densité : 1 978 habitants/km² 1.
Comparaison géographique
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1.01.1. Détroit, une ville dynamique
" Pourtant, précisément parce que la dévastation physique à une telle grande échelle dépasse l'entendement, elle libère l'imagination aussi, en particulier des militants / artistes / artisans, de percevoir la réalité à nouveau; pour voir les terrains vacants non pas comme des horreurs, mais comme des espaces vides invitant le spectateur à les remplir avec d'autres formes, d'autres structures qui préfigurent un nouveau type de ville qui va incarner et nourrir de nouvelles valeurs d’affirmation de la vie en contraste avec les valeurs du matérialisme, de l'individualisme et de la concurrence…
Le déclin post-industriel et l’exode considérable de la population ont marqué significativement l’environnement urbain. La vacance est une des conséquences physiques la plus significative. La ville compte près de 150 000 parcelles libres et abandonnées : cela représente environ 185 km², soit la moitié de la surface de la ville2.
Vacance: Haute 2.
Modérée
Détroit
Carte de la vacance
2 La surface de 185 km² de vacance correspond à la somme des surfaces de : les zones de haute vacance, 17% de la surface de la ville (63 km²) et les zones de vacance modérée 33% de la surface de la ville (122km²). Source: Detroit works project long term planning steering committee, Detroit future city: 2012 Detroit Strategic Framework plan, Detroit, 2013, 354 p.
Ce nouveau type de ville ne peut pas être construit du jour au lendemain. Pour la créer, cela va prendre du temps et de la lutte... Elle ne peut pas être construite du haut vers le bas par les politiciens réagissant aux crises ou par les développeurs… Elle doit émerger organiquement de l'initiative, de l'imagination, de l'engagement, des passions et de la coopération d'un grand nombre de personnes avec différentes compétences, en mettant leur cœur, leur tête et leurs mains ensemble pour faire la différence. " 3 Cet extrait illustre sensiblement l’esprit de Détroit, de sa population résiliente qui a la capacité de voir avec optimisme l’opportunité là où le reste ne voit que la ruine. Cet esprit a impulsé la rénovation de la ville depuis plus d’une dizaine d’années, une rénovation lente et incrémentale
3 Traduction personnelle. LEE BOGGS, Grace, “One thing leads to another : Cooperative developments in urban communities” in OSWALT, Philipp, Detroit, Shrinking Cities, Berlin, Kulturstiftung des Bundes, ed. Working Papers III, March 2004, pp. 102-107
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qui émerge des initiatives "Bottom-up"4 des individus plutôt que de celles des administrateurs. Des quartiers entiers voient renaître leur économie, stabilisent leur population et même attirent de nouveaux résidents, notamment issus des classes créatives5. Le renouvèlement se perçoit surtout dans les quartiers périphériques au centre-ville et suit les lignes, théorisées par Thomas Hutton, des New Economy Precincts (NEP)6. Les NEP présentent quatre qualités principales : 1. des regroupements importants d’entreprises très innovantes, 2. la présence de repères culturels et un travail sur l’image du quartier, 3. un rôle de premier plan dans les processus de "territorialisation" ou de reterritorialisation, et enfin 4. ces quartiers sont géographiquement assez proches du centre-ville7.
Les quartiers concernés sont Midtown, Corktown et Eastern Market, ils se révèlent aujourd’hui comme de nouvelles centralités urbaines dynamiques qui sont en voie de se développer en de véritables villages urbains. Ils accueillent des usages mixtes avec une offre diversifiée de logements et une densité plus élevée. Ils concentrent des activités liées aux quatre secteurs principaux d’activités de la ville, notamment l’éducation et la santé, l’audiovisuel et la création, l’industrie (traditionnelle, artisanale ou de nouvelles technologies) et les entreprises locales privées.
4 " Les initiatives Bottom-up touchent plus particulièrement les individus par le biais d’une analyse fondamentale de leur besoins. Mettre en place une gestion Botton-up suppose un bouleversement total de nos méthodes de gouvernance. En Europe, la concertation avec les habitants, la communication et la prise en compte des retours d’expérience des utilisateurs sont un pas vers ce changement de méthode. " JOURDA, Françoise-Hélène, Les 101 mots du développement durable à l’usage de tous, édition Archibooks, 2011 5 " La caractéristique distinctive de la classe créative est que ses membres s'engagent sur des travaux dont la fonction est de créer de nouvelles formes significatives" : les scientifiques et les ingénieurs, les professeurs d'université, les artistes, les dessinateurs, les architectes, les écrivains, les professionnels de la santé, les avocats entre autres. Florida, Richard. “Cities and the Creative Class” Chap. 2 In Cities and the Creative Class, New York/London, Routledge, 2005, pp. 27-45. 6 Hutton, Thomas A., “The New Economy of the Inner City”, Cities 21, n°2, 2004, pp. 89-108. 7 DUBUS, Nicolas, MEEHAN, Tricia & SADOUX, Stéphane, Back from Detroit : Éléments pour lire et projeter une ville résiliente Master Architecture, Environnement et Cultures Constructives, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Novembre 2013, 15 p.
3.
Localisation des quartiers
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Les caractéristiques principales d’un village urbain sont : 1. La mixité d’usages : commercial, productif, résidentiel et institutionnel; 2. La proximité à l’échelle humaine : tout à environ 10 minutes à pied ; 3. Un environnement favorable aux piétons et où la voiture a sa juste place ; 4. Une population en équilibre : assez grand pour soutenir diverses activités et installations et suffisamment petit pour permettre aux gens de se reconnaître mutuellement et encourager la sociabilité, voire l’entraide, entre voisins ; 5. La communauté au centre, espaces publics et symboliques ; 6. Une offre de logements diversifiée et une gamme complète de types et de tailles de bâtiments.
4.
Un village urbain peut être défini comme : " Un type d'occupation humaine qui est assez petit pour créer une communauté dans le vrai sens du terme - un groupe de personnes qui se soutiennent mutuellement, mais assez grand pour maintenir une mixité des usages. La marche à pieds détermine la taille : environ 10 minutes de marche d'un côté à l’autre. Fournir une population suffisamment importante pour maintenir une gamme d'équipements communautaires dans une distance de 10mn de marche signifie que la densité du développement doit être élevée. Un village urbain est dense dans le centre, avec des espaces publics et éléments significatifs de référence. La densité diminue à mesure qu’on s’éloigne du centre, et la limite du village est marquée par les espaces verts."8
Schéma de village urbain
8 MARE, E. Christopher, The urban village: Synergy of Ecology and Urbanism. Fielding Graduate University, Village Design Institute, winter 2008, 123 p. Traduction personnelle
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Midtown Midtown est l'une des zones qui se développe le plus rapidement à Détroit. Elle accueille deux millions de visiteurs par an et une population diurne de 50 000 personnes grâce à diverses institutions dans le secteur de l’éducation comme la Wayne State University ou le Collège de Creative Studies ; et dans le secteur de la santé, comme le Detroit Médical Center ou le Henry Ford Health System. Midtown est la capitale culturelle de la région, le quartier abrite plusieurs institutions culturelles tels que le Detroit Institute of Arts (DIA), le Charles H. Wright Museum of African American History, le Detroit Historical Museum, le Musée d'art contemporain de Detroit (MOCAD), le Centre des sciences du Michigan, le Detroit Symphony Orchestra (DSO), et le Max M. Fisher Music Centre. Midtown accueille un large éventail de bâtiments représentatifs de l’histoire architectonique de la ville, qui va des manoirs et maisons victoriennes jusqu’aux bâtiments industriels de l’ère automobile. C’est dans ces bâtiments reconvertis que le quartier a vu renaître l’industrie manufacturière de petite échelle et artisanale, avec des micro-brasseries et la confection de produits de design locaux, comme la fabrication de vélos. Des restaurants, des galeries et des jardins communautaires animent le quartier. C’est le seul endroit dans la ville où la demande
5.
Midtown Bakery
6.
Brasserie à Midtown
7.
Nouveau développement
de logements excède l’offre.9
9 Traduction personnelle, Hudson-Webber Foundation, the Detroit Economic Growth Corporation, the Downtown Detroit Partnership, Midtown Detroit, Inc., D:hive, and Data Driven Detroit, Seven point two square miles: A Report on Greater Downtown Detroit, 7.2 SQ Mi., Detroit, MI, 2012, 79 p. Page 18.
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Eastern Market Eastern Market accueille le marché public, en fonctionnement continu depuis sa fondation en 1891, c’est le plus ancien aux États-Unis. Il accueille toute l’année 250 vendeurs et commerçants pendant le marché du samedi et pendant celui de saison qui a lieu tous les mardis de juillet à octobre. Pour le marché du samedi, jusqu'à 40 000 clients viennent acheter des fruits, des légumes, des spécialités, des fleurs, etc. La plupart des produits proviennent des fermes locales du Michigan, de l'Ohio et de l’Ontario. À proximité du marché se trouvent des détaillants, des restaurants, des galeries d’art et un jardin communautaire. Bien que le développement du quartier s’appuie sur les entreprises liées à l’alimentation, il existe aussi une offre de logements sous la forme de lofts ou d’appartements traditionnels.10
9.
Intérieur du marché
10.
Eastern Market
8.
Icône emblématique du marché
10 Traduction personnelle, Hudson-Webber Foundation, the Detroit Economic Growth Corporation, the Downtown Detroit Partnership, Midtown Detroit, Inc., D:hive, and Data Driven Detroit, Seven point two square miles: A Report on Greater Downtown Detroit, 7.2 SQ Mi., Detroit, MI, 2012, 79 p. Page 22.
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Corktown Corktown est le plus ancien quartier de Detroit et est inscrit au National Register of Historic Places11. Nommé d’après le comté irlandais dont étaient originaires ses fondateurs immigrants, Corktown est un mélange de maisons historiques, de commerces indépendants, de restaurants, de bars et d’industries. Le quartier propose des maisons en bande, des maisons victoriennes unifamiliales, des nouveaux logements, ainsi que des lofts aménagés dans d’anciens bâtiments industriels. Même si le quartier manque de grandes surfaces pour accueillir des espaces commerciaux, on constate le développement de petits espaces commerciaux partagés et de lieux où coexistent activités et habitat. Bars et restaurants locaux bordent la Michigan avenue qui traverse le quartier. Au Nord se trouve l'un des trois casinos de Detroit, MotorCity Casino, ainsi que la seule auberge de jeunesse de la ville. Le Roosevelt Park est situé au pied du plus célèbre bâtiment vacant de Detroit, la Michigan Central station12. Au cours des dernières années, ce parc a été au centre des efforts de la communauté pour revitaliser l'espace public.13
11
11. Restaurants et cafés sur Michigan Av.
12.
Cottage typique
13.
Michigan Central Station
Registre national des lieux historique des États-Unis.
12 L’ancienne gare de la ville construite en 1913 et fermée en 1988, n’a jamais été complètement occupée. Elle représentait autrefois la splendeur de la ville, et est aujourd’hui le bâtiment vacant le plus photographié de Détroit. 13 Traduction personnelle, Hudson-Webber Foundation, the Detroit Economic Growth Corporation, the Downtown Detroit Partnership, Midtown Detroit, Inc., D:hive, and Data Driven Detroit, Seven point two square miles: A Report on Greater Downtown Detroit, 7.2 SQ Mi., Detroit, MI, 2012, 79 p. Page 25.
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Downtown La rénovation est aussi apparue depuis les cinq dernières années au centre-ville, qui a subi des changements importants et la réactivation de son économie grâce à des investisseurs privés, issus des secteurs technologiques, médicaux, et financiers, qui ont choisi le centre-ville de Detroit pour établir leurs sièges. Des compagnies comme Midtown Detroit, Inc., Blue Cross Blue Shield of Michigan, Compuware Corporation, DTE Energy, Quicken Loans et Strategic Staffing Solutions ont développé en 2010 un programme appelé " Living Downtown"14 qui propose aux employés des aides financières pour acheter, louer ou réhabiliter des logements dans la zone périphérique au centre-ville.
14. Bâtiment réhabilité pour le logement
15. Grand Circus Park : Aménagement de l'espace public
14 Midtown Detroit, Inc. Live Downtown. Program Guidelines. Detroit. 2011 http://www.detroitlivedowntown. org/ Consulte novembre 2013
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Comme ces derniers exemples le démontrent, la fabrication de centres urbains dynamiques définit le chemin à suivre pour la rénovation de la ville : pour rénover les quartiers, il faut apporter de la diversité dans leurs fonctions et leurs espaces. Il faut ainsi imaginer Détroit comme un regroupement de villages urbains interconnectés, où chacun serait défini par un caractère propre, qui permettrait aux habitants de développer leur sentiment d’appartenance et de fierté. Des centralités, favorisant les déplacements à pied, avec une offre multifonctionnelle qui intégrerait des logements, des commerces, des espaces récréatifs, culturels et de création, permettrait de redimensionner la ville à l'échelle humaine, de la rendre plus "habitable" et plus durable. Celle-ci offrirait l’opportunité aux résidents de rester dans leurs quartiers et à de nouveaux résidents de trouver une offre plus en accord avec de nouvelles formes d’habiter.
16. Représentation schématique du concept pour la future forme urbaine pour Détroit "Un nouveau paradigme pour la vitalité urbaine"15 proposé par l’Institute of American Architects. Inspiré aussi par le "County of London Plan" (Abercrombie, 1943) qui propose un développement de la région urbaine de Londres comme un ensemble de villages, chacun caractérisé par une histoire, une culture, une population et une matérialité particulière16.
15 The American Institute of Architects Center for Communities by Design, Leaner, greener Detroit, A report by the American Institute of Architects sustainable design assessment team, Detroit, MI, October 30 - November 1, 2008, 61 p. 16 ABERCROMBIE, Patrick & FORSHAW, J.H., County of London Plan, Macmillan and Company Ltd. for London County Council, United Kingdom, 1943, 188 p.
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1.01.2. Détroit, une ville fragmente La fragmentation est définie par le dictionnaire Larousse comme " partager, réduire quelque chose, en fragments, en multiples morceaux ". C’est une réalité qui a marqué l’histoire de Détroit du point de vue physique lorsque les infrastructures automobiles ont découpé la ville, et des points de vue socio-économique et racial, Metro Detroit étant une des régions métropolitaines les plus ségrégées des États-Unis. Aujourd’hui, avec la naissance des différents villages urbains, apparaît une nouvelle forme de fragmentation dans la ville, la fragmentation urbaine, dans laquelle " l'identité sociale portée par la ville, objet spatial, éclaterait pour laisser place à des fragments urbains sans cohérence d'ensemble ".17
17. Les zones d'activité existant aujourd'hui à Détroit, possibles points de départ pour la formation de nouveaux villages urbains.
17 NAVEZ-BOUCHANINE, Françoise, La Fragmentation en question : des villes entre fragmentation spatiale et fragmentation sociale ?, Paris, L'Harmattan, coll. "Villes et Entreprises" 2002
Cette fragmentation urbaine pourrait apparaître comme une transformation négative de la ville. Cependant, à Détroit, où l’identité globale a disparu dans l’image néfaste qui lui a été attribuée, où ses habitants préfèrent dire de quel quartier ils viennent plutôt que dire qu’ils sont originaires de Détroit, et où l’administration ne peut plus faire face aux besoins de ses habitants, cette nouvelle forme de fragmentation pourrait permettre à la ville d’arriver à la soutenabilité18. Si Détroit se reconstruit sous la forme de villages urbains, quel avenir pour les zones non dynamiques aux interstices ? Aujourd’hui, il existe un contraste fortement marqué entre les quartiers en voie de redynamisation et le vide qui les entoure.
Dans la définition donnée par le dictionnaire Larousse, un village est " un groupement d'habitations permanentes, dont la majeure partie de la population est engagée dans le secteur agricole ". La définition suggère l’intime relation existant entre un village et son environnement proche, cette relation devrait pouvoir se retrouver dans un village urbain et plus encore dans le cas d’un regroupement de villages urbains. Cet environnement proche pourrait être matérialisé par les zones situées à l’interstice de ces villages. Ces zones qui sont aujourd’hui les plus touchées par la vacance pourront participer à la fabrication de cette relation aboutissant à la soutenabilité de la ville.
18 Le terme soutenabilité (de l'anglais "sustainability") est utilisé depuis les années 1990 pour désigner la configuration de la société humaine qui lui permet d'assurer sa pérennité. Cette organisation humaine repose sur le maintien d'un environnement et d'une économie viable ainsi que sur une organisation sociale équitable.
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Le Framework19 propose différents scénarios pour l’avenir de ces zones, en fonction de leur proportion de vacance. Pour les zones, aujourd’hui les plus fragiles, de haute vacance et vacance modérée, il propose trois scénarios possibles : 1. l’innovation écologique, 2. L’innovation productive ; 3. L’aménagement d’espaces ouverts de récréation et d’activités sportives. En ce qui concerne le premier scénario, l’innovation écologique, l’Allemagne recèle plusieurs exemples significatifs : le " parc naturel de Südgelände " 20, au sud de Berlin, est un exemple qui témoigne de la possibilité qu’a la nature pour reprendre ses droits. En 1980, un groupe d’activistes locaux a empêché la réhabilitation d’une ancienne gare et d’un ancien dépôt de chemin de fer, puis a veillé à ce que la nature puisse proliférer jusqu’à pouvoir ouvrir le parc au public, en 2000. À une autre échelle, les Emscher Parks21, fondés sur la reconversion de vastes sites industriels en une série de parcs et d’équipements culturels, proposent une vision à plus long terme de l’innovation écologique : l’idée est de redonner, par ce biais, un aspect attractif au territoire pour relancer les développements économiques et technologiques.
19 Framework: Abbreviation pour designer le document: Detroit woks project long term planning steering committee. Detroit future city: 2012 Detroit Strategic Framework plan. Detroit, 2013, 354 p.
18. Südgelände Park, Berlin, Allemagne.
19. Sweet Water Urban Farm, Milwaukee, WI, USA.
20. Emeral Necklace, Boston, MA, USA
20 Images du projet, http://www.stadtentwicklung. berlin.de/natur_gruen/naturschutz/schutzgebiete/ download/nsg/flyer/schoeneberger_suedgelaende_ en.pdf 21
http://www.urbalyon.org/AffichePDF/1534
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Au niveau de l’innovation productive, nous pourrions citer plusieurs exemples d’agriculture urbaine, parmi lesquels la " ferme urbaine de Sweet water " 22 à Milwaukee, qui réutilise un ancien bâtiment industriel pour la production de légumes et la pisciculture. Cette ferme emploie un système aquaphonique, bio-intensif, en trois niveaux de plateformes : un circuit qui fait circuler l'eau d'une plate-forme à une autre permet d’utiliser les déchets de poissons comme engrais naturel pour la croissance des plantes, qui elles-même agissent comme un filtre pour l'eau.
devront faire partie du système de soutenabilité apportant la production agricole à moyenne échelle, la régénération écologique, l’infiltration de l’eau de pluie, etc.
Le troisième scenario peut quant à lui être illustré par le " Emeral necklace " 23 à Boston, un réseau de parcs qui combinedes parcs de loisirs, des infrastructures (lutte contre les inondations et tramway), et des promenades. Ce réseau, qui a restructuré la ville, vise à concilier création de logements et conscience écologique.
L’infrastructure pourrait ne plus être perçue comme un outil de fragmentation négatif mais plutôt comme des " machines à tisser " du lien entre les différentes communautés, reliant ainsi les villages urbains entre eux mais également à leurs environnements proches ou lointains. Le système de mobilité de la ville jouera alors un rôle primordial dans la consolidation du territoire.
Quel que soit le scénario envisagé pour réhabiliter ces zones " interstices ", elles
22
http://sweetwater-organic.com/about
23
http://www.emeraldnecklace.org/
Si l’avenir de Détroit est dans le développement de villages urbains soutenus par les communautés, dans lequel la place du lien social est d’importance vitale, alors quel avenir peut-on imaginer pour les infrastructures - autoroutes et voiries – qui de nos jours sectionnent et fragmentent la ville ?
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1.01.3. Mobilité, de la rupture à la connexion
% Trafic: motorisé privé, transport en commun et non motorisés 2014
Alors que Détroit a été surnommée par le passé " Motor City " et " Motown"24, parce qu’elle était le berceau de l'industrie automobile américaine, c’est aujourd’hui la ville dans laquelle posséder son propre véhicule revient le plus cher. Le coût moyen de l’assurance automobile25 y est le plus élevé des États-Unis. Le manque de services de proximité et la distance importante à parcourir pour rejoindre son lieu de travail obligent les habitants à se déplacer : par conséquent, une famille dépense en moyenne 32% de son revenu annuel en transport. De plus, en 2010, 21,5%26 de la population n’a pas les ressources nécessaires pour posséder son propre véhicule - ce chiffre est de 3%27 en France. En effet, un projet de Tramway, Le M1-Rail28, est déjà en cours sur Woodward avenue. Il est le fruit d’un investissement de 24 Motor City : "la ville du moteur" et Motown qui est la contraction de Motor Town, "la ville du moteur", sont les surnoms de Détroit puisque elle a été la capitale de la production automobile. Motow est aussi le nom d’une célèbre compagnie de disques américaine fondé à Detroit en jenvier 1959. Sources : http://classic.motown. com/history/ consulté le 6 novembre 2013 et http://www. detroitmi.gov/Visitors/AboutDetroit/FascinatingFacts. aspx consulté le 12 février 2014 25 Selon une étude de Nerdwallet fianance le coût moyen pour une assurance Premium est de 10 723.22 $ par an soit 7,790.35 €. http://www.nerdwallet.com/blog/ insurance/2014/02/03/expensive-cities-car-insurance/ consulté le 5 mars 2014 26
Routes de Bus DDOT
21. Itinéraires de transport en commun actuels
personnes du secteur privé et de dirigeants philanthropiques, et reliera le centre-ville de Détroit à la nouvelle gare au nord, en passant par Midtown. De plus Le Framework29 met en évidence la nécessité de diversifier, développer et améliorer le système de déplacement dans la ville et sa région pour connecter les zones d’emplois aux quartiers résidentiels. Il propose un aménagement des voiries à usages multiples, laissant place aux pistes cyclables et à des voies spécifiques pour favoriser un système de transport en commun rapide comme le bus ou le tramway.
Source : American community survey 2010 5-years
27 INSEE, SRCV-SILC 2007. et Eurostat : Équipement des ménages au sein de l'UE en 2007 28 Site Internet du projet : http://m-1rail.com/ consulté le 23 octobre 2014
29 Abbreviation pour Detroit woks project long term planning steering committee. Detroit future city. 2012 Detroit Strategic Framework plan. 2013.
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Ces aménagements sont conseillés notamment pour les couloirs de transits prioritaires30, dont Grand Rivers Avenue fait partie, puisque la plupart de ces avenues sont aujourd’hui surdimensionnées par rapport à leur faible utilisation (par exemple 7 voies de voitures sur 30 mètres de large pour Grand River Ave).
% Trafic: motorisé privé, transport en commun et non motorisés 2030
Il semblerait donc que la diversification et l’amélioration du système de transport en commun puisse être une solution pour, d’une part, réduire l’impact de la voiture sur le territoire ainsi que le budget transport des ménages, et d’autre part offrir aux familles les plus modestes la possibilité de se déplacer. Cette proposition supporte aussi la possibilité de changer la perception des infrastructures et d’en faire des éléments de connexion plutôt que de rupture.
M1-rail Transit prioritaire Transit secondaire Zones d'activité Nœuds de transit
23. Itinéraires de transport en commun, 2030
22. Coupe proposée par le Framework pour les couloirs de transit prioritaires.
30 Les couloirs de transits prioritaires incluent les avenues de Woodward, du Michigan, de Gratiot, de Grand River et de Jefferson, toutes rayonnantes depuis le centre-ville.
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1.02. Stratégies à l'échelle de la ville
1.02.1. Créer un urbain à Jeffries
village
Dans un premier temps, la stratégie, à l’échelle urbaine, consiste à soutenir l’émergence d’un village urbain à l’ouest de la ville –Jeffries-, en renforçant l’identité d’un quartier qui est situé à l’interstice de deux villages urbains existants. En effet, nous avons pu constater que le développement autour du centre-ville au nord et à l’est était déjà en cours, alors que peu d’actions étaient engagées dans les quartiers situés à l’ouest. Le développement de cette zone permettrait de connecter Corktown à Midtown de manière à favoriser les parcours piétons à travers une ville où tout est plus proche qu’il n’y paraît.
