Le Bambou : Du savoir-faire vernaculaire à l’architecture d’aujourd’hui

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LE BAMBOU Du savoir-faire vernaculaire à l’architecture d’aujourd’hui

Processus de revalorisation du matériau en Colombie

Maria Constanza Mejia Schuster

Mémoire de M1 Architecture et Cultures Constructives École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble Mai 2013



Remerciements: Hubert Guillaud et Anne-Monique Bardagot pour leurs suivi et patience, Jaime Alberto Peña Arias pour ses réponses et sa contribution, La petite grange de mère Lulu, la famille Hincapie Simon Walch et Valeria Bonin


LE BAMBOU du savoir-faire vernaculaire à l’architecture d’aujourd’hui Processus de revalorisation du matériau en Colombie

Maria Constanza Mejia Schuster Mémoire de Master 1 Architecture et Cultures Constructives École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble Mai, 2013 Jury Hubert Guillaud, directeur de mémoire Anne-Monique Bardagot Stéphane Sadoux Note obtenue:


SOMMAIRE

INTRODUCTION

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I. LE BAMBOU DANS LE MONDE, GUADUA EN COLOMBIE

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II. LES PIONNIERS

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Dicken Castro Oscar Hidalgo Lopez

III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

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La reconnaissance de l’architecture en guadua Le retour aux racines, la signification culturelle L’auto construction et l’habitat écologique L’innovation et l’architecture accessible CONCLUSION

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SOURCES DES ILLUSTRATIONS

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BIBLIOGRAPHIE

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1. «Guadual» forêt de bambou

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INTRODUCTION

Les problématiques propres à la conception et à la recherche architecturales inscrites dans le développement durable ont fait que de plus en plus d’architectes et de chercheurs se tournent vers la réappropriation des matériaux traditionnels (la terre, le bambou, la pierre, le bois) pour mieux répondre aux enjeux des différents contextes socioculturels et géopolitiques (climat, topographie, disponibilité du matériel, main-d’œuvre locale, techniques constructives, etc.) Les matériaux traditionnels, comme le bambou en Colombie, ont été largement utilisés dans les constructions vernaculaires et historiques. Mais au cours du temps, ils ont perdu de leur crédibilité comme matériaux de construction à cause de la méconnaissance de ses multiples possibilités constructives, et du préjugé d’un matériau pour les pauvres. Cette image a été renforcée par des phénomènes de déplacement de population du milieu rural vers le milieu urbain. Cet exode a eu comme conséquence l’apparition des «anneaux de misère» autour des villes, où les maisons ont

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été auto-construites sur des terrains illégalement occupés, en matériaux économiques, de récupération ou gratuits, notamment le bambou. Alors, comment est-il possible qu’aujourd’hui le bambou soit un matériau de construction reconnu et à la mode, pour des maisons individuelles, des écoles, des églises et des complexes hôteliers? Comment s’est faite cette transformation du regard, ce processus de revalorisation et réappropriation du matériau? Et maintenant que ce matériau est adopté par les plus riches, peut-il être adapté pour des systèmes constructifs ou des mises en œuvre moins onéreuses, pour les plus vulnérables et les plus pauvres? Pour mieux comprendre le processus de revalorisation et réappropriation du bambou, nous allons faire un bilan historique du développement de ce genre de construction dans le cas spécifique de la Colombie. L’objectif de ce mémoire sera donc d’évaluer ce processus à travers des d’études de cas dans une approche contextualisée.


2.

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I.

LE BAMBOU DANS LE MONDE, GUADUA EN COLOMBIE

Le bambou est une graminée comme le riz, le maïs et la canne à sucre. La différence avec celles-ci est que, après quelques années, la lignine de ses tissus devient une structure dure comme du bois, mais plus souple et plus légère. D’après Ximena Londoño. 1 Les bambous, dans leur forme sauvage, poussent sur tous les continents sauf en Europe, de 51° latitude nord à 47° latitude sud. La majorité des espèces se trouvent dans les zones chaudes avec un taux d’humidité de plus de 80%, en forêt tropicale, et sur des sols argileux et humides, c’est pourquoi on les trouve souvent près de l’eau. Quelques-uns poussent dans les climats secs ou à plus de 4000 m d’altitude. Environ 12000 espèces existent, au nombre de 750 en Asie et 450 en Amérique. On estime que 37 millions d’hectares sont couverts avec des forêts de bambous: 6 millions en Chine, 9 millions en Inde, 10 millions dans dix pays de l’Amérique latine et la majorité en Asie du Sud.

1. LONDOÑO, Ximena. A sustainable timber ressource of incalculable value. Article publie sur: VILLEGAS, Marcelo, Benjamin, Liliana. (2003) New bamboo architecture and design. Ed. Villegas, Bogota. Pages 22-35

Le guadua est une variété de bambou typique de l’Amérique du Sud qui

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prend son nom du mot «guadua» utilisé par les peuples indigènes de la Colombie et l’Équateur. Il y a au moins cinq espèces de guadua utilisées pour la construction: guadua angustifolia kunth, guadua aculeata, guadua chacoensis, guadua paniculata et guadua superba huber. Le guadua angustifolia kunth pousse naturellement en Colombie, Équateur et Venezuela, où il forme des colonies dominantes connus sous le nom de «guaduales», principalement concentrées dans la région andine, entre 0 et 2000 mètres d’altitude. Il est surtout visible sur les berges des rivières et des ruisseaux, dans les contreforts de la cordillère, dans les forêts de basse et haute montagne et dans les vallées inter-andines.


I. LE BAMBOU DANS LE MONDE, GUADUA EN COLOMBIE

« Depuis l’antiquité, le bambou a été un matériau de construction utilisé pour construire des habitats essentiels aux structures complexes, il a fait partie d’un ensemble d’éléments qui constituaient une part essentielle du développement culturel en Asie et en Amérique. » 2

4. Guadua angustifolia kunth

2. MINKE, Gernot. (2012) Building with Bamboo: Desing and technology of a sustainable architecture. Birkhäuser, Basel. Page 9

3. Répartition géographique du bambou

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I. LE BAMBOU DANS LE MONDE, GUADUA EN COLOMBIE

5. Paysage de la zone caféière

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6. Répartition du guadua kunth en Colombie.


I. LE BAMBOU DANS LE MONDE, GUADUA EN COLOMBIE

En Colombie les « guaduales » ou forêts de bambous arrivent à leur développement optimal dans la région centrale des Andes, entre 500 et 1500 m d’altitude, à des températures entre 17 et 26°C, des précipitations de 1200 à 2500 mm/an, avec une humidité relative de 80-90% et sur des sols alluviaux riches en cendres volcaniques avec une fertilité modérée et un bon drainage. Le guadua angustifolia kunth est le plus utilisé dans la construction, il a un diamètre entre 9 cm et 12 cm ; dans des cas exceptionnels il peut atteindre 21 cm. Sa croissance quotidienne peut être de 12 cm par jour, et après trois mois il arrive à 80% à 90% de sa hauteur définitive, laquelle peut être entre 15 m et 30 m de hauteur. Parmi les variétés de bambou, on trouve le guadua angustifolia var. bicolor Londoño et le guadua angustifolia noir Londoño, qui présente des variations de forme selon le climat et les conditions du sol: «onion» avec des espaces internodales longs et résistant à la traction; «bâton» avec des espaces

internodales plus proches et résistant à la compression; «château», qui est moins résistant à la compression et plus adéquat pour faire des planches; «goitreux» caractérisé par ses tiges irrégulières. En Colombie le guadua angustifolia kunth a une longue tradition historique, culturelle, économique et écologique dans la zone caféière, en particulier dans les départements de Caldas, Quindio, Risaralda and Valle del Cauca. Néanmoins, on le trouve aussi dans les départements de Antioquia, Boyaca, Cauca, Caqueta, Casanare, Cundinamarca, Choco, Huila, Meta, Nariño, Norte de Santander, Putumayo, Santander et Tolima.