24. Schéma d'intentions
L’émergence de ce village urbain est aussi un moyen pour les habitants de ce quartier d’exister en tant que communauté dans le nouveau développement de la couronne périphérique du centre-ville. Ce village urbain aurait donc, comme ses éponymes, un caractère propre et ferait l’objet d’une concentration de plusieurs activités. Il se développerait néanmoins sur une échelle différente des autres villages urbains, une échelle intermédiaire entre le modèle existant du village urbain et les quartiers pavillonnaires vacants.
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1.02.2. Améliorer la mobilité Dans un second temps, nous proposons de réaménager Grand Rivers Avenue et de la transformer en boulevard par la gestion multiple des modes de déplacements. C’est une des cinq principales artères de la ville, elle traverse Jeffries et relie le centre-ville (Sud-Est) au quartier de Brightmoor (Nord-Ouest) et plus loin, dans la banlieue, au bassin d’emploi de Farmington Hill (plus de 10 06031 entreprises recensées en 2007). Ne plus percevoir les infrastructures automobiles comme des outils de fragmentation négative mais plutôt comme des " machines à tisser " du lien entre les différentes communautés semble être une des clés pour organiser cette nouvelle forme de fragmentation et interconnecter les différents villages urbains naissants. Nous proposons alors d’améliorer la mobilité avec l’intégration de systèmes de déplacements multiples et plus respectueux de l’environnement. D’une part, avec la transformation de Grand River Avenue en Boulevard : redimensionner le réseau et hiérarchiser les flux d’une population moins dense ; intégrer les différents modes de déplacements et laisser place à des voies spécifiques pour les transports en communs (pour les bus de transits rapides dans un premier temps puis pour l’installation d’une ligne de tramway comme le projet en cours du M1-Rail sur Woodward avenue à Midtown).
Le futur boulevard comprendrait aussi l’aménagement de nouvelles pistes cyclables, comme sur Rosa Parks Boulevard, W. Warren Avenue, W. Canfield Street, 14th Street et Buchanan Street, afin de relier le quartier aux réseaux cyclables existants. La requalification des trottoirs fait aussi parti de la transformation de Grand River Avenue, laquelle serait mise en place afin de reconnecter les différents villages urbains et de favoriser les déplacements doux, à pied et à vélo. D’autre part, de manière à rendre les sols plus perméables et encourager un développement urbain plus durable, nous souhaitons réintégrer le végétal sur ce nouveau boulevard. Cela permettra ainsi d’absorber une certaine quantité de carbone et d’eaux de pluie pour améliorer la qualité de l’air et pour réduire la quantité d’eau entrant dans le réseau des égouts de la ville. L’usine de traitement de l’eau de Détroit sera alors capable de traiter la surabondance d’eau lors d’épisodes répétitifs de forte pluie, réduisant ainsi le déversement illégal d’eau non-traitée dans la Detroit River. Réintégrer le végétal sur le futur boulevard est aussi un élément qui encourage les déplacements à pied ou à vélo, et revalorise les propriétés. La mise en place de ces stratégies, à l’échelle urbaine, tend à consolider le développement de la couronne périphérique du centre-ville et à améliorer les connexions.
31 http://quickfacts.census.gov/qfd/ states/26/2627440.html
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27. État actuel de Grand River Avenue
30 m 25. Coupe transversale de Grand River Avenue : aujourd'hui Piste cyclable à deux sens Stationnement en créneau
Voie de transport en commun
Séparation arborée/sol perméable
Éclairage Circulation véhicules motorisés deux voies
Trottoir
30 m 26. Coupe transversale de Grand River Boulevard : 2050
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30
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DOWNTOWN
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28.
Stratégie à l'échelle urbaine Villages urbains naissants
Connexions transports en commun
Village urbain à developper
Connexions déplacements doux (piéton / vélo)
Site de projet
Aménagement de l’avenue Piste Cyclable proposée
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2. Comment dynamiser un village urbain en devenir, à Jeffries, pour stabiliser la population, voire attirer de nouveaux résidents ? -
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2.01. Diagnostic
Le quartier de Jeffries se situe au nord-ouest sur la première couronne, à la périphérie du Centre-ville, entre Midtown à l’est et Corktown au sud. Il est traversé, du sud-est au nord-ouest, par l’une des cinq principales avenue de la ville1 : Grand River Avenue.
Actuellement, environ 7 915 personnes2 vivent à Jeffries sur une surface de 3.1 km². Le tissu urbain, principalement pavillonnaire, atteint une densité de 1 572 habitants/km².3
Jeffries est le résultat du découpage de la ville par la construction des autoroutes dans les dernières décennies du 20ème siècle. Avant cet épisode, Jeffries était constitué de trois entités : Woodbridge au nord-est en continuité avec Midtown, Briggs au sud-est en continuité avec Corktown et Core City au nord-ouest. Les limites de Jeffries sont aujourd’hui, définies par les autoroutes : Edsel Ford Freeway (I-94) au nord; Fisher Freeway (I75) au sud ; John C. Lodge Freeway (M-10) à l’est ; et Jeffries Freeway (I-96) à l’ouest.
1 Woodward Plan, 1807. Première plan urbain de développement pour la ville de Détroit, conçu par le Judge Augustus B. Woodward, inspiré du plan urbain pour la ville de Washington D.C. fait par Pierre Charles L’Enfant. Le plan proposé un système d'îlots hexagonaux, avec un parc à son centre et des grandes avenues, émaneraient à de grandes places circulaires comme les rayons d'une roue. Les cinq rayons principaux construits suivant les chemins indigènes - les avenues de Woodward, du Michigan, de Gratiot, de Grand River et de Jefferson.
29. Localisation de Jeffries
2 U.S. Census Bureau, Census 2010 Summary File 1 (SF1) Census 2010, http://www.census.gov/ 3 Data & mapping Data Driven Detroit, GeoProfile Jeffries, Detroit Master Plan Neighborhood, Data Driven and Sanborn, Detroit, MI, http://www.cridata.org/GeoProfile. aspx?tmplt=D3&type=93&loc=2622000093029#
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2.01.1. Jeffries, un quartier entre deux réalités Le quartier de Jeffries, construit principalement entre 1840 et 18804, est relié au centre-ville par la Grand River Avenue. À présent, cet axe, qui était par le passé une artère commerciale importante, divise le quartier en deux zones distinctes qui engendrent une certaine dualité :
I-94 GRAN
D RIV
ER AV
M-10
.
I-96
I-75
30. Deux zones distinctes
Zone nord de basse vacance
Zone sud de haute vacance
4 Data-Driven, Detroit, http://datadrivendetroit.org/, consulté 2013-2014
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Au nord de Grand River Avenue Se trouve Woodbridge inscrit sur le National Register of Historic Places5. C’est une zone qualifiée de basse vacance où seulement 12% des habitations sont vides6. Cette zone a conservé ses caractéristiques résidentielles et constitue le cœur d’une communauté engagée, active et résiliente qui travaille pour la pérennité du quartier depuis les années 1960.
GRAN
D RIV
ER AV
.
53% de la population de Jeffries est concentrée dans cette zone7 dans laquelle l’offre de logement est diversifiée: d’anciennes maisons individuelles ou en bande, des bâtiments d’appartements de moyenne densité ; des constructions plus récentes, des maisons individuelles en bande, des résidences pour séniors et des logements collectifs de haute densité.
5 Traduction personnelle: Registre national des lieux historique des États-Unis.
31.
Maison victorienne - Logement individuel
32.
Nouvelle construction - Habitat en bande
6 U.S. Census Bureau, Census 2010 Summary File 1 (SF1) Census 2010, http://www.census.gov/ 7
Idem 6
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Au sud de Grand River Avenue GRAN
Se trouvent Briggs et Core city, qui forment à eux deux une zone de haute vacance dans laquelle jusqu’à 21% des habitations sont vides8. Cette zone a perdu son caractère résidentiel, les logements occupés sont généralement isolés et entourés de terrains vacants qui sont pour la plupart devenus propriété publique.
D RIV
ER AV
.
Toutefois, 47% de la population de Jeffries9 habite dans cette zone qui compte une offre de logements limitée à des maisons individuelles et en bande. Cette zone conserve quelques bâtiments, commerciaux et d'industrie légère, abandonnés mais en bon état.
34.
Industrie, Vermont St. & Alexandrine St.
33. Terrain vacant - 17 St. entre Ash St. et Butternut St.
8 U.S. Census Bureau, Census 2010 Summary File 1 (SF1) Census 2010, http://www.census.gov/ 9
Idem 8
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Dans une ville où les contrastes sont devenus une norme récurrente, cette forme de dualité offre un terrain propice pour l’avenir du quartier en tant que village urbain. En effet, la zone nord dispose déjà d’une offre diversifiée de logements, d’une plus haute densité, elle est le cœur d’une communauté établie et résiliente. La zone sud, quant à elle, est de haute vacance, et peut être sujette à différentes opportunités : les terrains vacants peuvent être transformés en terrains productifs, récréatifs ou de maintien écologique, accompagnant ainsi cette
communauté vers la soutenabilité, tout en encourageant la consolidation de la couronne périphérique du centre-ville. La Grand River Avenue, qui est à l’origine de cette dualité, sera à l’avenir un élément de couture entre ces deux zones du quartier, et ne devra plus être perçue comme un élément de séparation. Dans le projet, promouvoir les connexions transversales entre les deux zones représente donc une priorité pour la redynamisation du quartier.
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I-94
GRAN
D RIV
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M-10
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I-96
I-75
CORKTOWN 35. Schéma connexions transversales Connexions transversales
Zone nord de haute vacance Zone sud de basse vacance
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2.01.2. Besoins identifiés
2.01.2.1. Un manque de services de proximité et d’accès à de la nourriture saine
Le quartier de Jeffries accueille une communauté multi-ethnique aux revenus mixtes : un mélange éclectique entre des propriétaires de longue date et des nouveaux locataires, qui inclue des familles, des étudiants, des professeurs d'université, des professionnels, des musiciens, des artistes, des personnes sans emplois et des séniors. Nous avons alors tenté d’identifier les besoins principaux d’une telle communauté, que nous résumerons en deux points : un manque de services de proximité et d’accès à de la nourriture saine et des problèmes liés au logement et à la précarité énergétique.
Entre 2000 et 2010, le quartier a connu une augmentation de sa population de 14.5%.11 Malgré cette augmentation, le quartier compte seulement trois supérettes, une dizaine de restaurants (" Fast Food "12 compris), mais aucun supermarché ou marché. L’accès à la nourriture fraîche, saine et abordable dans le quartier est relatif, il dépend de la zone où l’on habite : alors que 53% de la population, concentrés dans la zone au nord de Grand River Avenue, disposent d’un accès de proximité13 aux supermarchés et aux épiceries de Midtown, les 47% restants qui résident au sud de l’avenue, n’ont pas le même accès. Cette zone est considérée comme un " Food Desert " qui est défini comme : " Une zone géographique où les communautés, généralement à faible revenu14, n’ont pas facilement accès à des aliments frais, sains et abordables. Ceci est principalement dû à la distance entre les foyers et les points d’approvisionnement
36. Au total, 7.915 personnes habitent le quartier de Jeffries. Ce sont principalement des adultes entre 25 et 63 ans (52%), et des enfants entre 1 et 17 ans (22.4%). Il y a aussi 13% d’adolescents entre 18 et 24 ans et 12% de personnes âgées de plus de 64 ans. Parmi les 52 % d’adultes, 66% sont salariés et 34% sont sans emploi. 34.6% de la population de Jeffries est en dessous du seuil de pauvreté.10 10 U.S. Census Bureau, Census 2010 Summary File 1 (SF1) Census 2010, http://www.census.gov/
11 Ce changement est dû en grande partie à la construction de 379 nouveaux logements. Source : U.S. Census Bureau, Census 2010 Summary File 1 (SF1) Census 2010, http://www.census.gov/ 12 Chaînes personnelle 13
de
restauration
rapide.
Traduction
Distance inférieur ou égal à 1/2 mille (0.8 km)
14 34.6% de la population de Jeffries se trouve en dessous du seuil de pauvreté. Source : U.S. Census Bureau, Census 2010 Summary File 1 (SF1) Census 2010, http://www.census.gov/
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de nourriture de qualité. Cette distance représente généralement au moins le double de la distance entre les habitations et les produits de restauration rapide bien plus proches. Cette difficulté d'accès contribue à une mauvaise alimentation et peut conduire à des niveaux plus élevés d'obésité et d'autres maladies liées à l’alimentation, comme le diabète et les maladies cardiaques" 15 La difficulté d’accéder à des produits frais dans le quartier trouve ses origines en 1965 avec la destruction du Western Market, seul marché à proximité de Jeffries, autrefois situé au croisement de Michigan Avenue et de 18th Street à Corktown, pour faire place à la Fisher Freeway16, laissant les résidents sans services de proximité.
38. Western Market, avant 1965
Cette destruction n’était à ce moment-là, pas perçue comme un problème, puisque l’autoroute permettait de se rendre rapidement dans les grandes surfaces installées en dehors de la ville. Cependant, aujourd’hui, plus de 25% des ménages du quartier17 n’ont plus les ressources suffisantes pour posséder leur propre véhicule, et ceux qui en possèdent un dépensent jusqu’à 32.2% de leur revenu annuel en transports18. À Jeffries, les dépenses liées à la nourriture représentent 23%19 du revenu des ménages à faible revenu.20 17 Southeast Michigan Council of Governments, Households with No Vehicles Available, 2010 Southeast Michigan, SMEGOG, http://www.semcog.org/ uploadedFiles/Data_and_Maps/Map_library/NoCar_ Households_byTAZ_2010.pdf, consulté janvier 2014
37.
Réseau de marchés de producteurs
15 Traduction personnelle. United States Department of Agriculture, Agricultural Marketing Services, Food Desert, http://apps.ams.usda.gov/fooddeserts/foodDeserts. aspx, Consulté novembre 2013 16 BESHOURI, Paul, Searching For Evidence of Detroit's Forgotten Western Market, http://detroit.curbed. com/archives/2013/05/western-market.php, consulté novembre 2013
18 En moyenne le revenu d’un ménage à Jeffries est de 26 877 euros par an. Source : Bureau of Labor Statistics, U.S. Department of Labor, Consumer expenditures for the Detroit area: 2010-2011, BLS MIDWEST INFORMATION OFFICE, February 15, 2013, http://www.bls.gov/ro5/ cexdet.htm, Consulté janvier 2014 19 SHUMAN, H. Michael, Economic Impact of Localizing Detroit’s Food System, http://www.fairfoodnetwork.org/ resources/economic-impact-localizing-detroits-foodsystem, Consulté janvier 2014 20 À Jeffries le revenu d’un ménage à faible revenu est de 18 500 euros par an. Source : Data & mapping Data Driven Detroit, GeoProfile Jeffries, Detroit Master Plan Neighborhood, Data Driven and Sanborn, Detroit, MI, http://www.cridata.org/GeoProfile.aspx?tmplt=D3&t ype=93&loc=2622000093029#
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La proximité des services, notamment ceux relatifs à l’alimentation, semble indispensable pour l’amélioration de la qualité de vie des résidents. Une offre adaptée pourrait assurer l’accès, à des prix abordables, à une nourriture de qualité pour la totalité de la population de Jeffries. Cette offre de services permettrait aussi de réduire la part du transport dans le budget des familles par la diminution de la dépendance à la voiture et encouragerait un mode de vie plus sain, œuvrant ainsi pour le développement d’une communauté plus soutenable.
2.01.2.2. Des problèmes liés au logement et à la précarité énergétique
Le taux d’occupation des logements à Jeffries est plus élevé que le taux moyen de la ville. En effet, en 2010, d’après les informations de l’U.S. Census Bureau, en moyenne 83,6% des habitations de Jeffries sont occupées22 , contre 77.2% à Détroit. Parmi la population du quartier, 60.24% est locataire, ce qui représente 67.6% de l’offre de logement du quartier. Presque la moitié23 des locataires dépense plus de 30% de leur revenu en loyer (charges comprises). Il faut néanmoins savoir que, même si nous ne disposons pas de diagnostic de performance énergétique, 74.6% des maisons ont été construites avant les années 1970, et sont généralement mal isolées ou sans isolation. En conséquent, si les familles chauffent leur logement correctement, environ 50% du budget alloué au logement est en réalité destiné au chauffage et/ou à la climatisation.
39. Répartition des dépenses annuelles pour une famille à faibles revenus à Détroit21
Autres 13%
Logement Nourriture 32% 23%
Transports 32%
22 Sur un total de 4 196 habitations à Jeffries, 688 sont vacantes soit 16,4%. 21 Bureau of Labor Statistics, U.S. Department of Labor, Consumer expenditures for the Detroit area: 2010-2011, BLS Midwest Information Office, February 15, 2013, http:// www.bls.gov/ro5/cexdet.htm, Consulté janvier 2014
23 48.6% de locataires Source : Data & mapping Data Driven Detroit, GeoProfile Jeffries, Detroit Master Plan Neighborhood, Data Driven and Sanborn, Detroit, MI, http://www.cridata.org/GeoProfile.aspx?tmplt=D3&type =93&loc=2622000093029#
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En effet, la plupart des ménages de faible revenu24 ne chauffent pas complètement leur logement. Une famille peut dépenser en énergie finale 2 777 euros par an, ce qui représente 15% de son revenu annuel25: on dit alors qu’elle se trouve en situation de précarité énergétique26.
40. Répartition des dépenses annuelles pour une famille à faibles revenus à Jeffries27
Autres 13%
À Jeffries, la composition des ménages est variée, la plupart (48.6%) est constituée d’une seule personne et 32.8% sont des familles monoparentales, la moyenne d’âge étant de 35 ans28. Par conséquent, l’offre de logements qui est principalement constituée de maisons individuelles ou en bande de grandes surfaces29 n‘est pas adaptée à la composition des familles, ni à leur revenu. Le quartier fait l’objet d’un manque d’offre de logements de petites surfaces et de logements collectifs. Compléter l’offre de logement avec des habitations moins énergivores, en location avec option d’achat et où peuvent se mêler les activités professionnelles et l’habitat, permettrait d’offrir des logements abordables : le quartier pourrait attirer de nouveaux résidents, vraisemblablement issus de la classe créative, ayant peu de revenu et qui recherchent la proximité du centre-ville et de Midtown.
Énergie Logement Nourriture Transports 15% 17% 23% 32%
24 À Jeffries le revenu d’une famille à faible revenu est de 18 500 euros par an soit 1 500 euos par mois. Source : Data & mapping Data Driven Detroit, GeoProfile Jeffries, Detroit Master Plan Neighborhood, Data Driven and Sanborn, Detroit, MI, http://www.cridata.org/GeoProfile. aspx?tmplt=D3&type=93&loc=2622000093029# 25 Hypothèse de dépense d’une famille à faible revenue. Voir Annexé 2 26 Précarité énergétique : " la précarité énergétique désigne un foyer qui éprouve des difficultés, voire se trouve dans l’impossibilité de chauffer correctement son logement à un prix raisonnable qui dépend de ses revenus. On considère qu’un foyer qui dépense plus de 10% de son budget, pour payer ses factures énergétiques est en situation de précarité énergétique." Source : http:// www.developpement-durable.gouv.fr/Definition,31880. html, Consulté janvier 2014 27 Bureau of Labor Statistics, U.S. Department of Labor, Consumer expenditures for the Detroit area: 2010-2011, BLS Midwest Information Office, February 15, 2013, http:// www.bls.gov/ro5/cexdet.htm, Consulté janvier 2014
28 U.S. Census Bureau, Census 2010 Summary File 1 (SF1) Census 2010, http://www.census.gov/ 29 Maisons de 150 m² en moyenne. Source : http:// www.foxbusiness.com/investing/2012/04/17/ten-mostand-least-affordable-cities-to-buy-home/
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2.01.3. Atouts pour la redynamisation de Jeffries Une situation privilégiée La proximité avec le centre-ville, et avec les zones en redynamisation telles que Midtown et Corktown, ainsi qu’avec les zones d’emploi au nord-ouest, fait de Jeffries un emplacement attractif pour de futurs investisseurs ou de petites entreprises. Le quartier peut aussi attirer de nouveaux résidents intéressés par la proximité des équipements régionaux : les institutions éducatives, culturelles et de santé localisées principalement à Midtown; et par le nouveau marché de l’emploi florissant au centre-ville, tout en profitant du caractère résidentiel du quartier. Les connexions entre Jeffries et Midtown ou entre Jeffries et Corktown se voient aujourd’hui coupées par la présence en contre bas de larges autoroutes : pour que Jeffries profite de son emplacement stratégique, ces connexions devront être repensées selon le modèle des ponts traversant les fleuves, puisque dans la pensée collective il semble plus difficile de franchir une autoroute qu’un fleuve, alors qu’en réalité les distances à franchir sont les mêmes.30
41. Le centre de Jeffries se situe à 3 km du centre du Downtown, à 2.5 km du centre de Midtown et à 2 km du centre de Corktown
Un réseau de connexions existant : la Grand River Avenue L’avenue offre une connexion rapide et directe entre Jeffries et le centre- ville ainsi qu’entre Jeffries et les zones d’emploi au nord-ouest. De fait, l’avenue peut devenir un élément de connexion pour " recoudre " les quartiers entre eux : en privilégiant les connexions transversales, il sera possible d’effacer la fracture au sein même du quartier et de le reconnecter à Midtown et Corktown.
30 Tadd Heidgerken, architecte, professeur à l’université de Detroit Mercy, pendant le Detroit Workshop, lors d’une visite de Midtown, Estern Marquet et Corktown. Octobre 2013. Traduction personnelle.
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Une identité à valoriser : le patrimoine Le quartier a conservé des exemples exceptionnels de l’histoire architectonique et urbaine de la ville. Des bâtiments industriels du mouvement Arts & Crafts31, des manoirs et maisons victoriennes, d’anciens cottages32 et maisons ouvrières, sont les témoins de l’histoire du quartier et pourront jouer un rôle dans son avenir. Ces bâtiments emblématiques peuvent matérialiser des icônes d’identité et de fierté pour les habitants du quartier. Même si, en réalité, la plupart de ces bâtiments remarquables sont abandonnés ou vacants, ce n’est pas le cas de tous. Nous assistons aujourd’hui à un mouvement qui porte de plus en plus d’intérêt à ce patrimoine puisque sa réhabilitation, conservation et son réaménagement peut impulser aussi la réactivation du quartier. Par exemple le bâtiment qui accueille la Phoenix Corporation Group33, qui a été reconvertie dans le 2013 en lofts et bureaux.
42. Le bâtiment de la "Eighth Precinct Police Station", Grand River Av.& Rosa Parks Blvd.
43. W.
Maison victorienne, Thrumbull St & Alexandrine St
44.
Groupe ouvrier, Rosa Parks Blvd. & Spruce St.
31 Arts &Crafts : Mouvement anglais créé en 1888, principalement par W. Morris et C.R. Ashbee, dans le dessein de renouveler l'artisanat. En réaction contre la production industrielle, il exerça une certaine influence en Europe, notamment sur le Deutscher Werkbund et l'Art nouveau. Extrait du dictionnaire Larousse, http:// www.larousse.fr/encyclopedie/groupe-personnage/ Arts_and_Crafts/178362 32 Un cottage est une maison unifamiliale qui a deux étages hors sol, construit typiquement en bois. 33 Le bâtiment de la "Eighth Precinct Police Station", désigné lieu historique de l’état de Michigan et inscrite sur le Registre National des Lieux Historiques des ÉtatsUnis.
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Des institutions déjà ancrées dans le quartier À Jeffries, les institutions éducatives comme l’Université Detroit Mercy et la Wayne State University, jouent le rôle de mécène pour le développement des quartiers périphériques au centre-ville, à travers par exemple des programmes qui permettent aux employés d’investir dans l’immobilier pour acheter, louer ou réhabiliter des logements dans ces quartiers. D’autres institutions travaillent pour la stabilisation et la revitalisation du quartier. Elles se sont installées dans le quartier pour impulser sa rénovation. On y trouve The Woodbridge Neighborhood Development Corporation (WNDC), entité à but non lucratif, en charge du plan de développement pour Woodbridge, ou The Pheonix Corporations Group, entreprise privée, qui a pour mission de réaménager les communautés urbaines à travers la construction résidentielle et la réhabilitation de maisons existantes.
45. Bibliothèque publique, Commonwealth St.
Grand
River
Av.
et
46. Église St. Leo's Church Soup Kitchen, Grand River Av. et 15th St.
47. Institution éducative Burton International School, Martin Luther King Jr. Blvd.
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Émergence culturelle Le quartier accueille une multitude d’institutions culturelles telles que le Contemporary Art Institute of Detroit, le Detroit Institute of Art, le Museum of Contemporary Art Detroit, de nombreuses galeries, et deux bibliothèques publiques "Douglass Branch" et "Main branch". Parmi les nombreuses galeries, une d’entre elle, la 4731 Gallery, est à l’origine d’un projet de beautification34 du quartier nommé Grand River Creative Corridor.
Un réseau associatif communautaire
48. Grand River Creative Corridor, Grand River Av. et Buchanan St. Vers centre-ville
et
Nombreux et divers sont les organismes qui travaillent avec et pour la communauté. Le quartier compte dix-neuf églises et neuf organismes à but non-lucratif, dont la plupart fonctionne grâce au volontariat et aux subventions des secteurs public et privé.
49. Volontariat
Le centre de recyclage Architectural Salvage Warehouse et les jardins communautaires sont des exemples d’une communauté engagée qui travaille pour la pérennité et la revitalisation de son quartier.
50. Architectural Salvage Warehouse
34 Embellissement et mise en valeur : traduction personnelle.
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L’opportunité liée aux terrains vacants
Selon une étude d’évaluation de la capacité d’approvisionnement alimentaire local de Détroit, réalisée en 2010 par des chercheurs de la Michigan State University36:
Actuellement, 43% de la surface totale du quartier sont considérés comme vacants35 soit 1.34 km². Environ la moitié de ces terrains, 0.8 km², sont propriété publique ce qui représente une opportunité concrète pour la mise en œuvre des trois scénarios que propose le Framework : 1. L'innovation écologique, 2. L’innovation productive ; et 3. L’aménagement d’espaces ouverts de recréation et d’activités sportives.
" 8.44 km² de production maraîchère à faible rendement complétée de stockage et d’extension (serre) pourraient produire 76% de la consommation de légumes et 42% de la consommation de fruits pour 900 000 habitants. C’est à dire que la consommation actuelle37en fruits et légumes de l’intégralité de la population de la ville pourrait être satisfaite en utilisant, pour la production maraîchère, seulement 32% des terrains vacants appartenant à l’état. "
Dans le cas du deuxième scénario (l’innovation productive), Les terrains vacants de Jeffries représentent un potentiel productif très important pour l’autosuffisance du quartier en production de fruits et légumes. La sécurité alimentaire pourrait être assurée : l’exploitation de ces terrains pourrait générer l’accès à des produits frais, sains et abordables à faible distance de l’ensemble de la population du quartier.
52. Scénarios de l'étude d’évaluation de la capacité locale d’approvisionnement alimentaire de Détroit38
36 COLASANTI, K. A., & HAMM, M. W. (2010, November). Assessing the local food supply capacity of Detroit, Michigan. Journal of Agriculture, Food Systems, and Community Development. ISSN: 2152-0801 online www. AgDevJournal.com
51. "Food Field", Détroit
35 Référencé au total de terrains vacants sans structures construites. Source : Data & mapping Data Driven Detroit, GeoProfile Jeffries, Detroit Master Plan Neighborhood, Data Driven and Sanborn, Detroit, MI, http://www.cridata.org/GeoProfile.aspx?tmplt=D3&type =93&loc=2622000093029#
37 4 518 tonnes de fruits et 34 774 tonne de légumes consommé par les habitants de Détroit en 2010 contre 18 978 tonne/an de fruits et 104 323 tonne/an de légumes recommandée par le gouvernement. 38
Idem 35
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Sachant que la population de Jeffries représente 0.8% de la population de la ville39, on calcule que Jeffries pourrait assurer son propre approvisionnement en fruits et légumes en utilisant pour la production maraîchère 7.4 hectares, soit seulement 11%, des terrains vacants de propriété publique du quartier40.
54. Diagramme des terrains vacants de Jeffries
L’agriculture urbaine n’est pas une pratique innovante à Détroit, elle est ancrée dans la culture de la ville et très présente dans le quartier. Il compte de nombreux jardins potagers privés ou créés et entretenus par la communauté, les églises, les écoles, etc. Penser à une production de nourriture locale à Jeffries pourrait modérer les effets du Food Desert, et permettre l’accès à tous les habitants à de la nourriture saine et abordable. 53.
Carte de la vacance à Jeffries Terrains vacants
39
900 000 habitants pour l’étude
40 Jeffries compte 0.67 km² de terrains vacants de propriété publique.
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47
I-94
miDTOWN M-10
GRAN
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I-96
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.
DOWNTOWN
I-75
CORKTOWN 55. Carte : résumé de l'analyse du quartier Institutions
Connexions transversales
Terrains vacants
Zone nord de haute vacance
Zone résidentielle dense
Zone sud de basse vacance
Zone résidentielle éparse
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48
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56. Carte : résumé de l'analyse du quartier, réseaux Site de projet
Pistes cyclables existantes
Aménagement de Grand River Av.
Pistes cyclables proposées
Le M1-Rail - Woodward Avenue
Distance et temps de parcours à pieds : 5 mn et 15 mn (en vélo : 1 mn et 5 mn )
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2.02. Stratégie à l’échelle du quartier
Prenant en considération les besoins identifiés de la population de Jeffries, ainsi que les atouts que le quartier possède, nous proposons comme projet la création d’un centre d’activités au cœur du quartier pour impulser sa dynamisation vers la création d’un village urbain et pour stabiliser sa population, voire attirer de nouveaux résidents. Le centre d’activités sera constitué d’une offre de services de proximité et d’une offre de logements économiques et évolutifs, articulés autour d’un espace public central : un marché coopératif et de petits commerces qui ont pour objectif de renforcer et stabiliser la population et l’économie du quartier. Les logements pourront être associés à un espace de travail pour attirer de nouveaux résidents,
notamment provenant de la classe créative. Le centre d’activités sera donc un point de rencontre où les habitants pourront à la fois s’approvisionner en nourriture saine, se divertir, se loger et /ou travailler. L’intention du projet, par la création de ce centre d’activités, est donc d’encourager le développement soutenable et l’autonomie économique de la communauté de Jeffries. Le projet se greffe41 aux institutions existantes et trouve appui sur les dynamiques émergentes du quartier, notamment l’agriculture urbaine, la récupération de matériaux et l’esprit optimiste et entrepreneur des habitants de Détroit.
41 Se greffer : Être ajouté à quelque chose ; en être le développement. Un greffe : Procédé de multiplication végétative réalisé par l'union d'une partie d'une plante (greffon) et d'une partie d'une autre (porte-greffe ou sujet) en vue d'obtenir un seul individu. Dans le sens littéraire : Ce qui s'ajoute, qui est ajouté pour enrichir, modifier, etc. Source : Dictionnaire Larousse
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2.02.1. Se greffer institutions existantes
aux
Pour le développement du centre d’activités, nous imaginons le marché coopératif comme une première " action " qui se greffe aux institutions déjà sur place (les institutions culturelles ou encore les corporations et associations qui travaillent pour le quartier), afin d’offrir des services de proximité aujourd’hui inexistants, en réponse aux besoins des résidents.
Le marché tendrait donc vers l’amélioration de la vie du quartier et pourrait déclencher son développement en attirant d'autres " actions " ou " Réactions " qui prendraient place dans les bâtiments vacants alentour. Ces " réactions " pourraient être matérialisées par un nouvel espace culturel pour la musique et le théâtre, une pépinière d’entreprise, des commerces, cafés et restaurants... Le marché coopératif sera donc la première " action ", qui engendrera des " réactions " en chaîne pour récréer et consolider un cœur de quartier dynamique.
Action
Existant
Phœoenix corp.
Réaction
Espace culturEl
GrowinG Jeffries
Centres communautaires
Commerce
ASWd
Pépinière d'entreprise
57. ...Existant ...Action ...Réaction
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Comme site de projet nous avons donc choisi un îlot situé au cœur du quartier et traversé par Grand River Avenue. Ce positionnement stratégique a pour intention de générer la centralité, susciter le lien entre les deux zones du quartier et réactiver, à l’échelle du quartier, le corridor commercial de Grand River Avenue. Le réaménagement de l’avenue en boulevard, prévu dans la stratégie à l’échelle urbaine, agira comme une " agrafe urbaine "42, visant à renforcer la connexion urbaine et sociale, entre le quartier et le centre-ville. De la même façon, le centre d’activités agira comme une agrafe, visant à estomper l’effet de coupure que représente Grand River Avenue entre les deux zones identifiées du quartier. L’îlot choisi, d’une superficie de 2.2 hectares, se situe entre les routes de Rosa Parks Blvd. à l’est, Vermont St. à l’ouest, Calumet St. au nord et Alexandrine St. W. au sud. L'îlot est divisé en deux par Grand River Avenue, et présente la même dualité
que l'ensemble du quartier. Dans la partie au nord de l’avenue se trouvent des bâtiments commerciaux, vacants pour la plupart à l’exception d’un seul commerce encore en activité. Du côté sud, il ne reste plus qu’un bâtiment commercial, qui était encore ouvert jusqu’en 2010 : autour de celui-ci le terrain restant est vacant et appartient à l'État. Le projet s'appuie sur des infrastructures existantes. Tout d’abord, la présence à proximité du site du bâtiment qui abrite le siège de The Phoenix corporation Group constitue un icône symbolisant l’histoire et l’identité de la communauté, et formera un binôme avec le nouveau centre d’activités qui, quant à lui, matérialisera une perspective d’avenir durable pour le quartier. Ensuite, la grille urbaine et le parcellaire, qui constituent des éléments structurels de la ville, seront aussi pris en compte dans le projet par le respect de la trame existante et en s'inspirant du parcellaire comme rythme de composition.
58. Îlot côté sud 42 Agrafe : fil métallique replié permettant d'attacher, de fixer, d'assembler ensemble plusieurs éléments. Source: Dictionnaire Larousse.
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59. Îlot existant au cœur de Jeffries
1. Côté nord
2. Côté sud
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2.02.2. S’appuyer sur 3 initiatives locales déjà en place à Jeffries 2.02.2.1. L’agriculture Urbaine Le premier levier sur lequel le projet prend appui est l'agriculture urbaine: Selon le Professeur Eric Duchemin43, l’agriculture urbaine est une pratique dont l’objectif principal est la production alimentaire en milieu urbain, elle implique l’utilisation des surfaces disponibles en ville, même les plus petites. Ces surfaces sont requalifiées pour pratiquer le maraîchage, produire des fruits, et peuvent aussi inclure l’apiculture et l’élevage de petits animaux comme des lapins, des poules ou des poissons. Cette pratique est en général spontanée, déstructurée et non officielle. Elle répond à une mobilisation sociale qui s’attribue l’espace urbain pour, dans une perspective de résilience urbaine, contester et agir sur les modes de vie, la production alimentaire et la qualité environnementale en ville.
Selon la FAO44 l'agriculture urbaine et périurbaine45 fournit déjà de la nourriture à environ 700 millions de citadins, soit un quart de la population urbaine mondiale. D'ici à 2030, la quasi-totalité de la croissance de la population sera concentrée dans les zones urbaines des pays en développement. D'ici là, près de 60 % des habitants des pays en développement vivront dans les villes. L’agriculture urbaine devrait donc jouer à l’avenir un important rôle pour assurer la sécurité alimentaire des habitants. L'agriculture urbaine peut contribuer à améliorer la sécurité alimentaire de plusieurs façons. D’abord, en donnant accès grâce à la production locale à de la nourriture abordables pour tous, même pour les personnes les plus démunies, et ensuite en promouvant une diversité et une meilleure qualité des aliments consommés, ce qui améliore le régime alimentaire des habitants et leur santé. Aussi, l’agriculture urbaine peut jouer un rôle important face aux défis de la mutation énergétique. Elle peut offrir une alternative à l’agriculture industrialisée, basé sur les hydrocarbures46, qui dégrade la qualité des sols, affecte la biodiversité, consomme d’énormes quantités d’eau et de ressources tout en étant moins productive que la production maraîchère. Si les villes se nourrissaient elles-mêmes, il serait possible de réduire des besoins aujourd’hui satisfaits par l’agriculture industrielle. 44 FAO : Food and Agriculture Organization of the United Nations
60. Agriculture urbaine 43 DUCHEMIN, Eric, Agriculture urbaine: quelle définition? Une actualisation nécessaire ? dans AgriUrbain http://agriurbain.hypotheses.org/2705, 2012
45 L’agriculture périurbaine, consiste en des fermes à proximité des villes où l'on trouve des potagers maraîchers, des poulaillers ou du bétail. Source : FAO, Agriculture urbaine et sécurité alimentaire in Journée mondiale de l'environnement: des villes plus vertes, Rome, 2005, http://www.fao.org/newsroom/FR/news/2005/102877/ index.html 46
Pesticides et intrants agricoles issus de la pétrochimie.
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nourriture accessible supermarché.47 Aujourd’hui, de nombreux américains se rendent compte des avantages de produire et d’acheter localement. La prolifération de l’agriculture urbaine dans les villes américaines est un signe évident du changement de paradigme vers le développement durable.
L’agriculture urbaine à Détroit48
61. Le jardinage aux Etats-Unis
La vulnérabilité du système alimentaire industrialisé a été mise en évidence par la crise économique de 2007. Aux États Unis, les classes moyennes sont devenues pauvres, et les pauvres sont devenus encore plus démunis. Pendant les années 2008 et 2009: 50 millions d’Américains, dont 17 millions d’enfants, étaient en situation d’insécurité alimentaire. La sécheresse et les conditions climatiques extrêmes ajoutées à la crise économique font ressortir très clairement le besoin d’un système de «sauvegarde» de la production alimentaire. D’un point de vue énergétique, les mœurs ont beaucoup changés en 50 ans. Alors qu’en 1940, une calorie d’énergie de combustibles fossiles (ECF) pouvait produire 2,3 calories d’énergie alimentaire, soixante-dix ans plus tard, le rapport est inversé puisque 10 calories ECF sont nécessaires pour la production d’une seule calorie de
À Détroit, la production agricole en terrain urbain a depuis toujours été une réponse aux différentes crises économiques. La première fois, en réaction à la Panique de 189349, la ville a mis en place un programme appelé " Pingree potato patches "50, à travers lequel elle fournissait aux populations les plus démunies des terrains publics, des graines et des instructions en trois langues pour cultiver en ville. En 1895, suite à ce programme, 455 hectares avaient été cultivés: un faible investissement de la part
47 Traduction personnelle. NORDAHl, Darrin. Public Produce: New Urban Agriculture, Island Press, 2009 Basir Nor Hassan, Loyan. Master’s thesis, Kansas State University, 1990 48 Traduction personnelle. D'après l'article Urban Agriculture in Detroit Food Policy Council, Detroit Food System 2011-12 Report, Detroit, MI, 2012, www. detroitfoodpolicycouncil.net 49 La Panique de 1893 est un krach financier qui se déroule aux États-Unis. Elle est marquée par l'effondrement du financement des chemins de fer qui ont construit trop et trop vite. Il en résulte une série de faillites bancaires. La dépression économique engendrée est alors la pire qu'ait connu le pays qui subit un taux de chômage de plus de 10 % et un nombre de faillites record. Source : Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Panique_de_1893 50 Les potagers de pommes de terre de Pingree. Nom donné en allusion au Maire de l’époque Monsieur Hazen S. Pingree. Traduction personnelle
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de la ville (environ 3 654 euros) a engendré la production d’aliments d’une valeur de 20 463 euros. Ce programme a été par la suite mis en place dans d’autres villes américaines. La seconde période pendant laquelle la production agricole en ville a tenu un rôle important était lors de la Première Guerre Mondiale. Les jardins potagers en ville permettaient aux familles de se nourrir puisque, à ce moment-là, toute la nourriture produite dans les fermes était envoyée aux soldats. Faire de l’agriculture en ville était un acte patriotique.
En 1944, " les jardins de la victoire " avaient fourni 42% de l'approvisionnement en légumes du pays. À Détroit, une grande partie des surfaces disponibles en ville avaient été utilisées pour l’agriculture, et un jardin avec des bacs surélevés avait déjà poussé sur le toit du centre commercial Crowley’s qui était alors situé au centreville. Les potagers urbains étaient considérés comme une ressource alimentaire importante dans les villes américaines à partir de 1918 et jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le mouvement de l’agriculture urbaine à Détroit a été relancé dans les années 70, quand la population de la ville commençait à diminuer de façon importante. La Mairie, à travers un nouveau programme appelé " Farm-ALot ", a suggéré l'agriculture urbaine comme solution pour occuper les terrains vacants de la ville. Ce programme fournissait des terrains, des graines et des outils à tous ceux qui souhaitaient devenir les nouveaux jardiniers de Détroit.
62. Victory gardens
Les jardins urbains ont aussi été une réponse durant la période de la Grande Dépression de 1929 pendant laquelle 2 700 parcelles (soit plus de 121 hectares) appartenant à la ville ont été cédées aux familles pour produire de la nourriture. Les jardins potagers en ville, en ces temps-là appelés " jardins de la victoire ", ont été à nouveau utilisés comme soutient pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ils faisaient partie d'une campagne plus globale qui comprenait le rationnement, le recyclage, la mise en conserve, et le bénévolat dans les exploitations agricoles.
En 1977, le Programme fédéral de jardinage urbain51 administré par l'USDA52, est entré en vigueur dans 16 villes à travers les États-Unis, y compris Détroit. L'objectif était d’éduquer et d'encourager les habitants ayant un faible revenu à produire, mettre en conserve et se nourrir avec des légumes frais. Pendant les années 80 et 90 de nombreux jardins, fondations, organisations et associations se sont formés autour de l’agriculture urbaine ayant pour moteurs d’une part la sécurité alimentaire et d’autre part le développement communautaire 51 Traduction personnelle, Federal Urban Gardening Program. 52
USDA : United States Department of Agriculture
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et économique. La plupart de ces organismes voient dans l’agriculture un outil de reconstruction du lien social, un moyen d’apprendre aux jeunes la notion de responsabilité et des compétences en direction et gestion, et en même temps une ressource pour sécuriser les quartiers et améliorer les conditions de vie des habitants. Au début des années 2000, le programme " Farm-ALot ", bien que populaire et couronné de succès, a été éliminé en raison de contraintes budgétaires. Cet arrêt était une menace pour la vitalité du mouvement de l’agriculture urbaine qui avait grandi dans la ville. Comme réponse, les différents organismes, tels que The Greening of Detroit, the Detroit Agriculture Network, Earthworks Urban Farm/Capuchin Soup Kitchen, et the Michigan State University Extension, se sont réunis pour former une coalition sous le nom de Garden Resource Program Collaborative53 (GRPC) qui coordonne alors le réseau de l’agriculture urbaine de la ville.
Aujourd’hui, ce réseau compte plus de 1 400 jardins potagers, la plupart organisés par des projets communautaires et de résidents, sans compter les jardins des écoles, des églises ou les jardins privés. Le réseau de l’agriculture urbaine à Détroit reçoit l’appui de plusieurs organismes, tels que Detroit Food Policy Council, the Eastern Market Corporation et the Detroit Black Community Food Security Network, qui travaillent pour l’intégration de l’agriculture urbaine dans le développement de la ville. Leurs objectifs principaux sont d’améliorer l’accès à la nourriture saine, notamment par la mise en place d’un réseau de marchés de producteurs, qui permet d'apporter plus de nourriture fraîche et de bonne qualité aux habitants. Leurs activités ont reçu un appui officiel en 2012, lorsque les écoles publiques de Détroit ont lancé un programme d’enseignement de l'agriculture dans 45 établissements de la ville, avec l'espoir que des emplois dans la production, la vente, la transformation et la préparation des aliments seraient des options pour l'avenir des jeunes.
63. Jardin Communautaire "Art Center Community Garden"
53 Traduction personnelle, Programme de ressources Collaboratif pour le jardinage.
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D’autres organismes, tels que Garden Resource Program collaborative, Greening of Detroit’s Urban Agriculture et Openspace Department, offrent également des formations ouvertes à tous, et des services pour concevoir puis construire de nouveaux jardins potagers et fermes urbaines. Ces programmes contribuent à la sensibilisation alimentaire et au renforcement de l’engagement communautaire. Ils offrent également des conseils pour la coordination des marchés coopératifs de producteurs. En Février 2013, le conseil municipal de Détroit a adopté une ordonnance pour l’agriculture urbaine54 qui légalise l’agriculture dans la ville et établit des règles sur la façon dont elle doit être mise en place. Cette nouvelle législation permettra à l’agriculture urbaine de prospérer pour soutenir le développement d'un système de production local qui encourage les habitants à créer des entreprises dans les secteurs de la production alimentaire, la transformation, la préparation, la restauration, et la vente. De plus, l’implication de la communauté dans la production de sa propre nourriture constitue un mécanisme catalyseur du développement des quartiers à Détroit : " Comme les communautés s'habituent à cultiver leur propre nourriture, il devient naturel pour les habitants de regarder autour d’eux pour voir s'ils peuvent résoudre d’autres problèmes. Les jardiniers urbains savent que le compost devient le terreau qui nourrit l'avenir. " 55
54
Urban Agriculture Ordinance 2013
55 GABRIEL, Larry, Detroit bankrupt? Six ways the Motor City is thriving in YES! Magazin, September, 2013, http://www.yesmagazine.org/new-economy/6-peoplepowered-ways-detroit-isn-t-bankrupt
64. Jardin urbain, Détroit
Aujourd’hui, à Détroit, comme le sousentend le Detroit Food Policy Council56 à travers sa mission, l’agriculture urbaine est un mouvement social et politique qui revendique des actions pour la justice et la sécurité alimentaire, l’économie sociale, l’éducation, l’autonomie et la santé. " Encourager le développement et le maintien d'un système de production alimentaire local et durable ainsi que promouvoir la sécurité alimentaire à Détroit où l’ensemble de ses habitants peuvent être en bonne santé, ne souffrent pas de carences alimentaire et bénéficient des avantages économiques du système alimentaire qui affecte leurs vies. " 57 56 Le DFPC, Detroit Food Policy Council est un corps d’exécution, de suivi et de conseil du Conseil Municipal de Detroit. Il est composé par 21 membres dont 12 sont représentants de divers secteurs du système alimentaire, 6 sont représentants des consommateurs et 3 sont représentants du gouvernement. Traduction personnelle extrait de: http://detroitfoodpolicycouncil.net/who-weare 57 « Nurturing the development and maintenance of a sustainable, localized food system and a food- secure city of Detroit in which all of its residents are hunger-free, healthy and benefit economically from the food system that impacts their lives” traduction personnelle. Extrait de: Detroit Food Policy Council, Detroit Food System 2011-12 Report, Detroit, MI, 2012, www.detroitfoodpolicycouncil. net
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Le projet "Growing Jeffries", comme son nom l’indique, fait référence au verbe "grow" qui une fois traduit en français peut signifier " pousser ", "germer" ou " accroître". L’utilisation de l’infinitif " -ing " implique une action continue dans le temps. "Growing Jeffries" poussera le quartier vers un avenir durable, avec l’agriculture urbaine à l’origine même du projet. Le potentiel productif des terrains vacants de Jeffries ainsi que sa situation permet le développement de l’agriculture urbaine à moyenne échelle. Le centre d’activités organisé autour d’un marché coopératif s’inscrit dans la démarche d’un projet d’une société plus juste où tous les habitants auraient le même accès à la nourriture et où le maraîchage pourrait encourager une économie sociale qui permettrait d'assurer
la sécurité alimentaire, l’autonomie et la santé des habitants du quartier, améliorant ainsi leur qualité de vie. Le centre d’activités vise à construire des liens de communauté et à accroître la prospérité économique de Jeffries en créant des emplois et de nouvelles activités liées à la production, la vente et la transformation de produits agricoles au sein même du quartier. Le maraîchage permettra aussi d’améliorer les caractéristiques physiques et environnementales du quartier, en remplaçant les terrains vacants par des espaces végétalises bien entretenus, qui réinstaurent une sensation de sécurité, revalorisent le territoire, réunissent et attirent et des habitants dans le quartier.