Données extraits de: LONDOÑO, Ximena. A sustainable timber ressource of incalculable value. Article publie sur: VILLEGAS, Marcelo, Benjamin, Liliana. (2003) New bamboo architecture and design. Ed. Villegas, Bogota. Pages 22-35

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II.

LES PIONNIERS

La construction traditionnelle de guadua à laquelle nous faisons référence dans ce mémoire, se localise principalement dans la zone caféière colombienne, une zone caractérisée par une topographie difficile ainsi qu’une forte activité sismique. C’est dans cette zone où il y a la plus grande concentration de forêts de bambou du pays.

3. « Le tapia est composé d’une fondation de murs en pierre, avec des parois en terre crue rigides et de grande épaisseur sans renfort structurel et d’une charpente de bois et / ou en bambou avec une couverture de paille ou de tuiles d’argile. »

L’architecture traditionnelle colombienne est la construction en « tapia »3 héritée de la tradition coloniale espagnole. Toutefois dans la zone caféière l’architecture traditionnelle est la construction en « bahareque » 4 cette technique est née en réponse au caractère sismique de la zone ; les constructions en pisé ne résistaient pas aux tremblements de terre. Bahareque signifie : mur de cannes et terre.

SALAS DELGADO, Eduardo. (2006) Actualidad y futuro de la arquitectura de bambu en Colombia. Simon Velez: Simbolo y busqueda de lo primitivo. Thèse doctorale. ETSABBarcelona

Traditionnellement les murs en bahareque étaient les murs du premier étage, en laissant les murs du rez-dechaussée en pisé. Cette technique n’utilisait pas exclusivement le guadua, c’était un mélange de bois pour la structure porteuse et de guadua pour

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la structure secondaire. Il avait une relation directe entre le pouvoir d’achat du propriétaire et la quantité de guadua utilisée, moins de guadua indique un propriétaire plus riche, plus de guadua un propriétaire plus modeste. Le bahareque a permis de construire des maisons adaptées aux terrains très accidentés où elles pouvaient avoir un ou deux étages à l’avant et quatre ou cinq vers le bas comme le montre l’illustration 8. Depuis le processus d’établissement de la population dans cette région, nous avons relié la construction en bahareque à une construction éphémère utilisée par les personnes qui ne peuvent pas se permettre de construire avec des matériaux plus nobles, comme l’adobe ou le pisé, techniques propres à la tradition espagnole.


II. LES PIONNIERS

4. Le bahareque est un système de double parois construit avec des tiges de bambou et / ou en bois – lesquels servent de contreventement entre les murs – et à l’intérieur est introduit de la terre.

8. Construction en bahareque, terrain en pente

Vide PLAN 30 à 40 cm

Poteau en guadua Latte de guadua Natte de guadua Fil métallique Bande bois

COUPE

Semelle inférieure

FAÇADE

7. Illustration du bareheque

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II. LES PIONNIERS

L’utilisation de cette technique a été généralisée dans la construction tant de logement privé que de bâtiments publics (églises, écoles). Mais même si la construction en techniques mixtes était la règle dans la zone caféière, le guada n’était jamais laissé visible, il était toujours en directe relation avec la pauvreté et son faible prix. C’était le bois du pauvre.

ractéristiques et des qualités structurelles du guadua n’ont été développées qu’à partir des années 1960, quand des ingénieurs et des architectes ont commencé à considérer ce matériau comme une solution aux problématiques du logement et du développement économique, et même comme un matériau de remplacement du fer pour le renforcement du béton armé.

C’est grâce à ce matériaux abondant dans la zone que son développement a été possible. La zone caféière est une zone emblématique de la Colombie, avec une activité économique spécifique, un caractère et une culture particulières. Nous pouvons dire que c’est grâce au guadua et ses qualités structurelles (flexibilité, parasismique) que des villes comme Manizales ont perduré dans le temps. Le bambou est un matériau omniprésent mais à la fois oublié, il était la base de la culture et était utilisé quotidiennement mais en même temps n’était pas valorisé, il fallait le couvrir et le cacher. Les études et la compréhension des ca-

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9. Maison traditionnelle dans la zone caféière


II. LES PIONNIERS

DICKEN CASTRO

Reconnaissance de l’existant

Architecte, enseignant et chercheur colombien, né à Medellín (1923), Dicken Castro a été un des premiers architectes à s’être spécialement intéressé au guadua. Dans son livre « la Guadua », paru en 1966, il exprime son intérêt spécial pour le paysage culturel du café, l’adaptation des constructions en guadua à la topographie accidentée et à l’intelligence constructive de bâtiments vernaculaires de la région de Caldas. Cet ouvrage avec ses illustrations détaillées est le premier pas pour reconnaître la valeur patrimoniale de cette architecture.

10. Village construit en guadua. Quimbaya , departement du Quindio.

« Mon premier intérêt pour le guadua a été pictural. Ces constructions ont été un bon support pour des peintures et dessins pour leur aspect géométrique et structuré, pour la forme dans laquelle les maisons blanches avec des touches de couleurs primaires, émergent d’une végétation exubérante. Puis mon intérêt a commencé à s’éveiller pour les solutions constructives, architectoniques et urbanistiques appliquées dans ces maisons. Plus tard j’ai pu confronter les solutions que j’ai vu au Caldas, avec les idées les plus contemporaines sur ce sujet, et comment elles étaient en accord sur beaucoup d’aspects : l’intention d’avoir des centres urbains denses, de donner aux rues des fonctions distinctes autres que celle de simple espace de circulation, de construire d’une façon plus mobile, plus flexible, plus économique, plus en accord avec notre monde en évolution.»

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II. LES PIONNIERS

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«J’avais peut-être en ma faveur le fait de ne pas être né à Quindio pour pouvoir regarder les constructions de guadua comme quelque chose d’étrange et exotique qui, pour les habitants de Quindio, font partie de leur paysage quotidien et ne méritent aucune considération. »


II. LES PIONNIERS

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II. LES PIONNIERS

« Il y a cent ans, sous de fortes pressions politiques et économiques, des groupes de population migrèrent vers le département de Caldas, dans l’espoir de trouver un climat politique plus libre et la possibilité de trouver des terres sauvages. Il s’agissait d’immigrants de la région d’Antioquia qui ont été confrontés à des conditions inconnues et défavorables du climat, de la végétation, du terrain, et qui ont utilisé les matériaux existants, en particulier le bambou ; ils développèrent des méthodes originales de construction, qui restent encore à ce jour. Ainsi, vous pouvez voir comment cette nouvelle population, en essayant de résoudre par elle-même de graves problèmes de logement, a trouvé des solutions remarquables. Ils ont établi des bases largement utilisables, qui ne parviennent pas à être appréciées, parce que leurs qualités sont cachées dans l’aspect malsain et inesthétiques extrême, de la négligence et du mauvais entretien... ... Avant, dans toutes les populations, le bambou était utilisé comme principal élément des bâtiments. Maintenant, son utilisation est marginalisée, en étant employé seulement comme une solution temporaire et sans appréciation correcte du matériau »