65. Ferme urbaine, Détroit
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2.02.2.2. La matériaux
récupération
de
“Salvaged materials are given a second life, rather than becoming waste in a landfill.”58 Le second levier sur lequel le projet peut s’appuyer est la récupération de matériaux issus de la déconstruction habile des nombreuses maisons vacantes de la ville. Ces matériaux prêts à être réutilisés, ou ne demandant qu’une faible transformation, constituent un minerai inestimable pour le renouvellement de la ville dans une logique durable : reconstruire la ville avec la ville. La récupération de matériaux de déconstruction est un mouvement qui existe depuis quelques années à Détroit. Dans le quartier de Jeffries se trouve par exemple, le long de Grand River Avenue, une organisation de récupération et de revente à but non lucratif, nommée Architectural Salvage Wharehouse of Detroit (ASWD). L’organisation ASWD déconstruit, depuis 2005, des bâtiments dans le sud-est de l’État du Michigan afin de préserver les ressources locales du réseau de traitement des déchets de la ville59, et de proposer 58 Traduction personnelle : « La récupération de matériau, c’est donner une deuxième vie à celui-ci, plutôt qu’il ne devienne un déchet sur les terrains vacants de la ville » ; Devise de l’Architectural Salvage Wharehouse of Detroit, http://www.aswdetroit.org/index.htm consulter le 30 octobre 2014 59 Le réseau de déchets de la ville : À Détroit tous les déchets, toxiques ou non, sont brûlés dans un des plus grands incinérateurs municipal du monde construit en 1986 et n’ayant subi aucune rénovation depuis. Il se situe au cœur de la ville à Midtown et représente une des pires sources de pollution de la région de Wayne avec de lourdes conséquences sur la santé des habitants. Source : http://zerowastedetroit.com/our-work/detroitincinerator/#.U3Mnhfl_vfs consulté le 12 février 2014
66. Incinérateurs
des matériaux de constructions décents et abordables à des familles à faible revenu. ASWD fait son apparition en réponse à la surabondance de déchets produite par la démolition importante de maisons abandonnées à Détroit et dans sa banlieue. En 2004, plus de 2 600 logements ont été démolis à Détroit et plus de 4000 ont été démolis dans le sud-est de l’État du Michigan. ASWD s’est donné pour mission de sauvegarder autant que possible les matériaux régionaux historiques par la récupération des matériaux architecturaux en bon état, puis de les proposer aux familles qui en ont besoin, mais aussi de créer des emplois et de la formation destinés à ceux qui s'intéressent à l'apprentissage des compétences de la déconstruction. Les revenus issus de la vente de ces matériaux sont ensuite réinjectés à d’autres organismes notamment pour des projets de préservation historique. Localement, l’ASWD est un pionnier du processus de déconstruction, qui maximise le détournement de matières en utilisant un processus systématique dans lequel jusqu'à 85% des matériaux peuvent être récupérés pour être réutilisés ou recyclés. L’agence de protection environnementale des Etats-Unis (US EPA)
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estimait en 1996 que seulement 20% à 30% des débris de construction et de démolition étaient récupérés pour la réutilisation et le recyclage60. Le travail des bénévoles de l’ASWD permet de conserver les éléments architecturaux historiques, l'énergie et les ressources matérielles, tout en créant de " nouvelles formes d’emplois ", 5 fois plus par rapport à la démolition brute. L’organisation offre de la formation et des possibilités d'emplois pour les résidents locaux. ASWD a élargi ses collaborations, notamment avec l’École d'architecture de l'Université de Detroit Mercy, afin de formaliser les partenariats éducatifs et la formation pour compléter les perspectives économiques de la jeunesse et des quartiers de Détroit. L'organisme dispose d'un entrepôt de vente au détail qui est implanté à Jeffries.
ASWD
68. Intérieur ASWD
L'entrepôt facilite un accès local aux matériaux de construction peu couteux pour les propriétaires de longue durée, les jeunes familles nouvellement arrivées, et les entrepreneurs locaux qui revitalisent les quartiers situés autour de l’entrepôt. Le travail d’ASWD peut jouer un rôle important dans la conservation et le développement des richesses matérielles locales et apporte un plus à la qualité environnementale de cette communauté. Cette organisation soutient le développement durable de la ville et encourage à la fois le développement économique et la création d'emplois.
Quelles sont disponibles?
67. Situation de l’entrepôt d'ASWD 60 Rapport de L’EPA (environmental protection agency): CHARACTERIZATION OF BUILDING-RELATED CONSTRUCTION AND DEMOLITION DEBRIS IN THE UNITED STATES; Chapter 3-10 Table &0 estimated management of building-related C&D debris in the United States, 1996. page 51
les
ressources
Les débris de démolition et de construction sont générés par la construction, la rénovation et la démolition de maisons, bâtiments, routes et ponts… Ces débris incluent souvent des matériaux lourds et volumineux. Les principaux matériaux que l’on compte dans cette catégorie de débris sont : le béton, le bois et l'asphalte issus des routes et des toitures, les plaques de plâtre, les métaux, les briques, le verre, le plastique ainsi que des composants
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réutilisables immédiatement après un processus de transformation simple, rapide et demandant peu de savoir-faire, tels que les portes, les fenêtres et les accessoires de plomberie. Les débris issus de la démolition sont par leurs aspects, leurs mixités et leur possible réutilisation, très différents des débris issus de la construction. Les déchets de construction ont tendance à être plus homogène (bois ou cloison sèche neuve, etc.). Par contre les déchets de démolition ont tendance à être plus mélangés avec d’autres types de matériaux, et plus difficiles à séparer, récupérer et réutiliser.
Ce graphique révèle donc le potentiel des déchets de démolition et démontre l’intérêt du processus de déconstruction mis en place par les bénévoles de Détroit. Le tri et le réemploi de ces matériaux empêche la transformation des terrains vacants en lieu de décharge, réduit l'impact environnemental liée à la production de nouveaux matériaux, crée des emplois et réduit aussi les frais généraux de construction du projet grâce à un coût d'achat et de mise à disposition évités. Il faut changer la façon de percevoir ces matériaux : ne plus les voir comme des débris mais comme de multiples opportunités permettant d’envisager un avenir plus durable pour la ville. Ce processus, dans sa globalité, représente un support pour notre projet. Nous utiliserons notamment les fenêtres, les portes, les équipements sanitaires, la brique et le bois récupérés pour certains éléments du projet de manière à réduire le coût du projet et renforcer l’identité créative du quartier.
69. Répartition des matériaux - déchets de démolition dans une ville comme Détroit61
Bois : éléments d’ossature bois de section 140 x 38, parquet, contreplaqué, planches de bois, copeaux, la sciure de bois... Cloisons : plaque de plâtre ayant été décroché de leur structure Toiture : bardeaux bitumeux qui ont été détachés des toits existants Métal : élément métallique de structure légère Maçonnerie : briques, béton et pierre en plus ou moins bon état Textile : Moquettes retirées des sols en plus ou moins bon état Autres : isolation mur et toiture, plastiques, verres…
61 Étude de la caractérisation des déchets dans la région du Midwest : 1998 Waste Composition Study chapitre construction, demolition and industrial waste pp 123- 137 https://dnr.mo.gov/env/swmp/docs/ wcs98constructionwaste.pdf
70. Reclaim Detroit - compagnie de déconstruction
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2.02.2.3. L’esprit entrepreneur et solidaire
Le troisième levier sur lequel le projet peut s’appuyer est l’esprit créatif, novateur, solidaire et entrepreneur des Detroiters62. Le nombre croissant d’auto63 entrepreneurs démontre un réel potentiel pour réactiver la croissance économique de la ville. Bien qu'un grand nombre de Detroiters aient dû abandonner le marché du travail, certains ont vu en cette pénurie une opportunité pour créer une entreprise, devenir leur propre employeur ou se diriger vers une économie plus informelle64. Dans l'ensemble, environ 50 000 personnes sont officiellement indépendantes ou dirigent leur propres entreprises avec employés, et certainement plus de 100 000 sont engagés dans des activités informelles, soit comme seule source de revenu soit en plus d’un emploi officiel et / ou en tant que travailleur indépendant.65 Officiellement ou de façon informelle, les 4 principaux secteurs d’activités et d’emploi à Détroit sont l’éducation et la santé, l’audiovisuel et la création, l’industrie (traditionnelle, artisanale ou de nouvelles 62
Nom donné aux habitants de Detroit
63 Aux États-Unis « nonemployer firm » : Ce sont les résidents minoritaires qui sont fortement représentées dans les "nonemployer firm ». Ces entreprises paient des impôts et font officiellement partie de l'économie, mais n'ont pas une taille suffisante pour embaucher des employés. 64 L’économie informelle fait référence à des activités ou des salaires en partie ou entièrement non déclaré : travail dissimulé. 65 A Detroit, il y a environ 60 entreprises indépendantes pour 1000 habitants. Sources : Detroit woks project long term planning steering committee. Detroit future city: 2012 Detroit Strategic Framework plan. Detroit, 2013, 354 p. page 43
71. Grand River Creative Corridor
technologies) et les entreprises locales privées. Ces quatre secteurs font aussi l’objet d’un engouement de la part des associations à but non lucratifs et autres organisations communautaires. Détroit comptabilise aujourd’hui plus de 5 131 associations à but non lucratifs66. Un exemple concret pour illustrer l’esprit entrepreneur et créatif des Detroiters est le projet nommé Grand River Creative Corridor. Ce projet, financé par des entreprises locales et d’autres organisations privées, prend forme afin d’impulser le renouvellement et la mise en valeur de Grand River avenue à travers un ancien rival urbain : le graffiti. Le projet, lancé le 15 juillet 2012 par Derek Weaver67, comprend plus de 100 peintures murales réalisées par plus de 45 artistes-bénévoles de Détroit, mais 66 http://greatnonprofits.org/organizations/city/ Detroit/MI/radius:10 67 Derek Weaver, organisateur du projet, directeur général de la galerie d’art 4731 et vice-président des opérations et du développement de Provident Real Estate & Asset Management, une société de gestion immobilière basée à Ann Arbor, ville du Michigan à l’ouest de Détroit. Source video http://www.crainsdetroit.com/ article/20120809/DM01/120809877/a-section-of-grandriver-ave-seeks-revival-with-help-of-an-old-urban
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aussi provenant d’autres villes d'Ohio, de Californie, d'Allemagne, de France et de Nouvelle-Zélande, sur 15 bâtiments, pour deux galeries d'art temporaires en plein air et sur un arrêt de bus. Un nettoyage de la végétation envahissante, des déchets et du vandalisme par les tags est également prévu.
Le projet a été entièrement soutenu par des donations privées et des entreprises locales, notamment pour la fourniture du matériel. Ce type de projet et cet esprit optimiste et entrepreneur des Detroiters représentent des supports solides, dont ne peut se passer la ville, pour réactiver sa croissance.
Les œuvres d'art et le nettoyage font partie d'un projet de relance économique pour les entreprises locales, qui a pour objectif de rendre plus attractif le tronçon qui longe Grand River Avenue, entre Rosa Parks Boulevard et Warren Avenue. Depuis, Grand River Avenue est devenue un centre créatif qui attire les touristes, les artistes, les petites entreprises, les entrepreneurs, et les investisseurs.
Le Projet de Fin d'Étude reposera donc sur cette ressource incontestable, l’énergie humaine, et fait appel à la solidarité et à l’optimisme des habitants du quartier pour s’investir et participer au fonctionnement du marché coopératif que nous souhaitons implanter au cœur de Jeffries le long de Grand Rivers Avenue.
Quelques œuvres d’art se démarquent sur Grand River Avenue, notamment la représentation d’une Vierge Marie, ou encore une peinture murale sur le thème des Indiens d'Amérique. Certains propriétaires ont autorisé les peintures sur leur bâtiment avec comme espoir de décourager le vandalisme par les tags ou de mettre en valeur leur magasin. Par exemple, un vendeur de quincaillerie a demandé aux artistes une peinture qui illustrerait sur la façade de son bâtiment l’activité qui a lieu à l’intérieur.
72. Peinture murale, Grand River Creative Corridor
73. Vierge Marie, Grand River Creative Corridor
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-
3. Growing Jeffries, un centre d’activités attractif -
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3.01. Une initiative habitante à l’origine du projet
Le projet repose sur un scénario que nous avons imaginé à la suite de l’analyse du territoire : un groupe de personnes déjà investi dans le réseau associatif de Jeffries s’organise sous le statut de coopérative. Soutenus par les institutions publiques et privées, le groupe peut, d’une part, investir et rendre accessibles les terrains vacants du quartier pour mutualiser les services, cultiver et vendre de la nourriture saine et abordable pour les résidents ; et d’autre part compléter l’offre de logements du quartier avec des appartements ayant un loyer et une surface plus adaptés aux nouvelles manières d’habiter, attirant ainsi de nouveaux habitants. Le fonctionnement du centre d’activités coopératif de Jeffries prend exemple sur la Park Food Co-op de Brooklyn1 fondée dans
PRODUCTEURS
Investissement : €€ + 1% de production Avantages : Coop. + Réduction
COMMERÇANTS
Adhésion : €€€ Location boutique
€€+ 1%
€€€
les années 70, elle compte aujourd’hui plus de 16 000 adhérents et a fait l’objet d’un grand succès. Elle fonctionne selon un système participatif avec 75% de bénévoles. Pour avoir le droit de profiter des services de la coopérative, ses adhérents doivent en échange travailler sur la base du volontariat un minimum de 2 h 45/mois. À Brooklyn, le nombre d’adhérents est tel que les coordinateurs généraux doivent faire face au surplus de main d’œuvre et imaginer sans cesse de nouveaux services: la Park Food Co-op propose aujourd’hui une multitude de services dont la livraison à domicile, la production d’un journal à lire pendant le temps d’attente à la caisse et une crèche pour la garde des enfants des adhérents.
Coopérative Mutualiser Échanger Distribuer Transformer Se former Se fournir
Avantages : Visibilité + locaux
€€€
Adhésion : €€€ Location d'emplacement
VENDEURS
Avantages : visibilité + mobilier
2h/m
Adhésion : 2 h / mois de bénévolat
ADHÉRENTS
Avantages : Produits à bas prix 74. Fonctionnement de la coopérative
1 Site de la coopérative http://www.foodcoop. com/go.php?id=32: consulté janvier 2014 et Reportage vidéo 11 juillet 2013 de la chaine GRITtv : http://grittv. org/?video=a-brooklyn-story-the-park-slope-food-coop Consulté janvier 2014
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Le projet Growing Jeffries a pour mission de défendre le droit d’accès à de la nourriture saine, et de réunir la communauté autour d’un objectif : le développement du quartier. Pour rendre possible l’accès à cette nourriture, nous proposons de mettre en place un système de navettes pour le quartier permettant aux habitants de se rendre facilement au centre d’activités : les arrêts de bus se situent tous à moins de 4 mn à pied d’une habitation.
nourriture fraîche, la coopérative proposera aussi un service de ramassage des fruits et légumes produits sur les terrains vacants du quartier. Grâce à ces dispositifs, nous souhaitons promouvoir les déplacements doux et réduire la dépendance à la voiture. Le centre d’activités, poussé par une initiative habitante qui entraînera de plus en plus de résidents à s’impliquer, se construira petit à petit en adoptant la même temporalité que le développement du quartier.
Pour soutenir les producteurs et assurer l’approvisionnement du marché en
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75. Système de navettes Parcours de la future navette du marché
Distance de parcours à pieds : 4 mn depuis un arrêt
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3.01.1. De la fourche à la fourchette Nous proposons un programme mixte qui valorise l’agriculture urbaine et la production locale. Le centre d’activités coopératif " Growing Jeffries " s’organise donc autour du concept " de la fourche à la fourchette " qui met en avant un cycle de vie court pour les produits alimentaires. Ce cycle court est représenté dans le projet par : des terrains d’exploitation maraîchère pour la production locale de fruits et de légumes ; une halle de marché pour la vente directe ; une épicerie solidaire2 associée au marché pour la distributions de produits locaux transformés ; des espaces de transformation, conditionnement et formation qui pourraient abriter des campagnes de sensibilisation à l’équilibre alimentaire, par exemple grâce à des ateliers de préparation culinaire ou de culture maraîchère ; des lieux de restauration pour la consommation sur place de produits frais et une place dédiée au compostage pour promouvoir la valorisation des matières organiques qui fertiliseront ensuite les terrains d’exploitation maraîchère.
de proximités, dont une pharmacie, une friperie, un café, un atelier de réparation de vélos, une salle polyvalente, un atelier de bricolage, une galerie d’art et une laverie. Ces services ont pour objectif principal la création de liens entre les voisins et les futurs habitants du centre. Les logements proposés (studios, lofts et lofts + atelier) sont plus petits et plus économiques que ceux que l’on trouve généralement dans le quartier, et s’adaptent à une nouvelle manière d’habiter : la possibilité de vivre et travailler sous le même toit.
Vente
Transformation
Production
Consommation
Dans l’idée de développer un centre d’activités attractif pour le plus grand nombre, le programme est complété par des " Creative housing " : un bâtiment comprenant des logements et des services 2 " Les épiceries sociales et solidaires apportent une aide, principalement alimentaire, à un public en difficulté économique, fragilisé ou exclu. Dans des espaces aménagés en libre-service, aussi proche que possible d'un magasin d'alimentation générale, elles mettent à disposition de leurs usagers des produits variés et de qualité, moyennant une faible participation financière : autour de 20% du prix usuel. " http://www.epiceriessolidaires.org/news/qu-est-ce-qu-une-epicerie-solidaireou-sociale
Compost
76. Cycle court "de la fourche à la fourchette"
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Centre d'activités coopératif Growing Jeffries 9 949 m²2
Halle de marché
1 362 m2²
Creative housing
Vente Restauration Parking (50 places)
731 m² 631 m² 664 m²
Logements 4 Studios 4 Lofts 4 Lofts+ateliers Services
Restaurant
116 m2²
Coopérative agricole
228 m2²
Épicerie solidaire Bureau Stockage Services
85 m² 96 m² 20 m² 15 m²
MaraIchage
4 000 m2²
Terrains Serre
3 651 m² 300 m²
Espace public central 1 655 m2²
2 200 m2²
736 m²
22 m² SHON ch* 74 m² SHON ch. 88 m² SHON ch.
770 m²
4 Locaux - Atelier vélo - Laverie - Galerie d'art - Atelier bricolage 2 Locaux - Pharmacie - Friperie 2 Locaux - Café - Salle polyvalente
80 m² ch.
100 m² ch. 125 m² ch.
Centre de transformation / Formation
77. Programme des différentes surfaces du centre d'activités
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388 m2²
*Ch = Chacun
69
Grand River Avenue
Le centre d’activités s’implante donc sur un îlot d’une superficie de 2.2 hectares qui se situe au cœur de Jeffries et enjambe Grand River Avenue : il est composé de terrains vacants au sud-est et d’anciens bâtiments commerciaux tous vacants sauf un au nord-ouest.
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3.02.1. Implantation et orientation
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3.02. Stratégies à l'échelle de l'îlot
78. L'Îlot
La volonté de respecter le parcellaire existant, qui est un élément structurel du tissu urbain de Détroit, impose sur les parcelles en front de boulevard une largeur de bâtiment de 6 mètres3 et une orientation Nord-est / Sud-Ouest.
Grand River Avenue
79. Le parcellaire
L’implantation des bâtiments le long de Grand River est issue du désir de renforcer le front du avenue, de manière à marquer au sein du projet l’identité hybride du quartier, avec un côté plus urbain et un autre plus agricole.
3 La dimension d’une parcelle commerciale située au long de Grand River Avenue à Jeffries est de 20 x 100 pieds soit environ 6 x 30 mètres.
Grand River Avenue
80. Front de l'avenue
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70
Côté urbain
Côté agricole
81. Deux côtés, deux caractères différents
L’articulation des différents bâtiments du centre d’activités se fait autour d’un espace public traversant, qui permet de créer des connexions aujourd’hui inexistantes entre les deux zones du quartier. Il constitue également le point d’accès au projet, en accueillant les différentes installations liées à la mobilité (arrêt de bus, dépose minute, garage à vélo etc.).
Grand River Avenue
82. Connexion transversale
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3.02.2. Temporalité
Le centre d’activités se développera en 4 étapes sur des temps différents suivant ainsi la temporalité du développement du quartier :
83. État actuel
2014
84. Étape 1 : 5 ans
2019
85. Étape 2 : 10 ans
2024
L'étape 1 comprend : a. L'installation du siège social de la coopérative agricole dans le bâtiment commercial existant (situé au sud de Grand River Av.) et d'un marché temporaire de producteurs b. L'implantation maraîchère sur les terrains au sud-est de l’îlot c. La création de nouvelles pistes cyclables et la connexion aux pistes existantes
L'étape 2 comprend : a. La construction de la halle du marché couvert et l’aménagement de l’espace public b. L'installation, à proximité de l’espace public, d'un arrêt de bus sur Grand River Avenue, d’un dépose-minute pour la navette du marché et d’arceaux à vélos c. La transformation de Grand River Avenue en boulevard
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72
L'étape 3 comprend : a. La construction du "Creative housing" bâtiment à usage mixte: commerces / logements b. L'aménagement paysager
86. Étape 3 : 15 ans 2029
L'étape 4 comprend : a. Une éventuelle réhabilitation d’un bâtiment existant, au nord de Grand River Av., pour accueillir des espaces de transformation des produits alimentaires (conserves, compotes, soupes…) ainsi que des salles de formation
87. Étape 4 : 20 ans
2034
88. Vision
2050
Vision 2050 : L'installation possible, autour de l'îlot, de nouvelles activités dans les bâtiments existants (pépinière d'entreprises, commerces, salle de spectacle, etc.) La construction de nouveaux logements dans la zone nord du quartier (ce qui renforcerait son caractère résidentiel), l’installation de nouvelles petites entreprises le long de Grand River Avenue et une recrudescence de l'agriculture urbaine dans la zone sud.
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3.02.3. La réutilisation de matériaux comme langage architectural Dans une ville comme Détroit, où de nombreux matériaux sont disponibles et où les habitants s’organisent déjà pour déconstruire, trier et récupérer, il nous a semblé essentiel que la récupération de matériaux fasse partie intégrante du projet. Nous avons développé un langage architectural autour de la récupération qui constitue aussi un moyen fondamental pour réduire le coût et l’impact environnemental du projet. Suite à l’analyse quantitative et qualitative des matériaux de déconstructions et de démolitions4 disponibles à proximité de Jeffries, nous pouvons classer en trois catégories les matériaux mis en œuvre dans le projet : les matériaux neufs, les matériaux recyclés et les matériaux réutilisés. Il est aujourd’hui difficile de certifier la qualité et la résistance dans le temps des matériaux de déconstructions ou de démolition c’est pourquoi nous avons choisi d’utiliser des matériaux neufs pour les éléments structurels et les éléments qui joue un rôle important contre la déperdition énergétique du projet (menuiseries, équipements énergétiques, isolation, etc.). Ces matériaux sont principalement produits dans l'État du Michigan ou dans la région du Midwest de manière à soutenir l’économie régionale et à limiter l’impact environnemental du transport dans la construction du projet. Cependant, pour 4 Les matériaux de déconstruction et de démolitions incluent aussi des éléments d’architecture comme les menuiseries, des meubles, les équipements sanitaires et électriques etc.
les éléments non structurels et ayant peu d’impact énergétique sur le projet, il est possible d’utiliser des matériaux recyclés et des matériaux réutilisés. Parmi les matériaux recyclés ayant subi un processus de transformation avant d’être réutilisés, nous utilisons dans le projet : de la brique pilée et roulée, principalement issue de la démolition, pour le traitement de certains sols perméables et pour protéger l’étanchéité des toitures (à la place de la couche de gravier souvent utilisée en France) ; des briques entières calibrées et nettoyées, et du bois de plancher en chêne poncé et protégé pour les finitions de certains mur intérieurs. C’est un moyen de valoriser les ressources locales, de renforcer l’identité de la communauté, et de réduire le coût du projet puisque le processus de transformation est peu coûteux et que la matière première (briques, briquettes et bois de plancher) est disponible en grande quantité sur les sites de déconstruction. Parmi les matériaux réutilisés n’ayant besoin que d’un très faible processus de transformation, nous emploierons au
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89. 3 catégories
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maximum dans le projet (tant que cela n'affaiblit pas la qualité énergétique du bâtiment) des portes, des fenêtres, des portails de garage, des équipements sanitaires (lavabo, baignoire, blocWC), etc. récupérés sur les sites de déconstruction par l’association ASWD5. Cette dernière catégorie de matériaux est un moyen de soutenir l’économie, de valoriser les ressources du quartier et d’impliquer la communauté bénévole dans le projet ce qui réduira de façon considérable le coût et l’impact environnemental du projet en donnant une seconde vie aux matériaux. Une des problématiques liées à l’utilisation de ces matériaux récupérés a été de juger de la place qu’ils prennent dans le projet : les avantages de cette démarche doivent être mis en valeur mais ne doivent pas constituer une faiblesse en terme de qualité de construction. Alors la récupération doit être utilisée avec parcimonie dans le projet, c'est la structure secondaire qui offre le plus de libertés, et les façades constitueront donc une belle vitrine pour cette démarche. En se basant sur l’étude (morphologique) des bâtiments situés au bord de Grand River Avenue, nous avons constaté, une différence de traitement entre la façade principale donnant sur l’avenue, celle donnant vers l’arrière et les pignons. La façade principale est bien plus travaillée (moulures, corniche, parements en brique, matériaux particuliers) que la façade arrière (blocs de béton apparents) ou que les pignons, pour la plupart aveugle, mais qui sont aujourd’hui des supports pour les peintures murales des artistes de "GRCC".