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II. LES PIONNIERS

13. Maison en guadua

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II. LES PIONNIERS

OSCAR HIDALGO LOPEZ

La recherche, un outil pour améliore la qualité de vie

Architecte, enseignant et chercheur colombien né à Palmira - Valle del Cauca- a dédié sa carrière à l’investigation du matériau bambou. Son travail de recherche commença en 1963, lors de sa découverte des multiples applications et avantages du guadua comme matériau alternatif. L’objectif de sa recherche est exposé dans la présentation de sa première publication « nouvelles techniques de construction avec bambou », datant de 1978 :

« Ses objectifs sont : essayer de former une nouvelle conscience des paysans colombiens à propos de notre bambou, le guadua, qui est considéré de nos jours comme la Cendrillon de nos ressources forestières ; et promouvoir le développement de nouvelles et simples techniques de construction avec ce merveilleux matériau, qui permettra aux paysans et sa communauté de construire de meilleurs logements, écoles, et installations rurales » 5

5. HIDALGO LOPEZ, Oscar. (1978) Nuevas técnicas de construccion con bambu. Universidad Nacional de Colombia, Bogotá. 6. JARAMILLO SUAREZ, Diego. SANCLEMENTE, Ana. (2003) Estudio de uniones en guadua con angulos de inclinacion entre elementos. TFE ingénierie civile. UNAL Bogota

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Aujourd’hui il est considéré comme l’un des spécialistes mondiaux sur le bambou. Les recherches développées par O. Hidalgo se sont concentrées principalement sur l’étude de ce matériau depuis la sylviculture, la botanique, son immunisation, ses applications industrielles et artisanales, et dans la construction. En 1976 il fonda le CIBAM (Centre d’investigation du bambou et du bois) et en 1986 il a été invité par l’ONU pour faire partie du Projet National de Bambou (PNB) à Puerto Rico. Ce projet était un plan pour prévenir la déforestation et impulser la construction de logements populaires avec des matériaux alternatifs et économiques. Ce projet s’est concrétisé par la construction de 30 logements qui ont résisté de manière satisfaisante au séisme. 6


II. LES PIONNIERS

14. Structure «Type A»

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II. LES PIONNIERS

Son intérêt pour améliorer la qualité de vie des paysans de la zone caféière a été incarnée dans ses publications, spécialement avec la structure « type A » qui pourrait être auto-construite par le producteur; soit comme bâtiment pour le processus du café ou comme logement. L’idée était répondre à trois facteurs : 1. L’adaptabilité aux différents besoins du petit producteur de café, 2. Le faible coût assuré par l’utilisation du guadua et les techniques traditionnelles sans besoin de main d’œuvre qualifiée. Et 3. La construction facile grâce à la simplicité du design et la standardisation des éléments.

En accompagnement de ce projet, le caractère pédagogique de ses publications est remarquable. Elles expliquent, pas à pas, le processus constructif :

15. Plants et coupe de la structure «Type A»

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II. LES PIONNIERS

Dans son « manuel de construction avec du bambou » il fait un catalogue détaillé du processus depuis le coupe jusqu’à la pose du matériau. Il faut remarquer, encore une fois, sa vocation

pédagogique, l’explication de chaque pas avec des illustrations complémentaires. Ses publications sont une grande méthode de diffusion des techniques et du savoir-faire.

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II. LES PIONNIERS

Le travail de O. Hidalgo nous indique clairement, comment depuis la recherche nous pouvons développer des solutions pratiques qui peuvent changer la façon dont nous faisons l’architecture d’aujourd’hui.

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Illustrations « type A » processus constructive


II. LES PIONNIERS

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Illustrations coupes et assemblage des éléments en guadua.

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II. LES PIONNIERS

« Pour avoir une idée claire de l’importance du guadua pour notre pays, il n’est pas nécessaire de faire son apologie ou une liste interminable de ses usages nombreux et variés. Nous pouvons simplement le faire en imaginant ce qui se passerait en Colombie si, pour un instant et comme par magie, tout ce qui est fait de guadua disparaissait. Sans doute des peuples entiers disparaîtraient et certains secteurs de nos grandes villes, ainsi que les toits et les plafonds de maisons et même de plusieurs bâtiments, une partie de l’industrie de la construction seraient paralysée. Certains des bâtiments en construction s’effondreraient en l’absence de cette structure secondaire, qui supporte le béton tandis qu’il fond et durcit. Disparaîtraient les granges, les enclos et les clôtures et le pire serait encore la transformation des magnifiques paysages de nos montagnes et vallées. Sans aucun doute, toutes les plantes de notre pays n’ont pas autant contribué au développement économique et social que le Guadua » 7

7. HIDALGO LOPEZ, Oscar. (1978) Nuevas técnicas de construccion con bambu. Universidad Nacional de Colombia, Bogotá.

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19. Village Aranzazu, Caldas

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III.

8. COLORADO, Alexandra. La Guadua, Una Maravilla Natural de Grandes Bondades y Promisorio Futuro. Article publié dans le revue REVISTA EL MUEBLE Y LA MADERA No. 34 (20012002) La G u a dua, una maravilla natural. Bogotá.

L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Comme nous l’avons vu, en Colombie la construction en guadua, depuis la fin du XIXe siècle, était une construction parasismique, mais malheureusement les bâtiments construits en ce matériau cédèrent la place à d’autres matériaux comme la brique et le béton. Les villes et villages sont devenus des agrégations hétérogènes sans aucun caractère et sans aucune mesure de prévention contre les mouvements de terre. Seules des modestes constructions dans les périphéries urbaines, où ils habitent les plus pauvres, sont construites en guadua.

offrent une plus grande sécurité face à l’activité sismique ». 8

Après le séisme du 25 Janvier de 1999, le besoin de réemployer des matériaux parasismiques s’est révélé.

Depuis très longtemps et encore de nos jours, le guadua en Colombie n’est pas considéré comme un matériau de construction, il n’est choisi que par quelques architectes et ingénieurs, et c’est en grande partie du à ce que les programmes d’enseignement supérieur ne prennent pas le bois et les matériaux alternatifs et/ou traditionnels comme un objet d’étude.

« Des matériaux comme le guadua, qui grâce à des caractéristiques comme son poids léger, important pour réduire la force sismique, la déformation lente des structures, la flexibilité, la stabilité, la ductilité, la forme régulière, sa masse symétrique, des charpentes légères qui dans le cas d’effondrement provoquent moins de décès,

9. SALAS DELGADO, Eduardo. (2006) Actualidad y futuro de la arquitectura de bambu en Colombia. Simon Velez: Simbolo y busqueda de lo primitivo. Thèse doctorale. ETSABBarcelona

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C’est pour cette raison que le guadua a été le matériau choisi pour le développement des projets de reconstruction de la zone affectée par le séisme. « À cet égard, les processus qui ont accompagné la reconstruction, ont des valeurs intrinsèques très importantes, car ils ont restauré la confiance des gens dans leur capacité à créer et la possibilité du guadua comme matériau de construction. » 9


III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Le béton et l’acier sont les matériaux préférés et dans l’imaginaire collectif ce sont les seuls matériaux existants. L’idée de la réussite sociale est profondément liée aux moyens de bâtir une maison en matériaux « modernes », c’est à dire, en béton ou brique. Donc l’intérêt de ce chapitre est de montrer avec quelques exemples, jusqu’à quel point l’architecture en guadua a su trouver une place, en dehors de l’image de pauvreté, et gagner en estime jusqu’à être considéré comme l’image de l’architecture colombienne d’aujourd’hui.

20. Développement informel construit dans un mois, Manizales. Colombie

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

21. Façade église temporaire. Pereira, departement du Quindio, Colombie

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

LA RECONNAISSANCE DE L’ARCHITECTURE EN GUADUA Église temporaire -2002- Simon Velez

Le travail de l’architecte colombien Simon Velez est un clair exemple de comment nous pouvons tout à fait aboutir à une architecture contemporaine avec une identité propre à partir des matériaux locaux, la réinterprétation et la mise à point du savoir-faire traditionnel. La pratique de l’essai et l’erreur, et la recherche constante ont démontré que nous pouvons développer des nouvelles techniques constructives qui permettent d’arriver à une acceptation du matériau guadua et à le placer au même niveau que le béton ou la brique pour la construction de toute typologie architecturale et que ce soit des bâtiments privés ou publics.

dans un moment difficile. Il a redonné de l’espoir et de la confiance dans l’ingéniosité de ses habitants et la générosité de la nature.

Parmi les nombreux projets construits par S. Velez, je me permet d’inclure dans ce mémoire, le projet de l’église temporaire de la ville de Pereira, suite au séisme du 1999. C’est un projet emblématique non seulement du point de vue architectonique mais aussi du point de vue social, à cause de sa signification et de son impact sur la population en général. Ce projet a vraiment touché le cœur d’une population très croyante,

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

L’ i n s p i r a t i o n vient des voûtes naturelles formées pour les « guaduales » au bord des les rivières de la zone caféière.

22. Forêt de guadua (Obando, Valle del Cauca, Colombia)

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

23. Église temporaire

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Depuis les données fournies par Eduardo Salas 10, cette église a été conçue comme une structure temporaire en attente de la réalisation d’interventions dans la cathédrale de Pereira qui avait souffert de dégâts importants à cause du séisme. Cette structure légère, entièrement construite en guadua, a été construite en cinq semaines, avec une surface de 700 m2. Le projet se compose de trois nefs sous un toit à deux pentes. La nef centrale de 14.5 m de front x 60 m de profondeur et les deux nef latérales, de 4.8 m de front x 60m de profondeur. La nef centrale prend la forme d’un arc en lancette, en donnant une qualité spéciale propre aux lieux de culte, en même temps qu’un fort sens de monumentalité et légèreté. La structure est composée par quinze portiques, disposés chaque quatre mètres. Chaque portique est constitué de deux piliers comportant chacun cinq colonnes en guadua. Le contreventement se fait par des poutres de guadua qui lient les cinq colonnes entre elles mêmes. La fondation de chaque pilier est assuré par un sabot en béton

10. SALAS DELGADO, Eduardo. (2006) Actualidad y futuro de la arquitectura de bambu en Colombia. Simon Velez: Simbolo y busqueda de lo primitivo. Thèse doctorale. ETSAB Barcelona

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et un lien métallique de 25 cm de diamètre par 15 cm de hauteur, entre le béton et le guadua. De la même manière que le bois ne doit pas être en contact direct avec le sol ou le béton, le guadua est séparé du béton par 15 cm minimum.

Tige - vis transversale Remplissage des entrenœuds avec du ciment

Platine métallique et boulon Boulon noyé dans le mortier

Tige - vis longitudinale

Lien mécanique

Piédestal en béton

24. Croquis interprétative de la structure


III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

25. Croquis système constructif

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Les assemblages, sont le point le plus important pour la construction avec ce matériau. La grande innovation du système constructif de S. Velez est l’utilisation de liens métalliques et le remplissage des entre-nœuds avec du ciment. La technique de S. Velez repose essentiellement sur l’apport d’unions mécaniques dans la construction en guadua. Cette nouvelle technique offre une amélioration au point de vue technique de l’assemblage des éléments. Elle résout la plupart de problèmes rencontrés dans la construction traditionnelle où les points d’assemblage étaient réalisés par simple découpage du matériau et des fixations en corde ou clous. C’est une technique qui a besoin de main d’œuvre qualifiée pour effectuer de manière adéquate les assemblages avec précision pour assurer le bon fonctionnement de la structure. Il faut faire considérablement attention au moment de placer les tiges et les boulons dans les endroits précis et au moment du remplissage des entre-nœuds avec le mortier.

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La tige longitudinale est retenue par des écrous noyés dans le mortier à chaque entre-nœuds qui traverse. Le mortier transfère l’effort de traction aux parois transversales (cloisons). Cette façon de faire est utilisée pour l’assemblage entre les colonnes et les fondations, et les colonnes et les poutres. La tige transversale fonctionne à la manière d’une bride pour assembler plusieurs éléments de guadua ; les platines et le mortier empêchent que les parois longitudinales n’éclatent.

Boulon noyé dans le mortier

Tige - vis transversale

Tige - vis longitudinale

Remplissage des entre-nœuds avec du ciment

Platine métallique et boulon

26. Croquis interprétative de la structure


III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

« Il y a environ vingt ans j’étais intéressé par faire une petite structure en guadua. L’expérience que j’avais en travaillant le bois n’était pas suffisante pour travailler avec un matériau si différent. Je voulais faire un porte-à-faux qui exige des efforts de traction, mais je ne pouvais pas trouver comment établir une connexion avec un matériau creux comme le guadua. Tout à coup, il m’est apparu qu’en remplissant avec du ciment les chambres des entre-nœuds, où s’est produite la connexion, qui à son tour aurait des vis de fer, pourrait travailler et cela a fonctionné. » « Ça été une découverte technique qui divisa en deux mon travail en tant que concepteur et constructeur. De la même manière que le béton divisa en deux l’histoire de la construction. A partir de cette attache du béton dans les entre-nœuds du guadua pour répondre aux efforts de traction, principalement et aux efforts de compression, le guadua est devenu pour moi un vrai acier végétal. » 11

11. VELEZ, Simon. La Guadua, the vegetal steel. Traduction faite par l’auteur. Extrait de VILLEGAS, Marcelo, Benjamin, Liliana. (2003) New bamboo architecture and design. Ed. Villegas, Bogota. Pages 44-45

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Dans son travail, il y a toujours une dimension artisanale. A l’église temporaire cette dimension est manifeste sur la façade principale où nous pouvons voir un travail artisanal de tissage des tiges de guadua qui sert de clôture. Les murs latéraux sont en brique renforcés avec du guadua. La charpente de la toiture est aussi construite en guadua sur laquelle est disposée une natte de guadua et des toiles en terre cuite. La toiture a deux pentes avec un angle de 37%.

27. Détails

Grâce à la vaste diffusion de son travail et à la force esthétique, monumentale et symbolique que S. Velez a réussi à transmettre avec ses ouvrages, l’influence de son architecture peut se mesurer par les nombreuses réalisations en guadua et l’intérêt croissant pour ce matériau, le guadua, chez les ingénieurs, les architectes, les enseignants des écoles d’architecture et d’ingénieurs et la population colombienne en général.