5 Architectural Salvage Warehouse of Detroit, l’entrepôt de l’association est situé à 800 mètres du site de projet. Plan de localisation page 60
90. Bâtiment existant : façade travaillée
91. Bâtiment existant : façade travaillée et pignon aveugle
D’autre part nous avons pu constatez que sur cette façade principale, quand il s’agit de bâtiments commerciaux (notamment ceux qui se trouvent sur le site de projet du côté nord de Grand River Avenue), il est possible de lire la structure principale du bâtiment qui suit les limites du parcellaire. 6m
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92. Bâtiment existant : trame
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Le langage architectural que nous avons développé pour ce projet s’inspire largement de cette étude pour créer au cœur du quartier un symbole de sa renaissance : pour ce faire, la façade principale sera mise en exergue, supportera la démarche de récupération des matériaux, et montrera de façon explicite les lignes directrices du découpage des parcelles grâce à sa structure apparente. Pour appliquer ce langage dans la structure secondaire du projet, nous avons créé un modèle qui utilise les dimensions du parcellaire comme rythme de composition ainsi que la dimension standard des fenêtres (États-Unis) pouvant être récupérées. Cet aspect " standard " des fenêtres récupérées permet d’envisager sereinement le projet dans le temps, puisqu'il sera possible de les remplacer par des neuves qui se trouveront facilement dans les magasins de bricolage.
94. Fenêtres de récupération
95. « Lafayette Park» Mies van de Rohe, Détroit 1
24’’x 24’’ 61 x 61 cm
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93. Dimensions des standards de fenêtres
96. Trame issue des mesures standards des fenêtres de récupération
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3.03. Projet
3.03.1. Growing Jeffries
" Cities are the places where people meet to exchange ideas, trade or simply relax and enjoy themselves" Lord Richard Rogers1
les différentes conclusions de recherches de William H. Whyte a propos des espaces publics newyorkais3, nous avons établi des critères prioritaires d’intervention pour le projet de centre d’activités à Jeffries: la facilité d’accès au site ; la priorité et la sécurité des déplacements piétons et cyclistes ; la lutte contre le sentiment d’insécurité ; le contact visuel et sonore entre les espaces créés et leurs utilisateurs; et la perméabilité des sols.
Le projet " Growing Jeffries " a comme objectifs principaux d’impulser la dynamisation du quartier de Jeffries, d’œuvrer à la stabilisation de sa population, voire d’attirer de nouveaux résidents. C’est avec ces objectifs à l’esprit que nous l’avons imaginé comme un point de rencontre pour les habitants du quartier, un lieu où la communauté pourrait se retrouver et partager autour de services et d’activités. En se basant sur les principes de planification urbaine proposés par Jan Gehl dans son œuvre Cities for people2 et sur
1 Dans la préface du livre Jan Gehl et Lord Richard Rogers, Cities for people ed Island Press, Washington DC, 2010 2 JAN GEHL & LORD RICHARD ROGERS, Cities for people ed Island Press, Washington DC, 2010
3 Dans le film reportage de William H. Whyte The social life of small urban spaces, 1979 Video disponible: https://www.youtube.com/watch?v=R6G4B9Z27yA Consulté février 2014
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97. Plan masse 1 2 3 4 5 6 7 8
Espace public central Halle de marché Siège de la cooperative "Growing Jeffries" "Creative housing" Restaurant Placette Jardins Maraîchage
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Arrêt ligne de transport en commun Centre de transformation Détaillant Poste de police Siège Phœnix Corporation Group Commerces Pépinière d'entreprises
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Facilité d’accès L’implantation des bâtiments répond à deux objectifs. Le premier est de renforcer le caractère commercial et les activités le long de Grand River Avenue, et le second est d’impulser la redynamisation du quartier : la reconstruction de la façade sur l’avenue peut jouer un rôle important pour le développement de la communauté. Positionner la place principale au centre de l’îlot et les nouveaux bâtiments en relation avec Grand River Avenue et à proximité des institutions déjà installées dans le quartier assure leur visibilité et facilite leur accès. La transformation de Grand River Avenue en boulevard facilite également l’accès au site puisque le tracé de la ligne de transport en commun que nous avons imaginé dans ce corridor de transit prioritaire (défini par la ville de Détroit) intègre un arrêt en face de la halle de marché. La disposition spatiale des bâtiments autour de l’espace public le structure et invite les passants à s’arrêter : la création d’une percée visuelle attire leur attention vers l’espace public au premier plan et le maraîchage au second. Le dialogue transversal instauré par les bâtiments qui se font face et l’espace public continu enjambant Grand River Avenue redonne une échelle plus humaine au boulevard.
La priorité et la sécurité des déplacements doux Sur le site du projet, la priorité est donnée aux piétons et aux vélos, en essayant le plus possible de proposer des parcours en lignes droites puisque les piétons empruntent le plus souvent " le chemin le plus court " pour se rendre d’un point à l’autre.
De plus, l’organisation des déplacements doux (trottoirs réservés aux piétons et piste cyclable centrale aménagée sur Grand Rivers Boulevard entre les deux lignes de transports en commun) prône une meilleure égalité dans la distribution de l’espace, renforce la sécurité des déplacements et favorise une vitesse de parcours plus lente et plus agréable pour les piétons. La mise en place d’un niveau de sol unique pour les piétons et l’installation de ralentisseurs pour les voitures luttent contre la peur du trafic et rendent possible le confort d’un déplacement insouciant des piétons. Le regard de ce dernier ne sera alors plus dirigé vers les éléments qu’il peut craindre mais plutôt vers les façades des commerces ou du marché. L’installation d’un feu de signalisation piéton suffisamment long permettra de traverser le boulevard en une seule fois (30 m).
Lutte contre d’insécurité
le
sentiment
Afin de réduire le sentiment d'insécurité présent aujourd’hui dans le quartier -et plus généralement dans la ville- nous proposons d’installer en rez-de-chaussée une offre de services pour la communauté avec une grande diversité d’activités : celles-ci se dérouleront de jour comme de nuit, et inviteront ainsi les personnes à rester plus longtemps sur place. Ces diverses activités attireront en effet des personnes aux profils variés et favoriseront la rencontre et le contact entre les résidents du quartier et les futurs arrivants. La construction audessus des commerces de 12 logements en location ou location avec option d’achat participera à l’amélioration de la sécurité dans le quartier en permettant aux futurs résidents de " garder un œil sur la rue ".
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Le soir, le centre d’activités sera éclairé grâce à l’installation d’un éclairage public plus bas et adapté à la nouvelle échelle humaine de l’îlot, par opposition aux lampadaires actuels de Grand River Avenue qui se situent à une grande distance les uns des autres et qui sont très hauts.
Le contact visuel et sonore Autour de l’espace public et le long du trottoir, les façades des bâtiments proposent une interaction avec les passants en donnant à voir par leur matérialité et leur transparence l’activité qui se déroule à l’intérieur. C’est dans le but de créer cette interaction que nous avons mis en scène des matériaux comme la brique ou les fenêtres de récupération rendant les façades poreuses et attractives pour le regard des passants. La multiplication de petites unités d’activités le long du boulevard (6 unités de 6 m de large en 75 m), ainsi que le relief donné à la façade, avec entre autre des retraits au niveau des
Côté urbain Grand River aVENUE
seuils, permettent également de retenir l’attention des passants. L’implantation en front de rue implique une faible distance entre les façades et le trottoir, ce qui a pour conséquence de rendre visible aux passants l’activité intérieure des bâtiments, qui pourront par exemple apprécier l’ambiance sonore de la terrasse des cafés. Une fois entré au cœur de l’espace public, le passant a accès à des espaces plus paisibles, loin de l’agitation du boulevard, qui lui permettent d’observer, d’échanger, de parler ou d’écouter. La mise en place de bancs, de murets et de terrasses offre aux personnes la possibilité de s’asseoir, tandis que les bâtiments, la galerie couverte du marché et les arbres offrent une protection contre le climat. Les bancs positionnés sur la place permettent de profiter du soleil, de regarder l’activité alentour et le maraîchage au loin. Un espace vert reste libre de manière à laisser se développer des activités récréatives spontanées : jouer, se reposer, lire, manger, etc.
Creative housing
Côté Agricole Maraîchage
98. Coupe perspective - entre la ville et la campagne
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99. Perspective extérieure
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Arrêt ligne tram/bus Espace public central Halle de marché Épicerie solidaire
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La perméabilité Pour l’aménagement paysager ainsi que le choix des revêtements de sol, nous avons pris en compte la nécessité à Détroit de rendre les sols plus perméables afin d’encourager l’infiltration de l’eau de pluie pour répondre à une problématique plus large : réduire le déversement illégal d’eau non-traitée dans la Detroit River4. Néanmoins, certains sols doivent également être " durs " pour résister aux fortes intempéries et pour le confort des résidents.
Les terrasses en bois des deux locaux de restauration et les aménagements (bacs fabriquer avec des palettes bois de récupération) potagers ou végétaux reposent directement sur le sol d’origine enherbé et participent aussi à la perméabilité des sols, tout en apportant une atmosphère chaleureuse. Sur les toitures des bâtiments, un système de récupération de l’eau de pluie est mis en place pour drainer l’eau de pluie " propre " jusqu’aux noues de rétentions qui bordent les champs de maraîchage, permettant ensuite de l’utiliser pour l’arrosage des fruits et légumes.
Les matériaux mis en œuvre sont tant que possible issus de la récupération : Pour les trottoirs et le revêtement de la place nous avons utilisé des pavés de différentes formes et différentes tailles (résidus de démolitions) qui sont posés à joints larges d'environ 2,5 cm et laissent l'eau s'infiltrer là où elle tombe. Pour les accès secondaires (possibilité de passage de véhicule léger) nous proposons du gravier concassé stabilisé associé à des bandes vertes d’infiltrations : ces dernières permettront de minimiser la dégradation par l’infiltration du concassé, qui verra sa durée de vie portée à 8 ans environ. Ensuite, pour certains cheminements piétons (accès secondaires des logements, chemins à travers le maraîchage) nous utiliserons de la brique pilée et roulée (matériau recyclé) : ces cheminements entièrement perméables par leur granulométrie proposent une sensation et une sonorité différentes des pavés de l’espace public.
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Chapitre 1.02.2. Améliorer la mobilité page 29
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103. Palettes de récupération
106. Brique pilée et roulée
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3.03.2. Le marché coopératif Nous avons imaginé le marché coopératif comme un point de rencontre à l’origine du projet qui peut attirer les résidents du quartier et les passants. Son emplacement stratégique (en front de Grand River Avenue), sa matérialité, sa proximité avec les différents arrêts de transports en commun, et la porosité qu’il entretient avec l’espace public central lui offrent la visibilité nécessaire pour être reconnu comme un symbole de la dynamique du quartier.
Respect de l’existant La halle couverte entoure le bâtiment existant destiné à accueillir l’épicerie solidaire au rez-de-chaussée et le siège social de la coopérative à l’étage. Cette implantation a pour objectif la valorisation et le respect du patrimoine bâti existant. L’intégration de ce bâtiment au cœur du marché et les usages qui lui sont attribués entretiennent la mémoire du lieu, symbolisent le potentiel de la reconstruction de la ville " avec la ville " et confirment le rôle important que les communautés joueront dans la renaissance de Détroit. Le contraste entre la matérialité de la halle et celle du bâtiment existant met en valeur ces caractéristiques esthétiques : Creative housing
Place centrale
107. Façade Nord - Côté Grand River Avenue
il est constitué de murs en briques maçonnées et n’est ouvert que sur la façade principale donnant sur l’avenue, son aspect massif contrastant largement avec la structure légère, poreuse et transparente de halle de marché qui le ceinture. La structure principale de la halle de marché, constituée de portiques métalliques en acier, est ancrée au sol en utilisant le parcellaire comme rythme de composition et se développe en hauteur sur 2 niveaux. La halle fait ainsi écho aux bâtiments commerciaux situés de l’autre côté de l’avenue, et son ossature reflète le même modèle orthogonal du tissu urbain américain.
Transparence et perméabilité Nous avons conçu la halle du marché comme un bâtiment emblématique du principe de la récupération des matériaux. La structure principale est donc habillée d’une façade-rideau composée d’une structure secondaire métallique et des fenêtres récupérés. Cette peau issue du modèle des dimensions de fenêtres récupérés met en scène les matériaux récupérés et met en exergue par sa transparence et sa légèreté l’activité à l’intérieur du marché, constituant ainsi une vitrine pour les marchands. Bâtiment existant
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De la même façon, la mise en place de liaisons entre l’intérieur et l’extérieur assure la porosité du bâtiment : la halle s’ouvre complètement vers l’espace public grâce à des parois amovibles. Ce lien entre intérieur et extérieur est renforcé par la continuité du revêtement de sol entre la place publique et l'espace de transition et d’accès principal : la galerie couverte est tournée vers l’espace public central.
Pour répondre aux objectifs du projet (notamment celui de donner accès au plus grand nombre à de la nourriture saine et abordable) le marché est destiné principalement à la vente de fruits et légumes produits localement. Le dimensionnement de la surface de vente correspond au potentiel productif des terrains vacants de Jeffries . Nous proposons une surface de vente au rez-de-chaussée de 196 m² permettant d’accueillir 36 postes permanents : 26 serviraient à la vente de fruits et légumes (chaque marchand disposerait d’un poste d’une surface de 6 m²) et les 10 postes restants (4m² chacun) qui se situent le long de l’allée centrale pourraient accueillir la vente de produits locaux transformés. En supplément, 34 postes temporaires (4 m² chacun) pourront être aménagés dans l’espace public en cas de besoins (abondance de fruits et légumes différente en fonction des saisons) ou pour compléter l’offre avec d’autres produits (brocante, marché de noël, etc.)
Les parcours à l’intérieur de la halle sont simplifiés, structurés et délimités par la disposition des postes de marché et des bancs. Des allées aux dimensions généreuses permettent une circulation confortable et desservent les différents commerces. L’allée centrale permet une traversée longitudinale du bâtiment, reliant ainsi les deux accès principaux et connectant l’espace public principal à une placette plus intime. La continuité de l’allée centrale se dessine aussi dans les espaces publics par la continuité du revêtement et les différents traitements paysagers. Grand River Boulevard
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Pour que le marché devienne un vrai lieu de vie dynamique, attractif, et non pas seulement un lieu de passage où faire ses courses, nous proposons à l’étage des espaces de restauration, inspirés de marchés traditionnels, qui entretiennent un lien visuel avec l’espaces de vente du rez-de-chaussée et qui invitent à passer du temps dans la halle en contemplant soit l’activité fourmillante du marché, soit le paysage reposant de l’exploitation maraîchère au sud. Cet espace pourrait également accueillir des activités ludiques comme des ateliers de préparation culinaire ou de formation à la culture maraîchère. Compte tenu de son usage et de sa porosité avec l'extérieur, la halle de marché est un local non chauffé. Cependant, elle est protégée de la surchauffe en été par l’isolation de la toiture, par une galerie en double hauteur
Bâtiment réhabilité
ouverte et couverte au sud, ainsi que par des protections solaires intégrées aux menuiseries des façades est et ouest. Les seuls espaces chauffés du marché coopératif seraient les bureaux du siège social de la coopérative, situés à l’étage du bâtiment existant.
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112. Un symbole : le marché coopératif - Perspective extérieure -
113. Un lieu de vie dynamique et attractif - Coupe longitudinal -
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Selon les recommandations de la FAO pour le développement d’un marché1 l’installation de parkings à proximité joue un rôle important dans son fonctionnement. Pour Jeffries, à travers le projet, nous avons fait le choix de réduire la dépendance à la voiture en proposant des systèmes de mobilité alternatifs : le centre d’activités sera desservi par la ligne de transports en commun (bus/tramway) située sur Grand River Avenue et par un système de navettes pour le quartier, permettant ainsi aux habitants de s'y rendre facilement et d'ensuite ramener facilement chez eux leurs paniers de légumes. D’autre part, l’aménagement de pistes cyclables et la priorité donnée aux cheminements piétons dans l’aménagement urbain fait
des déplacements doux le moyen le plus simple, le plus agréable et le plus rapide pour se rendre au centre d’activités. Ces mesures nous permettent de réduire le besoin de parking à 50 places: à proximité immédiate du marché, on trouve 9 places de parking, dont une est attribuée à la camionnette de ramassage des légumes de la coopérative (livraison des marchandises) ; deux sont destinées aux personnes à mobilité réduite ; six aux commerçants. Toujours à proximité du marché, nous proposons une vingtaine de places de parking pour les visiteurs, auxquelles s'ajoutent 18 places disponibles du côté nord de l’avenue et cinq places réservées pour le personnel des services de proximité situé en rez-de-chaussée du " Creative housing ".
1 Pour les visiteurs : 5 places de parking par chaque 100m² de surface de vente à une distance maximale de 100 m du marché. Pour les commerçants et la livraison : 2 par 4 postes de marche. 57 places de parking nécessaires selon les recommandations. http://www.fao.org/docrep/v8390e/V8390E00. htm#Contents
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3.03.3. Creative housing Le concept du bâtiment " Creative housing " est né de la volonté de compléter l’offre de services du centre d’activités et l'offre de logements par une offre plus adaptée à la nouvelle manière de vivre des habitants et des futurs résidents du quartier. " Créative housing " est donc un bâtiment à usages multiples implanté à l’est de l’espace public principal, qui offre un cœur de quartier plus dense à Jeffries et créé un environnement actif et attractif tout au long de la journée, toute la semaine. Il a pour but de favoriser les échanges et de réunir les habitants et les futurs arrivants du quartier dans un même lieu (futur point de repère ou de rendezvous de Jeffries), ce qui renforcera la communauté et entraînera une diminution du sentiment d’insécurité des piétons (un des enjeux principaux de la ville). Le soir, par exemple, se promener sur une avenue où un café, une laverie, des appartements et des ateliers sont éclairés et témoignent de la présence d’activité est plus rassurant et agréable que de longer des bâtiments vacants ou des commerces fermés. Le bâtiment accueille une offre de services en rez-de-chaussée et une offre de logements à l’étage. Cette
114. Façade Nord - Côté Grand River Avenue
diversité de programme est lisible dans l'aspect du bâtiment : l’étage (logements) constitué d’une structure en ossature bois légère repose sur un rez-de-chaussée plus massif (services) construit en mur de brique maçonnées. Pour arriver à ce que le centre d’activités soit considéré et perçu comme un ensemble, la structure principale de " creative housing ", est ancrée au sol en utilisant le parcellaire comme rythme de composition et se développe en hauteur sur 2 niveaux, reprenant ainsi les grandes lignes de la Halle de marché. De plus, nous avons adapté ce langage architectural développé pour la halle de marché aux fonctions du " Creative housing ". On retrouve donc le modèle issu des dimensions de fenêtres récupérées sur l’enveloppe du bâtiment pour les vitrines des services, les loggias ou les ateliers des logements. Pour les loggias, les ateliers, et les services cette peau est moins transparente que celle du marché de manière à conserver l’intimité des résidents et celle des commerçants, qui sont positionnés sur le front de l’avenue de manière à être visible depuis la rue.
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Entre la ville et la campagne : de services partagées à l'échelle du quartier Nous avons choisi d’implanter le bâtiment de " creative housing " entre la ville et la campagne pour qu’il devienne un lieu de transition communautaire entre des activités publiques, qui se déroulent selon un rythme rapide et ont un niveau sonore élevé, et des activités plus privées, paisibles, au rythme plus lent et moins bruyantes. Le traitement des deux façades principales vient renforcer l’opposition entre le coté urbain au nord et le coté maraîchage au sud du site. Sur la façade nord, coté Grand River Avenue, se trouvent : en rez-de-chaussée, les accès principaux des logements, les vitrines des commerces (café, pharmacie, friperie, atelier de réparation des vélos, galerie d’art) et les entrées aux espaces communs partagés à l’échelle du quartier (salle polyvalente, laverie, atelier de bricolage) ; à l’étage dans les logements, des espaces de travail pour les lofts + atelier ou des loggias pour les lotfs, qui sont dans les deux cas des espaces permettant aux résidents de garder " un œil sur la rue ".
Loggia
Sur la façade sud, coté agricole se trouvent : en rez-de-jardin les accès secondaires plus privés des logements, les aménagements potagers et paysagers qui suggèrent les limites de propriétés, et les accès aux garages ; à l’étage tous les logements disposent de larges terrasses, les espaces communs sont tous orientés sudouest pour rendre possible la contemplation du paysage des exploitations maraîchères et profiter de l’ensoleillement. Sur le plan du rez-de-chaussée, on retrouve donc ces différents espaces communautaires, les locaux techniques du bâtiment et les accès aux logements. Chaque accès, marqué en façade par leur verticalité et en plan par un retrait du seuil, permet de desservir 3 logements : un loft, un studio et un loft + atelier.
Terrasse
Aménagements potagers / paysagers
Côté urbain Grand River Boulevard
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7
9
13 14
14 15
15
14
15 16
Café Laverie Pharmacie Atelier vélos
7
13
13
1 2 3 4
6
10
7
117. Plan RDC
5
15
16
14
16
14
14 5 6 7 8
Friperie Salle polyvalente Garages Terrasses
9 10 11 12
Dépôt Halls d'accès logements Locaux techniques Locaux poubelles
13 14 15 16
Jardins Potagers (h=61cm) Potagers (h=91cm) Vergers
10
118. Façade Sud - Côté Agricole
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119. Creative housing - Perspective extérieure -
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120. Aménagement paysager - Perspective extérieure -
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Les matériaux " Creative housing " accueille donc plusieurs espaces aux usages différents, qui appelaient différents traitements. Pour chacun d’entre eux nous avons donc déterminé quel type de matériaux parmi les trois catégories préétablies (neufs, recyclés, réutilisés) correspondrait le mieux aux usages, dans un soucis constant d’économies, mais en prenant soin de n'altérer ni la qualité d’usage, ni le confort, ni les performances du bâtiment. Par exemple, pour le café, la laverie, la salle polyvalente et l’atelier de bricolage, la plupart des matériaux de finitions pourront être issus de la réutilisation, donnant ainsi une seconde vie à ces matériaux et créant des lieux
au caractère fort qui symboliseront l’engagement de la communauté dans le développement durable du quartier. Au contraire, pour les finitions de la pharmacie, la friperie, la galerie d’art et les logements, l'utilisation de matériaux neufs et de peu de matériaux recyclés créera des espaces plus neutres et propices à l’appropriation des commerçants (et facilitant aussi une reconversion éventuelle de ces locaux). Ce choix s’inscrit dans une vision à long terme vers un développement plus durable.