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

28. Intérieur Église temporaire

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

29. Façade principale (ouest) bibliothèque publique «Maison du peuple»

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

LE RETOUR AUX RACINES, LA SIGNIFICATION CULTURELLE Maison du peuple - 2004 - Simon Hosie Samper

Entre les jeunes architectes colombiens qui utilisent le guadua comme matériau constructif et réinterprètent le savoirfaire traditionnel, nous pouvons démarquer l’architecte, artiste et sculpteur né à Bogotá en 1975, Simon Hosie Samper et son projet pour la bibliothèque publique « Casa del Pueblo » livré en 2002. La conception a été initiée en 1998, comme projet de fin d’études à l’école d’architecture de l’université Javeriana de Bogotá. Cette « Maison du peuple » est un projet de caractère participatif où la communauté a été active dans la prise des décisions, le management et la construction. L’architecte a vécu pendant trois ans, au sein même de la communauté, pour concevoir et exécuter l’œuvre. L’idée d’impliquer la population est la clé, qui permet de créer et fortifier les liens sociaux en donnant un fort sens d’appropriation et d’identité aux individus et à la communauté.

de Inza, département du Cauca dans la région de « Tierradentro ». Les Guanacas sont un groupe indigène qui comptait, en 2008, 155 habitants et 35 familles12. Dans la région, le Parc archéologique national de Tierradentro garde des vestiges précolombiens d’art funéraire, ce parc a été inscrit en 1995 sur la liste du patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO. Ce projet réinterpréte « la maloka » indigène. La maloka est la maison communale des peuples indigènes, construite avec des matériaux naturelles et locaux, elle résume un important contenu symbolique - culturel. Elle explique la cosmogonie et fait partie du développement social de la communauté.

12. Données extraits de : http://guanacasjimena.blogspot. fr/2008_08_01_ a r c h i v e . html[18/04/2013 12:45:48]

La « Casa del pueblo » est une bibliothèque publique pour la communauté des Guanacas, située dans la municipalité

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

« ...cette zone présente d’importants vestiges archéologiques, principalement des tombes souterraines -hipogeos- de grandes dimensions excavées dans la roche. Avec leur voûte, leur plan elliptique ou ovale et leurs colonnes isolées et paramétriques, elles constituent un exemple d’architecture funéraire unique dans l’art précolombien... »13

13. Cerámica Pr e c o l o m b i n a , Colección Fondo Cultural Cafetero - 1979

« La maison traditionnelle guanaca est une maison isolée, de plan circulaire ou ovale, avec le sol de terre, la charpente et les murs en bois ou guadua et la couverture en chaume. Au centre étaient disposées trois pierres pour abriter le feu... » 14

14. MARTIN Rafael ; PUENTES, Jose. Culturas Indigenas colombianas. http:// www.todacolombia.com/culturas/tierradentro. html[18/04/2013 12:45:48] Traductions faits par l’auteur.

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

30. Église coloniale, toit en chaume. Tierradentro

31. Tombe souterraine, design géométrique du plafond Tierradentro

32. Pont en guadua , Tierradentro

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

33. Façade este

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Ce bâtiment est donc né de l’équilibre entre le travail artisanal, apporté par la population locale avec l’utilisation des matériaux locaux : le guadua, la paille/ chaume et la terre, des matériaux que les paysans et indigènes de la zone savent travailler depuis toujours. Et le travail de l’architecte qui cherche à transmettre avec ce bâtiment public un compromis social et culturel qui exalte l’identité locale, en répondant au besoin de la population. Depuis les données fournies par Eduardo Salas 15, la bibliothèque se développe en plan libre, avec une surface totale de 350 m2 répartie sur deux étages, sur un terrain plat. Elle a été construite en deux ans. Le plan d’étage est de forme ovale, il est supporté par deux anneaux concentriques de piliers en guadua, qui permettent de libérer l’espace central en double hauteur. Les fondations en béton sont assurées par des piédestaux carrés pour les piliers et de poutres d’enceinte périphériques pour l’enveloppe. Les murs sont faits en bahareque et finis par un enduit en terre peint en blanc. L’enve-

loppe n’a pas une fonction structurel. La structure est garantie par des portiques en guadua, disposés environ chaque trois mètres. Les piliers sont constitués par six colonnes de guadua, qui supportent la dalle de l’étage et la charpente de la toiture. Les connections entre les différents éléments structurels sont faits avec la technique de liens mécaniques (tiges métalliques et remplissage des entre-nœuds avec du ciment) décrit dans l’exemple précédent. La charpente en guadua repose directement sur les portiques, la couverture est fournie par le chaume posé sur une natte de guadua.

15. SALAS DELGADO, Eduardo. (2006) Actualidad y futuro de la arquitectura de bambu en Colombia. Simon Velez: Simbolo y busqueda de lo primitivo. Thèse doctorale. ETSAB Barcelona

34. Plans

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

35. Façade sud

36. Chapelle Notre Dame du Haut, Ronchamp, France, 1950 - 1955 Le Corbusier

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L’image intérieur de la toiture rappellet-elle le design géométrique peint sur le plafond des tombes souterraines de la zone - illustration 31 - pendant que l’image extérieure de la façade rappelle la composition géométrique de la Chapelle de Ronchamp de Le Corbusier. L’architecte a su réinterpréter avec une esthétique contemporaine, les espaces indigènes, en reprenant les éléments principaux comme le plan ovale, les colonnes isolées, la couverture en chaume et le vide central.


III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

37. Photo de l’intérieur

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Mon intérêt personnel, pour cet ouvrage, va au delà de sa technique constructive, ou de l’utilisation de guadua pour sa construction, c’est la façon de faire l’architecture qui se révèle intéressante pour moi comme future architecte. L’utilisation du guadua comme matériaux structurel n’est pas une décision a priori, c’est simplement une réponse logique. Cette communauté, pourraitelle construire avec un autre matériau? Une bibliothèque en béton aurait-t-elle eu le même impact social ? Ce bâtiment, va plus loin que son programme, c’est un prétexte pour intervenir socialement, pour sauvegarder une culture et pour lui redonner sa valeur. Simon Hosie a dit : 16. Traduction et commentaire fait par l’auteur extrait de l’entretien réalise par Mario Jursich au émission « Culturama » du Ministère de Culture colombien diffuse par Señal Colombia 2009.

Pour S. Hosie, la revalorisation de la culture populaire lui a permis de trouver une identité architectonique qui encourage et met en question les aspects culturels, métis et autochtones, pour trouver une identité nationale, effort qu’apprécie le peuple colombien, et qui convient à une logique de vie propre de chaque contexte. Il propose une architecture plus humaine sur une base sociale pour développer un habitat digne, qui puisse répondre aux besoins basiques d’une population.

« Ce n’est pas l’architecture qui doit perdurer, c’est la culture qui doit perdurer au delà des bâtiments...C’est l’équilibre entre les bâtiments qui perdurent et la culture qui les habite qui fait une architecture durable» 16 38. Maquette de projet

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Après l’analyse de ce projet, je peux conclure, de la même manière que le jury de la XIXe biennale colombienne d’architecture 2004, que ce projet réunit dans un seul exemple: «L’essence même de la fonction de l’architecture comme travail collectif entre l’architecte, le programme, le contexte et l’usager final. C’est un projet qui répond à des enjeux sociaux et culturels propres à l’architecture vernaculaire et qui, en même temps, développe une dimension esthétique, symbolique et écologique propres à l’architecture contemporaine. Il a réussi à assembler l’héritage des coutumes, des enseignements et des savoir-faire, plus la simplicité expressive et non industrialisé des espaces domestiques et indigènes avec la force symbolique et la grande échelle caractéristiques de l’architecture moderne » 17

39. Photo aérienne

Ces qualités font que ce projet a bien mérité la première place du prix national d’architecture de la XIXe biennale colombienne de l’architecture 2004 et la reconnaissance internationale.