121. Rock City Eatery, Détroit
122. WASBAR, Ghent, Belgique
123. Colibri / Markus Johansson
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Pour les logements nous proposons trois appartements différents en location ou location avec option d’achat qui correspondent à trois styles de vie.
Studios
Lofts
Les studios pourraient accueillir des célibataires ou des étudiants inscrits dans les centres de formation environnants.
Les lofts sont pensés pour des jeunes couples sans enfants, des couples de parents seuls suite au départ de leurs enfants, ou des familles monoparentales.
Ces logements mono-orientés sont tournés vers le côté maraîchage, offrant un espace calme et adapté à une activité studieuse. Ils sont composés d’une pièce principale et d’un " noyau de service " compact comprenant la salle de bain, les toilettes, la cuisine et les gaines techniques du logement, de manière à libérer au maximum la surface de la pièce principale. Ils disposent également de grandes baies vitrées au sud-ouest pour profiter d’un maximum de lumière naturelle et d’un balcon couvert offrant la possibilité de l’utiliser comme rangement en hiver. Des persiennes mobiles protègent les baies de
Ces logements sont traversants de manière à pouvoir profiter au maximum de la ventilation et de la lumière naturelle, et orientés nord-est sud-ouest. Ils sont composés d’un grand espace entièrement ouvert rectangulaire d’environ 6 mètres de large pour 18 mètres de long (une forme résultant de l’implantation du bâtiment sur les limites du parcellaire) agencé autour d’un " noyau de service " compact comprenant l’entrée principale du logement, des rangements, une salle de bain avec toilettes, un cellier et les gaines techniques. Ils disposent aussi d’une entrée secondaire accessible depuis le palier,
la surchauffe en été.
4 2
1 2 3 4
1
4 3
2
1
4 3
2
1
3
Studios (22 m²) Lofts (74 m²) Lofts + ateliers (88 m²) Paliers
124. Plan R+1
0
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5
10 m
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qui laisse possible une éventuelle division du logement : par exemple, si une des personnes du foyer décide de créer une auto entreprise mais n’a pas les moyens de louer ou d’acheter un local, il est possible de partitionner le grand volume pour créer un espace de travail, et d’y accéder depuis le palier pour recevoir des professionnels ou des clients sans traverser la pièce de vie.
rayonnement et de la rediffuser tout au long de la journée. La particularité de ces lofts est l’espace tampon prévu côté urbain pour protéger des bruits du boulevard : il préserve l’intimité des habitants mais permet également de rester en contact direct avec la rue.
Un puits de lumière avec une protection solaire intégrée donne dans l’espace ouvert constitue un apport supplémentaire de lumière naturelle zénithale au cœur du logement, qui devient indispensable pour le confort lumineux et la ventilation en cas de partition. La disposition spatiale choisie permet donc une grande évolutivité des logements et un possible changement de destination. Les lofts sont aussi équipés d’une grande terrasse côté maraîchage (sudouest) pour profiter pleinement de l’orientation et de la vue. Pour éviter la surchauffe en été, des persiennes mobiles et un dépassé de toiture protègent le logement des rayons directs du soleil. En hiver, la chape en béton permet d’emmagasiner la chaleur par
Côté urbain Grand River Boulevard
Loggia Espace tampon
g
f
f
d
b
d
a
b
e
d
c
b
e
c
c
h h
h
125. Plan R+1 a b c d
0
e f g h
Palier Espaces de vie Kitchenettes / cuisines Salles de bain
5m
Celliers / escalier Chambres / Bureaux / Ateliers Loggia Terrasses
Persiennes mobiles
Puits de lumière
1
Côté Agricole Maraîchage Grande terrasse Ouverture vers le côté agricole
126. Coupe transversale
0
1
2
3
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4
5m
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Lofts + ateliers Pour les Lofts + Atelier, adaptés aux besoins des jeunes entrepreneurs ou artistes qui s’installent de plus en plus à Détroit, nous proposons une version du loft avec une partition de l’espace ouvert créant ainsi une pièce de vie principale et un atelier ou espace de travail. Ce logement ne dispose pas de loggia côté boulevard de manière à ce que l’espace atelier puisse s’étaler sur une plus grande surface, profiter au maximum de la lumière du nord (constante et adéquate pour un espace de travail) et être visible directement depuis la rue. La façade composée avec les modèles de fenêtres récupérées engendre pour l’atelier un confort énergétique minimum mais adapté à son usage. De plus, sa grande transparence constitue une véritable vitrine pour l’artiste ou le jeune entrepreneur installé dans ce loft, qui pourra selon ses envies l’utiliser pour mettre en valeur son activité. Pour ces lofts + atelier, nous avons imaginé une possible évolution en duplexs, qui offriraient au résident la possibilité d’aménager trois pièces supplémentaires à l’étage, pour partager son logement avec un collègue ou fonder une famille. D’un point de vue structurel et technique, des éléments de renforts en
Loggia
toiture sont prévus pour supporter les charges supplémentaires et le cellier situé dans la boîte " noyau de services " laisse place à un escalier pour accéder aux nouveaux espaces. Au sein des logements, les matériaux de récupérations sont mis en scène par le traitement des finitions du " noyau de service " : ces boîtes symbolisent au cœur de l'habitation la mémoire et l’histoire de la ville, mais attestent aussi de sa résilience et de son avenir plus durable, grâce à la reconstruction de la ville " avec la ville ".
128. Intérieur des lofts
Terrasse
Aménagements potagers / paysagers
Côté urbain Grand River Boulevard
127. Coupe transversale
Voie de desserte
Côté Agricole Maraîchage
0
5
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10
20 m
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4. Aspects techniques -
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4.01. Thermique
Nous avons conçu le bâtiment " creative housing " dans le but de développer une offre de logements abordables1 et attractifs -en complément du parc immobilier existant- qui puisse répondre aux besoins des populations susceptibles de déménager à Jeffries (jeunes entrepreneurs, étudiants et couples sans enfants). Pour fixer les objectifs énergétiques du bâtiment, puisqu'il n'est pas situé en France, nous avons essayé de prendre en compte le contexte, les besoins, les matériaux à disposition sur place et les enjeux sociaux-économiques pour arriver à cibler des objectifs réalistes. Néanmoins, nous respecterons également la norme française RT2012, qui a servi d'indicateur et de guide des performances énergétiques. Nous nous sommes donc fixés deux objectifs principaux : d'une part, réduire la part dédiée à l'énergie dans le budget des familles de 15% à environ 5%, et d'autre part atteindre les performances énergétiques requises par la RT 2012. À ce sujet, nous avons fait le parallèle entre la région métropolitaine de Détroit et le département français des Vosges: les deux zones présentent des écarts de températures semblables. De fait, la performance énergétique à atteindre est
1 " Le logement abordable, dans sa définition officielle retenue aux États-Unis, est celui dont le coût correspond à un taux d’effort inférieur ou égal à 30 % du revenu médian dans la zone géographique donnée " National Low Income Housing Coalition, 2009. http://www.cairn. info/zen.php?ID_ARTICLE=INSO_155_0080
de 104 kWh. EP/m²SHON.an.2 Pour répondre aux objectifs, nous avons donc développé des stratégies bioclimatiques passives et actives.
4.01.1. Stratégies passives La compacité Lorsque l’on vise la réduction de la consommation énergétique, la compacité joue un rôle primordial : plus l’enveloppe thermique est compacte, moins il y a de façades exposées aux éléments, et donc moins de déperditions. Dans le cas du bâtiment " creative housing " nous avons cherché la compacité en proposant de l'habitat en bande, accolant les logements les uns aux autres. Cette mesure permet une meilleure performance en assurant la continuité de l’enveloppe thermique et en diminuant les surfaces exposées.
La porosité et l'inertie Compte tenu de l’orientation, imposée par le parcellaire, le bâtiment est orienté nord-est/sud-ouest. La porosité n’est traitée que sur ces façades, tandis que les façades nord-ouest et sud-est (les pignons) sont, quant à elles, aveugles. La façade sud-ouest est traitée avec des baies vitrées toutes hauteurs, 2
Voir annexes 3
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permettant de récupérer l’apport énergétique solaire gratuit en hiver, dans le but de chauffer naturellement le bâtiment : les dalles en béton, un matériau à forte inertie, permettent d’emmagasiner cette énergie durant la journée et de la redistribuer pendant la nuit. En ce qui concerne la façade nord-est, nous avons traité sa porosité via l’installation de fenêtres issues de la récupération. Ce choix répond principalement à la volonté d’établir une relation avec l’avenue pour " garder un œil sur la rue ", tout en donnant de la visibilité aux ateliers. Pour lutter contre les déperditions thermiques, et de fait également contre les nuisances sonores de l’avenue, la façade nord-est des lofts comprend une loggia qui joue le rôle d’espace-tampon.
répartie : la couche d’isolant située à l’intérieur de l’ossature bois est complétée par une isolation extérieure. Cette répartition des isolants permet également de ne pas réduire davantage les espaces intérieurs.
La sur-ventilation La ventilation étant importante pour le rafraîchissement des espaces en été, les logements (lofts et lofts + ateliers) sont traversants de manière à faciliter l’aération. Le puits de lumière rabattable contribue également au rafraîchissement, grâce à l’effet cheminée3.
La protection solaire Pour la façade sud-est, nous avons prévu des protections solaires à travers deux dispositifs : tout d’abord, un débord de la toiture permettant de protéger la façade vitrée des rayons solaires, et évitant ainsi la surchauffe en été ; ensuite, des persiennes mobiles permettent la protection durant les mi- saisons. De la même façon, nous avons prévu la protection solaire mécanique par l’extérieur pour le puits de lumière, permettant ainsi de mieux gérer l’apport lumineux au cours de la journée.
L'isolation Avec des écarts de de température aussi importants qu’à Détroit, il est important de se protéger tant en hiver qu’en été, pour minimiser la consommation énergétique en chauffage et en climatisation. Nous
avons
prévu
une
isolation
129. Graphique des stratégies bioclimatiques
3 Le tirage thermique a lieu lorsqu'une différence de température engendre une différence de densité de l'air entre l'entrée et la sortie du conduit. Cet effet est accentué par une plus grande hauteur de cheminée. Le tirage thermique est assez largement connu du grand public sous la formule " l'air chaud monte ". Source : Wikipedia
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130. Stratégie d'hiver
0
1
2
3
4
5m
0
1
2
3
4
5m
Stocker les apports solaires. Redistribuer la chaleur la nuit.
131. Stratégie d'été Protection solaire Ventilation naturelle
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4.01.2. Stratégies actives Au niveau technique, nous avons divisé le bâtiment en trois unités : chacune est composée de trois logements de manière à mutualiser les installations de chauffage, de ventilation et sanitaires.
VMC simple flux Le système de ventilation visant à assurer le renouvellement de l'air à l'intérieur des logements est une VMC simple flux hygrométrique de type A, située au niveau du palier de chaque unité. Ainsi, chaque bloc VMC pourrait être relié à trois extracteurs, un par logement, qui ont pour fonction d’aspirer l'air vicié des pièces humides (salles de bains et les cuisines) et de le rejeter à l'extérieur en toiture. Ce système est simple à installer, à utiliser et à entretenir.
Chaudière gaz Pour répondre aux besoins de chauffage et d’eau chaude sanitaire de chaque unité, nous avons opté pour l’installation d’une chaudière gaz à condensation, qui sera située dans le local technique prévu à cet effet en rez-dechaussée. La chaudière à condensation récupère et recycle les calories contenues dans la vapeur d'eau produite lors de la combustion du gaz. L'exploitation de cette chaleur latente favorise un rendement exceptionnel qui permet de chauffer plus en dépensant moins d'énergie et de limiter les rejets polluants. Les rendements d’une
chaudière gaz à condensations arrivent à 105 - 110% en basse température (30 à 50°C)4. Nous avons fait ce choix pour son rendement, son faible coût et sa simplicité d’utilisation. Sachant que l’objectif principal de notre démarche est la réduction de la part du budget en énergie, le gaz s’imposait : c’est l’énergie la plus utilisée pour le chauffage et la moins coûteuse5 à Détroit. De plus, son installation peut être subventionné par différents organismes de la région6.
Plancher chauffant hydraulique Nous avons prévu l’installation de planchers chauffants hydrauliques afin de permettre le confort et l’évolutivité des logements : le chauffage au sol permet de libérer une surface, vierge de tout radiateur, et de l’agencer selon ses désirs par la suite. Les planchers chauffants ont une surface et une période de diffusion plus grande qu’un radiateur, ce qui permet d’utiliser une température de l’eau plus basse, améliorant ainsi encore le rendement de la chaudière.
4 http://plancher-chauffant.comprendrechoisir. com/comprendre/chaudiere-pour-plancher-chauffant 5
http://www.bls.gov/ro5/aepdet.pdf
6
http://www.dteenergy.com
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- Pour un loft, la consommation globale estimée en énergie finale est de 8 288 KWh/an qui, au prix des énergies à Détroit, coûteront 603.6 €/an, soit environ 3.3% du revenu d’une famille (18 500 €/an). - Pour le loft + atelier, la consommation globale estimée en énergie finale est de 9 856 KWh/an qui, au prix des énergies à Détroit, coûteront 662.6 €/an, soit environ 3.6% du revenu d’une famille (18 500 €/an). Circuit plancher chauffant
Chaudière gaz
132. Stratégie active
Ballon tampon + ballon ECS 0
1
2
3
4
5m
Grâce à la mise en place de ces stratégies, " creative housing " offre des logements performants énergétiquement, moins énergivores et par conséquent plus abordables. D’après nos calculs la consommation en énergie finale pour chacun des appartements proposés ne représente même pas les 5% du revenu d’une famille à faible revenu, satisfaisant ainsi le premier objectif que nous nous étions fixé :
La norme RT2012 fixe pour les Vosges une consommation en énergie primaire maximale (Cepmax) de 103,96 kWhep/ an.m² SHONRT pour l’unité étudiée, qui consiste en 3 appartements (1 studio, 1 loft et 1 loft +atelier). D’après nos calculs, la consommation estimée en énergie primaire pour l’unité étudiée est de 103 KWhep/ an.m²SHONRT. Nous aurions pu faire un bâtiment plus performant étant donné que nous avons proposé pour la façade nord des menuiseries de récupérations peu performantes, mais nous avons opté pour cette option car la récupération des matériaux diminue le coût de la construction, et les objectifs énergétiques fixés sont dans tous les cas satisfaits.
- Pour un studio la consommation globale estimée en énergie finale est de 2 464 KWh/an qui, au prix des énergies à Détroit7, coûteront 384.4 €/an, soit environ 2% du revenu d’une famille (18 500 €/an).
7
Voir annexe 2
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4.02. Acoustique
L’ensemble de l’environnement autour du site est relativement calme, mais on peut y distinguer deux ambiances : une plus bruyante, liées aux transports sur Grand River Avenue du côté nord, et une autre à l'opposé, plus calme, liée à l’agriculture du côté sud.
améliorant ainsi le confort acoustique à l’intérieur du logement.
Vers le commerce - un plancher isolé
Le bâtiment " creative housing " se situe en front d'avenue et propose des activités commerciales et de services en rez-de-chaussée : il est au contact d'environnements à nuisances sonores, et devra donc proposer un traitement acoustique particulier. De même, la disposition des logements, accolés les uns aux autres, conduira à prendre des mesures adaptées aux niveaux des parois mitoyennes.
La norme préconise entre un logement et un local d’activité un indice d’affaiblissement acoustique de 58 dB. Le plancher est donc constitué d'une structure en hourdis polyseac1 (ép. 17 cm) associée à une dalle flottante de 5 cm ; d'un fauxplafond en plaque de plâtre 13 mm (type placoplatre® BA 13) fixé à une ossature métallique et suspendu aux poutrelles grâce à des suspentes anti-vibratiles, le vide restant étant rempli de 10 cm de laine de roche.
Pour ce faire, nous avons développé différents dispositifs de mise en œuvre visant à protéger les logements des les diverses sources d’inconfort acoustique.
Vers le voisins – un double mur mitoyen
Vers l’avenue – une loggia En ce qui concerne les bruits extérieurs, la norme requiert d’atténuer le bruit jusqu'à 30 dB(A). La Grand River Avenue peut être considérée comme une voie de catégorie 2, avec un niveau sonore de référence d’environ 70 dB(A). De fait, l’isolation phonique entre le logement et l’extérieur devra atteindre un indice d’affaiblissement acoustique de 40 dB. Étant donné que la façade directement exposée à l’avenue est traitée avec des vitrages de récupération peu performants au niveau phonique, nous avons proposé pour les appartements de type loft une loggia : ce dispositif agit en tant qu’espace tampon,
La norme requiert pour l’isolation aux bruits aériens entre deux logements un indice d’affaiblissement acoustique de 53 dB, c'est pourquoi les murs entre logements ont une fonction structurelle et servent à l’isolation phonique. Ces murs sont donc constitués de deux ossatures bois, séparées de 3 cm : chaque ossature comporte une isolation en laine de roche de 14 cm, une plaque d'OSB de 18 mm et une plaque de plâtre de 18 mm (placoplatre® BA 18) fixée sur des profilés métalliques (Profilé Stil® MOB), eux-mêmes fixés à l’ossature.
1 SEAC TB, La technologie béton, Choix et technique, 7éme édition http://www.seac-gf.fr/documents/0/livretb-ed7bis.pdf.
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4.03. Détails constructifs
Détail constructif logements, loggia façade sur l'avenue
1
2
133. Coupe transversale - détail façade nord 1:20 1 3
4
2 3
5
6
4 5 7
8
9
6 7
8 10
4
9
5
11
12
10 11
12
De haut en bas : brique pilée roulée (60 mm); étanchéité (3 mm); Isolant rigide laine de roche (100 mm); plaque OSB (32 mm); lame d'air ( 30 mm); solives (235 x 76 mm) ; isolant souple laine de roche (200 mm entre solives); plaque OSB (22 mm) Lisse basse 140 x 76 mm (prévue pour extension) De haut en bas : brique pilée roulée (60 mm); étanchéité (3 mm); Isolant rigide laine de roche (100 mm); plaque OSB (32 mm); lame d'air ( 30 mm); solives (235 x 76 mm) ; isolant souple laine de roche (200 mm entre solives); plaque OSB (22 mm) Fenêtre de récupération (h= 910 mm) Ossature de support des fenêtres (montants 14 x 76 mm) issue des dimensions standards des fenêtres. Garde-corps (h = 1 m) De gauche à droite : bardage vertical bois de récupération (douglas 19 mm), tasseaux : lame d'air ventilée ( 23 mm), étanchéité (3 mm); isolation rigide laine de roche (75 mm); plaque OSB (22 mm); isolant souple laine de roche (14 mm entre montants); plaque OSB (22 mm) De haut en bas : planches bois de récupération (douglas 22 mm); structure de surélévation en bois (tasseaux 50 x 30 mm); étanchéité (3 mm); isolation rigide laine de roche (50 mm); pare vapeur; dalle béton armée (50 mm); poutrelles hourdis (120 mm); entrevous hourdis polystyrène (90 mm); lame d'air (25 mm); isolant souple laine de roche (130 mm); plaque de plâtre (19 mm) De haut en bas : chape flottante (50 mm); chauffage au sol; étanchéité (3 mm); isolant rigide laine de roche ( 70 mm), pare vapeur; dalle béton armée (50 mm); poutrelles hourdis (120 mm); entrevous hourdis polystyrène (90 mm); lame d'air (25 mm); isolant souple laine de roche (130 mm); plaque de plâtre (19 mm) Suspentes anti-vibratiles De gauche à droite : paroi extérieure briques apparentes; lame d'air ventilée (40 mm); isolant rigide laine de roche (80 mm); mur porteur intérieur en briques maçonnés De haut en bas : Chape flottante (50 mm); étanchéité (3 mm); isolant rigide laine de roche (50 mm); pare vapeur; dalle béton armé (120 mm)
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Détail constructif logements, mur mitoyen
1
2
3
134. Coupe longitudinale détail mitoyen 1 4
2 3 4 5
5
4 6
6
7
7 8
mur 1:20
De haut en bas : brique pilée roulée (60 mm); étanchéité (3 mm); Isolant rigide laine de roche (100 mm); plaque OSB (32 mm); lame d'air ( 30 mm); isolant souple laine de roche (200 mm entre solives); plaque OSB (22 mm); lame d'air (32 mm); plaque de plâtre (19 mm) Lisse basse 140 x 76 mm (prévue pour extension) Solive d'about 235 x 76 mm Profil de fixation des plaques de plâtre De gauche à droite : plaque de plâtre (19 mm); lame d'air (22 mm); plaque OSB (22 mm); isolant rigide laine de roche (140 mm entre montants); espace intermédiaire (30 mm); isolant rigide laine de roche (140 mm entre montants); plaque OSB (22 mm); lame d'air (22 mm); plaque de plâtre (19 mm) De haut en bas : chape flottante (50 mm); isolant rigide laine de roche ( 70 mm); pare vapeur; dalle béton armé (50 mm); entrevous hourdis polystyrène (90 mm); lame d'air (25 mm); isolant souple laine de roche (130 mm); plaque de plâtre (19 mm). Suspentes anti-vibratiles Double mur porteur (briques)
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4.04. Économie
Les enjeux économiques du projet sont multiples et les outils que nous avons appréhendés cette année nous ont permis d’évaluer les bénéfices de l’utilisation des ressources locales (bénévolat, matériaux de récupération et programme de financement) sur le coût global, et également de mesurer l’investissement que ce projet représente pour la coopérative. L'objectif économique principal du projet est de proposer des loyers abordables pour les futurs résidents de "creative housing", de manière à abaisser les 32% de budget qu'allouent actuellement les familles modestes du quartier à leurs logements.
terrain vacant sera d’environ 35,50€/m².1 C’est un avantage considérable pour la coopérative puisqu'à Jeffries, visiblement pas encore suffisamment développé et attractif, les prix des terrains vacants sont encore abordables pour une telle organisation. Ainsi, pour le projet des " creative housing ", la coopérative de " Growing Jeffries " devrait dépenser 110 000€ pour l’achat de 3 073 m² de terrain, soit 9 parcelles vacantes. Pour cette somme, elle pourrait demander et obtiendrait certainement un appui financier de la part de plusieurs organismes publics ou privés.
Pour ce faire, nous avons évalué le coût global de cette opération en prenant en considération dans ce calcul le coût du foncier, de la main d’œuvre, et des matériaux récupérés ou non à Jeffries.
4.04.1. Coût du foncier A Détroit le coût du foncier est aujourd’hui très variable selon les quartiers, et dépend notamment de leur emplacement ou non dans les différents villages urbains en développement autour du centre-ville : alors qu’à Corktown le long de Michigan avenue on peut trouver des terrains vacants à plus ou moins 200€/m², à Midtown (Woodward avenue) ce sera environ 75€/m², et à Jeffries le coût d’un
135. Terrain vacant à Corktown, environ 200€/m². Adresse 2099 11th St, Detroit
1 Selon le marché du foncier http://www. mihomesrealestate.com/property_information. asp?mls=214039103
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136. Terrain vacant à Midtown, environ 75€/m². Adresse 2-48 Euclid St, Detroit
137. Terrain vacant Jeffries, environ 35,50 €/m². Adresse 9700 Grand River Avenue, Detroit
4.04.2. Coût de construction
dans le projet. Nous avons donc fait une étude comparative avec et sans matériaux récupérés, et il en résulte que grâce à l’utilisation de cette ressource locale spécifique à Détroit, nous pourrions réaliser une économie d’environ 125 000 € sur le coût total de construction des "creative housing".
L’étude du coût de construction met en évidence les postes les plus coûteux dans la construction du projet, mais il nous a surtout permis de mesurer l’impact de l’utilisation de matériaux de récupération
138. Graphique comparatif avec et sans matériaux de récupération + coût de chaque lot
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4.04.3. Coût de la main d’œuvre La volonté de se rapprocher le plus possible de la réalité économique de Détroit nous a mené vers un questionnement à propos du coût de la main d’œuvre aux États-Unis, et nous avons alors réalisé à quel point les charges sociales sont faibles (7,9%)2 et participent aussi grandement à une réduction du coût de construction. Par exemple un ouvrier du BTP américain coûte 20,45€/h HT et seulement 22,07€/h TTC alors qu’un ouvrier du bâtiment en France coûte 30,60€/h HT et 36,72€/h TTC3.