17. Traduction fait par l’auteur: Acte du jury de la XIXe Biennale colombienne d’architecture. 2004 . www.colarte.com

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

L’AUTO-CONSTRUCTION ET L’HABITAT ÉCOLOGIQUE

Ecovillage communautaire - 2006 - Jaime Alberto Peña Arias

Les caractéristiques propres du guadua, comme le sont sa légèreté, son faible coût et la simplicité avec laquelle il peut être travaillé avec des outils sommaires, font de lui un matériau excellent pour l’auto-construction. Couramment les structures en guadua pour des maisons, des ponts, des clôtures, des enclos, etc., étaient autoconstruites. Les techniques pour travailler le guadua étaient donc connues par tous les paysans et indigènes de la zone caféière. Le Gouvernement National a valorisé l’auto-construction comme réponse à la crise du logement, après le séisme de 1999. L’auto-construction et l’auto-reconstruction ont été impulsées à travers de guides pratiques de construction et des projets de formation en réhabilitation des maisons en adobe et en bahareque. Des guides pratiques comme le « Manuel de construction antisismique de logements en bahareque cimenté »18 sont un support technique en libre distribution qui permet à la population d’être informée sur les normes antisismiques et les « bonnes techniques » 19

de construction en guadua. Des guides comme celui ci, ainsi que le soutien des institutions privées et publiques qui offrent des formations professionnelles et techniques pour la construction et la gestion du guadua comme matériau constructif, font que l’auto-construction est plus effective et mieux réalisée au niveau technique et normatif, très loin de l’image de quartier d’invasion périurbain. Ils permettent la construction de logements stables et appropriés au contexte social, culturel et sismique de la zone caféière. 18. Manual de construccion sismo resistente de viviendas en bahareque encementado (2001) Asociacion colombiana de ingeniereia sismica y FOREC 19. Les « bonnes techniques» font référence aux techniques constructives approuves par le code sismique NSR-10.

41. Détails constructifs

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20. Données extraits des communications voie mail avec l’architecte Jaime Alberto Peña Arias 2013 21. L’« Instituto Mayor Campesino - IMCA » est une ONG de suivi des besoins de la population paysanne de la région de la vallée de la rivière Cauca, depuis 1962. Cet ONG a comme objectif la construction et consolidation des propositions et projets de développement durable du territoire dans les différentes échelles. www.imca.org.co

Comme exemple de projet d’autoconstruction, j’ai choisi un projet conçu par l’architecte colombien, Jaime Alberto Peña Arias, qui a développé en compagnie des propriétaires, un écovillage. La conception et la construction ont duré deux ans, pour être fini en 2010.20

hareque – déjà évoqué dans le mémoire - un système mixte de guadua et terre qui est traditionnel dans cette zone. Les détails d’assemblage des éléments ont été désignés sur le chantier. La guadua a été cédé par une usine sucrière de la région, et la terre a été prise sur le site de construction.

Le projet est né de l’initiative d’une famille, qui voulu fuir la ville pour avoir une meilleure qualité de vie et être en relation directe avec la nature. Ils ont contacté l’architecte par l’« Institut Majeur Paysan » 21 de la Ville de Buga, Valle del Cauca, où l’architecte est connu pour son travail en guadua et matériaux locaux.

L’auto-construction a impliqué toutes les étapes constructives depuis la sélection du matériau, la coupe, la préparation, le transport, le nettoyage, le traitement et le stockage du guadua. Environ 900 tiges de guadua de 6 mètres ont été coupées, pour répondre aux besoins de la construction.

Cette famille a pris la décision de vivre dans une maison faite en matériaux naturels et respectueuse de l’environnement. Ils ont choisi de construire par eux-mêmes leur maison avec le soutien de l’architecte et de son équipe technique, comprenant un maître expert en construction en guadua. Le système constructif utilisé est le ba-

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L’écovillage est composé de cinq structures : 1. une cuisine avec un four a bois, 2. une salle à manger, 3. le salon aux hamacs, 4. une maison, atelier et 5. la maison de la lune, espace cérémonial. La totalité de la construction fait environ 600 m2 disposés en deux étages.


III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

42. Technique mixte - bahareque - enduits en terre

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

La construction a été faite comme un chantier participatif, où des personnes de tous ages ont été formés à la construction en guadua. En travaillant ensembles, les liens familiaux et de la communauté ont été fortifiés et encore aujourd’hui le projet reçoit des visiteurs intéressés par ce type de construction. L’auto-construction avec des matériaux naturels et locaux, donne aux familles à faibles ressources économiques, l’occasion d’avoir une maison digne et en accord à leurs besoins et s’inscrivant dans le développement durable.

43. Intérieur de la maison - atelier

Ce projet est seulement un exemple entre mille autres où des coopératives de producteurs ou simplement des familles, ont construit des projets de vie en communauté en utilisant l’autoconstruction et le développement durable comme fondations d’une nouvelle façon de vivre.

44. Escalier en guadua

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

45. Salon à hamacs

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

46.

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

« ...Le cas de l’écovillage, était une expérience enrichissante pour la communauté qui l’a construit et pour moi en tant que personne et professionnel.» «... les coûts sont très bas pour creer une méthodologie qui permettrait à d’autres familles et aux gens de cette région, d’avoir des bâtiments de haute qualité environnementale et construit avec la participation communautaire.» 22

22. Données extraits des communications voie mail avec l’architecte Jaime Alberto Peña Arias 2013

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Entre les nombreux autres exemples, j’aimerai nommer le projet de « La petite grange de la mère Lulu » un projet agro-écologique, développé par Hernando Hincapié et sa famille dans le département du Quindio. 23 J’ai eu la chance de visiter ce projet dans les années 2000. C’est une ferme paysanne qui propose la récupération de la biodiversité, des ressources alimentaires locales, dans un projet de permaculture alternative: une agriculture durable, aux technologies appropriées, aux énergies alternatives, l’éco-construction et l’utilisation des ressources locales. La ferme dispose d’une surface de 9713 m2 de terrain en pente. Ils offrent aussi des formations en construction en guadua et en permaculture.

23. La pequeña granja de mama Lulu http://granjamamalulu.blogspot. fr/

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

47. Maison famille Hincapie - «pequeña granja de mama Lulu»

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

48. Formations construction en guadua 49. Natte de guadua

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50. Intérieur cuisine Maison de la famille Hincapie


III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

« L’interaction avec la terre et ses habitants : insectes, oiseaux, chaume, arbres, hommes et femmes, dans la recherche d’une approche harmonique à l’exploitation de services environnementaux locaux (bambou, banane, affleurement des nappes aquifères, l’oxygène, le paysage),...et le sauvetage des stratégies ancestrales du système de la vie. Un mode de vie qui apporte de l’espoir aux victimes de déplacements forcés, et contribue à atténuer l’injustice sociale, la dégradation de l’environnement naturel et l’extinction de la population paysanne. » « La mise en œuvre de technologies non polluantes (digesteur, la bioarchitecture, le guadua, le compostage, la souveraineté alimentaire, etc.) nous permet de développer un processus d’amélioration continue qui devient tout un système de micro-économie, qui produit, pour l’autosuffisance , et qui nous permet de réduire ce que nous devons acheter. » 24

24. HINCAPIE, Hernando. La pequeña granja de mama Lulu http://granjamamalulu.blogspot. fr/

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

L’INNOVATION ET L’ARCHITECTURE ACCESSIBLE Option Timaguna - 2009 - Luis Carlos Rios