722€/m² 5 . Le coût de construction du projet " creative housing " se trouve en dessous de cette moyenne puisque, d’après nos estimations, le coût de construction du projet serait de 543€/m² SHOB (2584 m²).
4.04.4. Coût global Le calcul du coût global inclus donc le coût du foncier, le coût de construction et 20% de frais annexes techniques et administratifs qui correspondent entre autre au coût de l’équipe de maîtrise d’œuvre et à l’entretien du bâtiment. Ramené à la surface de plancher6 (1432,20 m²), celle que le résident peut parcourir (sans compter les garages et terrasses, les locaux techniques, etc.) le coût global du projet reviens à 1252€/m².
4.04.5. Aide au financement du projet
139. Tableau main d’œuvre aux États-Unis 4
En moyenne, dans le Michigan, le coût de construction de bâtiments résidentiels (sans compter le foncier, les frais annexes et les aménagements paysagers) est de
2 http://www.svp.com/article/quelles-chargessociales-aux-etats-unis-100005022
Pour financer ce projet la coopérative pourra faire appel à la fondation AFL-CIO logement Investment Trust Real Estate Finance (HIT)7 qui propose des financements pour les projets immobiliers ayant pour principal objectif la location ou la vente de logements collectifs abordables pour les familles modestes. Ce programme de 5 http://www.home-cost.com/construction-cost-persf.html#form
3 Selon Eurostat Labour costs in the EU28 mars 2014 ; http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/327032014-AP/EN/3-27032014-AP-EN.PDF
6 Selon le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie http://www.developpementdurable.gouv.fr/Reforme-de-la-surface-deplancher,25290.html
4 Tableau coût de la main d'oeuvre USA source des donnés ref: Table 632. Nonfarm Industries—Employees and Earnings: 1990 to 2010 http://www.census.gov/ prod/2011pubs/12statab/labor.pdf
7 Programme de financements à Détroit http:// midtowndetroitinc.org/incentive-programs/housingdevelopment
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soutien financier autorise un prêt à 4% TEG fixe, dont le montant peut varier de 1 470 300 € (2 millions $) à 7 351 500 (10M $), la durée de remboursement peut varier entre 10 et 40 ans. De fait, pour financer ce projet la coopérative devra emprunter au total (coût de construction, coût du foncier et frais annexes compris) 2 840 700 € € et devra récupérer en loyers 9 469 € € par mois pour pouvoir rembourser ses mensualités en 25 ans. À Jeffries, au bord de Grand River Avenue, les appartements en logements collectifs se louent environ à 9€/m²,8 et le revenu moyen des ménages les plus faibles est de 1 541€/mois9 : dès lors, pour atteindre notre objectif économique et offrir des logements abordables10 aux futurs résidents, le loyer des lofts ne doit pas dépasser 462€/Mois charges comprises.
comprises) puisque le résident pourra y exercer une activité professionnelle et économisera donc la location d’un autre local ; et les studios serons loués pour 200 €/ mois. Les 6 surfaces commerciales du rezde-chaussée seront quant à elles louées pour 844€/mois. Après 15 ans de location, les résidents des lofts et lofts+atelier se verront proposer de racheter le bien à la coopérative, puisque, dès le départ, le contrat de location sera signé avec une option d’achat. Un contrat qui a pour but de permettre aux familles modestes d’avoir la possibilité de devenir propriétaires. Les loyers des studios et des surfaces commerciales constitueront pour la coopérative une réserve financière permettant d’assurer l’entretien, la gestion et la pérennité du bâtiment.
En conséquence le loyer des lofts est fixé à 412 € / mois pour 74 m² (6,22€/m²); celui des lofts+atelier est fixé à 490€/mois pour 88 m² (6,70€/m²), celui-ci pouvant être un peu plus onéreux (35% charges
8 realtor.com® is the official site of the National Association of REALTORS® and is operated by Move, Inc. http://www.realtor.com/realestateandhomesdetail/3901-Grand-River-Ave_Detroit_MI_48208_M4614214413?row=2 9 Idem 20 Cf page 38 20. À Jeffries le revenu d’un ménage à faible revenu est de 18 500 euros par an. Source: Data & mapping Data Driven Detroit, GeoProfile Jeffries, Detroit Master Plan Neighborhood, Data Driven and Sanborn, Detroit, MI, http://www.cridata.org/GeoProfile. aspx?tmplt=D3&t ype=93&loc=2622000093029# 10 " Le logement abordable, dans sa définition officielle retenue aux États-Unis, est celui dont le coût correspond à un taux d’effort inférieur ou égal à 30 % du revenu médian dans la zone géographique donnée " National Low Income Housing Coalition, 2009. http://www.cairn. info/zen.php?ID_ARTICLE=INSO_155_0080
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Conclusions -
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Conclusion du groupe
" Détroit n’est pas la ville des rêves, c’est la ville des réalités. À Détroit, la nécessité oscille constamment avec la possibilité, et quand un autre monde est nécessaire, il devient possible." Grace Lee Boggs, 96 ans, activiste et habitante de Détroit Découvrir Détroit, une grande ville américaine en situation de décroissance et aux prises de difficultés économiques d’une grande ampleur a suscité notre désir de relever le défi d’imaginer un projet adapté qui pourrait jouer un rôle dans la redynamisation de la ville, du moins d’un quartier. Le Projet " Growing Jeffries " s’implante donc dans cette ville complexe qu’est Détroit, qui compte toujours parmi les plus grandes villes des États-Unis, avec aujourd’hui environ 700 000 habitants. Admiratives de leur optimisme et de leur sens pratique, nous considérons que les habitants représentent l’avenir de la ville. Pendant ces dernières décennies de crise démographique, la ville de Détroit a fait l’objet de nombreuses propositions tentant de répondre aux problématiques liées à sa décroissance : parmi ces propositions certaines envisageaient le " retour à la nature " avec des moyens systémiques et drastiques (évacuation, démolition et clôture des quartiers les plus vacants) qui ne correspondent pas du tout à la situation spécifique de Détroit. À nos yeux, ces propositions oublient que Détroit compte encore aujourd’hui de nombreux résidents activistes, engagés et attachés à leurs quartiers : ce n’est pas
d’un plan de démolition standardisé dont ils ont besoin, mais plutôt d’un projet et de services communautaires spécifiques qui soutiendraient leurs actions volontaires au cœur des quartiers. C’est à partir de ce constat, et de l’analyse du contexte spécifique de la ville de Détroit (réalisée notamment grâce aux observations faites sur place, qui nous ont permis de mieux comprendre le fonctionnement réel de la ville), que nous avons pu apporter une réponse architecturale et urbaine aux problématiques rencontrées par les habitants de Jeffries. Le projet " Growing Jeffries " s’inscrit donc dans l’actuelle redynamisation urbaine de Détroit et propose de répondre aux besoins du quartier par la création d’un centre d’activités destiné aux habitants et attractif pour les futurs résidents. Il proposera à la fois une offre de services de proximité et une offre de logements, qui seront adaptés à la nouvelle façon de vivre dans ce contexte socio-économique particulier. La conception de ce projet résulte d’une réflexion plus globale et partagée entre les huit étudiants du Detroit Workshop sur le devenir de la ville et sur l’amélioration quotidienne de la vie des habitants. Cette démarche œuvre pour la création de pôles interconnectés, sûrs et attractifs pour les piétons, à travers un développement urbain favorisant les modes de déplacements doux, supportant les initiatives " Bottom up " des communautés et utilisant au maximum les ressources locales.
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Ces centres sont pensés avec l’idée d’utiliser des moyens modestes et élémentaires afin d'encourager l'émergence d'une ville mixte et résiliente. Dans ce cadre, nous avons proposé le développement d'un pôle urbain durable, autour du cycle court " de la fourche à la fourchette " qui soutient une idéologie importante à nos yeux : l’égalité des personnes face aux besoins fondamentaux comme se nourrir, se loger, être en sécurité, travailler et se divertir. Il a fallu pour cela prendre en compte un ensemble de critères, et s’appuyer sur les réseaux associatifs existants de la ville qui traitent de l’agriculture urbaine et du recyclage des matériaux. Détroit est en effet une ville pleine de ressources, qui souffre malgré elle d’une mauvaise image médiatique à l’échelle mondiale : nous avons fait le choix pour ce PFE de regarder au-delà des apparences, au-delà des préjugés, afin de mettre en exergue tous les aspects positifs de cette ville. Le PFE repose notamment sur trois ressources incontestables de Détroit, l’énergie humaine, les terrains vacants, et la réutilisation des matériaux de déconstruction, et fait appel à la solidarité et à l’optimisme des habitants du quartier pour s’investir et participer au fonctionnement du centre d’activités. À travers ce projet nous proposons aux habitants de Jeffries une nouvelle expérience de l’espace public avec un lieu unique de rencontre et d’activités, sûr et facile d’accès à pied ou en vélo, ce qui encouragera un développement durable à Jeffries. Dans une ville où l'on se déplace le plus fréquemment en voiture, nous sommes persuadées qu’il est primordial d’agir sur les raisons qui empêchent les résidents d’utiliser des moyens de transports alternatifs. Nous proposons donc, pour lutter contre la dépendance à la voiture, de
pallier les manques de services de proximité et de rendre plus agréables, plus rapides et moins coûteux les déplacements : création d’un marché coopératif au centre du quartier, installation de pistes cyclables, et réduction de la vitesse du trafic sur Grand River Avenue. Cela permettra aux résidents d’avoir un accès égal à de la nourriture saine, qu'ils pourront se procurer sans utiliser de véhicule motorisé. Dans l’optique d’utiliser de manière sensée les ressources locales pour offrir des services et des logements abordables, nous avons choisi la réutilisation de matériaux comme langage architectural. Cette volonté, qui s'exprime sur les façades principales des bâtiments et dans le traitement de certaines finitions (sols espaces publics, finitions intérieures), symbolise à la fois l’histoire de la ville et son devenir : c'est la reconstruction de la ville avec la ville. En outre, la récupération de matériaux s’est également avérée être un outil efficace pour réduire le coût et l’impact environnemental du projet. Au cœur du projet de centre d'activités de "Growing Jeffries", le marché dispose de caractéristiques architecturales avantageuses : sa porosité, sa transparence et ses parois repliables permettent aux maraîchers d’adapter la dimension du marché et de l’étendre ponctuellement au gré des saisons sur l’espace public. Cet investissement de l’espace public peut servir d’exemple pour tout le quartier, et favoriser l’appropriation et le respect des lieux. De plus, les autres commerces de proximité et les espaces dédiés à la communauté (laverie, atelier bricolage et salle polyvalente) encouragent les résidents à rester plus longtemps sur place, participant ainsi à l'amélioration du sentiment de sécurité dans le quartier, une étape essentielle vers le " bien vivre dans son quartier ".
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Nous avons cherché à ce que les logements, quant à eux, s'adaptent aux nouveaux modes de vie du quartier en proposant un grand espace de vie ouvert et appropriable. Il est essentiel que ces logements puissent répondent au besoin d’évolution des résidents, afin de coller à l’esprit artistique, innovateur et entrepreneurial des Detroiters, en leur permettant d’aménager une pièce en espace de travail ou en atelier. Si les habitants ont la possibilité de vivre et travailler dans un même lieu, ils pourront économiser les frais de transport ou la location d’un local : en ce sens, ces nouveaux types de logements participent à l'amélioration de la vie quotidienne, en libérant une part du budget des foyers qui pourra être consacrée à une nourriture plus saine, à la scolarité des enfants ou à des activités récréatives. Pour ce projet, nous nous sommes préoccupées des problématiques énergétiques en fixant un objectif avant
tout économique. Grâce à des logements plus petits et plus performants que ceux qui existent sur le marché, les familles modestes en situation de précarité énergétique (la grande majorité des Detroiters) peuvent réaliser des économies. Ainsi, nous avons voulu réaffirmer avec le projet "Growing Jeffries" l'idée d'un redéveloppement ascendant des villes en décroissance, de l’individu à la collectivité, (bottom’up) : les projets naissent dans les yeux des habitants " spécialistes de la vie quotidienne " et croisent ensuite le regard aguerri des professionnels de l’architecture et du bâtiment. Cette démarche participative est, nous en sommes convaincues, indispensable pour aboutir à des projets adaptés aux intimes besoins des usagers tout en conservant une adéquation avec leur environnement : les quartiers possèdent chacun leur propre identité mais sont connectés entre eux, participant de fait à la renaissance d'un tissu urbain continu.
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Conclusion personnelle
Jessica Suret Ce PFE propose un regard international sur la ville de Détroit, entre une vision architecturale européenne et latinoaméricaine et la culture américaine. Le fait d’être une équipe composée de deux globe-trotteuses, une colombienne et une française, ayant une passion pour les voyages nous à aider à sans cesse interroger les différentes manières d’habiter et de concevoir l’espace, intimement liées à chaque culture et à chaque territoire. La difficulté principale que j’ai rencontrée a été celle d'appréhender l’échelle de la ville. C’était la première fois que je me retrouvais face un territoire aussi étendu que celui de Détroit, et malgré mes diverses expériences (année de mobilité à Prague, stages dans une agence d’architecture d’urbanisme et de paysagisme) l’intégration et la conscience de cette échelle à demandé un effort particulier et énormément de temps. Cette dernière année de master a été l’occasion de mener sur une longue période (1 an) un projet en équipe. Dans un premier temps, lors de la découverte et de l’analyse du territoire avec huit étudiants (Detroit workshop) : cette coopération nous a permis d’expérimenter un processus participatif de brainstorming pour l’élaboration d’une vision commune dans le cadre du projet d’architecture. Ensuite, en binôme cette fois, il a fallu mettre en place un partage des tâches et des moments de réflexion commune, de manière à développer le projet dont le résultat aujourd’hui est le fruit d’un véritable consensus alliant différentes visions,
personnalités, sensibilités, compétences et expériences. Alors que les temps des présentations intermédiaires permettaient un aller-retour d’idées avec les différentes équipes d’étudiants qui travaillaient sur la même ville, et avec les autres groupes qui rencontraient des problématiques semblables, le travail en binôme consistait à organiser et à choisir les différentes stratégies du projet. À travers notre complicité et notre collaboration, tout au long de l’année nous avons eu l’occasion de croiser, échanger et partager notre vision de l’architecture qui place l’habitant et ses besoins au cœur du projet. En effet, la conception collaborative et la prise en compte des habitants me semblent primordiale alors que j’envisage une future pratique professionnelle au sein d’une équipe pluridisciplinaire, qui sera attentive à leurs besoins et saura s’adapter au mieux aux contextes socio-économique et environnemental des projets. Aux côtés de l’équipe pédagogique, il a été question d’aborder les aspects techniques du projet et de mettre en pratique les connaissances acquises notamment lors de la propédeutique des matériaux en première année de master. En gardant à l’esprit les conséquences du dessin et de la conception sur l’économie, la thermique et l’acoustique du projet, je suis prête pour m’engager dans une activité professionnelle, et tenterai de garder en mémoire toutes ces connaissances pour endosser le rôle d’architecte, faire les bons choix et concevoir des projets viables et sensés.
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Conclusion personnelle
Ma. Constanza Mejia Schuster La réalisation de ce projet de fin d'études est l'aboutissement d’un long chemin d’études et de recherches personnelles qui m'ont amené à vivre et travailler dans différents pays et cultures (Colombie, Espagne, France, Australie et Chili). C’est à travers de ces expériences et de ces deux dernières années d’études de Master en France que j’ai pu développer une vision du monde et une approche de l’architecture où le contexte, quel qu'il soit, est toujours le point de départ de la réflexion et du projet architectural en lui-même. Ainsi, pour moi, l’objectif de l’architecture est de répondre de la meilleure manière possible aux besoins des personnes et des communautés dans leur contextes spécifiques : l’architecture comme moyen de matérialiser des changements sociaux, culturels et économiques sujets à un environnement particulier. Dans le cas de ce PFE, nous nous sommes confrontées au contexte américain, et plus particulièrement à celui de Détroit. Notre regard s'est concentré sur sa culture et sur l’optimisme de sa population, ce qui nous a permis d’établir les bases pour l’élaboration du projet. La compréhension des facteurs politiques, culturels, sociaux et économiques qui ont généré la situation actuelle de la ville a facilité l'élaboration d'une solution plausible envisageant un avenir plus durable. À ce sujet, le Detroit Workshop et le travail de recherche ont été extrêmement importants pour mieux discerner la réalité de cette ville de son image médiatique. D'un point de vue personnel, le défi a
été d'être confrontée simultanément à deux contextes : celui du lieu d’études, la France, et celui du projet, les Etats-Unis et Détroit. La France et ses exigences techniques, ses savoir-faires et ses normes que j'ai dû appréhender se sont révélés très utiles pour le développement du projet ainsi que pour ma compréhension du métier dans ce pays. La ville de Détroit, quant à elle, m'a permis d'être initiée au travail participatif et collaboratif, incarné par le Detroit Collaborative Design Center : cet organisme à but non lucratif facilite la collaboration de la communauté et d'une équipe multidisciplinaire pour chercher ensemble des solutions pratiques aux problèmes quotidiens et pour la création d'espaces durables. Le travail au long de l’année a été pour moi un travail de " traducción " permanent entre mon regard latino-américain et la réalité nord-américaine, tout en gardant à l'esprit que l'on devait s'adresser à un public français. Heureusement, j'ai pu compter sur la complicité et la patience d'une binôme qui m’a accompagné et supporté tout au long de l’année. Désormais, j’envisage un avenir dans l’architecture collaborative et participative engagée vers un avenir plus durable, plus équitable et plus humain, conciliant les besoins et les moyens pour mieux répondre aux exigences de nos jours. À cet égard, le projet a été le début d’une recherche sur les potentiels plastiques et écologiques des matériaux issus du recyclage, de la déconstruction et la démolition : après y avoir été confronté pendant cette année, je souhaiterais travailler dans la réhabilitation ou la rénovation de bâtiments.
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Bibliographie -
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Bibliographie
Livre : DETROIT WORKS PROJECT LONG TERM PLANNING STEERING COMMITTEE, Detroit future city: 2012 Detroit Strategic Framework plan, Detroit works project long term planning steering committee, Detroit, 2013, 354 p. OSWALT, Philipp, Detroit, Shrinking Cities, Berlin, Kulturstiftung des Bundes, ed. Working Papers III, March 2004, 138 p. FLORIDA, Richard, Cities and the Creative Class, New York/London, Routledge, 2005, 45 p. HUTTON, Thomas A., The New Economy of the Inner City, Cities 21, n°2, 2004, 108 p. MARE, E. Christopher, The urban village: Synergy of Ecology and Urbanism. Fielding Graduate University, Village Design Institute, winter 2008, 123 p. Hudson-Webber Foundation, the Detroit Economic Growth Corporation, the Downtown Detroit Partnership, Midtown Detroit, Inc., D:hive, and Data Driven Detroit, Seven point two square miles: A Report on Greater Downtown Detroit, 7.2 SQ Mi., Detroit, MI, 2012, 79 p. ABERCROMBIE, Patrick & FORSHAW, J.H., County of London Plan, Macmillan and Company Ltd. for London County Council, United Kingdom, 1943, 188 p.
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Chapitre d’un ouvrage : CHARACTERIZATION OF BUILDING-RELATED CONSTRUCTION AND DEMOLITION DEBRIS IN THE UNITED STATES; Chapter 3-10 Table &0 estimated management of buildingrelated C&D debris in the United States, 1996, page 51.
Article de périodique, revue : COLASANTI, K. A., & HAMM, M. W. (2010, November), "Assessing the local food supply capacity of Detroit, Michigan", Journal of Agriculture, Food Systems, and Community Development, 18 p. ISSN: 21520801 online www.AgDevJournal.com BESHOURI, Paul, Searching For Evidence of Detroit's Forgotten Western Market, URL:http://detroit.curbed.com/ archives/2013/05/western-market.php, consulté novembre 2013 SHUMAN, H. Michael, Economic Impact of Localizing Detroit’s Food System, http:// www.fairfoodnetwork.org/resources/ economic-impact-localizing-detroitsfood-system, Consulté janvier 2014 DUCHEMIN, Eric, Agriculture urbaine: quelle définition? Une actualisation nécessaire? dans AgriUrbain, 2012, URL : http:// agriurbain.hypotheses.org/2705, Consulté mai 2014
GABRIEL, Larry, Detroit bankrupt? Six ways the Motor City is thriving in YES! Magazin, September, 2013, URL : http:// www.yesmagazine.org/new-economy/6people-powered-ways-detroit-isn-tbankrupt 1998 Waste Composition Study chapitre construction, demolition and industrial waste pp 123- 137, URL : https://dnr.mo.gov/env/swmp/docs/ wcs98constructionwaste.pdf SEAC TB, La technologie béton, Choix et technique, 7éme édition http://www.seacgf.fr/documents/0/livre-tb-ed7bis.pdf.
Base de donnée : American community survey 2010 5-years, URL : http://www.census.gov/acs/www/ Équipement des ménages au sein de l'UE 2007, INSEE, SRCV-SILC 2007 et Eurostat, URL: http://www.insee.fr/fr/ffc/tef/tef2010/ T10F062/T10F062.pdf Census 2010 Summary File 1 (SF1), U.S. Census Bureau, URL : http://www.census. gov/, Consulté mars 2014 Data & mapping Data Driven Detroit, GeoProfile Jeffries, Detroit Master Plan Neighborhood, Data Driven and Sanborn, Detroit, MI, URL : http://www.cridata.org/ GeoProfile.aspx?tmplt=D3&type=93&l oc=2622000093029# Consulté novembre 2013
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Data-Driven, Detroit, http:// datadrivendetroit.org/, consulté 2013-2014 United States Department of Agriculture, Agricultural Marketing Services, Food Desert, URL : http://apps.ams.usda.gov/ fooddeserts/foodDeserts.aspx, Consulté novembre 2013 Southeast Michigan Council of Governments, Households with No Vehicles Available, 2010 Southeast Michigan, SMEGOG, URL : http://www.semcog.org/ uploadedFiles/Data_and_Maps/Map_ library/NoCar_Households_byTAZ_2010. pdf, consulté janvier 2014
Abréviations : Si un document est sans date : s.d. Si un document est sans pagination : s.p. Sans lieu d’édition : s.l. Edition originale : ÉO Pour indiquer un ouvrage déjà cité (opere citato) : op. cit. Confer : cf. Idem (le même) : id. Ibidem (au même endroit) : ibid. Et suivantes : sq. Page : p. Page x à x : pp. x - x
Bureau of Labor Statistics, U.S. Department of Labor, Consumer expenditures for the Detroit area: 2010-2011, BLS MIDWEST INFORMATION OFFICE, February 15, 2013, URL : http://www.bls.gov/ro5/cexdet.htm, Consulté janvier 2014 Midtown Detroit, Inc. Live Downtown. Program Guidelines. Detroit. 2011, URL: http://www.detroitlivedowntown. org/ Consulte novembre 2013 Table 632. Nonfarm Industries—Employees and Earnings: 1990 to 2010 http://www. census.gov/prod/2011pubs/12statab/ labor.pdf
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Table des Illustrations -
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1. HUDSON-WEBBER FOUNDATION, THE DETROIT ECONOMIC GROWTH CORPORATION, THE DOWNTOWN DETROIT PARTNERSHIP, MIDTOWN DETROIT, INC., D:HIVE, AND DATA DRIVEN DETROIT, Seven point two square miles: A Report on Greater Downtown Detroit, 7.2 SQ Mi., Detroit, MI, 2012, 79 p.
14
22. Idem 2
27
23. Idem 2
27
24. Idem 4
28
25. Idem 4
30
2. DETROIT WORKS PROJECT LONG TERM PLANNING STEERING COMMITTEE. Detroit future city: 2012 Detroit Strategic Framework plan. Detroit, 2013, 354 p.