Comme réponse à la crise du logement après le séisme de 1999, architectes et ingénieurs colombiens ont développé des propositions pour répondre à la demande. L’ingénieur civil, Luis Carlos Rios et ses collaborateurs, ont expérimenté et mis au point un système constructif différent des systèmes que nous avons déjà étudiés. Ce système, « Option Timaguna », a permis la construction de projets de logements privés comme de logements sociaux. L’Option Timagua vise l’amélioration de la qualité de vie de la population en général, son objectif est d’offrir des constructions pour le logement, adaptées aux séismes avec des matériaux et technologies non conventionnels et démontre, en même temps, que les programmes de logement sociaux ne doivent pas être assimilés à une mauvaise qualité de vie, de pauvres caractéristiques constructives et une esthétique inexistante. 25

25. Option Timaguna www.timagua.com 2013 26. LONDOÑO, Ximena. A sustainable timber ressource of incalculable value. Article publie sur: VILLEGAS, Marcelo, Benjamin, Liliana. (2003) New bamboo architecture and design. Ed. Villegas, Bogota. Pages 22-35

Il a été vérifié que les constructions en guadua résistent efficacement aux charges dynamiques produites par les

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mouvements de la terre. C’est grâce aux caractéristiques physiques du matériau : une résistance à la flexion élevée, un faible poids, et une énorme capacité à absorber l’énergie, que le guadua est un matériau idéal pour les constructions parasismiques 26. Néanmoins, la plupart du temps, les constructions faites avec ce matériau vont être endommagées lors d’un séisme, pas à cause du matériau en lui même, mais à cause de mauvais détails constructifs. Donc, le système d’option Timaguna tend à éliminer ces problèmes, par une logique constructive parasismique qui comprend une forme régulière, des joints, de la continuité structurelle, des diaphragmes, un faible poids, de la stabilité, de la flexibilité et des fondations continues.


III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

51. Maison Colibri, Cali, Valle del Cauca, Colombie

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Ce système reprend les principes de la technique mixte du bahareque. Le système constructif est donc, composé par trois éléments principaux 27: 1. Le cadre : structure porteuse en bois et/ou en guadua. Assimilable à une ossature bois, avec des lisses haute et basse, montants verticaux et des diagonales de contreventement. Les panneaux OSB sont remplacés par des nattes de guadua. 2. Le remplissage : fait avec de la terre stabilisée, compactée à l’intérieur des murs. Cet élément assure la protection de la structure, et génère également une barrière de régulation thermique et d’isolation acoustique. 3. Le revêtement : les enduis des parois sont faites de mortier de terre, ciment, chaux, fibres végétales et d’eau. En fonction de leur emplacement, à l’intérieur ou à l’extérieur, est ajoutée du ciment. La solution des assemblages entre éléments, est réalisée de manière plus

artisanale en utilisant de la terre, des fibres végétales et des liens mécaniques développés pour les structures légères. Les principes de la construction bioclimatique sont pris en compte, en accordant notamment une grande attention à l’orientation et à la ventilation naturelle. Les matériaux choisis pour la construction sont d’origine naturelle et locale pour soutenir une logique de développement durable à moindre coût énergétique et environnemental.

27. SALAS DELGADO, Eduardo. (2006) Actualidad y futuro de la arquitectura de bambu en Colombia. Simon Velez: Simbolo y busqueda de lo primitivo. Thèse doctorale. ETSAB Barcelona.

« L’utilisation de matériaux naturels fait que la composante la plus importante pour la construction de logements est représentée par la main d’œuvre (presque 70%), en facilitant la génération des entreprises associatives qui travaillent dans la communauté, à travers le développement et la mise en œuvre de techniques et de méthodes de construction de logements non conventionnels.» 28

28. Option Timaguna http:// w w w. t i m a g u a . com/

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Les exemples choisis pour illustrer cette technique sont la maison Colibri et la maison en palier, les deux ont été construites dans le département du Valle del Cauca par Option Timagua au cours de l’année 2009.

53. Détail

La Maison en palier 29, est une maison de 295 m2, disposée en cinq étages sur un terrain incliné à 45°. La structure repose sur un socle de deux étages, faite en béton et galets de rivière, qui porte une structure pyramidale de trois étages construit en guadua. Dans les quatre coins de cette tour, on trouve des piliers principaux, composés par trois colonnes de guadua chacun. Entre ces piliers, il y a des colonnes secondaires tous les 50 cm. Les dalles sont elle aussi faites en guadua. La toiture de la tour est assurée par une membrane de bitume peinte.

29. MINKE, Gernot. (2012) Building with Bamboo: Desing and technology of a sustainable architecture. Birkhäuser, Basel.

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54.


III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

55. Maison en palier, le Darien, Valle del Cauca, Colombie

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

La Maison Colibri 30, est une maison de 197 m2 composée par trois modules liés entre eux par des ponts. Le premier contient la cuisine, la salle à manger, la chambre principale, le salon et le studio dans une structure de trois étages. Le deuxième contient trois chambres et une salle de bain dans une structure de deux étages. Et le troisième contient des salles de bains et une terrasse dans une structure de deux étages. Pour le premier et deuxième module, la structure est assurée par quatre portiques, les piliers sont composées chacun par 13 colonnes au premier étage, 9 colonnes au deuxième et 4 au troisième étage. Les fondations sont faites en béton et galets de rivière. Le troisième module est construit comme un panier de forme ovale stable en lui même grâce à sa géométrie. 30. MINKE, Gernot. (2012) Building with Bamboo: Desing and technology of a sustainable architecture. Birkhäuser, Basel.

56. Détail

57. Intérieur maison Colibri

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58. Maison Colibri, Cali, Valle del Cauca, Colombie

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59.

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

« Nous proposons: la possibilité de fournir des solutions de logement, axées sur de nouvelles considérations pour l’habitat de l’homme et de la communauté en lien avec son environnement, et un choix de matériaux qui permette de produire des logements à faible coût pour de nombreuses classes de la population.» 31

L’intérêt d’inclure cet exemple se trouve dans la qualité et l’intelligence architecturale de la proposition, elle répond aux critères de développement durable en même temps qu’elle reprend la technique constructive locale pour faire une architecture adaptée au contexte et en réponse aux besoins de la population. Option Timagua ne prétend pas développer des techniques qui permettraient de construire des gratte-ciel, elle développe une technique et une méthodologie appropriées à la construction d’un habitat léger plus accessible à la population en général.

31. Option Timaguna http:// w w w. t i m a g u a . com/

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III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

Au cours de ce dernier chapitre nous avons étudié des exemples très différents, construits avec le même matériau dans un même contexte. L’architecture proposée par S. Velez est une architecture monumentale, des grandes structures, qui n’est pas tout à fait applicable à la construction de logements sociaux en raison de sa spécificité technique et son besoin de main de œuvre spécialisée. Pourtant c’est bien grâce à lui qu’aujourd’hui on reconnaît ce matériau comme un matériau constructif très performant. L’option Timagua répond de meilleure manière à ma question initiale en démontrant l’adaptation de systèmes constructifs en guadua, pour des mises en œuvre moins onéreuses, pour les plus vulnérables, les plus pauvres. De la même manière, l’architecture de S. Hosie montre des pistes pour réaliser une architecture plus sociale et humaine, qui reconnaît le bagage culturel populaire en l’intégrant à l’esthétique et la symbolique de ses œuvres. En dernier, mais pas le moins important on a le travail des auto-constructeurs avec ou

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sans l’aide d’architectes qui travaillent de leurs propres mains pour changer et améliorer leur qualité de vie. Ces différents exemples de valorisation de la construction en bambou ont en commun la réappropriation et mise en valeur des techniques traditionnelles de construction en guadua de la zone caféière colombienne, et le respect des consignes de développement durable. Il est important de faire remarquer que chacun des exemples trouve une esthétique propre qui montre aussi la valeur expressive de ce matériau que nous reconnaissons aujourd’hui comme un matériau majeur de l’identité colombienne.