15
26. Idem 4
30
27. Photo, Valeria Bonin, Détroit, octobre, 2013
30
3. Par l'auteur. Carte de base source: UNITED SATETS CENSUS BUREAU, 2013 Boundary and annexation survey: Detroit city, MI, U.S. Census Bureau's MAF/TIGER database, www. census.gov/geo/www/bas/bashome.html
16
28. Idem 4
31
29. Idem 3
33
30. Par l'auteur, image de base source : Photo satellite, Google Maps, 2012
34
4. Par l'auteur
17
5. Photo, Maria Constanza Mejia, Détroit, octobre, 2013
18
31. Idem 5
35
32. Idem 5
35
6. Photo, Jessica Suret, Détroit, octobre, 2013 7. Idem 5 8. Idem 6
18
33. Photo, Google Maps, Street view, mai, 2014
36
34. Idem 33
36
35. Idem 30
37
9. Idem 6
19
36. Idem 4 37. DETROIT FOOD POLICY COUNCIL, Detroit Food System 2011-12 Report, Detroit, MI, 2012, www.detroitfoodpolicycouncil.net
38
10. Idem 5 11. Idem 6
19
12. Idem 6
20
38. BESHOURI, Paul, Searching For Evidence of Detroit's Forgotten Western Market, http:// detroit.curbed.com/archives/2013/05/ western-market.php, consulté novembre 2013
39
13. Idem 5
20
14. Idem 5
21
15. Idem 6
21
16. THE AMERICAN INSTITUTE OF ARCHITECTS CENTER FOR COMMUNITIES BY DESIGN, Leaner, greener Detroit, A report by the American Institute of Architects sustainable design assessment team, Detroit, MI, October 30 - November 1, 2008, 61 p.
22
39. Idem 4
40
40. Idem 4
41
41. Idem 4
42
42. Idem 33
43
17. Idem 2
23
43. Idem 4
43
18. h t t p s : / / w w w . f l i c k r . c o m / p h o t o s / fliwatuet/6040738681/
24
44. Idem 4
43
19. h t t p s : / / w w w . f l i c k r . c o m / p h o t o s / uwiscseagrant/6333281048
24
45. Idem 4
44
46. Idem 4
44
20. h t t p : / / t c l f . o r g / l a n d s c a p e s / e m e r a l d necklace
24
47. Idem 4
44
21. Idem 2
26
48. Idem 4
45
18 19
20
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123
49. Photo, Grand River Creative CorridorDetroit, https://www.facebook.com/ GRCCDETROIT/photos_stream
45
69. Idem 4
62
70. http://www.npr. org/2014/03/09/287904730/rebuildinga-life-and-a-city-after-years-on-detroitsstreets
62
50. WOODBRIDGE NEIGBORHOOD DEVELOPMENT CORPORATION & DETROIT COLLABORATIVE DESIGN CENTER, Woodvridge Neigborhood Development Strategy, Detroit Collaborative Design Center, University of Detroit Mercy School of Architecture, Detroit, 2010
45
71. Photo, Megan LaCroix, Grand River Creative Corridor-Detroit, https://www. facebook.com/photo.php?fbid=4961874 365455&set=o.100439420100523&type=1
63
51. h t t p : / / s e e d s t o c k . c o m / 2 0 1 3 / 0 4 / 0 1 / food-field-urban-farm-in-detroit-healsland-sets-sights-on-aquaponics-andeconomic-viability/
46
72. Photo, Sintex, 31 juillet 2013, Grand River Creative Corridor-Detroit, https://www. facebook.com/GRCCDETROIT/photos_ stream
64
52. COLASANTI, K. A., & HAMM, M. W. (2010, November). Assessing the local food supply capacity of Detroit, Michigan. Journal of Agriculture, Food Systems, and Community Development. ISSN: 21520801 online www.AgDevJournal.com
46
73. Photo, Al Jordan Jr. Mural "Spagnola" 18 aout 2013, Grand River Creative CorridorDetroit, https://www.facebook.com/ GRCCDETROIT/photos_stream
64
74. Idem 4
66
53. Idem 30
47
75. Idem 30
67
54. Idem 4
47
76. Idem 4
68
55. Idem 30
48
77. Idem 4
69
56. Idem 30
49
78. Idem 4
70
57. Idem 4
51
79. Idem 4
70
58. Idem 33
52
80. Idem 4
70
59. Idem 33
53
81. Idem 4
71
60. http://fortune.fdesouche.com/tag/ autosuffisance-alimentaire
54
82. Idem 4
71
61. http://ctnofa1982.blogspot. fr/2012_02_01_archive.html
55
83. Idem 4
72
84. Idem 4
72
62. http://www.welovedc.com/category/ features/dcvictorygardens/
56
85. Idem 4
72
63. http://lescrealters.org/?page_id=438
57
86. Idem 4
73
64. http://earthworksagriculturetraining.files. wordpress.com/2010/02/peppers1.jpg
58
87. Idem 4
73
88. Idem 4
73
65. http://greatlakesecho.org/2010/12/30/ detroit-businessman-proposes-largescale-commercial-farming-to-strugglingcity/
59
89. Sources varies, Réutilisation http://www. aswdetroit.org/
74
90. Idem 33
75
66. http://zerowastedetroit.com/our-work/ detroit-incinerator/#.U3Mnhfl_vfs
60
91. Idem 33
75
67. Idem 3
61
92. Idem 33
75
68. Idem 50
61
93. Idem 4
76
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124
94. http://artywebzine.com/ post/66096454683/une-maisonconstruite-pour-500-a-partir-de-fenetresde
76
120. Idem 4 - Perspective extérieure
94
121. http://www.eatitdetroit.com/2013/08/ eid-preview-rock-city-eatery.html
95
95. Photo, Nicolas K. Core, Détroit, octobre, 2013
76
122. http://popupcity.net/this-laundromat-isa-bar-too/
95
96. Idem 4
76
95
97. Idem 4 - Plan masse
78
123. http://www.aa13.fr/design-objet/colibrimarkus-johansson-36407
98. Idem 4 - Coupe perspective
80
124. Idem 4 - R+1 Creative housing
96
99. Idem 4 - Perspective extérieure
81
126. Idem 4 - Zoom R+1 Creative housing
97
100. Idem 4 - Façade nord
82
125. Idem 4 - Coupe transversale
97
101. Idem 4 - RDC
82
127. Idem 4 - R+2 Creative housing
98
102. Idem 4 - Façade sud
82
128. Idem 4 - Perspective intérieure
98
103. EK Villes en transformation, Architectures durbles, No. 31, page 54
84
129. Idem 4
101
130. Idem 4
102
104. CGTextures, FloorsMixedSize0028 (Texture: #23627), http://www.cgtextures. com/texview.php?id=23627&PHPSESSID= gg26vrj2c4s70ao5tv4q26r6b3
84
131. Idem 4
102
132. Idem 4
104
105. Cortés Ferreira, Jacobo, Gravel0107 (Texture: #42642), http://www.cgtextures. com/texview.php?id=42642&PHPSESSID= gg26vrj2c4s70ao5tv4q26r6b3
84
133. Idem 4
106
134. Idem 4
107
135. Idem 33
108
106. Idem 102, page 11
84
136. Idem 33
109
107. Idem 4 - Façade nord
85
137. Idem 33
109
108. Idem 4 - RDC marché
86
138. Idem 4
109
110. Idem 4 - Schéma structurel
87
139. Idem 4
110
111. Idem 4 - Coupe transversale
87
109. Idem 4 - Façade sud
87
112. Idem 4 - Perspective extérieure marché
88
113. Idem 4 - Coupe longitudinale
88
114. Idem 4 - Façade nord
90
115. Idem 4 - Coupe transversale
91
116. Idem 4 - Façade nord
92
117. Idem 4 - RDC Creative housing
92
118. Idem 4 - Façade sud
92
119. Idem 4 - Perspective extérieure
93
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125
Annexes -
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126
Annexe 1. Rosa Parks Boulevard
Rosa Parks Boulevard : 2014
16 m
Trottoir
Vélos
Bande ennherbée
2 voies voitures
Trottoir
Rosa Parks Boulevard : 2050
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127
Annexe 2. Climat Détroit / Vosges
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128
Annexe 3. Hypothèse : dépenses en énergie finale
Dans la mesure où nous n’avons pas accès au diagnostic de performance énergétique pour les logements de Détroit, nous avons fait une analyse des prix des énergies les plus utilisées (gaz et électricité) et des dépenses moyennes des familles, afin d’établir une consommation moyenne en énergie finale nous permettant de qualifier l’état du bâti en même temps que les attentes énergétiques pour les nouveaux logements. L’hypothèse repose sur deux analyses, celles de la consommation en électricité et de la consommation en gaz naturel.
À titre comparatif, en France la moyenne de consommation annuelle est de 5 995 kWh, soit une dépense de 796 € par an.3 TARIF ÉLECTRICITÉ Frais kWh d'alimentation Frais de Charges fixes livraison par mois Distribution KWh Prix par 1KWh Frais d’abonnement
Prenant en compte que le prix du kWh d’électricité à Detroit est de 0.096 € , ceci représente une dépense de 1 372.47 € par an, qui comprend la consommation (1 320 € kWh / an) et l’abonnement (52.56 € / an). Si cette famille avait un faible revenu -soit 18 500 € par an (1 500 € /mois)- elle dépenserait 7.42% de son revenu seulement pour l'électricité.
1
Supposant que la climatisation est électrique.
2 Énergie finale : l'énergie au stade final de la chaîne de transformation de l'énergie, c'est-à-dire au stade de son utilisation par le consommateur final. Source : Wikipedia
4.38 € par mois 0.036 € par kWh 0.096 € 52.56 €/an
4
Électricité À Détroit, une famille de 4 personnes qui chauffe au gaz naturel une maison de 167 m² à 21°C consomme annuellement en électricité1 13 749.79 kWh en énergie finale2.
0.06 € par kWh
Gaz naturel À Détroit, une famille de 4 personnes qui chauffe une maison de 167 m² à 21°C consomme annuellement en gaz naturel 58 071 kWh d'énergie finale, sachant que le prix du kWh-gaz est de 0.02 €. Ceci représente une dépense de 1 397.50 € par an, qui comprend la consommation (1 158.42 € kWh / an), les charges de maintenance (145 € / an) et l’abonnement (94.08 € / an). Si cette famille avait un faible revenu -soit 18 500 € par an (1 500 € /mois)- elle dépenserait 7.55% en frais de gaz naturel. 3 http://energeia.voila.net/electri2/electricite_ residentiel_france_allemagne.htm http://www.statistiques.developpement-durable. gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_editoriaux/ Publications/Chiffres_et_statistiques/2013/chiffresstats461-prix-gaz-et-electriciteFrance-et-UE-en-2012-novembre2013-2.pdf 4 http://www.dteenergy.com/residentialCustomers/ billingPayment/electricRate/comparison.html
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129
En France, pour une maison de 120 m², la consommation moyenne de gaz naturel par an est de 16 800 kWh, soit une dépense de 1 122.36 € par an. (0.0758 € / KWh)5 TARIF GAZ NATUREL Frais par 100 pieds cubes (Ccf) Charges fixes par moi IRM Supplément Distribution Optimisation de l’énergie Récupération du coût du gaz Supplément Total 0.53 € hors taxe + 4% taxe de + 0.029 € vente (État de Michigan) + 5% taxe sur +0.023 € les services (Détroit) 1Ccf = 2.83 m3 Prix par m3 Prix par kWh
6
Frais d’abonnement Frais de maintenance
7.68 € par mois 0.16 € par mois 0.18 € 0.013€ 0.34 €
La dépense totale en énergie finale (gaz + électricité) pour une famille à faible revenu représenterait donc 15% de son revenu annuel, la plaçant dans une situation de précarité énergétique. " La précarité énergétique désigne un foyer qui éprouve des difficultés, voire se trouve dans l’impossibilité de chauffer correctement son logement à un prix raisonnable qui dépend de ses revenus. On considère qu’un foyer qui dépense plus de 10% de son budget pour payer ses factures énergétiques est en situation de précarité énergétique."7
0.0013 € 0.58 € Final 0.60 € 0.63 €
1m3 = 10 kWh 0.22 € 0.02 € 94.08 €/an 145 €/an
5 http://www.statistiques.developpement-durable. gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_eitoriaux/ Publications/Chiffres_et_statistiques/2013/chiffresstats461-prix-gaz-et-electriciteFrance-et-UE-en-2012-novembre2013-2.pdf http://www.webnrj.com/pages/Consommationmoyenne-de-gaz-d-un-foyer-en-france http://www.selectra.info/index.php/Consommationmoyenne-gaz.html 6 h t t p s : / / w w w 2 . d t e e n e r g y . c o m / w p s / w c m / connect/902be969-c10b-4232-9a85-f878c8f98093/ rateCard.pdf?MOD=AJPERES&CACHEID=902be969c10b-4232-9a85-f878c8f98093
7 Source : http://www.developpement-durable. gouv.fr/Definition,31880.html, Consulté janvier 2014
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130
Annexe 4. Thermique
Unité étudiée
Consommation globale Énergie Finale 20 890 KWh/an
Surface du bâtiment étudiée SHON 186 m² SDO 211 M² VOL (SDO) 651 m3
Consommation global Énergie Primaire 32 052 KWh/an 172 kWh.EP/m²SHON.an
Ubat Isol
0.30 W/m².K 1.11 W/m² SDO.K
Consommation énergie primaire RT2012 estimée Cep 103 kWh.EP/m²SHON.an
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131
Enveloppe thermique
Fenêtres U équivalent = 1.40 W/m²K
Mur U équivalent = 0.19 W/m²K
Toiture U équivalent = 0.13 W/m²K
Mur U équivalent = 0.19 W/m²K
Plancher U équivalent = 0.03 W/m²K
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132
Toiture U équivalent = 0.13 W/m²K
Brique pilée roulée Parapluie Laine de roche OSB Laine de roche OSB Plaque de plâtre
Intérieur
PLANCHER HAUT - TOITURE terrasse Plancher haut section isole Produit Brique pilée roulée étancheite ISOLATION RIGIDE LAINE DE ROCHE Plaque OSB LAME D'AIR LAINE DE ROCHE OSB LAME D'AIR PLACO
Plancher haut section ossature Produit Brique pilée roulée étancheite Plaque OSB ISOLATION RIGIDE LAINE DE ROCHE SOLIVE SAPIN DOUGLAS OSB LAME D'AIR PLACO
a3 Terrasse ep (mm) 60 3 100 32 40 200 22 65 19
a3 Terrasse ep (mm) 60 3 32 100 240 22 65 19
Paroi horizontale Flux ascendant lambda (W/m.K) 1.5 0.13 0.038 0.13 0.125 0.038 0.13 0.125 0.21 Equivalent Avec R sup. Paroi horizontale Flux descendant lambda (W/m.K) 1.5 0.13 0.13 0.038 0.13 0.13 0.125 0.21 Equivalent Avec R sup.
Produit Mur bois section isole Mur bois section ossature Up
% façade
U (W/m².K) 90 10 0.127 W/m².k
U (W/m².K) 25 43.33333333 0.38 4.0625 3.125 0.19 5.909090909 1.923076923 11.05263158 0.107 0.106
a3 Terrasse R (m².K/W) 0.04 0.023076923 2.631578947 0.246153846 0.32 5.263157895 0.169230769 0.52 0.09047619 9.304 9.444
U (W/m².K) 25 43.33333333 4.0625
a3 Terrasse R (m².K/W) 0.04 0.023076923 0.246153846
0.541666667 5.909090909 1.923076923 11.05263158 0.341
1.846153846 0.169230769 0.52 0.09047619 2.935
0.318
3.145
0.126 0.3
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133
Mur U équivalent = 0.19 W/m²K Bardage bois Lame d'air ventilé Parapluie Laine de roche OSB Laine de roche Parevapeur Profil de fixation Lame d'air Plaque de plâtre
Extérieur
Intérieur
MUR BOIS EXTERIEUR 1 Mur bois section isolation Produit PLACO CARTON PLATRE LAME D'AIR NON VENTILEE OSB Laine de ROCHE LAINE DE ROCHE LAME D'AIR VENTILEE PARE PLUIE BARDAGE BOIS
a6 Fenêtres et Portes-fenêtres Paroi verticale ep (mm) lambda (W/m.K) 19 23 22 140 75 20 3 10 Equivalent Avec R sup.
Mur bois section ossature Produit PLACO CARTON PLATRE LAME D'AIR NON VENTILEE OSB POTEAUX BOIS SAPIN DOUGLAS LAINE DE ROCHE LAME D'AIR VENTILEE PARE PLUIE BARDAGE BOIS
a6 Fenêtres et Portes-fenêtres Paroi verticale ep (mm) lambda (W/m.K) 19 23 22 140 75 20 3 10 Equivalent Avec R sup.
Produit Mur bois section isole Mur bois section ossature Up
% façade
U (W/m².K) 48 52 0,19 W/m².K
0.21 0.125 0.13 0.038 0.033 0.125 0.13 0.13
0.21 0.125 0.13 0.13 0.033 0.125 0.13 0.13
U (W/m².K) 11.05263158 5.434782609 5.909090909 0.271428571 0.44 6.25 43.33333333 13 0.150 0.146
U (W/m².K) 11.05263158 5.434782609 5.909090909 0.928571429 0.44 6.25 43.33333333 13 0.247 0.237
R (m².K/W) 0.09047619 0.184 0.169230769 3.684210526 2.272727273 0.16 0.023076923 0.076923077 6.661 6.831 a6 Fenêtres et Portes-fenêtres R (m².K/W) 0.09047619 0.184 0.169230769 1.076923077 2.272727273 0.16 0.023076923 0.076923077 4.053 4.223
0.146 0.237
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134
Plancher U équivalent = 0.03 W/m²K
Chape flottante Dalle béton armé Intérieur logement
Lame d'air Laine de roche Hourdis polyseac Lame d'air Laine de roche
Intérieur commerce
Plaque de plâtre
PLANCHER BAS Plancher section poutrelle
a4 Sol sur vide sanitaire
Produit
Paroi horizontale Flux descendant
ep (mm)
CHAPE BETON LEGER ISOLANT NON COMPRESSIF LAINE DE ROCHE RIGIDE
lambda (W/m.K) 50
0.22
a4 Sol sur vide sanitaire U (W/m².K)
R (m².K/W)
4.4
0.227272727
50
0.038
0.76
1.315789474
120
0.22
1.833333333
0.545454545
3
0.125
41.66666667
0.024
Isolant laine de roche
13
0.038
2.923076923
0.342105263
placo
19
0.125
6.578947368
0.152
Equivalent
0.384
2.607
Avec R sup.
0.355
2.817
Poutrelle lame d'air
Plancher section polyseac
a4 Sol sur vide sanitaire
Produit
Paroi horizontale Flux descendant
ep (mm)
CHAPE BETON LEGER ISOLANT NON COMPRESSIF LAINE DE ROCHE RIGIDE
lambda (W/m.K) 50
0.22
a4 Sol sur vide sanitaire U (W/m².K)
R (m².K/W)
4.4
0.227272727
50
0.038
0.76
1.315789474
120
0.017
0.141666667
7.058823529
3
0.125
41.66666667
0.024
Isolant laine de roche
13
0.038
2.923076923
0.342105263
placo
19
0.125
6.578947368
0.152
Equivalent
0.110
9.120
Avec R sup.
0.107
9.330
hourdis polyseac lame d'air
Produit Mur bois section isole Mur bois section ossature Up
% façade
U (W/m².K)
b = 0.2 W/m².K
91.51
0.107
8.49
0.355
0,127 W /m².K
Up=0.03W/m².K
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135
FICHE RECAPITULATIVE Projet Attention report manuel dans les colonnes solution 2 et 3 pour comparaison
Commentaires Solution 1
Avec de fenetres de recuperation
Solution 2
Avec les vitres neuves très performantes triple vitrage gaz mais très chère!
Solution 3
Ic Sv/SDO Sv/Sf
Solution 1 3.71 41.04 44.69
Solution 2 3.71 41.04 44.70
Solution 3
SDO SHON VOL(SDO)
Solution 1 211 186 651
Solution 2 211 186 651
Solution 3 0 0 0
m² m² m3
Ubât Solution 1 0.19 0.13
Solution 2 0.19 0.13
Sol sur parking /VS
0.06
0.06
W/m².K
Fenêtres et PF
1.40
0.70
W/m².K
Ponts thermiques - Δubat
0.05
0.05
W/m².K
Ubât
0.30
0.30
W/m².K
Isol
1.11
1.11
Murs Toitures
Solution 3
solution 1
W/m².K W/m².K
Murs
3%10% 7% 3%
Toitures Sol sur parking /VS
77%
Fenêtres et PF
solution 2
4%
17%
12% 62%
5%
W/m²SDO.K Consommations
Besoins de chauffage Solution 1
BECH
40
Solution 2
34
Solution 3
Consommations chauffage Energie finale C Chaud 51 44 Cep RT2005/Ex Estimation
kWh/m²SDO.an
ECS
0.00
solaire prod PV en kWh/an
kWhEF/m²SDO.an
%
0
kWhEP/m²SHON.an Shon Consommation globale en EP avec déduction de la production d'électricité PV 103
95
kWhEP/m²SDO.an
152
Emissions de polluants CO2 Chauffage ECS Elec. RT Autres usages TOTAL
Déchets nucléaires Chauffage ECS Elec. RT Autres usages TOTAL
Solution 1 11.63 5.97 0.85 0.60
Solution 2 10.01 5.97 0.50 0.60
19.06 21.57
17.43 19.73
kg/m²SDO.an kg/m²SHON.an
0.00 0.00 0.64 0.72
g/m²SDO.an g/m²SDO.an g/m²SDO.an g/m²SDO.an
1.36 1.54
g/m²SDO.an g/m²SHON.an
4013
0.00 0.00 0.64 0.72
287 1.36 1.54
3671
287
Solution 3
kg/m²SDO.an kg/m²SDO.an kg/m²SDO.an kg/m²SDO.an
kg/an
g/an
répartition émissions CO2
30.00
Autres usages
Elec. RT
ECS
Chauffage
20.00
10.00 0.00 Solution 1
2.00
Solution 2
Solution 3
répartition émissions DN
1.00 0.00 Solution 1
Solution 2
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Solution 3
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Annexe 5. Économie
Pour calculer le coût du projet nous nous sommes basés le plus possible sur les prix des matériaux et le coût de la main d’œuvre aux États-Unis. Nous avons fait une étude comparative pour calculer l’économie apportée au projet par la récupération de matériaux et le volontariat.
Plomberie et équipements sanitaire : si pour des raisons d’entretien et de performance thermique et acoustique nous utilisons une tuyauterie neuve, les équipements sanitaires (WC lavabo Baignoire) eux peuvent être réutilisés.
Étude 1 en gris en utilisant des matériaux neufs Étude 2 en orange en utilisant des matériaux neufs ou récupérés (en fonction des lots) Économie réalisée : environ 125 000 €. Les économies se font sur différents postes: Gros œuvre : les fondations creusées manuellement sont habituellement plus coûteuses qu’avec l’utilisation et la location d’un engin motorisé (prix élevé à cause du temps de mise en œuvre plus long et du coût de la main d’œuvre), mais dans la mesure où la coopérative peut avoir recours à une main d’œuvre volontaire il devient plus économique de les creuser à la main. Grâce au volontariat la coopérative économise 22 654€ et réduit aussi l’impact de la construction sur l’environnement. Parois verticales ossatures bois : dans ce lot est inclus le bardage bois, qui dans le cas de la deuxième étude est entièrement issu de la récupération. Grâce à l’utilisation de cette ressource la coopérative économise 60 591€ Menuiseries : la différence de prix se joue principalement sur les vitrines des commerces et les façades des ateliers pour lesquelles il est possible d’envisager l’utilisation de fenêtres récupérées
Bois (sapin) récupéré coût : environ 0.88€/ml
Growing Jeffries - Maria Constanza Mejia Schuster & Jessica Suret
École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2014
Fenêtre récupérée coût : 39€/U
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Tableau récapitulatif des deux études
Pour calculer le coût de construction du projet nous avons donc adapté la méthode de calcul de Bati prix et créé un outil de calcul sous la forme d’un tableau Excel qui nous a permis de calculer le coût de construction du projet avec le coût de la main d’œuvre américaine. Voici un extrait de cet outil de calcul :
Growing Jeffries - Maria Constanza Mejia Schuster & Jessica Suret
École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - juin 2014
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