III. L’ARCHITECTURE EN GUADUA

60.

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CONCLUSION

Le guadua est un matériau comme tous les autres, avec ses avantage et ses points faibles. Il n’est pas la solution miracle aux problèmes de logement ou à la pauvreté. Cependant, il est important de le reconnaître comme un matériau naturel, performant, largement disponible, et de faible coût qui permet la réflexion et le développement d’une nouvelle architecture plus proche de la réalité socio-économique des pays en voie de développement. Son succès est assuré à condition que les bonnes techniques et méthodologies soient appliquées. Dans le monde d’aujourd’hui le guadua colombien est reconnu comme un matériau de construction écologique et économique, qui de plus a permis de créer une architecture colombienne ayant une forte identité. Le guadua comme matériau de construction s’inscrit dans le développement durable à condition que son utilisation s’ancre dans une économie locale qui va de la plantation jusqu’à la mise en œuvre. Actuellement en Colombie

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nous pouvons voir une transformation avec le passage de l’économie du café à une nouvelle économie du guadua. Le remplacement de cultures et l’industrialisation du processus de production et même du niveau de formation technique qui sont en cours vont à l’encontre de toute idée de développement durable. La filière guadua est en train de s’inscrire dans le libre commerce, le capitalisme et la mondialisation, où la production de ce matériau, avec toutes ses qualités écologiques est simplement exploité pour ses qualités économiques. Aujourd’hui on peut construire avec du bambou colombien dans n’importe quel endroit du globe. Même si on prend en compte le prix du transport du guadua, le prix global reste toujours inférieur à celui du béton ou de l’acier. Mais on s’éloigne de la construction écologique et du développement durable.


Après le développement de ce mémoire, quelques unes de mes convictions ont été réaffirmées : La croyance que les architectes d’aujourd’hui ont le devoir de travailler pour améliorer la qualité de vie de la population en respect avec l’environnement. L’objectif ne doit pas être de faire une architecture de pauvres ou de riches, mais une architecture qui réponde de la meilleure manière aux besoins des personnes et des communautés dans leur contexte spécifique, quel que soit leurs conditions économiques. L’habitat digne est un droit de l’homme. La croyance que l’architecture peut être un important acteur de changement social où la reconnaissance du bagage culturel et l’implication de la population dans le processus constructif, et pas seulement la prise en compte des techniques constructives traditionnelles, permet une identification et un sens d’appropriation de cette architecture. 61.

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SOURCES DES ILLUSTRATIONS

Photo de couverture: CASTRO, Dicken. (1966) La guadua. Banco de la República, Bogotá

8: Omar Dario Cardona A. http:// sociedadespacionaturaleza.wordpress. com/2012/08/

1/4/9/20/22/23/25/27: VILLEGAS, Marcelo, Benjamin, Liliana. (2003) New bamboo architecture and design. Ed. Villegas, Bogota.

10/12/19/34: SALAS DELGADO, Eduardo. Actualidad y futuro de la arquitectura de bambu en Colombia. Simon Velez: Simbolo y busqueda de lo primitivo. Thèse doctorale. ETSAB Barcelona, 2006.

2/11/13 : REVISTA MUNDO No.8 (2003) pages 46-51. Proyecto Artistico Mundo S.A . Dicken Castro, Armonia en la creacion. Bogotá. 3 : http:bambumex.files.wordpress.com/2011/11/bamboo-geographical.jpg - rédessine par l’auteur 5: « Coffe and Guadua » Marsella – Risaralda- Colombia. www.camaralucia.com http://flickr.photos/alejocock/2786602055/in/photostram/ 6/24/26: Maria Constanza Mejia 2013 7/15/16/17/18 : HIDALGO LOPEZ, Oscar (1981) Manual de construciones con bambu. Universidad Nacional de Colombia. Bogotá.

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14 : HIDALGO LOPEZ, Oscar. (1978) Nuevas técnicas de construccion con bambu. Universidad Nacional de Colombia, Bogotá 21/28/33/35/37/53/54/58 : MINKE, Gernot. (2012) Building with Bamboo: Desing and technology of a sustainable architecture. Birkhäuser, Basel. 29 : http://www.colarte.com/colarte/foto.asp?idfoto=276982 30 : http://www.vivalatinamerica. com/2010/01/21/tierradentro 31 : http://www.huilaturistica.com.co


32/60/61 :

Valeria Bonin

36 : Fondation de Corbudier. http:// www.fondationlecorbusier.fr 38 : Simon Hosie Samper. http:// w w w. c o l a r t e . c o m / c o l a r t e / f o t o . asp?idfoto=267735

extrait de la page Facebook «Por medio del ARTE : Un Techo Un Derecho» 52/55 : Presentation Timaguna. http:// prezi.com/bcr2oxsyxzgw/presentacion-timagua/

39 : http://guanacas-jimena.blogspot.fr/2008_08_01_archive.html 40/42/43/44/45/46 : Jaime Alberto Peña Arias. http://arquitecturamixta. blogspot.fr/ 41 : Manual de construccion sismo resistente de viviendas en bahareque encementado (2001) Asociacion colombiana de ingeniereia sismica y FOREC 47/48/49/50 : «Pequeña Granja de Mama Lulu» http://granjamamalulu. blogspot.fr/ 51/56/57/59 : TIMAGUA, construire avec la nature un habitat guérisseur

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BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES CASTRO, Dicken. (1966) La guadua. Banco de la República, Bogotá HIDALGO LOPEZ, Oscar. (1978) Nuevas técnicas de construccion con bambu. Universidad Nacional de Colombia, Bogotá. HIDALGO LOPEZ, Oscar (1981) Manual de construciones con bambu. Universidad Nacional de Colombia. Bogotá. INSTITUT FÜR LEICHTE FLÄCHENTRAGWERKE (2000) Bambus Vol 31. Chapitre: Techniques et économie de la construction. Stuttgart: K. Krämer. LANGLAIS, Géry (2002) Maisons de bambou. Hazan, Paris. MINKE, Gernot. (2012) Building with Bamboo: Desing and technology of a sustainable architecture. Birkhäuser, Basel. MINKE, Gernot (2005) Manual de construccion para viviendas antisismicas de tierra. Forschungslabor für Experimentelles Bauen. Allemagne.

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SCHLEIFER, Simone K. Ed. (2011) Bambou: architecture, écologie, design, objets, mobilier, contemporain, tradition, artisanat. Ed. Place des Victoires, Paris. VILLEGAS, Marcelo; VILLEGAS, Benjamin; VILLEGAS, Liliana. (2003) New bamboo architecture and design. Ed. Villegas, Bogota.

Articles L’ARCHITECTURE D’AUJOURD’HUI No. 387 (2012) pages 78-85. FREY, Pierre. Construction en Bambou: Simon Velez. ECOLOGIK. Architecture, ville, société, énergie. No. 15 (2010) pages 51-87. Spécial Bambou. REVISTA MUNDO No.8 (2003) pages 4651. Proyecto Artistico Mundo S.A . Dicken Castro, Armonia en la creacion. Bogotá.


Sites Internet

Travaux d’étudiants

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